Dialogues entre tailleurs de pierre
Dialogues between Stonemasons
p. 149-159
Résumés
Les parties anciennes et récentes de la cathédrale de Clermont font usage du même matériau, la lave de Volvic, qui confère une grande unité à l’édifice. Toutefois, l’examen de l’édifice et des vestiges qu’il recouvre fait apparaître des pratiques de taille de pierre qui diffèrent selon les époques, antiques, romanes, gothiques ou du xixe siècle.
The old and new parts of the Clermont cathedral make use of the same material, the Volvic lava, which gives a great unity to the building. However, the examination of the building and of the vestiges it covers reveals stone carve practices, techniques that differ depending on the era, ancient, Romanesque, Gothic or nineteenth century.
Entrées d’index
Mots-clés : histoire de l’art, tailleurs de pierre, cathédrale, Clermont-Ferrand, Antiquité, art roman, art gothique, XIXe siècle
Keywords : history of art, stonemasons, cathedral, Clermont-Ferrand, Antiquity, romanesque art, gothic art, 19th century
Texte intégral
Une présentation
1Il a été dit qu’elle était trop vieille, cette façade romane, fragile et prête à s’effondrer. Néanmoins, les dessins de Mallay, notamment, n’indiquent guère d’urgence. Les fissures sont mineures et le massif occidental épaule parfaitement la nef gothique inachevée1. Il s’agissait surtout d’élever à sa place une nouvelle façade, une image de la modernité, de la rationalité et de l’unité française. Il ne pouvait donc être question d’accepter un rapiéçage disparate d’où surgirait la haute toiture du début du xvie siècle. Et pourtant, rien ou quasiment rien, n’avait véritablement bougé. Elle n’était pas si affaiblie que cela cette façade à remplacer.
2Ainsi, pour l’essentiel, une trace du passage de chacun de ces tailleurs de pierre était restée visible, sur le pignon sud du bras du transept gothique, sur le mur-bahut en appui fenêtre du clair étage rayonnant, plus rarement sur les faces des quatre tours du transept, quelques fois au niveau du pignon nord de ce transept et, plus rarement encore, sur les parements des trumeaux parementés entre les fenêtres hautes du clair étage [Fig. 1].
Fig. 1 : Clermont-Ferrand, cathédrale, pignon du bras sud du transept, signatures de maçons.

© Bruno Phalip
3Cependant, une forme de culture commune est perceptible à la jonction entre les parties anciennes du milieu du xive siècle et celles bâties à l’extrême fin du xixe siècle. Là, au niveau des fenêtres hautes de la nef, l’aplomb des parties gothiques a été perdu, sans doute parce que les voûtes avaient trop poussé. Cette déformation avait d’ailleurs déjà été remarquée par Mallay en 1851. L’équilibre était rompu. Toutefois, la césure entre ces maçonneries autorise une meilleure perception de la façon de travailler des tailleurs de pierre [Fig. 2]. Toutes les pierres ou carreaux sont identiques, de même module, de mêmes dimensions ou proches. Il s’agit également des mêmes matériaux, les trachy-andésites, provenant de la même région (Volvic, Côtes de Clermont), et pourtant plusieurs détails ne s’accordent pas. La couleur des trachy-andésites se révèle être légèrement plus bleutée et violacée dans les nouveaux sites d’extraction, pour des laves de Volvic aux bulles emprisonnées, sans doute plus minces et en forme de lentilles écrasées [Fig. 3]. Mais ces nuances sont logiques puisqu’il ne peut s’agir ni des mêmes bancs d’extraction ni de coulées de lave identiques. C’est au niveau de la taille, de la façon de travailler, de manier les outils que se perçoivent les différences.
Fig. 2 : Clermont-Ferrand, cathédrale, mur gouttereau sud de la nef, liaison entre les parties datées du milieu du xive siècle (droite) et celles de la fin du xixe siècle (gauche).

