1. Basilique Émilienne1

1La basilique Émilienne, qui fait face à la basilique Julienne, borde un des longs côtés du Forum romain. Elle se trouve du côté nord-est, entre la curie Julienne et le temple d’Antonin et Faustine.

2Comme toutes les basiliques antiques, elle n’avait pas de fonction religieuse, mais des fonctions judiciaire, politique et économique : on y traitait en effet les affaires et on y rendait la justice.

3La basilique Émilienne fut construite en arrière des Tabernae Nouae (nouvelles boutiques), reconstruites après l’incendie de 210 av. J.-C. C’est la seule des basiliques républicaines qui existe encore puisque les Basilica Porcia, Sempronia et Opimia ont totalement disparu.

4Connue grâce à une monnaie, la basilique Émilienne comportait deux étages. Le premier ordre se composait de piliers massifs d’où partaient des cintres qui supportaient une frise ornée d’élégants bucranes. Au-dessus, on pouvait voir des boucliers représentant les portraits des hommes illustres de la gens Aemilia (imagines clipeatae : portraits circonscrits dans un cache circulaire). Le second ordre était aussi décoré par une frise ornée de palmes et de feuillages.

5La basilique comportait une grande nef centrale entourée d’un déambulatoire, le tout couvrant 70 m de long sur 29 m de large. On pouvait y accéder par trois entrées. Les nefs étaient séparées par des colonnes de marbre coloré. Quant aux entablements, ils étaient réalisés en marbre blanc et finement sculptés. L’édifice était également pavé de larges dalles de marbre.

6Côté Forum, il fallait d’abord parcourir un portique sous lequel s’ouvraient des boutiques occupées par des banquiers avant d’entrer dans la nef centrale.

7Au cours de son histoire, la basilique Émilienne a connu de nombreuses restaurations réalisées par différents membres de la gens Aemilia. Elle fut rénovée pour la première fois en 78 av. J.-C., puis en 54 av. J.-C. par Lucius Aemilius Paullus, ce qui explique qu’on lui ait donné le nom de Basilica Paulli. Détruite par l’incendie de 14 av. J.-C., elle fut reconstruite par Auguste. Quelques années plus tard, en 22 apr. J.-C., elle fut à nouveau restaurée. La dernière réfection date probablement du V^e siècle apr. J.-C., suite à un incendie qui l’endommagea lors du sac d’Alaric de 410 apr. J.-C. Le dallage, parsemé de taches d’oxydation, atteste de la destruction de la basilique par le feu.

8Malgré ces restaurations successives, le plan de l’édifice n’a pas été modifié. Le peu de vestiges que l’on voit aujourd’hui s’explique par le fait que, comme la basilique Julienne, la basilique Émilienne fut exploitée comme carrière à partir du XVI^e siècle. Les vestiges tels qu’on les découvre aujourd’hui appartiennent à l’édifice reconstruit au I^er siècle apr. J.-C.

Nef centrale de la basilique Émilienne au premier plan, avec l’arc de Septime Sévère et la curie Julienne en arrière-plan.

Basilique Émilienne sur la maquette de Paul Bigot, au centre de la photographie et à droite de la curie Julienne.

Restitution virtuelle de la nef centrale de la basilique Émilienne.

2. Sacellum de Vénus Cloacine2

9Un sacellum dédié à Cloacine (plus tard désignée sous le nom de Vénus Cloacine) est mentionné par Tite-Live (Histoire romaine, 3, 48, 5) devant les Tabernae Nouae. Il faut sans aucun doute l’identifier avec les traces du soubassement circulaire devant les marches de la basilique Émilienne, encore visible aujourd’hui en bordure de la Via Sacra (ce petit sanctuaire n’est pas représenté sur la maquette de P. Bigot). Ce soubassement de 2,40 m de diamètre est situé à l’endroit où la Cloaca Maxima (le grand égout de Rome) entre sur le Forum. Il date du début de l’époque impériale mais les fouilles en profondeur ont révélé des restes de l’époque républicaine. La principale source utilisée pour la restitution est un denarius (denier) émis par Lucius Mussidius Longus en 42 av. J.-C.

10L’origine du culte est attribuée à Titus Tatius, le chef sabin que Romulus associa à son trône. Le sanctuaire se situerait en effet à l’endroit où Romains et Sabins auraient interrompu leur combat après l’intervention des Sabines et le nom de Cloacine serait dérivé d’un sens du verbe cluere qui signifie « purifier » :

La tradition rapporte que les Romains et les Sabins, ayant voulu combattre à cause de l’enlèvement des femmes, se purifièrent, après avoir déposé les armes, avec des branches de myrte, dans le lieu où se trouvent les statues de Vénus Cloacine. Les anciens disaient en effet cluere pour purgare (Pline l’Ancien, Histoire naturelle, 15, 119).

11La Cloaca Maxima est en fait la canalisation d’un ancien cours d’eau à ciel ouvert, le Vélabre, qui marquait peut-être une frontière entre Romains et Sabins.

Soubassement circulaire du sacellum de Vénus Cloacine au premier plan de l’espace végétalisé.

Restitution virtuelle du sacellum de Vénus Cloacine qui empiète sur la Via Sacra.

3. Temple de Janus Geminus3

12Un petit temple dédié à Janus Geminus, le « Janus double » (aussi appelé Ianus Quirinus), se trouvait sur le Forum romain, juste devant la basilique Émilienne et à proximité immédiate de la curie Julienne. Malgré sa petite taille (il est décrit par Servius, le commentateur de Virgile, comme un sacrarium et par Ovide, dans Les Fastes, 1,99, comme un sacellum), ce temple est symboliquement le plus important des édifices consacrés à Janus dans la Rome antique : en temps de paix, ses deux portes sont fermées alors qu’elles sont ouvertes en temps de guerre.

13Nous avons deux sources principales à notre disposition pour comprendre ce temple : des monnaies d’époque néronienne et un texte de Procope. Le texte de Procope est essentiel car c’est lui qui nous donne les clés de compréhension de l’édifice :

Le temple [de Janus] est dans la place publique vis-à-vis du Sénat. Ce temple est de bronze, d’une figure carrée, et n’a que la hauteur qui est nécessaire pour contenir la statue de ce Dieu, laquelle est haute de cinq coudées, et est toute semblable à celle d’un homme ordinaire, excepté qu’elle a deux visages, dont l’un est tourné du côté d’Orient, et l’autre du côté d’Occident. Il y a sur deux côtés deux portes de bronze, que les Anciens fermaient pendant la paix, et ouvraient pendant la guerre (Guerres de Justinien, 5, 25, 3).

14Tous les éléments sont là. On apprend tout d’abord que le temple est juste assez grand pour contenir une statue de Janus de cinq coudées, ce qui correspond sensiblement à 2,30 m. Ensuite, Procope nous dit que le temple est en bronze. Il faut probablement comprendre que l’intérieur du temple était couvert de plaques de bronze, ce qui devait donner une sensation de lumière irradiante dès qu’une flamme était allumée au sein de l’espace sacré. Le fait de tapisser ainsi l’intérieur d’un temple était déjà connu dans le monde grec. Pausanias parle par exemple d’un temple d’Athéna à Sparte, qui serait décoré de la même manière (Description de la Grèce, 10, 5, 11). L’influence de ce type de décor est probablement à rechercher encore plus loin, vraisemblablement au Proche-Orient.

