Le chantier de la cathédrale de Clermont (1865-1890)
Première approche
The Construction Site of the Clermont Cathedral (1865–1890). First Approach
p. 161-186
Résumés
Malgré une documentation lacunaire, l’auteur tente une histoire du chantier de l’achèvement de la cathédrale de Clermont au xixe siècle, en décrivant les entreprises qui y ont travaillé, en étudiant les matériaux employés et leurs techniques de mise en œuvre et en analysant l’économie du chantier. Celui-ci doit aussi être compris comme une entreprise sociale. Pour tous les participants et leurs descendants, ce grand chantier constitue un fait légendaire, une légende qui n’est toujours pas éteinte plus d’un siècle après son achèvement.
Despite incomplete documentation, the author attempts a history of the construction completion of the Clermont Cathedral in the nineteenth century, describing companies that worked there, studying the materials and their implementation techniques and analysing the economics of the construction, which must also be understood as a social enterprise. For all participants and their descendants, this major project is a legendary fact, a legend that is still not extinguished over a century after its completion.
Entrées d’index
Mots-clés : histoire de l’art, cathédrale, chantier, Viollet-le-Duc (Eugène), Clermont-Ferrand, XIXe siècle
Keywords : history of art, cathedral, construction work, Viollet-le-Duc (Eugène), Clermont-Ferrand, 19th century
Remerciements
Nos remerciements à Jean-François Luneau et Bruno Phalip.
Texte intégral
1Durant1 le Second Empire, Clermont fut un vaste chantier de construction : Hôpital général, Hôtel de Ville, Université, église Saint-Eutrope2… Parmi ces entreprises celle de la façade de la cathédrale occupa toute la seconde moitié du xixe siècle. Les travaux, initiés et inaugurés par l’architecte diocésain Aymon Mallay en 1850, cessèrent cependant rapidement avant d’être relancés par Eugène Viollet-le-Duc en 1865 et achevés par Anatole de Baudot à la fin du siècle.
2L’histoire de ce chantier, les étapes de sa progression, ses perspectives esthétiques autant que politiques, sont aujourd’hui connues à la faveur de multiples études monographiques3. En revanche, à l’instar de la majorité des grandes réalisations architecturales du xixe siècle, la recherche ne s’est pas ou peu penchée sur la réalité brute des travaux et les conditions de la production. Préférant les problématiques de l’architecture à celles de l’histoire de la construction elle a laissé de côté les hommes, les matériaux et les techniques au profit des formes, des volumes et des espaces. Le chantier d’une cathédrale, au Moyen Âge comme à la période contemporaine, reste pourtant une entreprise humaine4. À cet égard, le chantier de Clermont-Ferrand fut légèrement différent de ceux dirigés par Viollet-le-Duc, qu’il s’agisse de travaux de restauration, comme ceux de Notre-Dame de Paris, ou de construction, comme ceux de Pierrefonds. La cathédrale de Clermont constitua en effet le plus grand projet architectural de l’architecte en dehors de la région parisienne. Elle souleva par conséquent des questions relatives à la qualité de la main-d’œuvre, à la valeur des savoir-faire comme au choix des matériaux. Le contexte supposa des contraintes distinctes de celles rencontrées au nord de la Loire où étaient disponibles une main-d’œuvre abondante et diversifiée, une grande palette de matériaux lithiques et un éventail large de propositions technologiques novatrices.
3Malgré l’évidence d’une originalité inhérente au milieu, l’histoire des travaux de la cathédrale de Clermont reste toutefois lacunaire. L’absence de la correspondance des architectes avec l’Inspecteur, au même titre que celle du cahier du chantier ne permet aucune étude détaillée. Pour exemple, nous ne possédons pas d’information concrète sur les fournisseurs en chaux, en pouzzolane ou en engin. Le nombre des ouvriers n’est documenté par aucune régie et leur origine par aucun livret. Par ailleurs, nous bénéficions, comparativement à des chantiers comme ceux de Carcassonne, Toulouse, Paris ou Pierrefonds, d’un nombre limité de photographies, ce qui constitue une carence documentaire non négligeable lorsqu’il s’agit de reconstituer la topographie du chantier. C’est donc un aperçu que nous proposons ici, que complètent des comparaisons avec d’autres entreprises, plus documentées, de Viollet-le-Duc.
Histoire des travaux
4L’initiative revint à Aymon Mallay (1805-1883). D’une grande compétence technique en matière d’architecture médiévale, il fut nommé architecte diocésain de Clermont, de Saint-Flour et du Puy en 1849 et resta dans cette fonction jusqu’en 18765. Il restaura par ailleurs, pour le compte de la commission des Monuments historiques, diverses églises du département du Puy-de-Dôme6. En 1850, il proposa la destruction des tours romanes de la cathédrale de Clermont et un projet de construction d’une nouvelle façade dans un style en harmonie avec la nef du xive siècle7. Il fut soutenu dans cette entreprise par les autorités locales, l’évêque et le préfet. C’est ainsi qu’il put détruire les tours, procéder à la fermeture provisoire de la nef gothique8 et lancer les fondations d’une nouvelle façade dont la première pierre fut posée le 21 octobre 18509. Toutefois, cette première étape effectuée, A. Mallay ne fut pas autorisé à ériger la superstructure ; les travaux s’arrêtèrent.
5Cinq ans plus tard, porté par la réussite du maître-autel10, Viollet-le-Duc fut sollicité par le ministre des Cultes pour un « avant-projet d’agrandissement et d’achèvement11 ». Mais, sans impulsion supérieure, aucune suite ne fut donnée. La visite de Napoléon III à Clermont en 186212 donna un dynamisme définitif à l’entreprise : l’Empereur promit le financement nécessaire. Dès 1864 un crédit fut ouvert pour achever la destruction des tours romanes et permettre celle des maisons périphériques à la cathédrale13. Émile Mallay14, déjà inspecteur de son père – Aymon Mallay – pour les chantiers dirigés par ce dernier pour le compte de l’administration des Monuments historiques dans le Puy-de-Dôme15, fut nommé Inspecteur des travaux sur proposition de Viollet-le-Duc en 186416. Les décisions se précipitèrent, mais deux ans s’écoulèrent avant que l’opération soit décrétée d’utilité publique. En 1865, la soumission pour l’adjudication des travaux fut officialisée par arrêté du 15 juillet17. Quelques jours auparavant, le 3, le projet général d’achèvement fut validé et une première partie de l’exécution autorisée le 2 mars 1866. Toutefois, la situation économique et la faiblesse comme l’irrégularité des allocations annuelles ne permirent pas aux entrepreneurs de s’engager18. Il fut par conséquent procédé à une division de la somme allouée en plusieurs campagnes pour favoriser les engagements et permettre une ouverture du chantier en 1866. À partir de 1869 les travaux s’accélérèrent. Émile Mallay fut alors tenu de rester continuellement sur le chantier19. Dans le même contexte, les Inspecteurs François Comynet et Lucjan Wyganowski furent tenus à demeure sur les chantiers de Vézelay et de Pierrefonds20. Aux alentours de cette date, la jonction avec l’œuvre médiévale fut opérée selon les projections de A. Mallay : « Afin d’éviter les effets des tassements qui pourraient se produire dans une construction de cette importance on ne se reliera aux piles et aux murs de la nef qu’après avoir élevé les deux tours de la façade jusqu’à la hauteur des voûtes. Cette manière de procéder aura en outre l’avantage de n’ouvrir l’église que pendant un laps de temps assez court et de laisser l’intérieur tel qu’il est aujourd’hui disposé, pour le service du culte, jusqu’au moment où on pourra l’augmenter de toute la partie neuve21. » En 1870, la deuxième partie des travaux s’engagea. Après un temps d’arrêt consécutif à la guerre, l’activité reprit en 1871 sous la direction de Viollet-le-Duc jusqu’au 1er juillet 1874, date de sa démission de ses fonctions d’architecte diocésain22. Eugène Millet le remplaça temporairement durant un an23 puis Anatole de Baudot lui succéda le 14 août 187524. En 1884 ce dernier dressa un dernier devis pour l’achèvement des tours25. En décembre 1887 les abat-sons étaient posés26. En 1891, les flèches et les menus travaux étaient achevés. A. de Baudot quitta alors ses fonctions d’architecte de la cathédrale et celle d’Inspecteur fut supprimée27.
Les entrepreneurs du chantier
6Eu égard à l’interdiction faite aux entreprises de sous-traiter28 – ce qui ne fut pas le cas durant les premières années du chantier de Pierrefonds par exemple – les entrepreneurs œuvrant in situ furent, entre 1864 et 1890, au nombre de neuf ce qui correspond à un chantier d’envergure classique où un seul entrepreneur est soumissionné par corps d’état. Le 3 mars 1866, la première partie des travaux fut mise en adjudication29. Arthur Dauzat fut retenu pour la maçonnerie. Il avait déjà été employé par A. Mallay pour la destruction de la façade romane et l’implantation des fondations entre 1850 et 1853 et fut par ailleurs, dès la seconde moitié de la décennie 1840, soumissionné pour des travaux de restauration sur la cathédrale30. Il s’agit donc d’un entrepreneur rompu aux méthodes de l’administration des Monuments historiques comme aux techniques relatives au bâti ancien. L’entrepreneur Paul Pince fut quant à lui soumissionné pour les travaux de charpenterie et le fut successivement en 1870, 1874 et 1880 restant ainsi, avec Dauzat, durant toute la durée du chantier31.
