• Contenu principal
  • Menu
OpenEdition Books
  • Accueil
  • Catalogue de 15526 livres
  • Éditeurs
  • Auteurs
  • Facebook
  • X
  • Partager
    • Facebook

    • X

    • Accueil
    • Catalogue de 15526 livres
    • Éditeurs
    • Auteurs
  • Ressources numériques en sciences humaines et sociales

    • OpenEdition
  • Nos plateformes

    • OpenEdition Books
    • OpenEdition Journals
    • Hypothèses
    • Calenda
  • Bibliothèques

    • OpenEdition Freemium
  • Suivez-nous

  • Lettre d’information
OpenEdition Search

Redirection vers OpenEdition Search.

À quel endroit ?
  • Presses universitaires Blaise-Pascal
  • ›
  • Histoires croisées
  • ›
  • Violence & politique
  • ›
  • Partie 1. La violence socio-politique au...
  • ›
  • La bataille des récits de « l’été rouge ...
  • Presses universitaires Blaise-Pascal
  • Presses universitaires Blaise-Pascal
    Presses universitaires Blaise-Pascal
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Liens vers le livre
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Formats de lecture

    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Deux fidèles concurrents L’intérêt porté au sujet ou l’information « mise en scène » La situation administrative de la France face à la réforme Humann Une France en guerre civile ? Les troubles puydomois et la bataille de l’interprétation Notes de bas de page Auteur

    Violence & politique

    Ce livre est recensé par

    Précédent Suivant
    Table des matières

    La bataille des récits de « l’été rouge »

    La réforme du recensement Humann et l’insurrection clermontoise de septembre 1841 dans la Gazette d’Auvergne et L’Ami de la Charte

    Lisa Bogani

    p. 41-54

    Texte intégral Deux fidèles concurrents L’intérêt porté au sujet ou l’information « mise en scène » La situation administrative de la France face à la réforme Humann Une France en guerre civile ? Les troubles puydomois et la bataille de l’interprétation Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Résistance, protestation, charivari, émeute, trouble, rébellion, révolte, insurrection, guerre civile : on pourrait encore allonger la liste des formules choisies par les journaux français du premier xixe siècle pour qualifier la vague de violences et de mouvements populaires qui embrasent la France durant l’été 1841. Le choix des mots n’est jamais neutre comme l’explique Jean-Claude Caron dans plusieurs de ses travaux : la qualification de la « bataille des armes » est toujours « l’objet d’une bataille de mots qui continue le combat de rue en le transformant en enjeu politique et mémoriel1 ». Le traitement médiatique des événements antifiscaux de 1841 par la Gazette d’Auvergne et L’Ami de la Charte – deux journaux clermontois concurrents – en constitue un parfait exemple. En effet, ces périodiques qui représentent les deux grandes tendances politiques du moment – légitimiste pour la Gazette d’Auvergne, libérale pour L’Ami de la Charte –, dressent un tableau de la France et proposent une lecture des troubles occasionnés par la réforme du recensement Humann totalement antinomiques, guidés par leurs intérêts particuliers et leur conviction politique.

    2Revenons au préambule de ces événements meurtriers de la monarchie de Juillet que Jean-Claude Caron a fait sortir de l’oubli il y a de cela une quinzaine d’années2. Au début de l’année 1841, le gouvernement du maréchal Soult doit faire face à d’importantes difficultés financières qui paralysent son programme de construction de canaux et de voies de chemin de fer. Pour résoudre ce problème, le ministre des Finances, Georges Humann, décide de revoir et d’améliorer le système des contributions directes, en tâchant de rendre plus équitable l’impôt sur les portes et fenêtres3. Convaincu qu’un certain nombre des ouvertures des maisons soumises à imposition ont pu être (volontairement ou non) « épargnées » par les responsables municipaux chargés de leur dénombrement, Georges Humann en prône un recensement minutieux qu’il confie, par la circulaire du 25 février 1841, aux agents du fisc. Dès lors, les maires et les conseillers municipaux sont relayés à un rôle d’assistance. Perçue comme attentatoire aux droits des communes, cette décision déclenche rapidement un flot de protestations, prenant différentes formes. Des conseils municipaux adoptent des proclamations contre ce projet et le sanctionnent par des votes contraires ; des populations résistent de manière passive en refusant d’ouvrir leur maison aux agents des contributions ; d’autres encore prennent les armes, enfiévrées par les fausses rumeurs qui circulent sur le but de l’opération du recensement. Il aurait pour objectif, murmure-t-on, de créer de nouveaux impôts sur le linge, le mobilier, les animaux d’élevage, voire les enfants à naître4. Durant l’été 1841, les résistances à la réforme Humann gangrènent une bonne partie de la France, particulièrement le Midi. Elles atteignent leur paroxysme entre les 6 et 15 juillet à Toulouse, puis entre les 9 et 13 septembre à Clermont-Ferrand et ses alentours (Chauriat, Saint-Germain-Lembron). En ces lieux, la protestation tourne à l’insurrection : des bâtiments sont pillés, des barrières d’octroi détruites, des registres des contributions indirectes brûlés, des barricades érigées. Les affrontements avec les forces de l’ordre se soldent par des dizaines de blessés et de morts.

    3L’insurrection de Toulouse marque un tournant dans le traitement médiatique de « l’affaire » du recensement. À Clermont-Ferrand, cet évènement fait cesser les polémiques autour de l’embastillement de Paris pour en aiguiser de nouvelles autour de la fiscalité – un terrain toujours propice aux agitations populaires5. Pour la Gazette d’Auvergne qui fait depuis longtemps du régime fiscal l’un de ses principaux pôles de critiques du gouvernement6, la réforme Humann constitue une cible idéale pour attaquer la monarchie de Louis-Philippe. À l’inverse, L’Ami de la Charte essaie, tant bien que mal, d’apaiser et même de faire taire les tensions qui gravitent autour de ce sujet, tout en démontrant que la « mesure du recensement est UTILE, JUSTE, LÉGALE et INDISPENSABLE pour parvenir à une plus égale répartition de l’impôt7 ».

    4Pour servir leur cause, ces deux bi-hebdomadaires8 – qui constituent alors le noyau dur de la presse puydômoise – mettent en œuvre un système de communication que cet article propose d’examiner en se concentrant sur les numéros publiés durant le mois de septembre 1841, une période charnière de la protestation9. Le corpus d’étude se compose de dix-huit numéros dont neuf pour L’Ami de la Charte et neuf pour la Gazette d’Auvergne, allant du mercredi 1er septembre au mercredi 29 septembre 184110. Soumis à la double question des enjeux politiques du traitement discursif de l’actualité et de l’influence des journaux sur l’opinion populaire11, ce corpus est passé au crible d’une approche comparative de nature à la fois quantitative (place accordée au sujet, occurrences de terme ou de contenu informatif) et qualitative (qualification et interprétation des événements, choix des informations transmises, silence des textes12).

