« Je ne suis que l’apothicaire de l’Europe »

1 Lettre citée dans Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre, Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe, S. Goyard-Fabre (éd.), Paris, Garnier frères (Les classiques de la politique), 1981, Introduction, p. 21. Les citations du Projet sont tirées de cette édition dans laquelle nous avons suivi, pagination comprise, l’édition princeps de 1713 chez A. Schouten, à Utrecht. Ce volume contient également : Projet de traité pour rendre la paix perpétuelle entre les souverains chrétiens, Utrecht, A. Schouten, 1717.

2 L’influence exercée sur l’abbé de Saint-Pierre par la pensée de saint Augustin et des Pères de l’Église a fort probablement été grande, même si elle n’apparaît pas expressément dans les textes. L’image augustinienne des deux Cités mêlées dans l’existence concrète et dans l’histoire a sans doute hanté l’auteur du Projet de paix. Mais à l’heure où la querelle idéologique et théologique entre jansénistes et jésuites est ô combien virulente, il situe volontairement ses réflexions sur la paix dans un autre registre.

3 Ce tirage chez Jacques le Pacifique a été précédé par un tirage préliminaire de « trois douzaines de copies » sur feuilles in-quarto. Cette première version porte la date du 1^er septembre 1711. Elle comporte de nombreuses mentions manuscrites, des corrections et des additions qui seront plus ou moins intégrées dans les versions ultérieures.

4 Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre, ms. 950, Rouen, BM ; cité par Joseph Drouet, L’Abbé de Saint-Pierre : l’homme et l’œuvre, Paris, H. Champion, 1912, p. 12.

5 Malgré une foi vacillante et un évident manque de vocation sacerdotale, il fut ordonné prêtre en 1680.

6 Voir Correspondance de G. W. Leibniz – Ch. I. Castel de Saint-Pierre, A. Robinet (éd.), Paris, Centre de philosophie du droit [Paris II] (Thésaurus de philosophie du droit), 1995.

7 La présence effective de Castel de Saint-Pierre aux négociations d’Utrecht est contestée par Merle L. Perkins in The Moral and Political Philosophy of the Abbé de Saint-Pierre, Genève, Droz et Paris, Minard, 1959, p. 51. Ce détail biographique est, en vérité, de bien peu d’importance pour qui s’intéresse aux idées neuves que l’abbé entend inscrire dans le contexte diplomatico-politique de son temps.

8 Ces deux volumes de l’ouvrage – 400 pages et 350 pages – sont édités en 1713 à Utrecht, chez A. Schouten, in-12.

9 Le tome III possède un titre très long : Projet de traité pour rendre la paix perpétuelle entre les souverains chrétiens, pour maintenir toujours le commerce libre entre les nations ; pour avertir beaucoup davantage les maisons souveraines sur le trône ; proposé autrefois par Henry le Grand, roi de France, agréé par la reine Élisabeth, par Jacques I^er roi d’Angleterre, son successeur, et par la plupart des autres potentats d’Europe. Éclairci par M. l’abbé de S. Pierre, de l’Académie française, ci-devant premier aumonier de Madame, Utrecht, A. Schouten, 1717. Une seconde édition du tome III verra le jour la même année.

10 Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre, Abrégé du projet de paix perpétuelle, Rotterdam, J. D. Beman, 1729.

11 PPP, préface, iij.

12 Le texte est resté inédit. André Robinet l’a retrouvé et publié dans son recueil de Correspondance de G. W. Leibniz – Ch. I. Castel de Saint-Pierre, p. 103 sq.

13 MPP, préface, Aij.

14 Voir André Robinet, G. W. Leibniz : le meilleur des mondes par la balance de l’Europe, Paris, PUF, 1994.

15 Le long titre de l’ouvrage était tout un programme politique pour la Maison de France : Discours des princes et États de la chrétienté plus considérables à la France selon leurs diverses qualités et conditions, seconde édition en 1624.

