2 M. Margue, « Aspects politiques de la “réforme”
monastique en Lotharingie. Le cas des abbayes de Saint-Maximin de
Trèves, de Stavelot-Malmédy et d’Echternach (934-975) », Revue bénédictine, t. XCVIII,
1988, p. 31-61, aux p. 58-59 (citation p. 58).
3 Voir les bilans
historiographiques réunis dans le suggestif volume Ecclesia in medio nationis. Reflections on the
Study of Monasticism in the Central Middle Ages / Réflexions sur l’étude du
monachisme au Moyen Âge central, S. Vanderputten et B. Meijns
(éd.), Louvain, Leuven University Press, 2011 (Mediaevalia Lovanensia,
I : Studia ; 42), notamment ceux d’Isabelle Rosé, de Florian Mazel, de
Nicolas Ruffini-Ronzani / Jean-François Nieus, enfin de Harald
Sellner. Sur le lexique « réformateur » cultivé durant les différentes
« réformes » de l’Église jusqu’au XIIe siècle, voir J. Barrow, « Ideas and
Applications of Reform » in Early Medieval Christianities,
c. 600-c. 1100, T.F.X. Noble et J.M.H. Smith (dir.), Cambridge,
Cambridge University Press (Cambridge History of Christianity ; 3),
2008, p. 345-362.
4 Intervention de Charles Dereine dans la discussion
(p. 399-411, à la p. 407) qui suivit l’exposé de M. Maccarrone, « I
papi del secolo XII e la vita comune e regolare del clero », in La Vita comune del clero nei
secoli XI e XII (Atti della Settimana di studio, Mendola,
settembre 1959), Milan, Vita e pensiero (Miscellanea del Centro di
studi medioevali ; III), 1962, t. I, p. 349-398. Dans son « discorso
conclusivo » (p. 482-493), C. Dereine a repris le même propos
(p. 483) : « Enfin, il faudrait… employer le mot restauration au lieu
de réforme, avant le pontificat de Grégoire VII ».
5 Voir
M. Margue, « Aspects politiques… », p. 58 : « […] la notion de réforme
[…] cache en réalité une série d’étapes successives qui dans leur
domaine sont toutes des restaurations ». Traitant du cas de l’abbaye
de Gorze à la lumière exceptionnelle de la Vie de Jean de Gorze,
Michel Parisse a finement montré comment on passe « de la restauration
d’une communauté à la réforme du monachisme » : M. Parisse,
« Restaurer un monastère au Xe siècle. L’exemple de Gorze », in Vita religiosa im Mittelalter.
Festschrift für Kaspar Elm zum 70. Geburtstag, F.J. Felten et
N. Jaspert (éd.), S. Haarländer (coll.), Berlin, Dunckler &
Humblot (Berliner historische Studien ; 31), 1999, p. 55-78 (repris
dans M. Parisse, Religieux et
religieuses en Empire du Xe au XIIe siècle, Paris, Picard (Les médiévistes
français ; 11), 2011, chap. 4, p. 55-71).
6 G.B. Ladner, The
Idea of Reform. Its Impact on Christian Thought and Action in the Age
of the Fathers, Cambridge (Mass.), Harvard University Press,
1959 ; Id., « Die
mittelalterliche Reformidee und ihr Verhältnis zur Idee der
Renaissance », Mitteilungen
des Instituts für österreichische Geschichtsforschung, t. LX,
1952, p. 31-59 ; Id.,
« Gregory the Great and Gregory VII : a Comparison of their Concepts
of Renewal », Viator,
t. IV, 1973, p. 1-26. Les principaux articles de G.B. Ladner ont été
rassemblés dans Images and
Ideas in the Middle Ages. Selected Studies in History and Art,
Rome, Edizioni di storia e letteratura, 1983, 2 vol. Pour une approche
de son œuvre, voir P.H. Stump, « The Influence of Gerhart Ladner’s The Idea of Reform », in Reform and Renewal in the Middle
Ages and the Renaissance. Studies in Honor of Louis Pascoe,
T.M. Izbicki et C.M. Bellito (éd.), Leyde – Boston, Brill, 2000,
p. 1-17.
7 C. Gauvard, « Réforme », in Dictionnaire du Moyen Âge,
C. Gauvard, A. de Libera et M. Zink (dir.), Paris, PUF, 2002,
p. 1186-1188, à la p. 1186. Cet article consacre l’essentiel de son
propos à la « réformation », thème insistant du discours politique
dans le royaume de France à la fin du Moyen Âge : sur ce thème, voir
notamment la belle mise au point de P. Contamine, « Réformation : un
mot, une idée », in Des
pouvoirs en France, 1300-1500, Paris, Presses de l’École normale
supérieure, 1992, p. 37-47.
8 G. Constable, « Renewal
and Reform in Religious Life. Concepts and Realities », in Renaissance and Renewal in the
Twelfth Century, R.L. Benson et G. Constable (éd.), C.D. Lanham
(coll.), Oxford, Clarendon Press, 1982, p. 37-67 (citation p. 39) ;
voir aussi G.B. Ladner, « Terms and Ideas of Renewal », ibid., p. 1-33. Pour l’étude
du vocabulaire, la synthèse de G. Constable, The Reformation of the Twelfth Century,
Cambridge, Cambridge University Press, 1996, p. 3, renvoie aux études
précitées.
9 Voir les travaux de G.B. Ladner cités n. 6.
10 J’emprunte ici à Patrick Henriet son analyse du schéma
de Ladner : P. Henriet, « En quoi peut-on parler d’une spiritualité de
la Réforme grégorienne ? », RHEF, t. XCVI, 2010, p. 71-91, aux
p. 72-73. La théorie de Ladner résulte de la confrontation des lettres
de Grégoire le Grand avec celles de Grégoire VII, fondée sur une
exploitation informatique du vocabulaire (G.B. Ladner, « Gregory the
Great… »). Autre commentaire de l’apport de Ladner : J. Barrow,
« Ideas and Applications of Reform », p. 346-348.
11 Malgré son titre, le court article de
dom Lin Donnat, « L’idée de réforme monastique aux VIIe-XIe siècles », in Abbon, un abbé de l’an Mil, A. Dufour et
G. Labory (éd.), Turnhout, Brepols (Bibliothèque d’histoire culturelle
du Moyen Âge ; 6), 2008, p. 69-79, s’intéresse moins à la notion de
réforme qu’aux objectifs poursuivis par les réformateurs carolingiens
et post-carolingiens (normalisation de la vie régulière par la règle
de saint Benoît, reconstitution du patrimoine des
établissements).
12 Voir la première note sur l'annotation
du texte.
13 Thesaurus
diplomaticus, CD-Rom, Brepols, 1997 ; Cartae cluniacenses electronicae (CCE),
Datenbank der Urkunden der Abtei Cluny (802-1300),
M. Hillebrandt, F. Neiske, M. Petitjean (éd.), Institut für
Frühmittelalterforschung (Universität Münster) / Centre Georges
Chevrier (Université de Bourgogne), http://www.uni-muenster.de/Fruehmittelalter/Projekte/Cluny/CCE.