NOM | PÉRIODE D’ACTIVITÉ | PROFESSION | RÉSIDENCE |
Dauzat, Arthur | 1864-1890 | Maçon | Clermont-Ferrand |
Pince, Paul | 1866-1890 | Charpentier | Clermont-Ferrand |
Jacobs, Mathias | 1870- ? | Sculpteur | Paris |
Anciaux, Alfred | 1868-1882 | Sculpteur | Paris |
Coquereau, Ernest | 1882-1890 | Sculpteur | Paris |
Laval & Ameil | 1873-1882 | Serrurier | Clermont-Ferrand |
Ameil | 1882-1890 | Serrurier | Clermont-Ferrand |
Pradel | 1873- ? | Menuisier | Clermont-Ferrand |
Jacquetti | 1873- ? | Peintre | Clermont-Ferrand |
Choupineau & Gaudin | 1873-1887 | Vitrier | Clermont-Ferrand |
Choupineau | 1887- ? | Vitrier | Clermont-Ferrand |
Monduit-Gaget-Gauthier | 1874-1890 | Couvreur | Paris |
Pradeaud | 1890-1905 | Maçon | Clermont-Ferrand |
Esnier | 1890-1905 | Serrurier | Clermont-Ferrand |
Brunet | 1890-1905 | Plombier | Clermont-Ferrand |
7En 1870, Viollet-le-Duc remit au ministre la deuxième partie du devis, à cette occasion l’architecte expliqua que « les travaux terminés ne laissent rien à désirer sous le rapport de l’exécution, et les entrepreneurs soumissionnaires de ces travaux ayant rempli leurs engagements avec fidélité, [il estime] très avantageux pour l’administration de continuer l’entreprise avec les mêmes personnes32 ». Très avantageux pour éviter une nouvelle série de prix et pour le maintien d’une équipe établie et instruite aux techniques et méthodes de l’architecte. Le ministre approuva33 et Dauzat pour la maçonnerie, Pince pour la charpenterie ainsi que Jacobs34 et Anciaux35 (présent sur le chantier dès 186836) pour la sculpture furent retenus pour la deuxième phase des travaux. Ces deux derniers sculpteurs – dont il est dit qu’ils ont déjà travaillé pour Viollet-le-Duc sans qu’il soit précisé sur quel chantier37 – œuvrèrent sur celui de Clermont jusqu’en 1870 pour le premier et 1882, pour le second38.
8À partir de 1873, il devint nécessaire d’employer des entrepreneurs pour des réalisations de petits travaux39. Les ouvrages de serrurerie, de menuiserie, de vitrerie et de peinture qui étaient jusqu’alors comptabilisés avec les travaux de maçonnerie devinrent assez importants pour que des comptes particuliers soient dressés. Viollet-le-Duc désigna pour la serrurerie l’entrepreneur Laval & Ameil40, pour la menuiserie Pradel41, pour la peinture Jacquetti42 et pour la vitrerie Choupineau & Gaudin43.
9L’année suivante – 1874 – la jonction de la façade avec la nef médiévale nécessita une soumission pour la réalisation de la couverture sur les trois nouvelles travées de la nef. En raison du nombre limité de plombiers-couvreurs dans la région, Viollet-le-Duc s’adressa, à Paris, « à la maison qui présente les garanties les plus sérieuses, par suite des grands travaux qu’elle a déjà terminés, tels que ceux de la toiture de Notre-Dame de Paris, de l’église de Saint-Denis, de la Sainte-Chapelle, du Louvre, des Invalides, etc.44 ». Ainsi les entrepreneurs Monduit, Gaget, Gauthier et Cie furent-ils proposés et retenus45.
10Cette même année fut celle de la soumission de la troisième tranche ferme des travaux de maçonnerie comprenant les deux étages des beffrois des tours. Viollet-le-Duc s’attacha une nouvelle fois les services de Dauzat, qui accepta « scrupuleusement les engagements » et dont les travaux étaient « irréprochables sous le rapport de l’exécution46 ». En 1886, un dernier devis de maçonnerie, cette fois-ci rédigé par A. de Baudot, fit état des travaux à exécuter pour l’achèvement complet des tours47. Durant cette dernière campagne, des entrepreneurs décédés sont remplacés : en 1882, Ameil dirigea sa société seule après le décès de Laval48. En 1882 la soumission des ouvrages de sculpture pour l’achèvement des flèches fut passée par Coquereau pour remplacer Anciaux49 et, en 1887, Félix Gaudin poursuivit les travaux de vitrerie50.
11À la fin du siècle, les menus travaux d’achèvement furent soumissionnés à l’entreprise de maçonnerie Pradeaud, au serrurier Esnier et au plombier Brunet et Mégemond51.
Les matériaux et les techniques
12Le chantier, en dépit du singulier qui lui est attribué, est multiple. Il fut en effet précisé en 1850, dans la circulaire no 59, que « [d]ans le cas où l’Administration ne jugerait pas devoir abandonner aux entrepreneurs des terrains avoisinant les édifices à construire ou à réparer, dans une étendue suffisante aux approvisionnements nécessaires et au travail, les entrepreneurs, chacun en ce qui le concerne, seront tenus de se procurer tous les chantiers nécessaires ; tous les frais relatifs à la location ou acquisition de ces chantiers et accessoires seront à leur charge, quelque puisse être la distance ou la position de ces chantiers52. » Le cahier des charges officiel destiné aux travaux menés dans le cadre de l’administration des édifices diocésaines, précise : « L’adjudicataire est tenu de se procurer à ses frais les moyens de mettre en œuvre les matériaux ou les matières qui doivent être employés à l’exécution de ses travaux. Sont, en conséquence, à sa charge : la location des chantiers dont il aurait besoin pour le dépôt, la taille ou la préparation de ces matériaux ou matières ; l’établissement des hangars et des emplacements nécessaires pour abriter les ouvriers ainsi que les outils, ustensiles et équipages de toute espèce ; les frais de clôtures, de barrières, de gardiennage et d’éclairage des chantiers extérieurs53 […]. »
13Il en résulte qu’autour du monument se répartissaient plusieurs aires de travail et de stockage. Le dégagement des échoppes et des maisons aux alentours de la cathédrale, à partir des décennies 1850 et 186054, permit l’établissement des chantiers. La majorité des entrepreneurs, notamment pour la maçonnerie et la charpenterie, s’établit au sud de la cathédrale. En 1867, l’entrepreneur Dauzat organisa un dépôt « de pierres brutes » sur la partie « de la place d’Espagne située à l’ouest sous la poterne » et fit élever une « barricade » de protection périphérique de deux mètres de haut55. L’année suivante, pour éviter d’encombrer un espace qui restait encore restreint autour du monument, il fit travailler ses tailleurs de pierres « sur la place St-Hérem56 », au nord de l’édifice. En 1886, il fit état « d’un terre-plein d’entrée du chantier » et de hangars adossés au mur du bas-côté sud [Fig. 1]. Chaque jour les voituriers allaient et venaient avec les matériaux et en fin de journée « […] la voix [sic] publique est nettoyée, balayée et rendue libre57. » L’aire des gâcheurs de chaux n’est pas mentionnée, non plus que l’espace de tracé des épures ou celui destiné à la forge – même portative – nécessaire aux serruriers pour l’ajustement des pièces métalliques. Enfin, l’agence, qui fut installée dans la tour sud – peut-être après 1874 – n’est pas mentionnée de manière explicite avant cette date. Il est donc difficile de restituer la topographie du chantier. Reste qu’elle est dense et plus contraignante qu’ailleurs. Les chantiers de Notre-Dame de Paris et de Pierrefonds, comparativement, disposaient de grands espaces de travail, d’une localisation fixe des baraques et des loges impliquant une topographie stable. Le manque d’information, à Clermont, provient certainement d’une disposition mouvante et, par conséquent, de sa difficile mémorisation par les textes58.
Fig. 1 : Clermont-Ferrand, cathédrale, vue du flanc sud de la nef vers 1886.

Photographie ancienne parue dans Gilbert-Joseph Rouchon, Notre Dame de Clermont (la cathédrale) ; son chapitre cathédral, son quartier, Clermont-Ferrand, impr. générale, 1934 (L’Auvergne littéraire, artistique, historique, 11e année, no 73), non paginé.
14Soucieux de mettre la nouvelle œuvre en harmonie avec celle du Moyen Âge, Viollet-le-Duc choisit d’utiliser pour l’ensemble de la construction, depuis les fondations jusqu’aux flèches, la pierre gris-noir de Volvic59. Ce choix fut conforté, en 1868, par l’inauguration d’une voie de chemin de fer entre Volvic et Clermont qui améliora d’autant le transport de la pierre que la gare de Volvic était alors située à environ deux kilomètres des carrières localisées sur les sites des Besses, de Luzet, des Goulots et de la Plaine60. Une fois la pierre livrée à Clermont, elle était bardée sur le chantier et taillée selon les gabarits choisis. La taille se réalisait in situ, en loge, durant toute l’année. Cette réalité relève moins d’une organisation rationnelle que d’une main-d’œuvre rare. En effet, l’entrepreneur en maçonnerie approvisionna en quantité le chantier « […] dans le but d’occuper pendant l’hiver les bons ouvriers tailleurs de pierre que je suis venu à bout de me procurer, lentement et avec peine et que je tiens à conserver61. » Les matériaux façonnés étaient ensuite hissés jusqu’au premier échafaudage disposé à hauteur des terrasses des bas-côtés par un monte-charge à vapeur, selon un système identique à celui mis en activité sur le chantier de Pierrefonds en 1863, après quoi ils étaient transportés à la main jusqu’au niveau de leur mise en œuvre62.
