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    Plan détaillé Texte intégral Introduction Une dynastie à plusieurs étages L’affirmation publique d’un architecte L’ombre étouffante du patriarche Conclusion Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Dynasties d'architectes et d'artistes en province aux xixe et xxe siècles

    Ce livre est recensé par

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    L’architecture comme ascension socioprofessionnelle : les Cordonnier à Lille

    Architecture as a socio-professional rise: the Cordonnier dynasty in Lille

    Fabien Bellat

    p. 185-202

    Résumés

    La famille Cordonnier donna à Lille successivement quatre architectes. Actifs du milieu du xixe siècle jusqu’à la seconde moitié du xxe siècle, ces bâtisseurs surent étendre leur influence hors de leur milieu initial. Le premier Cordonnier démarra son activité auprès des décideurs politiques et religieux lillois ; le second poursuivit l’approche paternelle – utilisant en outre les concours internationaux et les expositions universelles pour étendre son rayon d’action. Cette stratégie lui permit d’obtenir d’amples commandes et, surtout, de dépasser les clivages Paris-province. Efforts aboutissant à son élection à l’Institut de France, puis à son rôle national dans la reconstruction après la Première Guerre mondiale. Cette ascension socioprofessionnelle en fit, in fine, une figure clé du régionalisme. Les deux derniers ne purent pas maintenir cette stature, en partie à cause de la disparition du milieu culturel qui avait auparavant favorisé leur dynastie.

    The Cordonnier family gave Lille successively four architects. Active from the mid-nineteenth century until the second half of the twentieth century, these builders were able to extend their influence beyond their initial environment. The first Cordonnier started his activity with political and religious decision-makers of the North region; the second continued the fatherly approach – also using international competitions and world fairs to extend his reach. This strategy enabled him to obtain large orders, and above all to overcome the Paris-provincial divides. Efforts leading to his election to the Institut de France, then to his national role in reconstruction after the First World War. This socio-professional rise ultimately made him a key figure in regionalism. The last two could not maintain this stature, in part due to the disappearance of the cultural environment that had previously favoured their dynasty.

    Entrées d’index

    Mots-clés : Lille, dynastie, Cordonnier (famille), architecture, concours, reconstruction, régionalisme

    Keywords : Lille, dynasty, Coordonnier (family), architecture, competition, reconstruction, regionalism

    Texte intégral Introduction Une dynastie à plusieurs étages L’affirmation publique d’un architecte L’ombre étouffante du patriarche Conclusion Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    Introduction

    1Depuis Balzac, la littérature a souvent moqué les notaires, les considérant comme de ternes parangons de la transmission du cabinet de père en fils. Or, parfois les architectes relèvent du même processus familial et professionnel. Est-ce avec un éclat bien différent de la routine juridique des testaments ? Les dynasties architecturales peuvent être trompeuses : sous l’Ancien Régime, plusieurs membres du clan Mansart et Gabriel ont sombré dans un anonymat relatif, occultés par l’ombre écrasante de leurs aînés. De même, au xixe siècle, avec les Vaudoyer. Cependant, qu’en est-il hors de l’astre parisien ?

    2Les grandes villes, comme Bordeaux, Lyon, Rouen, connurent toutes des familles d’architectes se maintenant assez bien entre le xixe et le xxe siècle. Par exemple, les Lefort et les Lisch étaient largement introduits dans le milieu normand, et signèrent quelques œuvres qui leur ont donné une réputation nationale. Juste Lisch (1828-1910) réalisa, entre autres, la gare du Havre en 1881 et remodela l’une des principales gares parisiennes, Saint-Lazare, en 1889. Son fils, Georges Lisch (1869-1960) contribua notamment à la reconstruction dans la Somme après 19181. Cependant, ces auteurs conservèrent surtout un rayonnement local, n’attirant qu’épisodiquement l’attention de la presse nationale. Un tel destin aurait, a priori, dû être celui de Louis-Marie Cordonnier (1854-1940) à Lille. Toutefois, celui-ci sut déjouer les attentes avec d’imaginatives approches, étendant son potentiel et son écho auprès de ses contemporains. Comment ce bâtisseur sut-il exploiter le réseau local tissé par son père et, surtout, dépasser enfin les clivages entre Paris et province ? Comment se forgea-t-il une stature professionnelle à la fois locale et nationale ?

    3Ces actions servirent aussi ses héritiers, qui capitalisèrent surtout sur la dimension du patriarche, engagé à la fois auprès du catholicisme et du régionalisme. Sur quatre générations, ici le métier d’architecte éclaire des stratégies permettant d’abord une ascension socioprofessionnelle, avant que de nouveaux paradigmes culturels ne mettent un terme à ces patientes constructions.

    Une dynastie à plusieurs étages

    4La famille Cordonnier marqua le paysage architectural de Lille et de sa région durant quatre générations. Né à Haubourdin (Nord), Jean-Baptiste Cordonnier (1820-1902) est à l’origine de cette lignée d’architectes. Petit-fils d’un fermier, fils d’un marchand tonnelier, il a un parcours typique des évolutions sociales du xixe siècle, où l’acquisition de terres après la Révolution permit à certaines familles de s’enrichir, formant peu à peu une bourgeoisie moyenne2. En cela, Jean-Baptiste Cordonnier se rapproche de Charles Garnier (1825-1898), dont le père était carrossier-charron3. Tous deux se côtoyèrent d’ailleurs sur les bancs de l’École des beaux-arts : le futur auteur de l’Opéra décrocha en 1848 le Grand Prix de Rome, tandis que le Lillois suivit, entre 1845 et 1847, une scolarité convenable, quoique moins éblouissante à en croire son dossier scolaire4.

