Passons au Quirinal.
La principale rue du quartier était l’Alta Semite, qui suivait la crête du plateau (actuellement rue du 20-Septembre), l’antique chemin de communication entre le pays des Sabins et le pays des Étrusques.
Nous rencontrons d’abord, à droite en descendant la rue, un vieux Capitole sabin. À gauche, le tombeau des Flaviens élevé par Domitien sur l’emplacement de la maison de son père Vespasien. À droite, dans le terrain occupé par les jardins du Palais Royal actuel, le Temple dorique de Quiri[n]us (Romulus divinisé), au lieu même où Romulus était apparu aux Romains après sa mort, pour leur annoncer qu’il était au rang des dieux.
De l’autre côté de la rue, un autel indiquait le lieu où le grand incendie de Néron s’était arrêté sur le Quirinal, après avoir dévoré plus de la moitié de la ville.
Sur l’emplacement du jardin Colonna actuel s’élevait un grand temple, duquel il restait encore quelques pans de mur à la Renaissance. On n’est pas d’accord sur son nom. On a cru voir en lui le temple du Soleil bâti par Aurélien. Le style de l’angle du fronton qui gît encore dans le jardin Colonna montre que le Temple était de l’époque des Antonins. Ce doit être le Temple de Sérapis dû à Marc-Aurèle.
Adossée au Temple, une gigantesque descente en pente douce, à plusieurs révolutions, construite sans doute par Constantin, faisait communiquer le niveau de la plaine du Champ de Mars avec le plateau du Quirinal.
En face du grand Temple, de l’autre côté de l’Alta Semita, s’élevaient les Thermes de Constantin (Palais Rospigliosi).

Paul Bigot, Reconstitution en relief de Rome antique, Paris, Massin, 1933, p. 24-25.

Carte du Quirinal (localisation des points d’intérêt du chapitre).

Quirinal avec le palais du Quirinal, siège de la présidence de la République italienne.

Quirinal sur la maquette de Paul Bigot (localisation des points d’intérêt du chapitre).

Restitution virtuelle du Quirinal, avec le temple de Sérapis (localisation d’un point d’intérêt du chapitre).

1. Temple de Sérapis1

1À l’ouest des thermes de Constantin, s’élevait un grand temple majestueux, construit par Caracalla et dédié au dieu égyptien Sérapis (il a parfois été confondu avec le temple du Soleil construit par Aurélien). Sa construction date du début du III^e siècle apr. J.-C.

2Une notice de Pirro Ligorio rédigée à la Renaissance, à une époque où les ruines étaient plus visibles qu’aujourd’hui, nous donne une idée de l’ensemble. Dans le jardin Colonna, on peut encore voir les hauts murs de briques qui soutenaient l’escalier. Dans ce même jardin sont conservés deux blocs de marbre provenant du temple de Sérapis. Sur le premier est sculpté un chapiteau de pilastre : c’est sûrement le plus grand élément architectonique qu’on puisse trouver à Rome (son volume est supérieur à 34 m³ et son poids dépasse les 100 tonnes).

3Avec une superficie de 13 230 m², le temple de Sérapis était, avec celui de Vénus et Rome, le plus important de la ville (135 m sur 98 m). Ses colonnes mesuraient 21,70 m de haut pour 2 m de diamètre. Ce type d’édifice rappelle beaucoup le Sérapéion d’Alexandrie.

Escalier du temple de Sérapis (jardin Colonna), en arrière-plan à gauche.

Temple de Sérapis sur la maquette de Paul Bigot.

Restitution virtuelle du temple de Sérapis.

2. Thermes de Constantin2

4Les thermes de Constantin, situés à proximité du temple de Sérapis, furent édifiés par l’empereur au sud du Quirinal vers 315 apr. J.-C. : ils offraient aux Romains un nouveau lieu de promenade. Ils furent les derniers thermes impériaux réalisés à Rome. L’emplacement choisi n’a pas permis de construire un ensemble aussi grand que les thermes de Dioclétien ou de Caracalla. Il a même fallu effectuer des terrassements en remblai sur le sud-est du Quirinal.

5Les thermes de Constantin étaient très raffinés. Ils se présentaient sous la forme d’un quadrilatère avec une grande exèdre au nord. La construction centrale comportait les salles des bains : le bain chaud (caldarium) au centre de la façade sud, le bain froid (frigidarium) et la piscine en arrière, côté nord. Compte tenu de la faible largeur de la colline, le péribole était relativement petit, mais il comprenait malgré tout, comme c’était l’usage, des bibliothèques, des salles d’audition, des portiques et des jardins.

6La grande exèdre septentrionale correspondait au Palazzo della Consulta et le corps central occupait la zone de l’actuel Palazzo Rospigliosi. Une partie des vestiges fut démolie au moment du percement de la via Nazionale à la fin du XIX^e siècle.

Emplacement des thermes de Constantin.

Thermes de Constantin sur la maquette de Paul Bigot.