1 Voir tout de même H. Cowdrey, « The Gregorian Reform in the Anglo-Norman Lands and in Scandinavia », Studi Gregoriani, 13, 1989, p. 321-352, assez centré sur le pape Grégoire VII et ses rapports avec les espaces considérés.

2 Parmi les exemples : D. Spear, The Norman Episcopate under Henry I, king of England and duke of Normandy (1106-1135), Ph. D. Thesis, University of California, Santa Barbara, 1982 ; M. Brett, The English Church under Henry I, Oxford, Oxford University Press, 1975. Il y a quelques exceptions concernant le rapport entre l’Église d’Angleterre et la papauté : The English Church and the Papacy in the Middle Ages, C.H. Lawrence (éd.), Londres, Burns and Oates, 1965 ; Z.N. Brooke, The English Church and the Papacy from the Conquest to the Reign of John, Cambridge, Cambridge University Press, 1931 (rééd. 1952).

3 J. Green, Henry I, King of England and Duke of Normandy, Cambridge, Cambridge University Press, 2006, p. 96-101 et 273-283 ; Id., « La bataille de Tinchebray : un tournant dans l’histoire de la Normandie et de l’Angleterre », in Tinchebray 1106-2006 (Actes du colloque de Tinchebray, 28-30 septembre 2006), V. Gazeau et J. Green (dir.), Le Pays Bas-Normand, n° 271-272, 2009, p. 47-60 (p. 50-51) ; F. Neveux, La Normandie des ducs aux rois, X^e-XII^e siècle, Rennes, Ouest-France, 1998, p. 289 et 476-477 ; Des clercs au service de la réforme. Études et documents sur les chanoines réguliers de la province de Rouen, M. Arnoux (dir.), Turnhout, Brepols, 2000, p. 34-35 présentent tous Henri I^er comme un réformateur efficace, en général par comparaison avec son frère, même si J. Green (Henry I…) mentionne également des limites et des échecs d’Henri en la matière. Les travaux récents qui ont renouvelé l’approche du duc Robert Courteheuse n’ont pas fondamentalement modifié la lecture du rapport de celui-ci avec la réforme. Tout au plus ont-ils insisté sur le fait que Robert n’était pas directement responsable de tous les faits qui lui sont reprochés par beaucoup de chroniqueurs et qu’il s’est montré pieux et libéral envers l’Église. Voir W.M. Aird, Robert Curthose, Duke of Normandy, Woodbridge, The Boydell Press, 2008 et, pour une argumentation synthétique et efficace, J. Green, « Robert Curthose Reassessed », ANS, t. XXII, 2000, p. 95-116 (p. 114-116). À la p. 104, J. Green évoque l’échec de Robert à agir en protecteur de l’Église, contrairement à Henri I^er, qui a su utiliser cet argument pour justifier sa prise de contrôle du duché de Normandie.

4 Voir D. Spear, The Norman Episcopate…, p. 7-60, où tous les évêques et archevêques sont passés en revue.

5 Voir Des clercs au service de la réforme…, p. 17-55, où sont évoqués plusieurs cas de régularisation de communautés canoniales avec le concours d’Henri I^er.

6 C.W. Hollister, Henry I, A. Frost (éd.), New Haven, Yale University Press, 2001, chap. 10 ; S. Vaughn, « Henry I and the English Church : The Archbishops and the King », in Henry I and the Anglo-Norman World. Studies in Memory of C. Warren Hollister, D. Fleming et J. Pope (éd.), HSJ, t. XVII, 2006, p. 133-157 (p. 156).

7 J. Green, Henry I…, p. 211.

8 Pour l’Angleterre, voir l’analyse fine de S. Vaughn, « Henry I and the English Church… », p. 151-152, qui fait apparaître la reconnaissance des droits pontificaux par Henri entre 1119 et 1124, avant un retour en arrière en 1124-1125. Plus anciens, The English Church and the Papacy in the Middle Ages, C.H. Lawrence (éd.), p. 82-84 et Z.N. Brooke, The English Church and the Papacy…, p. 164-174 insistent tous deux sur le strict contrôle maintenu par Henri I^er sur l’Église anglaise, tout en recensant des éléments montrant une certaine ouverture à la papauté. Pour la Normandie, on trouvera des éléments dans J. Green, « La bataille de Tinchebray… », p. 52 ; D. Spear, « Geoffrey Brito, archbishop of Rouen (1111-28) », HSJ, t. II, 1990, p. 123-137, et surtout dans D. Spear, The Norman Episcopate…, p. 61-88 (chap. 3). Ce chapitre aborde le principat d’Henri I^er comme un tout, alors qu’une évolution semble assez nettement perceptible dans les relations avec la papauté. Le duc-roi organise la fermeture de l’Église normande à la papauté jusqu’en 1118. Les signes d’ouverture se multiplient à partir de cette date. Henri I^er rencontre le pape Innocent II aux côtés d’Hugues d’Amiens et de plusieurs évêques en mai 1131, à Rouen.

9 D. Spear, The Norman Episcopate…, p. 7-60.

10 Pour une discussion sur la signification de cette expression, voir T.G. Waldman, « Hugh of Amiens, Archbishop of Rouen (1130-64), the Norman Abbots and the Papacy : the Foundation of a “Textual Community” », HSJ, t. II, 1990, p. 139-153 (p. 141).

11 Sur la carrière d’Hugues, voir R.P. Freeburn, Hugh of Amiens and the Twelfth-Century Renaissance, Farnham – Burlington, Ashgate, 2011, p. 5-13 et P. Hébert, « Un archevêque de Rouen au XII^e siècle : Hugues III d’Amiens, 1130-1164 », Revue des questions historiques, t. LXIV, 1898, p. 325-371, en particulier p. 325-350. Sur son archiépiscopat, voir T.G. Waldman, Hugh “of Amiens”, archbishop of Rouen, 1130-1164, unpublished Ph. D. Thesis, University of Oxford, 1971, 648 p. (dactyl.), t. I, p. 1-106. Pour une discussion très complète et convaincante de la date à laquelle Hugues a été nommé sur le siège de Rouen, voir ibid., p. 18-22.

