Versión clásicaVersión móvil

Les encyclopédismes en France à l'ère des révolutions (1789-1850)

 | 
Vincent Bourdeau
, 
Jean-Luc Chappey
, 
Julien Vincent

Introduction

Vincent Bourdeau, Jean-Luch Chappey y Julien Vincent

Texto completo

  • 1 Archives nationales (AN), Paris, F/17/13554.
  • 2 Šliwowska Wiktoria, 1970, « Un émigré russe en France : Ivan Golovine, 1816-1890 », Cahiers du mond (...)
  • 3 Golovine Ivan, 1844, Science de la politique, Paris, Didot frères, p. 14-15.
  • 4 Golovine Ivan, 1849, L’Europe révolutionnaire, Paris, Capelle, notamment p. 198-199.

1Au printemps 1848, l’émigré russe Ivan Golovine propose au Collège de France de fonder une nouvelle chaire consacrée à l’« encyclopédie politique »1. Située à Paris, tête de la civilisation, elle permettra selon cet émigré russe, qui ambitionne alors de se présenter à la députation française2, de créer la république universelle que les peuples européens espèrent voir advenir3. En mars 1848, il va jusqu’à envisager d’articuler ce projet d’encyclopédie politique à un congrès européen permanent qui, siégeant au centre de l’Europe, mettrait en œuvre, par-delà les frontières nationales, les principes d’un socialisme pensé à Paris4. Cet exemple résume bien la complexité des enjeux de l’encyclopédisme pendant la première moitié du xixe siècle. Après la Révolution française, l’idée d’encyclopédie prend une extension considérable. Jusqu’au Printemps des peuples de 1848, dont l’échec clôt la période couverte ici même, elle est indissociable de l’idée de république universelle, et se trouve au cœur d’une multiplicité d’enjeux pour la reconstruction institutionnelle, intellectuelle et politique de la société postrévolutionnaire. C’est à la singularité de ce moment dans l’histoire longue de l’encyclopédisme qu’est consacré le présent ouvrage.

  • 5 Proust Jacques, 1962, Diderot et l’encyclopédie, Paris, Armand Colin.
  • 6 La revue est disponible en ligne à l’adresse suivante : https://rde.revues.org/.
  • 7 Cernuschi Alain, Guilbaud Alexandre, Leca-Tsiomis Marie et Passeron Irène, 2017, Oser l’Encyclopédi (...)
  • 8 On peut penser ainsi, sur le plan épistémologique, au travail de Martine Groult, qui a élargi la ré (...)
  • 9 Voir notamment la synthèse de Rey Alain, 2007, Miroirs du monde. Une histoire de l’encyclopédisme, (...)
  • 10 Morhof Daniel Georg, 1688, Polyhistor, sive de auctorum notitia et rerum commentarii, Lübeck, s. n. (...)
  • 11 Grafton Anthony, 1985 (mars), « The World of the Polyhistors: Humanism and Encyclopedism », Central (...)
  • 12 Yeo Richard R., 1996, « Ephraim Chambers’s Cyclopædia (1728) and the tradition of commonplaces », J (...)

2Les recherches sur l’encyclopédisme se sont principalement attachées à la grande œuvre de Diderot et d’Alembert, sur laquelle les travaux pionniers de Jacques Proust ont ouvert un large chantier d’exploration qui ne s’est guère refermé depuis le début des années 19605. Depuis 1985 la Société Diderot publie ainsi une livraison annuelle de la revue Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie6. Plus récemment, le projet ENCCRE (Édition numérique collaborative et critique de l’Encyclopédie) a relancé ces travaux en les enrichissant de l’outil numérique7. À cet intérêt pour l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, se sont greffées des recherches transversales sur l’encyclopédisme des Lumières, qui ont mis l’accent sur la pluralité de ses manifestations, tant d’un point de vue épistémologique que d’un point de vue pratique8. Dans le même temps, les travaux se sont attachés à élargir leur cadre d’analyse, dans le temps et dans l’espace9. En témoigne l’attention portée au Polyhistor fondé en 1688 par Daniel Georg Morhof qui connaît un rayonnement pendant tout le xviiie siècle10. Professeur à l’université de Kiel, Morhof cherche à tracer un tableau du savoir global, dans une perspective à la fois généraliste, pratique et sécularisée, le Polyhistor se présentant comme une somme ordonnée des savoirs. Cette entreprise, destinée à un usage pratique, doit répondre à l’essor des productions : il doit aider le lecteur à se guider parmi la masse de plus en plus grande de connaissances les plus diverses et proposer des méthodes et des instruments pour les classer et en tirer le meilleur profit11. D’autres exemples de ce type ont été explorés12. Replacer l’encyclopédisme dans le cadre des dynamiques culturelles nées dans l’Europe de la Renaissance a finalement permis de situer l’Encyclopédie de 1751 dans une longue généalogie d’entreprises encyclopédiques européennes.

  • 13 Un premier colloque a eu lieu les 10 et 11 septembre 2015 à l’ENS de la rue d’Ulm, une journée d’ét (...)

3Le présent ouvrage s’inscrit dans ce renouvellement historiographique. Issu d’un travail mené en plusieurs étapes – un colloque et une journée d’études – au cours de l’année 2015/201613, il réunit les études d’historien(ne)s, de philosophes et de littéraires sur les mutations tant institutionnelles qu’intellectuelles et matérielles de l’espace savant et intellectuel que constitue l’encyclopédisme du premier xixe siècle. Il revient sur les conclusions d’une histoire trop linéaire, opposant un xviiie siècle encyclopédiste à un xixe siècle spécialiste, pour souligner au contraire le rôle majeur de l’idée d’encyclopédie dans l’émergence, la construction, la formalisation des savoirs au début du xixe siècle. Cet encyclopédisme ne saurait être réduit à une forme désuète dont la défense serait l’apanage d’acteurs nostalgiques du projet (de plus en plus anachronique) des Lumières, projet battu en brèche par le mouvement de spécialisation des savoirs et l’affirmation de cultures de plus en plus étanches les unes aux autres.

