L’admiration du modèle britannique, un idéal politique par procuration ? L’exemple des libéraux anglophiles sous le Second Empire
The admiration of model, a political achievement by proxy? The example of Anglophile liberals at the time of the Second Empire
p. 159-172
Résumés
Résumé : Forcés de se replier après des gains politiques importants durant la première moitié du xixe siècle, les libéraux français sont brusquement mis à l’écart de la vie publique à l’heure du coup d’État de 1851. Leur retour dans la compétition idéologique et électorale s’effectue au tournant des années 1860, pour lutter contre cet « Empire libéral » qui n’est pour la plupart d’entre eux qu’une façade. C’est en mobilisant des modèles de libéralisme à l’étranger, dont le Royaume-Uni est l’exemple le plus saisissant, que ces libéraux entendent prouver que le parlementarisme d’apparat proposé par Napoléon III ne peut offrir à lui seul l’ensemble des garanties et mœurs libérales que les Britanniques ont développées séculairement outre-Manche. Dans un combat rempli de nuances caractéristiques du libéralisme, les années 1860 sont celles de la prolongation des enjeux de pouvoir entre les différents « partis » issus de la Révolution, mais peut-être davantage encore, un moment de centralité des débats autour du modèle politique que la France contemporaine doit adopter.
Abstract: Forced to fall back after significant political gains during the first half of the 19th century, the French liberals were suddenly marginalized from politics when the coup d’État of 1851 began. Their come back into the ideological competition and the electoral process happened during the 1860s, to fight against this “Empire libéral” which was a trap in their opinion. By observing models of liberalism abroad, with the United Kingdom as a central example, these liberals intended to prove that the seeming parliamentarism proposed by Napoleon III cannot offer all the guarantees about liberties that the British people have developed for centuries. Because liberalism is plenty of nuances, the 1860s were a complex period of continuation of political fights between the various “parties” born after the Revolution, but even more, it was certainly a central moment for the debates concerning the political model that contemporary France had to adopt.
Entrées d’index
Mots-clés : libéralisme, libéraux, anglophilie, France, Royaume-Uni, époque contemporaine, XIXe siècle, Second Empire
Keywords : liberalism, liberals, anglophiles, France, United Kingdom, Victorian era, 19th century, Second Empire
Texte intégral
Des libéraux en marge, un modèle britannique
1Dès le coup d’État du 2 décembre 1851 acté outre-Manche, le ministre britannique des Affaires étrangères, Lord Palmerston, s’est empressé d’adresser ses félicitations à Louis-Napoléon Bonaparte au nom du Royaume-Uni, et ce malgré les fortes réticences conjointes de la reine et du Premier ministre qui provoquent très vite son renvoi. Pour le résident du Foreign Office, pourtant libéral, l’affaire était plutôt claire : mieux vaut une France stable sous régime autoritaire, plutôt qu’un pays aux tendances révolutionnaires et socialisantes qui déstabiliserait à nouveau l’Europe1. Dans cette perspective, difficile d’imaginer en quoi les libéraux français, grands perdants de l’avènement du Second Empire, ont pu concevoir dans le voisin britannique un modèle où puiser des principes politiques et civils2. À la lecture des publications d’Édouard Laboulaye, de Lucien-Anatole Prévost-Paradol ou encore d’Ernest Duvergier de Hauranne, le Royaume-Uni fut pourtant bien une source d’espoir, où penser un régime différent pour la France, où tout simplement observer un ailleurs libéral. Entendons-nous dès maintenant sur la définition toujours complexe des libéraux : nous parlons d’un ensemble de personnalités politiques ou civiles attachées à un ensemble d’idées comprises dans le « corpus libéral » formé et amendé depuis le xviiie siècle. Parce qu’il est lâche et perméable, le libéralisme peut aisément se mêler à d’autres cultures politiques ; il ne faut donc pas s’étonner de voir qu’à côté de libéraux « authentiques » comme Laboulaye ou Léon Say, nous pourrons retrouver des libéraux orléanistes tels Dupont-White ou de Broglie, et bien sûr les libéraux républicains comme Jules Simon et Jules Ferry. Ce qu’il faut en retirer, c’est que le Second Empire s’inscrit dans une temporalité de repli des libéraux dans leur ensemble, où ils sont à la fois écartés du pouvoir, et doivent redémarrer à zéro un travail de légitimation de leur pensée.
2Nous privilégierons ici, en guise de sources, les ouvrages d’époque. D’abord parce qu’ils sont l’incarnation même de la réduction au silence des libéraux : alors que de 1852 à 1868, la presse est soumise à autorisation préalable de la part des autorités, un sénatus-consulte du 18 juillet 1866 interdit en outre toute discussion de la Constitution dans des publications de moins de dix feuilles3. Dans cette perspective, c’est bien du côté des livres que l’on trouvera les réflexions les plus critiques. Ensuite, parce que ces publications en dehors des périodiques ou des brochures sont des outils de choix utilisés par les libéraux, pour fournir des développements suffisamment exhaustifs sur le Royaume-Uni, telle une altérité d’un présent négatif.