12 On se contente en général de relever que ses origines et son parcours sont très différents de ceux de son prédécesseur sur le siège de Rouen.

13 Sur Hugues et les débuts de l’abbaye de Reading, voir T.G. Waldman, Hugh “of Amiens”…, t. I, p. 9-14. On ignore à peu près tout de la relation entre Hugues d’Amiens et Henri I^er pendant l’abbatiat d’Hugues à Reding.

14 T.G. Waldman, Hugh “of Amiens”…, t. I, p. 84, n. 1. On considère en général que la promotion d’Hugues à Rouen est le signe de l’estime, de la confiance ou de l’amitié qu’a pour lui Henri I^er. En réalité, on sait peu de choses de la relation entre les deux hommes dans les années 1120 et on ignore surtout précisément ce qui a motivé le choix d’Hugues pour le siège de Rouen. Henri a donné son accord mais est-il seul à l’origine du choix ? Henri a rencontré le légat Matthieu d’Albano au concile de Rouen de 1128, alors que l’archevêque Geoffroy le Breton était déjà mourant (OV, t. VI, p. 338-340). Hugues étant très connu et apprécié à Rome, il est tout à fait possible que la papauté ait œuvré à sa nomination à Rouen et que celle-ci soit en fait le fruit d’une négociation, d’un compromis entre Henri et Matthieu d’Albano, dont Hugues d’Amiens est un parent (R.P. Freeburn, Hugh of Amiens…, p. 6 et 10-11). Elle a été approuvée par le duc-roi et par le pape (PL, t. CLVI, col. 1319).

15 R.P. Freeburn, Hugh of Amiens…, p. 12. Ce point de vue rejoint une assertion de Guillaume de Malmesbury selon laquelle Hugues, ayant été fait abbé de Reading puis archevêque de Rouen par Henri, avait de bonnes raisons d’être obligé envers Henri et ses héritiers, en remerciement de si grands bénéfices (William of Malmesbury, The Historia novella, K. Potter (éd.), Londres – Édimbourg – Paris, Nelson, 1955, p. 12 : « [Henricus] evocavit ad se Hugonem, quem primo ex priore de Lewis abbatem apud Radingas, mox Rothomagi archiepiscopum fecerat, merito sibi et heredibus suis pro tantis beneficiis obnoxium »).

16 D. Spear, The Norman Episcopate…, p. 19 : « Hugh’s relations with Henry were fiery, and given the right circumstances, they might have erupted into a major conflagration. But these “right” circumstances never presented themselves, for both men saw value in compromise and each seems to have respected the other » ; p. 21 : « Yet in spite of their differences, the king and the archbishop remained friends ».

17 Des clercs au service de la réforme…, p. 17-20 et 39-69.

18 L. Spätling, « Die Legation des Erzbischofs Hugo von Rouen 1134 / 35 », Antonianum, t. XLIII, 1968, p. 195-216 (p. 201-203).

19 W. Holtzmann, Papsturkunden in England, Berlin, Weidmann, 1930, n° 26.

20 JL 7472-7473, datées de Rouen le 9 mai 1131.

21 PL, t. CLXXIX, col. 669 ; A. Du Monstier, Neustria christiana, Paris, BnF, lat. 10042, fol. 189.

22 PL, t. CLXXIX, col. 99 et 102. Le premier document est traduit dans Des clercs au service de la réforme…, p. 57.

23 Voir par exemple Des clercs au service de la réforme…, p. 56-58, ou T.G. Waldman, Hugh “of Amiens”…, t. I, p. 26-27.

24 PL, t. CLXXIX, col. 99. Précisément, le pape dénonce les laïcs qui usurpent des droits épiscopaux, retiennent les oblations des autels et accaparent les revenus ecclésiastiques, les laïcs qui se nomment eux-mêmes archidiacres, ceux qui administrent les églises et ceux qui nomment leurs officiers et leurs serviteurs non clercs dans les églises. Il suggère que c’est cette administration laïque des églises qui débouche sur la transmission héréditaire dans les bénéfices ecclésiastiques.

25 Ibid. Les prêtres doivent être ordonnés pour une église précise (ce qui suppose un contrôle de l’archevêque sur les églises et bénéfices ecclésiastiques), à laquelle ils doivent rester attachés. Ils ne peuvent être transférés que par l’évêque. Il faut lutter contre les prêtres mercenaires et itinérants, qui sont incontrôlables. Les prêtres doivent assister au synode épiscopal sous peine de sanction. Ceux qui occupent un bénéfice ecclésiastique doivent être promus à l’ordre par l’évêque. Dans une précision intéressante, le pape indique que les prêtres fautifs sur ces points portent atteinte à l’unité de l’Église.

26 Ibid. Sont évoquées les habituelles conditions de naissance, de mœurs et de statut pour devenir prêtre, en particulier les motifs d’empêchement que doivent constituer la bâtardise, l’ignorance ou l’exercice de fonctions publiques.

27 PL, t. CLXXIX, col. 102. Les suffragants de Rouen doivent être soumis à leur métropolitain (voir infra). Les prêtres du diocèse de Rouen doivent recevoir de l’archevêque l’administration de leurs églises et la cure des âmes. Ils doivent assister au synode. Un peu plus loin, le pape indique qu’aucun évêque ou archevêque ne peut célébrer dans le diocèse de Rouen sans l’accord de l’archevêque local et rappelle la révérence due à ce dernier.

28 Ibid. Les laïcs ne doivent pas occuper les fonctions d’archidiacres ni prétendre trancher des litiges ecclésiastiques.

29 On trouve des dispositions sur les mœurs du clergé dans les canons de tous les conciles normands entre le milieu du XI^e siècle et 1128 (Mansi, t. XIX, col. 753 (Rouen, 1050), t. XX, col. 37-39 (Rouen, 1072), 399-401 (Rouen, 1074), 556-558 (Lillebonne, 1080), 924 (Rouen, 1096), t. XXI, col. 375 (Rouen, 1128)). Avant le dernier quart du XI^e siècle, la question des mœurs et de la dignité des prêtres est la préoccupation principale de ces conciles. Elle commence par la suite à cohabiter avec d’autres thématiques. Le concile de Rouen de 1119 – en fait certainement un synode – resté célèbre a pour principale thématique la lutte contre le concubinage des prêtres. Il tourne à l’émeute lorsque l’archevêque interdit aux prêtres présents de vivre avec une femme et menace les récalcitrants d’excommunication (OV, t. VI, p. 290-294). La pureté, la dignité et la qualité du clergé sont aussi les principaux objectifs visés par le développement du mouvement canonial, soutenu par les réformateurs dans les années 1120 (Des clercs au service de la réforme…, p. 11-39).