© Bruno Phalip
Fig. 3 : Clermont-Ferrand, cathédrale, parties hautes de l’abside, carreaux du xixe siècle voisinant avec des carreaux du dernier quart du xiiie siècle.

© Bruno Phalip
Des signatures et des pratiques de taille antique
4Les outils ou les gestes se devinent. Néanmoins, les hommes manquent et les signes lapidaires sont rares, comme il va en être également question plus loin. Afin d’en repérer lors des différentes phases de remaniement et d’entretien, une enquête peut être menée afin d’enregistrer quelques temps ou séquences millésimés. Jean Dupré est le premier repéré en 1661. Il ouvre alors une longue lignée d’ouvriers qualifiés sortant de l’anonymat, en établissant eux-mêmes une sorte d’arbre de Jessé laïque, marqué par des noms d’artisans qui voient, réfléchissent, enregistrent, interprètent les manières précédentes de travailler et produisent à leur façon pour transmettre aussi la leur. Antoine Tounthieu suit en 1704, Michel Bousson en 1747, Guesseppe et Alvisetto vitriers, venant peut-être de Suisse, en 1780, ou Marien Montpeyroux en 1786. Le xixe siècle est représenté par Chatanier (?), maçon en 1843, Andreoli la même année, Jean Ollien d’Auquaire, maçon en 1846, Monginoux en 1875, Jules Laroy en 1879, ou encore Antonin Menaud, maçon en 1886. D’autres sont là qui ont patiemment gravé ou ciselé leurs noms sur les tables de plomb de la couverture. Tous sont là qui clament ou susurrent leurs noms, une poignée dans les parties hautes de la collégiale Notre-Dame-du-Port, quelques dizaines à la cathédrale, avec ou sans millésime [Fig. 4].
Fig. 4 : Clermont-Ferrand, cathédrale, pignon du bras sud du transept, signature de Jean Ollien, maçon d’Auquaire, 1846.

© Bruno Phalip
5Tous ont pu voir ou apercevoir les blocs antiques remployés dans les maçonneries des tours de la façade. De même, les ouvriers de la fin du xixe siècle et ceux du début du xxe siècle sont à même d’observer les blocs conservés dans la crypte de la cathédrale, en fondations ou dans la salle centrale. Chacun de ces blocs est susceptible de devenir un élément passerelle de savoirs techniques dont les traces visibles sont lisibles pour un tailleur de pierre. Ces remplois sont issus de murs en grand appareil régulier, assemblés à sec et liés entre eux par des agrafes et des tenons métalliques. Lorsqu’ils étaient destinés à être vus, une ultime étape de taille venait lisser les surfaces de parement pour faire disparaître toutes les traces du façonnage. Ces surfaces ne peuvent donc être interprétées. En revanche, l’examen d’autres blocs montre que la première étape de taille consistait en un équarrissage à la carrière, tout comme la seconde en un épannelage aux dimensions et gabarits souhaités. La troisième étape consistait à tailler précisément, en régularisant les modénatures, les faces de parement ou faces de pose et en ciselant les arêtes. Cependant, dans les faits, nous ignorons absolument tout du nombre de personnes ayant œuvré à chacun de ces blocs : des carriers sans doute, des apprentis peut-être, des ouvriers expérimentés sûrement, à moins qu’il ne s’agisse parfois d’une seule et même personne accompagnant le bloc à ses différentes étapes de transport et de mise en œuvre. Ces remplois présents à la cathédrale ne sont pas les seuls. Le seul examen extérieur de la collégiale Notre-Dame-du-Port révèle l’existence de plusieurs centaines de blocs remployés. D’autres sont visibles au mur des Sarrasins près de la place de Jaude à Clermont, à Mozac pour la tour-porche de l’église Saint-Pierre, ou encore au temple de Mercure, au sommet du puy de Dôme.
