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  • Les Curtelin, architectes lyonnais
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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Georges Curtelin : une formation entre héritage paternel et grands maîtres L’agence du cours Suchet et les projets d’usines L’agence de l’avenue Leclerc : l’architecture entre famille et autonomie Conclusion Sources Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Dynasties d'architectes et d'artistes en province aux xixe et xxe siècles

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Les Curtelin, architectes lyonnais

    Première enquête sur une dynastie entre héritage et indépendance (1899-2000)

    The Curtelins, architects in Lyon. First outline on a dynasty between heritage and independence (1899-2000)

    Emma Filipponi

    p. 145-160

    Résumés

    Dans le cadre de l’étude des transferts intergénérationnels des savoir-faire artistiques, la famille lyonnaise des Curtelin – Georges, Paul et Charles – représente un cas d’étude encore peu connu. Cette contribution vise à mettre en lumière, sous la forme d’une chronique « familiale », les caractères de cette dynastie et constitue une première enquête autour de cette filiation au fort ancrage local : de la formation du fondateur et de son approche à l’architecture à la naissance de l’agence familiale, jusqu’aux rapports professionnels avec ses enfants.

    In the context of the study of intergenerational transfers of artistic know-how, the Curtelin family – Georges, Paul and Charles – represents a very interesting, but still little-known case study. This contribution aims to highlight, in the form of a “family” chronicle, the characteristics of this dynasty and constitutes a first investigation of this filiation with strong local roots: from the founder’s training and approach to architecture, to the birth of the family agency, to the professional relationships with his children.

    Entrées d’index

    Mots-clés : architecture, art, dynastie, Curtelin (famille), héritage, autonomie, Lyon

    Keywords : architecture, art, dynasty, Curtelin (family), heritage, autonomy, Lyon

    Texte intégral Georges Curtelin : une formation entre héritage paternel et grands maîtres L’agence du cours Suchet et les projets d’usines L’agence de l’avenue Leclerc : l’architecture entre famille et autonomie Conclusion Sources Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1La transmission des dynamiques de création constitue, depuis toujours, la base du progrès des savoir-faire artistiques. Chaque artiste, chaque architecte, chaque constructeur crée son école et alimente les connaissances du cercle de ses adeptes. Les idées et les techniques circulent d’un élève à l’autre, et leur réinterprétation marque l’évolution du style. Quand cette circulation est soutenue par l’appartenance à une même dynastie, les démarches d’appropriation et de réinterprétation s’enrichissent de celles liées aux relations de filiation et d’héritage, mais aussi des dynamiques de refus ou d’acceptation des traditions familiales.

    2Dans ce cadre, où les transferts entre père et fils et entre maître et élève se juxtaposent, la famille d’architectes Curtelin constitue un cas d’étude très intéressant, mais peu exploré par les histoires et les critiques contemporaines. Cette contribution vise donc à ouvrir une nouvelle perspective de recherche sur cette dynastie, dont chaque membre a contribué à la construction du paysage architectural lyonnais et qui a fait de la clientèle privée son interlocuteur privilégié. L’enquête menée autour du fondateur, Georges Curtelin (1899-1968)1 – de son propre héritage familial, de sa formation et de ses rapports professionnels avec ses enfants Charles (1932) et Paul (1925-2020) –, apporte un témoignage important sur les dynamiques propres aux transferts intergénérationnels des savoir-faire artistiques. Cette chronique – fondée sur le dépouillement des archives familiales et sur des témoignages directs – permet aussi de mettre en lumière le travail des Curtelin : une dynastie d’architectes qui en est aujourd’hui à la troisième génération2 et qui a su intégrer les enjeux de l’appartenance familiale à ceux de la création et de l’autonomie.

    Georges Curtelin : une formation entre héritage paternel et grands maîtres

    3Fondateur de cette dynastie et fort de 140 réalisations3, Georges Curtelin peut être considéré comme l’un des plus actifs acteurs de l’architecture lyonnaise des années 1930-1960. Issu d’une famille très catholique originaire des Échelles, en Savoie, Georges naît à Lyon le 5 avril 1899. Dès son enfance, il s’inscrit dans l’intérêt familial pour la création artistique. Il est en effet le fils aîné du douanier Charles Curtelin (1859-1960) et de la niçoise Noélie Gente4, qui partageaient une même passion pour l’art, le dessin, et surtout, la peinture. Si sa mère, qui se définissait « artiste des fleurs5 », ne se consacrait à la peinture que pendant son temps libre, son père, peintre amateur qui dessinait d’une façon fine et élégante, avait suivi l’enseignement du peintre Louis-Alexandre Cabié (1853-1939) et avait exposé plusieurs fois au Salon d’automne de Lyon entre 1897 et 19126.

    4Soutenu par ses parents qui l’avaient fait grandir dans une grande « maison-atelier » – entouré de cadres, de dessins, d’aquarelles, de crayons et de tableaux – et par son talent, Georges décide d’emblée d’étudier l’architecture. En 1912, âgé de tout juste 13 ans, il demande à être admis à l’École des beaux-arts de Lyon et, en 1915, devient élève de deuxième classe dans la section « Architecture ». Doué d’une prédisposition pour le dessin et d’une certaine attention aux détails, Georges sera admis presque tout de suite à suivre les cours de dessin donnés par le peintre, vitrailliste et décorateur Auguste Morisot (1857-1951). Ce dernier entamera avec le jeune Curtelin un rapport d’amitié et de respect mutuel qui se poursuivra au fil des ans, au moins jusqu’en 19207.