30 G. Combalbert, Gouverner l’Église : évêques et paroisses dans la province ecclésiastique de Rouen (v. 1050-v. 1280), Thèse de doctorat, Université de Caen Basse-Normandie, 2009, 2 vol., p. 42-75 ; D. Spear, « Les archidiacres de Rouen au cours de la période ducale », Annales de Normandie, t. XXXIV, n° 1, mars 1984, p. 15-50.

31 G. Combalbert, Gouverner l’Église…, t. I, p. 140-151 et 175-184.

32 PL, t. CLXXIX, col. 102 : « statuentes ut Rotomagensis archiepiscopus, Bajocensi, Abrincensi, Ebroicensi, Luxoviensi, Constantiensi et Sagiensi, jure metropolitano, praesit episcopis, qui nimirum ab eo consecrationem recipiant et ei tamquam proprio metropolitano humiliter pareant ».

33 Sur le rôle et la place des métropolitains à l’époque de la réforme grégorienne, voir M. Schrör, Metropolitangewalt und papstgeschichtliche Wende, Husum, Matthiesen Verlag, 2009, p. 96-237. La période envisagée s’achève précisément avec le pontificat d’Innocent II (sur la période allant d’Urbain II à Innocent II, voir en particulier p. 214-228).

34 La dation de l’un de ces huit actes demeure incertaine (J. Depoin, Cartulaire de l’abbaye de Saint-Martin de Pontoise, Pontoise, Société historique du Vexin, 1895-1896, p. 69 ; T.G. Waldman, Hugh “of Amiens”…, t. III, p. 413).

35 Un seul acte donné au nom de l’archevêque est conservé pour la période allant de fin 1131 à l’été 1135.

36 Voir le catalogue des actes de Geoffroy le Breton (archevêque de 1111 à 1129), fourni par D. Spear, « Geoffrey Brito… », p. 133-136 (comprenant quelques actes édités), et l’édition des actes de Guillaume Bonne-Âme (archevêque de 1079 à 1110) par R. Allen, The Norman Episcopate (989-1110), Ph. D. Thesis, University of Glasgow, 2009, 2 vol., t. II, p. 698-718. Pour d’autres actes épiscopaux normands des années 1130-1135, voir (malgré les difficultés de datation) H. Dupuy, Actes des évêques de Bayeux des origines à 1205, Thèse de l’École des chartes, 1970, 2 vol. et G. Combalbert, Chartes des évêques d’Évreux (911-1223), Mémoire de maîtrise, Université de Caen Basse-Normandie, 2004.

37 Grand Cartulaire de Saint-Évroult, Paris, BnF, lat. 11056, fol. 151. Neuf-Marché, Seine-Maritime, cant. Gournay-en-Bray.

38 GC, t. XI, Instr. Rotom., col. 22, n° 18. Auchy-lès-Aumale, Seine-Maritime, cant. et comm. Aumale.

39 Ibid.

40 Rouen, Arch. dép. Seine-Maritime, 13 H 13 (deux actes pour Saint-Georges) ; J. Depoin, Cartulaire de l’abbaye de Saint-Martin de Pontoise, p. 73 (l’abbaye Saint-Martin de Pontoise ne se trouve pas en Normandie mais elle est située dans le diocèse de Rouen et se trouve placée sous la protection de l’archevêque). De telles mentions se trouvent également dans les actes d’Hugues après 1135.

41 Gazeau, Normannia monastica, t. I, p. 82. Guillaume Bonne-Âme n’avait pu obtenir le serment demandé et Geoffroy le Breton avait dû se contenter d’une déclaration de volonté de la part de l’abbé, au lieu de la promesse attendue. Sur Geoffroy le Breton, voir D. Spear, « Geoffrey Brito… ».

42 Un seul des huit actes d’Hugues s’inscrit explicitement dans le cadre de ces conflits : vers 1131, très certainement après le refus de l’abbé de Saint-Ouen de prêter serment d’obéissance, Hugues définit par écrit les droits de celui-ci, en les limitant à ce qui existait à l’époque de l’archevêque Geoffroy le Breton (l’acte évoque globalement l’exemption et le « privilège de juridiction » auquel prétendait l’abbaye). Cet acte est un compromis garantissant les droits de l’archevêque, ce qui a dû mettre un terme assez rapide au conflit. Cartulaire de Saint-Ouen (Cartulaire de Rouen et de la Forêt Verte), Rouen, Arch. dép. Seine-Maritime, 14 H 18, p. 191.

43 GC, t. XI, Instr. Rotom., col. 22, n° 18.

44 Rouen, Arch. dép. Seine-Maritime, 13 H 13.

45 Ibid. (deuxième charte) : « tibi tuisque successoribus, quamdiu bene subditi et canonice professi ecclesie Rothomagensi perseveraverint, donamus et more ecclesiastico confirmamus ».

46 T.G. Waldman, Hugh “of Amiens”…, t. III, p. 381-382.

47 Gazeau, Normannia monastica, t. II, p. 291. Louis est encore en fonction en 1131.

48 GC, t. XI, Instr. Rotom., col. 22, n° 18 : « statuimus ecclesiam Sancti Martini Acciensis abbatiam utique fieri monachorum : ad hoc sane, ut Domino humiliter serviant et professionem obedientiae Rotomagensi archiepiscopo persolvant, nec filiis Belial, qui humilitatem praetendunt et superbiae serviunt, omnino consentiant, qui benedici refugiunt quia obedientiae debitum profiteri nolunt ».

49 Grand Cartulaire de Saint-Évroult, Paris, BnF, lat. 11056, fol. 151 : « Nolumus enim eos esse quos valde dolemus qui episcopos ab ecclesiis suis eliminare nituntur et jura episcopalia reddi episcopis execrantur ».