La mise à l’écart de 1851 : début de la « traversée du désert » des libéraux
3Bien davantage que la « requête démocratique », c’est la « requête libérale » qui apparaît comme victorieuse durant la première moitié du xixe siècle en France en tant que ligne de force politique4. Sous la Restauration puis la monarchie de Juillet, malgré des limites évidentes, le parlementarisme, la presse et le commerce sont valorisés, tandis qu’un élitisme politique, économique et social demeure suffisamment prononcé pour empêcher toute dérive révolutionnaire5. Le coup d’État de 1851, puis l’avènement du Second Empire l’année suivante constituent donc un choc, dans la mesure où c’est un régime plus illibéral que les précédents qui voit le jour. En effet, s’ils apparaissent moins touchés par la répression violente que les républicains, nombre de libéraux sont exilés soit physiquement – c’est le cas de Thiers qui quitte le pays jusqu’en 1852, ou de Guizot et Tocqueville qui s’éloignent un temps de la capitale vers la province – soit symboliquement : ces derniers n’ont plus que des activités purement intellectuelles, principalement à l’Institut de France où ils côtoient déjà Charles de Rémusat, Montalembert et bientôt d’autres opposants à l’empire6.
4D’un point de vue institutionnel, c’est la Constitution du 14 janvier 1852 qui fixe le fonctionnement du nouveau régime : le désormais prince-président Louis-Napoléon Bonaparte, qui devient officiellement l’empereur Napoléon III à compter du 2 décembre 1852, nomme le gouvernement qui est irresponsable devant le Parlement, monopolise l’initiative des lois et négocie seul la guerre et les traités. Le pouvoir législatif est décomposé en trois chambres, dont seuls les membres du Corps législatif sont élus, toutefois dans un système électoral contrôlé par l’exécutif par l’intermédiaire des candidatures officielles. On a pu parler de démocratie illibérale concernant le Second Empire7, dans la mesure où l’empereur rétablit non seulement le suffrage universel masculin dès son coup d’État, mais fait en plus valider une partie de ses décisions par des plébiscites, comme celui du 20 novembre 1852 où son couronnement impérial est accepté à 95 %. Le libéralisme est donc effacé du système de fonctionnement de l’État, au profit d’une centralisation cautionnée par le vote, à rebours de l’élitisme éclairé espéré dix années plus tôt.
5Ces pratiques césaristes s’appuient sur une partie de la bourgeoisie d’affaires qui est ouvertement bonapartiste, qui prend le pas sur une fraction plus politiquement libérale. Des personnalités comme Eugène Schneider voient en effet dans ce régime une opportunité de modernisation économique mêlée à un strict ordre social8. Ceci explique en partie pourquoi Napoléon III entretient des relations cordiales avec les Britanniques : exilé à Londres lors des débats sur le libre-échange de 1846, il semble avoir adhéré aux thèses de Richard Cobden reliant libéralisme économique et progrès social, au point de conclure le 23 janvier 1860 un traité commercial bilatéral9. De sorte qu’en s’appuyant sur une caution libérale en économie, et en feignant de s’attirer les plus larges sympathies du modèle libéral britannique, l’empereur entend affirmer pleinement sa légitimité, dans le même temps qu’il dépossède les libéraux français de l’arme libre-échangiste. C’est en effet Michel Chevalier, haut représentant français de l’économie politique libérale, qui négocie avec Cobden les composantes du traité.
6Privés d’institutions libérales, écartés du pouvoir, dépouillés en apparence du libre-échange et de l’anglophilie, les libéraux français sont enfin concurrencés, à l’aube des années 1860, sur le terrain du parlementarisme. Contre toute attente, le 24 novembre 1860, Napoléon III restaure la publicité des débats des Chambres, la présence des ministres lors des discussions législatives, et le droit d’adresse. L’année suivante, il ouvre la voie à une forme de contrôle budgétaire par les députés, de sorte que « l’Empire n’en devient pas parlementaire, mais ne peut plus ignorer le rôle des parlementaires10 ». Ces légères mutations mènent, à la suite des élections de 1863, à l’émergence au Corps législatif d’un « Tiers parti », composé de libéraux qui militent pour conserver l’empire s’il poursuit sa libéralisation11. Il ne faut pas exagérer ni la force ni l’unité de ce mouvement, qui exerce surtout une influence indirecte. Il n’empêche, il est symptomatique d’une hésitation lancinante : mieux vaut-il un empire constitutionnel et parlementaire par la succession des réformes, ou un nouveau régime qui nécessiterait sans doute l’usage de la violence pour s’imposer ?