    5En 1917, en vertu de ses capacités, Georges est admis à l’École régionale d’architecture de Lyon8 et c’est dans les murs du palais Saint-Pierre qu’il suit l’atelier dirigé par Tony Garnier. Là, il ouvre ses horizons architecturaux et étudie avec son premier grand maître. Comme on le sait, à l’époque l’architecture lyonnaise était en effet dominée par la figure de Tony Garnier et par ses ambitieux projets pour une Cité industrielle, ses utopies urbanistiques et sociales et son style qui mêlait formes modernes et décorations à l’ancienne.

    6Poussé par Garnier et avec le soutien de sa mère, Georges décide de poursuivre ses études dans la capitale : en février 1918, il soutient avec succès les épreuves d’admission à l’École des beaux-arts de Paris. Le 6 mars 1918, il entre pour la première fois dans la cour d’honneur du 14, rue Bonaparte : sa formation doit se poursuivre en deuxième classe dans l’atelier d’Emmanuel Pontremoli, auquel il avait été adressé par Garnier9. Mais la Première Guerre mondiale interrompt précocement l’intégration de Georges aux Beaux-Arts : en avril 1918, il est appelé sous les drapeaux.

    7En 1921, après une longue mobilisation à Fontainebleau, Georges obtient le certificat de bonne conduite qui lui permet de rentrer provisoirement à Lyon – et d’être admis à nouveau à l’École régionale d’architecture. Grâce à cette réintégration, il suit les cours scientifiques et les rendus de deuxième classe, et est admis en première classe en octobre 1922. Mais, encore une fois, les sirènes parisiennes l’emportent et, en novembre de la même année, Curtelin quitte à nouveau l’École régionale de Lyon pour aller à Paris. Il veut absolument y terminer ses études, suivant en cela les conseils de Garnier et de Pontremoli. Après deux demandes refusées, c’est l’intervention de sa mère qui lui permet d’être réintégré dans l’école :

    […] Étant obligée de me fixer à Paris avec mon fils cadet, je sollicite de votre bienveillance le transfert de mon fils aîné Georges Curtelin qui depuis sa mobilisation fait partie de l’École Régionale de Lyon.
    Persuadée que vous voudrez bien donner suite à ma requête, je vous prie de bien vouloir agréer l’assurance de toute ma reconnaissance.
    Mme Curtelin10.

    8Georges s’installe alors dans une chambre située au 5, rue Pierre-Chausson, tout près de la place de la République. Finalement, il peut intégrer l’atelier de Pontremoli et l’atelier libre de Gustave Umbdenstock (1866-1940). Il marche donc dans les pas de son père en suivant les enseignements de Morisot et de Garnier, avec les leçons sur l’Antiquité, l’archéologie et le décor de Pontremoli, et celles sur l’histoire de l’architecture d’Umbdenstock.

    9À Paris, Georges partage la formation avec un groupe de collègues, parmi lesquels figurent Henry-Jacques Le Même (1897-1997), Marcel Lods (1891-1978) et Eugène Beaudoin (1898-1983). Dans ce groupe de jeunes architectes devenus célèbres par la suite, Curtelin se révèle encore une fois un élève excellent, doué en dessin et en conception architecturale : en février 1923, il décroche la première médaille du prix Rougevin « d’ajustement et de décoration », avec le projet d’une piscine privée pour une résidence « de luxe », « de petites dimensions, dans une salle voûtée, recevant la lumière, soit par des jours latéraux, soit par le haut11 ». « Cette piscine devait être aménagée dans un sous-sol. Une des faces du pourtour de la piscine devait contenir une niche dans laquelle serait placé un lit de repos. C’est la décoration de cette face principale qui était demandée aux élèves comme sujet de composition12. »

    10Ce projet conçu à peu près en même temps que son diplôme fait se croiser toutes les influences que Georges a reçues en un dessin très étudié et proportionné. Qualifiés de style « Empire13 », les dessins rappelaient pourtant plutôt un atrium pompéien : le décor « à l’antique » – probablement inspiré de la villa Kérylos du maître Pontremoli – était intégré dans un plan et une élévation très fonctionnels et modernes.

    11Le 14 novembre 1923, quelques mois après l’obtention de sa médaille, Georges soutient son diplôme avec l’étude d’une église paroissiale. Si la richesse décorative de la piscine pour le prix Rougevin est un lointain souvenir, ce projet fait écho aux trois voyages aux Pays-Bas effectués en 1923 pour suivre les travaux de Dom Paul Bellot (1876-1944) à l’abbaye d’Oosterhout ainsi que pour étudier le vocabulaire artistique hérité des œuvres du Moyen Âge occidental et, surtout, oriental et moresque : arc parabolique, arc en mitre, céramiques colorées pour le dallage et les murs.

    12Finalement diplômé des Beaux-Arts de Paris, il rentre définitivement à Lyon et épouse en décembre 1923 Marie-Louise Navoret (1856-1950). Jeune marié, Curtelin est tout de suite engagé dans l’agence de son ancien maître Tony Garnier. De 1925 à 1926, il parfait cette formation dans l’agence de Georges Trévoux (1889-1956).

    13D’une dizaine d’années plus âgé que lui, Trévoux est reconnu comme un excellent constructeur, avec une connaissance très pointue des techniques de construction en béton armé. C’est d’ailleurs à lui qu’est confiée, en 1925, la surélévation du bâtiment des Galeries Lafayette de Lyon. Trévoux délègue le suivi du chantier à Curtelin, qui, deux ans après son diplôme, est donc confronté à son premier grand projet.

    L’agence du cours Suchet et les projets d’usines

    14Son parcours tenace et sa formation prestigieuse font de Georges le premier vrai artiste de sa famille. Peu après la fin du chantier des Galeries Lafayette, où il rencontre, entre autres, le sculpteur Louis Bertola (1891-1973)14, il ouvre son propre cabinet dans l’appartement paternel du 18, cours Suchet en 1926. Son père Charles se consacre encore à la peinture dans ce grand appartement-atelier, dont une aile est entièrement dédiée à l’agence d’architecture de Georges et où naîtront ses deux enfants, Paul et Charles.

