1 Il s’agissait de ne pas donner l’image d’un système de pensée et de pratiques clos et achevé, que peuvent suggérer les expressions “méthode Freinet” ou “pédagogie Freinet”.
2 J. Vial, « Pédagogie Freinet : pédagogie du travail, de l’aléatoire et de la dédicace », in Freinet, 70 ans après. Une pédagogie du travail et de la dédicace ? (Actes du colloque de Caen, 23 octobre 1996), H. Peyronie (dir.), Caen, Presses universitaires de Caen, 1998, p. 24-25 (2e édition : ibid., 2000).
3 L’école active de Ferrière, la Casa dei bambini de Maria Montessori, l’enseignement de l’histoire selon John Dewey, la méthode des centres d’intérêt chez le Dr. Decroly, l’éducation populaire selon Pestalozzi, l’ouvrage de Jean Piaget Le langage et la pensée chez l’enfant…, autant de lectures dont Freinet a fait des comptes rendus dans la presse syndicale.
4 M. Barré, Compagnon de Freinet, Vauchrétien, Ivan Davy éditeur, 1997, p. 41.
5 É. Freinet, Naissance d’une pédagogie populaire [1949], Paris, Maspero, 1969, p. 52.
6 Ibid.
7 Lettre de C. Freinet à Paul Boissel, citée par M. Barré, Célestin Freinet un éducateur pour notre temps, Mouans-Sartoux, Publications de l'École moderne française, t. I, 1995, p. 40.
8 Cité dans M. Freinet, Élise et Célestin Freinet. Souvenirs de notre vie, Paris, Stock, 1997, p. 147.
9 C. Freinet, extrait d’un article dans Clarté, cité dans M. Freinet, Élise et Célestin Freinet. Souvenirs de notre vie, p. 130.
10 É. Freinet, Naissance d’une pédagogie populaire, p. 38.
11 M. Freinet, Élise et Célestin Freinet. Souvenirs de notre vie, p. 111.
12 É. Freinet, Naissance d’une pédagogie populaire, p. 47.
13 M. Freinet, Élise et Célestin Freinet. Souvenirs de notre vie, p. 106-107. « Et la lumière fut » est le titre d’un texte des Dits de Mathieu où Freinet évoquera plus tard cette injustice faite au vrai (in)novateur. Cette formule sera aussi reprise métaphoriquement dans le film L’école buissonnière, au moment de la réception de la première imprimerie. C. Freinet, Les Dits de Mathieu, in Célestin Freinet, œuvres pédagogiques, textes réunis par M. Freinet, Paris, Seuil, t. II, 1994, p. 99-203 (« Et la lumière fut », p. 195-203).
14 J. Testanière, « La Pédagogie Freinet : une “éducation nouvelle populaire”, des “éducateurs prolétariens” ? » in La Pédagogie Freinet, mises à jour et perspectives, P. Clanché, E. Debarbieux, J. Testanière (dir.), Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 1994, p. 437-447.
15 M. Barré, Célestin Freinet un éducateur pour notre temps, t. I, p. 109-121.
16 M. Barré, « Une éducation des différences », in Actualité de la pédagogie Freinet, P. Clanché, J. Testanière (dir.), Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 1989, p. 95.
17 Cf. M. Barré, Célestin Freinet un éducateur pour notre temps, t. I : L’affaire de Saint-Paul (1932-1933), p. 82-95 ; ou H. Peyronie, Célestin Freinet. Pédagogie et émancipation, Paris, Hachette, 1999, p. 41-43.
18 L’École des Roches a été fondée en 1898-1899 par E. Demolin, à Verneuil dans l’Eure, après la publication de son ouvrage À quoi tient la supériorité des Anglo-Saxons en 1897 ; puis elle fut dirigée par G. Bertier à partir de 1903 (jusqu’en 1945). C’est une école, inscrite pédagogiquement dans le courant de l’Éducation nouvelle, mais qui est socialement élitiste et qui vise à former « les élites » (cf. Les Études sociales, no 127-128, 1-2/1998, L’École des Roches. Creuset d’une éducation nouvelle). Selon l’historienne Françoise Mayeur, cette école est la principale réalisation du courant de l’Éducation nouvelle en France à cette époque (F. Mayeur, L’enseignement et l’éducation en France, t. IV : De la révolution à l’école républicaine, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1981, p. 600).
19 Ce dépliant est reproduit dans M. Barré, Célestin Freinet un éducateur pour notre temps, t. I, p. 126-127. Sont citées ici les parties du dépliant imprimées “en gras”.
