Endurer la Grande Guerre du côté des chevaux
Un exemple de vécus entre imaginaires et pratiques équestres
How Horses Endured the Great War: An Example of Experiences alongside the Imagery surrounding Horses and Equestrian Practices
p. 99-108
Résumés
Les millions de chevaux enrôlés dans la Première Guerre mondiale ont aussi connu de violentes expériences. D’abord fortement stressés par les réquisitions, qui ont représenté un intense bouleversement de leur monde, ils ont ensuite enduré de grosses fatigues, notamment lors des offensives ou des plus grandes batailles, les menant jusqu’à l’épuisement. Se sont ajoutées les multiples souffrances provoquées par les diverses blessures, surtout de harnachement, beaucoup moins de combat. Tout cela a entraîné de forts taux de mortalité, qui auraient provoqué la mort de plus de trois millions de Poilus s’ils les avaient subis. En restituant les émotions, les fatigues, les souffrances et les destins de ces chevaux, il s’agit de se tenir sur le troisième pan de la question équestre, à côté des imaginaires humains et des pratiques concrètes, pour mieux comprendre ceux-ci et mettre en valeur leurs incessantes interactions.
The millions of horses “drafted” during the First World War were also victims of the violence of war. Initially under a great deal of stress during the requisitioning process, which represented a major upheaval in their world, they then had to endure intense fatigue, particularly during offensives or major battles, leading to exhaustion. On top of this there were many different sorts of suffering caused by various injuries, especially due to the way they were harnessed, much less than in battle. All this led to high mortality rates, which would have meant the death of more than three million World War I French soldiers, had they been subjected to the same mortality rates. By evoking the emotions, the fatigue, the suffering and the fate of these horses, we will be looking at a third perspective of the horse question, alongside the imagery surrounding horses and equestrian practices, so as to have better understanding of them and to highlight their interaction.
Extrait
Introduction
1Environ dix millions d’équidés, cent mille chiens, deux cent mille pigeons auraient été enrôlés sur le front ouest pour porter, tirer, guetter, secourir, informer… Les tranchées ont également abrité des milliers d’animaux domestiques ou de ferme, abandonnés par des civils en fuite, et d’animaux sauvages coincés au milieu du front, mais aussi des myriades de rats, de mouches, de poux, attirés par l’aubaine1.
2Parmi les équidés, à côté des mulets et des ânes, minoritaires, les chevaux sont de loin les animaux les plus nombreux. Forts, puissants, rapides, ils sont indispensables à la guerre pour porter les cavaliers, tirer les canons et la plupart des voitures, à tel point que l’empereur Guillaume II déclare, lors d’un discours d’août 1914 : « Nous allons nous défendre jusqu’au dernier souffle de nos hommes et de nos chevaux »2. De fait, l’état des chevaux conditionne le déroulement de la guerre, notamment en 1914, lorsque leur épuisement empêche les Français de prend
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