  • 14 Bret Patrice et Chappey Jean-Luc, 2012, « Spécialisation vs encyclopédisme ? », La Révolution franç (...)
  • 15 Chappey Jean-Luc, 2016, « Héritages », in Charle Christophe et Jampierre Laurent (dir.), La vie int (...)

4Les travaux sur la période révolutionnaire ont déjà montré que ce que l’on définit alors sous le terme d’encyclopédie continue d’occuper une position importante dans les dynamiques complexes d’un espace savant à un moment, le tournant du siècle, considéré comme le théâtre d’une accélération de la spécialisation des savoirs et de la polarisation de ses lieux de production14. Loin d’être un paradoxe, on constate en effet le maintien et le renouveau des projets encyclopédiques au sein même d’un univers où la spécialisation des savoirs se renforce15.

5Au début du xixe siècle, le mot « encyclopédie » reste bien sûr indissociable du souvenir de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Comme l’écrit Antoine Madrolle en 1834, cette dernière

  • 16 Madrolle Antoine, 1834, Tableau de la dégénération de la France, des moyens de sa grandeur et d’une (...)

[…] est la clef de toutes celles qui l’ont suivi, et dont nous sommes en ce moment inondés. C’est, au fond, la reproduction plus ou moins littérale, sinon de tous les ouvrages, du moins de tous les principes de la philosophie subversive du xviiie siècle, c’est-à-dire du dévergondage en littérature, de l’épicurisme en morale, de la démocratie en politique, de l’athéisme en religion16.

6On peut parler d’une réflexivité encyclopédique exacerbée au xixe siècle, époque où se pose constamment la question de l’héritage des Lumières, et où les encyclopédistes ne peuvent éviter de s’interroger sur leur propre inscription dans une tradition marquée par Bacon, Descartes ou Diderot et d’Alembert. Cette réflexivité exacerbée est aussi la conséquence des critiques qui sont multipliées, depuis la fin du xviiie siècle, contre les dictionnaires historiques ou encyclopédiques. Celles-ci en dénoncent tour à tour l’obsolescence quasi immédiate ; la médiocrité des articles, qui ne sont souvent que des compilations de deuxième main ; l’impossibilité de trouver une classification des savoirs satisfaisante, qui en font des objets philosophiquement insuffisants ; et enfin l’incertitude dans laquelle sont presque toujours plongés des souscripteurs qui doivent faire face aux risques commerciaux et financiers auxquels sont soumises ces entreprises ambitieuses, mais fragiles. En réaction, diverses justifications sont élaborées au début du xixe siècle pour défendre les projets encyclopédiques. On invoque ainsi le besoin philosophique d’une réflexion sur l’ensemble des connaissances afin de fonder une théorie du progrès pour le nouveau siècle ; le besoin culturel de résumer les résultats de sciences de plus en plus spécialisées sous un format accessible ; enfin le besoin social et national de diffuser les savoirs en direction des nouvelles classes d’une société de plus en plus urbaine et industrielle, en dotant la France de compilations peu coûteuses telles qu’elles existent déjà en Angleterre et en Allemagne.

  • 17 Yeo Richard, 2001, Encyclopaedic Visions. Scientific Dictionaries and Enlightenment Culture, Cambri (...)

7Mais qu’est-ce qu’une encyclopédie entre 1789 et 1850 ? Dans sa remarquable synthèse sur les encyclopédies britanniques à l’époque des Lumières, qui couvre un long xviiie siècle allant jusqu’en 1820, Richard Yeo aborde cette question en articulant l’histoire du livre, l’histoire de la culture scientifique et l’histoire intellectuelle. Mais en se focalisant sur les seuls dictionnaires, il occulte la question, pourtant centrale à cette époque, de la diversité des supports encyclopédiques17. Car une encyclopédie, comme le montre bien l’exemple d’Ivan Golovine en 1848, n’est pas toujours un objet éditorial. Elle peut aussi prendre la forme d’un enseignement universel destiné à ouvrir l’espace des possibles politiques, d’une meilleure organisation savante qui permettra de surmonter la nécessaire spécialisation entre les sciences. Elle peut enfin, plus classiquement, désigner une entreprise proprement philosophique consistant à penser le classement des sciences et de la connaissance. Privilégier l’une de ces définitions possibles de l’encyclopédie – comme livre, comme projet philosophique et comme sociabilité ou organisation savante – ferait courir le risque d’occulter une partie des phénomènes qui relèvent de l’encyclopédisme.

  • 18 Reynaud Jean, 1843, « Encyclopédie », in Leroux Pierre et Reynaud Jean, Encyclopédie nouvelle, Pari (...)

8Loin de se résumer à un objet, le mot « encyclopédie » renvoie donc à une diversité de pratiques. Celles-ci sont plus ou moins codifiées, mais il ne faut pas sous-estimer la part d’improvisation, et la nécessité, dans toute encyclopédie, d’utiliser les moyens du bord, les auteurs disponibles, de pallier le manque de fonds, etc. Dans son article « Encyclopédie » pour l’Encyclopédie nouvelle, qu’il démarre avec Pierre Leroux en 1834, Jean Reynaud introduit ainsi le néologisme « encyclopédiser ». Si ce terme, chez lui, désigne en priorité une disposition d’esprit favorisant le classement systématique et la hiérarchisation des connaissances18, on définira ici l’encyclopédisme comme l’ensemble des pratiques intellectuelles, sociales ou matérielles mobilisées pour faire œuvre encyclopédique.

