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Scratchy Cat
p. 211-214
Texte intégral
Notice muséographique
1Installation d’Igor Scrachukovitch
Scratchy Cat
2Artistic Center of Langustinology
3Du chat à Duchamp
Par Frank Le Marchand Dusel
4Formé à l’Arsonice Upper Fondation, Igor Scrachukovitch est bien connu des écoles d’art contemporain pour les célèbres Mastercards qu’il y donne chaque été. Auteur du manifeste, De l’art Contentpourrien à l’art contenpourri, qui lui a valu un numéro spécial d’Art Presque, il est aussi l’instigateur et le responsable du Master of Bricology que vient de créer le ministère de la culture sur le territoire.
5Mais on ne saurait résumer là son identité artistique. Footballer de formation, il avait d’abord attiré l’attention de la critique par le concept de « ball painting », performance où il apparaissait cagoulé comme un délinquant, en costume de footballer, dans la salle du musée où il shootait, avec un ballon imbibé de peinture vives, contre les murs et les œuvres exposées, et cela sous l’objectif d’une caméra de surveillance destinée à nous rappeler l’importance du regardeur cher à Duchamp.
6Aujourd’hui, avec Scratchy Cat, c’est avec la Selective Bricology qu’il fait son come back, et avec le challenge de mener une tentative hardie, burnoverdosed, pour dépasser le clivage habituel et stérilisant entre le l’art et le bâclage, entre le fignolage et la foutaise, entre la subversion et la subvention, la provocation et les allocations, entre le chèque et le déchet, entre l’installation et l’artiste installé.
7Mais il s’est imposé une nouvelle contrainte, celle du Selective Trash, ou tri sélectif, qui l’oblige à ne trouver la matière première de son œuvre que dans les bacs éco verts de la déchetterie.
8C’est donc une métaphore de notre société de consommation qui nous est offerte ici, assortie d’un message clair en faveur de la sauvegarde de la planète.
9Métaphore également du rôle que joue le public dans la création de l’œuvre d’art. On se souvient de la phrase de Duchamp affirmant que le regardeur participe interactivement à la création de l’œuvre. Ici l’axiome est poussé à ses limites, puisque l’œuvre réduite à l’état minimal de débris, s’efface totalement devant l’œil qui reste le seul à œuvrer dans le dépotoir. Par un surcroît d’ironie caustique, et poussant jusqu’à ses limites la déconstruction grandiose, permanente et subventionnée qu’opère l’art contemporain, le regardeur est réduit à la figure du chat qu’on imagine venir faire ses griffes sur le gratte-chat ; l’amateur d’art est caricaturé en félin hyperkinésique dont les contorsions suggèrent les pauses que prennent les amateurs devant ce qu’ils qualifient de chef-d’œuvre. De l’amateur au Matou, tel aurait pu être le nom de l’œuvre en français.
10Enfin, on l’a compris, ce Scratchy Cat ne dissimule pas sa fonction didactique : entre le chat et et son jouet est mise en abyme la problématique dialectique de l’œuvre et du regardeur. Igor Scrachukovitch n’est pas seulement plasticien, son installation nous rappelle aussi qu’il est didacticien.
11FLMD Pour Les Imputrescibles, mai 2015
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