    5Revenu dans sa commune natale, Cordonnier veilla d’abord à sécuriser une place administrative, en devenant aussitôt architecte départemental. Surtout, son bref cursus parisien lui attira la bienveillance de notables locaux, dont le comte d’Hespel, qui lui commanda en 1849 un cossu manoir à Wavrin. Bientôt maire et conseiller cantonal, celui-ci fut selon toute vraisemblance le premier protecteur de l’architecte. Devenu député et sénateur monarchiste, Hespel pourrait en effet avoir joué un rôle dans les premières commandes publiques de Jean-Baptiste Cordonnier : l’asile d’aliénés d’Armentières en 1860, puis, entre 1865 et 1886, les églises d’Haubourdin, Laventie, Merville et Caudry. L’architecte y emploie un style néo-gothique assez conventionnel, quoiqu’adapté aux ressources de la région, les briques. Cette adaptation de modèles nationaux aux conditions locales lui assura une position professionnelle en vue, qui l’amena à participer à la fondation de la Société des architectes du Nord en 1868. Cette implication dans la défense de la profession fut reconnue par les notices nécrologiques saluant son décès, en décembre 1902, dans les colonnes de L’Architecture et la construction moderne dans le Nord, mais également, en janvier 1903, dans celles de La Construction moderne. Double reconnaissance ; régionale et nationale, la seconde peut-être grâce à l’influence croissante de son fils.

    6En effet, celui-ci suivit les traces paternelles, étudiant à l’École des beaux-arts de 1875 à 1880, dans l’atelier dirigé par Jules André (1819-1890), Grand Prix de Rome en 18475. Louis-Marie Cordonnier eut une scolarité plus brillante que son père et accumula assez de valeurs pour tenter à deux reprises le concours de Rome, en 1879 et en 1880, obtenant alors un classement honorable6. Cependant, Jean-Baptiste Cordonnier semble avoir pressé son fils de mettre un terme à ses études, pour revenir l’assister sur le chantier de la mairie de Loos en 1881. Cet édifice, souvent brandi comme précurseur du régionalisme néoflamand7, paraît avoir été signé par les deux architectes. Une relative maladresse des proportions pourrait provenir de l’influence paternelle, tandis que le dispositif du beffroi à la flamande devint un trait récurrent des œuvres municipales du fils. Quel que soit le degré de paternité, l’encore modeste mairie de Loos marqua le passage de relais entre les deux générations, Louis-Marie Cordonnier fondant sa propre agence en 1884.

    7De fait, celui-ci devait avoir des ambitions architecturales, dépassant la zone géographique couverte jusque-là par son géniteur. Déjà, son installation à Lille – préfecture du Nord et grand centre industriel – dénotait le désir d’œuvrer dans un milieu où les occasions professionnelles étaient plus nombreuses. Par ailleurs, ce début d’affirmation professionnelle s’étendit vite hors des frontières nationales, car, en 1885, Louis-Marie Cordonnier concourut pour la nouvelle Bourse d’Amsterdam. Il gagna le concours avec un éloquent ensemble néoflamand, mais dont l’exécution lui échappa au profit de son confrère néerlandais Hendrik Berlage (1856-1934). Pas refroidi par cette rebuffade, il persévéra en 1887, en adressant un projet pour l’achèvement de la façade de la cathédrale de Milan, en Italie. Il se vit alors récompensé d’un prix par le jury. De tels essais d’envergure montrent un architecte désireux non seulement de faire ses preuves, mais aussi d’être remarqué par la communauté professionnelle européenne.

    8Bien que ces tentatives internationales restassent inabouties, Cordonnier sut habilement les publiciser, utilisant la presse spécialisée pour se présenter comme victime de jurys biaisés. Ici, il rejoignait les débats de son temps, s’interrogeant sur la validité des concours et l’amélioration des règles de jugement.

    L’affirmation publique d’un architecte

    9Au début du xxe siècle, la stratégie des concours de Louis-Marie Cordonnier finit par être doublement couronnée de succès. Au niveau international, en 1905 il gagna le très médiatisé concours pour le palais de la Paix à La Haye avec un projet très néo-flamand, qui flatta les particularismes néerlandais, l’emportant face à des confrères du milieu germanique, comme Otto Wagner (1841-1918), dont la proposition était bien plus imaginative formellement. Cette commande, qui permettait d’affirmer la présence française dans l’une des premières grandes institutions internationales, lui valut d’être élu membre de l’Institut en 1911. Dignité jusqu’ici jalousement gardée par des prix de Rome, qui lui permit aussi de participer aux jurys examinant les projets des étudiants à l’École des beaux-arts. Déjà actif auprès de la Société des artistes français, il en prit la vice-présidence en 1909. Après avoir intégré dès ses débuts la Société des architectes du Nord, il rejoignit, en 1912, les rangs de la Société centrale des architectes, plus importante. Il cumula donc avec habileté de grandes commandes municipales dans le nord de la France – dont l’hôtel de ville de Dunkerque en 1895 – et des activités ou des titres lui permettant d’agir sur la scène nationale.

    10L’inauguration du palais de la Paix attira l’attention de la presse illustrée néerlandaise (Fig. 1). La revue Op de Hoogte le présenta en page de titre dans sa tenue d’académicien : bicorne, épée, habit vert brodé de branches d’olivier, et décoré des médailles de chevalier de la Légion d’honneur et de commandeur de l’ordre portugais de Saint-Grégoire-le-Grand8… Ainsi présenté au grand public, avec les attributs de son rang, Cordonnier obtenait une reconnaissance internationale digne de son aîné Charles Garnier ou de son contemporain et camarade à l’École, Charles Girault (1851-1932) – Prix de Rome en 1880, auteur du Petit Palais et de divers travaux monumentaux pour le roi Léopold II de Belgique –, qui était aussi son collègue à l’Institut.

    Fig. 1 : Op de Hoogte, portrait de Louis-Marie Cordonnier, 1913 ?

