1 Confirmé par une lettre du ministère de l’Intérieur au préfet en date du 21 décembre 1934 (archives de la préfecture d’Eure-et-Loir, 10 M 40) : « Il m’est signalé que, dans votre département, les négociations entre responsables des syndicats unitaire et confédéré de l’enseignement auraient rendu possible la constitution d’un syndicat unique ».

2 Lettre au préfet datée du 29 juillet 1935 du secrétaire général du SNI, René Martin : « Les instituteurs et institutrices syndiqués d’Eure-et-Loir réunis en assemblée générale s’indignent de la politique financière du gouvernement qui écrase la classe laborieuse […] et s’engagent à lutter par tous les moyens contre les iniques décrets-lois qui frappent à nouveau et si brutalement l’ensemble de la fonction publique » ; AD 28, 10 M 40.

3 Enquête de Jeanne Lévy-Lebrun.

4 René Martin : « À l’Union départementale de la Fédération des fonctionnaires, en accord complet avec nos camarades ouvriers, nous poursuivrons notre tâche de libération du prolétariat » ; « Rapport moral », Bulletin du SN d’Eure-et-Loir, n^o 42, juillet 1935, p. 6.

5 Maurice Wullens (1894-1945) est en 1934 instituteur à Paris, après avoir été instituteur dans le Nord. Anarchiste, militant à la FUE, il adhère à partir de 1929 aux deux centrales syndicales. En cela, il n’est pas un cas isolé, loin de là, cette double appartenance syndicale se pratiquait assez couramment. Dans sa pratique professionnelle, Wullens est resté tout au long de sa vie adepte des techniques Freinet. Il a participé au voyage d’étude en URSS (août 1925) avec une cinquantaine d’instituteurs dont Freinet. Écrivain également, il aura édité pendant vingt ans la revue Les humbles.

6 Paul Vigueur, « Créons des groupes d’Éducation nouvelle », L’éducateur prolétarien, n^o 7, 10 janvier 1936, p. 155.

7 René Martin : « Le Groupe de Jeunes a disparu dans la vague de fusion des deux syndicats. Nous n’avons pas cru maintenir en Eure-et-Loir un Groupe de Jeunes pensant qu’aucune raison n’imposait l’existence d’un groupement séparé. Il y a place pour tous en notre Syndicat » ; Bulletin du SN d’Eure-et-Loir, n^o 42, juillet 1935, p. 5.

8 Un groupe intitulé Groupe du Nord des amis de l’École nouvelle s’est formé en 1929 auprès de la faculté des lettres de Lille. Ayant des adhérents dans une dizaine de départements (Émilie Flayol, « Quelques réalisations en France », Pour l’ère nouvelle, n^o 119, juillet 1936, p. 176), celui-ci n’est pas comparable au groupe d’Eure-et-Loir, ni dans sa structure, ni dans son fonctionnement. Ce sont des universitaires qui ont pris l’initiative du groupe, prônant des réformes, mais non un bouleversement du système éducatif. D’ailleurs ce groupement était-il affilié au GFEN, nous n’avons pu le vérifier. Autres faits concernant cette allégation : 1) la formation d’un GEN des Ardennes en 1936 distinct du groupe de 1929 ; 2) les propos de Freinet tenus dans L’éducateur prolétarien, n^o 15-16, 1^er mai 1938 : « Les uns après les autres, nos camarades se sont retirés de la direction effective du Groupe du Nord des amis de l’École nouvelle et les survivants ont cru devoir attaquer l’imprimerie à l’école. J’ai répondu : “Actuellement il y a discorde” ».

9 Paul Vigueur, « Groupe de l’Éducation nouvelle d’Eure-et-Loir. Nos relations avec le syndicat et SUDEL », L’éducateur prolétarien, n^o 10, 25 février 1936, p. 204.

10 Ibid.

11 Le conseil d’administration du GEN d’Eure-et-Loir sera reconduit, inchangé lors de l’assemblée générale du 2 mars 1936 « à la majorité des membres présents représentant plus des 2/3 des membres inscrits, soit 30 sur 39 » ; archives privées Paul Vigueur.

