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    Plan détaillé Texte intégral Traces d’outils, traces de gestes Tracés et dessins préparatoires Traces et guides de pose Traces de bénédictions Perspectives conclusives Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Quelles traces pour l’histoire de l'art et l’archéologie ?

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    L’archéologue médiéviste, un traqueur de traces et de tracés…

    Pascale Chevalier

    p. 83-101

    Résumés

    Les différentes traces appréhendées par l’archéologie sur le bâti médiéval en pierre sont ici passées en revue. Celles-ci touchent la matérialité des vestiges : traces d’outil, tracés préparatoires, guides de pose, mais mettent également en lumière des aspects plus immatériels, comme les traces, plus fugaces, témoignant de gestes de travail, voire de bénédictions. Bien visibles ou plus évanescentes, ces traces constituent des vestiges patrimoniaux qu’il convient dans bien des cas de sauver d’une disparition inéluctable, liée à l’absence de prise en compte au moment de leur observation.

    The various archaeological traces of medieval stonework on medieval stone buildings are presented here. They concern the materiality of the remains: tool marks, preparatory tracings, laying guides but also shed light on more intangible aspects, such as the more fleeting traces of working gestures, or even blessings. Well visible or more evanescent, these traces are part of the heritage, that, in many cases, need to be saved from inevitable disappearance, as they are just not recorded during the time of their discovery.

    Entrées d’index

    Mots-clés : bâti médiéval, traces de façonnage, traces d’outils, traces de gestes, dessins préparatoires, traces et guide de pose, traces de bénédictions

    Keywords : medieval built environment, traces of shaping, traces of tools, traces of gestures, preparatory drawings, traces and installation guides, traces of blessings

    Texte intégral Traces d’outils, traces de gestes Tracés et dessins préparatoires Traces et guides de pose Traces de bénédictions Perspectives conclusives Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1En 2010, l’artiste-plasticien suisse d’origine roumaine Daniel Spoerri estimait que la fouille par des archéologues de l’Inrap de 6 m des reliefs enterrés de son Déjeuner sur l’herbe de 1983 était une manière de « faire sérieusement quelque chose d’absurde », ce qui selon Jean-Paul Demoule pourrait être « l’une des définitions de l’archéologie1 ». Quoi de plus sérieux en effet pour le chercheur-médiéviste que de traquer les moindres traces matérielles de sa période d’étude ? Il est d’ailleurs payé pour cela, comme une traduction du verbe anglais « to trace » : suivre, localiser, repérer, retrouver, retracer, reconstituer… Quoi de plus absurde en même temps pour l’observateur éloigné que de voir parfois l’archéologie médiévale traquer des tracés éphémères qui auraient dû disparaître dans le travail effectué au Moyen Âge même sur les objets qui les portent ?

    2Le regard de l’archéologue analyse un monde de traces matérielles de tous ordres, et ce, à toute échelle et quelle que soit sa période de prédilection. En témoigne notamment l’acronyme du laboratoire de recherche toulousain : TRACES pour Travaux et Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés (UMR 5608 du CNRS), dont l’aire chronologique s’étend de la Préhistoire au Moyen Âge. Chacun pratique en outre à sa manière la traque des traces qu’il a choisi d’étudier. Ainsi, dans notre archéologie de prédilection, celle du bâti médiéval, d’aucuns préfèrent les indices des pratiques si répandues de réemploi des matériaux2, d’autres les empreintes, les lacunes ou les négatifs révélateurs, tels ceux que laissent sur les murs les encastrements d’échafaudages démontés, par exemple3. Les traces traquées dans le domaine du bâti se concentrent sur des vestiges construits en pierre ou brique, plus rarement en bois, qui révèlent une multitude de marques tracées à qui s’exerce à les regarder.

    3Nous bornerons ici nos réflexions à quelques traces et tracés observés essentiellement sur des pierres taillées ou sculptées, en ce qu’ils renseignent les modes de façonnage, de décor ou de mise en œuvre, les gestes et les outils qui les ont générés dans un ordre précis, et leur message parfois très ténu que les nouvelles technologies permettent aujourd’hui de mieux déceler.

    Traces d’outils, traces de gestes

    4Les traces laissées dans le matériau par les outils permettent de reconstituer, parfois depuis l’extraction par le carrier, toutes les phases de travail, le façonnage, la finition, par la succession visible des outils employés. Ceux-ci variaient suivant la qualité du matériau lithique, sa tendreté ou sa dureté, mais ils ont grosso modo assez peu évolué depuis l’Antiquité4. Après l’équarrissage au marteau ou à la massette, il est aisé de reconnaître sur des pierres de taille préalablement débitées au pic, les impacts de la pointe ou pointerolle et de la broche qui les dégrossissaient au sortir de la carrière, mais que l’on trouve aussi en finition décorative sur certains sarcophages altomédiévaux qui semblent imiter de lointains prototypes en bois. Viennent ensuite les éclats encore grossiers du marteau têtu, les traces affinées du marteau-taillant ou smille, de la bretture ou de la polka, outils à percussion dite lancée que l’artisan maniait avec un manche pour commencer à égaliser les surfaces en percutant directement la pierre. Leur succédaient normalement des outils à percussion posée que le tailleur de pierre frappait au maillet (fig. 1)

    Fig. 1 : Outils à percussion posée (ciseaux, broche fine) et massette, sur un bloc de calcaire layé au taillant droit et fini au ciseau plat.

    Cliché : Chantier de Guédelon, 2010.

    5– les ciseaux et gradines – qui aplanissaient avant que les râpes, limes et autres polissoirs ne suppriment les dernières aspérités. Pour les décors, les sculpteurs utilisaient les mêmes instruments de finition en entamant les creux au foret ou trépan qui servait également pour le travail à jour ou le soulignement des reliefs. On notera que, pendant qu’il améliorait progressivement l’aspect du bloc ou de la pièce travaillée, chaque outil tendait à effacer ou minimiser les traces de l’outil précédent, au Moyen Âge comme dans l’Antiquité en amont, de même qu’aux époques modernes et contemporaines en aval. Malgré tout, dans les modalités de finition, de dressage ou layage des parements et des surfaces, certains outils sont caractéristiques d’une époque, quelquefois dans une région bien définie, avant un développement généralisé de leur usage ; leurs traces pourront alors être considérées par l’archéologue comme des indices de datation probants. Ainsi les séries très denses d’impacts dentelés du ciseau grain d’orge dit aussi gradine dans l’Antiquité tardive et le très haut Moyen Âge ; ou à l’époque carolingienne les attaques en forme de copeaux de la polka qui sera supplantée après l’an mil par le marteau taillant et le ciseau générant de multiples sillons obliques serrés et parallèles ; ou encore les signes de l’usage de la ripe aux xive et xve siècles sur les moulures et sculptures ; ou enfin vers la fin du Moyen Âge les débuts sur les calcaires très durs de la boucharde, ce marteau dont la tête présente un damier de petites pointes pyramidales. Le chantier de construction expérimental de Guédelon dans l’Yonne, où l’on construit depuis 1997 un château fort du xiiie siècle5 sous le contrôle d’un conseil scientifique6, tient scrupuleusement compte de ces critères chronologiques dans l’usage des différents outils7. En contrepartie, les échanges fructueux avec les tailleurs de pierre et les maçons sur le terrain de ce laboratoire d’archéologie expérimentale ou lors de séminaires et de réunions scientifiques permettent aux archéologues spécialistes des chantiers de construction d’affiner leurs observations sur les bâtiments médiévaux qu’ils étudient8, en plus de familiariser le grand public avec ces pratiques du Moyen Âge central.

