• Contenu principal
  • Menu
OpenEdition Books
  • Accueil
  • Catalogue de 15417 livres
  • Éditeurs
  • Auteurs
  • Facebook
  • X
  • Partager
    • Facebook

    • X

    • Accueil
    • Catalogue de 15417 livres
    • Éditeurs
    • Auteurs
  • Ressources numériques en sciences humaines et sociales

    • OpenEdition
  • Nos plateformes

    • OpenEdition Books
    • OpenEdition Journals
    • Hypothèses
    • Calenda
  • Bibliothèques

    • OpenEdition Freemium
  • Suivez-nous

  • Lettre d’information
OpenEdition Search

Redirection vers OpenEdition Search.

À quel endroit ?
  • Presses universitaires Blaise-Pascal
  • ›
  • Histoires croisées
  • ›
  • De la parole du prédicateur au discours ...
  • ›
  • Partie 1. Une critique « dans la fidélit...
  • ›
  • L’obéissance au roi dans les sermons du ...
  • Presses universitaires Blaise-Pascal
  • Presses universitaires Blaise-Pascal
    Presses universitaires Blaise-Pascal
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Liens vers le livre
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Formats de lecture

    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Le respect d’un principe : obéir au roi Une parole d’obéissance néanmoins nuancée Notes de bas de page Auteur

    De la parole du prédicateur au discours politique

    Ce livre est recensé par

    Précédent Suivant
    Table des matières

    L’obéissance au roi dans les sermons du pasteur Charles Drelincourt (1595-1669)

    Christabelle Thouin-Dieuaide

    p. 47-62

    Résumés

    On a souvent fait remarquer (pour en souligner le caractère étrange) la sujétion des réformés au pouvoir politique durant le xviie siècle, la Révocation de l’édit de Nantes nous apparaissant rétrospectivement comme une catastrophe annoncée. Que pouvons-nous lire dans la parole des prédicateurs et notamment dans celle de Charles Drelincourt (1595-1669), célèbre pasteur du temple de Charenton ? Si la part qu’occupe le champ politique dans les sermons de Drelincourt est assez mince, le pasteur ne reste pourtant pas silencieux sur des sujets relatifs aux événements graves qui se jouent, à cette époque, sur les scènes intérieure et extérieure. Mettant en œuvre une stratégie rhétorique qui lui permet d’avancer prudemment, il prend ses distances avec l’injonction d’obéissance au roi.

    The obedience of Protestant reformists to the political power of the seventeenth century has frequently been pointed out (often to emphasise its particularity) and in hindsight, the Revocation of the Edict of Nantes appears as an inexorable catastrophe. What can be understood from the sermons of preachers and in particular those of Charles Drelincourt (1595-1669), the renowned preacher of the Charenton temple? If the portion dedicated to the political field is scarce in Drelincourt’s sermons, the pastor chose not to remain silent on issues related to tragic events unfolding both at home and abroad at that time. Through a well-thought-out rhetorical strategy that allowed him to further his ideas carefully, he gradually distanced himself from the injunctions of obeisance to the king.

    Entrées d’index

    Mots-clés : prédication protestante, sermon politique, obéissance, pouvoir royal, critique, Drelincourt (Charles ) (pasteur), France, édit de Nantes, xviie siècle

    Keywords : protestant preaching, political sermon, obedience, royal power, critics, Drelincourt (Charles) (pastor), France, edict of Nantes, 17th century

