La toiture en plomb de la cathédrale de Clermont
Mise en œuvre et transmission du geste
The Lead Roof of Clermont Cathedral. Implementation and Transmission of the Gesture
p. 187-205
Résumés
L’article aborde l’histoire technique de la toiture de la cathédrale de Clermont : sa création au début du xvie siècle, ses nombreuses restaurations ou reprises, et sa réfection entière par Viollet-le-Duc au xixe siècle. L’auteur confronte les savoir-faire médiévaux et contemporains, pour comprendre la réflexion qui sous-tend le processus de transmission des gestes anciens et des savoir-faire.
The article discusses the technical history of the roof of the Cathedral of Clermont: its creation in the early sixteenth century, its many restorations, and its entire renovation by Viollet-le-Duc in the nineteenth century. The author confronts the medieval and contemporary technical skills, to understand the thinking behind the process of transmission of ancient gestures and technical know-how.
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Mots-clés : histoire de l’art, cathédrale, toiture, plomb, geste, Viollet-le-Duc (Eugène), Clermont-Ferrand, XIXe siècle
Keywords : history of art, cathedral, roof, lead, gesture, Viollet-le-Duc (Eugène), Clermont-Ferrand, 19th century
Texte intégral
1Au sud de la Loire, Notre-Dame de Clermont est l’unique témoin tardo-gothique connu et conservé qui ait été couvert d’une toiture en plomb sur le modèle des cathédrales de Chartres, Paris, Rouen, Beauvais, Reims, etc. [Fig. 1]. Ce constat confine à hypostasier les fins politiques d’un tel choix manifestant la volonté de hisser l’édifice auvergnat au rang de ceux qui, au cœur du royaume, sont les vitrines de grands évêchés1. Le langage politique de l’architecture gothique n’est certes pas un sujet nouveau2 et nous savons qu’il mérite parfois quelques réserves, mais la question se pose du rôle des couvertures en plomb, lourdes, onéreuses et fragiles. À Clermont, ce choix s’entend par son fameux commanditaire : l’évêque Jacques d’Amboise dont nous savons combien la famille, dans la seconde moitié du xve siècle, accompagne le renouveau de l’entourage royal et joue un rôle politique, artistique et économique à l’orée de la Renaissance3. Son mécénat, là comme à l’hôtel de Cluny, a laissé des témoins dont la magnificence n’a parfois rien à envier aux commandes artistiques de son clan, en particulier celles de son frère Georges4 – cardinal archevêque avec lequel il partage un goût pour le mobilier liturgique et les riches tapisseries5 – et celles de son frère Charles de Chaumont d’Amboise et de son fils, à qui l’on doit la transformation du château et la construction de la chapelle de Meillant (Cher). Là, les éléments de faîtage en alliage doré rappellent que la famille porte grand soin à l’ornementation architecturale – aux crêtes en particulier6. Ce lignage explique l’exceptionnelle couverture clermontoise métallique dans un paysage méridional fait essentiellement de tuiles, de laves et d’ardoises.
Fig. 1 : Clermont-Ferrand, cathédrale, vue générale du côté sud.

© Stéphanie Diane Daussy
2Mais notre réflexion porte ici davantage sur l’histoire technique de cette toiture. De nombreux textes nous autorisent en effet à confronter les savoir-faire médiévaux et contemporains dans la perspective de comprendre la réflexion qui sous-tend le processus de transmission. Car la toiture actuelle − reconstruction du xixe siècle, sur fermes de briques en arcs brisés, dépourvue de ses lames métalliques et de son décor Renaissance7 − est à considérer d’après ce que nous connaissons du geste ancien et des questions qui, principalement dans le cas d’une couverture métallique, se sont toujours posées quant à sa possible pérennité.
3En 1496, un devis des travaux d’achèvement à effectuer à la cathédrale mentionne, pour un coût de 3 000 l., l’exécution à venir d’une couverture en plomb8. Celle-ci devait suppléer une autre, en tuiles creuses9. Ce n’est qu’en 1507 toutefois que Jacques d’Amboise convainc son clergé de la nécessité d’une telle entreprise. L’évêque use de tous les moyens pour réunir la somme nécessaire aux travaux : il cède ses droits de joyeux avènement, taxe les chanoines et invite les bénéficiers du diocèse à se cotiser. Le rôle de cet impôt volontaire est dressé et tous les réfractaires sont excommuniés pour neuf jours10. Ce déterminisme épiscopal se solde, en 1512, par l’achèvement du prestigieux toit de plomb sur une charpente de Jean de Rifz. Le clocher du Retour est établi à la croisée, ainsi que les statues – Notre-Dame du retour et saint Michel – des poinçons11.
4Quelques documents inédits autorisent à donner des précisions sur cette première toiture en plomb qui fut reprise entre 1536 et 154012. Les tables étaient étamées et les plis de recouvrement dorés13, à l’instar de la flèche de Notre-Dame d’Amiens ou celle de la Sainte-Chapelle. Un écusson polychrome – sans doute celui qui portait les armes d’Amboise –, était attaché à un emplacement imprécis. L’emploi de l’héraldique sur l’ensemble des surfaces et techniques disponibles est caractéristique des années 1500 et les d’Amboise en usaient autant que leurs contemporains, par exemple sur le sol vernissé de l’hôtel de Cluny ou sur les stalles de Gaillon14. Des fleurons décoraient aussi la crête de faîtage.
5Les artisans sont connus : entre 1506 et 1510, Jehan Trouchot, marchand, fournit le plomb. Entre 1536 et 1540, Jacques Champéry, plombier, Jehan Savynne, Jehan Layne et Jehan Lefur, serruriers, Anthoine Dost, Jehan Champflour, Barthélemy Cambier, Anthoine Fontfroyde, dit Saulzet, marchands de plomb, d’étain et de poix résine, Anthoine Montfaucon, peintre, participent au chantier. Mais les sources archivistiques fournissent surtout les précisions concernant les matériaux employés, leurs quantités et leur prix : le plomb pour les tables de couverture, l’étain et le poix-résine pour leur blanchiment, le fer pour les crochets de fixation, l’or et la peinture pour la décoration, le charbon et le bois pour fondre le métal. Une mention renseigne également sur l’existence d’une plomberie sur le chantier15 ; nous ne pouvons toutefois pas la confondre avec l’espace restreint, en partie haute de la tour sud, où se trouve le four à plomb (174616) et la mention peinte du maître-verrier Chaper (1740). Ici se fondaient plus vraisemblablement de petites pièces : plombs de vitraux ou galettes préfabriquées permettant la répartition des charges dans des supports monolithes, scellements ou liaisonnements bien connus pour les xiie et xiiie siècles17.