    15L’activité de Curtelin se révèle très dynamique dès le début du travail en son nom propre. En 1926, il achève trois projets de rénovation15 et se voit confier deux programmes religieux16 et la conception de deux bâtiments en plein centre-ville de Lyon : un immeuble de bureaux pour les soieries Rosset (Fig. 1) et l’immeuble Chatin-Denis17 (Fig. 2). Ces deux projets marquent une étape fondamentale dans l’activité de Curtelin, non seulement car il s’agit des premiers immeubles collectifs de l’agence, mais aussi car l’architecte prend en charge toute la conception, jusqu’aux moindres détails. Des plans aux façades, de la distribution à la décoration, tout est pensé par lui, dans un style résolument moderniste, qui se situe à mi-chemin entre Albert Laprade, Tony Garnier et Emmanuel Pontremoli ; un style qui se transformera et sera abandonné tardivement pour laisser la place à des lignes plus fonctionnelles, mais ne relevant jamais totalement du mouvement moderne18.

    Fig. 1 : Projet de construction de l’immeuble pour les soieries « Rosset », façade principale, 1932

    ASAAL, Fonds Georges Curtelin, 8.B Y10.

    Fig. 2 : Projet de construction de l’immeuble « Chatin-Denis », perspectives des halls, 1927

    ASAAL, Fonds Curtelin, 8.B Y10.

    16Si 1926 marque l’ouverture de l’agence, 1927 et 1928 sont deux années cruciales dans l’activité de Georges, car son parcours professionnel croise celui de deux entrepreneurs, Marius Bertrand et Maurice Sibille. D’origine lyonnaise, directeur de l’entreprise Pâtes Bertrand & Cie, Marius Bertrand confie à Curtelin, en 1927, des aménagements dans son usine de Grigny (amélioration de la chaufferie et achèvement de la construction de magasins vers la ligne de chemin de fer19) et la décoration de la maison familiale située dans le parc de l’usine20. Pendant la rédaction de ces projets, Georges entre en contact avec Maurice Sibille, entrepreneur dans la sidérurgie de Montélimar et propriétaire de l’entreprise Maurice Sibille & Cie, qui lui confie la rénovation de la façade de son entrepôt du Teil21.

    17Ces premiers travaux avec Bertrand et Sibille inaugurent deux longues collaborations qui dureront jusqu’aux années 1950, avec la construction des usines Bertrand à Gennevilliers (1952) et des dépôts Sibille à Montélimar (1950). Ces collaborations avec des industriels marquent une étape fondamentale dans l’histoire de la dynastie Curtelin, car elles seront partiellement suivies par le fils aîné de Georges, Paul.

    18Né en mars 1925, Paul suit quasi naturellement les traces de son père et, après sa démobilisation, il est admis en deuxième classe à l’École régionale d’architecture de Lyon en octobre 1949. Jusqu’en juin 1951, il assiste à tous les cours et les ateliers tout en suivant le chantier Sibille à Montélimar – la construction d’un grand dépôt de stockage et de bâtiments de bureau. Georges délègue à son jeune fils, qui n’est alors pas encore diplômé, non seulement les chantiers dans la Drôme, mais aussi une part de la conception. Paul acquiert ainsi une expertise dans les constructions industrielles qui s’exprimera pleinement à Paris. En effet, en décembre 1951, il passe les épreuves d’admission à l’École nationale des beaux-arts et, une fois obtenue l’autorisation de son transfert par l’École régionale lyonnaise, il est intégré dans l’atelier d’Auguste Perret et André Remondet22.

    19À l’instar de son père, Paul veut absolument terminer ses études dans la capitale, où il occupe une chambre dans le haut Marais à partir de 1952, mais ce n’est pas seulement le prestige des Beaux-Arts et celui de l’atelier Perret qui l’ont poussé à changer d’école. Son dossier de demande d’intégration à Paris montre son souhait de suivre presque quotidiennement l’autre important chantier paternel qui avait démarré en 1948 en région parisienne : les usines Bertrand de Gennevilliers 23(Fig. 3).

    Fig. 3 : Projet de construction des usines « Bertrand » à Gennevilliers, perspective, 1950

    APFC, Fonds Georges Curtelin.

    Monsieur le Directeur, Je vous renouvelle ma demande concernant le transfert de mon fils Paul à l’École des Beaux-Arts de Paris pour lui permettre de continuer ses études et d’assurer la surveillance […] d’un chantier important que j’ai à Gennevilliers (Seine).
    C’est pour mon fils l’occasion d’acquérir les connaissances pratiques nécessaires, en prenant de suite des responsabilités techniques qui compléteront les études […] à Paris24.

    20Ainsi Georges demande (et obtient) le transfert de Paul, qui peut suivre les dernières – et les plus délicates – phases d’un chantier qui s’avérait plus difficile que prévu. En effet, Georges étant habitué à travailler seul, il avait dû partager ce projet avec un architecte parisien qu’il ne connaissait pas, François Vitale. Cette « collaboration forcée » était caractérisée par des rapports tendus entre les architectes, au point que Georges décida de profiter du déménagement de son fils à Paris pour lui confier la surveillance du chantier.

    21Nanti de son diplôme, Paul rentre à Lyon en 1956, avec la perspective d’intégrer l’agence paternelle, qui est alors l’une des plus prolifiques de Lyon pour l’architecture religieuse comme civile, et entretient des liens solides avec un grand nombre de clients privés et de promoteurs. Paul commence donc à travailler avec son père et prend tout de suite le relais dans les chantiers religieux25.