  • 19 Le Charivari, n° 193, mardi 11 juin 1833, p. 1.
  • 20 Citons par exemple : Saint-Allais Nicolas (de), 1816, Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de (...)

9S’il paraît nécessaire de ne pas identifier l’encyclopédie à un livre, le mot « encyclopédie » est néanmoins doté d’un pouvoir commercial qui l’associe irrémédiablement à une industrie de l’imprimé en plein essor surtout après 1830. Comme l’exprime avec ironie Le Charivari en 1833, il s’agit d’un mot à la mode dont tout éditeur avisé a intérêt à s’emparer pour s’ouvrir un marché : « Il y a des mots qui valent des domaines ; mots creux, mais longs, mais gros, mais abracadabrans. Celui qui inventa le mot encyclopédie put se dire : J’ai gagné un quine à la loterie »19. Or ces objets imprimés peuvent prendre une grande diversité de formes. Dictionnaires alphabétiques, collections de traités ou revues périodiques, une encyclopédie s’attache à définir un public spécifique. Par son titre, par son langage mais aussi par son prix et sa typographie, une encyclopédie imprimée s’adresse tantôt à un public hautement spécialisé, tantôt à un groupe social ou culturel bien défini, tantôt au plus grand nombre20. Compte tenu de cette diversité, une encyclopédie ne se définit pas, dans la première moitié du xixe siècle, par la présence d’un tableau méthodique, d’un arbre encyclopédique ou même d’un discours préliminaire où serait exposée une conception de l’unité des connaissances humaines.

  • 21 Goblot Jean-Jacques, 1995, La Jeune France libérale : Le Globe et son groupe littéraire 1824-1830, (...)

10Une encyclopédie ne se résume pas non plus à une entreprise éditoriale portant explicitement ce nom. La Revue encyclopédique, fondée par Marc-Antoine Jullien en 1819, annonce vouloir rendre compte, en temps réel, des progrès accomplis dans l’ensemble des sciences. Mais ce projet, qui justifie l’emploi du terme « encyclopédique », est largement partagé par des revues contemporaines qui ne revendiquent pas le mot. C’est le cas notamment de l’ancien Journal des savants, interrompu en 1792 et relancé par Daunou en 1816, du Bulletin général et universel du baron de Férussac démarré en 1823, ou même du Globe lancé en 1824 par Pierre Leroux et Paul-François Dubois21.

  • 22 Voir à ce sujet, la présentation de La Décade comme « système » par Josiane Boulad-Ayoub dans l’ant (...)

11L’encyclopédisme, comme projet intellectuel et commercial et comme organisation institutionnelle et sociale, demeure donc un espace majeur de la vie intellectuelle du premier xixe siècle, dont les acteurs sont loin d’être des marginaux, des victimes ou des frustrés. Mais parler d’un encyclopédisme est une gageure car il en existe plusieurs formes et modalités. L’organisation des tables des matières des journaux encyclopédiques, entre le Directoire et l’Empire, révèle une différence entre un projet, visant à proposer un catalogue raisonné où les productions intellectuelles (sciences, lettres et arts) sont juxtaposées dans des rubriques particulières, et un autre, visant à penser la distribution (hiérarchisée) des savoirs selon les normes d’un projet épistémologique synthétique – pensons par exemple à La Décade philosophique et au projet de construction d’une science générale de l’homme fondée sur une fusion de tous les savoirs selon les principes élaborés dans l’étude des rapports du physique et du moral22. Pour comprendre cette diversité épistémologique et politique, il convient de concevoir l’encyclopédisme, au début du xixe siècle, comme un espace situé à la rencontre entre le champ scientifique, le champ éditorial et le champ politique. Les réformes institutionnelles initiées à partir de la Révolution, conjuguées à l’essor de nouvelles sciences, et au sentiment renouvelé d’un trop-plein de publications spécialisées, en font un lieu crucial de la communication entre savants et entre institutions scientifiques. Du fait de la croissance du marché de l’imprimé, les encyclopédistes sont également des acteurs privilégiés de la démocratisation de la culture savante. Enfin le souvenir de l’expérience révolutionnaire, conjugué au mythe de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, mettent les encyclopédies sous haute surveillance, et en font des objets que les gouvernements ne peuvent se résigner à abandonner tout à fait au marché.

  • 23 Une telle problématique a été mise en œuvre pour comprendre la dynamique encyclopédiste des Lumière (...)
  • 24 Petit Annie, 1998, « Le corps scientifique selon Auguste Comte », in Kremer-Marietti Angèle (dir.), (...)
  • 25 Candaux Jean-Daniel, Cernuschi Alain, Donato Clorinda et Häseler Jens (dir.), 2006, L’Encyclopédie (...)
  • 26 Laborde Alexandre (de), 1818, De l’esprit d’association dans tous les intérêts de la communauté, Pa (...)
  • 27 Porret Michel, 2006, « Savoir encyclopédique, encyclopédie des savoirs », in Blanckaert Claude et P (...)
  • 28 Leroux Pierre, 1831 (septembre), « Aux philosophes », Revue encyclopédique, vol. 51.