14 M. Margue, « Aspects politiques… », p. 58, n. 164-166
(l’auteur a glané ses exemples chez Flodoard, dans la Vie de Jean de
Gorze et les Miracles de saint Maximin, ainsi que dans les diplômes
ottoniens).
15 Approche synthétique de la diversité terminologique
dans J. Barrow, « Ideas and Applications of Reform », p. 346-348. Le
terme commutatio
(échange / changement) a fait récemment l’objet d’une très belle
étude d’I. Rosé, « Commutatio. Le vocabulaire de l’échange
chrétien au haut Moyen Âge », in Les élites et la richesse au Haut Moyen
Âge, J.-P. Devroey, L. Feller, R. Le Jan (dir.), Turnhout,
Brepols (Collection Haut Moyen Âge ; 10), 2010, p. 113-137.
L’enquête suggestive de M. Sot, « Renovatio, renaissance et réforme à
l’époque carolingienne : recherches sur les mots », in Au Moyen Âge, entre tradition
antique et innovation, M. Balard et M. Sot (dir.), Paris, CTHS,
2009, p. 117-140 (version courte, mais avec discussion, dans Bulletin de la Société nationale
des Antiquaires de France, 2007, p. 62-72) porte
essentiellement sur les emplois de renovatio / renovare dans l’Admonitio generalis (789) et les œuvres
d’Alcuin et de Raban Maur.
16 Artem 3052-3053 (1008) ; Robert le
Pieux procède à la réforme de l’abbaye de Saint-Denis et lui concède
des droits destinés à fortifier la seigneurie dionysienne : « Hujus igitur calamitati genitor
noster, dive memoriae Hugo, atque genitrix nostra gloriosa
Adhelaidis nosque pariter compatientes, ordinem in eo monasticum reparare, immo consolidare auxilio Dei et consilio procerum nostrorum
studuimus, ac venerabilem virum domnum Vivianum… sancto loco abbatem
praefecimus… ». Voir J.-F. Lemarignier, « Autour d’un diplôme
de Robert le Pieux pour Saint-Denis (1008) », Comptes rendus des séances de l’Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 115, n° 2, avril-juin
1971, p. 329-345 (réimpr. : J.-F. Lemarignier, Recueil d’articles rassemblés par ses
disciples. Structures politiques et religieuses dans la France du
haut Moyen Âge, Rouen, Publications de l’université de Rouen,
1995, p. 255-272).
17 Artem 2982 (832) ; Louis le Pieux confirme
l’introduction de la réforme bénédictine à Saint-Denis : « Divinis praeceptis et
apostolicis monitis incitamur… ut pro ecclesiae statu atque sanctae
religionis augmento inpigro semper vigilemus affectu ac
pernecessario seu fructuoso studiosoque laboremus effectu ; et si
quid usquam reprehensioni invenitur obnoxium regiae auctoritatis
sollicitudine corrigamus, quatenus avia revocantes, superflua
amputantes, conlapsa quoque reparemus atque
reparata et ab
ecclesiasticis viris apostolorumque Domini successoribus Spiritu
Sancto regente bene statuta edictis imperialibus
confirmemus ».
18 Artem 4421 (1032) ;
en présence de l’archevêque de Bourges, Raimond restitue une église
au monastère Saint-Sulpice de Bourges : « Anno incarnationis dominice MXXX[II] regni
autem Henrici regis Francorum VI, cum jam Aimo Biturice sedis
archiepiscopus pre[ess]et, jam secundo anno episcopatus sui, cum Dei
ecclesiam illis in partibus multis invasoribus oppressam relevaret, Sancti Sulpicii monasterium
graviter circumventum vastatoribus condoleret, Vivianus tunc
temporis abbas ipsius monasterii multimodas oppressiones, huic
Deo… » – Artem 4278 (1079) ; Pons, évêque de Rodez, confirme la
donation du monastère de Saint-Amans à Saint-Victor de Marseille :
« Ego Pontius, Dei gratia,
licet immeritus, Ruthenensis ecclesię presul, tamen ad hoc in
episcopatus officio positus ut ęcclesiastica queque, quę per
[antecessorum meorum neg]legentiam et potestatum secularium
violentiam neglegta fuerant, corrigerem, inter multa quę corrigenda repperi, abbatiam Sancti Amantii, quę quondam
monast[ica religione floru]erat, ad secularitatem declinatam
[inv]eni. Et quia hanc eandem abbatiam Rothbertus comes et ejus uxor
Berta, filia Ugonis, Ruthenensis comitis, relevare et in
[ordinem antiquum, sc]ilicet monasticum, reformar[e, Ber]nardo, Massiliensi abbati,
ad hoc reordinandum tradiderunt… ».
19 Artem 304 (944) ;
Adalbéron Ier, évêque de
Metz, pour l’abbaye de Saint-Arnoul de Metz : « … domini nostri Jhesu Christi et beatissimi
Arnulfi confessoris ipsius, eundem locum relevare et exaltare voluit, in tantum ut ęcclesiam
ejusdem loci nobiliter ornaret ac excelsius sublimaret
claustrum ». L’acte est un faux du XIIe siècle ; voir M. Parisse, « Les sources
diplomatiques », in Le
souvenir des Carolingiens à Metz au Moyen Âge. Le Petit Cartulaire
de Saint-Arnoul, M. Gaillard (coord.), Paris, Publications de
la Sorbonne (Textes et documents d’histoire médiévale ; 6), 2006,
n°[59], p. 211.
20 Ce verbe connaît un
certain succès dans les préambules d’actes royaux carolingiens, où
il apparaît dans une tournure de prédilection : « necessitates ecclesiasticas… nostro relevamus juvamine atque regali tuemur
munimine… » (exemple tiré de l’acte Artem 2966 [814], diplôme
de Louis le Pieux pour Saint-Denis) ; voir par ex. les actes Artem
4841 (825), 1776 (838), 718 (850), 3027 (866), 3029 (867) ; tournure
proche : Artem 2023 (848).
21 Artem 2687 (1030) ; Hugues III, évêque de Bayeux,
donne une terre à l’abbaye de Bayeux : « Divinę scripturę nobis ad Paradisi sedem …
remeandi iter ostendunt, quatinus dum vivimus [bona] operari
studeamus, et ex his quę nobis Dei omnipotentis miseratio bonis
contulit suorum fidelium indigentiam relevare
non onerosum
sit » ; – Artem 2695 (1043) ; Robert donne un alleu à l’abbaye
de Jumièges : même préambule, mais légèrement remanié en sa
proposition principale.
22 Artem
1212 (1028) ; Guillaume V, duc d’Aquitaine, renonce aux mauvaises
coutumes levées sur le monastère de Nouaillé : « Ego Wilelmus, mei patris qui utor vocabulo,
per ejus donum accepta potestate in sancti Juniani abbacia, cum
viderem paupertatem et miseriam monachorum bene Deo serviencium
multis angustis circumdatam supradicti apostoli memor sermonis, pro
salute anime meae et mei patris, eorum volui paupertatem relevare
et loci veneracionem exaltare ». On note ici la même
association relevare / exaltare que dans l’acte faux de 944 cité
note 19.