    Texte intégral Le respect d’un principe : obéir au roi Le sermon et ses lois Une sujétion sans cesse réaffirmée Position sincère et/ou stratégies ? Un ordre nécessaire. Une parole d’obéissance néanmoins nuancée Le choix significatif des péricopes Vanité du pouvoir Quand le roi est un tyran Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1« Que toute personne soit suiette aux puissances superieures. » Ce verset du début du chapitre 13 de l’Épître aux Romains1 fonde la soumission du chrétien aux pouvoirs civils. En effet, les versets 1 à 7 constituent le texte sur lequel Luther puis Calvin ont institué la doctrine de l’obéissance au prince, doctrine suivie et rappelée dans la prédication réformée tout au long de l’Ancien Régime2, notamment dans la prédication parisienne, la plus proche de la Cour. Charles Drelincourt (1595-1669), né à Sedan, est un des pasteurs de l’Église réformée de Charenton près de Paris. Il y exerce toute la période de son ministère, de 1620 à 1669. Ministre d’une Église puissante, écrivain, il fréquente les milieux mondains et lettrés ; c’est une figure d’autorité : son importante correspondance témoigne d’un large réseau de sociabilité3. Il est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages : on a de lui trois recueils de sermons publiés mais aussi un grand nombre d’ouvrages de piété et d’édification, des ouvrages polémiques et de controverse. Deux œuvres marquent son abondante production : un catéchisme4 (1642) – très utilisé jusqu’à celui d’Ostervald5 au siècle suivant – et les célèbres Consolations de l’âme fidèle contre les frayeurs de la mort (1651). Pierre Du Moulin, qui a connu Drelincourt, dit de lui que c’était un « homme de grand sçavoir, & d’un labeur indefatigable6 ». C’est, sans nul doute, ce dont son œuvre témoigne.

    2Notre projet consiste à enquêter sur la dimension politique des sermons de Charles Drelincourt. Obéissance, respect, soumission au pouvoir civil, on sait que l’attitude des réformés au xviie siècle après la paix d’Alès a été plutôt pacifique à l’égard du roi. Jusqu’où va l’esprit de conciliation des protestants dans la période de 1630 à 1660, dans une période de tolérance religieuse mais où des troubles politiques importants se manifestent autant sur la scène intérieure, nationale, que sur la scène étrangère ? La question de la soumission au pouvoir civil des réformés pendant la durée de l’édit de Nantes a déjà fait l’objet d’interrogations et continue de nous questionner dans la mesure où notre connaissance rétrospective des événements et, précisément, de l’issue – la Révocation – nous amène à nous demander comment des gens ont pu accepter d’être maltraités, puis brimés, enfin persécutés. N’ont-ils pas vu les prémices de la persécution ? Solange Deyon, en étudiant particulièrement la figure du marquis de Ruvigny7, s’est élevée contre l’idée communément admise d’une attitude passive pour ne pas dire coupable. « Le monde protestant n’est pas, durant le règne de Louis XIV, un monde silencieux. Il fait appel des décisions injustes prises à son égard par les Cours souveraines, les juridictions locales, les intendants, et surtout le Conseil du roi8. » Qu’en est-il des sermons ? Cette question, que nous avons concentrée sur la figure d’un seul pasteur9, se ramifie en fait en deux branches : d’une part comment les sujets politiques sont-ils abordés ? D’autre part y a-t-il une évolution dans les propos tenus par Drelincourt puisque sa prédication s’étend sur plus d’une trentaine d’années (son premier sermon connu date de 1636 et le dernier de 1669), sachant aussi que cette période, dite de relative tolérance, s’infléchit au fil du temps, les mesures discriminatoires devenant de plus en plus fréquentes à partir de 1656 ? D’autres questions, de moindre importance mais forcément liées, sont également à considérer : comment Drelincourt parle-t-il du pouvoir royal ? Aborde-t-il les difficiles conditions d’existence du petit troupeau ? Comment concilie-t-il la soumission au roi avec les critiques que pourrait lui suggérer la portion congrue de liberté accordée aux réformés ? Nous commencerons par montrer que les propos clairs, explicites du pasteur sont ceux d’une parole d’obéissance au pouvoir royal mais qui n’est pas sans réserves – réserves le plus souvent discrètes, dissimulées, voilées, qui prennent d’ailleurs le risque, comme tout discours à double sens, de ne pas être perçues par ceux à qui elles s’adressent en premier lieu. C’est donc avant tout à l’aspect rhétorique du discours – d’adhésion et/ou de critique – que nous nous intéressons ici.