12Outre la question politique, qui est structurante, ce volume met en valeur deux autres enjeux pour une histoire des encyclopédismes de la France postrévolutionnaire. Le premier concerne l’organisation générale et la spécialisation des savoirs. L’esprit encyclopédique doit-il favoriser l’élaboration de nouveaux savoirs et tracer les frontières entre les disciplines23 ? Ou doit-il, au contraire résister au mouvement de spécialisation des sciences que dénonce Auguste Comte en 1822 dans son Plan des travaux scientifiques nécessaires pour réorganiser la société24 ? Si la discipline, ainsi que la définit Diderot, est un point de rencontre, pour un domaine donné, de toutes les règles systématisées qui concernent ce domaine, on peut penser en effet que l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert participe d’une construction du savoir en disciplines. Dans cette optique, le lien entre les différentes entrées serait davantage d’esprit (un esprit des Lumières, un abord critique) qu’un lien organique. Le contenu d’une telle encyclopédie pourrait être conservé tout en en atténuant l’esprit, ce que ne manquera pas de faire par exemple l’Encyclopédie ou dictionnaire universel raisonné des connaissances humaines, dite d’Yverdon, dans les années 177025. En avril 1819, un an après son ouvrage à succès sur l’esprit d’association où il pointe l’unité perdue de la société française postrévolutionnaire26, Alexandre de Laborde accuse l’Encyclopédie méthodique de reproduire cette fragmentation dans l’ordre savant. Participant selon lui d’une entreprise de disciplinarisation des savoirs, elle s’apparenterait à une immense bibliothèque27. Nombreuses sont au début du xixe siècle les analogies entre l’émiettement du savoir et l’éclatement d’une société que Pierre Leroux juge « en poussière » au lendemain de la Révolution française28. De Saint-Simon à Comte, de nombreuses critiques sont faites à l’encyclopédisme, moins pour le congédier que pour en proposer une nouvelle version adaptée aux enjeux politiques du temps.

13Un deuxième enjeu concerne la définition des publics. Ceux-ci ne se limitent pas à la France. L’essor des voyages, des échanges d’idées et des circulations des ouvrages joue un rôle important dans le développement et le succès intellectuel et commercial des productions encyclopédiques, créant ainsi des formes de collaborations et de concurrences à l’échelle européenne. Ces échanges, qui ne sont pas totalement interrompus par la Révolution française, reprennent avec force dans les premières décennies du xixe siècle, souvent par le biais de libraires, d’imprimeurs ou de directeurs de journaux soucieux de répondre aux attentes d’un lectorat qui, sans être forcément composé de spécialistes, n’en est pas moins éclairé et cultivé. L’encyclopédisme est, dans cette perspective, le creuset des revues généralistes (telle que la Revue des deux mondes), souvent destinées à un public choisi, qui se développeront dans la suite du xixe siècle.

  • 29 Aurenche Marie-Laure, 2002, Édouard Charton et l’invention du Magasin pittoresque (1833-1870), Pari (...)

14Les publics des encyclopédies sont également de plus en plus segmentés, surtout après 1830. Ces dynamiques à la fois politiques, sociales et religieuses accompagnent l’évolution de l’imprimerie. Dans le contexte de libéralisation qu’a ouvert la révolution de 1830, le système de la souscription par abonnement annuel, qui dominait depuis le xviiie siècle, est de plus en plus concurrencé par la vente à la pièce de fascicules hebdomadaires qui pourront n’être rassemblés en volumes que dans un second temps, forme de vente à crédit qui permet de s’adresser à ceux qui ne peuvent avancer d’importantes sommes29. C’est ce modèle qu’adoptent William Duckett pour son Dictionnaire de la conversation et de la lecture en 1832, Édouard Charton pour son Magasin pittoresque à deux sous en 1833, Jean Reynaud et Pierre Leroux pour leur Encyclopédie pittoresque à deux sous en 1834, ou Léon Curmer pour Les Français peints par eux-mêmes. Encyclopédie morale du xixe siècle en 1840. Avec l’adoption de ce modèle, la frontière tend à s’estomper entre la revue savante (telle que le Journal des savants de Daunou, la Revue encyclopédique de Jullien ou le Bulletin de Férussac) et l’encyclopédie conçue comme dictionnaire ou collection de traités.

15Ce volume est divisé en trois parties. La première partie est un plaidoyer « pour une histoire politique de l’encyclopédisme ». Jean-Luc Chappey (« Batailles encyclopédiques entre Révolution et Empire ») retrace la façon dont se reconfigure le projet encyclopédique pendant le moment révolutionnaire. Dès 1789, l’idéal encyclopédique devient un mot d’ordre autour duquel se réunissent des acteurs qui entendent profiter du nouveau contexte politique pour affirmer de nouvelles formes de sociabilités et de publications des productions scientifiques. Au moment de la suppression des académies, les cartes sont redistribuées. Si le gouvernement révolutionnaire ne favorise pas l’encyclopédisme, l’éviction des derniers montagnards et le processus de réaction contre l’expression démocratique réactualisent avec force l’idéal encyclopédique. La reprise en main politique menée par les thermidoriens passe en effet par l’encyclopédisme et le projet républicain autour duquel se réunissent les partisans du Directoire s’ancre dans la valorisation d’une « encyclopédie vivante » ; l’Institut national et l’organisation épistémologique et institutionnelle qui le sous-tend doivent, selon Cabanis, donner corps à cette dernière. Sous le Consulat, c’est en s’attaquant progressivement aux fondements de la science générale de l’homme que Bonaparte tourne progressivement le dos au projet républicain. Un encadré consacré à l’exemple des Lettres philosophiques de Rigomer Bazin (1807-1808) montre l’importance des résistances à l’autoritarisme du régime impérial, et la capacité de l’idéal encyclopédique à rassembler néojacobins, républicains, libéraux et monarchistes autour de la défense d’un espace public « fondé sur la tolérance et la libre discussion », rejetant la différenciation de plus en plus marquée entre lettres et sciences.

