Les Lemaire, des monuments au patrimoine. Filiation, émancipation, rémanence
The Lemaires, from monuments to heritage. Filiation, emancipation, remanence
p. 221-240
Résumés
Active dans le domaine de la conservation-restauration tout au long du xxe siècle, la « dynastie Lemaire », originaire de Tourneppe, en Belgique, illustre l’évolution de la discipline depuis la restauration des seuls monuments historiques à l’échelle régionale jusqu’à la prise en compte d’un patrimoine élargi à l’échelle mondiale. Alors qu’Herman et Raymond A. G. Lemaire se voient essentiellement confier la restauration ou la reconstruction de monuments importants en Belgique, principalement dans le Brabant, leur fils et neveu Raymond M. Lemaire développe une carrière internationale au sein de l’Icomos, en étroite collaboration avec l’Unesco et le Conseil de l’Europe. Cet article examine en trois temps les liens entre la carrière, les projets et les idées de Raymond M. Lemaire et son héritage familial.
Active in the field of conservation-restoration throughout the 20th century, the “Lemaire Dynasty”, originally from Tourneppe, Belgium, illustrates the evolution of the discipline from the restoration of historic monuments alone on a regional scale to the consideration of a wider heritage on a global scale. While Herman and Raymond A.G. Lemaire were essentially entrusted with the restoration or reconstruction of important monuments in Belgium, mainly in Brabant, their son and nephew Raymond M. Lemaire developed an international career within Icomos, in close collaboration with Unesco and the Council of Europe. This article considers in three stages the links between Raymond M. Lemaire’s career, projects and ideas and his family heritage.
Entrées d’index
Mots-clés : Lemaire (Raymond M), Lemaire (Raymond A. G.), restauration, beauté, filiation
Keywords : Lemaire (Raymond M.), Lemaire (Raymond A. G.), conservation, beauty, filiation
Texte intégral
Introduction
1Secrétaire général puis président du Conseil international des monuments et des sites (Icomos), expert pour l’Unesco, co-auteur de documents doctrinaux internationaux dont la Charte de Venise (1964) et le Document de Nara (1994), Raymond M. Lemaire (1921-1997) doit les débuts de sa brillante carrière à une tradition familiale. Son père, Herman Émile Jozef Lemaire (1883-1947), est architecte au ministère des Travaux publics, en charge de la restauration de monuments parmi les plus importants du pays. Mais c’est surtout son oncle, Raymond Albert Ghislain Lemaire (1880-1954), ordonné prêtre en 1901, archéologue et professeur à l’université de Louvain, qui lui met le pied à l’étrier. Spécialiste de l’architecture romane, il ouvre à son neveu les portes du Commissariat général à la restauration du pays (CGRP) et le guide dans la réalisation de sa thèse de doctorat. Auteur, en 1938, de La Restauration des monuments anciens1, le chanoine2 inspire également les premiers principes développés par son neveu en matière de restauration, alors qu’il lui succède à l’université et dans le suivi de plusieurs projets de restauration monumentale. La présente contribution entend questionner la filiation spirituelle entre ces figures. En effet, bien que le jeune Raymond semble, au début des années 1960 et au contact de l’Italie, s’émanciper de l’héritage familial, l’approche critique de ses projets révèle ce que l’on peut interpréter comme une rémanence de sa formation.
Une tradition familiale
2La famille Lemeyer, dont le patronyme devient « Lemaire » en 1890, s’établit à Tourneppe, au sud de Bruxelles, dans les années 1860. Donaat et Maria Anna Lemeyer, respectivement instituteur et aide-institutrice, ont quatre enfants3. Deux d’entre eux s’orientent vers l’architecture : l’un en tant qu’historien de l’art et archéologue, l’autre, en tant qu’architecte.
3Raymond A. G. Lemaire est l’aîné de la famille et, en vertu d’une tradition fermement ancrée dans les milieux catholiques, après des études secondaires au petit séminaire d’Hoogstraten, il intègre le grand séminaire de Malines où il est ordonné prêtre le 21 septembre 1901. Ses études d’histoire de l’art et archéologie à l’université de Louvain sont couronnées, en 1906, par une thèse de doctorat sur les « Origines du style gothique en Brabant » – style dont on considérait alors qu’il avait produit les monuments les plus prestigieux du pays4. Dès l’obtention de son diplôme, il enseigne à l’université de Louvain, et ce, jusqu’à la fin de sa vie en 19545. En parallèle, il développe une activité d’expert et d’architecte : ne disposant pas du titre requis – protégé par la loi dès 1939 –, il travaille invariablement en collaboration, notamment avec l’architecte Frans Vandendael, qui est aussi son voisin à Heverlee, près de Louvain. Sa production inclut, en plus de la restauration de plusieurs églises et chapelles, des bâtiments à tendance néoromane ou néogothique. Dans l’entre-deux-guerres, le chanoine participe aux débats sur la reconstruction, non seulement de Louvain, mais aussi plus largement, en tant que membre correspondant de la Commission royale des Monuments et des sites (CRMS) – organe d’avis du ministère de l’Instruction publique – pour le Brabant, et conseiller de l’archevêché de Malines. Ces expériences de terrain alimentent, en 1938, son ouvrage sur La Restauration des monuments anciens6 où, à la suite d’un panorama des « conceptions anciennes » et des « tendances actuelles », il expose une doctrine qui marquera durablement ses élèves. Face à la diversité des points de vue, le chanoine propose une approche inspirée de la théorie rieglienne des valeurs7. Son statut de professeur, de membre de la CRMS et, durant la Seconde Guerre mondiale, de conseiller du CGRP pour le Brabant, lui confère une grande autorité. Ses multiples mandats et contacts sont autant d’occasions de donner un coup de pouce aux débuts de la carrière de son neveu.