12 Georges Adelle est en 1933 secrétaire adjoint de la division SU d’Eure-et-Loir rattachée à celle du Loiret ; L’émancipation du Loiret, n^o 46, janvier-février 1933. En 1934, lorsque la fusion du SN et du SU s’annonce comme pratiquement effective, il devient trésorier de la tendance École émancipée, Henri Joseph en assurant le secrétariat. C’est à cette date que Vigueur entre au bureau du SU, chargé des affaires corporatives ; auparavant, il n’était que secrétaire du Groupe de jeunes. Entre 1933 et 1935, Emmanuel Pichot reste membre du bureau du SU, chargé du secrétariat pédagogique.

13 Maurice Lejeune (1905-1990) est nommé en 1929 au Mée, village beauceron à quelques kilomètres seulement de Lutz-en-Dunois où exercent les Pichot. Syndiqué au SN à sa sortie de l’École normale en 1925 (promotion Pasteur), il milite au parti communiste. Délégué syndical du canton de Cloyes-sur-le-Loir et de Châteaudun, il deviendra conseiller syndical en 1938. Sa mère était institutrice. Son épouse Suzanne (1904-1990), institutrice, tient la petite section au Mée, elle sera membre du conseil syndical en 1934 ; AD 28, 91 W 77, art. 1 et 2.

14 Henri Ridet (1885-1976) devient délégué cantonal SN de Chartres-Sud en janvier 1935, puis de Chartres-Nord en octobre 1935 ; AD 28, 91 W 111.

15 Daniel Servoin sera adhérent au SU comme Paul Vigueur, Emmanuel Pichot et Gabriel Journet. Né en 1911, Servoin meurt en déportation le 22 février 1944 à Lublin (Pologne) ; AD 28, 91 W 162.

16 Charlotte Nivault (1889-1944) est membre du conseil syndical du SN et secrétaire adjointe depuis 1932, ainsi que membre du conseil départemental de l’Éducation nationale qui siège auprès de l’inspecteur d’académie pour la défense des personnels. Elle fit toute sa carrière en Eure-et-Loir à Janville principalement, poste dont elle assuma la direction d’école à partir de 1919 jusqu’à une mise à la retraite d’office en 1941 par le gouvernement de Vichy pour activités syndicales. Charlotte Nivault refuse de poser sa candidature en 1932 à un poste de professeur de lettres au cours complémentaire de Châteaudun qui lui était acquis d’avance. Refus de parvenir et / ou désir de continuer l’œuvre entreprise à Janville ? AD 28, 91 W 94.

17 Relevé dans le dossier de carrière de Charlotte Nivault.

18 Paul Vigueur, « Groupe d’Éducation nouvelle : aux délégués cantonaux du SN et aux camarades qui voudront bien être nos délégués. Camarades ! », Bulletin du SNI d’Eure-et-Loir, n^o 63, octobre 1937, p. 9.

19 En 1935, le bureau du GFEN est composé de Paul Langevin, physicien et pédagogue, Henri Wallon, psychologue et neuropsychiatre, Henri Piéron, psychologue, Paul Fauconnet, professeur des universités, Émilie Flayol, directrice honoraire de l’École normale de La Rochelle, Georges Bertier, directeur de l’école des Roches à Verneuil-sur-Avre, Paul Faucher, ex-président du Bureau français d’éducation, et Jeanne Hauser, inspectrice honoraire. Cette dernière remplit les fonctions de secrétaire du GFEN depuis 1922, c’est seulement en 1928 qu’Émilie Flayol lui est adjointe.

20 Émilie Flayol (née à Lunel (34) en 1873, décédée à Beaulieu-sur-Mer en 1958) assume à partir de 1929 les fonctions de secrétaire générale du GFEN.

21 Thomas Marshall, « L’artisanat producteur de sens dans le travail », in Traité de l’artisanat et de la petite entreprise, Sophie Boutillier, Michel David, Claude Fournier (dir.), Paris, Educaweb, 2009, p. 560.

22 Les documents pour la classe sont le fruit du travail des maîtres avec leurs élèves : BT, FSC, édition de textes d’enfants dans La gerbe ou Enfantines, etc.