16Julien Vincent (« "La Grande Famille réunie". Le champ encyclopédique en France dans la première moitié du xixe siècle ») montre ensuite que le premier xixe siècle est marqué par le souvenir de l’encyclopédisme d’État élaboré sous le Directoire et le Consulat. Pendant cette période, la république avait réussi à rassembler autour d’un même projet politique toutes les définitions possibles de l’encyclopédie, comme organisation institutionnelle, comme ouvrage imprimé ou comme philosophie des sciences. La figure de l’entrepreneur d’encyclopédie, qui s’affirme sous la Restauration, reste hantée par cet idéal. Loin d’être seulement un entrepreneur, celui-ci doit se positionner dans un espace polarisé, qui est à la fois commercial et philosophique, et il doit constamment ajuster ses projets à un contexte politique changeant.

17Enfin Vincent Bourdeau (« Un encyclopédisme républicain sous la monarchie de Juillet : Jean Reynaud (1806-1863) et l’Encyclopédie nouvelle ») illustre la manière dont l’encyclopédisme vient nourrir la reformulation d’un projet politique – ici républicain – autant que ce dernier permet de renouveler le cadre encyclopédique : il ne s’agit plus en effet de voir dans l’objet encyclopédie un substitut de la religion (et peut-être même un lieu de sa critique) mais au contraire l’outil qui permet de reconfigurer cette dernière au sein même de l’exposé des connaissances et de leur progrès. Cet élargissement du programme encyclopédique se retrouve dans l’ouverture démocratique que Pierre Leroux revendique pour l’encyclopédisme. Andrea Lanza (« L’encyclopédisme en acte de Pierre Leroux : entre savoirs savants et savoirs d’atelier ») montre en effet comment chez Pierre Leroux, l’encyclopédie engage à la fois son passé d’ouvrier typographe, et son projet philosophique et politique de théoricien du socialisme.

18Un tel cadre donné à notre enquête permet de ressaisir sous un jour neuf les manières traditionnelles d’aborder l’encyclopédisme. Du point de vue de l’histoire de la classification et de l’organisation des savoirs, notre deuxième partie « Arbres, tableaux et systèmes » permet en effet de ne pas perdre de vue la dimension politique de structurations systémiques et canoniques de l’encyclopédisme du xixe, telles que celles de Saint-Simon et de Comte.

19Concernant Saint-Simon, Thomas Lalevée (« L’encyclopédisme de Saint-Simon : de l’idéologie au socialisme ») montre comment l’encyclopédisme est pensé par Saint-Simon comme un outil de réorganisation de la société. En ce sens son projet annonce l’ambition réformatrice et démocratique de certaines encyclopédies des années 1830. Cherchant à perfectionner la doctrine des idéologues, il voit dans les travaux physiologiques de Cabanis une manière de combler les lacunes de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, en ce qu’ils offrent la possibilité « d’unifier les savoirs sur la base de l’unité matérielle ou physiologique de l’existence humaine ». L’encyclopédisme de Saint-Simon est ainsi, par ses sources, inscrit dans le xviiisiècle, mais par son ambition il a déjà rejoint le socialisme du premier xixe siècle.

20Laurent Clauzade (« Structure et fonction de l’encyclopédisme chez Auguste Comte ») plonge dans les écrits de l’un des grands encyclopédistes du xixe siècle. Il montre comment le fondateur de la doctrine positiviste pense renouer avec le projet encyclopédique de Diderot et d’Alembert mais en l’expurgeant des défauts qui étaient les siens à ses yeux : essentiellement l’entremêlement de la métaphysique et du dogmatique dans les contenus de l’encyclopédie. Une encyclopédie doit présenter les traits formels de la complétude et de l’homogénéité, seule base pour assurer la vocation pédagogique qui est la sienne dont l’objectif final est une refonte politique de la société. Un pouvoir spirituel, nécessaire à la réorganisation sociale, ne saurait s’établir sans qu’il ne dispose d’un corps de doctrine qui fasse consensus. Tel est le but de l’encyclopédisme dans sa version positiviste dont la marque de fabrique est la systématicité mais aussi, de ce fait, la clôture. Toujours à propos d’Auguste Comte, mais au sujet d’un objet spécifique de son encyclopédisme, la « Bibliothèque du prolétaire », ultérieurement renommée « positiviste », Frédéric Dupin explore le projet qui retient Comte dans la période où la révolution de 1848 connaît un virage conservateur (entre 1849 et 1851). Le projet réplique l’ambition encyclopédique sous la forme d’une bibliothèque raisonnée à l’usage du peuple – la liste des ouvrages scientifiques et littéraires proposée reproduit ainsi l’ordre encyclopédique des savoirs défini par Comte.

21Dans son chapitre consacré à « la crise des discours préliminaires » qu’il diagnostique dans les encyclopédies du premier xixe siècle, Julien Vincent souligne la place paradoxale qu’y occupent les sciences morales et politiques entre 1803, date de l’abolition de la classe éponyme au sein de l’Institut, et sa recréation sous la forme d’une académie en 1832. Nouvelle rubrique de la taxinomie des sciences, elles sont en même temps, pendant cette période, le lieu privilégié à partir duquel l’unité et les enjeux de l’encyclopédie peuvent être pensés. Deux conceptions s’opposent alors. Guizot, important en France les idées de Dugald Stewart, veut rompre avec la tradition des idéologues en définissant l’encyclopédie d’abord comme un instrument de civilisation et de diffusion des connaissances. Au contraire, divers encyclopédistes, catholiques, républicains ou socialistes, sont convaincus que l’encyclopédie est le lieu privilégié de la formulation d’une nouvelle philosophie pour le nouveau siècle.