15Les restes du temple sont aujourd’hui peu visibles car recouverts par la végétation : nous suivons l’hypothèse (qui n’est pas unanimement acceptée) que le temple de Janus Geminus correspond aux restes de fondations (6,5 m x 5 m) qui se trouvent en bordure de la Via Sacra à l’extrémité sud-ouest de la basilique Émilienne. Cette localisation correspond bien aux textes, situant ce temple entre la curie Julienne et la basilique Émilienne et au débouché de l’Argilète sur le Forum (ancienne voie de communication qui passait entre la curie Julienne et la basilique Émilienne). Tout en gardant sa forme et sa place itiniales, l’édifice fut probablement plusieurs fois restauré de l’époque archaïque jusqu’au VI^e siècle apr. J.-C.

16Ce temple de Janus n’est pas représenté sur la maquette de P. Bigot.

Soubassement du temple de Janus Geminus.

Restitution virtuelle du temple de Janus Geminus qui empiète sur la Via Sacra et qui est accolé à la basilique Émilienne.

Restitution virtuelle de l’intérieur du temple de Janus Geminus.

4. Curie Julienne4

17La curie Julienne, qui était le siège du Sénat, est un édifice de plan rectangulaire dont le parement de briques aujourd’hui visible était autrefois recouvert de stuc avec des faux-joints, imitant une construction en pierre. La première curie, la Curia Hostilia, construite par le roi Tullus Hostilius sur le Comitium, fut agrandie en 80 av. J.-C. par le dictateur Sylla. César déplaça et agrandit l’ancienne curie ; il l’orienta en fonction de son nouveau forum. Octavien en acheva la construction et l’inaugura en 29 av. J.-C. Au cours de son histoire, elle subit plusieurs restaurations : sous Domitien en 94 apr. J.-C. ainsi que sous Dioclétien, suite à l’incendie de Carin survenu en 283 apr. J.-C. L’édifice que l’on voit aujourd’hui est celui de la restauration de Dioclétien : il nous est parvenu avec des structures presque intactes. La curie Julienne fut transformée en l’église Sant’Adriano al Foro par le pape Honorius I^er à partir du VII^e siècle apr. J.-C. Sa façade était précédée d’un portique et percée de trois larges fenêtres. Sa porte en bronze est une copie de l’originale, transportée à Saint-Jean-de-Latran par Alexandre VII au XVII^e siècle. La curie Julienne se présente sous forme d’une grande salle de 18 m sur 27 m. Elle atteint 21 m de haut et les murs intérieurs, autrefois plaqués de marbre, sont nus si on excepte les niches encadrées d’albâtre qui étaient destinées à recevoir des statues. Le long de la salle, se trouvaient trois larges rangées de gradins destinés à recevoir les sièges curules des sénateurs.

Curie Julienne, conservée sur toute son élévation.

Curie Julienne sur la maquette de Paul Bigot.

Restitution virtuelle de la curie Julienne avec son portique en façade.

5. Prison Mamertine et escalier des Gémonies5

18Contraint de faire face à l’accroissement de la population, le roi Ancus Marcius (seconde moitié du VII^e siècle av. J.-C. selon la tradition) dut faire construire une prison (carcer). De l’église San Giuseppe dei Falegnami (Saint-Joseph-des-Charpentiers), un escalier moderne conduit à l’édifice antique dont la façade en travertin date du début de l’époque impériale. Derrière, on trouve une façade plus ancienne.

19La cellule supérieure de la prison est une pièce trapézoïdale voûtée. Ses côtés mesurent environ 5 m sur 3 m. La cellule inférieure, le tullianum, est entièrement construite en blocs de péperin, assemblés sans mortier. Une ouverture de 70 cm de diamètre, encore visible aujourd’hui, la relie à la cellule supérieure. En l’absence de porte, c’est par ce trou que les condamnés étaient descendus dans le cachot.

20La prison jouxte l’escalier des Gémonies qu’empruntaient les condamnés à mort pour haute trahison avant d’être jetés de la roche Tarpéienne. Sur la maquette de P. Bigot, les escaliers des Gémonies sont représentés à droite de la prison, sur la maquette virtuelle ils sont représentés à gauche (sensiblement à l’emplacement des escaliers actuels qui conduisent du Forum jusqu’au Capitole).

21D’illustres personnages périrent ici comme Jugurtha, en 104 av. J.-C., pendant que Marius défilait sur le Forum avec son cortège. Notons l’humour de Jugurtha, qui, une fois précipité par ses bourreaux dans le tullianum, leur dit : « Comme votre bain est froid, Romains ! » En 63 av. J.-C., les conjurés, amis de Catilina, y furent étranglés. En 46 av. J.-C., Vercingétorix y fut également étranglé après le triomphe de César. La prison ne se composait pas seulement des deux cachots décrits. Au-delà, sur la pente du Capitole, il y avait d’autres pièces que l’on nomme les lautumiae. La prison était encore en activité dans la dernière moitié du IV^e siècle apr. J.-C. C’est au Moyen Âge qu’elle prit le nom de prison Mamertine.

Prison Mamertine.

Prison Mamertine sur la maquette de Paul Bigot.

Restitution virtuelle de la prison Mamertine, à droite de l’escalier des Gémonies et au pied de la roche Tarpéienne.

6. Temple de la Concorde6

22Le temple de la Concorde fut probablement élevé en 367 av. J.-C. par le dictateur Camille à la suite de la promulgation des lois Liciniennes (leges Liciniae-Sextiae). Celles-ci, en leur accordant des droits égaux pour l’accession au consulat, mettaient fin aux rivalités entre patriciens et plébéiens qui s’affrontaient depuis le début du V^e siècle av. J.-C.

23On ignore la date de sa dédicace, mais on sait que le temple de la Concorde fut restauré deux fois. La première restauration est due au consul Lucius Opimius en 121 av. J.-C., après la défaite et la mort de Caius Gracchus. La seconde, effectuée par Tibère sous Auguste, entre 7 av. J.-C. et 10 apr. J.-C., donna lieu à une nouvelle dédicace de l’édifice. Le temple présentait une caractéristique originale : sa cella était plus large que profonde (45 m sur 24 m). C’est ce que l’on appelle une cella barlongue. L’entrée se trouvait donc sur le long côté du temple et elle se présentait sous la forme d’une colonnade hexastyle à chapiteaux corinthiens.

24Les nombreuses œuvres d’art qui s’y trouvaient, principalement des statues grecques, en faisaient un véritable musée. Le Sénat se réunissait parfois dans ce temple où il condamna à mort Séjan en 31 apr. J.-C. Le temple de la Concorde est surtout connu comme le lieu où Cicéron prononça sa quatrième catilinaire en 63 av. J.-C. Par ses talents d’orateur, il obtint du Sénat la condamnation et l’exécution immédiate de Catilina et de ses complices dans la prison voisine. Il reste aujourd’hui peu de choses de ce temple si ce n’est une grande partie de son soubassement.

Au premier plan, soubassement du temple de la Concorde.

Temple de la Concorde sur la maquette de Paul Bigot, avec le temple de Vespasien à gauche.

Restitution virtuelle du temple de la Concorde, avec l’escalier des Gémonies et le temple de Junon Moneta à droite.