6Les textes taisent ensuite l’histoire de la toiture jusqu’au xixe siècle18. En 1846, l’architecte diocésain Aymon Mallay est chargé de présenter un avant-projet d’achèvement de la cathédrale pour la Direction générale des Cultes. Le 15 juin 1850, il adresse au ministre des Cultes un dossier complet, avec plans, rapport et devis détaillé, qui prévoit, entre autres, une charpente en chêne et une couverture en plomb. Cette proposition, comme les suivantes, ne remporte pas l’adhésion19. Pourtant, Viollet-le-Duc envisage le même type de couvrement lorsqu’il succède à Mallay dans la définition des projets d’achèvement de l’édifice20. Bien avant cela, le plomb nécessite de nombreuses interventions d’entretien et réparation, étant constamment endommagé par les intempéries. Nombreux sont les documents qui font état de soulèvements de tables et de soudures à remplacer à seule fin de préserver l’étanchéité de la toiture. Dès 1840 notamment, un rapport évoque l’abandon dans lequel s’est longtemps trouvée la toiture, les mutilations subies en 1790, et la nécessité d’envisager un mode de restauration pérenne. Alors que la charpente s’est déversée vers l’ouest, que les assemblages ne tiennent plus et que les voliges sont pourries, on constate que l’Occident est à reprendre sur au moins trois travées – la quasi-totalité de la nef ancienne − quand les parties sommant le chœur et le transept sont encore réparables. L’intervention nécessiterait 200 tables de plomb, quand le faîtage garni de fleurons et de vases doit être entièrement repris, l’ensemble pour 3 211,50 fr21. On prévoit, dans le cadre de la restauration, de remployer les meilleures lames de plomb et de refondre celles qui sont défectueuses. Pour les tables neuves, le cahier des charges établi par l’architecte diocésain ne note pas de préférence pour le coulage ou le laminage, mais précise l’obligation de respecter une épaisseur uniforme, sans soufflure ni crevasse, et le recouvrement identique à celui de l’ancienne toiture22. En dépit des reprises, celle-ci se détériore. L’origine des souffrances tient autant au matériau de couverture, sujet aux soulèvements et glissement de tables, qu’à la dégradation structurelle sous-jacente de la charpente et des maçonneries de la première travée de la nef ou de la façade romane, relevée dès 1823 par l’architecte du département Louis Ledru23. L’Inspecteur général Caristie, relayé par Mallay puis par Viollet-le-Duc, fait le même constat entre 1845 et 1848 ; un mur de soutènement est par conséquent construit en 1849, sous la dernière travée de la nef, permettant la démolition des anciennes tours sans danger d’instabilité pour le reste de l’édifice24. En janvier 1851, Mallay signale au ministre de l’Instruction publique et des Cultes qu’il a fait continuer ce mur dans la charpente et fait enlever les plombs et le toit de la dernière travée, mais les travaux lui confirment le porte-à-faux important de la charpente vers l’Ouest25.
7Avant même d’entreprendre la découverture de la partie extrême occidentale, en 1850, il chiffre les travaux d’entretien sur la couverture de la nef à 426,88 fr et signale sa surprise de voir les parties restaurées dix ans auparavant en moins bon état que les plus anciennes26. En 1853, l’Inspecteur Chabrol relève la nécessité évidente d’une remise en état de tout le couvrement de l’édifice27. Alors que Viollet-le-Duc prévoit, en 1865, la construction d’une façade occidentale et des travées supplémentaires à la nef – deux au nord et une au sud – l’état de conservation de la charpente médiévale de la nef le conduit finalement à la reprendre en totalité, ce qui inclut une nouvelle couverture en plomb. La démolition du grand pignon pour relier ancienne et nouvelle couverture confirme le mauvais état des bois, l’inclinaison des chevrons portant ferme à l’ouest et le surplomb de à 0,20 m depuis le transept jusqu’au pignon. Mallay doit étayer l’ensemble pour éviter l’aggravation du mouvement et rappelle l’urgence d’intervenir sur le reste de la toiture28. Le 2 février 1874, Viollet-le-Duc informe le Ministre : les voûtes sont bardées et la charpente en fer destinée à recevoir les chevrons, le douellage et la couverture est achevée. Les trois travées neuves doivent être couvertes de plomb et se raccorder à la toiture ancienne, mais cette pratique « toute spéciale pour donner les résultats qu’on doit attendre » nécessiterait de ne pas recourir à la voix de l’adjudication car « si le plombier-couvreur n’a pas une large pratique de son art, les résultats sont généralement défavorables et conduisent à des déceptions. La qualité de la matière entre pour une part, mais l’adresse et l’habitude de pratique de l’ouvrier sont les purs garants d’une bonne exécution. À qui puissent offrir ces garanties ; dans les départements il n’en existe pas ». En conséquence, Viollet-le-Duc propose de confier les travaux aux entrepreneurs parisiens Monduit, Gaget, Gauthier et Cie29 dont la soumission est acceptée le 21 février30. L’entreprise a déjà travaillé à de grands chantiers de restauration, depuis la Sainte-Chapelle et la cathédrale de Paris jusqu’à la basilique de Saint-Denis, le Louvre et les Invalides. Elle emploie plusieurs centaines d’ouvriers hautement qualifiés dans les grands ateliers construits par Eiffel au 25, rue de Chazelles, sur les plaines Monceau. Bien que Monduit quitte la firme, pour n’en être plus qu’actionnaire, en 1879, Gaget, Gauthier et Cie poursuivent le chantier de couverture de la cathédrale de Clermont en leur nom jusqu’en 1890. Les comptes des travaux indiquent qu’ils envoient sur place des ouvriers – compagnons couvreurs et leurs aides, payés plus cher qu’à Paris en raison des faux-frais occasionnés par le déplacement – mais des entrepreneurs locaux travaillent avec eux : Paul Pince, le charpentier soumissionné depuis le 8 juin 186631, qui loge 5 route de Montferrand, Victor Faucillon, entrepreneur de plomberie et zinguerie employé de 1874 à 1902 et relayé par Maurice Brunet32, dont l’atelier est proche de la cathédrale, 16 rue Massillon33, et enfin le serrurier Laval, de 1866 à 1887 et son associé Ameil, proches voisins rue Ballainvillers, de 1876 à 188734.
8L’entreprise de couverture s’est déroulée en plusieurs campagnes que nous pouvons situer globalement grâce aux informations fournies par les devis, mémoires, décomptes de travaux et graffitis des tables [Fig. 2] : l’abside et les trois premières travées correspondant à l’agrandissement vers 187435, une travée du chœur vers 1882-1883, les dernières travées de la nef – qui n’ont pu être couvertes comme souhaité sur les budgets de 1876 à 1878 – vers 1886-188736, ainsi que probablement deux travées du chœur (peut-être occidentales), une autre travée de celui-ci (sans doute précédant l’abside) en 1888-188937, le transept enfin, vers 1889-189038. L’ensemble a été très largement repris en 1902 pour la nef39, en 1915 pour le transept (au moins côté sud40) et en 2002 pour la croupe de l’abside41. Classiquement, les tables ont été conservées bien que rebattues, d’où la conservation de plusieurs graffitis millésimés qui confirment l’origine ancienne du matériau : la date de 1889 figure sous la cinquième lucarne sud de la nef, plusieurs autres, de 1880 à 1886 timbrant le flanc méridional du chœur. L’ajout d’un crochet supplémentaire sous les rives inférieures des tables de la nef date de 1902, l’objectif était d’obvier aux affaissements de feuilles et aux soulèvements causés par les vents. Le douellage et les tables ont toutefois été conservés42.
Fig. 2 : Clermont-Ferrand, cathédrale, campagnes de couverture.