7Le Second Empire passe donc pour avoir réussi à éclipser le libéralisme et les libéraux jusqu’en 1860, puis à capter leurs idées les plus tangibles pour prolonger sa durée de vie sans céder à des concessions fondamentales. Il ne faut cependant pas se tromper sur cette lecture rapide. D’abord, rappelons que les Britanniques ne nouent des relations avec l’empire que par intérêt commercial et diplomatique, mais goûtent peu de la personnalisation du pouvoir dans les mains d’un Bonaparte12. Ensuite, les libéraux français ont rapidement opéré une analyse nuancée du traité de 1860, pour établir une contre-attaque. Véritable « coup d’État douanier » décidé unilatéralement par l’exécutif13 sans consulter les députés, il ne consacre le libre-échange que pour mieux étrangler la liberté politique. Couplé au rejet de la politique militaire du régime, le traité de 1860 augure, dans un paradoxe qui n’en est pas un, une renaissance timide mais réelle de l’opposition libérale. Enfin, si l’on ne peut négliger les nombreuses tentations qui existent chez certains libéraux à applaudir la libéralisation progressive du régime, la plupart ne sont pas dupes ; Jules Simon, Adolphe Thiers, mais aussi de jeunes juristes comme Jules Ferry et Alexandre Ribot goûtent peu de ces concessions au compte-goutte, d’autant qu’elles ne règlent pas leur problème de mise à l’écart du pouvoir. Ce dernier écrit en 1862 : « Où allons-nous ? À la liberté par la voie du despotisme ? C’est toujours cette erreur fatale qui consiste à croire que la liberté n’est que le couronnement de l’édifice, tandis qu’elle doit en être la base14 ! »
Inventaire du modèle britannique : un « anti-empire »
8Concevoir la société britannique comme « une vivante leçon de choses15 » n’est pas chose nouvelle : Montesquieu et Voltaire ne sont plus à citer au temps des Lumières. En revanche, sous le Second Empire, ce sont les éléments de référence qui mutent. D’abord, parce que le Royaume-Uni apparaît alors un modèle politique arrivé à maturité, authentiquement libéral mais suffisamment conservateur. Ensuite, parce que dans l’esprit des libéraux, la France du xixe siècle, pourtant porteuse des idéaux de la Révolution française, serait en comparaison encore trop versatile, minée par les conflits civils. Tout cela nous montre en creux que concernant les modèles extérieurs, les processus de production-diffusion-réception de transferts culturels sont sans cesse réinventés en période de crise. C’est bien la marginalisation, dans le cas présent des libéraux français à l’heure du Second Empire, qui valorise un modèle alternatif britannique, dans un enjeu de lutte de représentations avec le pouvoir central. Procédons ainsi à l’inventaire des forces de cet « anti-empire » outre-Manche.
9En premier lieu, parce qu’elles sont sans doute l’élément le plus cité par les anglophiles, ce sont les libertés publiques qui sont vantées. À l’heure d’une gestion qui frise la censure en France, la presse britannique est admirée tant par sa liberté de ton, que par son œuvre participant quotidiennement à la publicité du débat politique. Lucien-Anatole Prévost-Paradol écrit en effet en 1858 : « Cette information universelle et exacte, qui est à nos yeux le principal caractère de la presse anglaise, ne peut subsister qu’à deux conditions essentielles, qui ne se rencontrent pas en tout pays et qui existent au plus haut point en Angleterre : la liberté de la presse et la curiosité du public16 ». La liberté de réunion, d’association, de manifestation, les droits en matière de pétition sont valorisés au même titre. Exalter le voisin pour mieux critiquer son pays, voici la méthode déclinée par de nombreux libéraux pour tenter de rendre l’empire impopulaire. Notons au passage qu’il ne s’agit pas seulement de mettre en cause le régime, mais au passage de déplorer un manque de sens politique qui serait propre aux Français. Répétons-le, la mise à l’écart des libéraux nourrit leur ressentiment vis-à-vis plus largement de leur pays, inapte selon eux à pérenniser leurs idées. Guizot ne dit pas autre chose dans ses Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps, publiées de 1858 à 1867, déplorant à posteriori l’incompréhension de la société française pour sa politique libérale des années 184017.
10Il faut dire que les Britanniques offrent des avantages non négligeables dans la perspective d’un modèle « conservateur-libéral » espéré par les libéraux français, mêlant droits étendus, mais aussi maintien relatif des hiérarchies et absence de désordre. Dans un article de 1857, Émile de Girardin entend pointer une autre lacune politique criante en France : la société civile18. Concept central du libéralisme déjà abordé par John Locke en son temps, la société civile permet une vie publique extra-étatique, l’existence de contre-pouvoirs incarnés par des groupements d’individus défendant leurs intérêts. Ces corps intermédiaires – la presse libre, les autorités décentralisées, la magistrature indépendante, les Églises, les associations, les groupements économiques… –, points d’équilibre pondérant les effets de centralisation excessive, agissent en outre comme des agents de contrôle au niveau électoral. C’est en ce sens qu’Antonin Lefèvre-Pontalis, orléaniste ouvert à un « Empire libéral », écrit en 1864 : « Quand on a eu, ne fût-ce qu’une fois, le spectacle des élections en Angleterre, qui se passent sur la place publique, avec l’active intervention de tous les citoyens […] on est conduit à se demander si les citoyens d’Angleterre qui n’ont pas le droit de suffrage électoral ne prennent pas une part plus large à l’élection que les citoyens de France, qui, en jouissant du droit de vote, sont réduits à ne pouvoir l’exercer que silencieusement19 ». Il idéalise ici les partis politiques britanniques qui pratiquent activement l’organisation de meetings dans tout le pays, de sorte que les candidats conservateurs comme libéraux, pourtant élus par moins d’un million d’électeurs avant 1867, alignent en apparence leurs discours sur les intérêts populaires. Ce fonctionnement, pourtant oligarchique, semble encore convenir à une partie des libéraux français, rétifs au suffrage universel.