23 Artem 4802 (936), diplôme en faveur de l’église
cathédrale Saint-Nazaire d’Autun : le roi se voit demander « hoc praecepto auctoritatis
nostrę ipsarum rerum necessitas sive defectus more predecessorum nostrorum
relevetur ac
reformetur, acsi pre
manibus universa earumdem rerum sive kartarum strumenta
habeantur ».
24 Charles le
Chauve, n° 75, pour l’Église de Reims (transmis par Flodoard,
Histoire de l’Église de
Reims, III, 4) : « Si
ea que a predecessoribus nostris vel fidelium devotione bene
tradita, statuta ac confirmata sunt nostris oraculis roboramus, si
etiam illa que quacumque necessitate corrupta sunt regia nostra
auctoritate corrigimus et in melius
commutamus, saluti
nostre consulimus et regium ministerium susceptum a Domino
exercemus ».
25 L’expression commutare in melius (voir le texte à la
note précédente) au sens de « transformer en mieux », est certes
attestée au IXe siècle
(par ex., chez Paschase Radbert dans la Vie d’Adalhard, vers 826), mais dans des
œuvres littéraires et l’occurrence s’applique au sort des individus
après la mort (I. Rosé, « Commutatio… », p. 134). Dans les chartes
en revanche, I. Rosé ne signale aucune occurrence de commutare in melius, ni
même de commutare au
sens de « changer », parmi les 314 occurrences qu’elle a relevées
dans la base des Chartae
Burgundiae Medii Aevi (ibid., p. 120-122). Cela dit, la
singularité du contexte rémois de 845 (les restitutions de biens qui
accompagnent l’entrée en fonctions d’Hincmar) ne doit pas être
mésestimée.
26 La
signification des termes renovatio, restauratio et restitutio, employés à propos de chartes,
a jadis suscité bien des commentaires ; voir toujours les deux
études strictement contemporaines de T. Sickel, « Neuausfertigung
oder Appennis ? », Mitteilungen des Instituts für österreichische
Geschichtsforschung, t. I, 1880, p. 227-258 (sur la renovatio cartarum), et de
K. Zeumer, « Ueber den Ersatz verlorener Urkunden im fränkischen
Reiche », Zeitschrift der
Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte. Germanistische
Abteilung, t. I, 1880, p. 89-123, aux p. 118-119.
27 Exemple de M. Margue, « Aspects
politiques… », p. 58, n. 164, citant le diplôme d’Otton II (15 mars
973) pour Echternach : « innovare monachice vite religionem et renovare
cultum ad pristinum religionis… ».
28 Le travail d’A. Lumpe, « Zur
Bedeutungsgeschichte des Verbums “reformare” und seiner
Ableitungen », Annuarium
historiae conciliorum, t. XIV, 1982, p. 1-12, porte sur les
diverses acceptions de reformare / reformatio dans les sources de la
latinité classique et de l’Antiquité tardive.
29 G.B.
Ladner, « Gregory the Great… », p. 13-14.
30 On pourrait discuter
de l’acte Artem 324 (1032), concession par l’évêque de Metz
Thierry II de biens à Saint-Symphorien de Metz, abbaye réformée par
son prédécesseur : « Constat
igitur locum gloriosi martyris Symphoriani a predecessore nostro
felicis memorie juniore Adalberone secularium direptione suique
antiquitate destructum et desolatum, in novam faciem restructum et
reformatum, monachorum
collegio decenter insignitum, rebusque olim exinde sublatis iterum
redditis ex parte aliquantis peremendatum, sed eo inmatura morte
prevento minus plene ad competentem sufficientiam
redintegratum ».
31 A. Dumas, « La diplomatique et la
forme des actes », Le Moyen
Âge, 3e série,
t. III, 1932, p. 5-31, aux p. 8-13 (sur la forma dans différentes disciplines, dont
le droit).
32 Artem 450 (1108), notification par Eudes, évêque de
Cambrai, d’une sentence mettant fin à un litige en faveur de
l’abbaye du Mont-Saint-Quentin : « Ego Odo, gratia Dei Cameracensium episcopus,
omnibus in Christo fidelibus salutem. Nostrum est dissidentes ad
concordiam revocare, distorta ad rectitudinem reformare. Eapropter controversiam
quandam quę inter abbatem sancti Quintini de Monte Henricum nomine,
et Hugonem clericum nostrum de Morceis erat, pro alodio quodam de
Rahericurte… tali diffinitione decidimus, ut… ».
33 Artem
3156 (1048), notice relatant comment, sous l’abbé Albert, Foucher de
Fréteval, fils de Névelon, a abandonné ses prétentions sur le vicus de Chamars,
possession de Marmoutier : « Quapropter suus quoque filius nomine
Fulcherius, qui post ipsum paterni fuit heres honoris, hujus etiam
suę violentię aliquandiu visus est heres existere. Penituit vero
postmodum, nobisque sub regimine nunc agentibus domni abbatis
Alberti sub hac ratione jus reformavit antiquum, ut sibi concederetur quoad
ipse tantum viveret, et hereditante in eo nullo, mox in dominium
nostrum se obeunte rediret ».
34 Charles le
Chauve, n° 165 (854) ; restitution, à la prière de l’évêque
d’Autun Jonas, de l’église Sainte-Croix, à charge de la relever, à
l’église cathédrale Saint-Nazaire d’Autun : « Quam eciam pro nostra suaque eterna salute
in pristinum
statum decrevimus restruendo reformari » – Charles le Chauve, n° 312 (868),
restitution de la villa
de Naintré à l’Église de Paris « cujus res ex maxima parte paganorum vastatione
consumptę et allapsę videbantur, ita ut nec sacra loca ipsi sanctę
sedi pertinentia restitui ac reformari [va]lerent, neque servi Dei in
eisdem degentes vivere ac sustentari possent » – Charles le Chauve, n° 330
(869), reconstitution du patrimoine de l’abbaye Saint-Èvre de Toul :
« Nos denique…, in praefato
monasterio reformare cupientes quod negligentia seu malevolentia
rectorum ablatum fuerat, in integrum perspecto atque relecto
privilegio ac praecepto [il s’agit d’un privilège épiscopal de
l’évêque de Toul Frothaire et d’un précepte confirmatif de Louis le
Pieux], praefatis monachis
restitui ac
reformari jussimus, id
est vicum sancti Apri… ». Quelques lignes auparavant, évoquant
l’action menée par l’évêque Frothaire, le diplôme use déjà du verbe
reformare, mais
appliqué à l’ordo
monasticus : « … in
quo… monasterio Frotarius… monasticum ordinem penitus destitutum…
in pristino
statu reformaverat… ». À cause de ses particularités
rédactionnelles, ce diplôme avait déjà attiré l’attention de son
éditeur Georges Tessier, qui y voyait la main des bénéficiaires ;
peut-être conviendrait-il d’en reprendre l’analyse critique. Sur la
réforme de Saint-Èvre et la teneur de ce diplôme, voir M. Gaillard,
D’une réforme à l’autre
(816-934) : les communautés religieuses en Lorraine à l’époque
carolingienne, Paris, Publications de la Sorbonne (Histoire
ancienne et médiévale ; 82), 2006, p. 159-168.