Proposition, relevé Stéphanie Diane Daussy, mise au propre E. Lefèbvre
9La méthode choisie par les entrepreneurs, dès 1874, est celle du remploi partiel du vieux plomb recoulé sur sable. Le métal est refondu dans l’atelier parisien avant d’être remonté sur la cathédrale43. Le procédé est habituel ; nous le retrouvons, par exemple, à Chartres où un fourneau et un sablier sont mis en place sous le vieux clocher pour refondre les plombs disponibles en magasins depuis leur suppression en 179444. Les tables sont fixées sur un voligeage épais en planches de sapin de 0,04 m d’épaisseur, posées en frises jointives de 0,11 m de largeur45. Les traités anciens et cours d’architecture ‒ Lagardette en 177346, Blondel en 177747, Rondelet en 181648 et Quatremère de Quincy en 182049 ‒ évoquent le plus souvent un voligeage non jointif, en planches de 4 à 5 pouces de largeur espacées d’un pouce et demi à deux pouces. Ainsi en est-il sur les couvertures du xviiie siècle de Beauvais50 et Fécamp, où les voliges sont en chêne. Il s’agit d’une mise en œuvre ancienne que l’on retrouve à Rouen dès le xiiie siècle51, à Reims52 et sur plusieurs enluminures du xve siècle. L’espacement assure la bonne ventilation de la sous-face des lames, palliant la condensation et la formation de céruse de plomb induite par l’emploi de chêne mal purgé de son eau53. Néanmoins, les textes plus tardifs, Daly dans la Revue d’architecture et des travaux publics en 186654, de Laboulaye dans ses Compléments de 186855 et Denfer dans son Architecture et constructions civiles de 189356, témoignent d’une réflexion menée sur la question dans la seconde moitié du xixe siècle. Ils évoquent davantage des planches contiguës, qu’elles soient en chêne ou en sapin. À Notre-Dame de Paris, les couvreurs mettent en place des frises de chêne flotté jointives, de 0,08 x 0,03 m d’épaisseur, solidement clouées en travées verticales de 0,60 m de large57. Au dôme des Invalides, les planches en chêne sont accolées58 tout comme sur les bas-côtés chartrains59 où, toutefois, les voliges sont en sapin comme à Clermont-Ferrand. Toutes les campagnes de couverture clermontoises sont d’ailleurs restées fidèles à ce choix, de 1874 à 1890. Face au souci d’altération du métal causé par la libération d’acides organiques − phénomène aggravé par l’humidité – De Laboulaye préconisait l’emploi de ces voliges en sapin60, ce que Rondelet ne semblait pas privilégier61. En définitive, tous les bois libèrent des acides organiques plus ou moins agressifs, mais les résineux blancs sont les plus recommandés en sous-œuvre62, bien que moins solides et durables, raison pour laquelle le sapin, en feuilles non jointives, a remplacé le chêne lors des restaurations entreprises au début du xxe siècle sur le versant sud du grand comble de la cathédrale de Beauvais63 ainsi qu’à la cathédrale de Reims64.
10Mais les altérations les plus importantes des toitures en plomb résident dans la restriction du mouvement thermique des tables qui sont trop grandes ou trop fixes. Leur longueur dépend de leur orientation verticale ou horizontale. À Clermont, les feuilles de plomb mesurent 1,75 m de haut sur 0,80 m de large et sont posées verticalement dès avant les restaurations. Cette mise en œuvre se retrouve, par exemple, à la Sainte-Chapelle de Paris, aux cathédrales de Rouen65, Reims, Arras66, à l’abbatiale de Fécamp, à Notre-Dame-en-Vaux de Chalons ou encore à Cologne, Canterbury67 [Fig. 3] et Salisbury. Elle s’observe aujourd’hui à Paris68 et Chartres69, mais ces édifices étaient couverts horizontalement au moins dès le xviiie siècle, l’inversion des tables ayant été opérée au xixe siècle. Les traités de couverture (Lagardette70 en 1773, Blondel en 177771) font bien mention d’une largeur ordinaire de table de 3 pieds pour 12 de long, avec maintien en rive inférieure par douze crochets espacés chacun d’un pied, ce qui confirme une orientation horizontale. La pléthore d’enluminures médiévales illustre d’ailleurs la pose en deux sens des lames métalliques72, ce qui laisse entendre qu’il n’y avait anciennement pas de règle en la matière. Les restaurations entreprises toutefois à Chartres dès 1824, Paris dès 1848 et Clermont-Ferrand en 1874, où les tables sont installées verticalement, attestent d’une réflexion sur les avaries dues à un mode de pose qui présente l’inconvénient de laisser une trop large surface en proie au vent, mais aussi d’être plus sensible aux effets de la contraction et de peser trop lourdement sur la charpente. Le désagrément de cette charge est évoqué par Viollet-le-Duc dans sa circulaire de 184973. Aussi, certains traités du xixe siècle semblent préférer une pose présentant le petit côté des lames dans la pente du toit74. D’autres solutions ont pu être envisagées : à Beauvais, les feuilles du versant sud du grand comble sont recoupées en largeur afin de réduire leur portée sur les chevrons75 alors que d’autres sont simplement amputées de leurs parties défectueuses auxquelles se substituent de petites lames intercalées76. Cette diminution est d’ailleurs préconisée par l’abbé de Lagardette77.
Fig. 3 : Cambridge, Trinity College, Psautier d’Eadwine, Ms R.17.1, fol. 284v°-285r°.

Fac-similé issu de The Canterbury Psalter : With Introduction by M.R. James, Londres, P. Lund, Humphries & Co., Ltd., 1935, en ligne sur Wikipédia.
Source : Saint Louis University Library.
11L’épaisseur des lames de plomb clermontoises, de 0,003 m sur toutes les parties, est classique pour un plomb coulé sur sable. Les feuilles ainsi obtenues sont irrégulières et épaisses, ne pouvant dans ce procédé faire moins d’une ligne d’épaisseur78. Tous les traités, depuis J. Savary des Bruslons, évoquent des tables d’1 à 2 lignes d’épaisseur, soit 0,00225 à 0,0045 m79. Celles de Notre-Dame de Paris80, du dôme des Invalides81, des cathédrales de Beauvais82 ou de Chartres entrent dans ce critère, allant de 1,25 à 2 lignes d’épaisseur. Leur usage n’atteste pas une pose ancienne, bien que des feuilles plus fines, de plomb laminé, soient façonnées en France dès les années 173083 et généralement adoptées en 178784. Ces feuilles laminées, selon Viollet-le-Duc dans son Dictionnaire, présentent certes l’avantage d’une épaisseur uniforme, mais elles ont l’inconvénient de dissimuler des brisures ou des défauts qui, au contact de l’air, occasionnent des infiltrations. Selon Denfer, cette technique, bien qu’elle ait l’avantage d’accroître la ductilité du plomb et donc de le rendre moins cassant, présente l’écueil d’une moindre résistance à l’usure85. Au contraire, le procédé du plomb coulé sur sable en tables à l’avantage de préserver la pureté du métal et de ne pas en dissimuler les défauts86. Par conséquent, les restaurateurs eux-mêmes recourent au plomb coulé87. D’Aviler vante d’ailleurs des lames bien fondues et sans soufflures, alors qu’on préfère, de son temps, des feuilles laminées88. La préférence s’explique peut-être aussi par le fait que les couvertures en tables coulées, de par leur poids justement, sont moins susceptibles d’être soulevées par le vent89. Selon Reynaud, de fortes épaisseurs sont de toute façon nécessaires afin que les feuilles résistent mieux à l’altération qu’elles subissent sous l’effet de la couche d’oxyde dont elles se recouvrent, et aux mouvements de dilatations et rétractions liées aux variations thermiques90.
12Les tables de la cathédrale de Clermont sont posées en recouvrement, à bourrelets latéraux, afin d’autoriser la dilatation nécessaire du plomb. Pour leur assurer une grande stabilité, elles sont pincées en tête entre deux champs de sapin minces superposés sur lesquelles elles sont vissées [Fig. 4]. Leur rive basse est retenue par des pattes de cuivre fixées au voligeage par trois vis, relevées sur le plomb à l’extérieur91. Ainsi que le figuraient plusieurs documents médiévaux92, parmi lesquels le Psautier d’Eadwine, il y a deux pattes par feuille ‒ excepté sur la nef, reprise en 1902 ‒, la partie visible étant découpée selon un motif floral qui rappelle celui des crochets chartrains93. Le souci est ici évident d’assurer la stabilité des lames par une fixation solide. Les crochets, utilisés seuls à Beauvais avec un simple cloutage des rives supérieures, sont déconseillés dans la circulaire de 1849 de Viollet-le-Duc en raison des risques de glissement94. Ils ne sont donc plus utilisés sur les grands chantiers de restauration de Clermont, Rouen et Paris sans autre sécurité. L’architecte préconise, en effet, de retourner le bord supérieur des tables de manière à leur faire faire agrafes sur la volige et de les clouer à l’intérieur, ainsi qu’à Fécamp au xviiie et à Paris au xixe siècle, où la tête est clouée sur la volige, se retourne en épaisseur sur son champ et s’applique sur le plat du chevron où elle est reclouée. Le principe rappelle celui mis en œuvre à Clermont. À Reims encore, les feuilles restaurées par Deneux vers 1926 sont fixées à l’aide d’une bande de clouage puis coincées avec un tasseau. Contrairement à Paris ou Clermont, il n’y a cependant plus de crochets en rive inférieure.