20 M. Freinet, Élise et Célestin Freinet. Souvenirs de notre vie, p. 365.
21 Texte de 1936 cité dans M. Freinet, Élise et Célestin Freinet. Souvenirs de notre vie, p. 371.
22 D’après H. Portier, « Où en sont les archives des “Amis de Freinet”, dans le bulletin Amis de Freinet et de son mouvement, no 68, décembre 1997, p. 10.
23 Extrait d’un entretien avec Fernand Lecanu, à Cherbourg, en 1997 (avec l’aide de Dominique Goulet, étudiant en Sciences de l’éducation).
24 Sur ce point, voir la thèse de doctorat : Ch. Derrien, Le réseau télématique “Freinet”. Dynamique communicationnelle de classes en innovation. 1985-1994, Université de Caen Basse-Normandie, 1995, s/d J. Guglielmi.
25 Lors de la première rédaction de ce texte, en 1998, nous notions : « On peut penser que le site Internet de l’ICEM prendra le relais un jour ; mais ce qui semble aller de soi pour le monde des décideurs n’est pas si simple à réaliser pour l’institution de l’École publique : le Minitel suppose seulement l’accès à une ligne téléphonique et la possession d’un terminal (mis à disposition gratuitement par l’agence Télécom), alors qu’Internet suppose un ordinateur récent (pas le modèle trop modeste du “Plan Informatique pour tous” !), un modem, et un abonnement relativement coûteux ». Une recherche a été réalisée sur les pratiques de communication et d’échanges par les listes de diffusion parmi les enseignants du premier degré (et en particulier ceux du mouvement Freinet : J.-M. Turban, Listes de diffusion pour enseignants du premier degré : une expérience sociale formative, combinaison des logiques de l’action (intégration, stratégie, subjectivation), Université de Rennes 2, 2004, s/d G. Tessier.
26 M. Barré, « Une éducation des différences », in Actualité de la pédagogie Freinet, p. 94-95.
27 Nous avons pris cette expression dans une lettre de C. Freinet à G. Barrier concernant le fonctionnement du groupe départemental. Elle ne fait pas partie des expressions propres à la langue du mouvement Freinet, à la différence d’expressions comme “cahier de roulement”, “fichier de travail coopératif”, “voyage-échange”, etc.
28 H. Peyronie, D. Maltret, G. Prokop, « “La visite d’une classe en action” : une pratique caractéristique du mouvement Freinet », in Freinet, 70 ans après. Une pédagogie du travail et de la dédicace ?, p. 91-105.
29 Entretien cité, 1997.
30 De nombreux écrits ont rendu compte de cette rupture : soit de la part d’acteurs de la rupture, comme R. Fonvieille (cf. L’aventure du mouvement Freinet, vécue par un praticien militant (1947-1961), Paris, Méridiens – Klincksieck, 1989, ou De l’écolier écœuré à l’enseignant novateur, Vauchrétien, Ivan Davy éditeur, 1996) ; soit de la part d’observateurs en position d’historiens (cf. L. Bruliard, G. Schlemminger, Le mouvement Freinet, des origines aux années 1980, Paris, L’Harmattan, 1996) et – bien sûr – de la part des réseaux universitaires de l’analyse institutionnelle (en particulier à l’Université Paris 8).
31 C. Guihaumé, « 1926-1996 : Un groupe coopératif d’entr’aide pédagogique pouvait-il devenir un mouvement démocratique de masse ? », Cahiers Binet-Simon, « Le centenaire de Célestin Freinet », no 649, 1996-no 4, p. 39-58 (texte cité : p. 50).
32 M. Barré, Compagnon de Freinet, p. 24-25.
33 R. Fonvieille, De l’écolier écœuré à l’enseignant novateur, p. 51.
34 Michel Barré ne l’a pas faite dans les deux tomes de son ouvrage très exhaustif sur l’histoire du mouvement, Célestin Freinet un éducateur pour notre temps, puisqu’il a arrêtée celle-ci à 1966 ; il en dit quelques mots très succincts dans sa contribution autobiographique, Compagnon de Freinet, à la collection « Itinéraires » de l’éditeur Ivan Davy. Madeleine Freinet, quant à elle, n’a jamais publié le deuxième tome de ses « souvenirs », faute d’éditeur, semble-t-il, pour son manuscrit. L’ICEM n’a pas non plus écrit cette histoire.