    L’agence de l’avenue Leclerc : l’architecture entre famille et autonomie

    22La formation et la vie professionnelle de Paul se superposent partiellement à celles de son frère Charles.

    23De sept ans plus jeune – il est né en mai 1932 –, Charles est admis en deuxième classe à l’École régionale en juillet 1950. C’est d’ailleurs son frère qui lui a conseillé de se présenter simultanément au baccalauréat et à l’admission à l’école. Charles entre donc tout de suite dans la classe de Louis Piessat (1904-1999). Plus tard, il intègre – comme l’avait fait son père auparavant – l’ancien atelier de Tony Garnier, dont les titulaires sont alors Pierre Bourdeix (1906-1987) et le même Piessat. Au mois de mars 1954, avant son départ pour le service militaire, Charles est admis en première classe. Intéressé par les questions liées au logement et aux équipements urbains dans les nouvelles périphéries, il s’inscrit parallèlement à l’Institut d’urbanisme de Paris.

    24Après trois ans sous les drapeaux et cette rupture dans sa formation, Charles décide de continuer ses études à Paris. Cette décision est seulement en partie liée à l’ambition de poursuivre la tradition familiale. En effet, dans l’école lyonnaise forgée autour de Tony Garnier, Charles souffrait du « manque d’information sur ce qui se passait réellement dans le monde comme recherche architecturale : Aalto, Mies van der Rohe, Neutra, le Bauhaus, tous ces grands mouvements de l’architecture, je n’en entendais pas parler à l’école…26 ».

    25Charles décide donc d’emménager à Paris et s’installe dans un appartement quai Louis-Blériot. En mai 1957, à la suite d’une demande rédigée cette fois-ci par lui-même et non par son père, il obtient son transfert officiel aux Beaux-Arts :

    J’ai l’honneur de solliciter de votre bienveillance, le transfert de mon inscription de l’École d’Architecture de Lyon à l’École Nationale Supérieure d’Architecture. […] Je suis élève de Première depuis mars 1954 et compte trois projets en cette classe. Je suis de plus titulaire de la première année de l’Institut d’Urbanisme et désire poursuivre à Paris ces études27.

    26Il est tout de suite intégré dans l’atelier d’André Leconte (1894-1966), presque contemporain de Georges et ancien élève, lui aussi, de Pontremoli et d’Umbdenstock. Avec Leconte, Charles participe à trois concours (dont un avec un projet pour un palais de justice). Entretemps, il enchaîne plusieurs expériences dans des agences, notamment chez Henry-Charles Delacroix (1907-1974), Jean Courcoux (1912-2003) et Clément Tambuté (1905-1992), où il travaille sur le projet de la Cité des 4000 à La Courneuve.

    27En mars 1960, Charles termine sa dernière année à l’Institut d’urbanisme de Paris et obtient son diplôme aux Beaux-Arts avec le projet d’un moulin sur la Veyle, dans l’Ain. Pendant ce temps, à Lyon, son père a quitté les espaces du cours Suchet pour emménager au troisième étage du 14, avenue Leclerc, dans l’immeuble dit « Leclerc-Lagrange28 » (Fig. 4-5), immeuble projeté et construit par lui-même en 1934. Paul habitait déjà là. Comme lui, Charles accepte la proposition de son père : il rentre en province, rejoint l’agence paternelle et déménage avec sa famille au sixième étage du même bâtiment. Mais, aujourd’hui, il commente à ce propos : « Je suis rentré à Lyon, à mon avis trop rapidement29. » En effet, en 1961, après un an de collaboration et de conflits entre de fortes personnalités, Charles prend son autonomie et crée sa propre agence, toujours dans les mêmes locaux :

    Fig. 4 : Projet de construction de l’immeuble « Leclerc-Lagrange », perspective, 1933

    APFC, Fonds Georges Curtelin.

    Fig. 5 : Projet de construction de l’immeuble « Leclerc-Lagrange », façade principale, 1933

    APFC, Fonds Georges Curtelin.

    Tuer le père […] … Je m’entendais très bien avec lui […] ; mais en cas de conflit, l’un des deux devait lâcher… j’ai préféré ne pas me mettre en contradiction avec lui, chacun devait garder sa liberté. L’architecture de mon père, très influencée par l’époque Tony Garnier, ne me convenait pas du tout…30

    28Entre 1961 et 1968 la vie professionnelle de Charles est très active, et la collaboration avec Paul, qui partage son temps de travail entre son père et son frère, fructueuse. Les deux frères conçoivent, entre autres, un grand immeuble aux lignes modernes, situé au 4, rue Victor Lagrange, à côté de l’immeuble paternel Leclerc-Lagrange.

    291968 est une année clé pour Paul et Charles : il s’agit non seulement de l’année des manifestations étudiantes, des grèves, de la séparation de la section « Architecture » des Beaux-Arts et de la naissance des Écoles nationales d’architecture, mais aussi de la mort de Georges, décédé soudainement le 27 mai.

    30L’agence Georges Curtelin ferme ses portes. Malgré les distances prises par rapport à leur père, Charles et Paul héritent des contacts paternels et de quelques chantiers lyonnais – dont la résidence d’étudiants des Facultés Catholiques, située au 28 de la rue de la Quarantaine, et des salles de cours des mêmes facultés, situées au 25 rue du Plat, dans l’ancien Grand Hammam lyonnais, puis hôtel Claridge. En 1969, Paul ouvre sa propre agence et Charles termine le chantier de l’immeuble de la rue Duguesclin à Lyon (Fig. 6), à quelques numéros des deux immeubles construits par son père31.

    Fig. 6 : Immeuble de la rue Duguesclin, 1969

    Cliché Charles Curtelin.