    6Les traces d’outils que nous venons d’évoquer, à tout le moins celles qui subsistent après la finition de l’objet taillé ou sculpté, étaient ensuite bien souvent dissimulées lors de leur mise en œuvre dans une maçonnerie9 ou, dans le cas des parements intérieurs d’un édifice, dans leur recouvrement habituel par un lait de chaux ou un enduit éventuellement peint. Ce constat est aussi valable au Moyen Âge pour les sculptures architecturales qui n’étaient considérées comme terminées que lorsque le peintre achevait son ouvrage. Ce faisant, le peintre fournissait sans le savoir à l’archéologue d’intéressantes traces à étudier, celles des épidermes monochromes ou polychromes fréquemment multiples ; l’investigation de ces minces stratigraphies murales s’étend aux traces des coups de pinceau ou, en entrant dans la matière, les mélanges de pigments10. Certaines tailles de finition étaient pourtant décoratives et quelques-uns de ces signes du travail de la pierre demeuraient visibles à l’intérieur comme à l’extérieur des bâtiments. On notera que les mêmes protocoles d’analyse et d’interprétation archéologiques s’appliquent fructueusement ces dernières décennies aux ouvrages de charpenterie médiévale. D’aucuns en font un sujet d’étude tracéologique11, restituant jusqu’aux gestes de droitiers et de gauchers, ou au poids des haches et des doloires.

    Tracés et dessins préparatoires

    7Un autre type de traces est instructif : les tracés préparatoires de la finition et du décor des blocs, plaques, moulures, bases, chapiteaux ou autres éléments sculptés. Ces tracés directeurs étaient normalement destinés à disparaître au cours du processus d’élaboration de la pièce, par effacement, par suppression de la surface de matière où ils avaient été dessinés à la sanguine, au charbon de bois ou imprimés plus fortement à la pointe sèche et au compas, ou encore par un apport de matière les oblitérant définitivement – du moins le croyait-on à l’époque. Ces vestiges labiles sont ceux d’un moment éphémère du processus de travail, un traçage prévisionnel qui engageait la suite des opérations12. Des lignes, des cadres, rarement des formes géométriques complexes (fig. 2).

    Fig. 2 : Segments préparés pour la pose de nervures de voûtes sur croisées d’ogives.

    On distingue sur la face de joint au premier plan des tracés préparatoires en croix et une marque lapidaire.

    Cliché : Chantier de Guédelon, 2010.

    8On retrouve ainsi des tracés obliques reliant les angles et se croisant en X tant sur de simples blocs taillés de moyen ou grand appareil que, par exemple, sur le lit d’attente des chapiteaux de type corinthien ou composite, afin d’assurer un équerrage parfait. Une autre croix orthogonale partant du centre des faces pouvait recouper le premier tracé et guider la taille des échancrures et des nœuds de l’abaque ; le point de compas central de ces deux croix pouvait encore servir comme déjà dans l’Antiquité à placer et creuser la mortaise d’un goujon de fixation métallique du chapiteau au bloc contigu. De même, les cadres et moulures ornementales ont tous été dessinés préalablement (fig. 3) ;

    Fig. 3 : Plaque entre deux piliers du chancel de la basilique A de Byllis (ve siècle), avec des tracés préparatoires sur les cartouches moulurés des piliers.

    Cliché : P. Chevalier.

    9les tracés régulateurs et les traces de leur préparation sont aisément perceptibles lorsqu’on les cherche, autant que les réglures sur les champs épigraphiques. Nous citerons parmi les tracés de préparation les plus spectaculaires ces épures qui permettaient aux artisans des chantiers gothiques de disposer de gabarits à échelle réelle pour des arcs, des pinacles, des gâbles, des rosaces ou des remplages de fenêtres esquissés sur une moitié seulement comme les arcs, l’autre moitié se faisant par symétrie, puis tardivement des voûtes entières. Copiées en bois, elles donnaient le profil et les dimensions des pierres à tailler. Les épures étaient le plus souvent dessinées rapidement sur un mur ou au sol et effacées ou recouvertes une fois le travail accompli, elles furent rarement gravées de manière plus pérenne et la plupart ont disparu. La plus ancienne épure datée remonte au xiie siècle : une rosace gravée sur le sol du chauffoir de l’abbaye de Byland dans le Yorkshire. Le dallage en pierre de Volvic des terrasses du chevet de la cathédrale de Clermont a cependant livré pour les années 1265-1350 l’un des plus beaux ensembles préservés malgré l’érosion d’incisions peu marquées, sur 9 x 6 m pour la plus grande épure relevée13. Mais il y en a bien d’autres à Reims14, Soissons, Limoges, Narbonne15 ou Auxerre. Et aussi ce que l’on appelle de manière suggestive en Angleterre à compter de 1274 « Tracing houses », des « salles de trait » au sol de plâtre comme celles de York (fig. 4a-b) ou de Wells16, dont un exemple du xiiie siècle a été documenté récemment à Bayeux17.

    Fig. 4a-b : Relevé (a) et vue (b) du sol de la salle de trait de la cathédrale de York.

    D’après J. H. Harvey.

    Fig. 5 : Vue par-dessous d’un chapiteau d’angle gothique (Inv. No AP355), montrant le lit de pose destiné à reposer sur le sommet du fût de la colonnette.

    Cliché : musée Carnavalet, Paris.