7. Temple de Vespasien7

25Ce temple fut élevé en l’honneur de l’empereur Vespasien divinisé par son fils Titus. À la mort de Titus, le temple n’étant pas achevé, c’est son frère, Domitien, qui prit la relève et le termina. Il est situé entre le temple de la Concorde et le portique des Dei Consentes. Long de 33 m et large de 22 m, le temple de Vespasien présentait un pronaos de six colonnes (hexastyle) auquel on accédait par un large escalier. On voit encore aujourd’hui trois colonnes corinthiennes, avec les restes d’une inscription, à l’angle nord-ouest. Ces colonnes, de 1,57 m de diamètre, mesurent 15 m de haut. Un fragment de frise conservé représente des instruments de sacrifice.

26À l’intérieur du temple, au fond de la cella, s’élevait un piédestal destiné à recevoir les statues de Vespasien et de Titus divinisés. Les murs étaient sans doute en blocs de travertin. D’après ce qui subsiste, on peut dire que ces vestiges appartiennent à la construction originelle : les restaurations de Septime Sévère et de Caracalla ont dû être assez modestes. Le temple de Vespasien a pu être identifié avec certitude grâce à sa dédicace aujourd’hui très fragmentaire mais encore intacte au VIII^e siècle et transcrite par un pèlerin :

DIVO VESPASIANO AVGVSTO S(ENATVS) P(OPVLVS)Q(VE) R(OMANVS) / IMP(ERATORES) CAESS(ARES) SEVERVS ET ANTONINVS / PII FELIC(ES) AVGG(VSTI) RESTITVER(VNT) (CIL, 6, 938)
Au divin Vespasien Auguste, le Sénat et le peuple romain. Les empereurs César Sévère et Antonin, pieux et bienheureux Augustes, ont restauré [ce temple].

Chapiteaux et entablement des colonnes du temple de Vespasien encore debout.

Temple de Vespasien sur la maquette de Paul Bigot, à gauche du temple de la Concorde.

Restitution virtuelle du temple de Vespasien au centre, avec le temple de la Concorde à droite et le temple de Saturne à gauche.

8. Portique des Dei Consentes8

27Le portique des Dei (ou Dii) Consentes (les dieux conseillers) est situé dans la partie occidentale du Forum romain, près du Capitole, entre le temple de Vespasien et le temple de Saturne.

28Nous savons par Varron (I^er siècle av. J.-C.) qu’à côté du Forum se trouvaient les douze statues des Dei Consentes (Économie rurale, 1, 1, 4). Dans un autre passage de Varron (La langue latine, 8, 71), nous trouvons l’appellation « Aedes Deum Consentium » (temple des Dei Consentes) qui est la seule mention de cet édifice dans la littérature ancienne. L’appellation « portique » est une création de la littérature moderne.

29La construction ici représentée date probablement de l’époque flavienne (fin du I^er siècle apr. J.-C.). Elle fut restaurée en 367 apr. J.-C. par le préfet de Rome, Vettius Agorius Praetextatus, qui fut l’un des derniers défenseurs du paganisme. Cette restauration est rappelée par une inscription située sur l’architrave. L’édifice était formé de huit chambres disposées en deux files formant un angle très ouvert. La première file de cinq chambres s’adosse au Cliuus Capitolinus (la rue en pente qui relie le Forum romain au Capitole), la seconde, de trois chambres, s’adosse au Tabularium. Devant ces chambres se trouvait un portique de colonnes à chapiteaux corinthiens. Les colonnes étaient en marbre cipolin. Il est probable que les chambres contenaient les statues des Dei Consentes qui n’étaient autres que les douze grands dieux olympiens : Jupiter et Junon, Neptune et Minerve, Mars et Vénus, Apollon et Diane, Vulcain et Vesta, Mercure et Cérès. La plupart des chambres devaient donc contenir deux statues. Le portique reposait sur une plate-forme qui comportait au niveau inférieur sept autres chambres s’ouvrant vers le temple de Vespasien et en partie masquées par son podium. Les seuils en marbre, le pavement de mosaïque, les murs recouverts de stuc peint sont l’indication d’une construction soignée dont il reste aujourd’hui quelques beaux vestiges.

Portique des Dei Consentes.

Portique des Dei Consentes, au centre, sur la maquette de Paul Bigot.

Restitution virtuelle du portique des Dei Consentes, avec le temple de Vespasien à droite et le temple de Vénus Victrix en position dominante.

9. Temple de Saturne9

30À l’est du portique des Dei Consentes, le temple de Saturne est un des plus anciens temples du Forum romain. Sa construction débuta probablement pendant la période royale sous Tarquin le Superbe (fin du VI^e siècle av. J.-C.), mais il ne fut inauguré qu’au début de la République, vers 498 av. J.-C. Ce temple, dédié à Saturne qui passait pour avoir enseigné aux Romains l’art de cultiver la terre, fut construit à l’emplacement d’un très ancien autel, attaché par la légende au culte du dieu fondateur de la ville mythique de Saturnia (Virgile, Énéide, 8, 358). Le culte de Saturne s’est maintenu jusqu’à la fin de l’Empire.

31Le Trésor public, l’Aerarium, installé dans le temple de Saturne était sous la responsabilité des questeurs. Il renfermait aussi les plaques portant le texte des lois, les enseignes militaires. Il semblerait que les questeurs y prêtaient serment avant d’entrer en charge.

32Ce temple était hexastyle prostyle. Il fut restauré plusieurs fois sous la République : en 42 av. J.-C., Lucius Munatius Plancus le refit entièrement. Le podium en blocage revêtu de travertin, haut de 5 m, large de 22 m et long de 38 m, remonte à cette restauration.

33Les colonnes encore visibles aujourd’hui datent d’une restauration très tardive, probablement de la fin du IV^e siècle apr. J.-C., (entre les empereurs Julien et Eugène). Elles sont lisses, en granite gris sur la façade, en granite rose sur les côtés. Avec leurs bases et leurs chapiteaux ioniques de marbre blanc, elles mesurent environ 11,70 m (40 pieds). Cette reconstruction eut lieu à la suite d’un incendie comme l’indique l’inscription sur la frise de la façade. Il s’agit d’une des interventions les plus tardives sur un temple païen et elle correspond à l’époque où Macrobe écrit les Saturnales (vers 380 apr. J.-C.).

Temple de Saturne, avec la basilique Julienne sur la gauche.

Temple de Saturne sur la maquette de Paul Bigot, avec la basilique Julienne sur la gauche et le temple de la Concorde au premier plan à droite.

Restitution virtuelle du temple de Saturne, avec la basilique Julienne à gauche et le temple de Vespasien à droite.

10. Arc de Septime Sévère10

34L’arc de Septime Sévère, parfaitement conservé aujourd’hui, se trouve entre la curie Julienne et les rostres d’Auguste. Il se dresse au-dessus de la Via Sacra, à quelques mètres seulement du Lapis Niger (la Pierre noire : emplacement d’un sanctuaire archaïque enfoui sous terre, peut-être lié à la disparition de Romulus, marqué par un dallage en marbre noir entouré d’un parapet en marbre blanc). L’inscription de l’attique permet de dater la construction de cet arc en 203 apr. J.-C.

35Il se présente avec trois baies et mesure 21 m de haut, 23,50 m de large et 11,20 m de profondeur. L’arc est construit en briques et en travertin mais extérieurement, seul le revêtement de marbre est visible. On s’attardera surtout sur les quatre reliefs disposés au-dessus des baies latérales qui représentent les guerres menées contre les Parthes. On reconnaît aussi deux représentations du dieu Mars sur les clés de voûte de la baie principale.

36L’arc a disparu sur la maquette de P. Bigot.