    A. D. du Nord.

    11Au niveau local, au concours pour l’Opéra de Lille en 1907, Cordonnier sut déjouer les préventions de la municipalité contre lui. Et ce, au moyen d’une ruse étonnante : il fit deux envois, l’un caricaturant son style néo-flamand habituel (projet illico écarté par le jury), l’autre dans un goût néo-classique rejoignant la mode du temps. Au grand dam du conseil municipal, l’ouverture des enveloppes révéla le nom de l’encombrant Cordonnier – qui bâtit quand même cet équipement musical clé9. La révélation publique de cette duperie architecturale mit certes les rieurs de son côté, mais attisa les tensions entre conservateurs et socialistes à l’échelon lillois. D’autant que Cordonnier revendiquait un catholicisme militant et travaillait souvent pour les grandes compagnies minières de la région, construisant même sur le flanc de son Opéra une bourse du commerce bien néo-flamande (Fig. 2)10. Indubitablement, l’architecte se plaçait sous le signe de la tradition, tant politique qu’esthétique.

    Fig. 2 : Louis-Marie Cordonnier, maquettes des projets pour l’Opéra et la Bourse, 1911

    Collection privée.

    12Tandis que son projet pour le palais de la Paix suscita une réception internationale très contrastée – allant de l’éloge dithyrambique à la franche hostilité – ce monument lui apporta néanmoins une stature inespérée pour un architecte basé loin de Paris. Cordonnier ayant, dès le début de sa carrière, exposé assidûment au Salon, participa aussi aux grands événements de son temps : Exposition universelle de Chicago en 1893, de Paris en 1900, de Saint-Louis en 1904. Ses envois y furent récompensés de médailles d’honneur ou d’un grand prix à l’occasion de sa seconde expérience américaine. Son projet malheureux pour la Bourse d’Amsterdam, systématiquement montré avec une grande maquette, lui valut une appréciable réputation nationale et internationale11.

    13Les nombreuses commandes reçues dans la dernière décennie du xixe siècle l’incitèrent à se faire bâtir à Lille, en 1895, un cossu petit immeuble au 142 du boulevard de la Liberté, non loin de l’hôtel de ville – un quartier en plein remodelage depuis les débuts de la IIIe République, cette artère abritant également le palais des Beaux-Arts, commencé en 1885 par les Parisiens Édouard Bérard (1843-1912) et Fernand Delmas (1852-1933), à la suite d’un concours. Après avoir vécu et travaillé dix ans dans un ancien hôtel particulier néo-classique du xviiie siècle au cœur du Vieux-Lille, le plus célèbre architecte de la ville affirmait son statut privilégié aux yeux de la bonne société lilloise avec cette demeure. Le style néo-flamand de celle-ci était en outre une signature esthétique, un manifeste public des préférences de son auteur. En cela, il rejoignait la catégorie des bâtisseurs qui concevaient leur propre habitat comme un message artistique autant qu’un refuge personnel. Cordonnier veilla à faire publier par les éditions Ducher, dans leur collection de monographies de bâtiments modernes, une série détaillée de plans et dessins de son propre hôtel, un geste trahissant l’architecte plus soucieux de bien faire connaître son travail que de protéger son intimité12. Garnier avait procédé de même en 1875, avec sa villa personnelle à Bordighera13. Par ailleurs, outre cette nouvelle installation domestique, Cordonnier imita ensuite ses commanditaires industriels du Nord, en louant à intervalles réguliers de belles maisons en Dordogne pour les villégiatures estivales14. Cette pratique signalait aussi son ascension socioprofessionnelle, le conduisant à adopter des habitudes du milieu patronal pour lequel il travaillait souvent.

    14L’occupation allemande de Lille pendant la Première Guerre mondiale força Cordonnier à se replier sur Paris, logeant alors à l’Institut. Toutefois, cette parenthèse ne fit que renforcer son influence. Il produisit alors de nombreuses esquisses pour un monument à la victoire sur le site du palais des Tuileries, mobilisant en outre son réseau ecclésiastique pour faire réaliser à Notre-Dame de Lorette une nécropole anglo-française commémorant les combats. Les Anglais ayant mis en place de leur côté une structure appropriée pour l’ensevelissement de leurs morts en 1917, cet objectif binational perdit vite sa raison d’être, mais, en 1921, Cordonnier bâtit quand même la chapelle et la lanterne des morts sur le site de ces combats cruciaux (Fig. 3). Sous les auspices de l’évêque d’Arras, du maréchal Pétain et du président du Conseil, cet impressionnant ensemble commémoratif consacra aussi la stature nationale de son architecte.

    Fig. 3 : Louis-Marie Cordonnier, nécropole nationale Notre-Dame de Lorette, 1925

    Cliché Fabien Bellat.

    15Cela paracheva ses efforts pendant la guerre, pour orienter la reconstruction selon une logique régionaliste. Alors que le secrétariat d’État aux Beaux-Arts lança en 1917 un concours pour la création de types architecturaux destinés à servir de modèles pour rebâtir les habitats ruraux dévastés pendant le conflit, Cordonnier fut choisi pour rédiger le si stratégique rapport du jury15. Il donna ainsi à ce document une tonalité régionaliste militante, insistant pour développer les efforts d’adaptation constructive aux terroirs ciblés. Son implication dans cet effort patriotique pour préparer la proche reconstruction témoigne de l’écoute dont il bénéficiait désormais auprès des autorités parisiennes. Issu d’une région occupée par les Allemands, d’une certaine manière Cordonnier offrait à Paris un parfait paravent pour gagner les faveurs d’une mouvance régionaliste émergente. En même temps, son intégration dans les élites académiques à l’échelon national rassurait.