50 Rouen, Arch. dép. Seine-Maritime, 13 H 13 : « Solet paterna pietas obedientes filios et bene subditos paterno affectu diligere et eorum provectibus manu largissima providere. Ea propter, tuam in omnibus obedientiam michi et ecclesię Rothomagensi plene subditam attendentes… ».

51 J. Depoin, Cartulaire de l’abbaye de Saint-Martin de Pontoise, p. 73 : « ut monasteria quaeque consilio episcoporum in quorum parrochia sita sunt pie disponantur et regulariter ordinentur ».

52 Voir l’acte concernant le prieuré de Neuf-Marché, cité plus haut. Il est possible qu’Hugues d’Amiens ait joué, dès le début de son archiépiscopat, un rôle très important dans le renforcement du contrôle épiscopal sur les églises paroissiales : voir G. Combalbert, Gouverner l’Église…, t. I, p. 348-358.

53 J. Depoin, Cartulaire de l’abbaye de Saint-Martin de Pontoise, p. 73 : « ut […] omnisque eorum possessio et quidquid jure ad ea pertinere videtur, ita pontificali privilegio muniatur ».

54 Grand cartulaire de Saint-Évroult, Paris, BnF, lat. 11056, fol. 151 : « ut assensu nostro et concessione canonica firmaretur » ; J. Depoin, Cartulaire de l’abbaye de Saint-Martin de Pontoise, p. 73 : « Romanorum pontificum decernit authoritas et sanctorum canonum statuta praeceptaque mandant imperialia […] ». La nécessité de la médiation épiscopale pour la possession monastique des biens ecclésiastiques, mise en avant par la papauté depuis la fin du XI^e siècle, figure dans les canons du concile de Rouen de 1128 (pour la première fois dans un concile normand). Hugues en tire donc les conséquences pratiques de manière quasi immédiate.

55 Voir J.-M. Duvosquel, « Les chartes de donation d’autels émanant des évêques de Cambrai aux XI^e-XII^e siècles éclairées par les obituaires. À propos d’un usage grégorien de la chancellerie épiscopale », in Hommage à la Wallonie. Mélanges offerts à Maurice-A. Arnould et Pierre Ruelle, Bruxelles, Université libre de Bruxelles, 1981, p. 147-163.

56 J. Depoin, Cartulaire de l’abbaye de Saint-Martin de Pontoise, p. 73 : « ut nulla ecclesiastica persona praeter episcopum suum eis dominare praesumat ; ut nullae laicae seu secularis personae potestas conturbat ea vel opprimet ». L’usage du terme potestas pour désigner le pouvoir des laïcs est d’autant plus intéressant que, dans cet acte, le mot auctoritas, évidemment appliqué à l’archevêque, est employé deux fois.

57 Voir par exemple D. Bates, « Les chartes de confirmation et les pancartes normandes du règne de Guillaume le Conquérant », in Pancartes monastiques des XI^e et XII^e siècles, M. Parisse, P. Pégeot et B.-M. Tock (dir.), Turnhout, Brepols, 1998, p. 95-109. Évidemment, les premières confirmations générales archiépiscopales sont destinées aux maisons qui acceptent la soumission à l’archevêque et entretiennent avec lui de bons rapports, comme Saint-Georges de Boscherville ou Saint-Martin de Pontoise.

58 Grand cartulaire de Saint-Évroult, Paris, BnF, lat. 11056, fol. 151 : « ita eis tradidimus ut consuetudines et jura ecclesiastica nobis et successoribus nostris retinuerimus ».

59 « episcopale » : Rouen, Arch. dép. Seine-Maritime, 13 H 13 (premier acte pour Saint-Georges) ; « pontificale » : J. Depoin, Cartulaire de l’abbaye de Saint-Martin de Pontoise, p. 69.

60 « auctoritas pontificalis » : Rouen, Arch. dép. Seine-Maritime, 13 H 13 (premier acte pour Saint-Georges) et J. Depoin, Cartulaire de l’abbaye de Saint-Martin de Pontoise, p. 73 ; « privilegium pontificale » et « pontificalis sanctio » : ibid. On trouve « episcopalis auctoritas » dans un acte pour l’abbaye de Thiron mais dans le préambule : il s’agit là d’une référence à l’autorité de l’évêque en général et non à celle d’Hugues en particulier (Arch. dép. Seine-Maritime, D 194).

61 Par exemple, le premier emploi de l’adjectif pontificalis renvoyant à l’évêque d’Évreux dans les chartes épiscopales ébroïciennes date de 1157. Le terme se diffuse plus largement dans les actes ébroïciens à partir des années 1170 puis à la fin du XII^e siècle. L’emploi de pontificalis pour renvoyer à un évêque devient courant, dans les actes épiscopaux normands, à la fin du XII^e siècle.

62 O. Guyotjeannin, « L’influence pontificale sur les actes épiscopaux français (provinces ecclésiastiques de Reims, Sens et Rouen, XI^e-XII^e siècles) », in L’Église de France et la papauté (X^e-XIII^e siècle) (Actes du XXVI^e colloque franco-allemand, Paris, 17-19 octobre 1990), R. Grosse (dir.), Bonn, Bouvier Verlag, 1993, p. 83-101 (p. 95-96) ; T.G. Waldman, « Hugh of Amiens… ».

63 Rouen, Arch. dép. Seine-Maritime, 13 H 13. On trouve également des formes inspirées des bulles pontificales en 1135 dans un acte pour Saint-Martin de Pontoise (J. Depoin, Cartulaire de l’abbaye de Saint-Martin de Pontoise, p. 73).

64 Rouen, Arch. dép. Seine-Maritime, 13 H 13 (deuxième acte pour Saint-Georges). Des mentions de l’autorité métropolitaine se trouvent aussi dans des actes d’Hugues dans la suite de l’archiépiscopat. Dans la province de Reims, la revendication par les archevêques de leur autorité métropolitaine dans les actes s’affirme dans le courant du XII^e siècle, sensiblement à la même époque qu’à Rouen (P. Demouy, Genèse d’une cathédrale. Les archevêques de Reims et leur Église aux XI^e et XII^e siècles, Langres, D. Guéniot, 2005, p. 443).