15L’usage des outils de taille de la pierre fut rigoureusement codifié par Viollet-le-Duc dès 1849 dans son Instruction pour la conservation rédigée avec P. Mérimée à l’attention des architectes diocésains : « La plus grande attention sera apportée à l’exécution des tailles des parements et moulures. L’architecte devra observer à quelle époque et à quel style appartiennent ces tailles qui diffèrent entre elles ; il remarquera que les tailles antérieures au xiiie siècle sont faites assez grossièrement et au taillant droit ; celles du xiiie, à la grosse bretture et layées avec une grande précision ; celles du xive, à la bretture fine et layées avec plus de netteté encore ; celles du xve, à la bretture et au racloir, etc. Sauf de rares exceptions qui peuvent contrarier ces usages […], l’architecte fera exécuter les tailles des parties restaurées d’après les indications précédentes. On lui recommande de se défier des retailles, des grattages faits après coup, qui altèrent la physionomie des parements et la forme des profils ; il faut rechercher alors les tailles primitives conservées sur les points peu accessibles ou masqués. Il en est de même pour les modifications apportées par des restaurations plus ou moins anciennes aux formes primitives ; on devra examiner alors avec grand soin toutes les traces de ces formes, et dans le doute on en référera à l’Administration. L’emploi de l’outil appelé boucharde est rigoureusement interdit 63. »
16Cette précision dans l’emploi des outils n’était pas propre à Viollet-le-Duc. D’autres, à la même époque, eurent le même souci. Ainsi, Louis Ledru, architecte diocésain de Clermont (1809-1845)64, précisa dès 1844 que « […] la taille sera soignée, les parements bien dressés, les arêtes et les angles vifs, toutes les moulures et sculptures faites avec le plus grand soin, en se conformant au surplus aux anciens ouvrages qui devront être parfaitement imités65. » En dépit des orientations de l’instruction de 1849, d’ailleurs suivie à la lettre par A. Mallay qui interdit la boucharde66, Viollet-le-Duc, étonnamment, autorisa ou accepta sans mot dire son usage [Fig. 2]. Dans la cathédrale son utilisation fut réservée aux faces cachées, notamment aux parements internes des escaliers, et souvent en seconde passe. Il faut également mentionner l’usage en seconde passe, de grosse bretture et de la patente ou « américaine ». Cet outil était constitué à chaque extrémité d’une mortaise dans laquelle s’enchâsse une série de lames courtes pouvant aller de cinq à quatorze tranchants. La patente apparaît après la deuxième moitié du xixe siècle et se développe intensément dans la région de Volvic avant son abandon durant les années 193067. Ces deux outils furent cependant utilisés avec pondération, l’usage du taillant droit en parement et du ciseau pour la réalisation des tailles périmétriques étant en général privilégié [Fig. 3]. À cet égard l’œuvre nouvelle était en harmonie avec celle des xiiie et xive siècles. Viollet-le-Duc poussa cependant plus loin la restauration en invitant les tailleurs de pierre à marquer les pierres taillées, notamment sur les piles de la nef, de signes lapidaires imités de ceux observés dans les parties anciennes reproduisant par conséquent une glyptique médiévale. Il fut coutumier du fait, à Vézelay et à Saint-Père, en Bourgogne, vingt ans auparavant, il invitait déjà ses tâcherons à marquer les pierres des édifices restaurés ou construits68.
Fig. 2 : Clermont-Ferrand, cathédrale, escalier de la tour sud de la façade occidentale, passes à la boucharde.

© Arnaud Timbert
Fig. 3 : Clermont-Ferrand, cathédrale, escalier de la tour sud de la façade occidentale, taillant droit et ciseau.

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17L’architecte, dans la répartition des traces et des marques engendra ainsi une architecture polyfaciée selon les critères du visible et du caché. Aux parois extérieures le taillant droit et le ciseau, aux parois internes les mêmes outils associés à la boucharde. Aux assises visibles des marques lapidaires, aux assises internes des épidermes vierges de signes. À Pierrefonds, à une époque contemporaine, Viollet-le-Duc procéda à l’identique en distinguant l’avers et le revers de la forteresse. À l’extérieur, les murailles furent restaurées en moyen appareil reproduisant celui encore en place tandis que les bâtiments internes, construits de neuf, furent réalisés en grand appareil. À Saint-Denis-de-l’Estrée la même distinction est valable avec en sus, un hiatus lithique : la calcaire ocre d’origine bourguignonne à l’intérieur contraste avec les murs gouttereaux en calcaire blond du lutétien69. Ainsi, dans ces exemples comme dans celui de la cathédrale de Clermont, il résulte des choix techniques une esthétique du multiple tendant à caractériser les lieux comme les faces.
18Pour la mise en œuvre des assises, le « ciment de limailles70 » [Fig. 4], employé en abondance par Dauzat et A. Mallay pour la restauration des parements des terrasses, fut abandonné. Les maçons utilisèrent un mortier de chaux. Les assises en pierre de Volvic ne furent cependant pas appareillées à plein joint. Seul le chœur des maçonneries fut fourré au mortier. Les assises étaient disposées sur des cales en bois de 1 à 2 cm d’épaisseur puis fichées [Fig. 5]. Cette technique de mise en œuvre, employée à Pierrefonds à la même époque, est propre au bâtiment contemporain comme en témoignent les immeubles haussmanniens. « Pour ficher les pierres, on emploie un outil qu’on appelle fiche : c’est une lame dentelée, munie d’un manche de bois ; cette lame est plate ou coulée. On applique un plateau A de bois, armé de deux petites potences de fer C et de pattes B, au niveau du lit de la pierre à ficher, les pattes entrant dans ce lit. Un garçon met du mortier sur ce plateau, que le ficheur, avec sa truelle et sa fiche, introduit peu à peu sous le bloc […]. Alors, et après que ce mortier a acquis de la consistance, on le bourre au moyen du refouloir de fer. Il est bon de laisser 2/3 centimètres de vide sous le lit, le long du parement. On remplit ce vide, plus tard, en rejointoyant ; c’est le moyen de s’assurer que la pierre ne pose pas sur ses arêtes et qu’elle ne s’épaufrera pas sous la charge71. » La position de Viollet-le-Duc vis-à-vis du fichage n’est pas enthousiaste. Il semblerait qu’il n’ait pas trouvé la formule idéale entre la mise en œuvre à bain de mortier, selon lui préférable pour la qualité de l’agrégation de maçonneries, et celle à fichage, favorisant quant à elle une mise en œuvre rapide d’assises à niveau et à joints réguliers.
Fig. 4 : Clermont-Ferrand, cathédrale, terrasse nord de la nef, joint de limaille.

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Fig. 5 : Clermont-Ferrand, cathédrale, cale pour fichage.

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19L’usage du plomb [Fig. 6] pour liaisonner les réseaux des baies de la façade occidentale, notamment à hauteur du triforium de la rose, est quant à lui beaucoup plus traditionnel. Le procédé, très répandu à la période rayonnante (Saint-Denis, Amiens, Beauvais et les roses du transept de Clermont72) ainsi que pour les travaux des monuments historiques – voir les roses de Montréal (Yonne73) restaurées par Viollet-le-Duc ou celle du bras sud du transept de la cathédrale de Chartres déposée puis remontée à neuf par Boeswillwald74 – a pour intérêt d’isoler de manière pérenne les baies des infiltrations et de permettre l’absorption d’éventuelles contraintes ou cisaillements75. Viollet-le-Duc reproduit donc une technique médiévale quelque peu tombée en désuétude et qu’il revigore comme l’art de la plomberie dans son ensemble.
Fig. 6 : Clermont-Ferrand, cathédrale, rose de la façade occidentale, joint au plomb.

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20Le plomb fut également employé pour le scellement des pièces métalliques mises en œuvre. Ces dernières sont multiples. Les serruriers façonnent et livrent des crampons de cuivre et des agrafes de fer pour les balustrades, des tirants et des ancres pour armer le dessous et le dessus de la rosace, des « barrettes en fer » – barlotières – pour les baies76. Le fer est cependant rejeté pour la charpente au profit de la brique. En 1874, Viollet-le-Duc proposa le changement complet de la charpente médiévale dont les fermes étaient pourries. Plutôt que de recourir à une charpente en bois, trop coûteuse, il élabora un système composé de fermes en brique rigidifiées par des tirants implantés à la hauteur des sommiers ([Fig. 777]. Dans l’abside il rétablit une charpente en bois en remployant les morceaux en bon état de la charpente antérieure et, certainement, des éléments d’échafaudage. C’est ainsi tout du moins qu’il procéda dans de nombreux chantiers dont celui de Semur-en-Auxois est le plus représentatif en la matière78.