    16Cette reconnaissance officielle lui valut encore, toujours en 1917, d’être nommé membre du comité interministériel pour la reconstruction, charge qui lui permit bientôt de devenir l’architecte en chef chargé de la vallée de la Lys, et donc d’avoir la haute main sur les travaux d’Armentières (Fig. 4), de Bailleul, Béthune, Comines et Merville16. Toutes villes qu’il connaissait bien, où il avait parfois déjà construit. Il les parcourut fréquemment dès la fin des combats, débattant d’abondance sur place, apparaissant aux yeux de la presse locale comme un grand ordonnateur des opérations architecturales à venir, dans le respect des compétences du Nord17. Cette activité frénétique et patriotique lui valut, en 1918, d’accéder à la présidence de la Société centrale des architectes. S’il conserva la direction esthétique des mairies et des églises des communes précédemment citées, cette démultiplication de chantiers se fit nécessairement en coopération avec son fils, qui accepta les habitudes néo-gothiques et flamandes de ce père dorénavant indéboulonnable, ne réussissant que rarement à y apposer de plus modernes détails Art déco. La coopération père-fils donna des œuvres singulières, où les formes néo-gothiques du xixe siècle persistèrent avec insistance.

    Fig. 4 : Louis-Marie et Louis-Stanislas Cordonnier, chantier de l’hôtel de ville d’Armentières, 1933

    A. D. du Nord.

    17Par exemple, l’église Saint-Vaast de Béthune, rebâtie en 1924, reprit la silhouette trapue de la haute tour centrale de la façade originelle du xvie siècle, la parant toutefois d’un fin travail sur l’appareil de brique, selon des formes paraissant dérivées du style gothique perpendiculaire anglais. Les sobres intérieurs poursuivirent cette synthèse, avec des autels d’une esthétique plus ouvertement Art déco. Les deux architectes généralisèrent cette approche, rassurant les populations avec des formes traditionnelles, sans tout à fait se fermer aux évolutions de leur temps. Cependant, Béthune valut également à Louis-Marie Cordonnier un échec cinglant. Son projet de mairie néo-gothique, entourant le beffroi médiéval, suscita le rejet sans équivoque des Monuments historiques, qui restaurèrent à l’identique ce symbole municipal. C’est finalement un plus jeune bâtisseur actif à Lille et membre de l’équipe réunie par Cordonnier pour la reconstruction de Béthune, Jacques Alleman (1882-1945), qui réalisa en 1926 la nouvelle mairie, fusionnant énergiquement permanences éclectiques, néoflamand et Art déco. Si la dynastie Cordonnier restait très influente pour les choix architecturaux du Nord, elle dut aussi composer avec les évolutions culturelles qui suivirent la fin du premier conflit mondial. En l’occurrence, le père semble avoir voulu imposer un contrôle trop strict, que la complexité de la reconstruction ne permettait pas. Ces failles socioprofessionnelles se reproduisirent à plusieurs reprises dans la décennie 1920, fissurant peu à peu sa stature durement acquise.

    18Désormais passé de l’autre côté des concours – dans le camp des jurys –, Louis-Marie Cordonnier présida en 1926 la compétition pour la basilique Sainte-Jeanne-d’Arc à Paris. Avec son confrère Charles Girault, il écarta d’emblée le projet visionnaire d’Auguste Perret (1874-1954), sélectionnant in fine l’envoi du peu connu Georges Closson (1865-1949), qu’il força ensuite à retravailler en piochant parmi les idées de ses malheureux rivaux18… Son hostilité déclarée au travail de Perret, puis son autoritarisme sur la finalisation des plans, ternirent son image, le faisant plus que jamais passer pour un réactionnaire borné.

    19Le processus se répéta avec la basilique Sainte-Thérèse de Lisieux, car Cordonnier remplaça avec brutalité Julien Barbier (1869-1940), autre spécialiste de l’architecture religieuse traditionaliste initialement chargé de ce grand sanctuaire19. Sans doute les milieux catholiques voulurent-ils éviter de réitérer la maladresse du complexe de pèlerinage de Lourdes, où la modeste première basilique dut être doublée environ dix ans après son achèvement par un second sanctuaire en contrebas du premier… L’assez bancal projet normand de Barbier laissait craindre une telle mésaventure, impensable pour un pèlerinage en pleine expansion. D’où l’appel à un architecte tout aussi croyant, mais plus accoutumé à œuvrer sur des édifices importants. Là aussi, le sens des réseaux religieux et professionnels dut peser dans l’appel au désormais bien installé Cordonnier. Néanmoins, son attitude autoritaire et peu confraternelle dans l’édification de ces deux basiliques ternit son image dans un milieu professionnel déjà plutôt échaudé par une génération vieillissante d’académiques perpétuant des conceptions créatives datées et sans aucun souhait de laisser la place à la relève créative.

    20Cependant, le site lexovien en pente gêna à son tour le Lillois, le conduisant à élaborer diverses propositions pour échapper à la déclivité sans nuire à la bonne circulation interne dans la basilique. Le souvenir du Sacré-Cœur resta omniprésent dans son travail. La coupole romano-byzantine prévue fut cependant modifiée tardivement, pour répondre au souhait pontifical de rapprocher la célébration de sainte Thérèse du dôme de Michel-Ange à Saint-Pierre de Rome… Déjà assez grandiloquente, l’œuvre de Cordonnier en sortit encore plus emphatique, apparaissant d’emblée comme un anachronisme avec ces formules éclectiques du xixe siècle encore utilisées en plein xxe siècle (Fig. 5). Cela satisfaisait certes ses très conservateurs commanditaires, mais contribuait aussi à classer définitivement son travail comme symbole architectural réactionnaire. Apogée de la carrière de Louis-Marie Cordonnier, la basilique de Lisieux fut aussi un chant du cygne pour son esthétique. Et un étouffoir qui a relégué dans l’ombre le travail de son fils, puis de son petit-fils.