11Sans libertés ni parlementarisme accordés par une autorité centrale qui agit selon ses propres priorités, que reste-t-il aux libéraux pour espérer reprendre à terme le pouvoir ? Au tournant des années 1860, leur pari est d’influer par les idées, à échelle des mœurs, comme pour consolider cette société civile jusqu’alors inaboutie. Espérant créer des émules, les libéraux fourbissent leurs armes en évoluant : ils alimentent de plus en plus un constitutionnalisme pragmatique, et modernisent leur discours en faisant de la liberté une cause commune à toutes les victimes du régime. Face au pouvoir centralisé comme face aux masses, le libéralisme à la mode britannique se veut un préservatif contre le monisme, pour le présent comme pour l’avenir. Dans cette perspective, peuvent-ils compter sur d’autres opposants pour les épauler ?
Une question épineuse : comment sortir de la marginalité ?
12Difficile de déterminer si c’est la montée des critiques à l’égard du Second Empire après les guerres à répétition des années 1850, la timide ouverture libérale du régime augurée en 1860, ou un regain politique endogène aux libéraux qui a provoqué leur retour progressif. Toujours est-il qu’avec le début de réveil électoral aux élections législatives de 186320, c’est le discours prononcé par Adolphe Thiers sur les « libertés nécessaires », le 11 janvier 1864 devant le Corps législatif, qui fait classiquement office de tournant. Il y résume en effet les grandes libertés nécessaires à un peuple, tournant autour de trois thématiques : la liberté individuelle, la liberté électorale, et enfin l’exercice régulier du parlementarisme. Efficacement, il opère un condensé des idées libérales et républicaines. D’un côté, la force donnée au pouvoir législatif permet une nécessité que Montesquieu avait déjà identifiée : non pas tant la séparation, que l’équilibre des pouvoirs. Les libertés individuelles quant à elles sont les héritières de la « liberté des Modernes » de Benjamin Constant, une liberté privée souveraine et absolue. De l’autre côté, Thiers tend la main aux républicains en valorisant la liberté politique ultime à leurs yeux, qu’est la liberté pleine et entière de vote, sans candidatures officielles ni ingérences préfectorales, mais aussi sans remettre en cause son caractère universel. En retour, une nouvelle génération de républicains, souhaitant renouveler l’approche de leurs aînés de 184821, s’ouvre à ces éléments. C’est le cas de Jules Ferry, qui adhère sans conditions au « programme de Nancy » de 1865 portant sur la décentralisation, expliquant dans un article du Temps « la France a besoin d’un Gouvernement faible22 ». Ce rapprochement n’a rien d’anodin, puisque s’éloignant d’une culture révolutionnaire plutôt jacobine, Ferry intègre des influences britanniques de self-government.
13La transposition d’éléments du corpus libéral britannique vers la France s’accélère donc, donne du corps à un projet politique alternatif, et permet enfin de fournir des atomes crochus entre opposants à un régime d’abord critiqué pour son illibéralisme. Ils favorisent même la formation de l’Union libérale, sorte d’éphémère proto-parti libéral à la française, qui coordonne l’alliance électorale de l’opposition en 186323. Quelques penseurs centraux nourrissent en outre ce mouvement. Parmi eux, Édouard Laboulaye et Lucien-Anatole Prévost-Paradol, qui proposent de véritables projets constitutionnels respectivement dans Le parti libéral, son programme et son avenir (1863) et La France nouvelle (1868). Tous deux restent volontairement vagues sur la forme du régime, oscillant toujours entre république conservatrice et monarchie constitutionnelle. Ils entendent ménager les susceptibilités, car leur camp est composé si bien d’orléanistes que de républicains. De manière plus pragmatique, au fur et à mesure que ces républicains gagnent en popularité notamment dans les grandes villes24, la question d’une concurrence future commence à se poser. Réintégrés au jeu électoral, libéraux et républicains entrent en compétition pour le leadership de l’opposition au présent, mais aussi d’un éventuel futur régime à l’avenir. Cela n’a rien d’un hasard : s’étant nourris mutuellement à travers leur rejet de l’empire, ils ont conscience qu’il n’y aura de place que pour un seul libéral-républicanisme. C’est ce qu’Alexandre Ribot révèle en parlant de Thiers en 1869 : « Mais alors faut-il désespérer pour la France de la forme monarchique ? M. Thiers ne le dit pas : seulement, en petit comité, il disait l’autre soir : “je vois bien que nous allons à une république”, et aujourd’hui à quelqu’un qui lui demandait s’il se croirait obligé de détruire la république, il a répondu : non25 ».
14En parallèle, les libéraux proches du Tiers parti, ce regroupement de parlementaires favorables à un empire constitutionnellement encadré, empruntent une autre voie. Des personnalités comme Émile Ollivier, pourtant républicain, préfèrent dès 1857 réintégrer le Corps législatif, au prix d’un serment de fidélité à l’empereur. La sortie de la mise à l’écart passe par un retour au cœur du jeu politique, quitte à en accepter les règles, pour faire muter le centre plutôt que d’espérer sa chute. Force est de constater que ce Tiers parti connaît des succès, en témoigne la seconde phase de réformes libérales du régime entre 1867 et 1870 : le droit d’interpellation, l’initiative des lois, la responsabilité ministérielle sont peu à peu instaurés, la presse libéralisée, sans rien enlever toutefois à la prééminence de l’empereur26. Le 2 janvier 1870, Ollivier est même nommé à la tête du gouvernement, comme pour augurer une alternance libérale dans le cadre du Second Empire. De la même manière, le plébiscite organisé le 8 mai 1870 pour approuver les dernières réformes, mais en réalité surtout la dynastie Bonaparte, est l’objet d’une bataille. Alors que les républicains les plus confirmés – Jules Ferry, Léon Gambetta, Camille Pelletan… – font bloc autour du non, d’autres comme Alexandre Ribot et Adolphe Thiers font le choix de l’abstention, et une troisième fraction privilégie le oui à l’image d’Émile Ollivier, Léon Say et Édouard Laboulaye. Y compris à échelle locale, les branches de l’Union libérale ne se coordonnent pas, et laissent éclater des divisions27.