    Deux fidèles concurrents

    5Pour L’Ami de la Charte et la Gazette d’Auvergne, l’affaire du recensement Humann est une nouvelle occasion de se « livrer bataille ». Habituelles pour le lecteur de l’époque, les vives polémiques auxquelles s’adonnent ces deux journaux sur ce sujet, s’inscrivent dans une « tradition ancienne ». Elles sont en effet récurrentes depuis la création, en 1820, du journal guizotiste – un nouveau venu bien mal accueilli par l’organe légitimiste qui était depuis quinze ans le seul journal politique du département.

    6La Gazette d’Auvergne, sous-titré Politique, Littéraire, Industries, Intérêts locaux, est le successeur du premier périodique du Puy-de-Dôme créé au xixe siècle, Le Journal du Puy-de-Dôme. De 1805 (date de sa création) jusqu’en 1831, ce périodique est la propriété exclusive de François Thibaud-Landriot. Sa devise « Vive le Roi Longtemps ! Et les Bourbons toujours ! » et son écusson frappé de trois fleurs de lys, témoignent clairement de sa ligne politique. Les Trois Glorieuses mettent fin à son statut de journal gouvernemental. Rapidement, ses affaires se dégradent et Thibaud-Landriot décide d’en céder la propriété à un certain Mathat en 1831. Celui-ci le fait reparaître à partir du 1er octobre de la même année sous le nom de Gazette d’Auvergne. En 1841, ce journal paraît deux fois par semaine. Il adopte le format parisien à partir du 1er septembre 1841, autrement dit à partir du premier numéro de notre corpus d’étude. Chaque numéro est alors composé de quatre pages et mesure 31 par 43 centimètres. Les sources bibliographiques s’accordent pour dire que le tirage de la Gazette d’Auvergne n’a jamais dû atteindre un nombre très élevé. Il ne semble pas avoir réussi à étendre sa clientèle beaucoup plus largement que son prédécesseur. Le rédacteur en chef, Oscar Turge, n’hésite d’ailleurs pas à reprocher aux légitimistes d’Auvergne leur incapacité à payer un abonnement de 20 francs pour la défense de leur cause ; une cause, au reste, qui ne cesse d’être malmenée par L’Ami de la Charte.

    7La création, en janvier 1820, de L’Ami de la Charte, sous-titré Journal du Puy-de-Dôme, de la Haute-Loire, du Cantal et de la Corrèze, Politique, Intérêts locaux, Littérature, Industrie, Tribunaux, Annonces, est due à une société d’actionnaires se réclamant des idées libérales. La rédaction du journal est confiée à un groupe de jeunes libéraux du département, parmi lesquels figurent Hippolyte Conchon – le futur maire de Clermont-Ferrand qui essuie l’insurrection clermontoise de septembre 1841 – et Jean-Joseph Vassière – un journaliste professionnel venu de Paris. Ce dernier prend la direction du journal avant d’en devenir à la fois le propriétaire et l’imprimeur. Déjouant habilement la censure et les procès, L’Ami de la Charte devient l’un des principaux organes de la presse libérale de la région, ce qui incite Le Journal du Puy-de-Dôme à se faire plus officiellement le porte-parole des ultras et du parti clérical, lui qui n’avait jusque-là jamais vraiment joué de rôle dans la lutte politique13. En 1841, L’Ami de la Charte présente globalement les mêmes caractéristiques que son concurrent. Il publie deux numéros par semaine, le plus souvent composés de quatre pages, mesurant 31,5 centimètres par 43,5 centimètres.

    8Jusqu’en 1830, la situation de nos deux journaux est à peu près similaire en ce qui concerne le nombre d’abonnés, chacun en possédant entre 800 et 90014. Toutefois, la révolution de 1830 bouleverse cet état de choses. Tandis que L’Ami de la Charte endosse le rôle de journal ministériel et savoure la victoire de ses idéaux politiques, la Gazette d’Auvergne prend la fonction de journal de l’opposition et voit le nombre de ses soutiens diminuer, le préfet du Puy-de-Dôme encourageant les communes à l’abandonner au profit de L’Ami de la Charte15. Cette nouvelle situation ne fait qu’attiser leur sentiment de défiance réciproque. Par conséquent, les polémiques auxquelles ils s’adonnent régulièrement depuis dix ans redoublent d’intensité. Ainsi, les attaques entre les deux concurrents se retrouvent dans chacun des dix-huit numéros étudiés. Sur fond de « calomnies16 » ou d’ironie, une véritable correspondance se met en place entre ces deux journaux durant le mois de septembre 1841. Au total, dans le cadre exclusif de l’affaire du recensement, la Gazette d’Auvergne cite son adversaire pas moins de soixante-cinq fois dans ses neuf numéros de septembre. Même constat du côté de L’Ami de la Charte qui cite soixante-trois fois le journal légitimiste en l’espace d’un mois. Leurs désaccords portent évidemment sur la politique du recensement mais aussi sur les informations et les événements qui s’y rattachent. Ils se contredisent sur la manière dont est accueillie la réforme du recensement dans les différents départements de France et s’accusent mutuellement de tenir des discours mensongers. L’Ami de Charte reproche à son adversaire d’« excit[er] les passions populaires17 », de répandre des calomnies sur le but de l’opération et, à l’inverse, de taire volontairement les événements qui se sont déroulés dans la commune de Chauriat – un point sur lequel nous reviendrons. De son côté, la Gazette d’Auvergne accuse son opposant de mentir sur la proportion des résistances en France ou, encore, de « distribuer des éloges à tout le monde, aux autorités, à la police, à la troupe18 » à la suite de l’insurrection clermontoise des 9, 10 et 11 septembre, alors que cet affrontement a fait plusieurs morts.

    9Ainsi ces deux périodiques offrent-ils deux lectures, deux témoignages bien différents de la situation de la France et du Puy-de-Dôme à l’été 1841 et ce, à l’aide de techniques d’information bien déterminées.