    Traces et guides de pose

    10D’autres tracés traqués par l’archéologue-médiéviste signalaient un positionnement à respecter lors de la mise en place ; la saillie d’une corniche sur son lit d’attente, la surface sommitale d’un chapiteau plus étroit sur le lit de pose d’un tailloir, lit de pose d’une colonnette (fig. 5),

    11les faces de joints de nervures, etc. Ainsi au sol de la crypte de la cathédrale de Clermont (980-1020), les emplacements des supports disparus sont signalés par un cercle profondément gravé dans des blocs carrés toujours en place. Il s’agit là du gabarit de la moulure de chaque colonne qui consistait en un simple disque de grès arrondi en tore. Le seul exemplaire complet préservé portait encore en surface le négatif du fût de colonne qu’il avait supporté, sous la forme d’une concrétion circulaire de mortier de chaux au diamètre un peu inférieur à celui du disque mouluré. En étudiant les aménagements liturgiques d’églises paléochrétiennes et protobyzantines des Balkans (mais le constat a pu être fait ailleurs), on note nombre de ces tracés ténus, réalisés à la pointe sèche, sur les stylobates de chancels ou les socles d’autel et qui étaient destinés à aider le placement et la pose des différents éléments du meuble. Un simple trait allongé reliant deux mortaises au centre d’un stylobate lisse indiquait à Salone (Croatie) ou à Byllis (Albanie) (fig. 6)

    Fig. 6 : Angle sud-ouest du stylobate de chancel de la basilique A de Byllis.

    Avec soulignement au trait des tracés de positionnement reconnus et des mortaises de fixation par goujon – à droite, la base de colonne d’angle a été taillée au vie siècle mais on distingue encore un tracé résiduel destiné au pilier carré du ve siècle.

    Cliché : P. Chevalier.

    12l’emplacement d’une plaque du chancel que l’on posait sur le trait et fixait par des languettes latérales à deux piliers que maintenaient les goujons insérés dans les mortaises18. Ces tracés correspondaient finalement à des modes d’emploi, ils tenaient lieu d’instructions graphiques de montage pour ce mobilier liturgique, sculpté dans la pierre ou le marbre et livré en kit dans l’ensemble du monde chrétien du haut Moyen Âge, souvent à longue distance avec des erreurs de commande ou de livraison19. Ces tracés de pose n’étaient pas de trop et on leur adjoignait parfois des marques lapidaires dites également de pose, dessinées, incisées ou même gravées. Même si leur aspect est souvent similaire, on ne confondra pas ces marques avec les autres signes lapidaires qui identifient le travail de taille et qui sont mieux étudiés20 ; nous ne nous y attarderons pas. Au vie siècle on trouve aussi bien à Byllis (Albanie) qu’à Ras el-Basit (Syrie21) par exemple, un socle d’autel dont les mortaises d’angle sont accompagnées chacune d’une ou deux lettres grecques, lettres qu’on lit aussi sur les bases des quatre colonnettes qui venaient s’encastrer dans les mortaises ainsi distinguées. Ces marques de pose sont également celles des ateliers impériaux de l’île de Proconnèse sur la mer de Marmara près de Constantinople qui fabriquaient les centaines de colonnes – bases, fûts, chapiteaux et tailloirs peuvent être marqués – qui ont été livrées dans toute la Méditerranée ou presque, du ve au viie siècle. On imagine que des tracés provisoires de positionnement assez nombreux accompagnaient ces marques sur le chantier de construction, des repères utilitaires réalisés à la craie ou au charbon de bois qui s’effaçaient presque d’eux-mêmes ; une marque de pose ainsi esquissée est toutefois conservée à Braga au Portugal. Et ces tracés et signes distinctifs ne sont pas réservés à la pierre en construction : les pièces de bois des charpentes médiévales ou de l’ossature des bâtiments à pans de bois regorgent de marques et traces du même type, identifiant les éléments, les décomptant, guidant leur positionnement, leur alignement, leur encastrement… Même si peu de charpentes conservées sont bien datées du Moyen Âge en regard des édifices en pierre qu’elles coiffaient, les traces d’outils, les tracés de pose et les marques d’assemblage y ont été moins soumis à l’érosion et sont souvent plus lisibles22.

    Traces de bénédictions

    13Il arrive à l’archéologue de discerner ou de mettre au jour des traces plus exceptionnelles comme celles que décrivent les rituels médiévaux de consécration d’églises, codifiés dès l’époque carolingienne23. Outre les aspersions d’eau bénite et les onctions au saint chrême, le célébrant traçait en effet de nombreux signes éphémères sur l’autel et les murs de l’édifice de culte à l’aide d’un mélange d’eau, de vin, de sel et de cendre. Douze croix de consécration étaient peintes sur les murs intérieurs de l’église consacrée par l’évêque, assez généralement à 2 ou 3 mètres au-dessus du sol, tout au long de la nef et du chœur. Dans de nombreux cas, on aperçoit des tracés à la mine de plomb, au compas24 ou au poinçon sur le badigeon des parois ou directement sur la pierre, pour guider la peinture du motif. Certaines croix ont été appliquées, d’autres incisées finement en un geste rapide et peu appliqué, d’autres encore gravées profondément avec soin voire sculptées en relief méplat sur leur support (murs, piliers, colonnes) puis soulignées de peinture – ces dernières résistent évidemment mieux aux atteintes des siècles. Enrichies de couleurs comme le rouge (fig. 7) et le bleu (fig. 8), ces croix étaient fréquemment cernées d’un cercle à l’époque romane et d’un quatre-feuilles à l’époque gothique. Outre ce cadre, leur forme même a évolué très sensiblement avec le temps – les croix grecques aux branches fleurdelisées datent par exemple du xve siècle – faisant de ces signes une autre des traces « datantes » que prisent l’archéologue et l’historien d’art du Moyen Âge. Quel que soit leur mode de réalisation, les croix qui gardaient le souvenir du moment fugace de la consécration ont souvent été dissimulées par les badigeons ou enduits successifs. On en retrouve couramment à la faveur de recherches sur le bâti ou de restaurations. Quelques-unes ont cependant été repeintes et entretenues régulièrement sans que leurs traces renforcées ne puissent expliquer pourquoi la plupart du temps.

    Fig. 7 : Croix de consécration peinte de l’abbatiale de Fontfroide, milieu du xiie siècle.

    Cliché : P. Chevalier.

    Fig. 8 : Croix de consécration peinte de Saint-Laurent de Dassel.

    Dessinée au trait et au compas, 1477.

    Cliché : P. Chevalier.