4Herman Lemaire, frère cadet de Raymond A. G. , se forme comme lui au petit séminaire de Hoogstraten. Après un court passage en tant que dessinateur dans l’atelier bruxellois de l’architecte Delvaux, il est diplômé de l’Institut Saint-Luc de Schaerbeek en 1907. Il se voit immédiatement confier, par l’intermédiaire de son frère, plusieurs projets importants, parmi lesquels la construction d’une église à Lot, village voisin de Tourneppe, qu’il conçoit dans un style néogothique. L’essentiel de sa carrière se déroule cependant dans l’administration : devenu fonctionnaire du ministère des Travaux publics en 1913, il gravit progressivement les échelons et se trouve en charge, à partir des années 1920, de prestigieux chantiers. À partir de 1938, il dirige des travaux aux abbayes médiévales de Villers-la-Ville, d’Orval et d’Aulne, où la famille passe une partie de l’été en 1939. Raymond M. Lemaire, alors âgé de 18 ans, est du voyage8.
5Raymond Martin Marie Ghislain Lemaire naît le 28 mai 1921, à Uccle, près de Bruxelles, où ses parents s’étaient installés dès après leur mariage (Fig. 1). Après des études secondaires au collège Saint-Pierre d’Uccle, il marche dans les pas de son oncle et s’inscrit en histoire moderne et en histoire de l’art et archéologie, à l’université de Louvain en 1938. Il y suit les cours du chanoine et prolonge ses recherches, centrées sur la transition entre roman et gothique. Le mémoire qui couronne ses études d’histoire de l’art et archéologie, en 1942, « Le transept et le chœur de Notre-Dame de la Chapelle à Bruxelles », lui vaut d’obtenir son diplôme avec « grande distinction ». Mais cela ne marque pas la fin de ses études : dès l’année suivante, tout en entamant un doctorat sur « Les origines du style gothique en Brabant » et, plus spécifiquement, la formation du gothique brabançon, il suit en élève libre les cours d’« architecture civile » et de « composition architecturale et urbanistique » dispensés par Émile Goethals (1886-1951) aux étudiants ingénieurs architectes. Comme son père et son oncle, il manifeste un intérêt tant pour l’architecture historique que pour celle de son temps. Il ne cherche toutefois pas à obtenir ce diplôme ; en revanche, il termine sa licence en histoire en 1944. Sa thèse de doctorat, qu’il aurait espéré terminer en octobre 1945, ne sera soutenue qu’en 1949, en raison des missions de terrain qu’il se voit confier dès 1943.
Fig. 1 : Herman Lemaire, son épouse Maria Winderickx et leurs neuf enfants, vers 1940. Raymond M. Lemaire est le deuxième en partant de la gauche

Collection Edgar Winderickx, Tourneppe.
Filiation
6Le chanoine Lemaire (Fig. 2) apporte un important soutien à son neveu dès ses études. C’est ainsi qu’en 1941 le jeune Raymond, encore étudiant, publie un article dans Bouwkunst en Wederopbouw9, organe officiel du CGRP. Par ailleurs, le chanoine permet à son neveu de participer aux visites de terrain dont il s’acquitte dans ce cadre. Dans la foulée, dès juin 1943, fraîchement diplômé et âgé de 22 ans seulement, Raymond M. Lemaire intègre lui-même le CGRP en tant qu’assistant de Stan Leurs (1893-1973), ancien élève du chanoine et conseiller général à la restauration10. Mis en place par l’administration militaire des territoires occupés en juin 1940, le CGRP a pour buts conjoints de réparer les dommages de guerre et de relever l’industrie nationale. Centré sur les questions de restauration, le département dirigé par Leurs documente les édifices détruits, donne un avis sur les options d’intervention et supervise l’élaboration des projets. R. M. Lemaire y est essentiellement impliqué dans la réalisation d’études archéologiques de monuments sinistrés. Apparentées à de l’archéologie du bâti, elles lui donnent l’occasion de confronter à la réalité les principes enseignés par son oncle et cautionnés par Leurs. Dans l’exercice de ses fonctions, il côtoie l’essentiel des spécialistes belges dans les domaines complémentaires de l’architecture, de l’urbanisme et de la restauration.
Fig. 2 : Le chanoine A.G. Lemaire, s.d., d’après Edgar Winderickx, « Herman Lemaire Architect. Een beknopte monografie », En het dorp zal duren, no 45-46, 2010, p. 126

7R. M. Lemaire officie au CGRP jusqu’en septembre 1944, date à laquelle il entre pour une courte mission de « conseiller à la restauration » au ministère des Travaux publics, vraisemblablement par l’entremise de son père. C’est dans ce contexte qu’il a l’occasion de brièvement côtoyer Henry Van de Velde, qui y exerce, depuis 1935, un « contrôle esthétique » des bâtiments subsidiés11. Les archives ne révèlent rien quant au travail qu’il accomplit dans ce cadre, mais il considérera a posteriori cette période comme « très féconde pour [lui] », et affirmera avoir été « frappé par le respect et l’ouverture que le grand architecte moderniste gardait pour le passé12 ». Cette mission se termine en décembre de la même année par son engagement comme volontaire de guerre au sein de la Brigade Piron13.