Fig. 4 : Clermont-Ferrand, cathédrale, recouvrement des tables, jonctions verticales, patte de fixation. Monduit et fils (Paris, musée d’Orsay : ARO 1983 114 6, no 7232).

© Stéphanie Diane Daussy
13La jonction des feuilles sur leur bord longitudinal se fait, à Clermont-Ferrand, par l’intermédiaire d’un champ en sapin de 0,027 m sur 0,14 m, muni de deux chanfreins, permettant de relever les bords. Les tables se rejoignent au centre de ce tasseau, où elles s’enroulent en bourrelets95. Ordinairement, les recouvrements latéraux se font par enroulements des rebords longitudinaux en ourlets pleins. Ce type de jointure, préconisé par Lagardette et visiblement très ancien96, se retrouve à Notre-Dame de Paris en 1727, Chartres en 1824 et 1848, et Reims : les baguettes sont obtenues par roulage simultané de deux tables contigües en spires complètes. Ce système de recouvrement, sans soudure, épargne toute contrainte à la dilation du plomb, sensible aux variations thermiques97. Les jonctions à tasseaux dressés verticalement, employées à Clermont, mais encore à Fécamp ou Paris lors des restaurations, permettent d’éloigner le plus possible l’eau de la ligne de joint et d’assurer une étanchéité maximale à la couverture98. Dans tous les cas, le système permettait la dilatation libre du plomb et évitait tout déchirement des tables.
14Ainsi, les choix viollet-le-duciens, lors de la reprise de la couverture en plomb de la cathédrale de Clermont (mode et type de fixation des tables par crochets en cuivre vissés, voligeage jointif en sapin, tasseaux sous les recouvrements latéraux) indiquent une mise en œuvre moderne, sans rapport avec l’ancienne toiture. Toutefois, le remploi de matériau, la mise en œuvre de tables épaisses, coulées, leur orientation et les jonctions verticales à ourlets, la reprise à l’identique du dessin de la crête ancienne et de l’Arbre de Jessé, autant que le dessin des crochets évoquent le Moyen Âge et rappellent cette réflexion de Viollet-le-Duc dans son Dictionnaire raisonné : « Il en est de la couverture en plomb comme de beaucoup d’autres parties de la construction des bâtiments ; nous sommes un peu trop portés à croire à la perfection de nos procédés modernes, et trop peu soucieux de nous enquérir de l’expérience acquise par nos devanciers »99. C’est de cette inquiétude de l’héritage et de la projection du bâtiment dans l’avenir que témoigne le chantier clermontois, véritable laboratoire réflexif : l’homme aime les « sujets inépuisables d’études », qui sont « des bonheurs qui laissent une impression brillante sur les premières pages de la vie100 », et la couverture en est assurément. Surtout, elle incarne à la perfection son propos : « Si les artistes doivent travailler pour les vivants, il faut qu’ils vivent avec les morts. Car il n’est que ceux-là qui enseignent101 ». À charge pour l’architecte et ses ouvriers de « ranimer le sens qui dort dans les traces102 ».
Notes de bas de page
1Les enluminures citées dans le présent article sont visibles sur les liens http://www.mss.vatlib.it/guii/scan/link.jsp ; http://images.bnf.fr/jsp/index.jsp ; http://corsair.themorgan.org/ ; http://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/searchSimple.asp; http://www.enluminures.culture.fr/documentation/enlumine/fr/
Avec mes remerciements à Monique Blanc (Arts décoratifs de Paris) et Émeline Lefèbvre (UPJV, équipe TRAME).
Saint-Martial de Limoges a également été couverte de plomb en 1199, au même titre que les abbatiales de Pontigny, Grandmont et Clairvaux, qui le furent peu avant grâce aux dons d’Henri II et Richard Ier d’Angleterre. Il s’agissait là de dons représentatifs de l’expression d’un pouvoir. Voir sur ce point : Fanny Madeline, « Le don de plomb dans le patronage monastique d’Henri II Plantagenet », Archéologie Médiévale, no 39, 2009, p. 31-52 ; Stéphanie Diane Daussy, « Quanto cultu auroque Templa fulgerent. Toitures et beauté de la vision comme expression des pouvoirs », Hortus Artium Medievalum, Journal of the International Research Center for Late Antiquity and Middle Ages, vol. 21, p. 273-283.
2Bibliographie complète sur la question dans Arnaud Timbert, « Existe-t-il une signification politique de l’architecture gothique du xiie siècle ? L’exemple des chevets de Saint-Denis et de Saint-Germain-des-Prés », Les Cahiers de l’histoire de l’art, no 4, 2007, p. 15-27.
3Geneviève Souchal, « Le mécénat de la famille d’Amboise », Bulletin de la Société des antiquaires de l’Ouest et des musées de Poitiers, 1976, p. 485-526 et p. 567-612 ; Thierry Crépin-Leblond, « Fastes et décors liturgiques de la famille d’Amboise », in L’Art des frères d‘Amboise : Les chapelles de l’hôtel de Cluny et du château de Gaillon : Exposition présentée du 3 octobre 2007 au 14 janvier 2008 au musée national du Moyen Âge – Thermes et hôtel de Cluny et au musée national de la Renaissance, château d’Écouen, Paris, RMN, 2007, p. 11-15, ici p. 11 ; Étienne Hamon, « Le cardinal d’Amboise et ses architectes », in L’Artiste et le clerc. La commande artistique des grands ecclésiastiques à la fin du Moyen Âge (xive-xve siècles), Paris, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2006, p. 329-348.
4Yves Bottineau-Fuchs, Georges Ier d’Amboise (1460-1510). Un prélat normand de la Renaissance, Rouen, Éditions PTC, 2005.
5Celles de Clermont, offertes pour ceindre le chœur de la cathédrale, auraient été produites d’après des cartons peut-être exécutés dans l’entourage de Mantegna.
6En témoignent celles du château archiépiscopal de Georges à Gaillon (perdues) ou de la chapelle de l’hôtel de Cluny et de la cathédrale de Clermont.
7Seule la croupe de la charpente, aux chevrons de chêne doublés de pièces de sapin est d’origine.
8L’estimation est dressée par Pierre Montoloys, Guillaume Guichoux, Bertrand Constant et Pierre du Molin et prévoit l’achèvement du portail et des deux tours du transept sud, d’une tour nord, trois travées occidentales de la nef et la façade occidentale, le tout pour 100 300 l. : A. D. du Puy-de-Dôme, 3G arm. 18, sac B, cote 28. Les diverses postes à budgéter pour l’achèvement de la cathédrale sont mentionnés dans les Annales scientifiques, littéraires et industrielles de l’Auvergne, 12 (1839), p. 60 ; Anne Courtillé, La cathédrale de Clermont, Nonette, éd. Créer, 1994, p. 47-48.
9Comptes de 1334-1335 par Guillaume Albanelli : 3 700 tuiles pour couvrir l’église, pour la somme de 4 s. 6 d. : cité dans A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 38 et A. N., F19 7682, Rapport sur les travaux d’entretien à faire à la cathédrale de Clermont, 15 juin 1851. Mallay note, dans un rapport d’entretien, que les pentes de toitures des bras du transept, plus faibles que celle de la nef, attestent d’un ancien couvrement en tuile, dont on a gardé l’inclinaison : A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 78, Rapport du 6 janvier 1851.
10BnF. ms. Fr. 32811, fol. 40, 122 ; Benoît Gonod, Notice historique de la cathédrale de Clermont, Clermont, 1839, p. 34-35.