    14Les multiples graffitis tracés dans les églises par des clercs sur l’autel25 ou alentour26, par des fidèles dans la nef ou aux portes des mêmes édifices27, les croix ou autres motifs incisés par les pèlerins dans les lieux qu’ils avaient réussi à atteindre28 (fig. 9), marquent aussi la présence généralement passagère de leurs auteurs. Ces traces testimoniales en font mémoire durablement, qu’elles soient lisibles ou non, dans des édifices ou des sites dont la sacralité promettait le salut au graffiteur, y compris lorsque sa gravure était délibérément profane. Il y a certes des noms, des textes plus longs (obit, ex-voto, invocation, prière, malédiction même) réservés aux lettrés, des symboles dont nombre de croix, de calvaires, mais aussi des blasons et des meubles héraldiques, des signes géométriques comme les étoiles et des dessins au compas comme les rosaces et les rouelles, des objets (armes, vêtements, bateaux…), des constructions, des figures humaines (fig. 10), des animaux réels et fantastiques, des végétaux… L’identification et la documentation de ces graffitis bénéficient aujourd’hui des apports substantiels des nouvelles technologies (éclairage LED et lumière laser, photogrammétrie et imagerie numériques, modélisation 3D, analyses archéométriques et morphométrie…). C’est ce dont témoigne par exemple la dernière séance du séminaire de recherche permanent sur l’écriture médiévale en dehors du monde manuscrit (SEMPER) du Centre d’études supérieures de civilisation médiévale de Poitiers, tenu sous la forme d’un webinaire le 26 novembre 202029.

    Fig. 9 : Croix gravées par des pèlerins médiévaux au Saint-Sépulcre de Jérusalem.

    Escalier descendant à la chapelle Sainte-Hélène, emplacement de la découverte de la Vraie Croix en 325.

    Cliché : G. Paumier, 2011.

    Fig. 10 : Graffiti représentant un chevalier du Norfolk et une étoile, gravés à la pointe sèche.

    Cliché : M. Champion.

    Perspectives conclusives

    15Plus récente encore et très prometteuse, à la confluence pluridisciplinaire de l’ingénierie 3D, des sciences de la vie et de la terre avec l’archéologie et la géomatique, la piste morphométrique utilise l’analyse comparative de deux espaces colorimétriques (RVB30 et HSV31) avec les caractéristiques de texture32 des surfaces incisées et gravées, même les plus érodées ou celles qui sont invisibles à l’œil nu, pour en permettre une sorte de lecture « assistée par ordinateur », qui plus est automatisée par des algorithmes33. La morphométrie offre par conséquent des modèles de travail inédits et de belles perspectives dans l’étude des traces. Ceci étant, les méthodes classiques ou les technologies d’acquisition de données ayant déjà amplement fait leurs preuves gardent à l’évidence tout leur intérêt, comme dans les autres domaines de l’archéologie.

    16Les impacts d’outils, tracés préparatoires, marques de pose, croix de consécration et graffitis, etc., et leurs multiples facettes, sont devenus dans notre regard contemporain des traces – ultimes témoins d’instants quotidiens révolus que les sources textuelles peinent à attester –, que l’archéologue médiéviste tente de revivifier et d’expliciter. Mais ces messages sont fragiles. Leur étude prend parfois un caractère d’urgence, avant qu’ils ne disparaissent du fait de l’érosion, de la pollution, voire de campagnes de restaurations dont les acteurs ne savent pas les reconnaître – comme ce sablage regrettablement rapide qui, au tout début des années 2000, a effacé avant même leur documentation photographique les seules traces peintes conservées imitant en peinture l’appareil mosaïqué polychrome extérieur, au sommet du mur gouttereau sud de Notre-Dame du Port à Clermont-Ferrand ; il n’en reste qu’un schéma tracé au crayon de bois par Bruno Phalip et le témoignage oral de son souvenir, traces partielles de traces oblitérées du passé médiéval…

    Bibliographie

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    Didier Méhu (dir.), Mises en scène et mémoires de la consécration de l’église dans l’Occident médiéval, Turnhout, Brepols, coll. « Centre d’études médiévales de Nice », 7, 2007.

    Philippe Minard, François Folcher, Guédelon : des hommes fous, un château fort, Genève, Aubanel, 2003.

    Fabrice Monna, Yury Esin, Jérôme Magail, Ludovic Granjon, Nicolas Navarro, Josef Wilczek, Laure Saligny, Sébastien Couette, Anthony Dumontet, Carmela Chateau Smith, « Documenting carved stones by 3D modelling – Example of Mongolian deer stones », Journal of Cultural Heritage, 34, 2018, p. 116-128.

    Skënder Muçaj, Jean-Pierre Sodini, Pascale Chevalier & Marie-Patricia Raynaud, Byllis. Présentation du site, fortifications, basiliques A, C et D, Athènes, École française d’Athènes (Recherches Archéologiques Franco-Albanaises, 3), 2019.

    Manuel Porcheron, « Tracéologie du bois d’époque médiévale », Revue archéologique du Centre de la France [En ligne], 58, 2019 [http://journals.openedition.org/racf/3794].

    Tatiana Rozhdestvenskaya, Alexandre Gordine et Piotr Zykov, « Les graffiti des pèlerins slaves en France – xiie-xviie siècles », Revue des études slaves [En ligne], 89-3, 2018, p. 281-302, [https://doi.org/10.4000/res.1799].

    Christian Sapin (dir.), Peindre à Auxerre au Moyen Âge, ixe-xive siècles. 10 ans de recherches à l’abbaye Saint-Germain et à la cathédrale Saint-Étienne d’Auxerre, Paris, CTHS, 1999 (Mémoire de la section d’archéologie et d’histoire de l’art, VII).

    Cécile Treffort, « La table d’autel à graffiti découverte à Vouneuil-sous-Biard », in Christian Sapin (dir.), Les stucs de l’Antiquité tardive de Vouneuil-sous-Biard (Vienne), CNRS Éditions (suppl. à Gallia, 60), 2009, p. 24-28. 

    Marie Vallee-Roche, « Note à propos des graffitis de l’autel paléochrétien de Minerve (Hérault) », Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, 73, 2013, p. 85-108.

    Paul Vivian, « Les épures de la chapelle Notre-Dame de Bethléem à la cathédrale de Narbonne », in Myriam Demore, Jean Nougaret et Olivier Poisson (dir.), Le grand retable de Narbonne. Le décor sculpté de la chapelle de Bethléem à la cathédrale de Narbonne et le retable en pierre du xive siècle en France et en Catalogne. Actes du ier colloque d’histoire de l’art méridional au Moyen Âge, Narbonne – 2-3 décembre 1988, Narbonne, 1990, p. 71-76.

    Notes de bas de page

    1 Cf. https://www.dejeunersouslherbe.org/lenterrement-du-dejeuner/quelle-oeuvre/.

    2 Philippe Bernardi et Hélène Dessales, « Les réemplois en architecture, entre Antiquité et Moyen Âge : introduction à l’école d’été (Rome, 19-23 septembre 2016) », MEFREM-Mélanges de l’École française de Rome - Moyen Âge [En ligne], 129-1, 2017, [http://journals.openedition.org/mefrm/3550].