8C’est encore par l’intermédiaire de son oncle que R. M. Lemaire devient assistant à l’université de Louvain. Dès 1945, le chanoine, soucieux d’alléger sa charge d’enseignement, considère que « spécialement préparé pour reprendre [sa] tâche, [son neveu est,] parmi tous ses anciens étudiants, vraiment le seul en mesure de donner [ses] cours dans le même esprit et selon les mêmes méthodes14 ». L’investissement important de R. M. Lemaire dans la récupération des œuvres d’art au sein de l’Office de récupération économique (ORE) reportera cependant cet engagement à septembre 1947. Chargé des cours d’histoire de l’architecture moderne, de restauration des monuments et d’architecture religieuse, il travaille également à la finalisation de sa thèse de doctorat. En mai 1949, après sa soutenance, il devient chargé de cours à la faculté de philosophie et lettres, puis professeur en 195315. La même année, grâce à l’intervention de son oncle, qui considère que les ingénieurs « ont suffisamment enlaidi le pays durant le dernier siècle16 », il est également affecté aux écoles spéciales de la faculté des sciences, de manière à y renforcer la formation culturelle17. Désormais, « tout l’enseignement de l’histoire de l’architecture lui est réservé à l’université18 ».
Émancipation
9S’il est clair que, durant les années 1940, R. M. Lemaire bénéficie largement des relations familiales pour poser les jalons de sa future carrière, une fois en place, ses compétences, alliées à une implication passionnée que guide une très grande ambition, convainquent invariablement ses employeurs. Les archives restent muettes sur les raisons qui l’amènent à représenter la Belgique et le Grand-Duché de Luxembourg, dès septembre 1945, au sein du Service de liaison militaire belge (SLMB), qui est chargé de la récupération des œuvres d’art spoliées en Allemagne. Mais toujours est-il qu’affecté au Collecting point de la zone centrale américaine, à Munich19, il s’illustre par un zèle qui entraînera la prolongation de sa mission, passée dès 1946 sous l’autorité de l’ORE, jusqu’en 1951. À cette date, fort de cette expérience, il intègre une Commission pour l’étude et la protection des œuvres d’art en temps de guerre, fondée en Belgique sous le nom de « Groupe 21 », avec pour mission la mise en place de mesures préventives en vue d’un nouveau conflit, que l’on imagine alors nucléaire20. À son tour, cette mission l’amène à devenir, au plus tard en 1952, attaché pour les Beaux-Arts au cabinet du ministre de l’Instruction publique, Pierre Harmel21. L’année qui suit, ce dernier lui ouvre les portes de la CRMS, arguant non seulement de ses « titres scientifiques » et de la qualité de ses travaux, mais également de sa volonté de lui témoigner « un geste de haute estime22 ». Raymond M. Lemaire intègre donc la Section des monuments en vertu de ses propres contacts et mérites, le 20 mars 1954, sans attendre la succession de son oncle comme le président l’escomptait23. L’enchaînement de ces missions démontre donc sa capacité à développer progressivement ses propres réseaux en Belgique. Il en est rapidement de même à l’étranger.
10En effet, les missions que le jeune Lemaire se voit confier pour le SLMB, l’ORE et le Groupe 21 marquent également les débuts de l’internationalisation de sa carrière. La rencontre avec Piero Gazzola, à la fin des années 1940, lors d’une réunion aux Pays-Bas où il avait été invité par l’intermédiaire de son oncle24, est décisive. Il est plus que probable que Gazzola, surintendant de Vénétie occidentale et assistant d’Ambrogio Annoni au Politecnico de Milan25, soit à l’origine du stage qu’effectue Lemaire chez ce dernier, durant quelques mois, à l’automne 1949. Un courrier d’Annoni à Lemaire, à la suite de son séjour, suggère en tout cas que l’architecte italien ne connaissait pas l’ouvrage du chanoine, malgré d’importantes similitudes de principes avec celui qu’il publie lui-même en 194626. Ici aussi, Lemaire semble donc s’être émancipé du giron familial pour vivre ces expériences italiennes, lesquelles joueront un rôle crucial dans la suite de sa carrière.
11En 1957, Lemaire et Gazzola, devenus amis27, sont tous deux à Paris, au Congrès international des architectes et techniciens des monuments historiques. Bien que sa contribution soit très modeste28, Lemaire est l’un des trois Belges à prendre une part active au congrès. Cet événement, rassemblant 70 orateurs issus de quinze pays, lui permet vraisemblablement d’élargir son réseau international puisque, dès 1958, il se trouve associé, avec Gazzola, à la préparation du congrès suivant, prévu en Italie sur l’invitation de Guglielmo De Angelis d’Ossat, directeur général des Antiquités d’Italie29. Le fait que, en 1962 déjà, il soit invité à dispenser des cours au sein du Corso Internazionale di Perfezionamento in Restauro dei Monumenti, fondé deux ans plus tôt par De Angelis à la Sapienza30, témoigne de la reconnaissance dont il jouit alors en Italie et qui l’amènera, en 1964, à jouer un rôle de premier plan au Congrès de Venise. À ce stade, les liens familiaux ne semblent plus jouer aucun rôle : la mort du chanoine, en 1954, sept ans après celle de son frère Herman, ne freine nullement l’ascension de R. M. Lemaire.