16 L’ouvrage le plus important de Trajano Boccalini (1556-1613) ne parut qu’en 1678, à Castellana, chez G. H. Widerhold, sous le titre La Bilancia politica ; il est, en grande partie, un commentaire de Tacite.

17 Pierre de la Court, Politiken Discoursen, Leyde, 1662.

18 Francis Bacon (1561-1626) fut chancelier d’Angleterre sous Jacques I^er.

19 PPP, t. I, premier discours, p. 35.

20 Le premier discours du PPP de 1713 est consacré à cette « démonstration ».

21 PPP, t. I, premier discours, p. 36, 37, 38.

22 Ibid., p. 46.

23 Les références bibliques à la paix sont nombreuses. Sans prétendre à l’exhaustivité, mentionnons quelques textes où la paix, liée à la plénitude de vie, est présentée comme un don messianique par excellence : Is, 9, 5-6 ; Mi, 5,4 ; Ir, 5, 26. Luc insiste sur ce thème : 2, 14, 29 ; 7, 50 ; 8, 48 ; 10, 5-6 ; 11, 21 ; 12, 51 ; 14, 32 ; 19, 38, 42 ; 24, 36. Notons que, chez Jean, la paix est toujours liée à la présence du Christ : « La paix soit avec vous ».

24 Je renvoie à mon livre : La Construction de la paix ou le Travail de Sisyphe, Paris, J. Vrin, 1994, p. 7-22.

25 MPP, B iij.

26 Ces expressions sont empruntées au texte du premier discours du PPP, t. I, p. 9 et p. 37.

27 PPP, t. I, premier discours, p. 11.

28 Ibid., p. 17.

29 Correspondance de G. W. Leibniz – Ch. I. Castel de Saint-Pierre, p. 79.

30 MPP, p. 45 ; p. 49, il est souligné qu’il s’agit d’une « Société permanente entre tous les États chrétiens ».

31 Montesquieu, De l’esprit des lois, IX, I, in Œuvres complètes, R. Caillois (éd.), Paris, Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1951, t. II, p. 369.

32 Ceux-ci sont exposés dans le PPP, t. I, quatrième discours, p. 279-391.

33 Ibid., art. 2.

34 Ibid., art. 4.

35 Ibid., art. 7.

36 Ibid., art. 8.

37 Ibid., art. 10.

38 Ibid., art. 12.

39 Correspondance de G. W. Leibniz – Ch. I. Castel de Saint-Pierre, p. 50.

40 PPP, t. I, troisième discours, 4^e avantage.

41 Correspondance de G. W. Leibniz – Ch. I. Castel de Saint-Pierre, p. 105.

42 PPP, quatrième discours, p. 364-365.

43 Ibid., p. 380.

44 Ibid., art. 2.

45 Voir PPP, t. I, troisième et cinquième discours (p. 214 et 392 notamment) : l’énumération des avantages de « l’Union » apparaît comme le signe de l’optimisme juridico-politique de l’abbé.

46 Gottfried Wilhelm Leibniz, Observations sur le “Projet de paix perpétuelle” de l’abbé de Saint-Pierre, réédition par S. Goyard-Fabre du texte de l’édition Foucher de Careil, t. IV, 1862, Caen, Centre de philosophie politique et juridique, université de Caen, 1993.

47 Ibid., p. 328.

48 PPP, t. I, deuxième discours, 1^re proposition.

49 Correspondance de G. W. Leibniz – Ch. I. Castel de Saint-Pierre, p. 57.

50 Jean-Jacques Rousseau, Extrait du “Projet de paix perpétuelle”, in Œuvres complètes, B. Gagnebin, M. Raymond (éd.), Paris, Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1964, t. III, p. 658.

51 Voltaire, lettre à Thériot du 20 mai 1768, in Œuvres complètes, A. J. Q. Beuchot, L. Moland (éd.), Paris, Garnier, 1877-1885, t. XXXV, p. 74.

52 Jean-Jacques Rousseau, Extrait du “Projet…”, p. 657.

53 Ibid., p. 659.