22La contribution d’Estelle Berthereau sur l’encyclopédisme de Pierre-Sébastien Laurentie (« Pierre-Sébastien Laurentie aux origines de l’Encyclopédie du xixe siècle : penser et réécrire les sciences catholiques ») étudie les origines de l’Encyclopédie du xixe siècle lancée en 1836. S’inscrivant dans le mouvement de la « science catholique », ce projet éditorial trouve paradoxalement ses origines dans un groupe des anti-Lumières qui, sous la Restauration, s’élève contre l’héritage de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Formé autour du jeune La Mennais, celui-ci pose les bases d’un encyclopédisme catholique se réclamant de saint Thomas plutôt que Bacon. Tout en prolongeant certains objectifs des jésuites du Dictionnaire de Trévoux, cet encyclopédisme appelle au compromis avec la modernité.

23Cette partie se termine sur la présentation de la réflexion post-saint-simonienne autour du principe qui doit orienter la construction de l’encyclopédie de l’avenir au sein de la Revue encyclopédique. Aurélien Aramini (« Traditions religieuses et synthèse encyclopédique dans la Revue encyclopédique (1831-1835) ») analyse la manière dont le renouveau et le dynamisme des études philologiques viennent donner une assise philosophique au programme politique associationniste défendu par la revue alors dirigée par Pierre Leroux et Jean Reynaud. La charité, comme noyau religieux universel, ouvre ainsi un programme de constitution de l’encyclopédisme républicain, dont l’Encyclopédie nouvelle se voudra la réalisation.

24La troisième et dernière partie de notre volume, « Pratiques et publics », aborde l’encyclopédisme au point de vue des exigences matérielles qui président à ses écritures ainsi qu’à celui des publics auxquels il se destine. L’un et l’autre aspect connaissent des mutations profondes dans la première moitié du xixe siècle. Carole Christen (« La construction d’un encyclopédisme populaire dans le premier xixe siècle ») montre comment depuis le projet d’une encyclopédie populaire et portative imaginé par Pierre-Louis Ginguené sous la Révolution (1792) jusqu’à sa réalisation commerciale de grande ampleur qu’en propose le libraire-éditeur Roret en 1822, à travers sa Collection de manuels formant une encyclopédie des sciences et des arts, sans oublier l’Encyclopédie portative, ou résumé universel des sciences, des lettres et des arts dirigée par Charles Bailly de Merlieux (1825), la première moitié du xixe siècle est le théâtre d’un vaste mouvement de popularisation de l’encyclopédisme. Ce dernier ne se confond pas avec la vulgarisation scientifique qui se développe dans la seconde moitié du siècle. Sans être un phénomène homogène, l’encyclopédisme populaire est porteur d’une visée sociale et politique, puisqu’il entend unifier la société par la diffusion de compétences professionnelles plutôt que politiques. Mais il est porteur aussi – dans certaines de ses réalisations – d’une visée plus proche de l’idéal des Lumières de diffusion de toutes les connaissances au plus grand nombre.

25Questionnant les dispositifs économiques et sociaux mobilisés autour de la Revue encyclopédique entre 1819 et 1830, Barbara Revelli montre que, dans un contexte d’essor quantitatif de la production de livres et de journaux, Marc-Antoine Jullien choisit ses différents collaborateurs, issus de milieux et d’institutions les plus variés, en fonction de leur capacité à répondre aux attentes d’un public qui, sans refuser la spécialisation, cherche à accéder à des matériaux de savoirs les plus diversifiés. Loin d’être exclusifs l’un à l’autre, spécialisation et encyclopédisme participent ainsi d’un projet commun qui vise à réduire les distances entre les diverses sciences ou entre les sciences et les lettres, distances qui sont alors renforcées dans les institutions pédagogiques ou scientifiques consacrées. Au sein de la géographie des savoirs et des institutions savantes et administratives, Jullien parvient à faire de la Revue un espace original qui joue autant un rôle de conservation (des sciences morales et politiques, par exemple) que d’innovation (dans l’invention de formes d’écriture qui visent à dépasser l’enfermement disciplinaire). Ce projet de dialogue ou de négociation entre spécialisation et encyclopédisme n’est possible qu’à travers la mise en œuvre de dynamiques de sociabilités et de réseaux qui dépassent largement les contours nationaux pour s’inscrire dans un vaste projet de construction européenne conçu comme le support de l’entreprise de civilisation défendu par Jullien et son équipe de rédacteurs.

26Si la forme éditoriale que prennent les encyclopédies a des implications politiques et dépend de choix effectués par les entrepreneurs d’encyclopédies pour constituer un public donné (savants, bourgeois éclairés, peuple), l’écriture encyclopédique elle-même est frappée par de telles contraintes éditoriales. On peut observer les mécanismes de l’écriture encyclopédique, c’est-à-dire de la discipline d’écriture à laquelle se soumettent les auteurs qui participent à une encyclopédie, avec le cas d’Achille Requin dont se saisit Pierre Philippe (« L’écriture encyclopédique en pratique : Achille Requin, la physiologie et l’hygiène dans l’Encyclopédie nouvelle »). Figure assez périphérique au sein des cercles socialistes et républicains, ce médecin rompt avec les codes savants de sa profession pour écrire ses articles sur la physiologie et l’hygiène, afin de les adapter à l’esprit de l’Encyclopédie nouvelle, qui entend par ailleurs, dans l’esprit de ses promoteurs, ne pas reproduire le tropisme organiciste du saint-simonisme.