    L’intérêt porté au sujet ou l’information « mise en scène »

    10La place qu’accordent les deux journaux clermontois au thème de la réforme du recensement et aux événements émeutiers qui s’y rattachent, n’est pas identique et fait partie intégrante de leur stratégie de communication19. Cette place témoigne certes de l’intérêt qu’ils portent au sujet, mais plus encore de leur volonté ou non d’élever ce dernier comme objet et enjeu de débat politique. Or, toute modification du modèle d’imposition soulève toujours des mécontentements, des inquiétudes et des tensions ; L’Ami de la Charte et la Gazette d’Auvergne ne le savent que trop bien. Aussi ne doit-on pas s’étonner que cette affaire soit davantage exploitée par le journal légitimiste, qui cherche toujours à déstabiliser le gouvernement, que par le journal libéral.

    Graph. 1 : surface rédactionnelle occupée par les récits concernant « l’affaire » du recensement Humann par rapport à la surface totale dans L’Ami de la Charte et la Gazette d’Auvergne.

    11Le graphique ci-dessus montre, en effet, que la Gazette d’Auvergne traite plus amplement du sujet que son adversaire, et ce à chaque numéro. Au total, durant le mois de septembre 1841, ce périodique réserve 38 % de sa surface imprimée à la réforme Humann et à l’insurrection clermontoise contre 22 % pour L’Ami de la Charte.

    12À cet écart de 16 points s’ajoute un décalage dans la mise en valeur des articles traitant de ce sujet. Les neuf numéros étudiés de la Gazette d’Auvergne s’ouvrent systématiquement sur un éditorial consacré à la question du recensement, et chaque numéro s’applique à faire connaître les protestations et les réactions hostiles à la réforme. A contrario, celle-ci n’est pas toujours traitée en priorité par L’Ami de la Charte. Pour exemple, ce journal ouvre son numéro 72 du mercredi 8 septembre sur un rapport du budget du conseil général du Puy-de-Dôme, pour relayer en deuxième position un article conspuant les rumeurs qui circulent sur le but de l’opération. Par ailleurs, les articles qu’il consacre à l’affaire du recensement sont en général plus courts que ceux de la Gazette d’Auvergne ; la place est rapidement cédée à la chronique locale ou à des informations sur la politique extérieure de la France.

    13Sur cette « affaire », nos deux journaux ne se distinguent pas seulement par la manière dont ils la « mettent en scène », mais aussi – cela est prévisible – par le contenu informatif des articles qu’ils lui consacrent, de sorte qu’ils dessinent deux « tableaux » bien distincts de la « France administrative » face à la réforme du recensement.

    La situation administrative de la France face à la réforme Humann

    14Suite à la circulaire du 25 février 1841, les conseils généraux et municipaux sont appelés à se prononcer sur l’intérêt et les modalités d’exécution du recensement. À chaque numéro étudié, L’Ami de la Charte et la Gazette d’Auvergne relayent les décisions prises par ces conseils afin de renseigner leurs lecteurs sur la manière dont est accueillie la réforme dans les différents départements de France. L’étude comparative de nos deux journaux concurrents démontre que les informations qu’ils transmettent sont clairement conditionnées par leur conviction politique. De la sorte, L’Ami de la Charte transmet essentiellement les résultats des délibérations des conseils généraux qui, « loin d’être composés d’une manière hostile au gouvernement20 », soutiennent généralement les mesures ministérielles. En revanche, il reste plutôt silencieux sur les votes des conseils municipaux, ceux-ci étant moins enthousiastes pour cette réforme qu’ils jugent parfois vexante, contraire au droit des communes et donc illégale. À l’inverse, la Gazette d’Auvergne informe principalement son lectorat des délibérations des conseils municipaux et des conseils généraux qui sanctionnent la réforme. Concernant les municipalités, la Gazette donne connaissance de 42 décisions dont 40 sont défavorables. Mais L’Ami de la Charte a tôt fait de lui rappeler – tout en restant très lapidaire sur ce point – que la France compte 44 000 communes et que la « légalité du recensement a été reconnue […] par l’immense majorité des conseils municipaux21 ». En somme, l’un comme l’autre se gardent bien, le plus souvent possible, d’annoncer les délibérations contraires à leur opinion respective sur le sujet. Ou, lorsqu’ils le font, ils remettent généralement en cause la sincérité du vote ou laissent planer un doute sur la nature du résultat. Ceci donne d’ailleurs naissance à un grand nombre de polémiques entre les deux journaux qui s’accusent mutuellement d’être malhonnêtes, comme en témoigne cet extrait de L’Ami de la Charte :

    La Gazette d’Auvergne nous fait l’honneur de déclarer fausse l’interprétation que nous avons donnée de la décision du conseil général du Nord. Avons-nous donc présenté cette décision comme favorable à notre opinion et à l’opinion du ministère ? nullement, puisque nous l’avons posée comme exception à l’unanimité des vingt premières décisions connues. Mais la Gazette veut qu’elle soit comptée comme expressément contraire. Il n’y a pas seulement erreur dans cette présentation, il y a mensonge22.

    15Par les informations qu’ils délivrent, L’Ami de la Charte laisse donc penser qu’il existe un consensus approbatif en France autour de la réforme Humann, tandis que la Gazette d’Auvergne donne l’impression d’un refus partagé – un « effet » qu’ils n’hésitent pas à renforcer en répétant deux fois (voire plus) la même information au sein d’une même feuille. Il en ressort deux tableaux différents voire contradictoires de la situation de l’administration de la France face au recensement (voir planche I).

    Planche I : deux « tableaux » de l’administration française face à la réforme Humann.

    16Concernant les troubles populaires antifiscaux de l’été 1841, les deux titres utilisent une stratégie de communication similaire. Cependant, celle-ci se modifie quelque peu, comme nous allons le voir, après les événements insurrectionnels puydomois.

    Une France en guerre civile ?

    17Commencées sans véritable heurt à partir du mois d’avril 1841, les opérations du recensement s’activent en France durant la saison estivale, entraînant avec elle un nombre croissant de protestations populaires qui ne bénéficient pas, dans les deux journaux clermontois, du même impact et traitement médiatique. En effet, alors que le journal ministériel passe le plus souvent sous silence les conflits, son concurrent, lui, s’en fait volontiers l’écho car ils lui permettent d’attaquer le gouvernement sur sa capacité à maintenir la paix civile. D’ailleurs, le journal carliste n’hésite pas à relayer des informations basées sur des sources quelque peu suspectes, en utilisant fréquemment, pour cause, le conditionnel :

    Il paraît que des troubles graves ont éclaté de nouveau à Lentillac. Ils auraient été de nature à nécessiter l’envoi d’une force imposante23. […]

    Le bruit se répand qu’une petite émeute a éclaté vendredi dernier à Ferrières, canton de Mayet, à l’occasion de l’arrivée du contrôleur24. […]

    18Par conséquent, ces périodiques dressent, là encore, deux tableaux bien différents de la situation.