35 Artem 4923 (1084), acte d’Hugues de
Die, archevêque de Lyon, pour l’abbaye de Saint-Oyend
(= Saint-Claude) : « Sicut
impium est et pro sui magnitudine criminis furore atque indignatione
Dei dignum temporalia beneficia pro remediis fidelium animarum
sanctae aecclesiae collata velle diripere, ita laudabile pietatis
opus est, non solum conferre possessiones religiosis locis sed etiam
collatas ab inimicorum infestatione justiciae respectu defendere
et quae
negligentia dispersa sunt provida strenuitate
reformare ».
36 Artem 928 (1064),
acte de Foulque, abbé de Corbie, concédant viagèrement la cella de Naours à l’évêque
d’Amiens : « Postulasse
autem eum [= l’évêque d’Amiens] a nobis indulgeri sibi et impetrasse tantum in
vita sua possessionem quamdam Sancti Petri quę appellatur Nauurz et
membra ad eandem potestatem pertinentia, id est Castenith,
Pincencurt et medietatem de Warennis… sub ea conditione quod ipse,
prout poterit diligentius causam indagando, quę a prefata potestate
alienata sunt eidem reformabit et restituet. De jure autem Corbeiensis
monasterii potestatem ipsam aut membra ejus non alienabit… Altare
vero de basilica ejusdem villę monasterio nostro restituet ut cella sit sicut fuit
antiquitus… Bis vero per annum in duabus synodis hanc quam ad nos
habet de villa dicta sepius conventionem renovabit… ». Sur cet acte, voir
L. Morelle, « Une pièce exceptionnelle du chartrier de Corbie : la
charte de l’abbé Foulque de 1064 », Bulletin de la Société nationale des
Antiquaires de France, 2003 [paru en 2009], p. 222-236.
37 Pour la
documentation diplomatique : Artem 1690 (1063), décision du concile
de Chalon réuni par le légat Pierre Damien, mettant fin, en faveur
des moines, à un conflit entre l’abbé de Cluny et l’évêque de
Mâcon : « mox inter
episcopum et abbatem omnis controversię querela sopitur : omnis
animositatis atque discidii scissura componitur, et inter utrumque
spiritalem videlicet virum firma pax in fraternitatę caritatis
glutino reformatur ».
38 On ne
s’étonnera pas que le terme de reformatio se trouve appliqué à des
réformes structurelles de ces organismes complexes que sont les
ordres monastiques ; voir G. Melville, « Die cluniazensische
“Reformatio tam in capite quam in membris”. Institutioneller Wandel
zwischen Anpassung und Bewahrung », in Sozialer Wandel im Mittelalter. Wahrnehmung,
Erklärungsmuster, Regulierungsmechanismen, J. Miethke et
K. Schreiner (éd.), Sigmaringen, J. Thorbecke, 1994,
p. 249-297.
39 Louis
IV, n° 19 : « Si loca
sancta divino cultui mancipata ob amorem Dei et sanctorum ejus rite
disponimus atque in melius reformamus, a summo remuneratore id nobis
recompensari pro certo confidimus ». Les modalités de la
réforme consignées dans l’acte concernent la vie religieuse
(rassemblement de moines, élection d’un abbé, règle à suivre), mais
l’éventuelle reconstitution du temporel n’est pas traitée.
40 Voir la
note 34.
41 A. Dierkens, Abbayes et chapitres entre Sambre et Meuse
(VIIe-XIe siècles). Contribution à l’histoire
religieuse des campagnes du Haut Moyen Âge, Sigmaringen,
Thorbecke (Beihefte der Francia ; 14), 1985, p. 335 (à la suite de
dom Jean Leclercq) ; M. Margue, « Aspects politiques… », p. 58 ;
M. Gaillard, D’une réforme à
l’autre…, p. 19-20.
42 M. Gaillard, D’une réforme à l’autre…,
p. 166-167, a bien saisi la signification du verbe reformare dans les diplômes de Charles le
Chauve (869) et de Charles le Gros (885) pour l’abbaye Saint-Èvre de
Toul, mais éprouve quelque réticence à ne pas traduire reformare par « réformer »
et à adopter un verbe tel que « reformer », « restaurer » ou
« reconstituer » selon le contexte.
43 Artem 4287 et 4288 (1081), Grégoire VII charge
Richard, abbé de Saint-Victor de Marseille, de réformer Montmajour
et Notre-Dame de la Grasse (4287) ainsi que Psalmodi (4288) ; je
donne ici le texte du 4287 : « Quia ergo quaedam monasteria, alterum in
Provincia, videlicet Sancti Petri quod dicitur ad Montem Majorem et
alterum in Carcasensi episcopatu Sanctae Mariae de Crassa, quae ad
hujus sedis defensionem pertinere propriique juris ejus esse
noscuntur, jam dudum secularium monachorum culpa a religionis
tramite deviasse intelleximus, ea reformare ad lapsi decoris
spec[imen] valde esse necessarium duximus. Scitis enim,
decentius
atque convenientius esse decernitur destructa restituere et ad
gradum suum collapsa reducere, quam in dilatandis vel noviter
ędificandis operam dare. Quapropter ad predictorum locorum restaurationem religionis tuae prudentiam
perutilem arbitrantes, licet tu quorundam proborum virorum precibus
adortatus absque licentia nostra de eorum cura te nolueris
intromittere, nos tamen censuimus per tuam successorumque tuorum
sollertiam fratribus in eisdem cenobiis deinceps mansuris perpetuam
regularis vitae circumspectionem providere. Proinde circa prefata
monasteria sollicitudinis nostrae vicem dilectioni vestre
committentes volumus atque precipimus, ut in eis quae amputanda sunt amputetis
quaeque corrigenda corrigatis, et quae illis de disciplinae tenore
defuerint, vestra vigilantia et labore conferantur ». Sur
l’idée de réforme véhiculée par cet acte, voir G.B. Ladner,
« Gregory the Great… », p. 19.
44 L’abbé de Montmajour
Bermond, accusé de simonie, avait été expulsé de son monastère en
1079. Il était vraisemblablement l’allié de l’archevêque d’Arles,
Aicard, que le pape avait déposé pour avoir soutenu l’empereur
Henri IV. En soumettant Montmajour à Saint-Victor, institution de
confiance (l’abbé de Saint-Victor, Richard, était cardinal et
légat), Grégoire VII entendait priver ses ennemis d’un point
d’appui. Les réticences de l’abbé Richard de Saint-Victor tenaient
au fait que l’archevêque d’Arles appartenait à la famille vicomtale
de Marseille ; en se faisant l’auxiliaire du pape, Richard risquait
fort de s’aliéner les bienfaiteurs traditionnels de son
établissement. La tutelle de Saint-Victor sur Montmajour est
réaffirmée par le pape Urbain II en 1089 et 1095. Sur cette affaire,
voir E. Magnani Soares-Christen, Monastères et aristocratie en Provence, milieu
Xe-début XIIe siècle, Münster, Lit (Vita
regularis – Ordnungen und Deutungen religiosen Lebens im
Mittelalter. Abhandlungen ; 10), 1999, p. 126-127, 270-274.
