Sur quelques techniques de construction dans l’Italie normande

1 V. Hugo, Notre-Dame de Paris, Paris, 1967, p. 155.

2 Ibid., p. 136.

3 Même si l’échafaudage est essentiel, voire indispensable pour l’élaboration de tout ouvrage important au Moyen Age, aucune étude systématique des monuments n’a été jusqu’ici entreprise pour reconstituer les techniques utilisées. Voir notre article : G. Coppola, « L’échafaudage au Moyen Âge », Archeologia, n^o 274, décembre 1991, p. 34-41.

4 Sur les tracés des arcs dans les Pouilles médiévales : A. Ambrosi, « Segni lapidari nell’architettura pugliese. Premesse per una classificazione tipologica », Continuità, XVIII, n^o 1, 1984, p. 32-37 ; A. Ambrosi, « Testimonianze sul tracciamento degli archi medievali in terra di Barí e Capitanata », Il modo di costruire (Atti del I Seminario Internazionale), Rome, 1990, p. 79-96.

5 J.P. Adam, L’arte di costruire presse i romani, Milan, 1988, p. 87.

6 Cf. P. Du Colombier, Les chantiers des cathédrales, Paris, 1973, fig. 4, 13, 33 ; G. Binding et N. Nussbaum, Der mittelalterliche Baubetrieb nördlich der Alpen in zeitgenössischen Darstellungen, Darmstadt, 1978, fig. 8, 11, 12, 14, 118, 130, 135, 141, 215, 287 ; J. Gimpel, Les bâtisseurs de cathédrales, Paris, 1980, p. 30, 34, 35, 37, 55, 79, 100, 101, 108.

7 C. Carzya Romano, La Basilicata e la Calabria, Milan, 1988, fig. 28. P. Belli d’Elia, Pouilles romanes, La Pierre-qui-Vire, 1987, fig. 29, 31.

8 Pour les constructions en grand appareil, cette structure n’était pas indispensable dans la mesure où les maçons pouvaient utiliser des échelles ou des plans inclinés pour accéder au sommet des murs. Quand les murs étaient suffisamment larges, les ouvriers pouvaient y circuler, poser les matériaux et les mettre en œuvre. Cf. Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XI^e au XVI^e siècle, 10 vol., Paris, 1858-1868, V, fig. 4, p. 106, dessinant la construction du donjon de Coucy, met en évidence cette technique représentée aussi dans un dessin de la légende de Sainte Barbe de Van Eyck publié dans J. Gimpel, op. cit., p. 97.

9 Chez L.F. Salzman, Building in England down to 1540, Oxford, 1967, p. 319-320, nous trouvons mention dans les comptes de construction de l’utilisation de ces deux systèmes de ligature. À Calais en 1441, on trouve des cordes en fibre pour lier l’échafaudage appe lées en vieil anglais « bastropps », tandis qu’en anglais moderne le terme est « bast ». À Westminster, en 1443, on les payait six deniers « pro vi fadom de bastenrope pro ligacione scafFald ». En 1515, on trouve aussi dans les textes les expressions « bast roppes for scaffoldying » à Londres et « baston ropes for scafoldys » à Oxford ; en 1553, à Hampton Court, « bast ropes for the scaffald makers ». Avant le XV^e siècle, on liait le plus souvent les échafaudages avec l’autre système. À Westminster, par exemple, des branches flexibles de saule et de chêne étaient utilisées pour construire les échafaudages et coûtaient, en 1290 et en 1324, 3 sous 4 deniers le millier. Mais le prix était double en 1361.

10 L.F. Salzman, op. cit., p. 320.

11 Manuscrit 9068 (fol. 289) de la Bibliothèque Royale de Bruxelles. Cf. R. Recht (sous la direction de), Les bâtisseurs des cathédrales gothiques (Catalogue de l’exposition présentée à Strasbourg du 3 septembre au 26 novembre 1989), p. 26.

12 Ibid., p. 336-337 ; p. 27. La Bibliothèque de Cassel possède l’enluminure de 1385 dans le manuscrit Théol. 4 (fol. 28). L’enluminure du manuscrit Ludwig de 1515 est conservée au Musée Getty à Malibu.

13 L’iconographie médiévale confirme l’utilisation fréquente de ce type d’échafaudage, G. Binding et N. Nussbaum, op. cit., fig. 99, 130, 147, 148, 150.

14 La restauration de l’église de Saint-Céneri-le-Gérei (Orne), datant du XII^e siècle, nous a permis cette constatation. Nous remercions vivement M. Michel Clément, tailleur de pierre des monuments historiques, pour ses précieuses informations.

15 G. Coppola, op. cit., p. 41.

16 E. Bertaux, L’art dans l’Italie méridionale, Rome, 1968, p. 326-327 ; C. Garzya Romano, op. cit., p. 75-100 ; C. Ciotta, « La cattedrale di Acerenza », Storia e Architettura, VI, 1983, p. 13-28.

17 R. Pernoud, « Comment on construisait une église ? », Histoire générale des Églises de France, Belgique, Luxembourg, Suisse, Paris, 1966. À la page 153 l’auteur affirme : « Normalement, c’est par le chœur, le chevet, que l’on commence l’édifice, c’est-à-dire par son extrémité orientale, car ce chœur doit être placé à l’est ; il s’agit là d’un usage général auquel on ne déroge que rarement. »

18 D. Kimpel, « Le développement de la taille en série dans l’architecture médiévale et son rôle dans l’histoire économique », Bulletin Monumental, tome 135, III, Paris, 1977, p. 197 ; « L’organisation de la taille des pierres sur les grands chantiers d’églises du XI^e au XIII^e siècle », Pierre et métal dans le bâtiment au Moyen Âge, éd. O. Chapelot et P. Benoît, Paris, 1985, p. 211 ; « La sociogenèse de l’architecte moderne », Artistes, artisans et production artistique au Moyen Âge, éd. X. Barrai I Altet), t. I, Paris, 1986, p. 140, photo n^o 5.