65 RHGF, t. XV, p. 961 : « in initio nostri episcopatus exorta sit discordia pro reparatione libertatis ecclesiarum Normanniae que a multis retro temporibus conculcatae fuerant […]. Inquisivit si forte aliquibus privilegiis autenticis munirentur, quorum patrocinio eorum personae vel ecclesiae metropolitani subjectione comprobantur immunes ». Sur cette lettre, voir infra.

66 Le duché et la province ne coïncident pas exactement. La référence au duché dans la lettre à Adrien IV est intéressante, dans l’optique du conflit qui oppose Hugues et Henri I^er pour la direction de l’Église normande (voir infra).

67 OV, t. VI, p. 448 et William of Malmesbury, The Historia novella, p. 12-14 (où est donné le texte de la lettre adressée par Hugues au pape).

68 En témoignent les actes ducaux adressés (souvent, entre autres) à l’archevêque de Rouen. Sur l’importance et la signification des adresses des actes ducaux et royaux, voir S. Marritt, « King Stephen and the bishops », ANS, t. XXIV, 2002, p. 129-144 (p. 133-135).

69 J. Green, Henry I…, p. 270.

70 Sur ce personnage, voir E. Kealy, Roger of Salisbury, viceroy of England, Berkeley – Los Angeles – Londres, University of California Press, 1972 et J. Green, Henry I…, p. 182-183.

71 D’après la chronique de Morigny, in RHGF, t. XII, p. 82.

72 RRAN 1066-1154, t. II, n° 1575, 1585, 1687, 1688, 1689, 1690, 1693, 1698, 1700, 1701, 1721, 1736, 1830, 1892, 1902, 1908 (l’archevêque est présent mais n’est ni témoin ni souscripteur) et 1932. Dans l’étude des relations entre Hugues d’Amiens et les ducs normands, Thomas Waldman retient essentiellement ces témoignages au bas des actes ducaux pour avancer l’idée qu’Hugues ferait partie des « “hommes neufs” d’Henri » (T.G. Waldman, Hugh “of Amiens”…, t. I, p. 83-84). Sur la date des deux premiers actes cités (septembre 1130 et non 1129), voir ibid., t. II, p. 19-20.

73 RRAN 1066-1154, t. II, n° 1656, 1680, 1687, 1688, 1689, 1690, 1693, 1697, 1698, 1701, 1892, 1900, 1901, 1902, 1908, 1932 et 1948.

74 Ibid., n° 1680, 1687, 1688, 1689, 1690, 1692, 1693, 1694, 1697, 1698, 1699, 1702, 1895, 1902, 1908, 1912, 1915, 1916, 1917, 1932, 1948, 1963 et 1974, soit vingt-trois souscriptions et témoignages sur la période 1130-1135. Le total des témoignages et souscriptions des deux archevêques anglais sur cette période est aussi légèrement supérieur au total concernant Hugues d’Amiens.

75 L’archevêque Geoffroy le Breton a effectué trois séjours à la cour du duc-roi en Angleterre en 1115-1116, 1121-1122 et 1126-1127 (J. Green, Henry I…, p. 269).

76 Ces trois actes (RRAN 1066-1154, t. II, n° 1721, 1736 et 1830) sont donnés à Woodstock, Westminster et Winchester. Seul le second porte une date, en avril 1132. On sait qu’Hugues est à Londres le 24 avril 1132 à la demande du pape, dont il est l’un des délégués, pour régler un conflit entre les évêques de St. David’s et de Llandaff (JL 7511 ; l’évêque de St. David’s est lui aussi témoin de l’acte ducal, au côté d’Hugues). L’acte RRAN 1066-1154, t. II, n° 1830 est daté 1130 / 1133 par Johnson et Cronne. Il est très probable qu’il a été donné en 1133, fin avril ou début mai, dans la mesure où Hugues est présent à Winchester pour les Rogations (voir infra), qui ont lieu du 30 avril (dimanche des Rogations) au 3 mai 1133, toujours en tant que juge pontifical délégué à propos de la même affaire. On ne peut donc pas conclure de ces témoignages dans les actes ducaux qu’Hugues a suivi Henri I^er en Angleterre et qu’il a séjourné de manière durable à la cour, outre-Manche, en 1132 et 1133. En avril 1132 comme en mai 1133, il n’a fait que croiser Henri I^er, présent dans les villes où il séjourne dans le cadre d’une mission donnée par le pape (la présence d’Henri dans ces villes n’a certainement rien de fortuit : le roi s’intéresse au règlement de l’affaire galloise, comme l’indique un passage des Annales de Waverley, cité dans Councils and Ecclesiastical Documents relating to Great-Britain and Ireland, A. Haddan et W. Stubbs (éd.), Oxford, Clarendon Press, 1869-1878, 3 vol., t. I, p. 343, n° 16). Il n’y a pas assez d’indices pour analyser le témoignage d’Hugues dans le n° 1721.

77 RRAN 1066-1154, t. II, n° 1700 et 1910. Henri I^er donne à l’église Notre-Dame de Rouen des droits dans le bois d’Aliermont (ibid., n° 1963) mais l’acte, qui ne porte pas de date, a été donné entre 1127 et 1135 : on ne peut donc être certain que la donation a été faite à l’époque où Hugues occupe le siège de Rouen. Même en admettant que ce soit le cas, l’archevêque est cité, entre autres, comme destinataire de la charte (ce qui n’est pas probant) mais pas comme bénéficiaire de la donation. C’est l’Église de Rouen, certainement le chapitre cathédral, qui est seul bénéficiaire. Par comparaison, l’évêque Audin d’Évreux est explicitement cité comme seul bénéficiaire des donations ducales à deux reprises.

78 Thomas Waldman, dans son étude sur Hugues d’Amiens, évoque très brièvement ces deux affaires lorsqu’il en vient à la question des rapports entre Hugues et Henri I^er, et il n’en tire pas de conclusion nette (T.G. Waldman, Hugh “of Amiens”…, t. I, p. 81). L’affaire des serments d’obéissance est traitée en détail « pour elle-même », sous l’angle du rapport entre Hugues d’Amiens et les abbés concernés (ibid., p. 59-64). David Spear relève ces deux affaires mais conclut tout de même que le duc-roi et l’archevêque sont amis (D. Spear, The Norman Episcopate…, p. 20-21).