15Les références au Royaume-Uni nous renseignent à nouveau à ce sujet, puisqu’en 1867, Émile Ollivier explique déjà son état d’esprit : « Oh ! sans doute, l’Angleterre n’est pas devenue un paradis […] ; le gouvernement a souvent, comme ailleurs, rencontré des difficultés et traversé des crises ; mais jamais on n’a vu de révolutions, jamais on n’a assisté à des bouleversements ; […] jamais ne se sont reproduites les convulsions qui avaient amené la chute et la fuite des Stuarts28 ». La réalité, c’est que l’anglophilie des libéraux français est en grande partie alimentée par cette admiration pour un pays jugé capable d’évoluer politiquement sans secousses. Au cours de la seconde moitié du xixe siècle, cette idéalisation à l’égard des Britanniques se développe, comme pour renforcer les divergences de trajectoires avec la France depuis les guerres du début du siècle. Le regard porté sur le voisin d’outre-Manche explique ainsi ces espoirs nés chez Émile Ollivier, mais aussi Laboulaye ou Prévost-Paradol dans leurs derniers écrits avant la chute du Second Empire : pour arriver à maturité, la France doit parvenir à opérer des mutations politiques en douceur, à bannir la révolution dans son principe et sa pratique ; quitte à conserver l’empire ?
16L’approche par l’intermédiaire de la mise à l’écart politique aura permis de réexaminer l’importance des logiques de luttes civiles dans la France du xixe siècle, très différentes des débats publics à l’œuvre au Royaume-Uni à la même époque. Alors que le combat pour le régime demeure une réalité jusqu’à la fin du siècle en France, obligeant à des logiques de monopole du pouvoir de la part des vainqueurs successifs, les Britanniques s’affrontent autour de l’amélioration des droits individuels – droits électoraux, économiques… – dans un cadre légal consenti par les divers acteurs.
17La synthèse forcée des opposants à l’empire autour du libéralisme a obligé les libéraux comme les républicains à repenser leurs idées comme leurs alliances. Bien sûr, comme l’écrit de manière critique le républicain Edmond d’Alton-Shée dès 1863, les tensions de fond restent présentes sur le temps long : « Hélas ! nous vous connaissons, libéraux exclusifs : vous voulez la liberté, l’instruction, les droits politiques, mais vous les voulez pour vous seuls ; vous n’avez eu qu’une préoccupation tant que vous étiez au pouvoir : l’exclusion de la démocratie […]. Dites-nous si, dans l’intimité, vous ne regardez pas ces libertés à conférer au peuple comme un danger social, la gratuité de l’instruction comme une ruineuse chimère, le suffrage universel comme le sacre de la dictature29 ? » Il n’empêche, sans tirer de conclusions trop hâtives, il est évident que la mise à l’écart forcée, la parenthèse du Second Empire a porté en germe une refondation d’un projet pour les libéraux comme les républicains, tirant les leçons de l’échec de la Deuxième République. Sans doute davantage qu’on ne l’imagine, tout en ne niant certainement pas son lot de spécificités, le modèle républicain français construit à la fin du xixe siècle comme « l’aboutissement de l’histoire, le point d’équilibre idéal enfin atteint par le pays au terme d’un siècle de combats30 » doit beaucoup au modèle libéral britannique véhiculé dans les années 1860.
Édouard Laboulaye entre marge et centre, une « périphéricité paradoxale » ?
Laboulaye, un libéral français
18Fils du régisseur de l’octroi de Paris, Édouard-René Lefebvre de Laboulaye (1811-1883) grandit dans la capitale et mène des études en droit31. Avocat à la cour royale de Paris, professeur de législation comparée au Collège de France à compter de 1849, il est un lecteur assidu aussi bien de Benjamin Constant et Alexis de Tocqueville que de John Stuart Mill et Wilhelm von Humboldt. S’il ne bénéficie pas des succès électoraux espérés sous le Second Empire – il est battu quatre fois aux élections législatives entre 1857 et 1869 –, Laboulaye incarne bien l’une des figures centrales du « parti libéral » opposé à l’empereur, théorisant au sein de ses nombreuses publications un régime représentatif largement inspiré du modèle britannique, mais aussi américain qui le passionne tout particulièrement. Les républicains ne lui pardonneront cependant pas ses atermoiements sous « l’Empire libéral » : élu au sein de la nouvelle Assemblée nationale à partir de juillet 1871, siégeant avec les autres libéraux du Centre gauche, il est peu à peu marginalisé passé 1879, à l’heure de la « République républicaine ». Il a néanmoins laissé une empreinte importante dans la construction de la Troisième République, ayant largement influencé par ses idées comme son activité parlementaire la fondation du nouveau régime.