Arc de Septime Sévère, vu côté Forum romain.

Arc de Septime Sévère, vu côté Capitole.

11. Rostres d’Auguste11

37Les rostres sont l’appellation que l’on donna en 338 av. J.-C. à une tribune qui servait aux magistrats et aux orateurs pour haranguer la foule. Cette année-là, les Romains avaient attaqué la flotte d’Antium et avaient enlevé les éperons, les rostra, des vaisseaux pris à l’ennemi. Ce sont ces rostres qui ornèrent le devant de la tribune et qui lui donnèrent son nom.

38La tribune, à l’origine en arc de cercle, bordait le Comitium. C’est César, en 44 av. J.-C., qui transporta les rostres à l’extrémité ouest du Forum romain, devant le temple de la Concorde. Une tribune existait certainement avant, mais on ignore la date précise de sa construction, située généralement au début de la République. La tribune était une plate-forme construite en blocs de tuf revêtus de marbre. Elle mesurait 23 m de long sur 10 m de large et elle s’élevait à 3 m de haut. On y accédait par un escalier en arc de cercle situé côté Capitole. Elle était fermée côté Forum par une balustrade interrompue au centre, là où se tenait l’orateur pour haranguer la foule.

39Les rostres furent plusieurs fois restaurés, notamment sous Hadrien et sous Septime Sévère. Durant la période impériale, ils reçurent le nom de Rostra Vetera pour les différencier des rostres situés face au temple de César divinisé. Une partie du monument impérial est encore visible et notamment les trous d’ancrage qui permettaient de fixer les éperons. C’est sur la tribune des rostres que l’on déposa le cadavre de César pour la veillée funèbre, devant le peuple rassemblé sur le Forum, et que furent exposées les mains et la tête de Cicéron, sur l’ordre d’Antoine, en 43 av. J.-C.

Rostres d’Auguste, avec les encastrements pour les éperons de navires.

Emplacement des rostres d’Auguste sur la maquette de Paul Bigot.

Restitution virtuelle des rostres d’Auguste, à gauche de l’arc de Septime Sévère.

12. Vmbilicus Vrbis Romae12

40L’Vmbilicus Vrbis Romae se trouve sur le Forum romain, à l’arrière des rostres d’Auguste. Il s’agit du nombril de la ville de Rome, donc de son centre symbolique. L’édifice tel qu’on le découvre dans le modèle virtuel, de même que la base qui est encore visible à Rome aujourd’hui, datent tous deux de l’époque des Sévères, une dynastie d’empereurs qui a régné sur Rome entre 193 et 235 apr. J.-C. L’original, qui était bien plus ancien, avait probablement souffert au moment de la construction de l’arc de Septime Sévère. On pense donc que cet édicule a été restauré une fois l’arc terminé. L’Vmbilicus Vrbis Romae fait pendant au Milliaire d’or, une borne qui marque le kilomètre zéro des routes romaines et qui se trouve de l’autre côté des rostres d’Auguste.

41L’Vmbilicus a disparu sur la maquette de P. Bigot.

Au premier plan à gauche, base circulaire de l’Vmbilicus Vrbis Romae, avec les marches d’accès aux rostres d’Auguste à droite.

Restitution virtuelle de l’Vmbilicus Vrbis Romae au premier plan, à l’arrière des rostres d’Auguste. En arrière-plan, le Milliaire d’or.

13. Milliaire d’or13

42Le Milliaire d’or se trouve sur le Forum romain, à l’arrière des rostres d’Auguste, du côté du temple de Saturne. Érigé par Auguste, il répond à l’Vmbilicus Vrbis Romae qui marque le centre de l’Empire romain et qui est situé lui-aussi à l’arrière des rostres, mais du côté de l’arc de Septime Sévère. Sa fonction était de servir de point zéro pour les distances des routes romaines. Le Milliaire d’or se présente sous la forme d’une colonne revêtue de bronze, placée sur une base en marbre blanc.

43Le Milliaire d’or a disparu sur la maquette de P. Bigot.

Restitution virtuelle du Milliaire d’or au premier plan, à l’arrière des rostres d’Auguste.

14. Arc de Tibère et Schola Xanthi14

44L’arc de Tibère se trouve devant la basilique Julienne, à proximité du temple de Saturne et de la Schola Xanthi. Il a été construit pour célébrer le succès d’une campagne militaire menée par Germanicus afin de récupérer les enseignes perdues par les légions à la bataille de Teutobourg.

45La construction de l’arc de Tibère est liée à une des défaites les plus importantes que connut l’armée romaine. En 9 apr. J.-C., Varus perdit trois légions contre les Germains à la bataille de Teutobourg et les enseignes romaines restèrent sur place. Devant cette humiliation, Germanicus dirigea quelques années plus tard une expédition visant à enterrer les morts et à récupérer les enseignes. D’après Tacite, l’arc de Tibère a été construit une fois l’expédition terminée :

À la fin de l’année, on dédie un arc près du Temple de Saturne en l’honneur des enseignes perdues avec Varus mais reprises sous le commandement de Germanicus et sous les auspices de Tibère (Annales, 2, 41, 1).

46Cet arc, bien attesté par les sources littéraires, n’a laissé que peu de traces à Rome. La principale source d’information pour la restitution est sa représentation sur un bas-relief de l’arc de Constantin.

47La Schola Xanthi se trouve sur le côté ouest du Forum romain, entre l’arc de Tibère et les rostres d’Auguste. C’est une petite structure de 6,03 m sur 4,45 m, qui n’est pas mentionnée dans les sources littéraires mais qui a pu être identifiée grâce à l’inscription Schola Xanthi, mise au jour sur l’entablement. Le bâtiment, dont on peut encore observer aujourd’hui la trace au sol, était recouvert de plaques de marbre.

48L’arc de Tibère et la Schola Xanthi ont disparu sur la maquette de P. Bigot.

Restitution virtuelle de l’arc de Tibère, avec la basilique Julienne à gauche et la Schola Xanthi à droite. En arrière-plan, le temple de Saturne.

15. Colonne de Dioclétien15

49La colonne de Dioclétien est la même que celle que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de « colonne de Phocas ». C’est une colonne de marbre blanc cannelée, portant un chapiteau corinthien, qui mesure 13,60 m de haut. Elle se trouve devant les rostres d’Auguste. Elle est identifiée comme étant la colonne de Phocas en raison de l’inscription qui se trouve sur sa base (CIL, 6, 1200). En réalité, celle-ci a pris la place d’une inscription plus ancienne, malheureusement perdue. La construction de la colonne laisse penser qu’elle serait en réalité contemporaine des colonnes honorifiques placées par Dioclétien devant la façade de la basilique Julienne.

50La colonne de Dioclétien n’est pas représentée sur la maquette de P. Bigot.

Restitution virtuelle de la colonne de Dioclétien.

16. Basilique Julienne16

51La basilique Julienne est l’une des deux basiliques qui bordent le Forum romain. C’est un espace civique destiné d’une part au traitement des affaires, quand ces dernières ne pouvaient pas être traitées sur le Forum en raison des conditions climatiques, et d’autre part un lieu dans lequel on rendait la justice.