79 La question est évoquée lors du concile de Reims, en octobre 1131 (PL, t. CLXXIX, col. 669).

80 Ces abbés n’avaient pas encore reçu la bénédiction épiscopale en raison de la maladie et de l’incapacité du prédécesseur d’Hugues, Geoffroy le Breton, au moment de leur élection. Sur cette question, toujours sous l’angle du rapport entre les abbés et l’évêque diocésain, voir Gazeau, Normannia monastica, t. I, p. 83-87. Voir aussi P. Hébert, « Un archevêque de Rouen… », p. 339-346. L’option choisie par Henri I^er s’inscrit dans la continuité de la politique menée par Guillaume le Conquérant (voir la démonstration de J.-F. Lemarignier, Étude sur les privilèges d’exemption et de juridiction ecclésiastique des abbayes normandes des origines à 1140, Paris, Picard, 1937, p. 44-50 et 138-178).

81 En particulier l’abbaye Saint-Ouen de Rouen (J.-F. Lemarignier, Étude sur les privilèges…, p. 212-215).

82 PL, t. CLXXIX, col. 117.

83 Ibid., col. 669.

84 Ibid., col. 150.

85 Ibid., col. 304 (janvier 1133 est la seule date possible pour ce document, daté 1133 / 1137 dans la Patrologie latine et que Pierre Hébert date de janvier 1134 (« Un archevêque de Rouen… », p. 347) puisque Alain quitte l’abbatiat de Saint-Wandrille avant le 14 septembre 1133 ; voir Gazeau, Normannia monastica, t. II, p. 343). Cela montre que l’ordre de céder, intimé à Hugues par Innocent II en 1132, est uniquement motivé par des considérations politiques.

86 Letters of Peter the Venerable, t. I, p. 24-25, n° 17 (fin 1133 / 1134).

87 OV, t. VI, p. 442. La date exacte de la nomination de Richard de Gloucester à Bayeux n’est pas connue. L’évêque précédent, Richard de Douvres, est mort au début du printemps 1133 (Spear, The Personnel, p. 33). David Spear retient, pour cette nomination, la date de 1134 en s’appuyant sur le témoignage de Raoul de Diceto (Radulfi de Diceto decani Lundoniensis opera historica. The historical works of master Ralph de Diceto, dean of London, W. Stubbs (éd.), Londres, Longman and Co., 1876, t. I, p. 247).

88 La consécration a lieu en 1135 (OV, t. VI, p. 428 et 442).

89 Cette lettre est connue par la copie qu’en a faite Gilles du Perche, évêque d’Évreux (1170-1179), Canterbury, Dean and Chapter Library, Cartae Antiquae, A 62. Cette lettre d’Hugues a été transmise, certainement vers 1157, par Gilles à Thomas Becket, alors archevêque de Cantorbéry, lorsque l’abbé de Saint-Augustin refusa de lui prêter serment d’obéissance. Plus tard, munie du sceau de Gilles devenu évêque d’Évreux, elle est envoyée par l’église de Cantorbéry au pape Alexandre III. Elle a fait l’objet de plusieurs éditions dont H. Warton, Anglia Sacra, Londres, Chiswel, 1691, t. II, p. v-vi ; P. Coustant, Vindiciae veterum codicum confirmatae, Paris, Coignard, 1715, p. 680-683 ; PL, t. CC, col. 1411 (qui conservent la version abrégée Norman. pour l’adjectif de lieu de la première phrase) ; RHGF, t. XV, p. 961 (qui développe Norman. en Normanniae) ; et T.G. Waldman, Hugh “of Amiens”…, t. II, n° 1 (qui développe étonnamment Norman. en Normannorum).

90 Ibid. : « Illius siquidem persecutionis turbine moti et parrochie nostre fines exire compulsi, portum non nisi in apostolice pietatis sinibus invenire potuimus ».

91 PL, t. CLXXIX, col. 670 : « nec ullo modo amplius acquiescent barones terrae [meae] me et ipsum archiepiscopum in eadem terra cum pace et amore remanere, nisi vos et ipse haec et hujusmodi studueritis emendare ».

92 JL 7511. Sur cette affaire au long cours, voir J.R. Davies, The Book of Llandaf and the Norman Church in Wales, Woodbridge, The Boydell Press, 2003, p. 37-45, ainsi que D. Crouch, « Urban : First Bishop of Llandaff, 1107-34 », Journal of Welsh Ecclesiastical History, vol. 6, 1989, p. 1-15 et St. Davids Episcopal Acta, J. Barrow (éd.), Cardiff, South Wales Record Society, 1998.

93 JL 7542.

94 PL, t. CLXXIX, col. 304.

95 Councils and Ecclesiastical Documents…, t. I, p. 343 ; J.C. Davies, Episcopal Acts and cognate documents relating to Welsh dioceses 1066-1272, Cardiff, Historical Society of the Church in Wales, 1946, t. I, p. 252, D 88 et D 89.

96 J.C. Davies, Episcopal Acts…, p. 252, D 90 (dimanche des Rogations le 30 avril, Rogations du 1^er au 3 mai). La présence d’Hugues à Winchester à ce moment peut certainement être corroborée par son témoignage au bas d’un acte ducal, donné dans cette ville (RRAN 1066-1154, t. II, n° 1830).

97 PL, t. CLXXIX, col. 214, n° 264. Hugues et Pierre le Vénérable se sont rencontrés à cette occasion (Letters of Peter the Venerable, t. I, p. 24-25, n° 17). Sur la date discutée de ce concile et la possibilité qu’Hugues ait porté à Rome les décisions prises au concile, voir ibid., t. II, p. 106-107.

98 L. Spätling, « Die Legation… », p. 205-211 ; W. Janssen, Die päpstlichen Legaten in Frankreich, Cologne, Graz-Böhlau, 1961, p. 32, n. 6 ; S. Loewenfeld, Epistolae Romanorum pontificum ineditae, Leipzig, Veit, 1885, p. 90-91 (1134 et non 1135).