27Cerner l’encyclopédisme du premier xixe siècle par l’histoire de ses formes éditoriales, par la constitution de ses publics ou par les modes d’écriture qui le caractérisent, permet de comprendre comment l’encyclopédisme s’impose plus largement, comme genre, dans le monde littéraire et savant dans les années 1840. Aude Déruelle (« Décrire les mœurs, du tableau à l’encyclopédie : Les Français peints par eux-mêmes ») montre ainsi comment la forme encyclopédique s’exporte sous la monarchie de Juillet auprès d’une nébuleuse d’auteurs chez qui la description des mœurs empruntait jusqu’ici la forme privilégiée du tableau, de la flânerie, du roman historique et de l’histoire des mœurs. L’organisation typologique de l’encyclopédie défendue par Curmer dans Les Français peints par eux-mêmes. Encyclopédie morale du xixe siècle, répond alors aux besoins d’une description du social et d’un « archivage du présent » qui accompagnent l’affirmation d’un style typologique afin de décrire une société en mouvement depuis la Révolution française.

28Le même Curmer se retrouve au cœur d’une entreprise de diffusion large de cet encyclopédisme moral à usage du peuple, à travers la promotion de bibliothèques populaires, ainsi que le montre Carole Christen dans un encadré à ce sujet (« Curmer et les bibliothèques populaires : un savoir encyclopédique moral pour le peuple ? »).

  • 30 Leroux Pierre, 1831 (septembre), « Aux Philosophes », Revue encyclopédique, vol. 51, n° 153, p. 499 (...)

29Nous avons, dans cet ouvrage, voulu sortir l’étude de l’encyclopédisme de la seule perspective d’histoire des sciences. Si, au niveau de cette dernière, la spécialisation peut-être perçue, à regret par certains contemporains, comme un émiettement du savoir, il ne faut guère gratter beaucoup pour trouver derrière cette complainte un motif plus puissant d’inquiétude, à savoir l’éclatement de la société elle-même, puisque, selon la formule de Pierre Leroux, cette dernière est jugée « en poussière » au lendemain de la Révolution française30. La question à laquelle notre travail collectif a cherché à répondre est donc la suivante : l’encyclopédisme, dans ses multiples manifestations, n’est-il pas aussi une manière de s’inscrire dans un programme révolutionnaire, qui peut comprendre aussi bien le programme d’une refonte de la société, d’une réconciliation de cette dernière avec elle-même, d’une tentative de pacification de celle-ci ou encore la volonté de revenir à un statu quo antérieur à la révolution ?

Notas

1 Archives nationales (AN), Paris, F/17/13554.

2 Šliwowska Wiktoria, 1970, « Un émigré russe en France : Ivan Golovine, 1816-1890 », Cahiers du monde russe et soviétique, vol. 11, n° 2, p. 221-243.

3 Golovine Ivan, 1844, Science de la politique, Paris, Didot frères, p. 14-15.

4 Golovine Ivan, 1849, L’Europe révolutionnaire, Paris, Capelle, notamment p. 198-199.

5 Proust Jacques, 1962, Diderot et l’encyclopédie, Paris, Armand Colin.

6 La revue est disponible en ligne à l’adresse suivante : https://rde.revues.org/.

7 Cernuschi Alain, Guilbaud Alexandre, Leca-Tsiomis Marie et Passeron Irène, 2017, Oser l’Encyclopédie. Un combat des Lumières, Les Ulis, EDP Sciences.

8 On peut penser ainsi, sur le plan épistémologique, au travail de Martine Groult, qui a élargi la réflexion épistémologique initiale sur d’Alembert à une enquête sur l’Encyclopédie méthodique : Groult Martine, 1999, D’Alembert et la mécanique de la vérité dans l’Encyclopédie, Paris, Champion/Slatkine ; 2011, Savoir et matières : pensée scientifique et théorie de la connaissance de l’Encyclopédie à l’Encyclopédie méthodique, Paris, Éditions du CNRS. D’un point de vue pratique, on pense bien sûr à la somme de Darnton Robert, 1982 [1979 pour l’édition américaine], L’aventure de l’Encyclopédie. 1775-1800. Un best-seller au siècle des Lumières, Paris, Perrin, et, plus récemment, Cernuschi Alain, Guilbaud Alexandre, Leca-Tsiomis Marie et Passeron Irène, Oser l'Encyclopédie, op. cit.

9 Voir notamment la synthèse de Rey Alain, 2007, Miroirs du monde. Une histoire de l’encyclopédisme, Paris, Fayard.

10 Morhof Daniel Georg, 1688, Polyhistor, sive de auctorum notitia et rerum commentarii, Lübeck, s. n., 4e éd. en 1747.

11 Grafton Anthony, 1985 (mars), « The World of the Polyhistors: Humanism and Encyclopedism », Central European History, vol. xviii, n° 1, p. 31-47 ; Waquet Françoise (dir.), 2000, Mapping the World of Learning. The Polyhistor of Daniel Georg Morhof, Wiesbaden, Harrassowitz.

12 Yeo Richard R., 1996, « Ephraim Chambers’s Cyclopædia (1728) and the tradition of commonplaces », Journal of the History of Ideas, vol. 57, n° 1, p. 157–175.