12Dès le début des années 1950, celui-ci succède à son oncle aux commandes de la restauration de plusieurs églises médiévales importantes. Ces premiers projets se situent dans la droite ligne de la vision du chanoine, en privilégiant la restauration d’un état médiéval cohérent au détriment des transformations ultérieures. En effet, si le chanoine prônait, dans La Restauration des monuments anciens, une approche au cas par cas guidée par un examen nuancé des « intérêts » complémentaires que sont l’utilité, l’art, l’archéologie et le pittoresque31, et considérait l’unité de style comme « une exagération évidente32 », ses projets et écrits liés à la seconde reconstruction révèlent un parti pris certain. Dans un article de 1941, il critique la « sentence » actuelle selon laquelle la « valeur [d’un monument] réside dans la totalisation des apports des siècles successifs ». Distinguant, parmi ces apports, les « œuvres véritables » des « œuvres manquées », il considère que « s’il est nécessaire de respecter l’œuvre des siècles, il serait naïf et déraisonnable de témoigner de la vénération pour les actes de barbarie et de vandalisme dont se sont rendus coupables certains architectes des époques baroque et néo-classique33 ». Dans cet ordre d’idées, lors de la restauration de la chapelle Sainte-Vérone de Leefdael, l’un de ses premiers projets (1949), R. M. Lemaire restitue à l’édifice du xe siècle ses bas-côtés du xiiie qu’une intervention du xviiie avait supprimés (Fig. 3) ; à Orp-le-Grand, il rend à l’église son apparence romane, en allant jusqu’à supprimer les décors baroques du chœur, que le chanoine lui-même envisageait de conserver34.
Fig. 3 : La chapelle Sainte-Vérone de Leefdael en 1943 (cliché CGRP, 1943) et après restauration par R. M. Lemaire (auteur inconnu, 1976)

© KIK-IRPA, Bruxelles.
13Mais, parallèlement à cet héritage, les contacts réguliers de R. M. Lemaire avec l’Italie lui offrent d’autres références et apportent des nuances à son approche de la restauration. Une « esquisse de principes directeurs en matière de conservation et de restauration des monuments anciens35 » (ci-après « Principes directeurs »), qu’il rédige pour le compte de la CRMS, illustre de manière éloquente ce moment d’émancipation progressive. La conjonction de plusieurs arguments nous permet de situer ce document non daté vers 1960 et, en tout cas, avant la Charte de Venise36. Lemaire y opère une synthèse personnelle des documents qui sont alors les plus influents – les conclusions de la Conférence d’Athènes (1931) et la Carta italiana del restauro (1932) – avec l’enseignement de ses « maîtres » et son expérience personnelle. Le document offre donc un instantané de ses réflexions à ce moment charnière.
14La différence la plus frappante entre les « Principes directeurs » et les documents antérieurs, tirant leurs origines de la restauration scientifico-philologique de Gustavo Giovannoni, est l’inversion des priorités entre les valeurs historique et esthétique des monuments. Là où ses prédécesseurs accordaient une importance prépondérante à l’absence de « falsification » du « document historique37 », R. M. Lemaire déclare qu’« un monument ancien est généralement une œuvre d’art avant d’être un document d’histoire38 ». Par conséquent, les « principes directeurs » n’adoptent l’impératif de lisibilité des interventions qu’à la condition, empruntée au chanoine Lemaire et à Ambrogio Annoni, de préserver l’harmonie d’ensemble39. L’« intérêt esthétique », qui « l’emporte sur tous les autres », constitue la limite absolue de la distinction entre ancien et nouveau : « L’intérêt documentaire, qui exige la distinction facile entre les parties authentiques et les parties nouvelles, a, en soi, une importance moindre que la valeur esthétique et architecturale du monument40. » De la même manière, le respect de la « contribution de toutes les époques à l’édification d’un monument » est conditionné au fait qu’« elle soit marquée du sceau de la beauté41 ». Par conséquent, la restauration « peut aussi avoir pour but le dégagement, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, des parties valables d’un monument qu’une gangue d’éléments sans intérêt ou d’intérêt moindre que les parties mises à jour englobent aujourd’hui42 ». Cette prépondérance accordée à la valeur esthétique évoque la « restauration critique », telle qu’elle se développe dès les années 1940 en Italie. En 1944, Roberto Pane, dont Lemaire fera la connaissance en 1964, avait déjà prôné, face à la neutralité de l’article 5 de la Carta italiana del restauro excluant tout privilège accordé à une époque particulière de l’histoire, la possibilité d’un choix critique43. Selon Pane, l’absence de caractère artistique pouvait justifier la suppression d’éléments masquant ou offensant la « beauté véritable » : « Certamente anche il brutto appartiene alla storia, ma non per questo gli si dovranno dedicare le stesse cure di cui il bello merita di essere oggetto44. » Quatre ans plus tôt, le chanoine Lemaire ne disait rien d’autre en déclarant : « Un crime est un fait historique tout comme une action méritoire. Nous pouvons le constater, en tenir note, en déduire des conclusions, mais cela ne doit pas nous empêcher de la réparer et d’en effacer les traces45. » Sur ce point précis, un même état d’esprit unissait donc, au lendemain de la guerre, le chanoine Lemaire et les premiers tenants italiens du restauro critico. Cependant, chez R. M. Lemaire, l’« intérêt esthétique » prime plus explicitement encore que chez le chanoine, qui intégrait également, dans l’équation devant déterminer les options de restauration, l’archéologie et l’usage46. Cette position radicale rapproche R. M. Lemaire des développements de la restauration critique dans les années 1960, théorisés par Renato Bonelli (1911-2004) en architecture. Professeur, jusqu’en 1961, à la Sapienza, où enseigne ponctuellement Lemaire, il publie, en 1959, Architettura e restauro, regroupant plusieurs articles publiés depuis la Seconde Guerre mondiale47. Pour Bonelli, la valeur artistique doit se voir assigner « la prévalence absolue », les autres aspects lui étant subordonnés48. Par ailleurs, il reconnaît explicitement à la restauration un caractère créatif : en l’absence de données précises sur la forme originelle, l’architecte doit donner à l’édifice ou les parties concernées une forme nouvelle49. Dans un même esprit, les principes directeurs requièrent, en cas d’agrandissement ou de complément, l’application de « l’esprit et [d]es normes de l’architecture d’aujourd’hui » et de « la marque de notre temps50 ». Toutefois, comme le chanoine Lemaire et A. Annoni avant lui, R. M. Lemaire reste prudent et insiste sur « l’harmonie » avec la construction ancienne51.