    3 Anne Baud, Philippe Bernardi, Andréas Hartmann-Virnich, Eric Husson, Christian Le Barrier, Isabelle Parron, Nicolas Reveyron, Joëlle Tardieu et al., L’échafaudage dans le chantier médiéval, Lyon (DARA, 13), 1996.

    4 Jean-Claude Bessac, L’outillage traditionnel du tailleur de pierre, de l’Antiquité à nos jours (supplément 14 de la Revue archéologique de Narbonnaise), CNRS Éditions, 1986.

    5 Philippe Minard, François Folcher, Guédelon : des hommes fous, un château fort, Genève, Aubanel, 2003.

    6 Ce conseil est composé d’archéologues, d’historiens de l’art, de castellologues…, avec des membres permanents : Anne Baud, archéologue du bâti, maître de conférences à l’université Lyon 2 ; Jacques Moulin, Architecte en Chef des Monuments Historiques ; Nicolas Reveyron, historien d’art, professeur à l’université Lyon 2 ; Nicolas Faucherre, archéologue-castellologue, professeur à Aix-Marseille université ; Christian Corvisier, historien de l’architecture ; Philippe Durand (†), castellologue, maître de conférences à l’université Bordeaux 3 ; Frédéric Épaud, spécialiste des charpentes médiévales, CNRS – et d’autres au gré des besoins.

    7 Le maitre d’œuvre du chantier, Florian Renucci, a une formation de tailleur de pierre. Cf. Philippe Durand, Anne Baud, Nicolas Reveyron, Florian Renucci, Guédelon, Construire aujourd’hui un château du xiiie siècle, Paris, Gisserot-patrimoine, 2005.

    8 C’est tout naturellement que Guédelon a accueilli en 2015 un colloque international organisé par la MOM (Maison de l’Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux) de Lyon. Voir Anne Baud, Gérard Charpentier, Chantiers et matériaux de construction en Orient et en Occident, Actes du colloque de Guédelon des 23,24 et 25 septembre 2015, Lyon, TMO, 2019.

    9 Voir pour les traces d’autres outils employés par d’autres acteurs du chantier de construction, traces perceptibles jusque dans leurs squelettes, les observations du tailleur de pierre-maçon et chercheur Thierry Gregor, « La posture du corps dans le chantier médiéval », Annales de Janua, 6, 2018, [https://annalesdejanua.edel.univ-poitiers.fr/index.php?id=1820].

    10 L’étude pionnière en la matière est celle de Christian Sapin (dir.), Peindre à Auxerre au Moyen Âge, ixe-xive siècles. 10 ans de recherches à l’abbaye Saint-Germain et à la cathédrale Saint-Étienne d’Auxerre, Paris, CTHS, 1999 (Mémoire de la section d’archéologie et d’histoire de l’art, VII).

    11 Manuel Porcheron, « Tracéologie du bois d’époque médiévale », Revue archéologique du Centre de la France [En ligne], 58, 2019, [http://journals.openedition.org/racf/3794].

    12 Le même type d’observations menées sur les mosaïques ou sur les peintures murales permet de reconstituer étape par étape la séquence des gestes des artisans et le déroulement d’un chantier, sa préparation, les repentirs, les changements de parti, etc. Voir par exemple pour le vie siècle et la mosaïque : Giuseppe Bovini, « Les “sinopie” récemment découvertes sous les mosaïques de l’abside de Saint-Apollinaire-in-Classe, à Ravenne », Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 118-1, 1974. p. 97-110 ; ou pour le xve siècle et la peinture, Yannick Frizet, « Découvertes sur les peintures murales tardo-médiévales de la cathédrale de Digne, Notre-Dame-du Bourg », Chroniques de Haute-Provence, Société Scientifique et Littéraire des Alpes de Haute Provence, 2005, p. 169-199, en particulier p. 174-177.

    13 Florence Claval, « Les épures de la cathédrale de Clermont-Ferrand », Bulletin archéologique du CTHS, ns 20-21A, 1984-1985, p. 185-224. Ces épures tracées sur la terrasse surmontant le déambulatoire ont servi notamment à la réalisation d’une fenêtre de la chapelle de Notre-Dame du Secours Perpétuel, du galbe du porche nord et d’une baie de la nef.

    14 Henri Deneux, « Signes lapidaires et épures du xiiie siècle à la cathédrale de Reims », Bulletin Monumental, 84, 1925, p. 99-130.

    15 Jean-Claude Bessac, « Tracés et épures gravés dans l’ancienne cathédrale Saint-Just de Narbonne (Aude) », in Actes du Colloque international de Glyptographie de Cambrai, 14-16 septembre 1984, Braine-le-Château, édition de la Taille d’Aulme, 1985, p. 35-55 ; Paul Vivian, « Les épures de la chapelle Notre-Dame de Bethléem à la cathédrale de Narbonne », in Myriam Demore, Jean Nougaret et Olivier Poisson (dir.), Le grand retable de Narbonne. Le décor sculpté de la chapelle de Bethléem à la cathédrale de Narbonne et le retable en pierre du xive siècle en France et en Catalogne. Actes du ier colloque d’histoire de l’art méridional au Moyen Âge, Narbonne – 2-3 décembre 1988, Narbonne, 1990, p. 71-76.

    16 Cf. notamment John Hooper Harvey, « The Tracing Floor in York Minster », 40th Annual Report of the Friends of the York Minster for 1968, 1969, p. 1-13 ; Alexander Holton, « The Working Space of the Medieval Master Mason: The Tracing Houses of York Minster and Wells Cathedral », in Malcolm Dunkeld, James W. P. Campbell, Hentie Louw, Michael Tutton, Bill Addis, Robert Thorne (dir.), Proceedings of the Second International Congress on Construction History, Cambridge, Queens’ College, 29 March-2nd April 2006, Exeter, 2006, p. 1579-1597.

    17 Frédéric Épaud, « Bayeux. Découverte d’une salle de trait du xiiie siècle dans les combles de la cathédrale » (Actualité, Calvados), Bulletin Monumental, 169-4, 2011, p. 345-350.

    18 Un carré ou un cercle donne plus rarement l’implantation de chaque support de la barrière et on trouve généralement un négatif de celui-ci, un encastrement – mais ce mode de mise en place dépasse la question des tracés préparatoires. Cf. Skënder Muçaj, Jean-Pierre Sodini, Pascale Chevalier & Marie-Patricia Raynaud, Byllis. Présentation du site, fortifications, basiliques A, C et D, Athènes, École française d’Athènes (Recherches Archéologiques Franco-Albanaises, 3), 2019, passim.