52Située à l’emplacement des Tabernae Veteres (vieilles boutiques) et de l’ancienne Basilica Sempronia, construite en 169 av. J.-C. par le père des Gracques, Tiberius Sempronius Gracchus, la basilique Julienne fut construite par César, qui lui donna le nom de sa famille, en 54 av. J.-C. Bien qu’inachevée, elle fut inaugurée en 46 av. J.-C. et Auguste termina sa construction. Cet édifice, qui se trouve entre le temple de Saturne et celui de Castor et Pollux, servait de lieu pour rendre la justice. C’était aussi un centre de réunions et d’affaires. Comme de nombreux monuments du Forum romain, la basilique Julienne fut détruite en 14 av. J.-C. par un incendie. À la suite de cette destruction, elle fut refaite par Auguste qui la dédia en 12 apr. J.-C. au nom de ses fils adoptifs, Caius et Lucius. La basilique s’agrandit, mais conserva le même plan. Elle fut à nouveau endommagée par l’incendie de Carin en 283 apr. J.-C. On doit sa reconstruction à Dioclétien. La basilique Julienne, surélevée de quelques marches, se présentait comme un grand rectangle, long de 101 m et large de 49 m. Elle était donc plus vaste que la basilique Émilienne. Un portique à arcades formé de piliers quadrangulaires – 18 sur les longs côtés, 8 sur les petits côtés – entourait l’édifice. Près des arcades on pouvait voir des statues de grands sculpteurs grecs tels que Praxitèle et Polyclète.

53Elle comportait une salle centrale de 75 m sur 16 m, entourée de deux portiques concentriques. Cette salle assurait la fonction de Cour de justice : elle pouvait être divisée en quatre tribunaux, mais lors des grands procès, on pouvait employer la salle entière. La foule assistait à ces procès, assemblée dans les galeries de l’étage supérieur qui dominaient la nef centrale et qui étaient ornées d’une colonnade. Cette basilique abritait le tribunal des centum uiri, chargé de régler les causes civiles. Les nefs latérales, à deux étages, étaient couvertes par des voûtes décorées de stuc. Les oisifs s’y promenaient. Les sols étaient ornés de marbre : la nef centrale de marbre coloré, les nefs latérales de marbre blanc. Comme dans beaucoup de monuments antiques, on trouve des jeux gravés sur ses marches.

54Au XV^e et au XVIII^e siècles, la basilique Julienne fut utilisée comme carrière. Peu de vestiges nous sont parvenus : il n’en reste que les fondations et quelques arcades intérieures. On voit aussi plusieurs des pilastres qui, autrefois en travertin, furent reconstruits en briques au siècle dernier afin de visualiser plus précisément le plan de la basilique.

Basilique Julienne.

Basilique Julienne, au centre, sur la maquette de Paul Bigot. À gauche, le temple de Castor et Pollux, à droite, le temple de Saturne.

Restitution virtuelle de la basilique Julienne en arrière-plan, avec la colonne de Dioclétien et la statue équestre de Constantin au premier plan.

Restitution virtuelle de l’intérieur de la basilique Julienne.

17. Statue de Constantin

55Le Régionnaire de Rome mentionne la présence d’un Equus Constantini dans la région VIII, qui correspond au Forum romain. Un piédestal a en effet été mis au jour sur la partie centrale du Forum, et l’inscription portant l’indication d’une dédicace à Constantin de la part du préfet de la ville, Anicius Paulinus Junior, pourrait avoir appartenu à cette statue (CIL, 6, 1141). C’est du moins l’hypothèse retenue pour la restitution virtuelle bien que la mise en place de cette statue ne date que de 334 apr. J.-C. La tête de Constantin a été modélisée d’après la tête de la statue qui se trouvait à l’origine dans la basilique de Maxence et Constantin et qui est désormais conservée aux musées du Capitole.

56La statue de Constantin n’est pas représentée sur la maquette de P. Bigot.

Restitution virtuelle de la statue équestre de Constantin.

18. Rostres de Dioclétien17

57Les rostres de Dioclétien répondent aux rostres d’Auguste sur le côté sud-est du Forum romain. Ils se trouvent devant le temple à César divinisé, en face du temple de Castor et Pollux. L’identification des restes archéologiques a été longuement discutée et nombre d’hypothèses ont été émises, avant que celle d’une seconde tribune comparable aux rostres d’Auguste ne soit retenue. Ces rostres qui mesurent 30 m de long, 12 m de large et qui sont hauts de 3,90 m auraient été construits sous Dioclétien.

58Les rostres de Dioclétien ne sont pas représentés sur la maquette de P. Bigot.

Emplacement des rostres de Dioclétien sur le Forum romain.

Restitution virtuelle des rostres de Dioclétien, avec le temple de César divinisé en arrière-plan.

19. Temple de Castor et Pollux18

59Le temple de Castor et Pollux se trouve sur le Forum romain, entre la basilique Julienne et le temple de Vesta. Dans l’Antiquité ce temple était surtout connu sous le nom de « temple de Castor ». D’après Tite-Live, lors de la bataille du lac Régille en 499 av. J.-C., le dictateur Aulus Postumius Albus « n’oubliant aucune des ressources que pouvaient lui offrir les dieux et les hommes voua, dit-on, un Temple à Castor » (Histoire romaine, 2, 20, 12). Denys d’Halicarnasse donne une vision plus « étrange » avec l’apparition de deux cavaliers mystérieux sur le champ de bataille, puis le soir même à Rome où ils firent boire leurs chevaux à la fontaine de Juturne :

On dit que dans cette bataille deux cavaliers d’une grande beauté, d’une taille au-dessus de l’ordinaire, et dans la fleur de leur jeunesse, apparurent au dictateur Postumius et à toutes les troupes qui suivaient ses enseignes ; qu’ils marchaient devant la cavalerie romaine, frappaient à coups de lances et mettaient en fuite tous les Latins qui se présentaient au combat. On ajoute qu’après la déroute des Latins et la prise de leur camp, le combat étant déjà fini, deux jeunes gens d’une taille majestueuse, d’une beauté surprenante, et de même âge que ceux qui avaient apparu à Postumius, se montrèrent aussi sur le soir dans la place publique de Rome, qu’ils étaient en habit de guerriers, et que leur mine fière et menaçante et leurs chevaux encore tout en sueur faisaient connaître qu’ils venaient du combat ; que tous deux mirent pied à terre et se lavèrent dans l’eau d’une fontaine qui sort d’auprès le temple de Vesta et qui forme un petit bassin assez profond, qu’une foule de citoyens qui les environnait leur ayant demandé s’ils avaient quelque nouvelle du camp, ils racontèrent comment le combat s’était passé, et annoncèrent la nouvelle de la victoire des Romains, qu’après cela ils sortirent de la place publique, et qu’on ne les revit plus, quelque recherche qu’en fît le gouverneur qui était resté à Rome. Le lendemain les magistrats reçurent des lettres du dictateur qui leur marquait entre autres circonstances de la bataille l’apparition de ces divinités. Sur son récit, ils crurent avec quelque fondement que c’étaient les mêmes qu’ils avaient vues et que ce devait être Castor et Pollux (Antiquités romaines, 6, 13).