    19La Gazette d’Auvergne donne l’image d’une France en proie aux émeutes. Elle prend soin de détailler les événements, de sorte qu’il est possible de bâtir une carte de l’intensité des troubles (de la simple résistance passive à l’insurrection) et des lieux où le recensement a été tout bonnement interrompu (voir planche II). La Gazette a parfois tendance à aggraver les faits en qualifiant certaines résistances « d’insurrection » ou « d’épisode sanglant », là où, en réalité, elles ont été assez peu sévères par rapport à celles de Toulouse ou de Clermont-Ferrand ; d’autres, en revanche, sont qualifiées de « charivari », « d’opposition » ou de « désordre ».

    20Cette palette sémantique ne se retrouve pas du côté de L’Ami de la Charte qui fournit, au reste, peu d’informations sur les troubles populaires agitant la France. En dehors des insurrections toulousaine et puydomoise, il ne fait référence qu’à trois autres épisodes « rébellionnaires » (voir planche II). Ainsi le journal gouvernemental dresse-t-il plutôt l’image d’une France apaisée. Il cherche, par ailleurs, à relativiser la gravité des désordres, à tout le moins avant que n’éclate l’insurrection clermontoise. Au sujet des troubles de Mauriac, L’Ami de Charte écrit ainsi :

    La seule présence des gendarmes a suffi pour mettre en fuite les charivarisseurs composés d’enfants, de deux ou trois jeunes gens qui les dirigeaient, et de quelques femmes déguisées. La force armée n’a pas eu à lutter contre la moindre résistance25.

    Planche II : deux « tableaux » des troubles populaires en France contre la réforme Humann.

    21Pour le lecteur du xixe siècle, on peut imaginer qu’il devait être difficile de se faire une juste idée de la situation de la France à l’été 1841 s’il n’avait comme source d’information que ces deux journaux. Pour notre part, nous savons, par le biais des travaux de Jean-Claude Caron, que la Gazette d’Auvergne en donne une représentation plus exacte26. En effet, la France a bel et bien connu un nombre important de troubles populaires d’intensité variable, et ce principalement dans la moitié sud du pays où les habitants ont tenu leurs portes fermées et conspué fréquemment les agents du fisc.

    Les troubles puydomois et la bataille de l’interprétation

    22Suite à l’insurrection de Clermont-Ferrand, la posture de ces deux périodiques évolue quelque peu. Si L’Ami de la Charte pouvait se passer jusque-là d’informer ses lecteurs de la vague de protestations qui parcoure alors la France, il ne peut garder le silence sur les événements clermontois des 9 au 11 septembre. La Gazette d’Auvergne, quant à elle, continue de se préoccuper encore largement des troubles qui se déroulent dans le reste du pays, et si elle traite bien sûr largement des événements clermontois, elle passe à son tour sous silence certaines informations – une attitude que ne tarde pas à dénoncer L’Ami de la Charte :

    Il est toujours impossible d’obtenir de la Gazette d’Auvergne un mot de réprobation contre les auteurs des dévastations sacrilèges de Chauriat. Ce silence inflexible ferait croire qu’à la Gazette d’Auvergne on n’est pas content du prêtre qui a été la victime de ces épouvantables excès, ou qu’on sait tant gré aux pillards indigènes du tact qu’ils ont montré dans leur proscription, qu’on ne peut se résoudre à les blâmer de ce qu’ils ont dévasté, en songeant à ce qu’ils ont épargné. […]. À ce propos, la Gazette, qui ne se sent pas très à l’aise sur ce terrain, essaie de nous entraîner sur un autre. Nous lui parlons de dévastation du presbytère et de l’église de Chauriat en 1841 ; elle nous répond par la dévastation du presbytère des Carmes en 183227.

    23Quelques précisions sont ici nécessaires pour comprendre ce mutisme de la Gazette d’Auvergne sur les troubles de Chauriat. Cette commune a été le théâtre de graves violences insurrectionnelles le 13 septembre 1841. L’église, le presbytère, la mairie et quatre maisons ont été dévastés et pillés, leur mobilier brûlé sur la place publique au son de diverses menaces de mort28. Ces violences contre des monuments religieux et même contre le curé de la paroisse, auraient été poussées par « l’affaiblissement ou l’absence de sentiment moral ou religieux29 ». Défavorables aux convictions de la feuille légitimiste qui n’a eu de cesse, pendant toute son existence, d’affirmer sa foi et de faire de la religion catholique son allié le plus précieux, cet épisode n’est donc abordé que très succinctement par ce journal30. Cependant, la Gazette traite amplement des trois journées insurrectionnelles de Clermont-Ferrand, et ce plus largement que L’Ami de la Charte (voir Graph. 1). Si elle s’indigne de ces conflits, ceux-ci lui permettent néanmoins de conforter ses présages. En effet, ce périodique a averti à plusieurs reprises les autorités des « déviances » émeutières vers lesquelles elles conduisaient la population en s’obstinant à maintenir les opérations du recensement. Ces conflits meurtriers lui permettent donc d’attaquer le régime de Louis-Philippe sur sa capacité à être le garant de l’ordre et de la concorde civile. Aussi utilise-t-il de manière récurrente l’expression de « guerre civile » pour qualifier la somme des évènements. Au total, la Gazette l’emploie dix-huit fois dans les six derniers numéros que nous avons étudiés. Pour comparaison, cette expression n’est employée qu’une seule fois par L’Ami de la Charte ; seulement pour discréditer la lecture interprétative de son adversaire. On se situe là à l’épicentre de la « bataille des mots » qui oppose nos deux journaux concurrents. Le titre sous lequel ils annoncent à leurs lecteurs les événements insurrectionnels de Clermont-Ferrand est révélateur de la dimension politique, historique et mémorielle qu’ils souhaitent leur donner31 : la Gazette titre : « RECENSEMENT. — TROUBLES GRAVES. — GUERRE CIVILE32 » ; L’Ami de la Chartre titre : « RECENSEMENT. — TROUBLES. — JOURNÉE DU 9 SEPTEMBRE33. » Les attaques dont a été l’objet la maison du maire Conchon au cours de ces événements font l’objet d’une même « bataille de mots ». L’Ami de la Charte parle de « pillage » et affirme :

    […] la rapine et le brigandage sortent effrontément des chaumières et des ateliers où le communisme a pénétré et a inscrit cette maxime inventée pour absoudre les plus odieux forfaits contre l’ordre social : la propriété, c’est le vol34.