    19 Pascale Chevalier, « Rainures et mortaises, ajouts et retailles… le mode d’emploi sans parole du (re)montage de quelques chancels paléochrétiens des Balkans », in Anne Adrian (éd.), Le chancel de Saint-Pierre aux Nonnains de Metz. Problématique complexe pour un ensemble exceptionnel, Metz – 27-29 avril 2017, Metz, musée de la Cour d’Or, 2021, p. 292-303.

    20 Yves Esquieu, Andréas Hartmann-Virnich, Anne Baud, Frédérique Costantini, Rollins Guild, Dominique Pitte, Daniel Prigent, Isabelle Parron, Nicolas Reveyron, Benjamin Saint-Jean-Vitus, Christian Sapin, Joëlle Tardieu, « Les signes lapidaires dans la construction médiévale : études de cas et problèmes de méthode », Bulletin Monumental, 165-4, 2007, p. 331-358 ; Rylee Dionigi, « I segni dei lapicidi. Evidenze europee », in I magistri comacini – mito e realtà el medioevo lombardo, Atti del XIX Congresso internazionale di studio sull’alto medioevo – Varese-Como, 23-52 ottobre 2008, Spoleto, 2009, t. I, p. 341-471.

    21 Nicolas Beaudry, « Un autel et son reliquaire à Ras el Bassit (Syrie du Nord) », Hortus Artium Medievalium, 11, 2005, p. 111-129.

    22 Jean-Yves Hunot, « L’évolution de la charpente de comble en Anjou : xiie-xviiie siècles », Revue archéologique de l’Ouest, 21, 2004, p. 225-245, en particulier sur le marquage p. 234-235.

    23 Didier Méhu (dir.), Mises en scène et mémoires de la consécration de l’église dans l’Occident médiéval, Turnhout, Brepols, coll. « Centre d’études médiévales de Nice », 7, 2007, en particulier Id, « La dynamique du rituel de consécration de l’Église, viiie-xiiie siècle » et Yann Codou, « La consécration du lieu de culte et ses traductions graphiques, inscriptions et marques lapidaires dans la Provence des xe-xiie siècles ».

    24 Une des formes les plus courantes est celle que les Anglais appellent rounded cross : dans un cercle, les bras très évasés et convexes de la croix sont dessinés au compas au moyen de demi-cercles de même diamètre, tangents au croisement des branches.

    25 Cf. par exemple Cécile Treffort, « La table d’autel à graffiti découverte à Vouneuil-sous-Biard », in Christian Sapin (dir.), Les stucs de l’Antiquité tardive de Vouneuil-sous-Biard (Vienne), CNRS Éditions (suppl. à Gallia, 60), 2009, p. 24-28 ; Marie Vallee-Roche, « Note à propos des graffitis de l’autel paléochrétien de Minerve (Hérault) », Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, 73, 2013, p. 85-108.

    26 Pascale Chevalier, « Les graffitis de l’abside de l’Eufrasiana de Poreč, un obituaire monumental du haut Moyen Âge », in François Baratte, Vincent Deroche, Catherine Jolivet-Levy et Brigitte Pitarakis (dir.), Mélanges Jean-Pierre Sodini, Travaux et Mémoires, 15, Paris, Association des Amis du Centre d’Histoire et Civilisation de Byzance, 2005, p. 359-370.

    27 Cf. par exemple au Royaume Uni, le projet de recherche intitulé « The Norfolk and Suffolk Medieval Graffiti Survey », débuté en 2010, [http://www.medieval-graffiti.co.uk/index.html], et l’ouvrage de Matthew Champion, Medieval Graffiti: The Lost Voices of England’s Churches, Londres, Ebury Press, 2015.

    28 Voir dernièrement Tatiana Rozhdestvenskaya, Alexandre Gordine et Piotr Zykov, « Les graffiti des pèlerins slaves en France – xiie-xviie siècles », Revue des études slaves [En ligne], 89-3, 2018, p. 281-302, [https://doi.org/10.4000/res.1799].

    29 Le programme réunissait Antoine Cazin (La Fabrique des patrimoines de Normandie) sur l’« Évaluation de deux méthodes de relevés photographiques de graffitis – RTI et photogrammétrie » ; Daniel Morleghem (Citeres-LAT) et Clément Dussart (CESCM/CRFJ) sur la « Numérisation photographique de graffitis : enjeux, méthodes et applications » ; et Jacques Baillargeat (CNRS/Institut PPRIME) et Hervé Arlaud (CNRS/Institut PPRIME), sur le « Transfert des techniques d’imagerie utilisées en mécanique des fluides aux prises de vues de graffitis », [https://epimed.hypotheses.org/tag/graffiti].

    30 Modèle colorimétrique « Rouge Vert Bleu ».

    31 Le HSV-Hue Saturation Value (en français TSV : Teinte, Saturation = intensité, Valeur = brillance) est un système de gestion des couleurs en informatique.

    32 Au moyen de cartes matricielles de contraste, d’homogénéité et d’entropie.

    33 Fabrice Monna, Yury Esin, Jérôme Magail, Ludovic Granjon, Nicolas Navarro, Josef Wilczek, Laure Saligny, Sébastien Couette, Anthony Dumontet Carmela Chateau Smith, « Documenting carved stones by 3D modelling – Example of Mongolian deer stones », Journal of Cultural Heritage, 34, 2018, p. 116-128.

    Auteur

    • Pascale Chevalier

      Professeure en histoire de l’art et archéologie médiévales Université Clermont Auvergne, Centre d’Histoire « Espaces et Cultures » (CHEC)

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    Bruno Phalip et Fabienne Chevallier (dir.)

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    Restaurer au xixe siècle

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    Joconde ou madone ? La Tête de cire de Lille, énigme de la collection Wicar

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    Les langages du culte aux xviie et xviiie siècles

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    2020

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    1 Cf. https://www.dejeunersouslherbe.org/lenterrement-du-dejeuner/quelle-oeuvre/.

    2 Philippe Bernardi et Hélène Dessales, « Les réemplois en architecture, entre Antiquité et Moyen Âge : introduction à l’école d’été (Rome, 19-23 septembre 2016) », MEFREM-Mélanges de l’École française de Rome - Moyen Âge [En ligne], 129-1, 2017, [http://journals.openedition.org/mefrm/3550].

    3 Anne Baud, Philippe Bernardi, Andréas Hartmann-Virnich, Eric Husson, Christian Le Barrier, Isabelle Parron, Nicolas Reveyron, Joëlle Tardieu et al., L’échafaudage dans le chantier médiéval, Lyon (DARA, 13), 1996.