Fig. 7 : Clermont-Ferrand, cathédrale, formes en brique de la charpente.

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21On sent ici un architecte qui hésite entre l’innovation de la charpente métallique adoptée par ailleurs à Saint-Denis par Debret, à Chartres par Lassus ou à Pierrefonds par lui-même, et des matériaux traditionnels auxquels il revint d’ailleurs, à la fin de sa vie, pour la cathédrale de Lausanne79. D’une manière générale cette hésitation entre le bois et le fer se traduit chez Viollet-le-Duc par le recours à une structure hybride inspirée du système Polonceau80 à ferme de bois et entrait métallique. Les charpentes de Sens (Palais synodal), Aillant-sur-Tholon (église), Beaune (collégiale) et Saint-Denis-de-L’Estrée (église) en témoignent. Toutefois, à Clermont, en rejetant totalement l’usage du bois pour la nef, Viollet-le-Duc pousse plus loin la réflexion économique tout en s’avérant particulièrement novateur : ce parti à brique et fer annonce en effet les structures en béton érigées après la Première Guerre mondiale pour les cathédrales de Picardie et de Champagne81.
L’économie du chantier
22Le prix des matériaux augmenta durant toute la durée du chantier, principalement en 1854 et en 1862. « La valeur des matériaux a subi des différences, mais moins sensibles, les prix de 50 et 54 francs pour la lave de Volvic sont encore bons et peuvent être maintenus. La chaux varie entre 13,50 francs et 14,50 francs le mètre cube suivant le plus ou moins d’activité dans les travaux. Le sable de rivière vaut 5 francs, mais cela tient en ce que, après une sècheresse de huit mois [1862] les ruisseaux n’ont pas charrié. La pouzzolane de Gravenoire a gagné 0,25 à 3,25 au lieu de 3 francs. Le moellon volcanique vaut maintenant 3 francs et 3,25 francs au lieu de 2,20 francs […]. Les fers ont baissé et valent à Clermont suivant les catégories 28, 32, 36, 40 et 44 les 100 Kg82. » En 1865 Viollet-le-Duc explique que la pierre de Volvic « a augmenté d’un cinquième par suite de la grève des ouvriers carriers, aux prétentions desquels dans un moment de presse sur les travaux du chemin de fer, on a cru devoir céder83. » Entre 1850 et 1865 le prix du moellon est passé de 10 à 10,70 francs. En 1874, lors de la soumission de l’entrepreneur Dauzat pour l’achèvement de la maçonnerie des beffrois, celui-ci demande une augmentation en raison de celle de la main-d’œuvre et du transport. Viollet-le-Duc estime et appuie cette demande en déclarant : « Il y a douze ans que l’adjudication des ouvrages de maçonnerie a été passée au projet de Mr Dauzat, il n’est pas surprenant que le prix de la pierre de taille, depuis cette époque, ait subi une augmentation et je dois ajouter que cette augmentation serait plus considérable si d’après mes conseils, l’entrepreneur n’avait pas acquis une des bonnes carrières de Volvic. Je l’ai engagé à acquérir cette carrière en présence des exigences croissantes des carriers depuis cinq ans, c’est-à-dire depuis l’établissement des lignes de chemin de fer importantes dans cette région84. » Cette percolation entre travaux publics et entreprises des Monuments historiques au détriment des secondes est constante durant l’ensemble du xixe siècle. À Aillant-sur-Tholon et à Pierrefonds, Viollet-le-Duc justifie à plusieurs reprises la hausse du coût de la main-d’œuvre et des matériaux par l’intensité des travaux ferroviaires85. Ainsi, le prix de la pierre de taille pour la base des flèches s’élève de 81 à 84 francs le cube ; celui de la pierre de taille de la partie supérieure des flèches de 110 à 113,80 francs. En 1879, les entrepreneurs de maçonnerie et de charpente demandèrent une nouvelle augmentation des prix des ouvrages restant à faire. A. de Baudot expliqua qu’en raison des conditions exceptionnelles, il n’était pas possible de payer les travaux aux prix de 1866 et demanda l’acceptation de certaines modifications dans le sous-détail des prix. Elles furent reçues favorablement par le ministre86.
23Comme les matériaux, le paiement des ouvriers subit des augmentations au cours du chantier. Avant même l’ouverture de celui-ci, une première hausse s’imposa entre les séries de prix des années 1854 et 1862. Ces modifications résultèrent de la valeur croissante des denrées alimentaires et notamment du prix du blé sur le fondement duquel était calculée la rémunération du travail manuel. « S’il fut un temps où les journées pour les travaux de la cathédrale n’étaient payées que 3 francs, c’est que le septième de blé n’en valait que 30. Le blé vaut aujourd’hui 36 en moyenne et les cours se sont élevés pour les forts manœuvres à 2 francs, pour les maçons à 2,50 et 2,75, pour la première catégorie à 3 francs et 3,50 francs, pour les tailleurs de pierre à 3,50 et 4 francs, pour les menuisiers et serruriers à 3 francs, pour les charpentiers à 4 francs, pour les plâtriers peintres à 3,5087. » Durant les mêmes années un tailleur de pierre était rémunéré 4,84 francs à Pierrefonds, un maçon 4,24, un bardeur 3,03 soit en moyenne plus d’un franc de différence témoignant ainsi d’une main-d’œuvre plus abordable pour l’État en province bien que paradoxalement beaucoup plus rare. En 1874, une nouvelle augmentation de la main-d’œuvre entraîna une hausse des prix de la soumission de Dauzat pour la maçonnerie. À cela s’ajouta une spécificité de « statut » pour les ouvriers travaillant pour l’entreprise de couverture. Celle-ci fit appel à ses propres ouvriers qu’elle fit venir de Paris à Clermont-Ferrand faute de main-d’œuvre qualifiée dans la région. Ainsi, en 1874, un sous-détail des prix de plomberie nous donne des indications sur le règlement de ces derniers. Le compagnon plombier qui gagne à Paris 0,60 franc de l’heure est payé 0,90 franc à Clermont en tenant compte des faux-frais, le garçon plombier touche 0,50 franc au lieu de 0,40 franc, le compagnon marteleur 0,65 franc au lieu de 0,55 franc88.
Une entreprise sociale
24Dans son Dictionnaire, Viollet-le-Duc insista sur la portée sociale des grands chantiers de restauration et de construction assurés par l’État : « Les travaux de restauration qui, au point de vue sérieux, pratique, appartiennent à notre temps, lui [l’architecte] feront honneur. Ils ont forcé les architectes à étendre leurs connaissances, à s’enquérir des moyens énergiques, expéditifs, sûrs ; à se mettre en rapports plus directs avec les ouvriers de bâtiments, à les instruire aussi, et à former des noyaux soit en province, soit à Paris, qui fournissent, à tout prendre, les meilleurs sujets, dans les grands chantiers. C’est grâce à ces travaux de restauration, que des industries importantes se sont relevées, que l’exécution des maçonneries est devenue plus soignée, que l’emploi des matériaux s’est répandu ; car les architectes chargés des travaux de restauration, souvent dans des villes ou villages ignorés, dépourvus de tout, ont dû s’enquérir de carrières, au besoin en faire rouvrir d’anciennes, former des ateliers. Loin de trouver toutes les ressources que fournissent les grands centres, ils ont dû en créer, façonner les ouvriers, établir des méthodes régulières, soit comme comptabilité, soit comme conduite de chantiers. C’est ainsi que des matériaux qui étaient inexploités ont été mis dans la circulation ; que des méthodes régulières se sont répandues dans des départements qui n’en possédaient pas ; que des centres d’ouvriers devenus capables ont fourni des sujets dans un rayon étendu ; que l’habitude de résoudre des difficultés de construction s’est introduite au milieu de populations sachant à peine élever les maisons les plus simples89. » Le chantier de restauration, outre de donner du travail à des hommes éloignés de tout centre économique dynamique, propose ainsi une formation en s’imposant, pour les inspecteurs comme pour les entrepreneurs, comme la seule école pratique d’architecture90.
25Le chantier de Clermont répond parfaitement à cette vision sociale et culturelle. L’esprit des hommes était d’ailleurs en harmonie avec la pensée de Viollet-le-Duc. Plus qu’à Vézelay – où des tuileries sont réouvertes – plus qu’à Notre-Dame de Paris où Mérimée revendique du bout des lèvres l’usage du chantier comme source d’emplois amortissant la misère, à Clermont, le souci social fut clairement exprimé et de manière répétitive.