99 Il s’agit d’un conflit entre le comte et l’archevêque de Vienne (T.G. Waldman, Hugh “of Amiens”…, t. I, p. 31).

100 Conflit entre les abbayes de Saint-Thibéry et de la Chaise-Dieu, réglé au concile de Montpellier, convoqué par Hugues (PL, t. CLXXIX, col. 665).

101 Conflit entre le comte de Toulouse et l’abbaye Saint-Gilles. Pour une discussion de la date de la lettre d’Hugues d’Amiens relative à cette affaire (GC, t. XI, appendix, col. 285, n° 3), voir T.G. Waldman, Hugh “of Amiens”…, t. I, p. 32-33.

102 OV, t. VI, p. 442.

103 Ibid.

104 Sur ce point, voir G. Combalbert, « Formation et déclin d’un réseau réformateur. Hugues d’Amiens et les évêques normands, entre le pape et le duc (fin des années 1130-1164) », Annales de Normandie, 63^e année, n° 2, juillet-décembre 2013, p. 3-48.

105 À Chartres aux côtés d’Henri I^er en janvier 1131 (RRAN 1066-1154, t. II, n° 1687) et à Reims en octobre 1131, où Henri I^er dit avoir envoyé l’archevêque (PL, t. CLXXIX, col. 669), lequel est porteur de lettres ducales.

106 J. Green, Henry I…, p. 211-215.

107 L. Spätling, « Die Legation… », p. 204-205. L’analyse ne repose que sur une partie des pièces du dossier.

108 Hugues évoque lui-même l’aide que lui a apportée Innocent II dans son conflit avec Henri I^er, dans sa lettre à Adrien IV (RHGF, t. XV, p. 961).

109 Cette hypothèse est corroborée par les hésitations d’Innocent II que semble traduire sa correspondance (voir supra).

110 OV, t. VI, p. 442.

111 RHGF, t. XV, p. 961.

112 PL, t. CLXXIX, col. 150, n° 110 : « Aliter enim abbates et reliqui clerici nec gratum Deo famulatum impendere nec animarum suarum saluti poterunt providere, imo acephali, id est sine capite, reputabuntur nisi episcopis suis et praelatis debita fuerint humilitate subjecti ».

113 RHGF, t. XV, p. 961 : « diligentius inquisivit si forte aliquibus privilegiis autenticis munirentur, quorum patrocinio eorum persone vel ecclesie metropolitani subjectione comprobantur immunes ».

114 PL, t. CLXXIX, col. 669 : « Conqueror apud paternitatem vestram de Hugone archiepiscopo Rothomagensi, qui personam meam conturbavit et ducatum meum Northmanniae gravavit, et contra me et dignitates et statutum ducatus mei, a patre meo et ab omnibus antecessoribus meis et a me ipso usque ad novissimum discessum vestrum de Northmannia in pace habitos, et tempore beatissimorum Romanorum pontificum antecessorum vestrorum et sanctorum Rothomagensium archiepiscoporum praedecessorum ejus inconcusse illibateque possessos, vehementer et irreverenter egit » ; un peu plus loin : « contra honorem et consuetudines et dignitates regni mei et ducatus mei » ; « ne, quod absit, insolitis novitatibus et consimilibus gravaminibus me […] discedere cogatis ».

115 Plusieurs évêques ont cherché, depuis la fin du XI^e siècle, à obtenir des serments d’obéissance de la part des abbés nouvellement élus, souvent avec peu de succès. En pratique, un grand nombre d’abbés ne prêtent pas ce serment. Tous les détails sont donnés dans Gazeau, Normannia monastica, t. I, p. 80-87. Hugues d’Amiens se distingue en exigeant un document d’engagement écrit et par l’insistance avec laquelle il aborde la question.

116 J.-F. Lemarignier, Étude sur les privilèges…, p. 44-50 et 138-178.

117 Gazeau, Normannia monastica, t. I, p. 69-71, 107-109.

118 PL, t. CLXXIX, col. 669, n° 10 : « et ipsum archiepiscopum amicabiliter ad vos destinavi ».

119 J. Green, Henry I…, p. 144 et 277. Le légat menace les évêques normands d’excommunication.

120 OV, t. VI, p. 252. Pendant ce concile, l’archevêque de Rouen Geoffroy le Breton prend la défense de la politique d’Henri I^er (ibid., p. 258).

121 OV, t. VI, p. 202-204 et 338-340 (pendant le bref passage que consacre Orderic Vital au concile de 1128, la présence d’Henri est mentionnée deux fois). En 1118, la relation d’Orderic Vital laisse penser qu’Henri préside lui-même les débats malgré la présence du légat. En 1128, les canons sont promulgués par le légat Matthieu d’Albano mais la double mention de la présence d’Henri par Orderic est interprétée par David Spear comme le signe d’une volonté de contrôle (D. Spear, The Norman Episcopate…, p. 75).

122 PL, t. CLXXIX, col. 669-670, n° 10 : « In benedictionibus scilicet et extortis professionum scriptis, extra ducatum meum et provinciam suam, ab abbatibus meis Northmanniae, me inconsulto, vobis in concilio querimoniis inde propositis, cum eos in pace dimiserim, quando novissime in regnum meum transfretavi et ipsum archiepiscopum amicabiliter ad vos destinavi. […] Quoniam si ipse archiepiscopus in praesentia vestra dum Rothomagi fuimus, super hac re verbum fecisset, ego in omnibus quae Deum velle et contra honorem meum non esse cognoscerem, acquievissem ». Dans cette dernière phrase, la précision « contra honorem meum non esse » est évidemment fondamentale.

123 OV, t. VI, p. 252 : « Rex Anglorum prelatis regni sui ad sinodum quidem ire permisit, sed omnino ne alicujus modi querimoniam alterutrum facerent prohibuit. Dixit enim : “Omni plenariam rectitudinem conquerenti faciam in terra mea” ».

124 Est-ce un hasard si la bulle délivrée en faveur d’Hugues le 6 octobre 1131 (PL, t. CLXXIX, col. 102), certainement très peu de temps après le début du conflit entre l’archevêque et les abbés (fin août-septembre), et juste avant que l’affaire soit soumise au concile de Reims (fin octobre), précise, au milieu du programme réformateur, que les laïcs ne doivent pas prétendre trancher des litiges ecclésiastiques ? Ce point précis ne figurait pas dans la bulle datée de juillet 1131 (ibid., col. 99).