    31Après la construction des blocs opératoires de l’hôpital Saint-Joseph (1968), en 1972 Charles s’éloigne encore une fois de la tradition familiale et s’associe à Jean-Philippe Ricard, installant sa nouvelle agence dans l’immeuble du 4 rue Victor-Lagrange. À la fin des années 1980, l’agence devient Société professionnelle d’architecture, puis, à l’arrivée de Richard Bergeret, elle prend le nom de C. R. B. architectes.

    32Si Paul se dédie surtout aux projets d’architecture religieuse32 et d’urbanisme avant de prendre sa retraite dans les années 1990, l’agence de Charles se lance dans des réalisations décisives, comme le parc des expositions Eurexpo et une collaboration avec Renzo Piano (RPBW), qui choisit C. R. B. pour collaborer au projet de la Cité internationale de Lyon33. Entretemps, en 1994, Charles avait été chargé, avec Didier Manhès, de la restructuration conjointe des hôpitaux Saint-Joseph et Saint-Luc. Après trois ans d’études, le permis de construire est déposé en 1997, la première pierre posée en 1999 et le chantier achevé en 2002. C’est le dernier de la vie professionnelle de Charles, qui prend alors sa retraite de C. R. B.

    Conclusion

    33Dans cette histoire d’appartenance, le fil rouge entre les deux générations, entre le père et les fils, s’organise autour d’une formation et d’influences qui se situent entre province et capitale, entre École régionale et Beaux-Arts. C’est dans la pratique, dans la profession, dans la création que les dynamiques d’héritage mènent à des conséquences différentes – que les « actions » entraînent diverses « réactions ». Si Paul, qui travaille déjà sur les chantiers de Georges pendant ses études, accepte de travailler dans l’agence paternelle et de prendre la suite de son père dans les projets religieux, Charles opte pour une rupture de la tradition dynastique. En s’éloignant de l’atelier du père, le fils cadet, sensible aux principes du Mouvement moderne, affronte seul une profession en pleine évolution, qui, au sortir de l’après-guerre, se prépare à une nouvelle façon de faire de l’architecture. Il conçoit différemment la manière d’organiser l’agence et la collaboration entre confrères et, s’il intervient dans les projets paternels, il les ouvre sur des horizons stylistiques plus contemporains.

    34Le portrait de ce legs, à la croisée entre transmission pratique et autonomie intellectuelle et le panorama de ses acteurs interprètes, permet une première analyse des conséquences de cette appartenance sur la genèse des œuvres des Curtelin père et fils. Il nous aide aussi à poser un jalon fondamental dans l’histoire de l’architecture de la région lyonnaise.

    Sources

    Archives privées de la famille Curtelin, Lyon (A. P. F. C.).

    Archives de la Société Académique d’Architecture de Lyon, fonds Georges, Paul et Charles Curtelin.

    Archives nationales (A. N.), fonds AJ/52 : « École nationale supérieure des beaux-arts ».

    Bibliographie

    Emmanuel Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres sculpteurs et graveurs, vol. 4, 1911, p. 149.

    Maryannick Chalabi, « Les églises paroissiales construites dans la seconde moitié du xxe siècle et leur devenir : l’exemple de Lyon (Rhône) », In Situ, no 11, 2009, en ligne le 5 juin 2013. URL : http://journals.openedition.org/insitu/5887 (consulté le 27 juillet 2020).

    Charles Curtelin, Emma Filipponi, « Le logement collectif de l’agence Georges Curtelin. Immeubles lyonnais entre 1940 et 1960 », Bulletin de la Société Académique d’Architecture de Lyon, no 24, 2019, p. 47-69.

    Emmanuel Didier, Charlotte Mouton, Pierre Mouton, « Charles Curtelin », Portraits d’architectes de la Société Académique d’Architecture de Lyon, 2013.

    Philippe Dufieux, L’Architecture religieuse de Georges Curtelin (1899-1968), maîtrise d’histoire de l’art, sous la dir. de Dominique Bertin, Université Lumière Lyon II, 1995.

    Philippe Dufieux, Architecture et art sacré à Lyon de 1905 à 1958, mémoire de DEA d’histoire de l’art, sous la dir. de François Loyer, Université Lumière Lyon II, 1996.

    Philippe Dufieux, Le Mythe de la primatie des Gaules. Pierre Bossan (1815-1888) et l’architecture religieuse en Lyonnais au xixe siècle, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2004.

    Philippe Dufieux, Sculpteurs et architectes à Lyon (1910-1960). De Tony Garnier à Louis Bertola, Lyon, Mémoire active, 2007.

    Gaston Lefol, « École Nationale des Beaux-Arts. Concours Rougevin », La Construction moderne, no 26, 1923, p. 301-302.

    Charles Risler, « École nationale Supérieure des Beaux-Arts. Concours Rougevin d’Ajustement et de Décoration », L’Architecture, no 7, 1923, p. 93-96.

    Notes de bas de page

    1À ce jour, seul l’historien Philippe Dufieux a étudié de manière systématique une partie de l’œuvre de Georges Curtelin, notamment ses chantiers d’architecture religieuse et ses réalisations d’art sacré. Cf. Philippe Dufieux, Sculpteurs et architectes à Lyon (1910-1960). De Tony Garnier à Louis Bertola, Lyon, Mémoire active, 2007 ; Idem, Le Mythe de la primatie des Gaules. Pierre Bossan (1815-1888) et l’architecture religieuse en Lyonnais au xixe siècle, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2004 ; Idem, Architecture et art sacré à Lyon de 1905 à 1958, mémoire de DEA d’histoire de l’art, sous la dir. de François Loyer, université Lumière Lyon II, 1996 ; Idem, L’Architecture religieuse de Georges Curtelin (1899-1968), maîtrise d’histoire de l’art, sous la dir. de Dominique Bertin, Université Lumière Lyon II, 1995.