45 Artem 1731 (1096) ; Urbain II confie à l’abbé Hugues
de Cluny le monastère de Beaulieu afin d’y restaurer la vie
monastique perturbée tant par la turbulence des moines qui en
avaient chassé leur abbé que par l’action d’un miles : « Nunc secundum omnipotentis Dei dispositionem,
et frater ille quem a monasterio monachorum nequitia exturbaverat,
humanis rebus exemptus [est ; et miles] ille qui seculari potestate
monasterium occupabat, presente domino suo, comite Raimundo,
quicquid illic hactenus potestatis [exercuerat], nostris in manibus
refutavit ; et locum ipsum per nos Deo ac beato Petro restituit,
rogans et obsecrans ut per [tuam] et fratrum tuorum sollicitudinem
in eodem loco
vigor monastici ordinis reparetur ».
46 Voir
entre autres les recueils d’études suivants : La mémoire des origines dans les institutions
médiévales, C. Caby (éd.), Mélanges de l’École française de Rome, Moyen
Âge, t. CXV / 1, 2003 ; L’autorité du passé dans les sociétés
médiévales, J.-M. Sansterre (dir.), Rome, École française de
Rome (Collection de l’EFR ; 333 / Institut historique belge de
Rome-Bibliothèque ; 52), 2004 ; Écrire son histoire. Les communautés
régulières face à leur passé (Actes du cinquième colloque
international du CERCOR, Saint-Étienne, 6-8 novembre 2002),
N. Bouter (éd.), Saint-Étienne, Publications de l’université de
Saint-Étienne (CERCOR, Travaux et recherches ; 18), 2005. Sur cette
thématique dans le panorama des études sur le monachisme, voir les
rapports déjà cités d’Isabelle Rosé et de Nicolas
Ruffini-Ronzani / Jean-François Nieus, in Ecclesia in medio nationis…, resp. aux
p. 33-34 et 95.
47 Artem 4223 (1062),
Géraud Ameil et Vidien Ermengaud donnent à Saint-Victor de Marseille
deux églises qu’ils avaient en leur pouvoir dans le comté d’Albi :
« Ideoque inspirante
clementia Dei honorabiles viri Geraldus Amelii et Vidianus
Ermengaudi, in quorum potestate erant quedam ęcclesię … habito
salubri consilio cum clericis supradictarum ęcclesiarum cęterisque
religiosis hominibus, decreverunt predictas ęcclesias ad priorem statum
reparare… – Artem
4278 (1079) : Et quia hanc
eandem abbatiam Rothbertus comes et ejus uxor Berta, filia Ugonis,
Ruthenensis comitis, relevare et in [ordinem antiquum,
sc]ilicet monasticum, reformar[e, Ber]nardo, Massiliensi abbati, ad hoc
reordinandum tradiderunt… » (texte cité note 18). Voir aussi
les actes cités notes 34 et 51, sans oublier l’acte cité note
62.
48 Voir les actes cités
notes 24, 39, 69 (melioratio), 70 et 72 ; voir aussi l’acte
Artem 1688 = BB 3388 (1063) ; Hugues évêque de Nevers pour
Saint-Étienne de Nevers (BB 3388) : « aecclaesiasticum procurare, et quod bene
constitutum est ne proruat providere, et quod dissipatum depravatur
in melius
redintegrare ». Confirmant en 966 la restauration du Mont
Saint-Michel par le duc de Normandie Richard Ier, le roi Lothaire déclare que Richard
« a restauré en mieux » (restauravit in melius) l’endroit en y
rassemblant des moines (Lothaire et Louis V, n° 24) ; ces moines
ont remplacé une communauté de chanoines qui avaient refusé
d’obtempérer aux injonctions du duc en vue de leur faire accepter
d’abord une réforme au sein de l’ordre canonial, puis, devant leur
refus, l’adoption du statut monastique aux termes d’une sorte
d’ultimatum. La précision in
melius renvoie ici au changement de statut de la communauté ;
sur cette réforme, voir le récit de l’Introductio monachorum, VI-IX, éd. et
trad. P. Bouet et O. Desbordes, Chroniques latines du Mont Saint-Michel
(IXe-XIIe siècle), Caen – Avranches, Presses
universitaires de Caen – Scriptorial-Ville d’Avranches, 2009,
p. 210-217 (à lire avec le commentaire des éditeurs, p. 160-165 ;
certaines conclusions méritent discussion).
49 On
rejoint ici une question théologique posée à propos de la reformatio in melius opérée
par le Christ sur l’homme : l’homme ainsi « reformé » retrouve-t-il
ou dépasse-t-il l’état dans lequel Dieu l’a « formé » ? (voir
ci-dessous, n. 84).
50 Je ne résiste pas au
plaisir de mentionner ici, même s’il ne s’agit pas d’une réforme,
mais d’une fondation en deux temps, l’exposé de la célèbre charte
ducale de 1006 (Artem 2662, Fauroux, n° 9) relative à la Trinité de
Fécamp, où le rédacteur développe avec gourmandise les hypothèses
concurrentes sur l’étymologie du lieu.
51 Fauroux, n° 90 (1035) ; restauration de l’abbaye de
Montivilliers par le duc Robert le Magnifique : « locum Sanctae Mariae Dei genitricis… qui
dicitur Monasterium Villare, nostrorum petitionibus fidelium
consentiendo, decrevimus ordinare et ad pristinae facultatis
amplitudinem, de qua
jam peccatis exigentibus ceciderat, elevare. Audivimus a sapientibus historiarum memorias
recitantibus dictum locum sancto Philiberto a Waractone duce esse
concessum… tantam vero loci auctoritatem frequenter audiendo
edificationem viri sanctissimi cum oblationibus fidelium perditum
iri et sanctarum virginum conversacionem manu predatoria violentorum
adnullatam esse doluimus, et ablata restaurare et restaurata firma defentionis vi
auctorisare statuimus ». La fin du passage cité n’est pas
sûre : voir le passage similaire du Fauroux, n° 90ter.
52 Saint-Marcel de
Chalon (BB 3341) ; Saint-Denis (Artem 3052-3053, 1008) ;
Montivilliers (Fauroux, n° 90, 1035) ; La Charité-sur-Loire (BB
3357, 1059) ; Saint-Étienne de Nevers (BB 3388, 1063) ; Saint-Aubert
de Cambrai (Artem 379, 1066) ; Anchin (Artem 396-397, 1079).