19Passée cette présentation succincte, c’est le rôle joué par Laboulaye sous le Second Empire qui nous intéresse. Si l’on parle d’une mise à l’écart, c’est d’abord du fait de ses résultats électoraux : vaincu en 1857 et 1866 par des candidats officiels, il l’est également en 1864 et 1869 respectivement par un républicain et un concurrent libéral32. Ces échecs prouvent que sa situation, trop consensuelle, pose un problème quant à son positionnement partisan. C’est donc par ses publications, nombreuses dans les années 1860, qu’il participe à sortir les libertés de leur mise entre parenthèses par les partisans d’un empire autoritaire, donnant corps et à nouveau espoir en un régime libéral.
20Édouard Laboulaye, à l’instar de nombreux libéraux, est d’abord un spécialiste du droit : c’est par cette entrée qu’il charrie des inspirations libérales depuis d’autres pays. Le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas, la Suisse et les États-Unis sont des modèles vivants pour la France libérale de demain, des cas concrets de préservation des libertés, couplée à un parlementarisme réel33. C’est à ce titre qu’en janvier 1869, il prépare la fondation de la Société de législation comparée, dont Alexandre Ribot nous dit que « tous les hommes sérieux comprennent qu’il y a beaucoup à faire, que les études législatives sont depuis trop longtemps délaissées et qu’il est urgent de s’entendre sur les principales réformes qui doivent accompagner l’établissement en France de la liberté34 ». Son expertise technique est donc primordiale pour comprendre son approche, qui n’est pas uniquement celle d’un idéaliste sous régime autoritaire, mais bien d’un juriste averti en recherche de solutions pragmatiques.
21Comment s’y prend-il ? La méthode est connue, en effectuant des comparaisons ciblées dans Le parti libéral en 1863 : « Quel est le principe de la politique anglaise ? Entière liberté dans la vie privée, initiative des citoyens, et publicité dans la vie publique […]. Quel est le principe de la politique française ? La tutelle de l’administration dans la vie privée, la direction d’en haut, la crainte de l’opinion, et le secret dans la vie publique35 ». Sortir des affres de l’empire, c’est en finir avec L’État et ses limites, autre ouvrage qu’il publie en 1863, par la voie de la décentralisation, d’une démocratie réelle qu’il assume en tant que libéral, des libertés fondamentales et du parlementarisme ; pour lui, ce sont ces éléments qui sont devenus des normes politiques, tandis que ce sont les systèmes despotiques tel le Second Empire qui sont hors la norme. La centralité donnée au rule of law fait naturellement du Royaume-Uni un modèle politique concret ; mais il prend aussi soin de valoriser la culture libérale nécessaire dans une société pour pérenniser la paix sociale. En cela, ses publications font office de discours performatif pour penser la sortie de la mise à l’écart des libéraux et du libéralisme.
22Laboulaye fait le choix de ne privilégier aucun régime tant qu’il respecte ces données : « Voilà l’école d’où sont sortis les Belges, pour se donner en 1830 une constitution libérale. Ils ont rompu avec la tradition française, ils ont imité les institutions de la libre Angleterre36 ». Deux limites se posent toutefois : d’abord, en-dehors des États-Unis, Laboulaye prend peu d’exemples républicains en compte, y compris historiques concernant la France ; cela réduit l’impact de sa vocation rassembleuse. Ensuite, indissociablement de son libéralisme, sa critique de la culture étatique trop prononcée en France ne touche pas qu’aux bonapartistes : en creux, c’est le républicanisme jacobin, plus fondamentalement le monisme révolutionnaire qu’il dénonce. En cela, au fur et à mesure que le régime se polarise entre « Empire libéral » ou révolution pour la République, Laboulaye finit par être marginalisé à l’opposé, coincé dans une recherche de consensus impossible.
Parti libéral et Westminster model : l’espoir d’une pacification du conflit politique ?
23À partir de la nomination d’Émile Ollivier au gouvernement en janvier 1870, Laboulaye est placé par les républicains au rang des « girouettes » libérales37. En effet, le 8 mai, il vote oui au plébiscite, assumant son acceptation quant à un éventuel « Empire libéral » et parlementaire. L’affaire de l’encrier des étudiants strasbourgeois est à cet égard symptomatique : offert pour consoler Laboulaye de sa défaite électorale de 1866 contre un bonapartiste, la presse républicaine réclame la restitution de l’objet en 1870 au nom de la trahison du plébiscite38. Derrière ce revirement apparent, il faut dire que sa vocation n’a jamais été d’imposer un régime particulier. Dans la préface du Parti libéral, il explique déjà que « la meilleure constitution est celle qu’on a, pourvu qu’on s’en serve39 », paraphrasant Pierre Daunou. Dans l’État et ses limites, il explique d’ailleurs l’erreur des Français : « Éblouis par l’aspect extérieur de la constitution britannique […] ils ont laissé à l’écart toutes ces libertés personnelles et locales qui sont le fond même des institutions anglaises40 ». Entre monarchie constitutionnelle et République conservatrice, peu importe pour Laboulaye. Se nourrissant d’écrits plus récents, ceux de Tocqueville et Mill, c’est la pluralité du corps social, la primauté des individus et des corps intermédiaires qui sont les seules garanties d’une stabilité pérenne.