    2Après Georges et ses enfants Charles et Paul, le fils de Charles, Stéphane Curtelin, exerce aussi la profession d’architecte dans son agence parisienne.

    3Le dépouillement des archives privées de la famille Curtelin a permis de recenser 140 projets réalisés, dont 41 maisons privées, 31 immeubles collectifs, 18 usines, 24 écoles et 28 bâtiments religieux (églises, monastères, hôpitaux).

    4Les informations sur la famille de Georges sont contenues dans son acte de naissance. Une copie est conservée dans sa fiche individuelle d’étudiant, A. N., fonds AJ/52 : « École nationale supérieure des beaux-arts », c. 580, dossier « Georges Hyppolite Joseph Curtelin ».

    5Dans une lettre adressée à son fils Georges – conservée dans les A. P. F. C. – Noélie se qualifie d’« artiste » et de « peintre des fleurs ».

    6On peut trouver des renseignements sur l’activité de Charles Curtelin en tant que peintre dans Emmanuel Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres sculpteurs et graveurs, vol. IV, 1911, p. 149.

    7L’importance de ce rapport est attestée par une correspondance entre Curtelin et Morisot, datée 1918-1920, et actuellement conservée dans les A. P. F. C.

    8Les Écoles régionales d’architecture sont créées par le ministère de l’Éducation nationale et la direction générale des Beaux-Arts à partir de 1903, comme succursales de l’École nationale des beaux-arts de Paris. À Lyon, l’École régionale est installée en 1906, après la mise en place des accords entre le ministère, les Beaux-Arts et la municipalité, avec le soutien de la Société Académique d’Architecture de Lyon. L’École régionale partageait ses locaux avec l’École des beaux-arts de Lyon ; l’atelier comportait le cours de théorie de l’architecture, assuré par le Grand Prix de Rome Eugène Huguet jusqu’à sa mort en 1914, et un cours de construction, par Tony Garnier. Cf. Philippe Dufieux, L’Architecture religieuse […], op. cit., p. 7.

    9A. N., fonds AJ/52 : « École nationale supérieure des beaux-arts », c. 580, dossier « Georges Hyppolite Joseph Curtelin » .

    10Lettre de Mme Curtelin au directeur de l’École des Beaux-Arts de Paris, 16 novembre 1922 : A. N., fonds AJ/52 : « École nationale supérieure des beaux-arts », c. 580, dossier « Georges Hyppolite Joseph Curtelin » .

    11Gaston Lefol, « École Nationale des Beaux-Arts. Concours Rougevin », La Construction Moderne, no 26, 1923, p. 301.

    12Charles Risler, « École Nationale Supérieure des Beaux-Arts. Concours Rougevin d’Ajustement et de Décoration », L’Architecture, no 7, 1923, p. 93.

    13Gaston Lefol, « École […] », art. cit., p. 302.

    14Cf. Philippe Dufieux, L’Architecture religieuse […], op. cit., p. 16 et Idem, Sculpteurs et architectes […], op. cit., p. 48.

    15Restauration d’une villa privée, propriété de M. Baboin, à Villiers ; rénovation du château de Beaurevers à Sury-le-Comtal et agrandissement de l’école catholique de Saint-Martin-en-Haut, dans le Rhône. Cf. Charles Curtelin» , Emma Filipponi, « Le logement collectif de l’agence Georges Curtelin» . Immeubles lyonnais entre 1940 et 1960 », Bulletin de la Société académique d’architecture de Lyon, no 24, 2019, p. 50.

    16Construction de l’église de Frayol-La-Violette au Teil, en Ardèche, et rénovation du Carmel du Point du Jour à Oullins. Cf. A. P. F. C. et Philippe Dufieux, L’Architecture religieuse […], op. cit.

    17Cf. Charles Curtelin» , Emma Filipponi, « Le logement collectif […] », art. cit., p. 50-56. L’immeuble collectif dit « Rosset » se situe au 9, quai Jean-Moulin (ancien quai de Retz) et l’immeuble Chatin-Denis (commissionné par l’industriel lyonnais Louis Chatin), au 10-12, avenue Verguin.

    18Ibid., p. 55.

    19Le projet avait été commencé en 1920 par le cabinet d’architectes J. Heinzelmann DPLG de Lyon.

    20Cf. A. P. F. C., « Usine Pates Bertrand, Grigny, 1927-1928 », plans et façades.

    21Cf. A. P. F. C., « Entrepôts Sibille, Le Teil, 1928 », plans et façades.

    22A. N., fonds AJ/52 : « École nationale supérieure des beaux-arts », c. 1312, dossier « Paul Charles Marie Joseph Curtelin»  ».

    23Le projet est inscrit à l’Inventaire général du patrimoine culturel d’Île-de France à partir de 1991 : réf. Mérimée IA92000104 (http://www2.culture.gouv.fr/documentation/memoire/HTML/IVR11/IA92000104/index.htm, consulté le 23 juillet 2020).

    24A. N., fonds AJ/52 : « École nationale supérieure des beaux-arts », c. 1312, dossier « Paul Charles Marie Joseph Curtelin»  », lettre du 14 octobre 1951.

    25En effet, Paul gagne en 1962 l’un des prix de la Semaine religieuse du diocèse de Lyon. Les projets furent exposés à l’Office départemental du bâtiment et des travaux publics du 5 au 21 janvier 1962. Cf. Maryannick Chalabi, « Les églises paroissiales construites dans la seconde moitié du xxe siècle et leur devenir : l’exemple de Lyon (Rhône) », In Situ, no 11, 2009, URL : http://journals.openedition.org/insitu/5887 (consulté le 27 juillet 2020).