11Le faîtage s’achève à l’est par une statue de la Vierge à l’Enfant, issant d’un arbre de Jessé – Notre Dame du Retour – dessinée et posée par Viollet-le-Duc en 1874 en remplacement d’un motif identique qui datait de Jacques d’Amboise et faisait pendant à la statue de saint Michel, dressée à l’ouest.
12A. D. du Puy-de-Dôme, 1 G 165. Comptes (inédits).
13D’après le texte, des rayons sont dorés, que nous interprétons comme étant les plis de recouvrement latéraux des tables : « [Champery] a tenu de y remecttre les rayons et remecttre les croix y estant ou bien faire la festee de semblable manière et facon qu’est celluy dudit cousté du midy » : A. D. du Puy-de-Dôme, 1 G 165, pièce 10.
14Plusieurs exemples aux dômes métalliques du Panthéon et de Saint-Marc à Rome, restaurés respectivement en 1451 et 1465/1467 par Nicolas V et Paul II : voir Kjeld de Fine Licht, The Rotunda in Rome. A Study of Hadrian’s Pantheon, Copenhague, Gyldendal, 1968, p. 240 ; Henri Stevenson, « Note sur les tuiles de plomb de la basilique de Saint-Marc ornées des armoiries de Paul II et de médaillons de la Renaissance », Mélanges d’archéologie et d’histoire, vol. 8, no 8 (1888), p. 439-477.
15A. D. du Puy-de-Dôme, 1 G 165, pièce 13.
16Un modèle identique de fourneau est édité dans Denis Diderot, Recueil de planches sur les sciences, les arts libéraux et les arts méchaniques, t. VIII, Paris, Briasson, David, Le Breton et Durand, 1771, pl. I et II.
17Arnaud Timbert, « L’emploi du plomb et du support monolithique dans l’architecture gothique : les exemples des cathédrales de Laon, Noyon, Senlis et Soissons », in L’homme et la matière. L’emploi du fer et du plomb dans l’architecture gothique, Paris, Picard, 2009, p. 113-118.
18Sur le chantier contemporain, et l’usage des différents matériaux, voir la belle étude de Nicolas Navarro, Les matériaux dans le chantier d’achèvement de la cathédrale de Clermont-Ferrand, Mémoire d’étude, École du Louvre, dir. A. Timbert et I. Pallot-Frossard, 2008.
19A. N., F19 7686. Divers rapports, devis et courriers entre 1848 et 1851.
20A. N., F19 7686. Devis sommaire des travaux d’achèvement de la cathédrale de Clermont et de construction de la façade occidentale par Viollet-le-Duc, 29 septembre 1855.
21Un rabais est envisagé dans le cas où la reprise ne concernerait que le versant sud, plus endommagé que son pendant : A. D. du Puy-de-Dôme, 3 V 8. Détail estimatif des travaux de grosses réparations à faire dans la cathédrale pour la restauration du comble et de la toiture, 25 janvier 1840.
22Ibid., Cahier des charges, 24 avril 1840.
23A. N., F19 7682. Rapport sur la construction et réparation à faire dans la cathédrale de Clermont-Ferrand, 18 décembre 1823.
24A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 78. Rapport de Mallay, 3 novembre 1848 ; A. N., F19 7682. Rapport de Viollet-le-Duc à la Commission des Édifices religieux, 29 novembre 1848 ; A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 78. Devis estimatif et explicatif des travaux à exécuter à la cathédrale de Clermont-Ferrand pour la construction du mur de soutènement sous la dernière travée, 3 novembre 1848.
25A. N., F19 7682. Lettre de Mallay au ministre de l’Instruction publique et des Cultes, 30 janvier 1851. A. N., F19 7682. Lettre de Mallay au ministère de la Justice et des Cultes, 13 mars 1851.
26A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 78. Rapport d’entretien, 18 avril 1850. La même année, un orage détériore encore la toiture et implique une autre intervention. Voir également A.N : F19 7686. Lettre de Mallay, 19 décembre 1850.
27A. N., F19 7685. Rapport de M. Chabrol, 31 août 1853.
28A. N., F19 7683. Rapport de Mallay sur les dépenses à faire en 1874, 13 octobre 1873.
29A. N., F19 7685. Lettre de Viollet-le-Duc au ministre de l’Instruction publique et des Cultes, 2 février 1874.
30A. N., F19 7685 et A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Approbation des soumissions de plomberie et de la série des prix de Monduit, Gaget, Gauthier et Cie par le Ministère, 24 février 1874.
31A. N., F19 7685. Soumissionné en même temps que Dauzat, entrepreneur en maçonnerie.
32A. N., F19 7686. Lettre de soumission du 6 juin 1902.
33Atelier qui anciennement était celui de M. Jarrier (ancienne maison Bonnière), horloger-ferblantier-couvreur ayant participé à de nombreux travaux de restauration sur l’ancienne couverture, en particulier à partir de 1869 : Arch. dioc. Clermont-Ferrand, 7 L 2. Devis du 21 janvier 1869, 14 juin 1871, 28 septembre 1871, 5 juillet 1874 (désormais situé 4 rue royale à Clermont).
34A. N., F19 7686. Situation d’après les comptes remis par M. l’architecte en 1888, de 1866 à 1887 inclus, le 16 mars 1888. Également, concernant Laval : A. N., F19 7685. Décompte général des travaux de serrurerie (Laval) de 1873 à 1888, 11 mai 1889.
35Pour la nef : Arch. dioc. Clermont-Ferrand, 7 L 2. Décomptes des travaux exécutés en 1874 par les Srs Monduit, Gaget, Gauthier et Cie ; A. N., F19 7683. Rapport au ministre de la Justice et des Cultes par Mallay, 25 juin 1875 ; Approbation d’un devis de travaux de réfection de charpente et de couverture, 18 mai 1874 ; Devis estimatif des travaux de grosses réparations à effectuer en 1874. A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Devis estimatif des travaux de grosses réparations à effectuer en 1874, 8 nov. 1873 et Décompte des travaux exécutés par Monduit, Gaget, Gauthier et Cie conformément à la décision du 21 février 1874, 14 mai 1879. Pour l’abside : Arch. dioc. Clermont-Ferrand, 7 L 2. Décompte des travaux exécutés en 1873 et 1874, 2 janvier 1874. Voir également : A. N., F19 7685 et A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Sous-détails des prix de plomberie, 30 janvier 1874.
36Arch. dioc. Clermont-Ferrand, 7 L 3. Mémoires des travaux de plomberie exécutés pour le compte de la cathédrale de Clermont, courant 1886 ; Ibid. Décompte des travaux exécutés en 1886 par les Srs Gaget, Gauthier et Cie, 22 juillet 1887.
37A. N., F19 7683. Travaux pour la réfection de l’abside [récapitulatif de comptes de 1880 à 1889].
38A. N., F19 7683. Devis estimatif des travaux de grosses réparations à effectuer en 1889 et Devis descriptif et estimatif des travaux d’entretien à exécuter en 1891, 17 novembre 1890.
39A. N., F19 7686. Devis estimatif des travaux de grosses réparations à exécuter en 1902 [concernant les deux premières travées de la cathédrale et la couverture entre les deux tours], 24 décembre 1901 ; Idem : Soumission par M. Brunet, 6 juin 1902 et Décompte des travaux exécutés en 1902 par le Sr Brunet, entrepreneur de plomberie, conformément à la décision du ministre de l’Intérieur et des Cultes en date du 29 mai 1902.
40A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 82. Devis descriptif et estimatif. Travaux à exécuter en vue de refaire la couverture du transept méridional, 8 septembre 1815.
41François Voinchet, Étude préalable à la restauration de l’arbre de Jessé, Moulins, mars 1996 ; Du même, Cathédrale Notre-Dame. Restauration de l’arbre de Jessé. Dossier documentaire des ouvrages exécutés, Moulins, juillet 2002.