26Dès 1851, alors que le chantier de la construction est stoppé à hauteur des fondations, A. Mallay écrivit au préfet. « Je ne puis ouvrir ce chantier qui occuperait un grand nombre de tailleurs de pierre du pays pendant l’hiver, sans que le projet soit approuvé […]. [Les autorités] insisteront pour une prompte décision dans un intérêt réel de tranquillité publique91. » La même année il rappela que les grands chantiers sont à l’origine du profit, de la paix et de la promotion sociale : « […] il n’est pas inutile de faire ressortir aux yeux des indifférents, les avantages matériels d’une semblable entreprise. […] Employée tout entière d’une manière directe au bénéfice de la classe ouvrière concentrée à Clermont, la somme […] sera divisée entre les fabricants de chaux, les exploitants de carrières de moëllon, de pouzzolane, de pierre de taille, les propriétaires de bois, les verreries et les forges. Cette somme comme la première profitera uniquement aux ouvriers des diverses localités. […] Je n’ai pas besoin à l’appui de mon opinion de faire sentir, je ne dirai pas la nécessité, mais le devoir pour ceux qui vivent de leur labeur, les moyens de se faire une position en travaillant ; tous les hommes de bon sens et de bonne foi savent que le travail moralise et que le moyen le plus efficace d’éviter les tempêtes sans nul doute, le naufrage, peut-être, [les révolutions de 1830 et, surtout, de 1848 sont encore vives dans les mémoires] c’est que chacun puisse vivre honorablement dans la position où Dieu l’a placée et puisse tendre, par un travail soutenu par l’ordre et l’économie, à une position meilleure, sinon pour lui, du moins pour ses enfants92. » En 1870, en pleine défaite, soucieux du maintien de l’ordre, É. Mallay écrivit au préfet : « L’architecte directeur des travaux de la cathédrale de Clermont, M. Viollet-le-Duc, est retenu à Paris pour les travaux de défense de la capitale. Il ne peut s’occuper de la position des ouvriers. Il est de mon devoir, en ma qualité d’architecte adjoint, de vous faire connaître la situation en vous priant d’employer auprès de Monsieur le Ministre de la Justice et des Cultes, votre puissante intervention pour prévenir les dangers que pourrait entraîner la cessation des travaux. L’ouvrage manque aux ouvriers ; tous ceux qui peuvent porter les armes sont partis pour défendre le sol de la patrie ; seuls les hommes qui resteront et de nombreuses familles sont exposés à se trouver sans ressources. […] Je viens vous demander, de vouloir bien solliciter l’ordonnancement d’un nouveau crédit de 40 000 francs qui permettent de faire des travaux utiles, indispensables, d’occuper une quarantaine au moins d’ouvriers et de sauver de nombreuses familles de la misère. Au lieu de donner des secours pour les faire vivre ou de les occuper sans résultat dans des ateliers de charité, on ferait un emploi avantageux des sommes dépensées en mettant à l’abri les travaux faits en continuant l’achèvement de notre belle cathédrale et surtout en venant en aide à la classe ouvrière93. » Le chantier, depuis tout temps, mais plus encore dans un empire animé d’une vigoureuse pensée saint-simonienne, était ainsi envisagé comme un moyen qui « remédierait de manière efficace aux misères de la classe ouvrière94 ».
27Autre souci de l’administration : la sécurité. Nous ne connaissons pas le nombre de blessés durant les travaux. Toutefois, les dispositions relatives à la sécurité furent pour la première fois abordées par Dauzat. Alors que l’État ne prévoyait aucun système d’aide aux victimes ou à leur famille, alors que Viollet-le-Duc assiégeait son administration pour recevoir quelques 200 ou 300 francs pour les ouvriers blessés de Vézelay, ou assurer la moitié du revenu des ouvriers blessés le temps de leur convalescence à Pierrefonds, la réalité des assurances fait son apparition sur le chantier de Clermont : « Monsieur l’architecte, La construction de la flèche nord, va arriver ces jours-ci à la hauteur pour recevoir la première partie du paratonnerre. À partir de cette hauteur le danger ne sera-t-il pas constant pour les ouvriers qu’y sont occupés journellement ; car nous sommes dans la saison des orages et les coups de vent qui peuvent les atteindre, il serait donc urgent de songer à prendre les précautions qui puissent les préserver de la foudre ou de tout autre accident en dehors des soins minutieux que j’apporte à ce travail. C’est avec cette pensée, Monsieur, que je viens vous demander quels sont les ordres que vous croirez devoir me transmettre pour parer aux accidents que je signale. Quant à moi j’ai songé à augmenter le chiffre de l’assurance du personnel occupé à ce travail. Je me suis renseigné auprès de la compagnie de sécurité générale, à laquelle sont associés tous mes ouvriers95. Elle me demande une nouvelle cotisation de cent cinquante francs par homme en assurant à la famille en cas de décès de l’un d’eux un capital de huit mille francs. Ce surcroît de garantie toute humanitaire que réclame ce travail aussi dangereux suppose donc une dépense de 150 francs par homme pour toute la durée du travail, et il importe de déterminer en cette circonstance si cette nouvelle charge n’incombe pas à l’administration96. » Ce à quoi ladite administration répondit par la négative. Tout au plus proposa-t-elle de disposer à la charge de l’État d’échafaudages supplémentaires97.
La geste du chantier
28En dépit d’importantes lacunes dans la documentation, plusieurs observations sont déductibles des réflexions produites plus haut. Le nombre des entrepreneurs est limité et autochtone. Seule l’entreprise Monduit, pour une raison liée à l’absence de savoir-faire en matière de couverture en plomb dans la région, est parisienne. De même nous pouvons mentionner les sculpteurs, notamment Ernest Coquereau, demeurant à Paris, 10 rue de Bagneux98. Les autres entrepreneurs sont clermontois. C’est notamment le cas des deux principaux : Dauzat et Pince, présents sur toute la durée du chantier. Cette longévité, ainsi que le recours à des entreprises auvergnates, conditionnent un rapport particulier au monument. Si aucun témoignage n’est parvenu pour Clermont, nous avons observé que le maintien d’une structure humaine invariable sur les chantiers de la Sainte-Chapelle et de Pierrefonds a engendré la création d’une mémoire collective et celle d’identités individuelles façonnées avec et au gré de la construction du monument. Il y a les artisans de la cathédrale et les autres. Aujourd’hui encore, les descendants de François, Louis et Francisque Geneste, tailleurs de pierre et appareilleurs à la cathédrale à partir de 1866, cultivent la mémoire de la participation de leurs ancêtres au chantier de la cathédrale99.
29Le contexte était favorable à la mise en valeur de l’artisan, valorisé pour son savoir-faire et ses capacités à le transmettre à travers les âges. En 1839, Agricol Perdiguier, menuisier et compagnon du Tour de France, fit paraître Le Livre du Compagnonnage, un ouvrage à vocation ethnographique sur les mœurs des différentes sociétés ouvrières initiatiques appelées Devoirs ou Compagnonnages100. George Sand s’enthousiasma pour cet ouvrage et relaya les idées de réforme sociale qu’il contient. Cette réaction généra une polémique politique que les écrivains comme Michelet, Sue, puis en 1850, Lamartine et Nerval soutinrent en écrivant respectivement Le Peuple, Le Juif errant et Le Tailleur de pierre de Saint-Point101. Le compagnon du Tour de France, et, à travers lui, l’ouvrier du bâtiment, devint le miroir du peuple détenteur de connaissances immémoriales, apte à se cultiver et à se moraliser. La figure de l’homme du bâtiment prit ainsi une place inédite dans le discours social102.
30Si l’information ne nous parvient pas de l’intérieur du chantier, en revanche, nous bénéficions d’un regard extérieur qui témoigne de l’impact de ces artisans sur les habitants de Clermont. L’artisan est dressé sur le pavois des héros. C’est du moins ce qu’il ressort d’une lettre adressée au ministre : « Qu’un homme dont on ne connaissait que la probité, un entrepreneur charpentier, a par son talent et son génie, élevé dans le vide à une hauteur de cent huit mètres, sans nul appui : un échafaudage qui a permis de bâtir les deux colonnes [flèches] conçues par M. Viollet-le-Duc dans l’architecture de notre belle cathédrale. Chose admirable, ce travail s’est effectué sans nul accident et a bravé pendant deux années les ouragans et les terribles tempêtes dont notre ville est bien souvent assaillie. Honneur à M. Pince Paul, à l’habile et hardi charpentier, pour lequel nous réclamons et implorons une récompense bien méritée103. » D’autres seront plus inspirés encore :
Points de morts à pleurer, point d’orphelins, de veuves,
D’un miracle si grand nous avons les preuves,
Et notre illustre sol,
De ce grand souvenir gardera la mémoire,
On trouvera ces mots gravés dans notre histoire,
Honneur à Pince Paul104.
31La mémoire du chantier s’écrit ainsi sous couvert d’une épopée aux couleurs romantiques. Ici encore, le parallèle avec Pierrefonds est bénéfique. Pour la restauration-construction de la forteresse, des hommes furent employés continûment pendant 25 ans. Les fils des chefs appareilleurs, bardeurs ou tailleurs de pierre succédèrent à leurs pères défunts dans leur fonction ainsi que Viollet-le-Duc fils à son père avant que la responsabilité du chantier n’échût à son gendre, Maurice Ouradou. L’histoire du château de Pierrefonds est ainsi une histoire de transmission et de famille. Pour les entrepreneurs comme pour les ouvriers, la construction de ce monument constitue un évènement majeur de leurs existences. Le monument n’existait pas, il fallait le faire surgir des ruines. Ces hommes évoluèrent par conséquent dans un monde plein d’histoire et un milieu dépouillé. En bâtissant, ils modelèrent leur propre espace – mental et physique – et édifièrent une identité individuelle autant qu’une mémoire collective. C’est en cela peut-être que le grand chantier est distinct des entreprises de petite envergure. Rassemblés et monopolisés sur le long temps, les hommes – à Pierrefonds comme à Clermont – pénètrent doucement l’œuvre produite et finissent, sinon par s’identifier, tout du moins par s’assimiler aux monuments bâtis.