    24De son côté, la Gazette d’Auvergne soutient que la maison du maire n’a pas été pillée mais dévastée, « ce qui n’est pas la même chose35 », précise ce journal. « On pille quand on vole ; or rien n’a été volé ni chez M. le maire, ni ailleurs », assure-t-il plus loin en ajoutant qu’« il n’y a pas de pillards en Auvergne36 ».

    25Plus que sur tout autre terrain, les polémiques enflent entre nos deux journaux sur celui des responsabilités. Pour le journal légitimiste, les coupables de ces affrontements sanglants sont bien sûr les dirigeants du pays et de la capitale clermontoise. Pour le journal libéral, par contre, les responsables sont multiples. Il accuse évidemment les légitimistes et la Gazette d’avoir semé l’agitation dans les esprits, mais il s’en prend aussi aux républicains qu’il suspecte d’avoir fait circuler de fausses rumeurs. En définitive, pour L’Ami de la Charte, ce sont surtout « l’influence souterraine des sociétés secrètes, l’anarchie morale des esprits travaillés par les doctrines du radicalisme et du communisme, et la vanité homicide de certaines gens qui avaient rêvé de l’édilité usurpatrice de Toulouse, [qui] sont les causes qui ont préparé ce soulèvement insensé37 ». Un soulèvement que ce journal inscrit toutefois – comme le fera, d’ailleurs, le maire Conchon peu de temps après dans ses Mémoires – dans le registre de la jacquerie38 ; une manière, comme l’explique Jean-Claude Caron, de dénier un caractère politique au mouvement en question39.

    26Cette étude comparative met donc en évidence deux stratégies de communication, deux versions et interprétations des événements de « l’été rouge ». La Gazette d’Auvergne voit en ces derniers la preuve d’une incompétence criante du pouvoir en place, alors que L’Ami de la Charte y perçoit une ignorance et une manipulation flagrante du peuple. Les rédacteurs font donc de l’information un objet malléable ; ils interprètent et instrumentalisent ces événements au profit de leur conviction politique comme en témoignent bien le choix des nouvelles transmises et les commentaires qu’ils en font. Au total, si la Gazette d’Auvergne et L’Ami de la Charte usent tous deux du registre polémique, le premier apparaît toutefois plus « provocateur » que le second qui adopte, dans un esprit de défense, une posture plus « effacée », à tout le moins jusqu’aux journées insurrectionnelles clermontoises qui bouleversent quelque peu leur position. Il faut dire qu’au cours de ces journées, la Gazette d’Auvergne est mise en difficulté à la fois par l’émeute anticléricale et antibourgeoise de Chauriat et par la saisie judiciaire de son numéro du 11 septembre. Par un arrêt de la chambre des mises en accusation de la Cour royale de Riom, daté du 18 septembre 1841, un procès lui est intenté sous la triple prévention de : provocation à la désobéissance aux lois ; excitation à la haine et au mépris du gouvernement ; attaque du respect dû aux lois, en représentant comme illégale l’opération du recensement. En dépit de cette accusation, la Gazette continue de remplir son rôle de journal de l’opposition et à polémiquer avec L’Ami de la Charte sur ce sujet, au moins jusqu’au dénouement judiciaire de l’affaire qui interviendra dans le courant de l’année 184240. Il est frappant de constater à quel point les Mémoires d’Hippolyte Conchon – une source inédite récemment éditée sous la direction de Jean-Claude Caron – retracent et reprennent les polémiques qui ont alimenté les colonnes de ces périodiques durant le mois de septembre 1841, et ce en défendant bien sûr la lecture interprétative de L’Ami de la Charte. Ses Mémoires, destinées à la postérité et non à la publicité immédiate, sonnent en effet à diverses reprises comme un plaidoyer contre la Gazette d’Auverge.

    Notes de bas de page

    1Jean-Claude Caron, Frère de sang. La guerre civile en France au xixe siècle, Paris, Champ Vallon, 2009, p. 24.

    2Jean-Claude Caron, L’été rouge. Chronique de la révolte populaire en France (1841), Paris, Aubier, 2002 ; Jean-Claude Caron (éd.), Mémoires de M. Conchon. Maire de Clermont-Ferrand, sur les troubles de cette ville en 1841, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2017.

    3Payé par les propriétaires, cet impôt constitue l’une des « quatre vieilles » de l’impôt direct, créée sous la Révolution française. Il est basé sur la taille et le nombre d’ouvertures des bâtiments.

    4François Ploux, De bouche à oreille. Naissance et propagation des rumeurs dans la France du xixe siècle, Paris, Aubier, 2003, p. 92-105.

    5Nicolas Delalande, Les Batailles de l'impôt. Consentement et résistances de 1789 à nos jours, Paris, Le Seuil, 2011.

    6Michel Herody, L’opinion et la presse légitimiste dans le Puy-de-Dôme sous la Monarchie de Juillet, mémoire de DES, Université Blaise-Pascal, 1995, p. 154.

    7L’Ami de la Charte, mercredi 4 septembre 1841.

    8En 1841, L’Ami de la Charte et la Gazette d’Auvergne paraissent le mercredi et le samedi.

    9Cette restriction chronologique présente l’avantage d’offrir un corpus documentaire raisonnable, permettant d’effectuer une analyse de presse approfondie. Par ailleurs, elle permet d’interroger l’évolution de la position et des stratégies d’information de ces deux périodiques entre les événements immédiatement antérieurs et postérieurs aux journées insurrectionnelles puydômoises. Une comparaison tripartite avec un journal républicain aurait été intéressante mais le journal qui représentait cette tendance politique dans la Puy-de-Dôme (Le Patriote du Puy-de-Dôme) a disparu en 1835 après trois ans d’existence rythmés par des procès de presse qui ont causé sa perte.

    10Ce qui correspond aux numéros 70 à 78 de L’Ami la Charte, et aux numéros 37 à 45 de la Gazette d’Auvergne.

    11Sur cette problématique, voir notamment : Roger Boutier, Élisabeth Cazenave, Les origines d'une conception moderne de la communication : gouverner l'opinion au xixe siècle, Grenoble, PUG, 2000.

    12Cet article développe une partie de mon mémoire de Master, réalisé sous la direction de Jean-Claude Caron. Lisa Bogani, Les rébellions dans le Puy-de-Dôme de 1811 à 1851, mémoire de Master, Université Blaise-Pascal, 2013.

    13Patrice Caillot, Bibliographie de la presse française politique et d’information générale des origines à 1944, Puy-de-Dôme, Paris, Bibliothèque Nationale, 1911, p. 8.

    14Ibid.

    15Ibid.

    16Gazette d’Auvergne, mercredi 29 septembre 1841.

    17L’Ami de la Charte, mercredi 29 septembre 1841.