24L’espoir de Laboulaye est bien de mettre un terme aux « anciens partis », expression utilisée par la plupart des libéraux de l’époque : « Loin que le parti libéral soit une secte nouvelle qui, à son tour, fasse bande à part dans la nation, son ambition est de relever le drapeau sous lequel les Français ont toujours aimé à se ranger. Reprendre un programme que tous les honnêtes gens acceptent, réunir des frères trop longtemps divisés par des malentendus, terminer la révolution en donnant à toute la France une même âme et une même vie, c’est là notre espoir41 ». Des légitimistes les plus libéraux aux républicains les plus modérés, Laboulaye ne publie son ouvrage que pour, à l’image du véritable parti libéral britannique, fédérer la galaxie des sympathies libérales en un groupe d’opinion influent. Certains républicains, comme Jules Simon, semblent pouvoir adhérer à ce projet en l’état42 ; mais d’autres, y compris Jules Ferry, ne voient dans ce programme libéral qu’une étape vers le progrès réel, républicain et démocratique43. Si ce parti libéral semble fonctionner à l’échelle des idées, il se heurte aux guerres mémorielles issues de la Révolution, et demeure empêché par les luttes intestines autour de la question du régime. En cela, on devine que Laboulaye, Prévost-Paradol, Ollivier et d’autres font le choix de ce qu’ils pensent être un moindre mal.
25Car pour terminer, on aurait tort de penser que Laboulaye, et plus largement les libéraux, ne furent animés que par le désir de reprendre le pouvoir et marginaliser à leur tour leurs adversaires. S’ils admirent le voisin britannique, c’est pour deux raisons essentielles. D’une part, parce qu’il est conçu comme le pays de la non-révolution en raison de ses mœurs libérales, faisant dire à Laboulaye : « En France, on se défie toujours du pouvoir ; dès que l’opinion s’échauffe, on fait ou l’on rêve une révolution ; en Angleterre on rédige une pétition, signée du pays tout entier. La révolution se fait sans coups de feu, sans désordres et sans misères44 ». D’autre part, parce que le Westminster model, idéalisation du parlementarisme permettant une alternance régulière et acceptée, est un exemple de gouvernement où la mise à l’écart arbitraire devient caduque. Régime arrivé à maturité, Laboulaye vante un Royaume-Uni certes libéral, mais surtout fait de consensus et de paix civile, dans lequel toutes les forces politiques peuvent s’exprimer. Cette recherche du fonctionnement régulier du conflit politique, est peut-être finalement ce qui caractérise le mieux cette génération de libéraux français de la seconde moitié du xixe siècle. Il semble dès lors possible de les insérer dans une conception whig du progrès caractéristique de cette époque45. Ce courant historiographique du xixe siècle voit dans l’émergence puis le développement du « whiggisme » outre-Manche à partir de 1688 une marche continue vers la construction d’un régime toujours plus accompli, faisant de l’évolution positive des libertés une marque de supériorité dans la quête de modernité. Si elle reste à confirmer de manière plus large, cette proposition aurait le mérite d’expliquer l’origine du modèle britannique en France, et de mieux saisir en quoi Laboulaye a voulu utiliser sa xénophilie pour penser la fin de la Révolution.
Notes de bas de page
1 Norman Low, Mastering modern british history, Basingstoke, MacMillan, 2009 [1998], p. 128.
2 Stephen W. Sawyer, Demos Assembled. Democracy and the international origins of the modern state 1840-1880, Chicago, The University of Chacago Press, 2018 (avec tout un chapitre sur Laboulaye).
3 Claude Bellanger, Louis Charlet et Jacques Godechot (dir.), Histoire générale de la presse française : de 1815 à 1870, Paris, PUF, 1969, p. 9-10.
4 Jérôme Grondeux, « La Révolution française et la spécificité du libéralisme français », in Dominique Barjot et alii (dir.), Histoire de l’Europe libérale : libéraux et libéralisme en Europe. xviiie-xxie siècle, Paris, Éditions Nouveau Monde, 2016, p. 35-36.
5 Rappelons-le, le libéralisme repose sur ces trois piliers mêlés : émancipation individuelle et pluralisme d’un côté, mais aussi stabilité de l’autre, ce qui induit un conservatisme certain.
6 Sylvie Aprile, La révolution inachevée : 1815-1870, Paris, Belin, 2010, p. 391.
7 Pierre Rosanvallon, Le modèle politique français : la société civile contre le jacobinisme de 1789 à nos jours, Paris, Seuil, 2004, p. 356.
8 Christophe Charle, Histoire sociale de la France au xixe siècle, Paris, Seuil, 1991, p. 75.
9 Nicolas Roussellier, « Libéralisme politique et libéralisme économique : complémentarité ou antagonisme ? (xviiie-xixe siècle) », in Serge Berstein (dir.), La démocratie libérale, Paris, PUF, 1998, p. 244. Manufacturier à Manchester, Richard Cobden fonde en 1838 la ligue de Manchester, aussi appelée Anti-Corn Law League, en raison de son appel central consistant à supprimer les taxes douanières sur les grains.