19 Pour les monuments cités voir : P. Belli d’Elia, op. cit.

20 L’emploi massif de cette pièce est mentionné dans L.F. Salzman, op. cit., p. 319, pour la construction de l’église de Louth, en Angleterre, en 1509. Pour l’iconographie, voir G. Binding et N. Nussbaum, op. cit., fig. 11, 12, 14, 125, 135.

21 M. D’Onofrio, La cattedrale di Caserta Vecchia, Rome, 1974.

22 E. Bertaux, op. cit., p. 318-325 ; C. Garzya Romano, op. cit., p. 39-74 ; C. Bozzoni, Saggi di architettura medievale. La Trinità di Venosa. Il Duomo di Atri, Rome, 1979.

23 Cf. note 4. On trouvera dans les intéressants articles de A. Ambrosi de nombreux autres exemples concernant le tracé des arcs des époques souabe et angevine.

24 G. Coppola et J.Y. Marin, « Les signes lapidaires sur les monuments de Caen (XI^e-XII^e siècle) », Revue Archéologique de l’Ouest, VII, 1990, p. 101-109. Parmi les différents termes utilisés par les archéologues et les historiens de l’art pour désigner les signes, on note : marque de tâcheron, signe lapidaire, pétroglyphe, glyptographe, marque d’appareillage. Le Centre international de recherche glyptographique de Braine-le-Château en Belgique, qui organise des colloques réguliers depuis une dizaine d’années, emploie le terme de « glyptographe » pour se référer à cet ensemble de signes ; ce terme est repris par certains chercheurs étudiant ce sujet. A notre avis, le terme « signe lapidaire » est celui qui définit le mieux toutes ces représentations gravées sur la pierre.

25 H. Deneux, « Signes lapidaires et épures du XIII^e siècle à la cathédrale de Reims », Bulletin Monumental, 1925, p. 99-130.

26 A. Didron, « Documents sur les artistes du Moyen Âge », Annales Archéologiques, II, 1845, p. 223-236 ; E.E. Viollet-le-Duc, op. cit., t. I, p. 36 ; t. IV, p. 263 ; t. VI, p. 454 ; t. VII, p. 242 ; E. Lefèvre-Pontalis, « Communication sur les signes lapidaires », Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1922, p. 114 ; M. Aubert, « Les marques de tâcherons dans l’église cistercienne d’Ebrach », Bulletin Monumental, 1959, p. 119.

27 P. Belli d’Elia (éd.), Alle sorgenti del románico Puglia XI secolo, Bari, 1975, p. 99-112.

28 P. Belli d’Elia, op. cit., 1987, p. 36 et 347-353.

29 Ibid., p. 357-369.

30 Ibid., p. 243-278.

31 O. Chapelot et P. Benoît (éd.), op. cit., p. 189, fig. 13, 14, 15 ; J.B.A. Lassus, Album de Villard de Honnecourt, Paris, 1976.

32 G. Coppola et J.Y. Marin, op. cit., p. 103-104.

33 En effet, Guillaume de Sens, in ligno et lapide artifex subtilissimus, pendant la reconstruction de la cathédrale de Cantorbéry (1175-1178), prépara les formes (patrons ou panneaux) pour les diverses faces des voussoirs et des piliers. A l’aide de ces panneaux on découpait, par exemple, un claveau avec ses profils et ses reliefs comme modèle des autres claveaux du même type. Le bois était employé pour ces assemblages dont le contour était apte à recevoir le profil définitif du morceau de pierre à tailler. L’art de tracer les « patrons », si caractéristique chez les bâtisseurs gothiques, était donc déjà connu à l’époque romane comme le relate un passage édité par V. Mortet dans son Recueil de textes relatifs à l’histoire de l’architecture et à la condition des architectes en France, au Moyen Âge (XI^e-XII^e siècles), Paris, 1911, p. 211-212. Nous le rappelons à nouveau : Formas quoque ad lapides formandos his conuenerant sculptoribus tradidit, et alia in hunc modum sollicite praeparauit.

34 Sur les fonctions techniques de l’« architecte » voir F. Bucher, Architector : the lodge Books and Sketchbooks of Medieval Architects, New York, 1979 ; P. Du Colombier, op. cit., p. 98-101 ; D. Kimpel, op. cit., 1986, p. 135-149.

35 J. Gimpel, op. cit., p. 92 ; P. Du Colombier, op. cit., p. 72-87.

36 Ce type de remarques a été émis plusieurs fois et, en dernier lieu, par le professeur G. Rocchi, mais il reste malheureusement nécessaire de revenir sur l’aspect destructeur de ces pratiques, bien souvent utilisées encore aujourd’hui. Voir G. Rocchi, « Contrassegni di lapicidi sulle pietre dei palazzi rinascimentali di Firenze : il contributo dell’occhio del conoscitore ad una storia dell’architettura che parta dal manufatto e non dalle sue astratte rappresentazioni », Rilievi, disegni, indagini per la conoscenza dell’architettura, Rome, 1986, p. 27.

37 J.C. Bessac, L’outillage traditionnel du tailleur de pierre de l’antiquité à nos jours, Paris, 1987, p. 84.

38 V. Hugo, Notre-Dame de Paris, p. 131.