    Fig. 5 : Louis-Marie, Louis-Stanislas et Constantin Cordonnier, basilique Sainte-Thérèse de Lisieux, 1929-1975

    Collection privée.

    L’ombre étouffante du patriarche

    21La longue et fructueuse carrière de ce bâtisseur eut ainsi, par contrecoup, un impact ambigu sur l’activité de ses héritiers. De toute évidence, Louis-Stanislas Cordonnier (1884-1960) peina à s’affirmer professionnellement, ce qui est surprenant avec un père aussi dynamique et bien installé. Troisième membre de la famille à devenir architecte, Louis-Stanislas fut, en 1906, l’un des premiers élèves de l’École régionale d’architecture de Lille, avant son transfert à l’école parisienne en 1907. Formé dans l’atelier de Louis-Stanislas Bernier (1845-1919), Prix de Rome en 1872, il accomplit une scolarité parsemée de médailles mais ne tenta pas le Prix de Rome20. Diplômé en 1912 sur le thème d’une petite église romane, de facto il restait dans la lignée des intérêts paternels.

    22Louis-Stanislas Cordonnier fit l’essentiel de sa carrière dans l’ombre de son père. Il cosigna toutes les églises construites par celui-ci après la Première Guerre mondiale (Armentières, Bailleul, Béthune, Laventie, Merville, etc.), coopérant aussi à la reconstruction des mairies de ces communes, sans oublier l’important chantier du mémorial Notre-Dame de Lorette et le siège de la compagnie des mines de Lens. Les quelques et discrets éléments Art déco de tous ces édifices sont probablement la marque personnelle de Louis-Stanislas dans ces constructions qui restent esthétiquement soumises aux canevas traditionnels.

    23Seules deux exceptions montrent un essai partiel d’affranchissement de la tutelle paternelle : sa participation au projet de remodelage urbain de Lille avec Jacques Gréber (1882-1962) en 1922 ; et l’envoi de 1931 pour le concours du complexe hospitalier lillois (Fig. 6) – son père restant à chaque fois cosignataire de principe. Là, Louis-Stanislas chercha à s’adapter aux évolutions stylistiques, l’ensemble sanitaire montrant même un certain intérêt pour les recherches contemporaines. La confusion spatiale du tout trahit hélas une difficulté à assimiler une approche novatrice trop en rupture avec sa propre expérience académique. Cette peine à s’adapter aux évolutions architecturales dut peser dans son effacement lors de la seconde reconstruction. Par exemple, s’il répara et agrandit l’hôtel de ville de Dunkerque – œuvre de son père au début du xxe siècle – son expérience ne fut pas considérée puisque ce furent Théodore Leveau (1896-1971) et Jean Niermans (1897-1989), Grand Prix de Rome en 1929, qui supervisèrent le remodelage de la ville, ne laissant qu’une portion congrue aux architectes de la région21.

    Fig. 6 : Louis-Stanislas Cordonnier, projet au concours du complexe hospitalier de Lille, 1931

    Cliché Fabien Bellat.

    24La carrière contrariée de Louis-Stanislas se poursuivit avec son fils, Constantin (1913-2007). Lui aussi démarra en 1935, sa formation à l’École régionale d’architecture lilloise, mais le second conflit mondial retarda ses études, et il ne fut diplômé qu’en 194622. Devenu à son tour associé de son propre père, il eut une activité plus obscure encore, commençant justement par les ajouts derrière l’hôtel de ville dunkerquois, puis finalisant le chantier de la basilique à Lisieux. Les assez criardes mosaïques réalisées par Pierre Gaudin (1908-1973) furent supervisées par lui pendant les décennies 1950-1960, et le campanile résulte de son intervention en 1970, tronquant la silhouette plus élancée prévue initialement par son grand-père23. Œuvrant toujours avec son père – et poursuivant ainsi le schéma dynastique – Constantin Cordonnier contribua encore aux travaux sur les mairies d’Armentières et de Bailleul, intervenant en somme sur les édifices municipaux de son grand-père. De même, il reconstruisit plusieurs des villas d’Hardelot, petite station balnéaire dont Louis-Marie Cordonnier avait tracé le plan d’urbanisme et bâti les premières maisons au début du xxe siècle.

    25Les deux derniers Cordonnier n’échappèrent ainsi pas à l’héritage écrasant du grand homme familial, Louis-Marie Cordonnier, dont ils devinrent in fine les gardiens de l’œuvre, forcés d’inscrire leurs pas dans les siens. La presse spécialisée parla de moins en moins d’eux, même si le fait d’être introduits dans les milieux patronaux du Nord leur conserva une certaine clientèle pendant quelque temps. Cependant, les industries minières et textiles commencèrent à s’effondrer à partir des années 1960, et cette désagrégation économique frappa de plein fouet la carrière de Constantin Cordonnier. Son activité s’amenuisa progressivement : il continua à faire des petits travaux pour l’ancienne clientèle familiale, puis travailla de plus en plus à de modestes chantiers domestiques ou administratifs, entretenant ainsi son agence, mais à un niveau bien moindre que ce qu’avaient connu les générations précédentes. Et ce, au point de déconseiller l’architecture à son fils, mettant ainsi un terme à la lignée d’architectes familiale24.

    26En somme, le premier Cordonnier est le fondateur assez modeste de la dynastie, le second du nom reste, aux yeux de la postérité, l’architecte majeur de la famille, tandis que le troisième et le quatrième ne sont pas parvenus à se dégager de l’héritage écrasant du patriarche. Leur poids créatif personnel alla ainsi decrescendo. Pour filer la métaphore dynastique, chez les Cordonnier les deux dernières générations furent tels Louis XV et Louis XVI, dont les règnes inégaux ne purent laisser de marque durable suite au monarque absolu que fut Louis XIV, qui lui-même relégua à une relative éclipse Louis XIII. Ici les mécanismes de transmission et de développement de l’activité architecturale peuvent en certains points s’apparenter aux problématiques du pouvoir, de même que le progressif affaissement de leur rôle sur la scène du bâtiment.