Des pratiques de taille « romanes »
6Comme cela a été rapidement rappelé, des ouvriers employés au dégagement de la crypte carolingienne ont été confrontés aux réalités médiévales maçonnées comblées et enfouies au moment de la construction du chevet gothique dans le dernier tiers du xiiie siècle. Parmi ces éléments, la vaste abside postcarolingienne, probablement construite par Étienne II, entre 942 et 980. Si ses parements de laves cassées au marteau têtu ne présentent pas un intérêt majeur, ces murs conservent les vestiges d’un dosseret de l’ancienne cathédrale. Celui-ci montre des carreaux en calcaire fin de moyen appareil parfaitement assisé, dont les joints sont rubanés. Chaque pierre fait l’objet d’une taille précise et soignée, régularisée, parfois en éventail, mais souvent avec la volonté de remplacer le marteau-taillant par un ciseau large produisant une taille fine organisée en minces bandeaux ou registres réguliers, avec des marques en chevron.
7Plus certainement, les ouvriers sont conduits à disserter sur les murs de la salle centrale de la crypte établie entre 980 et 1020. Cependant, contrairement au dosseret précédent, les pierres qui composent les parements ne montrent pas toujours de traces de taille. Effectivement, les trachytes ne conservent pas nécessairement ces traces de la meilleure des façons ; il en est de même de calcaires coquilliers et d’arkoses colorées à gros grains (blonds ou gris). Toutefois, les blocs d’arkoses à grains fins révèlent des traces ordonnées obliquement tout en étant réalisées au marteau-taillant. Il convient de remarquer d’assez nombreuses variations et l’existence de marques désordonnées signalant une absence de recherche de rationalisation de cette taille qui reste aléatoire dans l’économie du geste et l’orientation de la frappe. Seuls les blocs antiques, nombreux dans la moitié occidentale de la salle centrale de la crypte, montrent cette rationalité dans la production à laquelle s’ajoute la présence de ciselures ou liserés périmétriques soignés.
8Toutefois, en dépit du grand soin apporté au jointoiement (larges joints rubanés et lissés) des pierres de parement de cette salle, il est probable que les ouvriers affectés au dégagement de la crypte soient plutôt amenés à observer et raisonner en considérant les maçonneries « romanes ». Ces dernières datent de la fin du xie siècle et du début du xiie siècle. Au moment de la découverte et du réaménagement de la crypte, les dispositifs postcarolingiens sont repris et servent de fondations au chantier roman dont il subsiste les premières assises sous le pavement gothique. De plus, la façade romane existe encore, ainsi que les murs gouttereaux de la première travée occidentale de la nef, pourvue de bas-côtés et de tribunes ornées d’arcatures aveugles. Enfin, les maisons du quartier vont réutiliser une partie des matériaux romans à la suite de la destruction du massif occidental. Ouvriers et tailleurs de pierre peuvent alors observer à loisir les belles arkoses jaunes de la cathédrale romane, qui aident à la rationalisation de l’usage du marteau-taillant, avec cette tendance à la régularisation des gestes pour des outils dont la lame est visiblement très large et dont les mouvements impulsés sont généralement obliques et inclinés à 45° vis-à-vis de la surface à travailler. Autre point, l’usage de la polka est bien visible sur les faces de pose et faces de joints de chacun des blocs. Néanmoins, sauf pour la façade occidentale romane en cours de destruction, tout cela pouvait paraître fragmentaire et difficile à appréhender, contrairement à ce qui est immédiatement compréhensible à Notre-Dame-du-Port ou encore à Saint-Austremoine d’Issoire. Un dernier point doit être abordé à propos de ces parties romanes ; elles ne comportent aucun signe lapidaire, car leur usage est encore trop récent. Les plus anciens chantiers qui en possèdent sont l’église abbatiale Saint-Ménélée de Menat (63) et l’église prieurale de Saint-Étienne de Nevers (58), toutes les deux construites dans les dernières décennies du xie siècle.