35 Madeleine Bens-Freinet, « Baloulette » (née en 1929), est décédée en 2007.
36 Cf. le chapitre 11 de Compagnon de Freinet, p. 71-75.
37 M. Barré, ibid., p. 73-74.
38 M. Barré, ibid., p. 75.
39 A. Gramsci, Quaderni del carcere, 1975 (traduction française : Cahiers de Prison, Paris, Gallimard, 1983).
40 G. Sapiro, « Modèles d’intervention politique des intellectuels », Actes de la recherche en sciences sociales, 2009/1-2 (no 176-177), p. 8-31.
41 Ibid., p. 21.
42 « D’autres organisations sont nées à la suite du mouvement de 1995, comme l’ACRIMED (Action-CRItique-MEDias), observatoire des médias créé en 1996 et réunissant des chercheurs et universitaires, des journalistes et salariés des médias, des acteurs du mouvement social et des “usagers” des médias ; ATTAC, organisation internationale (elle est présente aujourd’hui dans cinquante pays) née de l’appel lancé en décembre 1997 par le directeur d’alors du Monde diplomatique, Ignacio Ramonet, pour l’instauration de la taxe Tobin sur les transactions internationales ; la Fondation Copernic, think tank altermondialiste également créé en 1998 et associant universitaires et acteurs du mouvement social dans la lutte contre le néolibéralisme », ibid., p. 30.
43 Ibid., p. 30.
44 Dans un travail universitaire soutenu en 2011 (l’HDR « La recherche dans le mouvement Freinet : épistémologie du chercheur collectif coopératif », Université Paris Ouest Nanterre La Défense, s./d. J. Pain), Olivier Francomme, militant du mouvement, a développé une idée convergente avec l’idée argumentée ici, en qualifiant le fonctionnement de l’ICEM de “chercheur collectif coopératif”. La formule “chercheur collectif” est empruntée au livre de René Barbier, La recherche-action (Paris, Anthropos, 1996).
Je préfère m’en tenir à la formule de “l’intellectuel collectif”. D’une part le concept d’intellectuel me semble plus adapté que celui de chercheur pour caractériser la pratique collective du mouvement Freinet. i) Le travail du mouvement est d’abord tourné vers l’action d’enseigner et d’éduquer et non vers “la recherche” et le mot d’intellectuel rend mieux compte de la diversité des facettes d’activité mobilisées dans ce travail saisi dans sa globalité. ii) Les démarches “scientifiques” qu’évoquent le mot de recherche sont nécessairement réductrices par rapport à l’objet concerné en matière d’élaboration du savoir, ce que supporte mal une recherche d’intelligibilité entièrement liée à une action totalement insérée dans une réalité complexe (et il ne suffit pas d’invoquer, à propos de la recherche-action, la multi-référentialité, l’épistémologie de la complexité, l’approche systémique, l’écoute sensible… pour que les difficultés de la démarche scientifique, qui a l’ambition de rendre compte d’une réalité humaine très complexe, soient magiquement levées – … malgré les effets de séduction que peuvent avoir ces formules sur les praticiens-chercheurs). iii) Il y a une sorte d’anachronisme à projeter le concept de chercheur (qui renvoie aux conceptions contemporaines du laboratoire de recherche) sur les premières décennies du mouvement Freinet : l’usage du concept de chercheur ne pourrait être pertinent que pour la période contemporaine, alors que le concept d’intellectuel est culturellement pertinent pour toute la période historique concernée par ce mouvement (de 1925 à nos jours) [et encore, l’analyse historique de G. Sapiro nous a conduit à choisir de caractériser le mouvement de l’École moderne par deux idéal-types différents de l’intellectuel collectif Freinet, avant-guerre et après-guerre…].
Enfin, les référents théoriques de R. Barbier à propos de la recherche action : “recherche existentielle”, “recherche trans-personnelle”, “approche mytho-poétique”… ne sont certes pas dénués de charme, mais ils nous éloignent des traditions de pensée philosophique dans lesquelles se sont inscrits Freinet et ses proches. La filiation de Gramsci et celle de Bourdieu me semblent plus pertinentes pour
penser le mouvement de l’École moderne dans une perspective socio-historique : elles ressortissent du même background culturel ainsi que du même questionnement politique globale. Elles s’avèrent à la fois légitimes et pertinentes pour étayer une élaboration discursive qui cherche à caractériser la
praxis collective du mouvement Freinet [même si, sur la fin de sa vie, contradictoirement, C. Freinet a pu être séduit par un type de “spiritualité” qui tourne le dos à cette tradition en s’entichant de la cosmologie de Teilhard de Chardin…].