125 PL, t. CLXXIX, col. 670 : « Quoniam sine honore olim habito et debito, terram tenere non possem, nec ullo modo a baronibus et hominibus meis, sine quorum consilio et auxilio esse non possum, in hujusmodi vilitate et ignominia terram tenere amplius permittar, qui inde vehementer et frequenter improperant mihi et insultant, tanquam qui honorem pristinum, et rei mei jura tam integre semper hactenus conservata, meo tempore tam negligenter et nimis remisse mihi surripi sustineam ».

126 Sur la réforme grégorienne, voir P. Toubert, « Réforme grégorienne », in Dictionnaire historique de la papauté, P. Levillain (dir.), Paris, Fayard, 1994, p. 1432-1440.

127 RHGF, t. XV, p. 961 : « Quam gravis inter regem Henricum et me, servum vestrae sanctitatis, in initio nostri episcopatus, exorta sit discordia pro reparatione libertatis ecclesiarum Normanniae, quae a multis retro temporibus conculcatae fuerant, discretionem vestram non credimus ignorare ».

128 Letters of Peter the Venerable, t. I, p. 25, n° 17 : « De cetero quam reverendae vitae sit, quamque fidelis apostolatui vestro dominus Rothomagensis archiepiscopus fuerit, quantumque pro pace vestra laboraverit, non est necesse vos instrui, quam plene de his omnibus instructum credimus. Supplicamus igitur paternitati vestrae ut ita paci ejus justiciae provideatis, quatinus et Deo possit reddere quod Dei est, et Cesari quod Cesaris est, ut, si fieri potest, et divinae censurae non displiceat, et majestatem regiam non offendat ». Cette lettre est écrite après la rencontre d’Hugues et de Pierre le Vénérable au concile de Jouarre.

129 Il est le fils de Robert de Gloucester, fils illégitime d’Henri I^er et d’Isabelle de Douvres (D. Spear, The Personnel, p. 33).

130 L. Musset, « Une voie privilégiée d’accès à l’épiscopat dans le monde anglo-normand : la chapelle du Duc-Roi (v. 1050-v. 1150) », in L’évêque dans l’histoire de l’Église, Angers, Presses de l’université d’Angers, 1984, p. 51-62 ; P. Bouet et M. Dosdat, « Les évêques normands de 985 à 1150 », in Les évêques normands du XI^e siècle (Actes du colloque de Cerisy-la-Salle, 30 septembre-3 octobre 1993), P. Bouet et F. Neveux (dir.), Caen, Presses universitaires de Caen, 1995, p. 19-37.

131 Les archevêques de Reims, quant à eux, interviennent à plusieurs reprises dans l’élection de leurs suffragants, dès la fin du XI^e et le début du XII^e siècle, en exprimant leur préférence ou en conseillant un candidat (P. Demouy, Genèse d’une cathédrale…, p. 439-440).

132 RRAN 1066-1154, t. II, n° 1698 (édité dans Des clercs au service de la réforme…, p. 322-324).

133 Sur ces enjeux politiques, voir Des clercs au service de la réforme…, p. 44-50, et (plus indirectement) G. Louise, La seigneurie de Bellême, X^e-XII^e siècles : dévolution des pouvoirs territoriaux et construction d’une seigneurie de frontière aux confins de la Normandie et du Maine à la charnière de l’an mil, publié dans Le Pays Bas-Normand, t. LXXXIII, n° 3-4, 1990, t. I, p. 418-426.

134 Livre rouge du chapitre de Sées, Bibliothèque de l’évêché de Sées, ms. 2, fol. 55v (acte de l’évêque Jean) et fol. 69 (acte d’Henri I^er). Ces deux actes contiennent la mention des lettres d’Honorius II. Ils sont édités dans Des clercs au service de la réforme…, p. 316-319 et 322-324.

135 Le cartulaire conserve, entre autres, la copie d’une bulle d’Innocent II donnée en 1137 confirmant le règlement d’un accord entre l’évêque et les moines de Saint-Martin de Sées à propos d’un étang et d’un moulin (Livre rouge du chapitre de Sées, Bibliothèque de l’évêché de Sées, ms. 2, fol. 62).

136 F. Barlow, The Letters of Arnulf of Lisieux, Londres, Royal Historical Society, 1939, n° 34.

137 PL, t. CLXXIX, col. 126.

138 PL, t. CLXXX, col. 1408.

139 Vers 1142, la régularisation effective des communautés de Saint-Lô de Rouen et de Saint-Lô sur Vire se fait avec le soutien d’Hugues d’Amiens (F. Dubosc, Cartulaire de l’abbaye de Saint-Lô, Saint-Lô, Jacqueline, 1882, n° 2). La bulle confirmant l’opération menée à Rouen a d’ailleurs été demandée conjointement par Algare et Hugues (PL, t. CLXXX, col. 1408).

140 Des clercs au service de la réforme…, p. 18-20 et 45-50.

141 R.P. Freeburn, Hugh of Amiens…, p. 201-202, 206-208 et 213-217.

142 À cette précision près que, pour l’archevêque clunisien, la soumission de l’Église normande au pape se fait par la médiation de l’archevêque et non directement comme la soumission de Cluny au siège de Pierre. Il n’y a pas ici de contradiction, mais plutôt une vision générale de l’Église inspirée des principes clunisiens : hiérarchie, soumission au supérieur (l’abbé à Cluny, l’archevêque de Rouen pour Hugues d’Amiens), soumission au pape.

143 PL, t. CLXXIX, col. 669.

144 Judith Green estime que, comme son père, Henri croit à une réforme fondée sur une coopération étroite entre le duc-roi et les hommes d’Église. Pour lui, le prince doit occuper le premier rôle dans la réforme, tandis que le pape n’est qu’un personnage certes respecté mais lointain (J. Green, Henry I…, p. 273 et 275).

145 La démonstration en est proposée dans G. Combalbert, « Formation et déclin d’un réseau réformateur… ».