Des signatures et des pratiques de taille « gothiques »
9Si le chantier roman est mal défini à la cathédrale de Clermont, le chevet reconstruit à partir du milieu du xiiie siècle est plus bavard, par une possible interprétation directe de la part des ouvriers qualifiés affectés à l’entretien et aux restaurations.
10Ces hommes, de 1704 à 1886, travaillent aux parties hautes du chevet gothique et piétinent les impressionnants tracés d’épure des terrasses de la cathédrale. Ces tracés témoignent d’une plus grande rationalité d’organisation dans le travail ; une rationalité qui se montre, qui est une évidence et fixe des règles dans la production. Désormais, le chantier est cadré, régenté et rien de son organisation ne peut être laissé au hasard. Ces épures sont le témoignage d’un système recherchant l’efficacité, certainement moins souple qu’auparavant et qui exige toujours plus. À observer trop rapidement les parements, les constats sont simples, mais trompeurs [Fig. 5]. Les plus anciens, qui datent du dernier quart du xiiie siècle, adoptent un système de proportions très reconnaissable, de un pour un et demi en règle générale, qui a peu évolué depuis le xiie siècle, en dépit d’assises légèrement plus hautes. Là aussi, l’anonymat règne et l’absence de signe lapidaire est remarquable. Ces carreaux en trachy-andésite possèdent des marques de taille surprenantes, aux sillons verticaux, finement peignés au marteau-taillant. Cependant, en progressant, les culées des arcs-boutants de la nef datent du milieu du xive siècle, tout en se signalant par la réapparition de signes lapidaires qui avaient disparu des parements entre les années 1200 et 1350. Alors que l’anonymat le plus total semblait bien s’être abattu sur les ateliers et les chantiers, des marques font de nouveau leur apparition ici [Fig. 6]. Ces marques sont peu nombreuses ; une poignée, à peine quatre ou cinq, alors même que les chantiers romans atteignaient largement quinze à vingt signes lapidaires pour des chantiers équivalents : Notre-Dame-du-Port à Clermont, Saint-Austremoine d’Issoire, Saint-Julien de Brioude, Notre-Dame-des-Fers à Orcival. Donc, non seulement la signature alphabétique, courante au xiie siècle, ne s’impose plus en adoptant des signes procédant de la figure géométrique, mais désormais le faible nombre règne. Précisément, ici, à la cathédrale, l’ensemble cumulé des signes correspondant à ces travées du milieu du xive siècle représente quelques dizaines de marques à peine, tandis que dans les grands chantiers romans, ce sont plusieurs centaines de marques que l’on peut comptabiliser pour des surfaces parementées équivalentes en nombre de travées : Notre-Dame-du-Port à Clermont, Notre-Dame-des-Fers à Orcival. Une nette différence qu’il faut expliquer. Au contraire des chantiers romans, à la cathédrale, la nudité des parements l’emporte.
Fig. 5 : Clermont-Ferrand, cathédrale, tour du transept sud, carreau de la fin du xixe siècle, taille « peignée » au marteau-taillant et ciselure périmétrique au ciseau.

© Bruno Phalip
Fig. 6 : Clermont-Ferrand, cathédrale, culée d’arc-boutant de la nef, milieu du xive siècle, signes lapidaires.