    4 Jean-Claude Bessac, L’outillage traditionnel du tailleur de pierre, de l’Antiquité à nos jours (supplément 14 de la Revue archéologique de Narbonnaise), CNRS Éditions, 1986.

    5 Philippe Minard, François Folcher, Guédelon : des hommes fous, un château fort, Genève, Aubanel, 2003.

    6 Ce conseil est composé d’archéologues, d’historiens de l’art, de castellologues…, avec des membres permanents : Anne Baud, archéologue du bâti, maître de conférences à l’université Lyon 2 ; Jacques Moulin, Architecte en Chef des Monuments Historiques ; Nicolas Reveyron, historien d’art, professeur à l’université Lyon 2 ; Nicolas Faucherre, archéologue-castellologue, professeur à Aix-Marseille université ; Christian Corvisier, historien de l’architecture ; Philippe Durand (†), castellologue, maître de conférences à l’université Bordeaux 3 ; Frédéric Épaud, spécialiste des charpentes médiévales, CNRS – et d’autres au gré des besoins.

    7 Le maitre d’œuvre du chantier, Florian Renucci, a une formation de tailleur de pierre. Cf. Philippe Durand, Anne Baud, Nicolas Reveyron, Florian Renucci, Guédelon, Construire aujourd’hui un château du xiiie siècle, Paris, Gisserot-patrimoine, 2005.

    8 C’est tout naturellement que Guédelon a accueilli en 2015 un colloque international organisé par la MOM (Maison de l’Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux) de Lyon. Voir Anne Baud, Gérard Charpentier, Chantiers et matériaux de construction en Orient et en Occident, Actes du colloque de Guédelon des 23,24 et 25 septembre 2015, Lyon, TMO, 2019.

    9 Voir pour les traces d’autres outils employés par d’autres acteurs du chantier de construction, traces perceptibles jusque dans leurs squelettes, les observations du tailleur de pierre-maçon et chercheur Thierry Gregor, « La posture du corps dans le chantier médiéval », Annales de Janua, 6, 2018, [https://annalesdejanua.edel.univ-poitiers.fr/index.php?id=1820].

    10 L’étude pionnière en la matière est celle de Christian Sapin (dir.), Peindre à Auxerre au Moyen Âge, ixe-xive siècles. 10 ans de recherches à l’abbaye Saint-Germain et à la cathédrale Saint-Étienne d’Auxerre, Paris, CTHS, 1999 (Mémoire de la section d’archéologie et d’histoire de l’art, VII).

    11 Manuel Porcheron, « Tracéologie du bois d’époque médiévale », Revue archéologique du Centre de la France [En ligne], 58, 2019, [http://journals.openedition.org/racf/3794].

    12 Le même type d’observations menées sur les mosaïques ou sur les peintures murales permet de reconstituer étape par étape la séquence des gestes des artisans et le déroulement d’un chantier, sa préparation, les repentirs, les changements de parti, etc. Voir par exemple pour le vie siècle et la mosaïque : Giuseppe Bovini, « Les “sinopie” récemment découvertes sous les mosaïques de l’abside de Saint-Apollinaire-in-Classe, à Ravenne », Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 118-1, 1974. p. 97-110 ; ou pour le xve siècle et la peinture, Yannick Frizet, « Découvertes sur les peintures murales tardo-médiévales de la cathédrale de Digne, Notre-Dame-du Bourg », Chroniques de Haute-Provence, Société Scientifique et Littéraire des Alpes de Haute Provence, 2005, p. 169-199, en particulier p. 174-177.

    13 Florence Claval, « Les épures de la cathédrale de Clermont-Ferrand », Bulletin archéologique du CTHS, ns 20-21A, 1984-1985, p. 185-224. Ces épures tracées sur la terrasse surmontant le déambulatoire ont servi notamment à la réalisation d’une fenêtre de la chapelle de Notre-Dame du Secours Perpétuel, du galbe du porche nord et d’une baie de la nef.

    14 Henri Deneux, « Signes lapidaires et épures du xiiie siècle à la cathédrale de Reims », Bulletin Monumental, 84, 1925, p. 99-130.

    15 Jean-Claude Bessac, « Tracés et épures gravés dans l’ancienne cathédrale Saint-Just de Narbonne (Aude) », in Actes du Colloque international de Glyptographie de Cambrai, 14-16 septembre 1984, Braine-le-Château, édition de la Taille d’Aulme, 1985, p. 35-55 ; Paul Vivian, « Les épures de la chapelle Notre-Dame de Bethléem à la cathédrale de Narbonne », in Myriam Demore, Jean Nougaret et Olivier Poisson (dir.), Le grand retable de Narbonne. Le décor sculpté de la chapelle de Bethléem à la cathédrale de Narbonne et le retable en pierre du xive siècle en France et en Catalogne. Actes du ier colloque d’histoire de l’art méridional au Moyen Âge, Narbonne – 2-3 décembre 1988, Narbonne, 1990, p. 71-76.

    16 Cf. notamment John Hooper Harvey, « The Tracing Floor in York Minster », 40th Annual Report of the Friends of the York Minster for 1968, 1969, p. 1-13 ; Alexander Holton, « The Working Space of the Medieval Master Mason: The Tracing Houses of York Minster and Wells Cathedral », in Malcolm Dunkeld, James W. P. Campbell, Hentie Louw, Michael Tutton, Bill Addis, Robert Thorne (dir.), Proceedings of the Second International Congress on Construction History, Cambridge, Queens’ College, 29 March-2nd April 2006, Exeter, 2006, p. 1579-1597.

    17 Frédéric Épaud, « Bayeux. Découverte d’une salle de trait du xiiie siècle dans les combles de la cathédrale » (Actualité, Calvados), Bulletin Monumental, 169-4, 2011, p. 345-350.

    18 Un carré ou un cercle donne plus rarement l’implantation de chaque support de la barrière et on trouve généralement un négatif de celui-ci, un encastrement – mais ce mode de mise en place dépasse la question des tracés préparatoires. Cf. Skënder Muçaj, Jean-Pierre Sodini, Pascale Chevalier & Marie-Patricia Raynaud, Byllis. Présentation du site, fortifications, basiliques A, C et D, Athènes, École française d’Athènes (Recherches Archéologiques Franco-Albanaises, 3), 2019, passim.

    19 Pascale Chevalier, « Rainures et mortaises, ajouts et retailles… le mode d’emploi sans parole du (re)montage de quelques chancels paléochrétiens des Balkans », in Anne Adrian (éd.), Le chancel de Saint-Pierre aux Nonnains de Metz. Problématique complexe pour un ensemble exceptionnel, Metz – 27-29 avril 2017, Metz, musée de la Cour d’Or, 2021, p. 292-303.