53 Voir par exemple les formulations semblables des deux
actes par lesquels Cluny reçoit Saint-Étienne de Nevers (BB 3388,
1063) et La Charité-sur-Loire (BB 3357, 1059).
54 Artem 4223 (1062),
cité note 47.
55 Artem 4287-4288
(1081), cité note 43.
56 Artem
3052-3053 (1008), cité note 16.
57 Artem 84 (1101) ;
Manassès II, archevêque de Reims, confirmant des donations faites
par ses prédécesseurs à l’abbaye de Saint-Denis de Reims, évoque la
réforme introduite par son prédécesseur Gervais (en 1067) : « Hujus siquidem circa predictorum
martyrum aecclesiam indefessa sollicitudo, multa quae predonum sibi
usurpaverat violenta manus diligenter recolligens jamdictę aecclesię
restituit, et tam altaria quorum subtus annotata sunt
nomina quam ceteras possessiones eidem aecclesię conferens, in redivivam
reformavit dignitatem ».
58 Artem 4287 (1081), cité note
43.
59 Vers 1050 (BB 3341), le comte Thibaud
rappelle qu’en donnant Saint-Marcel de Chalon à l’abbé Maieul, son
prédécesseur Geoffroy attendait de l’abbé qu’il « reformât » (reformaret) la religio monastici ordinis
qui y avait été presque abolie : « Ego, in Dei nomine, Tetbaldus, comes
Cabilonensium… Audivi a prædecessoribus meis et vicinis antiquis
viris, quod nobilissimus comes Gaufredus, qui post mortem
prestantissimi et christianissimi comitis, avi mei Lamberti, accepit
ejus conjugem, aviam meam Adheleydam comitissam, accessit ad beatæ
recordationis abbatem Maiolum et commendavit illi monasterium in
suburbio Cabilonensium civitatis a Guntranno nobilissimo et
religioso rege magnifice constructum, ubi requiescit corpus beati
Marcelli martiris, eo tenore ut religionem monastici ordinis, que pene
ibi abolita fuerat, reformaret et jura et possessiones ad ipsum locum
pertinentes excoleret ; et ut ipse et successores ejus Cluniacenses
abbates monasterium perpetualiter haberent et
possiderent ».
60 Artem 1731 (1096), cité note
45.
61 Artem 324 (1032), cité note
30.
62 BB 3321 (vers 1050) ; quelques
chanoines de Saint-Seurin de Bordeaux confient leur église à Cluny :
« …Cluniacensi damus atque
concedimus, et in quantum possumus in jus ipsius tran[s]fundimus,
optantes atque sperantes, ut per ordinationem illius sancte
congregationis ecclesia nostra non solum in antiquam dignitatem
reformetur, verum etiam
multo excellentius Deo juvante promoveatur, et in rigore sacre religionis
stabiliatur ». Voir P. Henriet, « Res gestas scripti memorie comendare.
Rufat et le premier cartulaire de Saint-Seurin (années 1160-1190) »,
in Autour de Saint-Seurin :
lieu, mémoire, pouvoir, des premiers temps chrétiens à la fin du
Moyen Âge (Actes du colloque de Bordeaux, 12-14 octobre 2006),
I. Cartron, D. Barraud, P. Henriet et A. Michel (éd.), Bordeaux,
Ausonius, 2009, p. 129-140, à la p. 133, n. 18 : « … au milieu du
XIe siècle, il fut
question de “réformer” (= re-former) la collégiale en son “antique
dignité”. On ne peut exclure que les chanoines de cette époque aient
le sentiment que leur église avait autrefois été un monastère. Ce
qui expliquerait aussi l’emploi du terme monasterium… ».
63 Sur « l’autorité reconnue au passé »
qui « autorise son instrumentation ou son travestissement » « dans
le cours d’un processus de rénovation ou d’actualisation », voir les
belles pages de M. Zimmermann, « Sicut antiquitus sancitum est… Tutelle
des anciens ou protection de l’innovation ? L’invocation du droit et
la terminologie politique dans les représentations médiévales en
Catalogne (IXe-XIIe siècle) », in L’autorité du passé…,
p. 27-56, aux p. 47 et 52.
64 Je reviendrai ailleurs sur ce dossier diplomatique,
étudié en séminaire de l’EPHE durant l’année 2008-2009 ; résumé de
l’argumentation dans École
Pratique des Hautes Études, Section des sciences historiques et
philologiques, Annuaire, 141e année (2008-2009), Paris, 2010,
p. 153-157, aux p. 156-157 (disponible aussi sur Internet : http://ashp.revues.org/index998.html).
65 Artem 741 = Dufour-Malbezin, n° 6
(961, acte falsifié au XIIe siècle) ; Roricon, évêque de Laon,
restaure le monastère de Saint-Vincent de Laon : « Siquidem in latere montis cui preminet
civitas, in prospectu scilicet ejus, est ecclesia sita Sancti
Vincentii egregii martiris, cultu et honore venerabilis, super qua fama
ferebatur antiquis temporibus insigne fuisse monasticae
conversationis, quae quidem moderno tempore omnis destitutionis
succumbebat penurię,
donec predecessor meus Adelelmus undecumque sumptibus XII
canonicorum in ea assiduum constituit servitutis conventum ordine
vivendi religiosum. Quo ita defuncto, crebrescentibus diversarum
cladium malis, pene ad pristinum relapsa est desolationis
detrimentum. Quod ego non equanimiter ferens, maxime quia non tam
hujus sedis episcoporum sed etiam canonicorum, nobilium necnę
laicorum habebatur sepultura, accito generali conventu, ipsius
consilio deliberavi in antiquum, ut fama erat, monasticae
conversationis statum reformare et prout temporis dictabat oportunitas,
quantulumcumque monachorum ibidem numerum aggregare ».
66 Dufour-Malbezin, n° 7 (1er octobre 961) ; Roricon,
évêque de Laon, donne quelques biens à Saint-Vincent de Laon : « Notum esse volumus omnibus
sancte Ecclesie nobis a Deo commisse filiis qualiter sancti
Vincentii martyris monasterium, in suburbio urbis Laudunice situm,
quod ex
antiquo canonicali ordine noscebatur esse constructum, consilio ac communi consensu
nostre ecclesie filiorum, pro eorum nostre ac nobis commissorum
remedio, in
monachicum transmutantes ritum, quasdam res nostri episcopii eidem cenobio,
scripto nostre auctoritatis, pro tempore et posse
contulimus ».
67 Artem
3052-3053, cité note 16.
68 BB 3321 (vers
1050) ; cité note 62.
69 Artem 1695 (1078) ; Raimond Pierre,
seigneur de Peyrepertuse, et Béranger Pierre donnent à Cluny
l’église Sainte-Marie de Cubières, située dans le pagus de Narbonne : « … notum sit quod ego Raimundus Petri restaurationem et
meliorationem desiderans omnium ecclesiarum Dei et precipue illius
ecclesię quę olim constructa est in honore beatę Dei genitricis
Marię, in valle quę ab antiquis Cubaria est cognominata, ubi et
congregatio monachorum precedentibus temporibus in tantum floruit,
quod adhuc Abbatia solo nomine vocitetur, quam ego jure hereditario
ex parentum meorum posteritate tenere et possidere
videor… ».