32Après les vœux d’une enquête historique au cœur du chantier de construction et de restauration – formulés à l’occasion du précédent volet de cette rencontre105 – le présent article apporte quelques résultats concrets. Ils ne sauraient toutefois être d’intérêt qu’à la faveur de comparaisons plus étoffées et de recherches plus minutieuses. Si les comparaisons sont encore largement tributaires d’études à venir sur les chantiers viollet-le-duciens106, en revanche, plusieurs investigations devraient être entreprises au fil des archives traitant du chantier clermontois.
33Parmi celles-ci le rapport entre la ville et le monument en construction doit être évalué. Ce chantier rassemble un petit groupe d’hommes dont la grande majorité, à l’exception des plombiers et des sculpteurs, est autochtone, dévoilant ainsi une entreprise économique et sociale régionale. Aussi faut-il localiser les entrepreneurs dans la ville afin de définir, à l’instar de Florence Bourillon pour le Paris haussmannien107 et de S.-D. Daussy pour le chantier de la cathédrale d’Amiens108, la topographie de l’artisanat d’art et ainsi répondre à plusieurs questions : les artisans sont-ils localisés à proximité immédiate du chantier ? Le chantier innerve-t-il une économie artisanale et a-t-il façonné la constitution de quartiers spécialisés ?
34Dans l’attente de cette approche externe du chantier, son introspection permet d’observer une structure où s’équilibrent le recours à un savoir-faire traditionnel, l’emploi de matériaux locaux et une mécanisation partielle agrémentée de quelques apports contemporains (boucharde, fichage, ferme en brique). Se dévoile ainsi une production viollet-le-ducienne qui s’entend comme un trait d’union entre le passé et le présent, comme un compromis entre l’ampleur théorique et les contingences économiques propres à tout chantier. À cet égard, celui de Clermont supporte la comparaison avec Pierrefonds ou avec ceux menés en Bourgogne. Il ne saurait toutefois manquer d’originalité. À Clermont s’affirme par de multiples voix – Architecte, Inspecteur, Entrepreneurs – un nouveau rapport entre l’homme et son contexte de production dont les dangers sont clairement identifiés et évalués. La correspondance parvenue sous les signatures de Dauzat et d’É. Mallay permet en effet de mieux apprécier une part des réflexions et des dispositions parfois trop rapidement attribuées au seul architecte, notamment en termes de sécurité. Globalement Viollet-le-Duc apparaît moins omnipotent qu’il fut parfois, en Bourgogne notamment. À Clermont il semble souvent dans le dialogue et visiblement attentif aux opinions de ses collaborateurs autant qu’à la défense des entrepreneurs.
35L’apport d’une investigation matérielle, économique et sociale du chantier viollet-le-ducien va ainsi au-delà des constats contextuels. Ce type d’enquête permet de dessiner progressivement le portrait d’un architecte méconnu. Si le théoricien a largement été sollicité par les historiens et les historiens de l’art, le praticien, en dépit de récentes biographies, est quant à lui largement dans l’ombre. Ce constat, pour un architecte, est dommageable ; pour Viollet-le-Duc, il est inattendu. Espérons que la multiplication des investigations monographiques dévoilera l’homme de chantier.
Notes de bas de page
1Cette étude complète l’article publié dans la monographie collective de la cathédrale de Clermont : Arnaud Timbert, « Les artisans, matériaux et techniques du xixe siècle », in Clermont. L’âme de l’Auvergne, Bernard Dompnier, Vincent Flauraud, Jean-François Luneau et Bruno Phalip (dir.), Strasbourg, La Nuée Bleue, coll. « La grâce d’une cathédrale », 2014, p. 125-130.
2Marie-France Cussinet, « Cinquante ans d’architecture religieuse à Clermont-Ferrand », in L’architecture religieuse au xixe siècle, Bruno Foucart et Françoise Hamon (dir.), Paris, Presses de l’Université Paris Sorbonne, 2006, p. 143-155.
3Marie-France Cussinet, « Construction et achèvement : les cathédrales de Moulins et de Clermont-Ferrand », Viollet-le-Duc et la cathédrale idéale, no spé. Art Sacré, no 23, 2007, p. 33-45. Viollet-le-Duc en Auvergne, cat. expo., Clermont-Ferrand, Musée Bargoin, 1979, p. 39-42. Marie-Laure Hallopeau, « Clermont-Ferrand : la façade de la cathédrale », Viollet-le-Duc, cat. expo., Grand Palais, Paris, RMN, 1980, p. 186-187. G. Magni, La Façade occidentale de la cathédrale de Clermont-Ferrand, mém. maîtrise, univ. de Fribourg, 2003. Nicolas Navarro, Les matériaux dans le chantier d’achèvement de la cathédrale de Clermont, mémo. master I, 4e année, dir. Isabelle Pallot-Frossard, Arnaud Timbert, 2008, 2 vol. Du même : « Les matériaux de Viollet-le-Duc dans le chantier de la cathédrale de Clermont-Ferrand », in Matériaux et techniques de construction chez Viollet-le-Duc, Actes du IIe colloque international de Pierrefonds, 24-25 septembre 2010, Paris, Centre des Monuments nationaux, éd. du Patrimoine, coll. « Idées & Débats », 2014, p. 92-98.
4« Longtemps, trop longtemps, les publications d’histoire de l’art se sont limitées à des études morphologiques, à des considérations éthérées, comme si un édifice, fût-il aussi prestigieux qu’une grande cathédrale, n’était pas avant tout un bâtiment fait avec des matériaux, par des hommes » ; Odette Chapelot, « Compte rendu de : J. James, Chartres. Les constructeurs, Chartres, Société archéologique d’Eure-et-Loir, 1978 et 1979 », Annales, Économies, Sociétés, Civilisations, vol. 35, no 2, 1980, p. 303.
5Jean-Michel Leniaud, Les cathédrales au xixe siècle, Paris, Economica, 1993, p. 742.
6Françoise Ayçoberry, La restauration des églises en Auvergne au xixe siècle. Principes et applications, mém. DES, Univ. Clermont-Ferrand, dir. Gabriel Fournier, 1967. Voir dans ce volume Dominique Morel, « Notre-Dame-du-Port de Clermont et Saint-Nectaire au xixe siècle. La restauration de deux grandes églises de Basse-Auvergne entre documents d’archives et archéologie », p. 29-40 et Marie-Laure Bertolino, « La restauration des sculptures romanes au xixe siècle en Auvergne : les chapiteaux figurés du rond-point du chœur de Saint-Austremoine d’Issoire », p. 41-55.
7A. N., F19 4579, A. Mallay, Devis des travaux à faire pour la démolition des tours romanes qui menacent ruine et leur emploi dans les fondations de la partie à achever, 23 janvier 1850. Il se faisait par-là l’héritier d’un vieux dessein : M. T. Davis, « “Troys Portaulx et Deux Grosses Tours”: The Flamboyant Façade Project for the Cathedral of Clermont », Gesta, vol. 22, no 1, 1983, p. 67-83.
8A. D. du Puy-de-Dôme, 3 V 8. Lettre de E. Viollet-le-Duc au ministre de l’Instruction publique et des Cultes, 23 juin 1857. Lettre de A. Mallay au ministre de l’Instruction publique et des Cultes, 1er octobre 1857.
9A. N., F19 4579. Procès-verbal dressé le 21 octobre 1850 et constatant la pose de la première pierre placée pour l’achèvement de la cathédrale de Clermont.
10Michel Maupoix, « Le maître-autel de la cathédrale de Clermont : une création de Viollet-le-Duc pour l’Exposition Universelle de 1855 », Viollet-le-Duc et la cathédrale idéale, no spé. Art Sacré, no 23, 2007, p. 47-57.
11A. N., F19 4579. Lettre de E. Viollet-le-Duc au ministre de l’Instruction Publique et des Cultes, 26 janvier 1855 : « Monsieur le Ministre, J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser à la date du 22 janvier et par laquelle votre excellence veut bien me demander un avant-projet d’agrandissement et d’achèvement de la cathédrale de Clermont. Dans le but de remplir le plus promptement possible l’objet de la mission que votre Excellence daigne me confier, je pars ce soir pour Clermont. »
12Charles-Léopold Cormont, Voyage de leurs Majestés Impériales en Auvergne, Clermont-Ferrand, P. Kubler Lib., 1862, p. 11 sq.
13A. D. du Puy-de-Dôme, 3 V 8. Lettre du Garde des Sceaux au préfet du Puy-de-Dôme, 2 juin 1864.
14J.-M. Leniaud, Les cathédrales au xixe siècle, op. cit., p. 743.
15A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 39. Lettre de la 3e division des Beaux-Arts au maire d’Aigueperse, 26 décembre 1859.
16A. N., F19 7686. Lettre de E. Viollet-le-Duc au ministre des Cultes, 15 septembre 1864. É. Mallay remplace son père comme architecte diocésain à partir de 1883 avant d’être révoqué de cette fonction comme de celle d’Inspecteur des travaux en janvier 1891. A. N., F19 7686 : Lettre du préfet du Puy-de-Dôme au ministre des Cultes, 17 février 1891.