10 Sylvie Aprile, La révolution inachevée […], op. cit., p. 481.
11 Louis Girard, Les libéraux français : 1814-1875, Paris, Aubier, 1985, p. 202.
12 A.N., Ministère de l’Intérieur (Second Empire), direction de l’Imprimerie et la Librairie, Presse étrangère, Angleterre, F18544 A et B. La presse britannique est à ce titre fortement contrôlée en France.
13 Nicolas Roussellier, « Libéralisme politique […] », art. cit., p. 245.
14 A.N., fonds Ribot, 563 AP 3, lettre d’Alexandre Ribot à Eugène Boucher, 15 octobre 1862.
15 François Crouzet, De la supériorité de l’Angleterre sur la France. L’économique et l’imaginaire (xviie-xxe siècles), Paris, Perrin, 1999 [1985], p. 433.
16 Lucien-Anatole Prévost-Paradol, « De la presse en Angleterre et en France », Revue des Deux Mondes, 13, 1858, p 7-8.
17 Dominique Barjot et alii (dir.), Histoire de l’Europe libérale : libéraux et libéralisme en Europe, op. cit., p. 7.
18 Émile de Girardin, Le Courrier de Paris, 6 décembre 1857.
19 Antonin Lefèvre-Pontalis, Les lois et les mœurs électorales en France et en Angleterre, Paris, Michel Lévy Frères, 1864, p. 30.
20 André Encrevé, Le Second Empire, Paris, PUF, 2004, p. 108. 32 opposants au régime sont élus, regroupant 37 % des suffrages.
21 Philip Nord, Le moment républicain, combats pour la démocratie dans la France du xixe siècle, Paris, Armand Colin, 2013, p. 21-22.
22 Jules Ferry, Paul Robiquet, Discours et opinions de Jules Ferry, Tome 1, Paris, Armand Colin, 1893, p. 556-557. Reproduction d’une lettre de Jules Ferry aux auteurs du projet de décentralisation, 1865.
23 Antoine Schwartz, L’Union libérale. Contribution à une sociologie politique des « libéraux » sous le Second Empire, thèse de doctorat en science politique sous la direction de Bernard Lacroix, Université Paris Ouest Nanterre-La Défense, soutenance en décembre 2011, p. 219. Ce sont divers organes de presse, tels le Courrier du Dimanche et Le Temps, qui ont favorisé cette alliance.
24 A.N., fonds Émile Ollivier, 542 AP 43, La Patrie, article du 7 mai 1869 à l’occasion des élections législatives. À leur issue, l’opposition est partagée entre 50 libéraux et 25 républicains.
25 A.N., fonds Ribot, 563 AP 3, lettre d’Alexandre Ribot à Eugène Boucher, 3 mai 1869.
26 Pierre Lévêque, Histoire des forces politiques en France : 1789-1880, Tome 1, Paris, Armand Colin, 1992, p. 279-280.
27 A.N., fonds Émile Ollivier, 542 AP 43, La Patrie, article du 5 mai 1870.
28 Émile Ollivier, Démocratie et liberté, Paris, Librairie internationale, 1867, p. 74-75. Reprise d’un article du 4 février 1863.
29 Edmond d’Alton-Shée, Une fusion légitimiste, orléaniste et républicaine, Paris, E. Dentu, 1863, p. 27-28.
30 Serge Berstein et Odile Rudelle (dir.), Le modèle républicain, Paris, PUF, 1992, p. 430.
31 Adolphe Robert, Edgar Bourloton et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, t. 3, Genève, Slatkine Reprints, 2000 [1890], p. 482-484.
32 Ibid.
33 Édouard Laboulaye, Le parti libéral, son programme et son avenir, Paris, Charpentier et Cie, 1871 [1863], p. 5-6.
34 A.N., fonds Ribot, 563 AP 3, lettre d’Alexandre Ribot à Eugène Boucher, 11 janvier 1869.
35 Édouard Laboulaye, Le parti libéral […], op. cit., p. 223-224.
36 Ibid, p. 298.
37 A.N., fonds Émile Ollivier, 542 AP 43, « supplément au dictionnaire des girouettes » de François-Victor Hugo, 29 mai 1870.
38 Le Charivari, 7 mai 1870.
39 Édouard Laboulaye, Le parti libéral […], op. cit., p. XIV.
40 Édouard Laboulaye, L’État et ses limites, Paris, Charpentier, 1865 [1863], p. 33-34.
41 Édouard Laboulaye, Le parti libéral […], op. cit., p. 270-271.
42 Dans sa trilogie de 1867, la liberté politique, la liberté civile, et la liberté de conscience, Jules Simon fait œuvre de propagande libérale dans les mêmes termes que Laboulaye.
43 Jules Ferry, La lutte électorale en 1863, Paris, E. Dentu, 1863, p. 105.
44 Édouard Laboulaye, L’État et ses limites, op. cit., p. 232.
45 Herbert Butterfield, The Whig Interpretation of History, New York, W. W. Norton & Company, 1965 [1931]. Une partie de nos représentations progressistes de l’histoire britannique tiennent de cette vision de l’histoire née outre-Manche, qui a seulement été condamnée à partir de l’entre-deux-guerres pour son approche largement téléologique et anhistorique.
Auteur
-
Antonin Andriot
Agrégé d’Histoire, doctorant en Histoire contemporaine, CHEC, Université Clermont Auvergne
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