© Bruno Phalip
11En face de parement, pour ces murs gothiques, la taille est finement peignée, verticale et régulière. C’est une taille nerveuse, tendue, organisée en bandeaux difficiles à lire ; quatre ou cinq registres ou bandeaux horizontaux finement taillés à partir de quatre ou cinq cents impacts. À l’inverse, les carreaux des parements romans ne comptent que quelques dizaines d’impacts pour une surface à peu près équivalente, en l’absence de ciselure périmétrique. Ces premiers constats sont donc à interroger, puisque les signes lapidaires sont maintenant rares ou inexistants, alors même que les impacts de taille sont bien plus nombreux qu’à la période précédente où les marques étaient très nombreuses. Toutes proportions gardées, il faudrait ainsi mettre en rapport des mondes que l’on qualifiera de « romans » par leurs technologies, au xiie siècle, pour des chantiers bien pourvus en hommes, nombreux, aux gestes lents et amples, qui lèvent leurs outils assez hauts (une trentaine de centimètres), pour une frappe qui garde un niveau d’imprécision, en dépit d’un geste régularisé. Ces technologies doivent être mises en rapport avec celles des mondes « gothiques », au xiiie siècle. Nous aurions affaire alors à des ouvriers qualifiés, anonymes, moins nombreux, aux gestes vifs et courts, dont la frappe est plus précise, en levant un outil, plus léger, sur une quinzaine de centimètres seulement. En somme, si le monde des technologies « romanes » sait produire en masse, de manière extensive, le monde des technologies « gothiques » sait produire rapidement, de manière intensive, avec des productivités accrues ne laissant quasiment plus de place au signe lapidaire.
12Et tout cela reste vrai en plein xve siècle, car les signes lapidaires ne sont pas plus nombreux en cette fin du Moyen Âge pour les parties subsistantes : chapelle ouest du bas-côté sud, piles sud-ouest de la nef [Fig. 7]. En comparant la situation perceptible au milieu du xive siècle, les signes lapidaires ne sont pas plus nombreux. Une poignée de signes est repérée, ce qui ne permet pas de comptabiliser plus de quelques dizaines de signes en totalité. Cela se vérifie au château de Ravel, dans les années 1300, où il existe moins d’une demi-douzaine de signes en chiffres romains de 1 à 52. Mais, c’est également vrai à Notre-Dame-de-Prospérité de Montferrand, dans les années 1400-1550, où les signes ressemblent à de petits fagots de bâtonnets.
Fig. 7 : Clermont-Ferrand, cathédrale, face est d’une pile de la première travée sud du bas-côté de la nef bâtie au xve siècle.

© Bruno Phalip
Des signatures et des pratiques de taille « gothiques » au xixe siècle
13Au moment de l’achèvement de la cathédrale, grâce à la construction de ces deux tours de façade, les techniques de taille sont comparables à celles ayant cours de la fin du xiiie siècle au xve siècle. Viollet-le-Duc a voulu lire l’usage de la bretture sur les parements médiévaux de la cathédrale, mais cela ne s’avère pas exact. Jean-Claude Bessac reprend néanmoins cette affirmation, tout en avertissant les observateurs de la difficulté de repérer une taille « patentée3 ». Effectivement, la patente devrait laisser des traces similaires à celle de la boucharde, puisque les limites externes de sa tête quadrangulaire devraient marquer la surface taillée et se lire en parement. Bien au contraire, dans les parties construites, restaurées ou achevées au xixe siècle, ce sont de fines lignes serrées en continu, sans qu’aucune trace annexe ne vienne bousculer cette pluie de traits réguliers4. Nous sommes ici dans la pleine maîtrise de la taille ; une maîtrise qui annonce un nouveau seuil technologique et la future mécanisation au pneumatique [Fig. 8]. Ici, dans ce chantier d’achèvement de la cathédrale, c’est à peine si on peut percevoir quelques rattrapages à la boucharde, dont on peut compter les pointes de la tête, 36 en moyenne.
Fig. 8 : Clermont-Ferrand, cathédrale, parements sud de la tour sud de la façade occidentale, taille « peignée » de la fin du xixe siècle.

© Bruno Phalip
14En somme, par le biais de ce type de taille, nous sommes dans l’industrie, dans la série et en dépit de cet anonymat généralisé, des signatures sont gravées, notamment sur le mur pignon du transept sud. Désormais, les noms sont complets, associés à un millésime et parfois à une qualification, comme cela a pu se faire dans le cadre d’étapes du compagnonnage au Pont du Gard ou encore à Saint-Gilles du Gard pour son escalier. Cela témoigne des possibilités et volontés de transmission de savoirs, de fiertés d’établir des perméabilités et des porosités d’une génération à l’autre. Néanmoins, cette pratique n’ira guère au-delà de l’extrême fin du xixe siècle. Si un courant existe au xixe siècle consistant à signer de nouveau les pierres d’une initiale (façade bourgeoise en trachy-andésite de Clermont), il ne se pratique plus passées les années 1900.