15Au tournant des années 1960, il met ce dernier principe en pratique dans un projet qui se distingue nettement de ses productions antérieures : la restauration de l’ancienne église Saint-Lambert, à Heverlee. Passée dans le giron de l’université après la Première Guerre mondiale, cette ancienne église paroissiale, remontant au xie siècle, avait été privée de ses bas-côtés, de son chœur et d’une travée de sa nef au xviiie siècle, avant d’être transformée en habitation de garde-chasse52. En 1936, une première campagne de travaux menée par le chanoine Lemaire transforme l’édifice, dépouillé des traces de ses transformations successives, en ruine pittoresque53. Bien que des esquisses de restauration datent de 1959 déjà, c’est une nouvelle campagne de fouilles, menée par le professeur Jozef Mertens durant l’hiver 1960-196154, qui révèle l’état alarmant de l’édifice, proche de l’effondrement55. La campagne de restauration par R. M. Lemaire commence donc par des travaux de consolidation. Dès les premiers dessins, le parti de ne pas reconstituer la volumétrie romane de l’édifice est clair, en vertu des valeurs archéologiques et pittoresques des vestiges56 (Fig. 4). Plutôt que de reconstruire les bas-côtés, comme il l’avait fait en 1949 à Leefdaal, Lemaire prend le parti de vitrer les arcades de la nef, afin de conserver les relations visuelles de celles-ci avec la tour, ainsi que la transparence de la ruine dans son environnement boisé. Le rapport entre intérieur et extérieur joue un rôle essentiel : la clairière assume, au même titre que l’intérieur du bâtiment, le rôle d’espace sacré. La toiture, formée de deux paraboloïdes hyperboliques contigus, est pratiquement invisible de l’extérieur et repose visuellement sur des bandeaux vitrés, explicitant l’indépendance des structures ancienne et nouvelle57. On chercherait en vain de quelconques liens entre ce projet et l’œuvre du chanoine ; en revanche, plusieurs références italiennes s’imposent, en particulier deux projets que connaissait très certainement R. M. Lemaire : la restauration de la basilique de San Vincenzo a Galliano à Cantù, par Ambrogio Annoni, et celle du Castelvecchio de Vérone par Carlo Scarpa.
Fig. 4 : Raymond M. Lemaire, Croquis de principe de la restauration de la Chapelle Saint-Lambert à Heverlee
KU Leuven, Universiteitsarchief, Fonds R. M. Lemaire.
16La basilique de Cantù, près de Côme, présente, du point de vue historique, plusieurs points communs avec l’église Saint-Lambert. Remontant au xie siècle, elle est transformée en ferme sous l’occupation française, ce qui entraîne de nombreuses transformations, parmi lesquelles la démolition du bas-côté sud. Au xxe siècle, elle bénéficie de deux campagnes de restauration, dont la seconde, de 1932 à 1934, est menée par A. Annoni. Bien qu’il entreprenne des fouilles pour retrouver les traces du bas-côté disparu, l’architecte considère son hypothétique recomposition comme « fausse » et « arbitraire58 ». Afin de refermer les arcades de la nef, il choisit de placer, côté extérieur – de manière à préserver les fresques ornant l’intérieur de l’édifice – un vitrage continu sur un cadre métallique, comprenant quelques ouvertures pour « le paysage et l’aération59 ». L’ouvrage dédié à la basilique et sa restauration paraît en 1949, année du séjour de R. M. Lemaire chez Annoni. Même si le langage architectural des interventions diffère, il est difficile de ne pas voir dans ce projet une source d’inspiration pour la restauration de la chapelle Saint-Lambert.
17D’autres similitudes peuvent être observées dans la restauration emblématique du Castelvecchio. L’une des premières esquisses dessinées par Lemaire, en avril 1959, présente une division rythmique des vitrages évoquant la formule mise en place à Vérone pour résoudre le problème de la fermeture des arcs de formes variées du bâtiment médiéval. Par l’adoption d’un décalage en profondeur, mais, surtout, d’un rythme asymétrique et abstrait conçu en fonction des espaces intérieurs et étrangers à la logique de la composition des façades, Scarpa crée un jeu de contrastes qui sera maintes fois imité par la suite. R. M. Lemaire ne procède pas autrement dans sa première esquisse : une annotation au crayon indique qu’« il faut que les châssis développent un thème indépendant des arcades – Superposition harmonieuse de deux thèmes ». Cette comparaison vaut la peine d’être tentée lorsque l’on sait que P. Gazzola, en tant que surintendant de la Vénétie occidentale, fut l’un des principaux soutiens de Scarpa dans la réalisation de son projet60, contemporain des visites régulières de Lemaire en Italie. Il est donc très probable que Gazzola ait fait partager à son collègue et ami son enthousiasme pour cette approche novatrice. Si la composition des vitrages se simplifiera dans la version définitive de la restauration de la chapelle (Fig. 5), plusieurs autres détails, tels le cadre en béton de la porte d’entrée ou le mobilier minimaliste en acier noir, ne manquent pas de rappeler le projet véronais.
Fig. 5 : Vue de la Chapelle Saint-Lambert à Heverlee, restaurée par R. M. Lemaire

Cliché Claudine Houbart, 2019.