    27Les Cordonnier connurent donc un parcours similaire à celui des Lemaresquier : Charles Lemaresquier (1870-1972 ; second Grand Prix de Rome en 1900), Noël Lemaresquier (1903-1982) et le fils de ce dernier, Nicolas Lemaresquier (1947-)25. Les deux premières générations accumulèrent honneurs, responsabilités et commandes, installant ces architectes dans une appréciable ascension socioprofessionnelle que leur descendance ne put pas continuer. Il en est de même pour la dynastie lyonnaise des Roux-Spitz. La seconde génération, représentée par Michel Roux-Spitz (1888-1957), Grand Prix de Rome en 1920, connut une carrière parisienne et nationale, des responsabilités et des commandes, dont des constructions privées saluées par le milieu architectural26.

    28Le parcours socioprofessionnel de la dynastie Cordonnier s’inscrit donc dans un schéma plutôt habituel chez les architectes, hormis la différence marquante de sa forte présence régionale. De ce fait, il fit mentir le déterminisme collectif selon lequel seuls les bâtisseurs installés à Paris parviendraient à émerger dans la rude concurrence professionnelle. Cela attira également l’estime des régionalistes bretons, qui entrevoyaient ainsi la possibilité de faire rayonner leur propre activité créatrice, en riposte à la forte influence parisienne sur l’ensemble du territoire français27. Cordonnier se situe ainsi professionnellement entre le rôle toujours crucial des instances de la capitale, et les aspirations régionales – auxquelles il devait être sincèrement attaché, et qu’il sut canaliser au service de sa propre créativité et influence créatrice.

    Conclusion

    29La dynastie Cordonnier révèle combien, sous la IIIe République, la prédominance parisienne continua à agir sur les réflexes architecturaux, et comment celle-ci fut peu à peu concurrencée par des initiatives locales, qui s’exacerbèrent après la Première Guerre mondiale. Et ce, jusqu’à accentuer des ferments de discorde déjà existants dans toute la société.

    30Les deux premiers représentants de cette famille de bâtisseurs surent ainsi allier l’influence des modèles nationaux et le développement d’une approche régionale. Cette conjonction explique largement leur ascension socioprofessionnelle, avant que la tactique des concours employée par Louis-Marie Cordonnier ne permette à celui-ci d’acquérir, en outre, une réputation nationale et même internationale. Au-delà d’une carrière architecturale, se lit aussi la construction d’un notable. Cet architecte poursuivit l’ambition paternelle d’appartenir aux élites du Nord, en tissant un réseau bien pensé de dirigeants patronaux. En parallèle, son intense engagement catholique accompagna cette proximité avec les fortunes locales, ce qui lui apporta par ailleurs des commandes religieuses et, par ricochet, renforça sa présence dans le paysage bâti de sa région. Ces éléments conjugués firent de Cordonnier un bâtisseur indispensable : sa capacité à bien répondre aux nécessités municipales tout en nourrissant les particularismes néo-flamands lui donna un rôle presque écrasant. En signant le clocher des églises, le beffroi des mairies, les sièges des compagnies minières, Cordonnier s’affirma comme le bâtisseur proche de chaque source d’autorité.

    31Cela lui valut l’inimitié durable des milieux socialistes, qui voyaient en lui l’allié architectural du sabre et du goupillon, et quelques difficultés pour l’Opéra de Lille. Mais cela ne le desservit en rien après la Première Guerre mondiale, car la stature internationale et nationale qu’il avait acquise entretemps lui garantit la faveur de réseaux ministériels. Paradoxalement, cela le servit aussi auprès des militants du régionalisme à travers le pays, qui le considéraient comme la preuve du possible succès de leurs aspirations à une plus grande acceptation de leurs identités. Cordonnier endossa volontiers cet autre costume public en plus de ses lauriers académiques, car celui-ci rejoignait sa propre recherche stylistique depuis ses débuts. Cette capacité à mener de front nombre d’amples commandes et une stratégie d’occupation de la scène créative caractérise ce professionnel, qui connut par conséquent une ascension socioprofessionnelle remarquable, dépassant non sans force et finesse les clivages géographiques et culturels de son temps. Une position dont bénéficièrent encore quelque temps ses héritiers, avant que le nom de Cordonnier ne pâlisse avec la disparition progressive du milieu ayant permis son ascension.

    32La proximité durable avec divers types de décideurs, la manière de faire connaître les réalisations accomplies ou celles projetées échappèrent aux derniers représentants de la dynastie. Confrontés à d’importants bouleversements créatifs, sociaux, politiques et économiques qui rendaient soudain caduc le système auparavant opérationnel pour leur prédécesseur, ceux-ci ne surent pas renouveler leur activité.

    Bibliographie

    Aude Cordonnier (dir.), Théâtre et architecture : Louis-Marie Cordonnier (1854-1940) architecte, catalogue de l’exposition tenue à l’École d’architecture de Lille, 1985.

    Odile Lesaffre, « Louis-Marie Cordonnier et l’architecture du Nord de la France », Les Pays-Bas français, t. XXIII, Lille, 1998.

    Olivier Liardet, « Un palais néo-régionaliste pour une grande institution : la construction de la nouvelle bourse de commerce de Lille par Louis-Marie Cordonnier (1906-1920) », Livraisons d’histoire de l’architecture, Paris, no 15, 2008.

    Jean-Claude Vigato, L’Architecture régionaliste. France 1890-1950, Paris, Norma, 1994.