    18Gazette d’Auvergne, mercredi 25 septembre 1841.

    19Parmi une riche bibliographie sur les « effets » et techniques de la communication journalistique, voir notamment : Claude Jamet, Anne-Marie Jeannet, La mise en scène de l’information. Les stratégies de l’information, Paris, L’Harmattan, 1999.

    20Gazette d’Auvergne, mercredi 1er septembre 1841.

    21L’Ami de la Charte, samedi 4 septembre 1841.

    22Idem, mercredi 8 septembre 1841.

    23Gazette d’Auvergne, samedi 4 septembre 1841.

    24Idem, samedi 25 septembre 1841.

    25L’Ami de la Charte, mercredi 8 septembre 1841.

    26Voir la carte des « Centres de résistance au projet de réforme fiscale Humann », in Jean-Claude Caron, L’été rouge […], op. cit., p. 318.

    27Idem, mercredi 29 septembre 1841.

    28Archives départementales du Puy-de-Dôme, U 10740.

    29Jean-Claude Caron, L’été rouge. […], op. cit., p. 283.

    30La Gazette d’Auvergne consacre un seul article à cet événement qu’il cherche à rapprocher – comme le souligne son adversaire – d’un précédent mouvement émeutier : la dévastation de l’église et du presbytère des Carmes en 1832. À l’origine de ce mouvement se trouve un « refus de sépulture prononcé par un prête à l’encontre d’un jeune homme tué en duel » (Jean-Claude Caron, Mémoires de M. Conchon […], op. cit., p. 37). C’est sans succès que la justice informa sur cette affaire. La Gazette rappelle que les émeutiers de 1832 sont restés impunis et affirme que les autorités, loin d’être aussi actives qu’en 1841, n’ont pas bougé. On lit dans la Gazette : « En 1832, on dévasta la maison de M. le curé des Carmes. Peut-être, parmi les personnes qui ont dévasté en 1841 la maison de M. le maire, s’en trouvait-il qui ont pris part à la dévastation de 1832. Or, si dans leur défense ces prévenus demandent pourquoi on poursuit aujourd’hui ce qui resta impuni alors, ils feront, ce nous semble, une question fort embarrassante pour certaines consciences. » ; Gazette d’Auvergne, samedi 25 septembre 1841.

    31« Qualifier l’événement – souligne Jean-Claude Caron –, c’est le situer à la fois dans sa dimension politique immédiate et dans sa dimension historique et mémorielle » ; Jean-Claude Caron (éd.), Mémoires de M. Conchon […], op. cit., p. 206.

    32Gazette d’Auvergne, samedi 11 septembre 1841.

    33L’Ami de la Charte, samedi 11, dimanche 12 et lundi 13 septembre 1841.

    34Idem, samedi 18 septembre 1841. On rappelle que la formule mise en italique est due à Pierre-Joseph Proudhon ; elle figure dans son ouvrage Qu’est-ce que la propriété ? ou Recherche sur le principe du droit et du gouvernement, Paris, J.-F. Brocard, 1840. Le premier xixe siècle voit émerger une nouvelle perception du crime et de la misère qui se caractérise par un amalgame entre les « classes dangereuses » et les « classes laborieuses », ce dont témoigne cet extrait de L’Ami de la Charte qui, par ailleurs, associe ce « couple » aux doctrines « socialistes ». Voir l’ouvrage classique : Louis Chevalier, Classes laborieuses et classes dangereuses à Paris pendant la première moitié du xixe siècle, Paris, Plon, 1958.

    35Gazette d’Auvergne, mercredi 15 septembre 1841.

    36Ibid.

    37L’Ami de la Charte, du samedi 11, dimanche 12 et lundi 13 septembre 1841.

    38« La jacquerie est nos portes », affirme ainsi L’Ami de la Charte dans son numéro du samedi 11, dimanche 12 et lundi 13 septembre 1841.

    39Jean-Claude Caron (éd.) Mémoires de M. Conchon, […], op. cit., p. 200.

    40Sur le procès des insurgés clermontois et sa chronologie, se reporter aux travaux de Jean-Claude Caron déjà cités.

    Auteur

    • Lisa Bogani

      CHEC, Université Clermont Auvergne

    Précédent Suivant
    Table des matières

    Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

    Voir plus de livres
    Pour une histoire de la restauration monumentale (xixe-début xxe siècle)

    Pour une histoire de la restauration monumentale (xixe-début xxe siècle)

    Un manifeste pour le temps présent

    Bruno Phalip et Fabienne Chevallier (dir.)

    2021

    Restaurer au xixe siècle

    Restaurer au xixe siècle

    Bruno Phalip, Jean-François Luneau et Fabienne Chevallier (dir.)

    2022

    Aristocratie révolutionnaire en Espagne

    Aristocratie révolutionnaire en Espagne

    La concession de nouveaux titres de Castille (1808-1854)

    Arnaud Pierre

    2024

    Les nouveaux territoires diocésains

    Les nouveaux territoires diocésains

    De l’époque médiévale à nos jours

    Vincent Flauraud et Stéphane Gomis (dir.)

    2021

    De la parole du prédicateur au discours politique

    De la parole du prédicateur au discours politique

    Jalons pour une histoire de la critique religieuse du politique (du Moyen Âge à l’époque contemporaine)

    Vincent Flauraud et Ludovic Viallet (dir.)

    2022

    Les mises à l'écart politiques

    Les mises à l'écart politiques

    Des périphéricités paradoxales

    Laurent Lamoine et Julien Bouchet (dir.)

    2022

    Les espaces du spectacle vivant dans la ville

    Les espaces du spectacle vivant dans la ville

    Permanences, mutations, hybridité (xviiie-xxie siècles)

    Pauline Beaucé, Sandrine Dubouilh et Cyril Triolaire (dir.)

    2021

    La modernisation de l’Espagne

    La modernisation de l’Espagne

    Entre réformes et conflits (xixe-xxe siècles)

    Jean-Claude Caron et Anne Dubet (dir.)

    2023

    Prendre la plume des Lumières au Romantisme

    Prendre la plume des Lumières au Romantisme

    Pratiques de l’écrit dans l’Europe de la fin de l’époque moderne

    Matthieu Magne (dir.)

    2019

    Joconde ou madone ? La Tête de cire de Lille, énigme de la collection Wicar

    Joconde ou madone ? La Tête de cire de Lille, énigme de la collection Wicar

    Fortune et réception (1834-2021)

    Laurence Riviale

    2022

    Les langages du culte aux xviie et xviiie siècles

    Les langages du culte aux xviie et xviiie siècles

    Bernard Dompnier (dir.)