17A. D. du Puy-de-Dôme, 3 V 8. Arrêté de soumission pour l’adjudication des travaux de construction de la façade de la cathédrale de Clermont, 15 juillet 1865.
18A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Lettre de E. Viollet-le-Duc au préfet du Puy-de-Dôme, 16 mars 1866. « Monsieur le Ministre nous a autorisé à traiter à l’amiable pour la première partie des ouvrages, avec un entrepreneur accepté par moi. Il ne peut y avoir obstacle à rappeler les entrepreneurs qui ont été admis l’an dernier, à l’adjudication et à admettre celui d’entre eux qui accepterait la série des prix sans rabais, ainsi que le cahier des charges. En présence de la faiblesse des allocations annuellement prévues, de la durée de l’entreprise et des éventualités sur les prix de la main d’œuvre qui peuvent augmenter cette année par suite des grèves probables, aucun des entrepreneurs qui ensemble ont soumissionné les travaux l’an dernier ne consentent aujourd’hui à se charger de l’opération et à se munir d’équipages aux conditions de la série, ni même avec une légère augmentation sur les prix. Je ne pourrais donc en ce moment, monsieur le préfet, vous proposer des entrepreneurs de Paris. Les ayant appelés de nouveau ces jours derniers ils ne considèrent pas l’entreprise comme pouvant être soumissionnée par eux […]. »
19A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 39. Lettre du ministre des Cultes au préfet du Puy-de-Dôme, 31 mars 1869.
20Arnaud Timbert, Pierrefonds, cahiers et correspondances du chantier, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2017.
21A. N., F19 7686. A. Mallay et E. Viollet-le-Duc, Devis sommaire des travaux d’achèvement de la cathédrale de Clermont et de construction de la façade occidentale, 29 septembre 1859.
22Jean-Michel Leniaud, Viollet-le-Duc ou les délires du système, Paris, Mengès, 1994, p. 79.
237 juillet 1874 au 14 août 1875. A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Arrêté de nomination de E. Millet, 7 juillet 1874.
24A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Arrêté de nomination de A. de Baudot, 14 août 1875. Sur ce dernier : Françoise Boudon, « Recherche sur la pensée et l’œuvre d’Anatole de Baudot (1834-1915) », Architecture, mouvement, continuité, no 28, mars 1973, p. 43-48.
25A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Lettre de A. de Baudot au préfet du Puy-de-Dôme, 18 avril 1884.
26A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Lettre de A. de Baudot au préfet du Puy-de-Dôme, 26 décembre 1887.
27A. N., F19 7686. Lettre de A. de Baudot au ministre des Cultes, 23 janvier 1891.
28A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Cathédrale de Clermont. Construction de la façade et des tours. Cahier des charges générales applicables à l’exécution des travaux de diverses natures de cette construction, 20 mars 1865 : art. 6.
29A. N., F19 7685. Lettre du préfet au ministre des Cultes, 4 mai 1866.
30A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 78. Maçonnerie des travaux exécutés à la cathédrale de Clermont en vertu de l’adjudication passée le 24 septembre 1849.
31A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Soumission de l’entreprise de charpenterie Paul Pince, 30 avril 1866 ; 18 juin 1870 ; 21 août 1874 ; 7 avril 1880.
32A. N., F19 7685. Lettre de E. Viollet-le-Duc au Garde des Sceaux, 23 avril 1870.
33A. N., F19 7685. Lettre du Ministre, 31 mai 1870.
34A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Soumission du sculpteur Mathias Jacobs, 18 juin 1870.
35A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Soumission du sculpteur Alfred Anciaux, 18 juin 1870.
36A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Soumission du sculpteur Alfred Anciaux, 3 avril 1868.
37A. N., F19 7685. Note de contrôle. Sur la proposition de M. Viollet-le-Duc relative aux travaux de sculpture, Paris, 26 septembre 1867.
38Viollet-le-Duc, cat. expo., Paris, RMN, 1980, p. 406. Pour complément, voir dans le présent volume la contribution d’Amélie Duntze-Ouvry et Jean-Francois Luneau, « Les artistes de Viollet-le-Duc », p. 207-226.
39A. N., F19 7685. Lettre de Viollet-le-Duc au ministre des Cultes, 1873.
40A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Soumission de l’entreprise de serrurerie Laval & Ameil, 3 septembre 1873.
41A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Soumission de l’entreprise de menuiserie Pradel, 3 septembre 1873.
42A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Soumission de l’entreprise de peinture Alexandre Jacquetti, 17 octobre 1873.
43A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Soumission de l’entreprise Choupineau & Gaudin, 2 septembre 1873.
44A. N., F19 7685. Lettre de Viollet-le-Duc au ministre des Cultes, 2 février 1874.
45A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Soumission de Monduit-Gaget & Cie, 2 février 1874. Robert Dulau, Dorothea Kaiser. L’Atelier Monduit. Une collection d’ornements d’architecture, Paris, CMN, 2011. Pour complément, voir dans le présent volume la contribution de Stéphanie Diane Daussy, « La toiture en plomb de la cathédrale de Clermont. Mise en œuvre et transmission du geste », p. 187-205.
46A. N., F19 7685. Lettre de Viollet-le-Duc, 18 mai 1874.
47A. N., F19 7685. Devis pour l’achèvement des tours, A. de Baudot, 23 juin 1886.
48A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Soumission de l’entreprise de serrurerie Ameil, 25 juillet 1882.
49A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Soumission du sculpteur Ernest Coquereau, 22 novembre 1882. A. N., F19 7685. Lettre de A. de Baudot au préfet du Puy-de-Dôme, 28 novembre 1882.
50A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Soumission de l’entreprise de vitrerie Félix Gaudin, 10 février. A. N., F19 7685. Lettre de soumission des travaux de vitrerie, A. de Baudot, 28 février 1887. Pour complément : Jean-François Luneau, Félix Gaudin, peintre-verrier et mosaïste 1851-1930, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2006. Pour complément, dans ce volume, du même auteur : « Restaurer au xixe siècle : le cas des vitraux de l’église Notre-Dame du Port », p. 97-107.
51A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Soumission pour l’achèvement des travaux de la façade, 17 juin 1902. A. N., F19 7686. Achèvement des travaux de la façade, 24 mars 1903. Sont alors réalisés : le perron de la cathédrale, le pavage, la pose des grilles, la disposition des vitraux, la réalisation de l’asphalte sur les trottoirs, les conduites de charbon, la pose de la porte en fer à l’extérieur près du perron, le retrait des briques de remplissage, la vitrerie des baies de l’ancienne agence et l’achèvement de la toiture en plomb entre les deux tours.
52A. N., F19 7685. Ministère de l’Instruction publique et des Cultes, Circulaire no 59, Paris, 15 avril 1850, le directeur général de l’Administration des Cultes, E. Dumiez. Pièce jointe : Modèle de cahier des charges générales, art. 48.
53A. D. du Puy-de-Dôme, 3 V 8. Édifices diocésains. Cahier des charges pour l’exécution des travaux de construction et de répartition des édifices diocésains. Annexe à la circulaire du 21 décembre 1857, no 90, titre II, art. 20.
54A. N., F19 7685. Voir les multiples rapports de A. Mallay à ce sujet.
55Arch. dioc. Clermont : 7 L 2. Lettre de Dauzat à E. Viollet-le-Duc, 7 juillet 1867.
56Arch. dioc. Clermont : 7 L 2. Lettre de Dauzat à E. Viollet-le-Duc, 21 mars 1868.
57Arch. dioc. Clermont : 7 L 2. Lettre de Dauzat à E. Viollet-le-Duc, 13 mars 1868.
58Nous sommes enfin en droit d’imaginer une colonisation des espaces internes. Comme ce fut par exemple le cas à la cathédrale de Sens ou à la collégiale de Montréal, des travées de bas-côtés ou des chapelles latérales ont certainement été provisoirement cloisonnées pour servir d’atelier ou de réserve. Arnaud Timbert, Restaurer et bâtir. Viollet-le-Duc en Bourgogne, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Architecture & Urbanisme », 2013, p. 89-94.
59Yves Connier, Marc Prival, Volvic : une pierre et des hommes, Nonette, éd. Créer, 2008.
60Une partie de la roche est extraite à ciel ouvert à proximité de la zone de captage des eaux de Volvic. L’extraction s’effectue sous la partie scoriacée, dans la coulée supérieure, la dernière émise par le volcan.
61Arch. dioc. Clermont : 7 L 2. Lettre de Dauzat à E. Viollet-le-Duc, 7 juillet 1867.
62A. D. du Puy-de-Dôme, T 231. Lettre de Viollet-le-Duc, 29 juillet 1874.
63A. N., F19 4544. Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, Prosper Mérimée, Instructions pour la conservation, l’entretien et la restauration des édifices diocésains, et particulièrement des cathédrales, Paris, 1849, art. 40.
64Jean-Michel Leniaud, Les cathédrales au xixe siècle, op. cit., p. 733-734.
65A. N., F19 4579. L. Ledru, Cahier des charges des travaux en grosses réparations à faire dans la cathédrale de Clermont-Ferrand, 25 février 1844.
66A. N., F19 7683. Rapport de l’architecte diocésain sur les dépenses à faire en 1860, 5 octobre 1859.