60Toujours est-il que le temple aurait été dédié par le fils de Postumius en 484 av. J.-C. Le temple s’élevait sur un soubassement d’environ 50 m de long et 30 m de large. Il subit plusieurs restaurations dont les plus importantes sont celle de 117 av. J.-C., entreprise par le consul Lucius Caecilius Metellus Dalmaticus, avec le butin de la guerre de Dalmatie, et celle de l’an 6 de notre ère, effectuée par Tibère, après l’incendie de 14 av. J.-C., avec les dépouilles des Germains. Ce dernier en fit une nouvelle dédicace au nom de son frère Drusus et en son nom propre. Ce qui nous est parvenu du temple appartient aux différentes restaurations. Le grand podium provient de celle de 117 av. J.-C. et les trois colonnes corinthiennes de marbre pentélique, de la reconstruction de Tibère. À l’origine, huit colonnes hautes de 12,50 m se dressaient en façade du temple et onze sur les côtés. Ce temple assumait en outre un rôle politique. Le sénat s’y réunit à plusieurs reprises.

61Le temple renfermait aussi le siège du bureau des poids et mesures et des comptoirs de banquiers qui attestent qu’il s’agissait aussi d’un centre d’affaires. Le temple de Castor et Pollux fut également le lieu de scènes dramatiques : en 88 av. J.-C., Sylla, attaqué par les marianistes s’y réfugia et Clodius fit de même en 58 av. J.-C. pour échapper aux partisans de Cicéron.

Temple de Castor et Pollux sur le Forum romain.

Temple de Castor et Pollux sur la maquette de Paul Bigot.

Restitution virtuelle du temple de Castor et Pollux, avec l’arc d’Auguste au premier plan à gauche.

20. Arc d’Auguste19

62Cet arc à trois baies, situé entre le temple de César divinisé et le temple de Castor et Pollux, a été construit par Auguste après sa victoire sur Antoine et Cléopâtre à Actium. Les restes archéologiques sont maigres mais il est encore possible d’en observer quelques-uns sur place, notamment un morceau de chapiteau corinthien appartenant à l’arche centrale, un fragment de colonne cannelée surmontée d’un chapiteau dorique, appartenant à une des deux arches latérales, et enfin un fragment de frise. Cet arc met essentiellement en avant les qualités militaires d’Auguste. Il exalte la victoire de l’Empire sur une nation aussi riche et prestigieuse que l’Égypte. Peut-être fut-il rapidement transformé ou même reconstruit pour célébrer la victoire d’Auguste contre les Parthes. C’est un sujet délicat qui suscite de multiples discussions entre les spécialistes.

63L’arc a disparu sur la maquette de P. Bigot.

Arc d’Auguste (chapiteau et quelques éléments de frise), avec le temple de Vesta en arrière-plan.

Restitution virtuelle de l’arc d’Auguste, avec le temple de César divinisé à gauche et le temple de Castor et Pollux à droite.

21. Temple de César divinisé20

64La décision de construire le temple de César divinisé fut prise par les triumvirs Octave, Antoine et Lépide en 42 av. J.-C. L’édifice se dresse à l’endroit où César avait été incinéré en 44 av. J.-C., après avoir été assassiné dans la curie de Pompée, au champ de Mars. Achevé par Octave, il ne fut dédicacé qu’en 29 av. J.-C. Ce temple dédié à César divinisé, Diuus Iulius, est le premier exemple à Rome de divinisation post mortem depuis Romulus.

65Le temple de César divinisé était situé dans la partie orientale du Forum romain, non loin du temple de Castor et Pollux. Il occupait en partie l’emplacement d’une vaste construction de la fin de l’époque républicaine et dont on ignore la fonction. On accédait au temple par un escalier placé à chaque angle. De l’édifice même, il ne reste presque rien : nous n’en voyons aujourd’hui que les ruines du soubassement. Le temple était en effet construit sur un podium artificiel élevé, fait de blocage et recouvert de tuf et de travertin. Le temple était hexastyle. Les colonnes étaient cannelées et les chapiteaux étaient corinthiens. On sait aussi grâce à Vitruve (De architectura, 3, 3, 2) qu’il était pycnostyle, c’est-à-dire que l’espace entre chaque colonne égalait l’épaisseur d’une colonne et demie. La frise, dont il reste quelques fragments, était décorée de Victoires. Sur les monnaies où figure le temple, une étoile est représentée sur le fronton : le sidus Iulium (l’astre Julien), une comète apparue dans le ciel au moment de la célébration de jeux en l’honneur de César. Avant la construction de ce monument, on avait élevé à cet endroit une colonne sur laquelle était inscrit : « parenti patriae » (au père de la patrie).

66Dans la cella du temple, se trouvait une statue de César dont la tête était surmontée du sidus Iulium (Ovide, Métamorphoses, 15, 843-851). L’édifice renfermait aussi de nombreuses œuvres d’art, notamment une statue de Vénus, divinité ancestrale de la gens Iulia. Au moment de sa dédicace, y furent placées plusieurs pièces provenant du butin d’Égypte (Cassius Dion, Histoire romaine, 51, 22, 2-3).

67Le côté du podium faisant face au forum comprenait un hémicycle qui abritait un autel rond : celui-ci indique précisément l’endroit où César fut incinéré. L’exèdre fut murée pour des raisons politiques lors de la réfection du temple après l’incendie de 14 av. J.-C. Il semble que sur ce flanc ouest du podium ait été installée une tribune décorée de rostres. On ignore si cette tribuneétait liée organiquement au podium ou s’il s’agissait d’une construction indépendante. La représentation de ce temple sur une monnaie d’Hadrien laisse supposer que celui-ci le restaura. Il fut encore rénové par Septime Sévère, à la suite de l’incendie de Commode qui eut lieu en 191 apr. J.-C.

Au premier plan, soubassement du temple de César divinisé et, en arrière-plan, le temple d’Antonin et Faustine transformé en église.

Au centre, le temple de César divinisé sur la maquette de Paul Bigot.

Restitution virtuelle du temple de César divinisé, avec la basilique Émilienne à gauche et l’arc d’Auguste à droite.

22. Temple d’Antonin et Faustine21

68Le temple d’Antonin et Faustine se trouve sur le Forum romain, en face de la Regia. Il fut d’abord dédié par décret sénatorial à Faustine, l’épouse d’Antonin le Pieux, après sa mort en 141 apr. J.-C. Au décès d’Antonin, en 161 apr. J.-C., le Sénat lui décréta aussi les honneurs divins et le temple lui fut à son tour dédicacé, associant ainsi son nom à celui de son épouse.

69Aujourd’hui, il est toujours possible de voir le pronaos du temple avec ses dix colonnes monolithes (six sur la façade et deux de chaque côté). Ces grandes colonnes en cipolin de 17 m de haut sont surmontées de chapiteaux corinthiens. La frise qui orne l’entablement est décorée de griffons et de candélabres. L’escalier qui permet de rejoindre le pronaos a été restauré à l’époque moderne.

70L’architrave de la façade porte l’inscription de Faustine. Celle d’Antonin, qui constitue la première ligne de la dédicace, fut ajoutée après, sur la frise, au-dessus de celle de Faustine :

DIVO ANTONINO ET / DIVAE FAVSTINAE EX S(ENATVS) C(ONSVLTO) (CIL, 6, 1005)
Au divin Antonin et à la divine Faustine par décret du Sénat.

71Lors de sa transformation en église (l’église San Lorenzo in Miranda) à partir du XI^e siècle, l’intérieur du temple fut entièrement modifié.

Temple d’Antonin et Faustine.

Temple d’Antonin et Faustine sur la maquette de Paul Bigot.

Restitution virtuelle du temple d’Antonin et Faustine, avec la Regia au premier plan à gauche.

23. Regia22

72La Regia est le monument dans lequel le grand pontife officiait. Elle se trouve en face de la Maison des vestales, au dos du temple de César divinisé.