42A. N., F19 7686. Devis estimatif des travaux de grosses réparations à exécuter en 1902, 24 décembre 1901 et Décompte des travaux exécutés en 1902 par le Sieur Brunet, 29 mai 1902.
43A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Décompte des travaux exécutés en 1874 par les Srs Monduit, Gaget, Gauthier et Cie.
44Marcel Joseph Bulteau, Monographie de la cathédrale de Chartres, Chartres, R. Selleret, t. I, 1887, p. 245-249 ; Stéphanie Diane Daussy, « De l’apport du Dictionnaire raisonné de Viollet-le-Duc à la connaissance de l’ancienne couverture en plomb », in Chartres. Construire et restaurer la cathédrale, xie-xxie siècle, A. Timbert (dir.), Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2014, p. 335-359, ici p. 338. Notons qu’à Reims encore, après la destruction de la couverture métallique en septembre 1914, H. Deneux récupère 250 t. de plomb fondu sur le rein des voûtes qu’il coule en tables sur sables en y adjoignant 190 t. de plomb neuf : Bernard Fouqueray et Laurence Causse-Fouqueray, Hommage à Henri Deneux. Les charpentes de la cathédrale de Reims, Reims, 1988, notice 2.
45A. N., F19 7685 et A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Sous-détail des prix de plomberie, 30 janvier 1874. Les précisions de dimensions sont données dans Jules Denfer, Architectures et constructions civiles. Couverture des édifices, Paris, Gauthier-Villars, 1893, p. 343.
46Abbé de Lagardette, L’art du plombier et du fontainier, Encyclopédie des Arts et Métiers, Paris, 1773, p. 507. L’auteur préconise un espacement d’1,5 à 2pouces entre les planches.
47Jacques-François Blondel, Cours d’architecture ou traité de la décoration, distribution et construction des bâtiments, t. VI, Paris, Desaint, 1777, p. 350 et pl. CXXVIII, fig. 10. Il évoque une distance entre voliges d’environ 2 pouces.
48Jean-Baptiste Rondelet, Traité théorique et pratique de l’art de bâtir, t. IV-2, Couverture, menuiserie, serrurerie, Paris, chez M.-A. Rondelet fils, 1816, p. 405 : espacement de 2 pouces.
49Antoine-Chrysostome Quatremère de Quincy, Encyclopédie méthodique. Architecture, t. II, Paris, chez Mme Agasse, 1820, p. 143 ; du même, Dictionnaire historique d’architecture, Librairie Adrien Le Clere et Cie, 1832, p. 484 : espacement de 2 pouces.
50Stéphanie Diane Daussy, Étude de la couverture en plomb de la cathédrale de Beauvais. Rapport final d’étude, octobre 2012 : étude menée avec A. Timbert, A. Texier (LRMH), P. Hoffsummer (ULg Liège), A. Arles (IRAMAT-CNRS) et E. Lefèbvre (TRAME, Amiens).
51Frédéric Épaud, De la charpente romane à la charpente gothique en Normandie. Évolution des techniques et des structures de charpenterie aux xiie-xiiie siècles, Caen, Publications du CRAHM, 2007, p. 129. Les chevrons de la charpente romane, remployés en 1227-1232, portent les traces de fixations (un seul clouage) des premières voliges de 0,10 m de haut en moyenne, espacées de 0,07 à 0,08 m entre elles.
52Les relevés de la charpente ancienne (construite entre 1481 et 1485 par Colard Lemoine, puis jusqu’en 1492 par Pierre Delaforest), exécutés par H. Deneux en 1898 et mis au net en 1914, sont colligés dans Bernard Fouqueray et Laurence Causse-Fouqueray, Hommage à Henri Deneux. Les charpentes de la cathédrale de Reims, op. cit., 1988, pl. 1-23.
53Chris Wood, « Les toits en plomb sur les bâtiments historiques : problèmes de la corrosion de surface intérieure », Les couvertures métalliques, matériaux et techniques, Les cahiers de la section française de l’ICOMOS, 2000, p. 85-92, ici p. 87 : le phénomène se produit dans les zones humides peu ventilées. S’ajoute que le chêne, comme tout autre essence, contiennent des acides organiques qui corrodent aussi le métal et que l’humidité aggrave ce désordre. Pour limiter cette action, il faut prévenir l’humidité et la condensation par la ventilation et la conception. Les propriétés chimiques du plomb et les causes de son altération sont connues et décrites en détail dans Jules Denfer, Architectures et constructions civiles […], op. cit., p. 335-336.
54César Daly, Revue générale d’architecture et des travaux publics, 1866, p. 106 : l’architecte préconise l’emploi du bois flotté ou la mise en place entre le bois (ou le plâtre sus-jacent) et le plomb, d’un papier intercalaire ou de peinture, comme le goudron, qui évitent les contacts. Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du xie au xvie s., t. VII, Paris, B. Bance et A. Morel, 1854-1868, p. 210 évoque bien l’emploi d’une couche intermédiaire de brai ou de peinture entre le douellage et le plomb mais il souligne l’insuffisance du procédé (les voliges en chêne de la Sainte-Chapelle, ainsi protégées par J.-B. Lassus, ont dû être reprises en 1940).
55Elphège Baude, « Couvertures », Charles-Pierre de Laboulaye, Complément du Dictionnaire des arts et manufactures, Paris, Librairie scientifique E. Lacroix, 1868, cahier 429, non paginé.
56Jules Denfer, Architectures et constructions civiles […], op. cit., p. 346.
57César Daly, Revue générale d’architecture et des travaux publics, op. cit., p. 212 et pl. 46 ; Jules Denfer, Architectures et constructions civiles […], op. cit., p. 342.
58César Daly, Revue générale d’architecture et des travaux publics, op. cit., p. 214 et pl. 48 : les planches sont en chêne jointif de 0,03 m d’épaisseur.
59A. N., F19 7679. Devis descriptif des travaux à faire à cet édifice concernant les combles des bas-côtés, 25 septembre 1847. Il s’agit de voliges en sapin, jointives, de 0,015 m d’épaisseur.
60Charles-Pierre de Laboulaye, Complément du Dictionnaire des arts et manufactures, op. cit., non paginé. Selon l’auteur il faut éviter de mettre le plomb en contact avec le plâtre frais, le chêne humide non flotté et les métaux moins oxydables.
61Jean-Baptiste Rondelet, Traité théorique de l’art de bâtir, t. IV-3, Paris, 1817, p. 139. Selon lui, les tables de plomb peuvent se poser sur des planches de chêne brutes ou de sapin, qu’il différencie des voliges dont il ne précise pas la composition, ou sur une aire de plâtre, voire sur un lattis de chêne. Le support le plus coûteux est celui des planches de chêne brutes (3 fr. le m² pour 2 fr. le m² en planches de sapin).
62Ministère britannique de l’Industrie, Corrosion of metals by wood, Londres, 1979.
63A. N., F19 7639. Rapport de l’architecte diocésain L. Sauvageot sur les dépenses à faire, 1901. Méd. Arch. Pat., dossier 1896. Rapports de l’architecte diocésain H. Chaine sur les dépenses à faire, 1905-1908. Les sources évoquent peu le voligeage précédemment à cette intervention, hormis en 1832 : « remplacement, au besoin, de la volige en feuille de chêne » : A. N., F19 7637. Travaux de réparations diverses à faire à l’église cathédrale de Beauvais par Landon, devis descriptif, septembre 1832. Les observations archéologiques sur les versants du grand comble et de l’abside semblent plaider en faveur d’un emploi de chêne pour le voligeage mis en place au xviiie siècle (pose non jointive) et encore en 1812 (croupe, pose non jointive).
64H. Deneux avait mis en place, après l’incendie qui détruisit la charpente de la cathédrale le 19 septembre 1914, une charpente à chevrons en ciment armé portant des voliges en sapin de 0,027 m d’épaisseur, 0,10 de large, espacées de 0,07. La disposition du douellage était conforme à celle du xve siècle : Henri Deneux, « L’ancienne et la nouvelle charpente de la cathédrale de Reims », Almanach Matot Braine, 1927, p. 405-426, ici p. 422. Mode d’assemblage : Paris, musée d’Orsay, ARO 1983 100, no 67215.