67Jean-Claude Bessac, L’outillage traditionnel du tailleur de pierre de l’Antiquité à nos jours, Paris, Éditions du CNRS, 1993, p. 87-91.
68Arnaud Timbert, Restaurer et bâtir. Viollet-le-Duc en Bourgogne, op. cit., p. 128-129.
69Arnaud Timbert, « Formes, matériaux et techniques de construction à l’église Saint-Denis-de-L’Estrée d’E.-E. Viollet-le-Duc », in Bautechnik des Historismus. Van den Theorien über gotische Konstruktionen bis zu den Baustellen des 19. Jahrhunderts, Actes du colloque international de Zurich, 17-18 février 2011, Uta Hassler, Christoph Rauhut, Santiago Huerta (dir.), München, Hirmer, 2012, p. 249-261.
70A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 78. Maçonnerie des travaux exécutés à la cathédrale de Clermont en vertu de l’adjudication passée le 24 septembre 1849. A. N., F19 7683. A. Mallay, Cathédrale de Clermont. Devis estimatif des travaux d’entretien à exécuter en 1859, 24 septembre 1858.
71Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, « Fichage », in Dictionnaire raisonné de l’architecture française du xie au xvie siècle, Paris, Bance et Morel, t. V, 1861, p. 420-421.
72Mathien Tricoit, « Le Plomb dans la construction au Moyen Âge. Nouvelles observations sur le triforium de l’abbatiale de Saint-Denis », in L’Homme et la matière. L’emploi du plomb et du fer dans l’architecture gothique, Actes du colloque de Noyon, 16-17 novembre 2006, Paris, Picard, 2009, p. 149-158.
73Arnaud Timbert, Restaurer et bâtir. Viollet-le-Duc en Bourgogne, op. cit., p. 162-163.
74Patrice Calvel, « Restaurer la cathédrale de Chartres du xixe au xxie siècle », in Chartres. Construire et restaurer la cathédrale (xie-xxie siècles), Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Architecture & Urbanisme », 2014, p. 97-128.
75Arnaud Timbert, « L’Emploi du plomb et du support monolithique dans l’architecture gothique », in L’Homme et la matière. L’emploi du plomb et du fer dans l’architecture gothique, op. cit., p. 118.
76A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Décomptes des travaux de serrurerie, 1873 à 1875.
77Jean-Michel Leniaud, « Le grand chantier de Viollet-le-Duc », in Clermont. L’âme de l’Auvergne, Bernard Dompnier, Vincent Flauraud, Jean-François Luneau et Bruno Phalip (dir.), Strasbourg, La Nuée Bleue, coll. « La grâce d’une cathédrale », 2014, p. 109-123.
78Arnaud Timbert, Restaurer et bâtir. Viollet-le-Duc en Bourgogne, op. cit., p. 156-167.
79Jean-Michel Leniaud, « La cathédrale de Lausanne et Viollet-le-Duc », in La cathédrale de Lausanne. Monument européen, temple vaudois, Lausanne, La Bibliothèque des Arts, 2012, p. 271-276.
80Camille Polonceau, « Notice sur nouveau système de charpente en bois et fer », Revue Générale de l’architecture et des travaux publics, 1840, p. 27-32.
81Éric Pallot, « L’utilisation du béton dans la restauration des Monuments historiques », Monumental, no 16, mars 1997, p. 51-53.
82A. N., F19 7683. Rapport sur les augmentations de prix, 10 janvier 1862.
83A. N., F19 7686. Lettre de Viollet-le-Duc au ministre, 26 septembre 1865.
84A. N., F19 7685. Lettre de Viollet-le-Duc au ministre de l’Instruction Publique, des Cultes et des Beaux-Arts, 18 mai 1874.
85Francesca Lupo, Arnaud Timbert, « L’église Saint-Martin d’Aillant-sur-Tholon : œuvre d’E.-E. Viollet-le-Duc », in Naissance, transformations et pérennité : l’architecture gothique à Auxerre et dans sa région du xiie au xixe s., Actes de la Journée d’études d’Auxerre, 17 mai 2008, SFAY-IRHIS, Auxerre, SFAY, 2012, p. 99-109.
86A. N., F19 7685. Lettre au ministre, 17 février 1879.
87A. N., F19 7683. Rapport sur les augmentations de prix, 10 janvier 1862.
88A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Cathédrale de Clermont. Sous détail des prix de plomberie, 30 janvier 1874. E. Viollet-le-Duc.
89Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du xie au xvie siècle, Paris, Morel, t. VIII, 1866, art. « Restauration », p. 28.
90Arnaud Timbert, Restaurer et bâtir. Viollet-le-Duc en Bourgogne, op. cit., p. 223, pièce no 7.
91A. N., F19 4579. A. Mallay, Rapport, 16 octobre 1851.
92A. N., F19 7686. A. Mallay, Achèvement de la cathédrale de Clermont, 13 août 1851.
93A. D. du Puy-de-Dôme, 4 T 79. Lettre de l’architecte diocésain au préfet du Puy-de-Dôme, 15 octobre 1870. Le préfet, dans la session du conseil général de 1857, tient le même discours : « Attendu qu’il est de l’intérêt général et du devoir de tous de venir en aide à la classe ouvrière en lui procurant des travaux qui lui permettent de vivre honorablement, et que l’ouverture immédiate d’un chantier, qui doit donner en moyenne 52 000 francs de main d’œuvre annuellement et pendant dix ans serait une œuvre éminemment utile. » A. N., F19 7686. Conseil général, session 1857. Achèvement de la cathédrale de Clermont.
94A. N., F19 7682. Mallay, Devis descriptif, 29 octobre 1855.
95C’est sous la raison sociale « La Sécurité générale » que fut créée en 1865 une société anonyme, autorisée par décret impérial, destinée à résoudre le problème des accidents du travail né du développement de l’industrie ; elle avait pour objet d’assurer contre les accidents « provenant d’une cause violente, extérieure ou involontaire », et particulièrement contre les accidents de chemins de fer. En 1869, la responsabilité des patrons fut garantie par une filiale, la Responsabilité civile, société mutuelle qui fonctionna jusqu’en 1875, gérée par les services de la Sécurité générale ; les deux sociétés fusionnèrent en 1876 sous la raison sociale La Sécurité générale et Responsabilité civile réunies, société anonyme constituée sous le régime de la loi de 1867. Sur ces questions : Jean Bedour, Au fil de cent années, Soleil Accidents, 1865-1965, Paris, Soleil accidents, impr., 1966. Voir également les Arch. Nat. du Monde du Travail : 117 AQ. Isabelle Brot, Gersende Piernas, Répertoire de la Compagnie générale de réassurance, 2011.
96A. N., F19 7685. Lettre de A. Dauzat à A. de Baudot, 22 mai 1884.
97A. N., F19 7685. Gautier, vérificateur, 5 juin 1884.
98A. N., F19 7685. Lettre de A. de Baudot au préfet du Puy-de-Dôme, 28 novembre 1882.
99Pascal Guinard, « De la cathédrale jusqu’à Notre-Dame-du-Port en passant par de nombreux châteaux », La Montagne, 12 mars 2014.
100Agricol Perdiguier, Le Livre du compagnonnage, Paris, Pagnerre, 1841, rééd. Marseille, Laffitte, 1978.
101Jules Michelet, Le Peuple, Paris, Flammarion, rééd. 1974. Eugène Sue, Le Juif errant, Paris, Paulin, 1845. Alphonse de Lamartine, Le Tailleur de pierre de Saint-Point, Paris, 1851, rééd. Paris, Furne, 1882.
102Martine Watrelot, Le Rabot et la plume : le compagnonnage littéraire au temps du Romantisme populaire, thèse doct., Univ. Charles-de-Gaulle-Lille 3, dir. M. Hecquet, 2000, 2 vol.
103A. N., F19 7685. Pétition au Ministre de l’Instruction et des Cultes, s. d., 13 février 1886, date du cachet de réception.
104A. N., F19 7685. Les Flèches de la cathédrale de Clermont-Ferrand, strophes par Goust-Chevalier, vers 1886.
105Voir, dans ce volume, Arnaud Timbert, « L’étude du chantier de restauration. Le cas de la Bourgogne et de Viollet-le-Duc », p. 109-125.
106Voir notamment l’étude de Charlotte de Bergh, Eugène Viollet-le-Duc. Théorie et Pratiques ultime de la restauration (1874-1879), Mém. Master, Univ. Versailles-Saint-Quentin, ENSA-Versailles, dir. C. Bruant, 2013, 2 vol.
107Florence Bourillon, Les villes en France au xixe siècle, Paris, Ophrys, 1992. Jeanne Gaillard, Florence Bourillon, Jean-Luc Pinol, Paris. La ville 1852-1870, Paris-Montréal, L’Harmattan, 1997.
108Stéphanie-Diane Daussy, Sculpter à Amiens en 1500, Presses universitaires de Rennes, coll. « Art & Société », 2013.
Auteur
Arnaud Timbert est professeur d’Histoire de l’art du Moyen Âge à l’université de Picardie–Jules Verne, membre du Laboratoire TrAme UR 4284 et professeur associé de l’école doctorale SCUDO de l’université polytechnique de Turin. Sa recherche porte sur le chantier de construction aux xiie et xiiie siècles ainsi que sur les chantiers de restauration dirigés par Eugène Viollet-le-Duc.
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