    Fonds Cordonnier des A. D. du Nord (côte 136 J), exploité notamment pour mon mémoire de maîtrise, Louis-Marie Cordonnier, la carrière d’un architecte à travers les concours, sous la dir. de Ségolène Le Men, université Paris X-Nanterre, 2002.

    Notes de bas de page

    1Jacques Lefort, « Une famille d’architectes : Lucien Lefort et son beau-père Juste Lisch », Bulletin des Amis des monuments rouennais,‎ 2013-2014.

    2Données notariales disponibles sur geneanet.org.

    3Jean-Michel Léniaud, Charles Garnier, Paris, Éd. du Patrimoine, 2003.

    4A. N., AJ/52/360, fiche AGORHA, notice de Marie-Laure Crosnier-Leconte. En presque deux ans d’études, il décrocha neuf valeurs et deux médailles en maçonnerie.

    5André fut d’ailleurs le gendre de Pierre-Joseph Garrez (1802-1852), le professeur de Jean-Baptiste Cordonnier à l’ENSBA. Ce choix d’enseignant était sans doute dicté par des considérations familiales.

    6A. N., AJ/52/360, fiche AGORHA, notice de Marie-Laure Crosnier-Leconte.

    7Jean-Claude Vigato, L’Architecture régionaliste. France 1890-1950, Paris, Norma, 1994.

    8Op de Hoogte, couverture conservée dans le fonds Cordonnier aux A. D. du Nord, cote 136 J. Ce document, hélas incomplet, ne permet pas d’identifier la date exacte de publication. Toutefois, l’architecte étant entré en 1911 à l’Institut et ayant obtenu la Légion d’honneur dans la foulée, il s’agit sans doute d’un numéro de 1913, l’année d’ouverture de l’édifice.

    9Aude Cordonnier (dir.), Théâtre et architecture : Louis-Marie Cordonnier (1854-1940) architecte, catalogue de l’exposition tenue à l’École d’architecture de Lille, 1985.

    10Olivier Liardet, « Un palais néo-régionaliste pour une grande institution : la construction de la nouvelle bourse de commerce de Lille par Louis-Marie Cordonnier (1906-1920) », Livraisons d’histoire de l’architecture, no 15, Paris, 2008.

    11Il obtint aussi une médaille d’or à l’Exposition universelle de Gand en 1913. La maquette pour la Bourse d’Amsterdam est conservée dans les réserves du musée de Dunkerque.

    12A. Raguenet, Monographies de bâtiments modernes. Hôtel boulevard de la Liberté à Lille (Nord), Mr L. Cordonnier Architecte, Paris, Éd. Ducher, 1895.

    13Jean-Michel Leniaud, Charles Garnier, op. cit.

    14La connaissance de la Dordogne acquise durant ces séjours l’incita à y fuir lors de l’exode en 1940, mourant en novembre de cette année à Peyrillac. Information obtenue auprès d’Aude Cordonnier en 2002, pour mon mémoire de maîtrise consacré à l’architecte.

    15Jean-Claude Vigato, L’Architecture régionaliste […], op. cit., p. 107-118.

    16Sujet un peu évoqué dans mon mémoire de maîtrise, Louis-Marie Cordonnier, la carrière d’un architecte à travers les concours, sous la dir. de Ségolène Le Men, université Paris X-Nanterre, 2002, p. 78.

    17Idem.

    18Dossier que j’ai approfondi dans cet article : « Georges Closson. L’architecte, l’Orient et l’ordinaire », Livraisons d’histoire de l’architecture, no 18, 2009, p. 7-12. Voir la critique des projets du concours par Albert Louvet dans L’Architecture, décembre 1926, p. 65-76. Correspondance administrative de Cordonnier et Closson conservée dans les archives de l’archevêché de Paris.

    19A. N., AJ/52/387, fiche AGORHA, notice de Marie-Laure Crosnier-Leconte.

    20A. N., AJ/52/418, fiche AGORHA, notice de la même autrice.

    21Florence Benedict, Bernard Ménager, « La reconstruction de Dunkerque après la seconde guerre mondiale », Revue du Nord, no 311, 1995.

    22A. N., 19920445/127. Fiche AGORHA rédigée par le même auteur.

    23Entretien téléphonique avec Benoît Cordonnier, fils de Constantin Cordonnier, décembre 2020.

    24Idem, janvier 2021.

    25A. N., AJ/52/240. Fiche AGORHA, notice toujours signée par Marie-Laure Crosnier-Leconte.

    26Voir Michel Raynaud (dir.), Michel Roux-Spitz architecte 1888-1957, Mardaga, Liège, 1984 et Simon Texier, « Michel Roux-Spitz : les paradoxes de la série blanche », in Éric Lapierre (dir.), Identification d’une ville : architectures de Paris, Picard, Paris, 2002.

    27Daniel Le Couédic, Les architectes et l’idée bretonne, 1904-1945 : Du renouveau des arts à la renaissance d’une identité, Rennes, SHAB-AMAB, 1995.

    Auteur

    • Fabien Bellat

      Docteur en histoire de l’art à l’université Paris-X, maître de conférences associé à l’ENSA Paris-Val de Seine et chercheur au laboratoire EVCAU

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    1Jacques Lefort, « Une famille d’architectes : Lucien Lefort et son beau-père Juste Lisch », Bulletin des Amis des monuments rouennais,‎ 2013-2014.

    2Données notariales disponibles sur geneanet.org.

    3Jean-Michel Léniaud, Charles Garnier, Paris, Éd. du Patrimoine, 2003.

    4A. N., AJ/52/360, fiche AGORHA, notice de Marie-Laure Crosnier-Leconte. En presque deux ans d’études, il décrocha neuf valeurs et deux médailles en maçonnerie.

    5André fut d’ailleurs le gendre de Pierre-Joseph Garrez (1802-1852), le professeur de Jean-Baptiste Cordonnier à l’ENSBA. Ce choix d’enseignant était sans doute dicté par des considérations familiales.