Rémanence
18La participation active de Raymond M. Lemaire au Deuxième Congrès international pour la restauration à Venise en 1964 constitue une véritable consécration. Rapporteur de la première session, il contribue significativement à la rédaction de la Charte qui y sera adoptée et deviendra rapidement un document de doctrine incontournable61. En outre, c’est également à Venise qu’est décidée la création de l’Icomos62. Lemaire participe activement aux travaux préparatoires63 et, lors de la première assemblée générale, en juin 1965 à Cracovie, il est élu secrétaire général aux côtés de Piero Gazzola, président, ce qui donne un coup d’accélérateur à sa carrière internationale. À partir de 1964, l’héritage familial semble définitivement derrière lui, et son discours se calque officiellement sur les principes unanimement adoptés à travers la charte internationale, qui diffèrent de manière significative des « principes directeurs » par une position plus consensuelle64 : dorénavant, « la conservation et la restauration des monuments visent à sauvegarder tout autant l’œuvre d’art que le témoin d’histoire65 ».
19Toutefois, au-delà des apparences, l’étude approfondie des projets de rénovation urbaine menés par R. M. Lemaire au lendemain du Congrès de Venise66 révèle une persistance des convictions acquises lors de sa période de formation. En particulier, le critère esthétique reste de facto déterminant dans de nombreux choix en termes d’intervention. Nous nous limiterons ici à évoquer brièvement la rénovation du grand béguinage de Louvain, qu’il dirige de 1965 à 1972. Projet pilote dans le cadre des réflexions naissantes du Conseil de l’Europe en termes de « réanimation » des villes historiques, l’opération déroge étonnamment aux principes de la Charte de Venise67. En l’absence quasi totale de justifications écrites quant aux choix de restauration opérés pour les quelque 80 immeubles composant le site, c’est une analyse minutieuse des documents graphiques et photographiques qui nous a permis de formuler des hypothèses sur le processus du projet, entraînant la disparition de la plupart des modifications apportées aux immeubles au xixe siècle, au profit d’un retour aux dispositions antérieures (Fig. 6). En ce qui concerne la table du Saint-Esprit, l’un des rares édifices ayant fait l’objet d’une publication, Lemaire admet lui-même avoir été guidé par des considérations esthétiques dans le choix de rétablir la façade dans un état évoquant sa composition du xviie siècle : « la transformation […] exécutée vers 1850 […] constituait un chaînon important de l’histoire de l’infirmerie, [toutefois], sur le plan esthétique […], il était difficile d’attribuer à la façade du xixe siècle des qualités qui auraient justifié un maintien condamnant définitivement l’ordonnance plus ancienne sous-jacente68 ». Un autre exemple révélateur est celui du Couvent de Chièvres, bâtiment emblématique du site dont les façades sont radicalement restaurées dans un état proche de l’original. Les photos et les plans du complexe avant et après travaux révèlent la démolition-reconstruction des deux bâtiments adjacents aux fins d’abaisser leur hauteur de corniche et, ainsi, de davantage mettre en valeur le couvent, au détriment de l’histoire du site69.
Fig. 6 : Les travaux de rénovation du Grand Béguinage de Louvain sous la direction de R. M. Lemaire, vers 1965. Les immeubles de gauche sont encore dans leur état transformé au xixe siècle, tandis que l’immeuble central et celui de droite sont rétablis dans leur état du xviie siècle

KU Leuven, Universiteitsarchief, Fonds R.M. Lemaire.
20Bien d’autres projets contemporains et ultérieurs témoignent de choix similaires. Durant toute sa carrière, R. M. Lemaire restera hermétique à l’architecture du xixe siècle, dont les productions et les strates sont systématiquement supprimées en vertu de la faible valeur esthétique qu’il leur attribue. De manière générale, si l’extension graduelle du champ du patrimoine entre les années 1960 et 1990 relègue peu à peu la valeur d’art à l’arrière-plan des préoccupations, Lemaire y restera attaché jusqu’à la fin de sa vie. Il faut toutefois attendre l’un de ses derniers textes, écrits dans le contexte des réflexions préparatoires au Document de Nara sur l’authenticité (1994), pour en retrouver une expression explicite. Dans cet article, il déplore une « interprétation littérale, et de ce fait abusive », de la Charte de Venise, conduisant à un attachement excessif à la « crédibilité de la source historique ». Bien qu’il tente d’aborder la question de manière objective, soupesant l’importance relative des « authenticités » historique, symbolique et formelle, Lemaire ne peut s’empêcher d’exprimer son penchant immuable pour cette dernière : « À force de ne voir dans le monument qu’une “charte de pierre”, on en est arrivé à considérer parfois qu’il s’agit là de sa fonction essentielle. […] Nos contemporains, imbus d’esprit scientifique, c’est-à-dire de volonté de qualification et de quantification, se trouvent plus rassurés en présence de données perceptibles rationnellement que devant les lois obscures et les détours de la beauté. Les traces de l’histoire sont de celles-là. Est-ce une raison suffisante pour leur donner la primauté70 ? »
Conclusion
21Issu d’une courte mais puissante dynastie d’architectes et archéologues, Raymond M. Lemaire est un exemple parlant de la manière dont des antécédents familiaux bien placés peuvent jouer un rôle crucial dans le développement d’une carrière. Sans mettre en doute ses compétences, on ne peut nier l’importance du soutien de son oncle au cours des années 1940, dans tous les aspects de sa vie professionnelle. Mais ce que l’on peut lire a priori comme une forme de népotisme se fait rapidement oublier face au brio avec lequel le jeune Raymond tire parti de ces coups de pouce familiaux. Loin de se complaire dans le confort du monde connu et provincial du cercle familial, il deviendra, à force de travail et d’ambition, alliés à un sens diplomatique hors du commun, l’un des personnages clés du monde de la conservation-restauration dans la seconde moitié du xxe siècle. Ainsi que nous l’avons vu, cette ascension fulgurante n’effacera cependant jamais totalement les traces de ses années de formation, qui demeurent une part essentielle de son identité. Raymond Lemaire n’est donc ni un suiveur ni un autodidacte, mais une figure complexe, entre pionnier et héritier.