    2020

    Statuts personnels et main-d’œuvre en Méditerranée hellénistique

    Statuts personnels et main-d’œuvre en Méditerranée hellénistique

    Stéphanie Maillot et Julien Zurbach (dir.)

    2021

    Voir plus de livres
    1 / 12
    Pour une histoire de la restauration monumentale (xixe-début xxe siècle)

    Pour une histoire de la restauration monumentale (xixe-début xxe siècle)

    Un manifeste pour le temps présent

    Bruno Phalip et Fabienne Chevallier (dir.)

    2021

    Restaurer au xixe siècle

    Restaurer au xixe siècle

    Bruno Phalip, Jean-François Luneau et Fabienne Chevallier (dir.)

    2022

    Aristocratie révolutionnaire en Espagne

    Aristocratie révolutionnaire en Espagne

    La concession de nouveaux titres de Castille (1808-1854)

    Arnaud Pierre

    2024

    Les nouveaux territoires diocésains

    Les nouveaux territoires diocésains

    De l’époque médiévale à nos jours

    Vincent Flauraud et Stéphane Gomis (dir.)

    2021

    De la parole du prédicateur au discours politique

    De la parole du prédicateur au discours politique

    Jalons pour une histoire de la critique religieuse du politique (du Moyen Âge à l’époque contemporaine)

    Vincent Flauraud et Ludovic Viallet (dir.)

    2022

    Les mises à l'écart politiques

    Les mises à l'écart politiques

    Des périphéricités paradoxales

    Laurent Lamoine et Julien Bouchet (dir.)

    2022

    Les espaces du spectacle vivant dans la ville

    Les espaces du spectacle vivant dans la ville

    Permanences, mutations, hybridité (xviiie-xxie siècles)

    Pauline Beaucé, Sandrine Dubouilh et Cyril Triolaire (dir.)

    2021

    La modernisation de l’Espagne

    La modernisation de l’Espagne

    Entre réformes et conflits (xixe-xxe siècles)

    Jean-Claude Caron et Anne Dubet (dir.)

    2023

    Prendre la plume des Lumières au Romantisme

    Prendre la plume des Lumières au Romantisme

    Pratiques de l’écrit dans l’Europe de la fin de l’époque moderne

    Matthieu Magne (dir.)

    2019

    Joconde ou madone ? La Tête de cire de Lille, énigme de la collection Wicar

    Joconde ou madone ? La Tête de cire de Lille, énigme de la collection Wicar

    Fortune et réception (1834-2021)

    Laurence Riviale

    2022

    Les langages du culte aux xviie et xviiie siècles

    Les langages du culte aux xviie et xviiie siècles

    Bernard Dompnier (dir.)

    2020

    Statuts personnels et main-d’œuvre en Méditerranée hellénistique

    Statuts personnels et main-d’œuvre en Méditerranée hellénistique

    Stéphanie Maillot et Julien Zurbach (dir.)

    2021

    Accès ouvert

    Accès ouvert freemium

    ePub

    PDF

    PDF du chapitre

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque

    Acheter

    Édition imprimée

    • amazon.fr
    • decitre.fr
    • mollat.com
    • leslibraires.fr
    • placedeslibraires.fr
    • lcdpu.fr

    1Jean-Claude Caron, Frère de sang. La guerre civile en France au xixe siècle, Paris, Champ Vallon, 2009, p. 24.

    2Jean-Claude Caron, L’été rouge. Chronique de la révolte populaire en France (1841), Paris, Aubier, 2002 ; Jean-Claude Caron (éd.), Mémoires de M. Conchon. Maire de Clermont-Ferrand, sur les troubles de cette ville en 1841, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2017.

    3Payé par les propriétaires, cet impôt constitue l’une des « quatre vieilles » de l’impôt direct, créée sous la Révolution française. Il est basé sur la taille et le nombre d’ouvertures des bâtiments.

    4François Ploux, De bouche à oreille. Naissance et propagation des rumeurs dans la France du xixe siècle, Paris, Aubier, 2003, p. 92-105.

    5Nicolas Delalande, Les Batailles de l'impôt. Consentement et résistances de 1789 à nos jours, Paris, Le Seuil, 2011.

    6Michel Herody, L’opinion et la presse légitimiste dans le Puy-de-Dôme sous la Monarchie de Juillet, mémoire de DES, Université Blaise-Pascal, 1995, p. 154.

    7L’Ami de la Charte, mercredi 4 septembre 1841.

    8En 1841, L’Ami de la Charte et la Gazette d’Auvergne paraissent le mercredi et le samedi.

    9Cette restriction chronologique présente l’avantage d’offrir un corpus documentaire raisonnable, permettant d’effectuer une analyse de presse approfondie. Par ailleurs, elle permet d’interroger l’évolution de la position et des stratégies d’information de ces deux périodiques entre les événements immédiatement antérieurs et postérieurs aux journées insurrectionnelles puydômoises. Une comparaison tripartite avec un journal républicain aurait été intéressante mais le journal qui représentait cette tendance politique dans la Puy-de-Dôme (Le Patriote du Puy-de-Dôme) a disparu en 1835 après trois ans d’existence rythmés par des procès de presse qui ont causé sa perte.

    10Ce qui correspond aux numéros 70 à 78 de L’Ami la Charte, et aux numéros 37 à 45 de la Gazette d’Auvergne.

    11Sur cette problématique, voir notamment : Roger Boutier, Élisabeth Cazenave, Les origines d'une conception moderne de la communication : gouverner l'opinion au xixe siècle, Grenoble, PUG, 2000.

    12Cet article développe une partie de mon mémoire de Master, réalisé sous la direction de Jean-Claude Caron. Lisa Bogani, Les rébellions dans le Puy-de-Dôme de 1811 à 1851, mémoire de Master, Université Blaise-Pascal, 2013.

    13Patrice Caillot, Bibliographie de la presse française politique et d’information générale des origines à 1944, Puy-de-Dôme, Paris, Bibliothèque Nationale, 1911, p. 8.

    14Ibid.

    15Ibid.

    16Gazette d’Auvergne, mercredi 29 septembre 1841.

    17L’Ami de la Charte, mercredi 29 septembre 1841.

    18Gazette d’Auvergne, mercredi 25 septembre 1841.

    19Parmi une riche bibliographie sur les « effets » et techniques de la communication journalistique, voir notamment : Claude Jamet, Anne-Marie Jeannet, La mise en scène de l’information. Les stratégies de l’information, Paris, L’Harmattan, 1999.

    20Gazette d’Auvergne, mercredi 1er septembre 1841.