    6A. N., AJ/52/360, fiche AGORHA, notice de Marie-Laure Crosnier-Leconte.

    7Jean-Claude Vigato, L’Architecture régionaliste. France 1890-1950, Paris, Norma, 1994.

    8Op de Hoogte, couverture conservée dans le fonds Cordonnier aux A. D. du Nord, cote 136 J. Ce document, hélas incomplet, ne permet pas d’identifier la date exacte de publication. Toutefois, l’architecte étant entré en 1911 à l’Institut et ayant obtenu la Légion d’honneur dans la foulée, il s’agit sans doute d’un numéro de 1913, l’année d’ouverture de l’édifice.

    9Aude Cordonnier (dir.), Théâtre et architecture : Louis-Marie Cordonnier (1854-1940) architecte, catalogue de l’exposition tenue à l’École d’architecture de Lille, 1985.

    10Olivier Liardet, « Un palais néo-régionaliste pour une grande institution : la construction de la nouvelle bourse de commerce de Lille par Louis-Marie Cordonnier (1906-1920) », Livraisons d’histoire de l’architecture, no 15, Paris, 2008.

    11Il obtint aussi une médaille d’or à l’Exposition universelle de Gand en 1913. La maquette pour la Bourse d’Amsterdam est conservée dans les réserves du musée de Dunkerque.

    12A. Raguenet, Monographies de bâtiments modernes. Hôtel boulevard de la Liberté à Lille (Nord), Mr L. Cordonnier Architecte, Paris, Éd. Ducher, 1895.

    13Jean-Michel Leniaud, Charles Garnier, op. cit.

    14La connaissance de la Dordogne acquise durant ces séjours l’incita à y fuir lors de l’exode en 1940, mourant en novembre de cette année à Peyrillac. Information obtenue auprès d’Aude Cordonnier en 2002, pour mon mémoire de maîtrise consacré à l’architecte.

    15Jean-Claude Vigato, L’Architecture régionaliste […], op. cit., p. 107-118.

    16Sujet un peu évoqué dans mon mémoire de maîtrise, Louis-Marie Cordonnier, la carrière d’un architecte à travers les concours, sous la dir. de Ségolène Le Men, université Paris X-Nanterre, 2002, p. 78.

    17Idem.

    18Dossier que j’ai approfondi dans cet article : « Georges Closson. L’architecte, l’Orient et l’ordinaire », Livraisons d’histoire de l’architecture, no 18, 2009, p. 7-12. Voir la critique des projets du concours par Albert Louvet dans L’Architecture, décembre 1926, p. 65-76. Correspondance administrative de Cordonnier et Closson conservée dans les archives de l’archevêché de Paris.

    19A. N., AJ/52/387, fiche AGORHA, notice de Marie-Laure Crosnier-Leconte.

    20A. N., AJ/52/418, fiche AGORHA, notice de la même autrice.

    21Florence Benedict, Bernard Ménager, « La reconstruction de Dunkerque après la seconde guerre mondiale », Revue du Nord, no 311, 1995.

    22A. N., 19920445/127. Fiche AGORHA rédigée par le même auteur.

    23Entretien téléphonique avec Benoît Cordonnier, fils de Constantin Cordonnier, décembre 2020.

    24Idem, janvier 2021.

    25A. N., AJ/52/240. Fiche AGORHA, notice toujours signée par Marie-Laure Crosnier-Leconte.

    26Voir Michel Raynaud (dir.), Michel Roux-Spitz architecte 1888-1957, Mardaga, Liège, 1984 et Simon Texier, « Michel Roux-Spitz : les paradoxes de la série blanche », in Éric Lapierre (dir.), Identification d’une ville : architectures de Paris, Picard, Paris, 2002.

    27Daniel Le Couédic, Les architectes et l’idée bretonne, 1904-1945 : Du renouveau des arts à la renaissance d’une identité, Rennes, SHAB-AMAB, 1995.

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    Bellat, F. (2023). L’architecture comme ascension socioprofessionnelle : les Cordonnier à Lille. In M. Lavenu & T. Tauziat (éds.), Dynasties d’architectes et d’artistes en province aux xixe et xxe siècles (1‑). Presses universitaires Blaise-Pascal. https://doi.org/10.4000/13sr3
    Bellat, Fabien. « L’architecture comme ascension socioprofessionnelle : les Cordonnier à Lille ». In Dynasties d’architectes et d’artistes en province aux xixe et xxe siècles, édité par Mathilde Lavenu et Tiphaine Tauziat. Clermont-Ferrand: Presses universitaires Blaise-Pascal, 2023. https://doi.org/10.4000/13sr3.
    Bellat, Fabien. « L’architecture comme ascension socioprofessionnelle : les Cordonnier à Lille ». Dynasties d’architectes et d’artistes en province aux xixe et xxe siècles, édité par Mathilde Lavenu et Tiphaine Tauziat, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2023, https://doi.org/10.4000/13sr3.

    Référence numérique du livre

    Format

    Lavenu, M., & Tauziat, T. (éds.). (2023). Dynasties d’architectes et d’artistes en province aux xixe et xxe siècles (1‑). Presses universitaires Blaise-Pascal. https://doi.org/10.4000/13srx
    Lavenu, Mathilde, et Tiphaine Tauziat, éd. Dynasties d’architectes et d’artistes en province aux xixe et xxe siècles. Clermont-Ferrand: Presses universitaires Blaise-Pascal, 2023. https://doi.org/10.4000/13srx.
    Lavenu, Mathilde, et Tiphaine Tauziat, éditeurs. Dynasties d’architectes et d’artistes en province aux xixe et xxe siècles. Presses universitaires Blaise-Pascal, 2023, https://doi.org/10.4000/13srx.
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