73Construite selon la légende par le deuxième roi de Rome, Numa Pompilius, au VII^e siècle av. J.-C., on raconte qu’elle avait été sa résidence privée. La Regia n’était en fait ni la demeure du rex sacrorum ni celle, plus tard, du grand pontife (pontifex maximus, chef des collèges sacerdotaux), mais leur siège officiel, le lieu dans lequel ils exerçaient leur fonction sacrée. C’est dans la Regia que l’on conservait certaines archives, notamment les actes du collège des pontifes et les annales des principaux événements (les annales maximi).

74Ce petit édifice en marbre tenait une très grande place dans la vie religieuse de la cité, le grand pontife étant la plus haute autorité religieuse. De plus, il était lié fonctionnellement à la Maison des vestales. La Regia renfermait aussi les documents relatifs au calendrier officiel, aux fastes consulaires et triomphaux qui étaient gravés sur le mur extérieur. On y établissait les règles à suivre pour les sacrifices offerts dans les temples et sur les autels. Toutes les activités étaient consignées dans les volumes des libri pontificum.

75Ce monument se composait d’une entrée, d’un portique, d’un sanctuaire dédié à Mars dans lequel étaient conservés les lances et les boucliers du dieu, et enfin d’un sanctuaire à Ops Consiua, la déesse de l’abondance, dans lequel seuls le grand pontife et les vestales pouvaient entrer.

76La Regia subit plusieurs incendies, notamment en 210 av. J.-C. et en 148 av. J.-C. En 36 av. J.-C., elle fut reconstruite, plus petite mais avec un grand luxe, par Cnaeus Domitius Calvinus. Elle brûla à nouveau sous Néron et probablement sous Commode.

Regia avec la Via Sacra sur la gauche.

Regia sur la maquette de Paul Bigot, avec le temple de César divinisé en arrière-plan.

Restitution virtuelle de la Regia.

24. Temple de Vesta23

77Le temple de Vesta est un des plus anciens et des plus importants sanctuaires de Rome. La tradition attribue la construction de ce temple circulaire au deuxième roi de Rome, Numa Pompilius(Denys d’Halicarnasse, Antiquités romaines, 2, 64, 5 sq. ; Plutarque, Vies parallèles, Numa, 2).

78Six prêtresses, les vestales, devaient maintenir le feu sacré perpétuellement allumé, car l’extinction du feu signifiait le malheur pour Rome.

79Le temple se situe à une extrémité de la Maison des vestales, lieu de résidence des prêtresses, dont il faisait partie. C’était un sanctuaire clos, car à l’exception du grand pontife et des vestales, il était interdit d’y pénétrer. Le podium, d’environ 15 m de diamètre, était réalisé en opus caementicium. Le toit, en forme de coupole, était recouvert de tuiles en bronze doré et percé en son centre d’un orifice pour permettre le passage de la fumée. Quant au feu, il brûlait en permanence sur un autel à l’intérieur de la cella. Aucune image de la divinité ne se trouvait dans le temple.

80Gardien du feu sacré, le temple de Vesta fut à plusieurs reprises la proie des flammes : en 390 av. J.-C. lors de l’invasion gauloise, en 241 av. J.-C. et en 14 av. J.-C. L’édifice fut à nouveau endommagé sous Néron, en 64 apr. J.-C. puis sous Commode, en 191 apr. J.-C., date à laquelle il brûla entièrement. On note qu’il échappa à l’incendie de 210 av. J.-C., qui ne toucha pas cette partie du Forum romain, ainsi qu’à celui de Carin (283 apr. J.-C.). Mais en 178 av. J.-C., lors d’un incendie, une vestale laissa le feu s’éteindre : elle fut frappée de verges par le pontife, comme c’était la coutume. Malgré ces nombreux sinistres, les talismans (les sacra), garants de la puissance romaine qui étaient conservés dans la partie la plus secrète du temple (le penus), furent sauvegardés. C’est notamment le cas du Palladium, la statue archaïque de Minerve qui, selon la légende, fut rapportée de Troie par Énée, l’ancêtre des fondateurs de Rome. La localisation du penus Vestae, auquel avaient accès seulement les vestales, n’est pas assurée. Il s’agit peut-être de la cavité rectangulaire retrouvée au centre du podium, accessible seulement depuis la cella. Suite aux nombreux incendies, le temple fut rénové par Néron, Vespasien, puis par Septime Sévère.

81Les vestiges de l’édifice visibles aujourd’hui datent de la dernière restauration, entreprise après l’incendie de 191 apr. J.-C. par Julia Domna, l’épouse de Septime Sévère.

82En 383 apr. J.-C., le décret de Gratien supprima les subventions allouées par l’État et en 394 apr. J.-C., Théodose I^er ferma le temple. Le feu entretenu depuis plus de mille ans s’éteignit.

83Aujourd’hui, même si le toit a disparu, le soubassement circulaire est encore visible, de même qu’une partie de la colonnade qui a été remontée par les archéologues au XX^e siècle. Les chapiteaux corinthiens de cette élévation restaurée sont caractéristiques des édifices liés à Julia Domna. L’escalier en blocage à revêtement de briques est partiellement conservé.

Temple de Vesta.

Temple de Vesta sur la maquette de Paul Bigot.

Restitution virtuelle du temple de Vesta dans lequel brûle la flamme sacrée.

25. Maison des vestales24

84La fondation de la Maison des vestales (l’Atrium Vestae) remonte, selon la légende, à Numa Pompilius, le deuxième roi de Rome, fin VIII^e-début VII^e siècle av. J.-C. La Maison des vestales était d’abord le lieu de résidence des vestales. Ces femmes étaient recrutées très jeunes, entre 6 et 10 ans, dans les familles patriciennes, puis plébéiennes. Leur dignité sacrée était telle qu’elles pouvaient gracier un condamné à mort. Les vestales jouissaient de nombreux privilèges – aisance financière, prestige remarquable, possibilité d’utiliser un char en ville, etc. – qui témoignent de l’importance que leur accordait la cité et qui expliquent la grandeur et le confort du lieu dans lequel elles vivaient durant toute la durée de leur sacerdoce. En contrepartie, les châtiments qu’elles encouraient lorsqu’elles oubliaient leurs devoirs étaient terribles : si elles laissaient s’éteindre le feu sacré du temple de Vesta, elles étaient battues de verges par le grand pontife ; si elles manquaient à leur vœu de chasteté, elles étaient ensevelies vivantes car on ne pouvait verser le sang d’une vestale. Leur sacerdoce durait trente ans : les dix premières années, on leur enseignait leurs devoirs et elles les exerçaient les dix années suivantes. Les dix dernières années étaient consacrées à l’instruction des jeunes.