13 Un premier colloque a eu lieu les 10 et 11 septembre 2015 à l’ENS de la rue d’Ulm, une journée d’études lui a succédé le 2 juin 2016 dans les locaux de l’université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne. Que tou(te)s les participant(e)s à ces moments de réflexion soient ici chaleureusement remercié(e)s.

14 Bret Patrice et Chappey Jean-Luc, 2012, « Spécialisation vs encyclopédisme ? », La Révolution française [En ligne], n° 2, mis en ligne le 15 septembre 2012 [consulté le 8 février 2014], URL : https://journals.openedition.org/lrf/515.

15 Chappey Jean-Luc, 2016, « Héritages », in Charle Christophe et Jampierre Laurent (dir.), La vie intellectuelle en France, Paris, Seuil, vol. 1, p. 21-44.

16 Madrolle Antoine, 1834, Tableau de la dégénération de la France, des moyens de sa grandeur et d’une réforme fondamentale dans la littérature, la philosophie, les lois et le gouvernement, Paris, Aillaud, p. 266.

17 Yeo Richard, 2001, Encyclopaedic Visions. Scientific Dictionaries and Enlightenment Culture, Cambridge, Cambridge University Press.

18 Reynaud Jean, 1843, « Encyclopédie », in Leroux Pierre et Reynaud Jean, Encyclopédie nouvelle, Paris, Gosselin, vol. 4, p. 787.

19 Le Charivari, n° 193, mardi 11 juin 1833, p. 1.

20 Citons par exemple : Saint-Allais Nicolas (de), 1816, Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France, Paris, chez l’auteur ; ou encore, Loudon John Claudius, 1822, An Encyclopædia of Gardening, Londres, Longman (traduit et adapté en français par l’Encyclopédie portative de Bailly, en 1830).

21 Goblot Jean-Jacques, 1995, La Jeune France libérale : Le Globe et son groupe littéraire 1824-1830, Paris, Plon.

22 Voir à ce sujet, la présentation de La Décade comme « système » par Josiane Boulad-Ayoub dans l’anthologie imposante de La Décade publiée en 2004 : Boulad-Ayoub Josiane et Nadeau Martin (anthologie établie et présentée par), 2003, La Décade philosophique comme système (1794-1807), Rennes, PUR, 9 vol. Sur l’importance de la philosophie de Cabanis, voir : Saad Mariana, 2016, Cabanis. Comprendre l’homme pour changer le monde, Paris, Classiques Garnier.

23 Une telle problématique a été mise en œuvre pour comprendre la dynamique encyclopédiste des Lumières, voir : Groult Martine (dir.), 2003, L’Encyclopédie ou la création des disciplines, Paris, CNRS Éditions.

24 Petit Annie, 1998, « Le corps scientifique selon Auguste Comte », in Kremer-Marietti Angèle (dir.), Sociologie de la science, Bruxelles, Mardaga, p. 69-92.

25 Candaux Jean-Daniel, Cernuschi Alain, Donato Clorinda et Häseler Jens (dir.), 2006, L’Encyclopédie d’Yverdon et sa résonnance européenne. Contextes-contenus-continuités, Genève, Slatkine.

26 Laborde Alexandre (de), 1818, De l’esprit d’association dans tous les intérêts de la communauté, Paris, Gide Fils.

27 Porret Michel, 2006, « Savoir encyclopédique, encyclopédie des savoirs », in Blanckaert Claude et Porret Michel (dir.), L’Encyclopédie méthodique (1782-1832) : des Lumières au positivisme, Genève, Droz, vol. lxviii, p. 51-52.

28 Leroux Pierre, 1831 (septembre), « Aux philosophes », Revue encyclopédique, vol. 51.

29 Aurenche Marie-Laure, 2002, Édouard Charton et l’invention du Magasin pittoresque (1833-1870), Paris, Honoré Champion, p. 153 sq.

30 Leroux Pierre, 1831 (septembre), « Aux Philosophes », Revue encyclopédique, vol. 51, n° 153, p. 499, 501.

Autores

Vincent Bourdeau est enseignant-chercheur en philosophie à l’université de Franche-Comté (Besançon), membre du laboratoire EA 2274 Logiques de l’agir (dirigé par Arnaud Macé) et responsable du pôle 3 « Normes, pratiques et savoirs » au sein de la MSHE Claude-Nicolas Ledoux (USR 3124). Il travaille sur les rapports entre discours politiques et sciences sociales au xixe siècle en France, en particulier sur les socialismes et républicanismes de cette période. Il a codirigé Quand les socialistes inventaient l’avenir, 1825-1860 (Paris, La Découverte, 2015). Il est responsable (avec Edward Castleton) de la série « Archives de l’imaginaire social » publiée dans la collection des Cahiers de la MSHE (Presses universitaires de Franche-Comté).

Jean-Luc Chappey est professeur d’histoire des sciences à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, membre de l’Institut d’histoire moderne et contemporaine (UMR 8066). Ses recherches portent sur l’histoire politique, sociale et culturelle des sciences et des savoirs entre les xviiie et xixe siècles, avec une attention privilégiée portée à la période de la Révolution française.

Julien Vincent est maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre de l’Institut d’histoire moderne et contemporaine (UMR 8066 CNRS/Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/École normale supérieure Ulm). Ses recherches portent sur l’histoire des sciences morales et politiques et sur l’histoire environnementale ; son projet actuel porte sur l’économie politique de la terre au xixe siècle.

Salvo indicación contraria, el texto y otros elementos (ilustraciones, archivos adicionales importados) se puede utilizar bajo licencia OpenEdition Books License.

Buscar en OpenEdition Search

Se le redirigirá a OpenEdition Search