    26Emmanuel Didier, Charlotte Mouton, Pierre Mouton, « Charles Curtelin », Portraits d’architectes de la Société Académique d’Architecture de Lyon, 2013, p. 1.

    27A. N., fonds AJ/52 : « École nationale supérieure des beaux-arts », c. 1312, dossier « Charles Curtelin », lettre du 25 avril 1957.

    28Charles Curtelin, Emma Filipponi, « Le Logement collectif […] », art. cit., p. 58-59.

    29Emmanuel Didier, Charlotte Mouton, Pierre Mouton, « Charles Curtelin […] », art. cit., p. 2.

    30Ibid.

    31Nous faisons référence ici à l’immeuble dit « Le Sagittaire » et à celui dit « Duguesclin », construits entre 1943 et 1964 pour le promoteur Léon Fontaine et situés respectivement au 21 et au 41 de la même rue. Cf. Charles Curtelin, Emma Filipponi, « Le Logement collectif […] », art. cit., p. 68.

    32Par exemple, l’église de Sainte-Anne de Ménival à Lyon. Cf. Maryannick Chalabi, « Les églises paroissiales […] », art. cit.

    33Cf. Emmanuel Didier, Charlotte Mouton, Pierre Mouton, « Charles Curtelin […] », art. cit., p. 3 et http://www.rpbw.com/project/cite-internationale (consulté le 27 juillet 2020).

    Auteur

    • Emma Filipponi

      Maîtresse de conférences associée en histoire et cultures architecturales – ENSA Paris Val de Seine , Professeur à l’École spéciale d’architectureChercheur associé UMR AUSser CNRS 3329 / Laboratoire ACS/ ENSA Paris-Malaquais – Université PSL

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    1À ce jour, seul l’historien Philippe Dufieux a étudié de manière systématique une partie de l’œuvre de Georges Curtelin, notamment ses chantiers d’architecture religieuse et ses réalisations d’art sacré. Cf. Philippe Dufieux, Sculpteurs et architectes à Lyon (1910-1960). De Tony Garnier à Louis Bertola, Lyon, Mémoire active, 2007 ; Idem, Le Mythe de la primatie des Gaules. Pierre Bossan (1815-1888) et l’architecture religieuse en Lyonnais au xixe siècle, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2004 ; Idem, Architecture et art sacré à Lyon de 1905 à 1958, mémoire de DEA d’histoire de l’art, sous la dir. de François Loyer, université Lumière Lyon II, 1996 ; Idem, L’Architecture religieuse de Georges Curtelin (1899-1968), maîtrise d’histoire de l’art, sous la dir. de Dominique Bertin, Université Lumière Lyon II, 1995.

    2Après Georges et ses enfants Charles et Paul, le fils de Charles, Stéphane Curtelin, exerce aussi la profession d’architecte dans son agence parisienne.

    3Le dépouillement des archives privées de la famille Curtelin a permis de recenser 140 projets réalisés, dont 41 maisons privées, 31 immeubles collectifs, 18 usines, 24 écoles et 28 bâtiments religieux (églises, monastères, hôpitaux).

    4Les informations sur la famille de Georges sont contenues dans son acte de naissance. Une copie est conservée dans sa fiche individuelle d’étudiant, A. N., fonds AJ/52 : « École nationale supérieure des beaux-arts », c. 580, dossier « Georges Hyppolite Joseph Curtelin ».

    5Dans une lettre adressée à son fils Georges – conservée dans les A. P. F. C. – Noélie se qualifie d’« artiste » et de « peintre des fleurs ».

    6On peut trouver des renseignements sur l’activité de Charles Curtelin en tant que peintre dans Emmanuel Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres sculpteurs et graveurs, vol. IV, 1911, p. 149.

    7L’importance de ce rapport est attestée par une correspondance entre Curtelin et Morisot, datée 1918-1920, et actuellement conservée dans les A. P. F. C.

    8Les Écoles régionales d’architecture sont créées par le ministère de l’Éducation nationale et la direction générale des Beaux-Arts à partir de 1903, comme succursales de l’École nationale des beaux-arts de Paris. À Lyon, l’École régionale est installée en 1906, après la mise en place des accords entre le ministère, les Beaux-Arts et la municipalité, avec le soutien de la Société Académique d’Architecture de Lyon. L’École régionale partageait ses locaux avec l’École des beaux-arts de Lyon ; l’atelier comportait le cours de théorie de l’architecture, assuré par le Grand Prix de Rome Eugène Huguet jusqu’à sa mort en 1914, et un cours de construction, par Tony Garnier. Cf. Philippe Dufieux, L’Architecture religieuse […], op. cit., p. 7.

    9A. N., fonds AJ/52 : « École nationale supérieure des beaux-arts », c. 580, dossier « Georges Hyppolite Joseph Curtelin » .

    10Lettre de Mme Curtelin au directeur de l’École des Beaux-Arts de Paris, 16 novembre 1922 : A. N., fonds AJ/52 : « École nationale supérieure des beaux-arts », c. 580, dossier « Georges Hyppolite Joseph Curtelin » .

    11Gaston Lefol, « École Nationale des Beaux-Arts. Concours Rougevin », La Construction Moderne, no 26, 1923, p. 301.

    12Charles Risler, « École Nationale Supérieure des Beaux-Arts. Concours Rougevin d’Ajustement et de Décoration », L’Architecture, no 7, 1923, p. 93.

    13Gaston Lefol, « École […] », art. cit., p. 302.

    14Cf. Philippe Dufieux, L’Architecture religieuse […], op. cit., p. 16 et Idem, Sculpteurs et architectes […], op. cit., p. 48.