23 Paul Vigueur, « Créons des groupes d’Éducation nouvelle », p. 155.

24 Daniel Hameline part de cette partition pour établir les rôles respectifs de Célestin Freinet et d’Adolphe Ferrière dans le mouvement de l’Éducation nouvelle en Europe : « Célestin Freinet et Adolphe Ferrière ou le pourquoi d’un compromis », in La pédagogie Freinet. Mises à jour et perspectives, Pierre Clanché, Éric Debarbieux, Jacques Testanière (dir.), Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 1994, p. 25-39.

25 Lawrence A. Cremin, The Transformation of the School. Progressivism in American Education, New York, Vintage Books Edition, 1961.

26 Daniel Hameline, « Célestin Freinet et Adolphe Ferrière ou le pourquoi d’un compromis », p. 26.

27 Ibid.

28 Formation continue avant la lettre ! Celle-là n’a rien d’institutionnel. Forgée par les intéressés eux-mêmes et nourrie d’entraide réciproque, elle relève du compagnonnage. Souvenons-nous du nom donné à la première coopérative créée par Freinet en 1926 : « Coopérative d’entraide pédagogique ».

29 Freinet employait volontiers le mot « besogne » à la place de « travail » pour bien signifier qu’il s’agit au premier chef d’une tâche quotidienne, obligatoire et nécessaire.

30 Robert Dumonceaux (1886-1939), inspecteur primaire à Chartres de 1929 à 1937.

31 Paul Vigueur, « Créons des groupes d’Éducation nouvelle », p. 155.

32 Émilie Flayol avait conseillé Paul Vigueur lors de la formation du GEN. Elle se devait d’être invitée à cette séance inaugurale.

33 En 1935, alors qu’il participe à cette séance inaugurale, Pujol est un personnage important de la vie politique locale puisqu’il a été candidat SFIO dans plusieurs campagnes électorales.

34 Émilie Flayol vient de publier Le docteur O. Decroly, éducateur, Paris, F. Nathan, 1934.

35 Pierre Pujol, Voyage en URSS, Dreux, P. Joseph, 1936. Ce compte rendu a préalablement fait l’objet d’une série d’articles dans Le populaire d’Eure-et-Loir (AD 28, 1 M, art. 21) des 7, 14, 21, 28 septembre 1935 dont le rédacteur en chef n’est autre que Pierre Joseph.

36 Soulignons ces termes ; en effet, il est rare à l’époque qu’un inspecteur propose une pédagogie centrée sur l’enfant plutôt que sur les programmes scolaires.

37 « La conférence-exposition du groupe de l’Éducation nouvelle d’Eure-et-Loir », Bulletin du SN d’Eure-et-Loir, n^o 45, décembre 1935, p. 21-22.

38 Robert Dumonceaux est arrivé le 1^er octobre 1929 à Chartres, date à laquelle la direction de l’École normale de garçons d’Eure-et-Loir est confiée à René Ozouf venant d’Alençon.

39 « Robert Dumonceaux organise un cours de pédagogie le jeudi pour la préparation du CAP à l’intention du personnel intérimaire duquel il corrige bénévolement les devoirs : 45 auditeurs en 1933-1934 ; 34 en 1934-1935 ; 25 en 1935-1936 » ; Rapport de l’inspecteur général Adrien Bruneau du 26 décembre 1935 dans le dossier de carrière de l’intéressé, AN, F/17/23 588.

40 Suivant le contexte, le nom « amicale » désigne soit un rassemblement laïque des membres d’une communauté villageoise autour de l’école comme ici, soit un regroupement d’instituteurs préfigurant les sections syndicales du SN dont nous évoquions l’existence en début de cet ouvrage.

41 « En clôturant la séance du GEN du 29 octobre 1936, M. Dumonceaux, inspecteur primaire, invita les coopératives scolaires d’Eure-et-Loir à se grouper au sein de l’Office départemental de la Coopération à l’école de création récente [qui est un groupement ami de la CEL] » ; compte rendu publié dans L’éducateur prolétarien, n^o 4, 15 novembre 1936, p. 93-94.