70 Artem 3676 (1111) ;
Pierre II, évêque de Poitiers, confie les églises de Jazeneuil à la
Chaise-Dieu : « Quoniam cui
plus committitur plus ab eo exigitur, iccirco ego P. Dei gratia
Pictavorum episcopus, supra gregem mihi commissum sollicite
vigilans, studui prava corrigere, et correcta ad meliora
promovere. Hac itaque
pie devotionis sollicitudine excitatus, animadverti ęcclesias Sanctę
Marię, et Sancti Macuti, et Sancte Genovefę virginis, que in villa
que Jazenolium dicitur sunt, ab inhonestis possessoribus obtineri,
et irreligiose tractari. Juste igitur dispensationis zelo, cupiens
ab ecclesia Dei omnem inhonestatem, et injusticiam extirpare, et
religionis cultum in ea inserere, et semper in melius promovere, dedi et concessi predictas
ęcclesias de Jazenolio ecclesie Chase Dei, in manu venerabilis
fratris nostri Aimerici abbatis… ».
71 Artem 1632 = BB 2453 (998) : Raoul fonde le monastère
de Bevaix dans le comté de Vaud et le diocèse de Lausanne et le
donne à l’abbaye de Cluny ; BB 3665 (1092) : Humbert, fils
d’Uldricus, donne à Cluny les églises de Corcelles et Coffrane (près
de Neuchâtel en Suisse) pour y fonder un monastère : « Cunctorum potentissimo conditori
digne servire cupientibus, ejusque promissionis hereditatem
adhipisci desiderantibus, omnibus christicolis ab eodem summo
conditore formatis et reformatis, talis assidua et cotidiana
debet esse intentio et cura, quatinus ipsi a quo sibi humanam et
rationalem (rationabilem : BB 3665) collatam esse noverint substantiam subdi
benigno animo et oboedire studeant summo studio, atque eis multum
est exoptabile, non solum ut bonorum operum exsecutione ipsius
evadere possint terribilem iram, set etiam summa sollicitudine
procurandum, ut pro caritatis (caritate : BB 3665) et justicię operibus ejusdem piissimi
creatoris exoptatissimam mereantur consequi gratiam ejusque
cohabitationis cum supernorum civium collegio digni efficiantur
jocundissimam assequi læticiam » (variantes purement graphiques
non relevées).
72 Artem 4199 (1058) ; Raymond Alcherius
et son épouse Ricindis donnent l’église Saint-Caprais (dioc. de
Rodez) à Saint-Victor de Marseille : « Conditoris omnium ineffabilis bonitas, cum
genus humanum a sua dignitate invidia diaboli condoloret prolapsum,
ad hoc unigenitum suum in hanc convallem lacrimarum mittere
preordinavit ut quod suasio diabolica seu fragilitas humana
corruperat, presentia suę incarnacionis
restauraret, et unde
inobędiendo deciderat, in melius reformatum pęnitendo et obediendo
reduceret ».
73 Artem 1752 = Louis VI, n° 84 (1113) ;
Louis VI concède aux Clunisiens de Saint-Pierre de Pithiviers la
liberté de leur église fondée [en 1080] par le clerc Héric et
plusieurs de ses parents ou proches : « Quoniam exigente mole peccaminum dignitas
humane conditionis, in primis parentibus sauciata, liberum de
voluntate judicium amisit et depressa imagine quam habuit ad
similitudinem sui Creatoris, illicitos carnis motus passa quos prius
racio amovebat, “in hanc lacrimarum vallem” decidit : ineffabilis
caritas Dei, divina bonitate condolens et miseriis facture sue
compaciens, indutus hominem, pristine libertati hominem restituit et
imaginem, que depressa erat reformavit, hoc autem hominibus insinuans, quod in
dilectione Dei et proximi fundamenta sue operationis specialiter
construant et cetera bona super edificent ».
74 Artem 4199 (1058) ; cité note
72.
75 Artem
2844 (1083) ; Raoul de Tosny fait don d’une forêt au monastère de La
Croix-Saint-Leufroy et confirme les dons faits par ses vassaux :
« Salvator noster Dominus
Jhesus Christus, rex cęlorum, postquam carnem ex intacta Virgine
assumere, crucisque patibulum pro humani generis reparatione sustinere dignatus est, sponsam
suam sanctam ęcclesiam, quam preciosissimo suo sanguine consecravit,
multorum filiorum sobole foecondavit… ».
76 Dans des actes
ligériens, poitevins ou provençaux : Artem 4884 (1060), Agobert,
évêque de Chartres, pour Marmoutier ; 249 (1064), Adélard seigneur
d’Auneuil, pour Marmoutier (même formulaire), Artem 4121 (1073),
Pons II, évêque de Marseille ; Artem 1342 (1112), acte pour
Montierneuf.
77 Artem 400 (1081) ; Gérard II, évêque
de Cambrai, établit le règlement des offices de prévôt et de
trésorier du chapitre Saint-Amé de Douai : « Cum Deus omnipotens, per ineffabile suę
majestatis imperium, super celestes angelicas creaturas, alias
famulari atque alias diversis dignitatibus imperare mirifica
consideratione ordinaret, eandem similitudinem Ęcclesię suę
quandoque futurę inesse voluit ut, sicut angelorum alii ad se
invicem servientes et alternatim imperitantes, ad formatorem suum (id est Deum) tenderent,
ita terrestris habitaculi ecclesiastice persone, discretis officiis
alie jubentes atque alie invicem multiformiter servientes, Christum reformatorem
suum, totius videlicet
Ecclesie caput, super omnia glorificarent ».
78 Artem 3708 (1055) ; le clerc Pierre donne l’église
Saint-Julien de Bongheat à l’église cathédrale de
Clermont[-Ferrand] : « Omnis
creatura debet gratias agere suo creatori maxime nos nostro qui ad
imaginem sui nos reformavit et dedit ut simus reparabiles tam anima quam corpore ab originali peccato
caeterisque noxiis ».
79 BB 3577 (vers 1081),
Josceran donne à Cluny sa part d’alleu dans trois villae : « quedam purificationum genera instituit [Dei
misericordia] in quibus sordidata post baptismum conditio humana
denuo restauraretur. Quorum unum precipuum esse credimus
helemosinam, quodque omnibus anteposuit dicens : « Date helemosinam
et ecce omnia », et cetera ». Formulation analogue dans BB 3132
[1049-1109], notice relatant la donation faite par Wigo de trois
condamines et la contestation qui s’ensuivit : « multa… medicamina conficere dignatus est,
quibus sordidata per (corr. post ?) baptismum denuo ad misericordiam consequendam
conditio restauretur. Ex quibus permaxima esse credimus
misericordiæ opera et helemosinarum diversarum multiplicem
profusionem. Inde enim Salomon ait : “Redemptio animæ viri propriæ
divitiæ” ; et Dominus : “Date elemosinam et ecce omnia munda sunt
vobis” ; itemque : “Sicut aqua extinguit ignem, ita elemosina
extinguit peccatum” ».