Notes de bas de page
1Pascale Chevalier et alii, Clermont-Ferrand, cathédrale et crypte, rapport de prospection thématique, 1999, SRA, DRAC Auvergne. Pascale Chevalier, Arlette Maquet et Bruno Phalip, Rapport intermédiaire de fouille programmée trisannuelle, Clermont-Ferrand, SRA, DRAC Auvergne, 2002. Pascale Chevalier, Arlette Maquet et Bruno Phalip, Crypte de la cathédrale de Clermont-Ferrand, Rapport intermédiaire de fouille programmée trisannuelle, SRA, DRAC Auvergne, 2003. Anne Courtillé, La cathédrale de Clermont, Nonette, Créer, 1994. Henry Du Ranquet, « Les fouilles du chevet de la cathédrale de Clermont », Bulletin monumental, 73, 1909, p. 311-316 ; Henry Du Ranquet, Notes sur la cathédrale d’Étienne II, Clermont-Ferrand, impr. G. Delaunay, 1930. Aymon Mallay, « De quelques découvertes faites ces derniers temps à la cathédrale de Clermont », La semaine religieuse de Clermont, 2e année, n° 20, 30 octobre 1869, p. 307-311 ; Émile Mallay, Mémoire sur les constructions civiles, militaires et religieuses de la partie de la province d’Auvergne limitée au département du Puy-de-Dôme, Clermont-Communauté, Bibliothèque du patrimoine, Ms 827, 1866, relevés, coupe et plans de la cathédrale. Bruno Phalip, Des terres médiévales en friche, Pour une étude des techniques de construction et des productions artistiques montagnardes. L’exemple de l’ancien diocèse de Clermont, HDR, 12 volumes, 2001, université Clermont-Ferrand II. Pierre-Marien Rossignol-Sujobert, La cathédrale de Clermont : constructions et restaurations, xe-xxe siècles, maîtrise, université Clermont-Ferrand II, 1999.
2Les signes sont présents sur la tour dotée de pierres à bosses ; une tour sur sept ; quelques dizaines de signes lapidaires pour la totalité.
3Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture en France du xie au xvie siècle, Paris, 1854-1868, 10 vol., t. 9, p. 4. Jean-Claude Bessac, L’outillage traditionnel du tailleur de pierre de l’Antiquité à nos jours, Paris, Éditions du CNRS, 1993, art. « Bretture », « Patente ». Nicolas Navarro, Les matériaux dans le chantier d’achèvement de la cathédrale de Clermont, mémoire de master 1, 4e année, dir. Isabelle Pallot-Frossard, Arnaud Timbert, 2 vol., 2008, et « Les matériaux de Viollet-le-Duc dans le chantier de la cathédrale de Clermont-Ferrand », in Matériaux et techniques de construction chez Viollet-le-Duc, Actes du IIe colloque international de Pierrefonds, 24-25 septembre 2010, Paris, Centre des Monuments nationaux, éd. du Patrimoine, coll. « Idées & Débats », 2014, p. 92-98.
4Nous avons longuement discuté avec des tailleurs de pierre de cet usage du marteau-taillant, comme de celui de la bretture et de la patente.
Auteur
Bruno Phalip est professeur d’histoire de l’architecture et d’archéologie du Moyen Âge à l’Université Clermont Auvergne, membre du CHEC (EA 1001 – USR 3550). Ses recherches, comme ses publications, sont liées à l’analyse des chantiers de construction et de restauration des monuments du Moyen Âge. La part technologique, mais aussi les parts des hommes et des communautés, y sont prépondérantes dans leurs liens avec les sociétés considérées.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
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