42 Cette cinémathèque accroît les performances de celle prêtant des films de format 9,5 mm installée en Eure-et-Loir avec l’appui de la CEL.

43 Le comité d’honneur se composera de l’inspecteur d’académie, d’un inspecteur primaire de Chartres (Robert Dumonceaux), du directeur de l’École normale d’instituteurs (René Ozouf) et du président de la Fédération des œuvres laïques d’Eure-et-Loir (Daniel Langlois ou son représentant).

44 Au GFEN, le terme d’imprimeurs désigne les instituteurs pratiquant la pédagogie Freinet.

45 Émilie Flayol, « Activité du GFEN pendant l’année 1935 », Pour l’ère nouvelle, n^o 116, mars 1936, p. 74.

46 Laurent Gutierrez, Annick Ohayon, « Henri Wallon : le “deuxième homme” », in Paul Langevin et la réforme de l’enseignement, Laurent Gutierrez, Catherine Kounelis (dir.), Grenoble, Presses universitaires de Grenoble (Réformes, éducation et disciplines scolaires), 2010, p. 79.

47 Élise Freinet, Naissance d’une pédagogie populaire (méthodes Freinet), Paris, Maspero, 1974, p. 66. L’information donnée par Élise Freinet n’a pu être validée par d’autres sources.

48 Ce que Freinet omet de dire, c’est que les militants sont d’autant plus nombreux que le GEN est généraliste et ne se rattache à aucun courant d’Éducation nouvelle en particulier. Ces membres ne penchent pas plus du côté de Freinet que de Decroly, ils sont ouverts à toutes les innovations et font leur miel aussi bien de « l’imprimerie à l’école » que des « centres d’intérêt », du « travail de groupe » proposé par Cousinet, etc.

49 Célestin Freinet, « Vers un élargissement décisif de notre action pédagogique coopérative », L’éducateur prolétarien, n^o 6, 25 décembre 1935, p. 121-122. Dans ce même numéro, p. 126-127, Freinet publie in extenso les statuts du groupe d’Eure-et-Loir pour permettre aux autres départements d’agir vite et de manière similaire. La création du GEN est annoncée pour la première fois dans L’éducateur prolétarien, n^o 3, 10 novembre 1935, en mentionnant que les fondateurs Pichot, Vigueur et Vovelle ne veulent pas se limiter à une discothèque et à une cinémathèque.

50 La tendance École émancipée au sein du nouveau SNI regroupe l’ensemble des ex-syndiqués SU.

51 Freinet, « Plus que jamais travail coopératif », L’éducateur prolétarien, n^o 2, 15 octobre 1937, p. 27.

52 En 1936 – année féconde pour la gauche française –, la CEL compte 1 500 actionnaires, ce qui correspond à sa plus forte progression. En octobre 1928, les actionnaires étaient au nombre de 92 dont 78 en France métropolitaine ; 313 en juillet 1931 pour 601 actions souscrites ; leur nombre avait atteint 429 à la rentrée 1932 dont 283 en France. Cependant, signalons que 112 instituteurs sont coopérateurs à la CEL uniquement pour le cinéma et la radio ; Fabienne Bock, Enjeux politiques et débats pédagogiques. La formation du mouvement Freinet 1920-1940, Michelle Perrot (dir.), thèse de doctorat d’histoire, Université de Paris 7, 1978, p. 91 ; AG de la CEL, L’éducateur prolétarien, n^o 1, octobre 1932, p. 13.

53 Ce tableau donne la liste des membres susceptibles d’avoir adhéré au GEN 28, mais informe aussi sur leurs activités syndicale et politique. À remarquer la présence significative des femmes d’ailleurs élues en parité au conseil départemental. Difficile d’estimer leur participation à la vie des partis politiques car elles n’auront le droit de vote qu’en 1945. Les noms portant un astérisque ont fait l’objet d’une notice biographique dans le Maitron. AJ signifie auberge de jeunesse ; CAPD commission administrative paritaire départementale ; CD conseiller départemental ; CS conseiller syndical ; ÉN École normale ; Ext. externe ; PSOP Parti socialiste ouvrier et paysan ; SM service militaire.