Bibliographie
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Raymond A. G. Lemaire, La Restauration des monuments anciens, Anvers, De Sikkel, 1938.
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Edgar Winderickx, « Herman Lemaire Architect. Een beknopte monografie », En het dorp zal duren, no 45-46, 2010, p. 124-147.
Notes de bas de page
1Raymond A. G. Lemaire, La Restauration des monuments anciens, Anvers, De Sikkel, 1938.
2Nous le désignerons de la sorte pour le distinguer de son neveu homonyme.
3Tous les renseignements concernant la famille Lemaire sont tirés de Edgar Winderickx, « Herman Lemaire Architect. Een beknopte monografie », En het dorp zal duren, no 45-46, 2010, p. 124-147.
4Thomas Coomans, « L’historiographie de l’architecture romane en Belgique ; entre nationalisme, régionalisme et internationalisme », in Jacques Toussaint (dir.), Pierre – papiers – ciseaux. Architecture et sculpture romanes (Meuse – Escaut), Namur, musée des Arts anciens du Namurois, 2012, p. 31-32.
5Jacques Lavelleye, « L’institut supérieur d’archéologie et d’histoire de l’art à l’université catholique de Louvain », Revue des archéologues et historiens d’art de Louvain, vol. II, 1969, p 16.
6Raymond A. G. Lemaire, La Restauration des monuments anciens, op. cit.
7Aloïs Riegl, Der moderne Denkmalkultus, Vienne, Braumüller, 1903.
8Entretien avec Edgar Winderickx, Tourneppe, février 2010.
9Raymond M. Lemaire, « De kapel van het H. Geesthof te Korbeek-Lo », Bouwkunst en wederopbouw, no 8, août 1941, p. 195-199.
10La Guerre et la conservation des monuments en Belgique, n. d., non classé, KU Leuven, Universiteitsarchief, fonds R. M. Lemaire (ci-après : ARML).
11Léon Ploegaerts, L’Œuvre architecturale de Henry Van de Velde, Payot, 1987, p. 208.
12Raymond M. Lemaire, « Port-la-Rochette, une ville touristique fidèle aux valeurs constantes de la tradition », Les Cahiers de l’urbanisme, no 3, mars 1988, p. 75.
13Curriculum vitae [2], s. d., dossier personnel R. M. Lemaire, Centre de documentation de la CRMSF, Liège (ci-après RML-CRMSF).
14R. A. G. Lemaire à H. Van Waeyenbergh, 28 juin 1945, dossier personnel R. M. Lemaire, Universiteitsarchief KU Leuven (ci-après DPRML).
15R. A. G. Lemaire à H. Van Waeyenbergh, halfoogst 1953, DPRML.
16Idem.
17H. Van Waeyenbergh à R. M. Lemaire, 12 septembre 1953, DPRML.
18J. Lavalleye à H. Van Waeyenbergh, 20 juillet 1957, DPRML.
19R. M. Lemaire, « Rapport sur le Service de la récupération des œuvres d’art belges en Allemagne », 10 octobre 1945, I 020 362, ORE, Archives générales du Royaume (ci-après AGR).
20Thomas Coomans, « Le programme de protection du patrimoine culturel en cas de conflit armé après la Seconde Guerre mondiale en Belgique et le fonds de plans de monuments nationaux rassemblé par le service du répertoire des biens culturels (1950-1960) », Revue des archéologues et historiens d’art de Louvain, vol. XXIV, 1991, p. 151.
21Procès-verbal de la commission pour les problèmes nationaux de défense (Groupe 21) […] le 31 août 1952, 5, 3675, archives 1949-1965, Institut royal du patrimoine artistique (ci-après IRPA).
22Pierre Harmel au comte Carton de Wiart, 3 avril 1954, RML-CRMSF.
23Idem.
24Derek Lindstrum, “The World of Conservation: An Interview with Raymond Lemaire”, Monumentum, vol. XXVI, no 2, 1983, p. 90.
25Carolina Di Biase, « Gli anni della formazione al nuovo Politecnico », in Alba Di Lieto e Michela Morgante (dir.), Piero Gazzola. Una strategia per i beni architettonici nel secondo novecento, Verona, Cierre ed., 2009, p. 57.
26Ambrogio Annoni, Scienza ed arte del restauro architettonico. Idee e esempi, Milano, Ed. artistiche Framar, 1946. La lettre mentionnée est glissée dans l’exemplaire de cet ouvrage provenant de la collection de R. M. Lemaire et intégré aux collections des bibliothèques de la KU Leuven. Je remercie Marko Špikić de m’avoir signalé sa présence.
27Derek Lindstrum, “The World of Conservation […]”, art. cit., p. 90.
28Raymond M. Lemaire, « Vœu présenté par les délégués de la Belgique », in Congrès international des architectes et techniciens des monuments historiques. Paris, 6-11 mai 1957, Paris, Vincent, Fréal & Cie, 1960, p. 40.
29R. M. Lemaire à H. Van Waeyenbergh, 2 décembre 1958, DPRML.
30R. M. Lemaire à H. Van Waeyenbergh, 8 juillet 1962, DPRML.
31Sur la théorie du chanoine Lemaire, nous renvoyons à Claudine Houbart, “The Lessons of the First Reconstruction in Belgium: ‘La restauration des monuments ancien’ by Canon Raymond A. G. Lemaire (1938)”, in Piero Cimbolli Spagnesi (dir.), Al di là delle trincee. Territori e architetture del Regno d’Italia al tempo della Prima Guerra Mondiale, Roma, Ed. Quasar, 2017, p. 315-324.