    20 Yves Esquieu, Andréas Hartmann-Virnich, Anne Baud, Frédérique Costantini, Rollins Guild, Dominique Pitte, Daniel Prigent, Isabelle Parron, Nicolas Reveyron, Benjamin Saint-Jean-Vitus, Christian Sapin, Joëlle Tardieu, « Les signes lapidaires dans la construction médiévale : études de cas et problèmes de méthode », Bulletin Monumental, 165-4, 2007, p. 331-358 ; Rylee Dionigi, « I segni dei lapicidi. Evidenze europee », in I magistri comacini – mito e realtà el medioevo lombardo, Atti del XIX Congresso internazionale di studio sull’alto medioevo – Varese-Como, 23-52 ottobre 2008, Spoleto, 2009, t. I, p. 341-471.

    21 Nicolas Beaudry, « Un autel et son reliquaire à Ras el Bassit (Syrie du Nord) », Hortus Artium Medievalium, 11, 2005, p. 111-129.

    22 Jean-Yves Hunot, « L’évolution de la charpente de comble en Anjou : xiie-xviiie siècles », Revue archéologique de l’Ouest, 21, 2004, p. 225-245, en particulier sur le marquage p. 234-235.

    23 Didier Méhu (dir.), Mises en scène et mémoires de la consécration de l’église dans l’Occident médiéval, Turnhout, Brepols, coll. « Centre d’études médiévales de Nice », 7, 2007, en particulier Id, « La dynamique du rituel de consécration de l’Église, viiie-xiiie siècle » et Yann Codou, « La consécration du lieu de culte et ses traductions graphiques, inscriptions et marques lapidaires dans la Provence des xe-xiie siècles ».

    24 Une des formes les plus courantes est celle que les Anglais appellent rounded cross : dans un cercle, les bras très évasés et convexes de la croix sont dessinés au compas au moyen de demi-cercles de même diamètre, tangents au croisement des branches.

    25 Cf. par exemple Cécile Treffort, « La table d’autel à graffiti découverte à Vouneuil-sous-Biard », in Christian Sapin (dir.), Les stucs de l’Antiquité tardive de Vouneuil-sous-Biard (Vienne), CNRS Éditions (suppl. à Gallia, 60), 2009, p. 24-28 ; Marie Vallee-Roche, « Note à propos des graffitis de l’autel paléochrétien de Minerve (Hérault) », Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, 73, 2013, p. 85-108.

    26 Pascale Chevalier, « Les graffitis de l’abside de l’Eufrasiana de Poreč, un obituaire monumental du haut Moyen Âge », in François Baratte, Vincent Deroche, Catherine Jolivet-Levy et Brigitte Pitarakis (dir.), Mélanges Jean-Pierre Sodini, Travaux et Mémoires, 15, Paris, Association des Amis du Centre d’Histoire et Civilisation de Byzance, 2005, p. 359-370.

    27 Cf. par exemple au Royaume Uni, le projet de recherche intitulé « The Norfolk and Suffolk Medieval Graffiti Survey », débuté en 2010, [http://www.medieval-graffiti.co.uk/index.html], et l’ouvrage de Matthew Champion, Medieval Graffiti: The Lost Voices of England’s Churches, Londres, Ebury Press, 2015.

    28 Voir dernièrement Tatiana Rozhdestvenskaya, Alexandre Gordine et Piotr Zykov, « Les graffiti des pèlerins slaves en France – xiie-xviie siècles », Revue des études slaves [En ligne], 89-3, 2018, p. 281-302, [https://doi.org/10.4000/res.1799].

    29 Le programme réunissait Antoine Cazin (La Fabrique des patrimoines de Normandie) sur l’« Évaluation de deux méthodes de relevés photographiques de graffitis – RTI et photogrammétrie » ; Daniel Morleghem (Citeres-LAT) et Clément Dussart (CESCM/CRFJ) sur la « Numérisation photographique de graffitis : enjeux, méthodes et applications » ; et Jacques Baillargeat (CNRS/Institut PPRIME) et Hervé Arlaud (CNRS/Institut PPRIME), sur le « Transfert des techniques d’imagerie utilisées en mécanique des fluides aux prises de vues de graffitis », [https://epimed.hypotheses.org/tag/graffiti].

    30 Modèle colorimétrique « Rouge Vert Bleu ».

    31 Le HSV-Hue Saturation Value (en français TSV : Teinte, Saturation = intensité, Valeur = brillance) est un système de gestion des couleurs en informatique.

    32 Au moyen de cartes matricielles de contraste, d’homogénéité et d’entropie.

    33 Fabrice Monna, Yury Esin, Jérôme Magail, Ludovic Granjon, Nicolas Navarro, Josef Wilczek, Laure Saligny, Sébastien Couette, Anthony Dumontet Carmela Chateau Smith, « Documenting carved stones by 3D modelling – Example of Mongolian deer stones », Journal of Cultural Heritage, 34, 2018, p. 116-128.

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    Chevalier, P. (2024). L’archéologue médiéviste, un traqueur de traces et de tracés…. In C. Breniquet, F. Colas-Rannou, & M. Jakobi (éds.), Quelles traces pour l’histoire de l’art et l’archéologie ? (1‑). Presses universitaires Blaise-Pascal. https://doi.org/10.4000/146hn
    Chevalier, Pascale. « L’archéologue médiéviste, un traqueur de traces et de tracés… ». In Quelles traces pour l’histoire de l’art et l’archéologie ?, édité par Catherine Breniquet, Fabienne Colas-Rannou, et Marianne Jakobi. Clermont-Ferrand: Presses universitaires Blaise-Pascal, 2024. https://doi.org/10.4000/146hn.
    Chevalier, Pascale. « L’archéologue médiéviste, un traqueur de traces et de tracés… ». Quelles traces pour l’histoire de l’art et l’archéologie ?, édité par Catherine Breniquet et al., Presses universitaires Blaise-Pascal, 2024, https://doi.org/10.4000/146hn.

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    Breniquet, C., Colas-Rannou, F., & Jakobi, M. (éds.). (2024). Quelles traces pour l’histoire de l’art et l’archéologie ? (1‑). Presses universitaires Blaise-Pascal. https://doi.org/10.4000/146i9
    Breniquet, Catherine, Fabienne Colas-Rannou, et Marianne Jakobi, éd. Quelles traces pour l’histoire de l’art et l’archéologie ?. Clermont-Ferrand: Presses universitaires Blaise-Pascal, 2024. https://doi.org/10.4000/146i9.
    Breniquet, Catherine, et al., éditeurs. Quelles traces pour l’histoire de l’art et l’archéologie ?. Presses universitaires Blaise-Pascal, 2024, https://doi.org/10.4000/146i9.
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