80 Artem 4199 (1058) ;
le texte cité note 72 continue ainsi : « Hoc ipsud denique jam adveniens salubri
concione proclamat : “Penitentiam agite, appropinquavit enim regnum
cęlorum”. Et ejusdem pęnitentię formam scriptura divina demontrans : “Date, inquit,
helemosinam et omnia munda sunt vobis.” Hoc ego Raimundus Alcherii
cum uxore mea Rixendis considerans simulque labentis seculi
vanitatem et miseriam recognoscens, meque ita ejusdem seculi
negociis implicatum ut nisi divina clementia subveniat ab ejus
naufragio vix me evadere credam, elegi cum supradicta uxore mea ex
sobole… ».
81 Moralia in Job, l. IX, LII,
78, M. Adriaen (éd.), Turnhout, Brepols (Corpus Christianorum.
Series latina ; 143), 1979, p. 512 : « … sicut caseus coagulatur, quia in
constipatione pinguescentis cogitationis astringitur, ut nequaquam
iam per desideria diffluat, sed in uno amore se colligens, ad solidam
reformationem surgat ». Voir G.B. Ladner, « Gregory the
Great… », p. 5.
82 Artem 4199 (1058), cité note
72.
83 De doctrina christiana libri
quatuor, I, 36 (= I, 19, 18), G.M. Green (éd.), Vienne,
Hoelder-Pichler-Tempsky (Corpus scriptorum ecclesiasticorum
latinorum ; 80), 1963, p. 17 : « Et quomodo animus post paenitentiam… reformatur in
melius, sic etiam
corpus post istam mortem… credendum et sperandum est resurrectionis
tempore in
melius commutari ». Quand il évoque la « réparation » tam anima quam corpore,
l’acte auvergnat Artem 3708 (1055), cité note 78, pourrait faire
allusion à la Résurrection comme accomplissement de la reparatio opérée par le
Christ.
84 G.B. Ladner, « Gregory the Great… »,
p. 10 et 13 (différence entre Grégoire le Grand et saint
Augustin).
85 L. Morelle, « Les “actes de
précaire”, instruments de transferts patrimoniaux (France du Nord et
de l’Est, VIIIe-XIe siècle) », Mélanges de l’École française de Rome, Moyen
Âge, t. CXI / 2, 1999, p. 607-647. Par exemple : Artem 2548
(980), BB 1529 ; Maieul concède en précaire au prêtre Amalbertus
l’église Saint-Saturnin située dans le pagus de Mâcon : « Infra istas terminationes totum ad integrum
donat predictus presbiter Adalbertus a die presenti excepto
medietatem vineae quae concluditur in terminio suprascripto, quam
sibi reservat usu fructuario. Post finem vero vitae suae, ad
jamdictum locum in melius restaurata perveniat ipsa medietas absque
ulla contradictione, et hoc ergo pacto facit ut ipsam vineam et
ipsos campos in servitio fratrum operetur et laboret sicuti aliquis
homo externus ».
86 Le façonnage des notions « économiques » dans le
creuset « spirituel » (et l’inverse !) est un thème récurrent des
travaux de Giacomo Todeschini ; voir notamment « Lingaggi teologici
e linguaggi amministrativi : le logiche sacre del discorso economico
fra VIII e X secolo », Quaderni medievali, t. CII / 3, 1999,
p. 599-616 ; dans ce sillage, sur le lexique de l’administration
monastique, voir V. Toneatto, Les banquiers du Seigneur : évêques et moines
face à la richesse (IVe-début IXe siècle), Rennes, Presses universitaires
de Rennes, 2012, notamment la troisième partie.
87 L’acte
de Louis VI (1113) pour les Clunisiens de Pithiviers (Artem 1752,
cité note 73) fait ici un peu figure d’exception : son rédacteur,
peut-être inspiré par le diplôme royal octroyé en 1080 aux mêmes
Clunisiens de Pithiviers (Philippe Ier, n° 99 ; l’acte évoque
l’action de Dieu, factor des hommes quos ad imaginem suam formavit), a choisi
de traiter avec soin le thème de la reformatio, mais au lieu de déboucher sur
la pénitence comme instrument de la reformatio, il a plus habilement conclu
sur l’effet positif de la reformatio sur l’action des
rois.
88 Artem 1632 (998) et BB 3665 (1092),
cités note 71 ; Artem 3708 (1055), cité note 78.
89 Voir les notes 72 et 80.
90 S’agissant des deux actes clunisiens déjà cités de
998 (Artem 1632) et de 1092 (BB 3665), le premier relate la
fondation d’un monastère transféré à Cluny aussitôt faite sa
dédicace et le second relate le transfert à Cluny d’une église
destinée à devenir monasterium.
91 Artem
2982 (832), suite du texte cité note 17 : « Quia dignum profecto est, ut quod sacerdotalis
dignitas divino inluminata spiritu corpori Christi quod est ecclesia
ejusdem Dei ac Domini et salvatoris nostri redempta sanguine
adinvenit in salute vel reformata statuit in religionis augmento, id imperialis
majestas inviolabiliter permansurum in perpetuum potestatis suae
studeat roborari praecepto ».
92 Thesaurus Diplomaticus, D
2888 (1100, original) ; Jean, évêque de Thérouanne, en faveur des
chanoines réguliers de Lo : « Sicut dominus noster Ihesus Christus homines
carnaliter sapientes ac per devia errantes ad viam veritatis
reducere venit necnon prava et perversa corrigendo immo in
melius commutando renovavit, sic decet omnes fideles et maxime illos qui
in populo dicuntur pastores pro loco et officio nutantia stabilire,
prava et
perversa corrigere et
male acta in
melius commutando renovare ». Sur l’action épiscopale de Jean
de Thérouanne, voir B. Meijns, « The Life of Bishop John of
Thérouanne by Archdeacon Walter (1130) and the bishop’s pastoral
activities », in Medieval
Narrative Sources : a Gateway into the Medieval Mind,
W. Verbeke, L. Milis, J. Goossens (éd.), Louvain, Leuven University
Press (Mediaevalia Lovaniensia), 2005, p. 77-90 ; B.-M. Tock, « Jean
de Warneton, évêque de Thérouanne (1099-1130), un grégorien ? », in
Le diocèse de Thérouanne au
Moyen Âge, J. Rider, B.-M. Tock (éd.), Arras, Commission
départementale d’histoire et d’archéologie du Pas-de-Calais
(Mémoires ; 39), 2010, p. 107-118. Sur la réforme de Lo, voir la
mise au point de B. Meijns, Aken of Jeruzalem ? Het ontstaan en de
hervorming van de kanonikale instellingen in Vlaanderen tot circa
1155, Louvain, Universitaire Pers Leuven, 2000,
p. 753-756.
93 Sur l’image que les évêques des XIe-XIIe siècles veulent donner à leur fonction,
voir ici-même la contribution de Julia Barrow.