65Emmanuelle Lefebvre, « Les couvertures de la cathédrale de Rouen », Bulletin de la Commission départementale des antiquaires de la Seine-Maritime, t. 48 (2000), p. 95-115 ; Pierre-André Lablaude, « Restauration des parties hautes du chœur endommagées par la tempête du 26.12.1999 », Rouen, 2004.
66L’orientation des tables métalliques de la cathédrale détruite est visible sur le panneau central du Triptyque du Miracle de la sainte Chandelle (Arras, musée des Beaux-Arts, inv. no 404).
67Les tables métalliques de la couverture sont déjà représentées dans le Psautier d’Eadwine : Trinity College Cambridge, ms. R.17.1, fol. 284v°-285r°. La cathédrale figure à gauche du bifolio, occidentée. L’aquarelle représente le système hydraulique installé à Christ Church par le prieur Wibert (1155-1157). Voir Francis Woodman, « The Waterworks Drawings of the Eadwine Psalter », The Eadwine Psalter: Text, Image, and Monastic Culture in Twelfth-Century Canterbury, T. Gibson, T. A. Heslop et alii (eds.), Londres, Modern Humanities Research Association, 1992, p. 168-185 ; en dernier lieu : Peter J. Fergusson, « Prior Wibert’s Fountain Houses: Service and Symbolism at Christ Church, Canterbury », in The Four Modes of Seeing. Approaches to Medieval Imagery in Honor of Madeline Harrison Caviness, E. Staudinger Lane, E. Carson Pastan et alii (eds.), Farnham-Burlington, Ashgate, 2009, p. 83-98.
68La mise en œuvre verticale des tables de plomb de Notre-Dame de Paris date de la restauration de la couverture sous la direction de Viollet-le-Duc par les entreprises Durand (1848-1860), Durand-Monduit (1860) puis Monduit-Béchet (à partir de 1861). Néanmoins, les feuilles métalliques précédentes – sans doute celles mises en œuvre en 1726 aux frais du Cardinal de Noailles – sont disposées horizontalement. Plusieurs clichés en attestent, de même que la maquette en plâtre présentant la cathédrale dans son état antérieur à 1843 : Musée des Monuments français, inv. 41. Les textes confirment l’iconographie existante : Mercure de France dédié au roi, juin 1732, vol. 2, p. 1402 ; Claude-Pierre Gueffier Montjoye, Description historique des curiosités de l’église de Paris, Paris, C.-P. Gueffier Père libraire, parvis Notre-Dame, 1763, p. 42 ; Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, Jean-Baptiste Lassus, Projet de restauration de Notre-Dame de Paris, Paris, Imprimerie de Mme de la Combe, 1843, p. 19. Le nombre de tables (1 236) et les dimensions données (3 pieds de haut sur 10 de long) dans chacun de ces documents confirment leur disposition.
69Dès la repose de la couverture chartraine en 1824 – celle-ci ayant été pillée en 1794 –, les tables sont repositionnées dans le petit sens de la pente afin de réduire la prise au vent : Antoine Marie Pierre Gilbert, Description historique de l’église cathédrale Notre-Dame de Chartres, chez Garnier-Allbabre, Place du Marché au blé, 1824, p. 53, note 1. Mais certaines sont conservées dans le sens horizontal, notamment celles du grand comble près de la noue de la croisée, côté nord, que l’on décide finalement d’inverser en 1829 : A. N., F19 7677. Devis estimatif du 27 janvier 1829.
70Abbé de Lagardette, L’art du plombier et du fontainier, Encyclopédie des Arts et Métiers, op. cit., p. 507-508.
71Jean-François Blondel, Cours d’architecture ou traité de la décoration […], op. cit., p. 351 et pl. CXXVIII, fig. 10.
72Pour ne citer que quelques exemples visibles en ligne : pose verticale dans Londres, Londres, British Library, ms. Harley 2278, fol. 22v° ou Paris, BnF, ms. fr. 50, fol. 253v° ; pose horizontale dans Paris, BnF, ms. lat. 4915, fol. 46 v°, publié dans S. D. Daussy, « De l’apport du Dictionnaire raisonné de Viollet-le-Duc à la connaissance de l’ancienne couverture en plomb », art. cit., p. 343, fig. 6, ou Mâcon, Bibl. mun., ms. 1, fol. 172. Le plus souvent néanmoins, les représentations sont stéréotypées et ne permettent pas de distinguer un quelconque sens de pose.
73A. N., F19 4544, art. 51. Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, Prosper Mérimée, Instructions pour la conservation, l’entretien et la restauration des édifices diocésains, et particulièrement des cathédrales, 26 février 1849.
74Jean-Baptiste Rondelet, Traité théorique et pratique de l’art de bâtir, op. cit., 1816, p. 406 ; Antoine-Chrysostome Quatremère de Quincy, Dictionnaire historique d’architecture, op. cit., p. 484 ; Léonce Reynaud, Traité d’architecture, Paris, Dunod, 1850, p. 493 ; Théodore Château, Technologie du bâtiment ou étude complète des matériaux de toutes espèces employés dans l’art de bâtir, t. II, Paris, Librairie générale de l’architecture et des travaux publics, Ducher et Compagnie, Éditeur de la société centrale des architectes, 1866, p. 300.
75« On estime qu’il y a un avantage plus grand quant à la solidité à ne donner à ces travées que la largeur d’une ferme à l’autre comme […], moins les tables sont longues, moins elles travaillent » : A. D. de l’Oise, 1 Q² 370. État des réparations à faire à l’église cathédrale de Beauvais, juin 1790.
76A. D. de l’Oise, 1 V 339. Réparations à faire à la cathédrale de Beauvais [rapport et devis de Baron, architecte du département], 1821. Idem, 1 V 272. Devis des réparations à faire à la toiture de la grande nef de la cathédrale de Beauvais, dressé par Landon, architecte du département, 25 août 1830.
77Abbé de Lagardette, L’art du plombier et du fontainier, Encyclopédie des Arts et Métiers, op. cit., p. 507 : « La largeur ordinaire de ces tables est de trois pieds sur douze pieds de longueur. On pourrait en faire de plus longues & de plus larges ; mais comme il en résulterait de grands inconvénients, comme cela est arrivé quelquefois, lorsque leur pesanteur ayant brisé leurs attaches, plusieurs tables sont tombées du haut de la couverture de l’église en-bas, c’est ce qui a engagé à les diminuer pour la sureté des ouvriers. »
78César Daly, Revue générale d’architecture et des travaux publics, op. cit., p. 105.
79Jacques Savary des Bruslons, Dictionnaire universel de commerce, Genève, chez les héritiers Cramer et frères Philibert, 1742, p. 256 ; Jean-Baptiste Rondelet, Traité théorique et pratique de l’art de bâtir, op. cit., 1816, p. 406. Le plomb laminé est plus coûteux (1 fr. 20 cent.) que le plomb coulé en table (1 fr. 16 cent.) : J. Rondelet, op. cit., 1817, p. 138 ; Antoine-Chrysostome Quatremère de Quincy, Dictionnaire historique d’architecture, op. cit., p. 484 ; Léonce Reynaud, Traité d’architecture, op. cit., p. 493 ; Théodore Château, Technologie du bâtiment […], op. cit., p. 299.
80César Daly, Revue générale d’architecture et des travaux publics, op. cit., p. 212 ; Charles-Pierre de Laboulaye, Complément du Dictionnaire des arts et manufactures, op. cit., non paginé. Les tables de la nouvelle couverture de Notre-Dame de Paris ont une épaisseur de 0,00282 m soit 1,25 lignes.