    21L’Ami de la Charte, samedi 4 septembre 1841.

    22Idem, mercredi 8 septembre 1841.

    23Gazette d’Auvergne, samedi 4 septembre 1841.

    24Idem, samedi 25 septembre 1841.

    25L’Ami de la Charte, mercredi 8 septembre 1841.

    26Voir la carte des « Centres de résistance au projet de réforme fiscale Humann », in Jean-Claude Caron, L’été rouge […], op. cit., p. 318.

    27Idem, mercredi 29 septembre 1841.

    28Archives départementales du Puy-de-Dôme, U 10740.

    29Jean-Claude Caron, L’été rouge. […], op. cit., p. 283.

    30La Gazette d’Auvergne consacre un seul article à cet événement qu’il cherche à rapprocher – comme le souligne son adversaire – d’un précédent mouvement émeutier : la dévastation de l’église et du presbytère des Carmes en 1832. À l’origine de ce mouvement se trouve un « refus de sépulture prononcé par un prête à l’encontre d’un jeune homme tué en duel » (Jean-Claude Caron, Mémoires de M. Conchon […], op. cit., p. 37). C’est sans succès que la justice informa sur cette affaire. La Gazette rappelle que les émeutiers de 1832 sont restés impunis et affirme que les autorités, loin d’être aussi actives qu’en 1841, n’ont pas bougé. On lit dans la Gazette : « En 1832, on dévasta la maison de M. le curé des Carmes. Peut-être, parmi les personnes qui ont dévasté en 1841 la maison de M. le maire, s’en trouvait-il qui ont pris part à la dévastation de 1832. Or, si dans leur défense ces prévenus demandent pourquoi on poursuit aujourd’hui ce qui resta impuni alors, ils feront, ce nous semble, une question fort embarrassante pour certaines consciences. » ; Gazette d’Auvergne, samedi 25 septembre 1841.

    31« Qualifier l’événement – souligne Jean-Claude Caron –, c’est le situer à la fois dans sa dimension politique immédiate et dans sa dimension historique et mémorielle » ; Jean-Claude Caron (éd.), Mémoires de M. Conchon […], op. cit., p. 206.

    32Gazette d’Auvergne, samedi 11 septembre 1841.

    33L’Ami de la Charte, samedi 11, dimanche 12 et lundi 13 septembre 1841.

    34Idem, samedi 18 septembre 1841. On rappelle que la formule mise en italique est due à Pierre-Joseph Proudhon ; elle figure dans son ouvrage Qu’est-ce que la propriété ? ou Recherche sur le principe du droit et du gouvernement, Paris, J.-F. Brocard, 1840. Le premier xixe siècle voit émerger une nouvelle perception du crime et de la misère qui se caractérise par un amalgame entre les « classes dangereuses » et les « classes laborieuses », ce dont témoigne cet extrait de L’Ami de la Charte qui, par ailleurs, associe ce « couple » aux doctrines « socialistes ». Voir l’ouvrage classique : Louis Chevalier, Classes laborieuses et classes dangereuses à Paris pendant la première moitié du xixe siècle, Paris, Plon, 1958.

    35Gazette d’Auvergne, mercredi 15 septembre 1841.

    36Ibid.

    37L’Ami de la Charte, du samedi 11, dimanche 12 et lundi 13 septembre 1841.

    38« La jacquerie est nos portes », affirme ainsi L’Ami de la Charte dans son numéro du samedi 11, dimanche 12 et lundi 13 septembre 1841.

    39Jean-Claude Caron (éd.) Mémoires de M. Conchon, […], op. cit., p. 200.

    40Sur le procès des insurgés clermontois et sa chronologie, se reporter aux travaux de Jean-Claude Caron déjà cités.

    Violence & politique

    X Facebook Email

    Violence & politique

    Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://freemium.openedition.org/oebooks

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque

    Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org

    Violence & politique

    Vérifiez si votre bibliothèque a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books.

    Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque d’acquérir un ou plusieurs livres publiés sur OpenEdition Books. N’hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées : access[at]openedition.org

    Vous pouvez également nous indiquer, à l’aide du formulaire suivant, les coordonnées de votre bibliothèque afin que nous la contactions pour lui suggérer l’achat de ce livre. Les champs suivis de (*) sont obligatoires.

    Veuillez, s’il vous plaît, remplir tous les champs.

    La syntaxe de l’email est incorrecte.

    Référence numérique du chapitre

    Format

    Bogani, L. (2019). La bataille des récits de « l’été rouge ». In J.-P. Luis & F. Conord (éds.), Violence & politique (1‑). Presses universitaires Blaise-Pascal. https://doi.org/10.4000/145ch
    Bogani, Lisa. « La bataille des récits de “l’été rouge” ». In Violence & politique, édité par Jean-Philippe Luis et Fabien Conord. Clermont-Ferrand: Presses universitaires Blaise-Pascal, 2019. https://doi.org/10.4000/145ch.
    Bogani, Lisa. « La bataille des récits de “l’été rouge” ». Violence & politique, édité par Jean-Philippe Luis et Fabien Conord, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2019, https://doi.org/10.4000/145ch.

    Référence numérique du livre

    Format

    Luis, J.-P., & Conord, F. (éds.). (2019). Violence & politique (1‑). Presses universitaires Blaise-Pascal. https://doi.org/10.4000/145cv
    Luis, Jean-Philippe, et Fabien Conord, éd. Violence & politique. Clermont-Ferrand: Presses universitaires Blaise-Pascal, 2019. https://doi.org/10.4000/145cv.
    Luis, Jean-Philippe, et Fabien Conord, éditeurs. Violence & politique. Presses universitaires Blaise-Pascal, 2019, https://doi.org/10.4000/145cv.
    Compatible avec Zotero Zotero

    1 / 3

    Presses universitaires Blaise-Pascal

    Presses universitaires Blaise-Pascal

    • Mentions légales
    • Plan du site
    • Se connecter

    Suivez-nous

    • Facebook
    • LinkedIn
    • Instagram
    • X
    • Flux RSS

    URL : http://pubp.univ-bpclermont.fr

    Email : publi.pubp@uca.fr

    Adresse :

    Maison des sciences de l'homme

    4 rue Ledru

    TSA 70402

    63001

    Clermont-Ferrand

    France

    OpenEdition
    • Candidater à OpenEdition Books
    • Connaître le programme OpenEdition Freemium
    • Commander des livres
    • S’abonner à la lettre d’OpenEdition
    • CGU d’OpenEdition Books
    • Accessibilité : partiellement conforme
    • Données personnelles
    • Gestion des cookies
    • Système de signalement