32Raymond A G. Lemaire, La Restauration des monuments anciens, op. cit., p. 77.
33Raymond A. G. Lemaire, « La restauration des monuments et “l’œuvre des siècles” », Reconstruction, no 10, septembre 1941, p. 8.
34Raymond A. G. Lemaire, « L’église Saint-Martin d’Orp-le-Grand et sa restauration archéologique », Reconstruction, no 6, mai 1941, p. 13-20.
35Les principes sont un extrait de Raymond M. Lemaire, Commission royale des monuments et des sites. Problèmes de doctrine, s. d., P225/835, ARML.
36Pour l’argumentaire, nous renvoyons à Claudine Houbart, “Deconsecrating a Doctrinal Monument: Raymond M. Lemaire and the Revisions of the Venice Charter”, Change Over Time, no 4.2, automne 2014, p. 223.
37Consiglio Superiore per le Antichità e Belle Arti, Carta italiana del restauro, art. 8.
38Principes directeurs, art. B9.
39Ibid., art. A2, B5 et B9.
40Ibid., art. B9.
41Ibid., art. B4.
42Ibid., art. B9.
43Roberto Pane, « Il restauro dei monumenti e la chiesa di Santa Chiara a Napoli », Aretusa, no 1, 1944, consulté dans Maria Rosaria Vitale, La cultura del restauro. Antologie di testi e fonti, Università degli studi di Catania, 2010-2011.
44« Le laid appartient certainement aussi à l’histoire, mais ce n’est pas pour autant qu’il faudra lui accorder les mêmes soins que ceux dont la beauté mérite d’être l’objet » (Idem).
45Raymond A. G. Lemaire, « La restauration des monuments et l’“œuvre des siècles” », art. cit., p. 4.
46Raymond A. G. Lemaire, La Restauration des monuments anciens, op. cit., p. 78.
47Renato Bonelli, Architettura e restauro, Venezia, Neri Pozza Ed., 1959.
48Ibid., p. 51.
49Ibid., p. 53.
50Principes directeurs, art. B5, B6 et B9.
51Ibid., art. B5 et B6.
52Raymond A. G. Lemaire, « De oude Sint-Lambertuskerk van Heverlee », Nederlandsche historiebladen, vol. I, 1938, p. 493.
53Ibid., p. 504-506.
54Jozef Mertens, Archaeologische opgravingen in de Sint-Lambertuskapel te Heverlee, Archaeologia Belgica, 115, Bruxelles, Service national des fouilles, 1969.
55Raymond M. Lemaire, « De nieuwe Sint-Lambertuskapel », Ibid., p. 43.
56Ibid.
57Raymond M. Lemaire, « De nieuwe Sint-Lambertuskapel », Ibid., p. 45.
58Ambrogio Annoni, « La basilica di Galliano », in Giulio R. Ansaldi, Gli affranchi della Basilica di S. Vincenzo a Galliano, Milano, Casa editrice Biblioteca Ambrosiana, 1949, p. 134.
59Ibid., p. 137.
60Paola Marini, « “On compte beaucoup sur vous pour l’avenir”, Gazzola e il CISA », in Alba Di Lieto e Michela Morgante (dir.), Piero Gazzola: una strategia […], op. cit., p. 179.
61Sur la contribution de R. M. Lemaire à la rédaction du document et les liens avec les « Principes directeurs », cf. Claudine Houbart, “Deconsecrating a Doctrinal Monument […]”, art. cit., p. 219-228.
62Décisions et résolutions, document 2, in Il monumento per l’uomo. Atti del II Congresso Internazionale del Restauro, Venezia, Marsilio, 1973, p. XCVI-XCVII.
63Aleksandra Zaryn, « La Ire assemblée générale de l’Icomos à Cracovie (Pologne) en 1965 », in Thirty Years of Icomos, Scientific Journal, Paris, Icomos, 1995, p. 8.
64Ce que R. Bonelli regrettera dès le lendemain du congrès. Cf. Marco Dezzi Bardeschi, « Cura dell'antico e qualità del nuovo. La crociata di Roberto Pane per il rinnovamento della cultura del restauro in Italia », in Stella Casiello, Andrea Pane, Valentina Russo (dir.), Roberto Pane tra storia e restauro. Architettura, città, paesaggio, Venezia, Marsilio, 2010, p. 133.
65Charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites, art. 3.
66Claudine Houbart, Raymond M. Lemaire et la conservation de la ville ancienne : approche historique et critique de ses projets belges dans une perspective internationale, thèse de doctorat KU Leuven, sous la dir. de Luc Verpoest, 2015.
67Claudine Houbart, “The Great Beguinage of Leuven: an Early Challenge for the Venice Charter”, Opus Nuova serie, no 2, 2018, p. 105-128.
68Raymond M. Lemaire, Robert Van Thielen, Luc-Francis Génicot et alii, « L’infirmerie du Grand Béguinage de Louvain. Notice historique et archéologique préparatoire à la restauration », Bulletin de la CRMS, vol. XVI, 1965-1966, p. 169-170.
69Claudine Houbart, “The Great Beguinage of Leuven […]”, art. cit., p. 121.
70Raymond M. Lemaire, « Authenticité et patrimoine monumental », in Knut Einar Larsen and Nils Marstein (dir.), Conference on Authenticity in relation to the World Heritage Convention. Preparatory Workshop, Bergen, Norway, 31 January-2 February 1994, Tapir Forlag, 1994, p. 83-100.
Auteur
-
Claudine Houbart
Professeur d’histoire et théorie du patrimoine, unité de recherche AAP (Art, Archéologie, Patrimoine), groupe de recherche DIVA (Documentation, Interprétation, Valorisation des Patrimoines), université de Liège
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