    15Restauration d’une villa privée, propriété de M. Baboin, à Villiers ; rénovation du château de Beaurevers à Sury-le-Comtal et agrandissement de l’école catholique de Saint-Martin-en-Haut, dans le Rhône. Cf. Charles Curtelin» , Emma Filipponi, « Le logement collectif de l’agence Georges Curtelin» . Immeubles lyonnais entre 1940 et 1960 », Bulletin de la Société académique d’architecture de Lyon, no 24, 2019, p. 50.

    16Construction de l’église de Frayol-La-Violette au Teil, en Ardèche, et rénovation du Carmel du Point du Jour à Oullins. Cf. A. P. F. C. et Philippe Dufieux, L’Architecture religieuse […], op. cit.

    17Cf. Charles Curtelin» , Emma Filipponi, « Le logement collectif […] », art. cit., p. 50-56. L’immeuble collectif dit « Rosset » se situe au 9, quai Jean-Moulin (ancien quai de Retz) et l’immeuble Chatin-Denis (commissionné par l’industriel lyonnais Louis Chatin), au 10-12, avenue Verguin.

    18Ibid., p. 55.

    19Le projet avait été commencé en 1920 par le cabinet d’architectes J. Heinzelmann DPLG de Lyon.

    20Cf. A. P. F. C., « Usine Pates Bertrand, Grigny, 1927-1928 », plans et façades.

    21Cf. A. P. F. C., « Entrepôts Sibille, Le Teil, 1928 », plans et façades.

    22A. N., fonds AJ/52 : « École nationale supérieure des beaux-arts », c. 1312, dossier « Paul Charles Marie Joseph Curtelin»  ».

    23Le projet est inscrit à l’Inventaire général du patrimoine culturel d’Île-de France à partir de 1991 : réf. Mérimée IA92000104 (http://www2.culture.gouv.fr/documentation/memoire/HTML/IVR11/IA92000104/index.htm, consulté le 23 juillet 2020).

    24A. N., fonds AJ/52 : « École nationale supérieure des beaux-arts », c. 1312, dossier « Paul Charles Marie Joseph Curtelin»  », lettre du 14 octobre 1951.

    25En effet, Paul gagne en 1962 l’un des prix de la Semaine religieuse du diocèse de Lyon. Les projets furent exposés à l’Office départemental du bâtiment et des travaux publics du 5 au 21 janvier 1962. Cf. Maryannick Chalabi, « Les églises paroissiales construites dans la seconde moitié du xxe siècle et leur devenir : l’exemple de Lyon (Rhône) », In Situ, no 11, 2009, URL : http://journals.openedition.org/insitu/5887 (consulté le 27 juillet 2020).

    26Emmanuel Didier, Charlotte Mouton, Pierre Mouton, « Charles Curtelin », Portraits d’architectes de la Société Académique d’Architecture de Lyon, 2013, p. 1.

    27A. N., fonds AJ/52 : « École nationale supérieure des beaux-arts », c. 1312, dossier « Charles Curtelin », lettre du 25 avril 1957.

    28Charles Curtelin, Emma Filipponi, « Le Logement collectif […] », art. cit., p. 58-59.

    29Emmanuel Didier, Charlotte Mouton, Pierre Mouton, « Charles Curtelin […] », art. cit., p. 2.

    30Ibid.

    31Nous faisons référence ici à l’immeuble dit « Le Sagittaire » et à celui dit « Duguesclin », construits entre 1943 et 1964 pour le promoteur Léon Fontaine et situés respectivement au 21 et au 41 de la même rue. Cf. Charles Curtelin, Emma Filipponi, « Le Logement collectif […] », art. cit., p. 68.

    32Par exemple, l’église de Sainte-Anne de Ménival à Lyon. Cf. Maryannick Chalabi, « Les églises paroissiales […] », art. cit.

    33Cf. Emmanuel Didier, Charlotte Mouton, Pierre Mouton, « Charles Curtelin […] », art. cit., p. 3 et http://www.rpbw.com/project/cite-internationale (consulté le 27 juillet 2020).

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    Filipponi, E. (2023). Les Curtelin, architectes lyonnais. In M. Lavenu & T. Tauziat (éds.), Dynasties d’architectes et d’artistes en province aux xixe et xxe siècles (1‑). Presses universitaires Blaise-Pascal. https://doi.org/10.4000/13srr
    Filipponi, Emma. « Les Curtelin, architectes lyonnais ». In Dynasties d’architectes et d’artistes en province aux xixe et xxe siècles, édité par Mathilde Lavenu et Tiphaine Tauziat. Clermont-Ferrand: Presses universitaires Blaise-Pascal, 2023. https://doi.org/10.4000/13srr.
    Filipponi, Emma. « Les Curtelin, architectes lyonnais ». Dynasties d’architectes et d’artistes en province aux xixe et xxe siècles, édité par Mathilde Lavenu et Tiphaine Tauziat, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2023, https://doi.org/10.4000/13srr.

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    Lavenu, M., & Tauziat, T. (éds.). (2023). Dynasties d’architectes et d’artistes en province aux xixe et xxe siècles (1‑). Presses universitaires Blaise-Pascal. https://doi.org/10.4000/13srx
    Lavenu, Mathilde, et Tiphaine Tauziat, éd. Dynasties d’architectes et d’artistes en province aux xixe et xxe siècles. Clermont-Ferrand: Presses universitaires Blaise-Pascal, 2023. https://doi.org/10.4000/13srx.
    Lavenu, Mathilde, et Tiphaine Tauziat, éditeurs. Dynasties d’architectes et d’artistes en province aux xixe et xxe siècles. Presses universitaires Blaise-Pascal, 2023, https://doi.org/10.4000/13srx.
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