81César Daly, Revue générale d’architecture et des travaux publics, op. cit., p. 214 et Charles-Pierre de Laboulaye, Complément du Dictionnaire des arts et manufactures, op. cit., non paginé. Les lames de plomb ont 0,00338 m d’épaisseur, soit 1,5 lignes.
82A. N., F19 7639. Rapport de l’architecte diocésain L. Sauvageot sur les dépenses à faire, 1901. Méd. Arch. Pat., dossier 1896. Rapports de l’architecte diocésain H. Chaine sur les dépenses à faire, 1905-1908. Les dernières interventions pilotées par la DRAC Picardie, entre 2010 et 2012, ont respecté l’ancienne mise en œuvre.
83Il est apparu dans la manufacture de Boffrand. Plus fin et régulier, il n’a pas pour objet, alors, d’être employé en couverture ; il l’est seulement pour les canalisations, raccords et tuyaux. A. Texier, intervention dans Les couvertures métalliques, matériaux et techniques, Les cahiers de la section française de l’ICOMOS, Paris, 2007, p. 102.
84César Daly, Revue générale d’architecture et des travaux publics, op. cit., p. 104.
85Jules Denfer, Architectures et constructions civiles […], op. cit., p. 335.
86Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du xie au xvie s., op. cit., p. 210.
87Ainsi est-ce le choix de Deneux lors des restaurations entreprises sur la toiture de la cathédrale de Reims. Il souligne choisir un plomb coulé sur sable, « en tables régulières d’épaisseur, comme on le pratiquait au Moyen Âge » : Henri Deneux, « L’ancienne et la nouvelle charpente de la cathédrale de Reims », art. cit., p. 423.
88Augustin-Charles d’Aviler, Dictionnaire d‘architecture civile et hydraulique et des arts qui en dépendent comme la maçonnerie, la charpenterie, la menuiserie, Paris, Charles-Antoine Jombert, imprimeur-libraire du roi pour l’artillerie et pour le génie, rue Dauphine, 1755, p. 134 ; Jean-François Blondel, Cours d’architecture ou traité de la décoration […], op. cit., p. 338-339 donne les mérites du plomb laminé dans son application aux bâtiments.
89Charles-Pierre de Laboulaye, Complément du Dictionnaire des arts et manufactures, op. cit., non paginé. C’est pourtant ce poids qui est décrié, entre autres, dans Jean-Louis Janvier, Valentin Biston, Nouveau manuel complet du mécanicien fontainier, Paris, 1840, p. 214.
90Léonce Reynaud, Traité d’architecture, op. cit., p. 493.
91A. N., F19 7683 : Devis estimatif et descriptif, 8 novembre 1873.
92Lorsque les fixations sont schématiquement figurées, elles sont au nombre de deux, trois ou quatre. Hormis le Psautier d’Eadwine cité ci-dessus, voir (en ligne) Paris, bibl. Sainte-Geneviève, ms. 148, fol. 31v° ; Paris, BnF, ms. fr. 1586, fol. 17v°, 21 ou Rome, Bibl. Ap. Vat., ms. Pal. lat. 1989, fol. 29v°.
93Datés du xiiie siècle par Viollet-le-Duc, alors que la couverture chartraine date du xixe siècle : il est aujourd’hui impossible, en l’absence de ces crochets, de statuer sur leur datation réelle (remplois ou créations).
94Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, Prosper Mérimée, Instructions pour la conservation, l’entretien et la restauration des édifices diocésains, et particulièrement des cathédrales, 26 février 1849.
95Jules Denfer, Architectures et constructions civiles […], op. cit., p. 344-345.
96Plusieurs exemples figurés peuvent être cités, déductibles de la double ligne verticale répétée sur la toiture des édifices, qu’on ne retrouve pas sur les représentations de couvertures en ardoises : Londres, British Library, ms. Harley 1766, fol. 198 ; Londres, British Library, ms. Harley 1808, fol. 45v° (ville d’York) ; Londres, British Library, Royal 15 D III, fol. 112 ; Londres, British Library, ms. Harley 2278, fol. 92v° ; Paris, BnF, ms. fr. 50, fol. 253v° ou New York, Pierpont Morgan Library, ms. 536, fol. 21 v° (Saint-Martin de Tours).
97Jean-François Blondel, Cours d’architecture ou traité de la décoration […], op. cit., p. 347-351 souligne qu’il faut éviter les soudures car les parties soudées se trouveraient plus épaisses que les tables et seraient susceptibles de se rompre en raison des changements liés aux variations de température. J. Rondelet et A.-C. Quatremère de Quincy redisent qu’il ne faut pas souder les bouts des tables qui forment un même rang, ce qui provoquerait des ruptures en raison de la dilatation et de la condensation que peut éprouver le plomb selon la température ambiante : Jean-Baptiste Rondelet, Traité théorique et pratique de l’art de bâtir, op. cit., 1816, p. 406 ; Antoine-Chrysostome Quatremère de Quincy, Dictionnaire historique d’architecture, op. cit., p. 484. Viollet-le-Duc estime qu’il faut maintenir énergiquement les tables pour qu’elles ne s’affaissent pas mais en leur laissant la possibilité de se dilater ou contracter : Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du xie au xvie s., op. cit., p. 209. Le plomb, en effet, présente une dilatation linéaire d’environ 1 mm par mètre pour une température ambiante de 35° : Yves-Marie Froidevaux, Techniques de l’architecture ancienne : construction, restauration, Paris, Mardaga, 1986, p. 82 ; Frédéric Épaud, De la charpente romane à la charpente gothique en Normandie […], op. cit., p. 131. Selon Charles-Pierre de Laboulaye, Complément du Dictionnaire des arts et manufactures, op. cit., non paginé, la rétraction serait de 0,0014 pour 50e.
98Ainsi : « On a soin de replier les rebords de chaque table dans leur hauteur à chaque bout, l’une en-dessous, et l’autre au-dessus : pour mieux les joindre, on les fait entrer l’une dans l’autre ; on ferme par-là tout passage à l’eau du ciel, & on l’empêche qu’elle ne puisse pénétrer jusqu’à la charpente, qu’elle pourrirait. » ; Abbé de Lagardette, L’art du plombier et du fontainier, Encyclopédie des Arts et Métiers, op. cit., p. 509. Et précisément, concernant la couverture de la cathédrale de Paris : « les tables forment entr’elles de petites baguettes rondes qu’on voit sur la couverture de l’église de Notre-Dame, & que les plombiers ont soin de faire sur toutes les couvertures de cette nature. Ces petites baguettes ne laissent pas que de faire un bel ornement : l’eau qui coule d’en haut, ne peut par ce moyen y pénétrer, & elle tombe nécessairement dans les gargouilles » : Ibid., 1773, p. 510.
99Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du xie au xvie s., op. cit., p. 210. Voir en dernier lieu sur la question de l’imitation du gothique : Martin Bressani, Architecture and the Historical Imagination. Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, 1814-1879, Dorchester, An Ashgate Book, Copyrighted Material, Routledge, 2014, p. 93-187.
100Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, « Nécrologie. M. Lassus », Encyclopédie d’architecture, no 7, 1857, col. 114-115.
101Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, « Première apparition de Villard de Honnecourt, architecte du xiiie siècle », Gazette des Beaux-Arts, no 1, 1859, p. 286-295, ici p. 295.
102Régis Debray, Transmettre, Paris, Odile Jacob, 1997, p. 27.
Auteur
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Stéphanie Diane Daussy
Stéphanie Diane Daussy est docteure en Histoire de l’art du Moyen Âge, membre associé du Laboratoire TrAme UR 4284 et membre du Groupe de travail Métal œuvrant à l’étude de la cathédrale Notre-Dame depuis 2019. Ses recherches, transchronologiques (du Moyen Âge au xixe siècle) portent pour l’essentiel sur les matériaux et les techniques de construction, sur la transmission des savoir-faire et l’esthétique monumentale.
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