85L’Atrium Vestae était une grande maison à deux étages avec une cour intérieure rectangulaire, mesurant environ 80 m sur 20 m, au centre de laquelle se trouvaient trois bassins. La Maison des vestales avait une économie parfaitement autonome : on y trouvait en effet un four, un moulin, une cuisine et des bains. Le salon de réception, appelé tablinum, était situé à l’est de l’atrium. Il est possible que cette salle ait abrité une statue du fondateur, le roi Numa Pompilius. Le côté ouest était certainement occupé par un triclinium (salle à manger). À l’étage se trouvaient les chambres des prêtresses ainsi que les bains. Les pièces de cette maison s’organisaient autour de la cour centrale. Les colonnes du rez-de-chaussée étaient en marbre cipolin, celles de l’étage, plus petites, en brèche corallienne. La cour était entourée d’un portique dont il ne reste que de rares fragments. Entre les colonnes du portique étaient exposées les statues des vestales dont on peut voir encore les vestiges avec des inscriptions louant leurs mérites. Cette demeure semble aussi avoir joué le rôle de dépôt pour les documents publics ou privés, y compris les testaments. En 45 av. J.-C., un an avant son assassinat, César aurait remis le sien entre les mains des vestales. Ce fut aussi le cas d’Auguste et de Marc-Aurèle. Cet édifice subit les mêmes incendies que le temple de Vesta. Après l’abandon des cultes païens à la fin du IV^e siècle apr. J.-C., le bâtiment fut investi par les fonctionnaires de la cour impériale, puis par la cour pontificale.

Maison des vestales.

Maison des vestales sur la maquette de Paul Bigot.

Restitution virtuelle de la Maison des vestales.

26. Temple de Romulus25

86Le temple dit « de Romulus » est situé en bordure de la Via Sacra, entre le temple d’Antonin et Faustine et la basilique de Maxence et Constantin. En l’état actuel, il s’agit d’un édifice remarquablement bien conservé. Petit temple circulaire, entièrement construit en briques, surmonté d’une coupole d’un diamètre de 15 m environ, il est flanqué, sur les côtés, de deux salles se terminant par une abside. Le temple est resté intact en grande partie grâce à la transformation en atrium de l’église des Saints Côme et Damien au VI^e siècle. Aujourd’hui on en voit encore la cella centrale caractéristique couverte en coupole, avec une façade en arc, et deux pièces absidales sur les côtés, ainsi que l’ancienne porte en bronze avec sa serrure originale. Les deux salles, qui se terminent par une abside et qui encadrent le bâtiment central, sont précédées chacune de deux colonnes en cipolin. Seules celles de droite sont conservées. La façade concave comprenait quatre niches disposées en deux rangs superposés. La porte centrale est flanquée de deux colonnes de porphyre rouge et une riche corniche de marbre blanc en orne l’entrée.

87Sa construction semble avoir débuté sous Maxence, dans un vaste programme de travaux comprenant également la construction de la basilique qui porte le nom de cet empereur et la réfection du temple de Vénus et de Rome, mais il fut achevé ou modifié sous Constantin comme l’indique une dédicace, actuellement très lacunaire (CIL, 6, 1147), dédiée à ce dernier.

88Le nom traditionnel de « temple de Romulus » vient d’une monnaie frappée par Maxence à l’occasion de la mort de son fils Romulus, encore enfant, en 307 apr. J.-C. Sur cette monnaie apparaît en effet un édifice circulaire couvert par une coupole. Mais d’autres identifications ont été proposées : temple des Pénates, Fanum Vrbis, salle d’audience du préfet de la ville, temple aux divins Maximien, Constance Chlore, Galère et Romulus, temple de la gens Valeria, réfection du temple de Jupiter Stator fondé par Romulus.

Temple de Romulus.

Temple de Romulus sur la maquette de Paul Bigot, avec, au premier plan à droite, la Maison des vestales.

27. Basilique de Maxence et Constantin26

89Dans la Rome antique, les basiliques n’avaient pas de fonction religieuse. Ainsi la basilique de Maxence et Constantin, située à proximité des bureaux de la préfecture urbaine (la Praefectura Vrbis dans le forum de la Paix), abritait les activités judiciaires de la ville à l’époque tardive. Commencée par l’empereur Maxence et achevée par Constantin, elle fut construite dans le but de réaffirmer la puissance et la beauté de Rome. La basilique de Maxence et Constantin fut la dernière des basiliques construites à Rome. C’est pour cette raison qu’elle fut tout d’abord appelée Basilica Noua. Elle remplaça les Horrea Piperataria, magasins de poivre et d’épices, construits par Domitien et incendiés sous Commode en 191 apr. J.-C. Elle se situe en fait sur la Vélia, petite éminence qui sépare le Forum proprement dit de la vallée du Colisée.

90Ce bâtiment de 110 m de long (côté parallèle à la Via Sacra), 65 m de large et 35 m de hauteur, est impressionnant. Véritable apogée de l’architecture romaine, il était formé de trois nefs voûtées avec une abside au fond de la nef centrale. La nef centrale (80 m sur 25 m et d’une hauteur de 35 m) était flanquée de huit colonnes de marbre de Proconnèse, hautes de 14,50 m. La dernière colonne existante fut déplacée par Paul V en 1613 sur la place de Sainte-Marie-Majeure (Piazza di Santa Maria Maggiore) où elle se trouve encore aujourd’hui. Il faut noter que ces colonnes étaient un simple élément décoratif. En effet seuls les piliers en blocage supportaient le poids de l’énorme voûte. Les arcades des deux nefs latérales (seule la nef nord existe encore) étaient hautes de 25 m, larges de 20 m et profondes de 17 m. Le sol était recouvert de marbre coloré. Les murs, percés de niches, étaient en blocage à revêtement de marbre et de stuc.

91À l’origine, l’entrée principale était orientée côté est, vers le temple de Vénus et Rome. Constantin, qui acheva la construction de ce monument après sa victoire sur Maxence au pont Milvius (en 312 apr. J.-C.), en modifia le plan primitif. Il construisit une seconde entrée sur le côté sud (côté Via Sacra), créant ainsi un nouvel axe perspectif, perpendiculaire au premier. Dans l’abside de la nef centrale (face à l’entrée de Maxence) se trouvait une statue assise de Maxence que l’on retailla ensuite avec les traits de Constantin. Il s’agit en fait d’un acrolithe (statue dont seules les parties visibles du corps sont en marbre alors que les vêtements sont en bronze). La tête, retrouvée en 1487 et aujourd’hui conservée dans la cour du palais des Conservateurs, mesure 2,60 m avec le cou. Malgré le tremblement de terre de 1349 qui fit crouler les voûtes de l’édifice, une grande partie de ce monument existe encore.

Basilique de Maxence et Constantin (seules les trois voûtes de la nef latérale nord sont encore debout).

Basilique de Maxence et Constantin sur la maquette de Paul Bigot, avec le temple de Vénus et Rome à droite et le forum de la Paix à gauche.

Restitution virtuelle de l’intérieur de la basilique de Maxence et Constantin, avec la statue de Constantin au fond de la nef centrale.

28. Horrea Vespasiani27

92Les Horrea Vespasiani (les greniers de Vespasien) se trouvent entre la Maison des vestales, la basilique de Maxence et Constantin, et l’arc de Titus. Le monument n’est connu que par une seule source textuelle (Chronographe de 354) qui nous informe que c’est Domitien qui l’a fait construire en même temps que les Horrea Piperataria (les greniers à épices) construits symétriquement de l’autre côté de la Via Sacra et qui furent remplacés au IV^e siècle apr. J.-C. par la basilique de Maxence et Constantin. Toutefois, les restes archéologiques datent uniquement de l’époque de Trajan et d’Hadrien, soit du début du II^e siècle apr. J.-C., avec des traces de réfection à l’époque des Sévères, au début du III^e siècle apr. J.-C.

93Les Horrea Vespasiani ne sont pas représentés clairement sur la maquette de P. Bigot.

Horrea Vespasiani au premier plan, avec l’arc de Titus en arrière-plan.

Restitution virtuelle de l’intérieur des Horrea Vespasiani.