    Le respect d’un principe : obéir au roi

    Le sermon et ses lois

    3La part occupée par la matière politique dans la prédication de Drelincourt n’est pas grande. Plusieurs explications, qui ne sont pas spécifiques à cet auteur, peuvent d’emblée être avancées : d’abord le fait que le sermon protestant est avant tout un texte doctrinal et théologique, ensuite que l’édit de Nantes a fixé des règles lui interdisant, précisément, d’investir des lieux qui pourraient susciter une parole de subversion :

    Nous deffendons à tous prescheurs, lecteurs et autres qui parlent en public d’user d’aucunes parolles, discours et propos tendans à exciter le peuple à sedition, ains leur avons enjoinct et enjoignons de se contenir et comporter modestement, et de ne rien dire qui ne soit à l’instruction et edification des auditeurs, et à maintenir le repos et tranquilité par nous establie en nostred. royaume, sur les peines portées par noz preceddens eeditz ; enjoignans tres expressément à noz procureurs generaulx et leurs substitudz d’informer d’office contre ceulx qui y contreviendront, à peine d’en respondre en leurs propres et privez noms, et de privation de leurs offices10.

    4Enfin la discipline des Églises Réformées elle-même l’interdit. Isaac d’Huisseau dans ses observations ajoutées à l’article XII du chapitre premier signale la remarque du synode national d’Alès (1620) qui « defend à tous les Pasteurs de mesler en leurs predications, qui ne doivent avoir pour matiere que la Parole de Dieu, aucuns discours d’affaires politiques, sous peine à ceux qui y contreviendront d’encourir toutes sortes de censures, voire jusques à suspension du St. Ministere11 ». Il y a, pour résumer, des interdits exogènes et un interdit de principe ou de nature. Le sermon enseigne, exhorte, console ; il peut, à l’occasion – et les occasions sont rendues fréquentes par les pasteurs – critiquer l’Église romaine, ironiser sur ses dogmes et les combattre avec violence, mais la chose publique est tenue à distance, sauf dans deux sortes de sermons présents dans la prédication de Drelincourt : le cas du sermon de soumission (« De l’Honneur qui est deu aus Roys, & à Iesus Christ le Roy des Roys » en 1643, « De la Sujetion aux puissances superieures » en 1667) et le sermon de circonstance prononcé dans le cadre d’une journée de jeûne où le contexte politique immédiat, par son importance, s’impose absolument, comme la prise de Corbie en août 1636 par les Espagnols12 (« Sermon pour la prosperité des armes du Roy ») ou encore la ratification du traité des Pyrénées en 165913 (« Le Bonheur de la Paix » prononcé le 16 février 1660). Ces textes fournissent le corpus de notre étude.

    Une sujétion sans cesse réaffirmée

    5La parole d’obéissance au pouvoir royal dans les sermons de Charles Drelincourt, comme celle d’autres pasteurs14, est constante durant la période de son ministère15. Elle s’énonce aussi bien en temps de guerre (pour le pasteur, l’ensemble des Français doit se rassembler autour du roi) qu’en temps de paix où il s’agit de célébrer la sagesse du souverain qui a su mettre un terme au fléau de la guerre. C’est donc bien toujours en relation avec la situation de la France sur la scène étrangère que se situent les propos politiques de Drelincourt. Cette parole d’obéissance s’affirme même de manière extrêmement forte et démonstrative dans le sermon de 1659 :

    Aprenons qu’il nous faut assujetir à ceus qui tiennent le timon des Empires, & entre les mains desquels Dieu a mis le gouvernement du genre humain. C’est à quoy nous exhorte l’Apôtre S. Paul par ces belles paroles, Que toute personne soit sujete aus puissances superieures : Car il n’y a point de puissance sinon de par Dieu, & les puissances qui sont en etat sont ordonnées de Dieu. C’est-pourquoy celuy qui resiste à la Puissance, resiste à l’ordonnance de Dieu, & ceus qui y resistent feront venir la condamnation sur eux-mêmes. A cela s’accorde l’Apôtre S. Pierre. Rendez-vous, dit-il, sujets à tout ordre humain pour l’amour de Dieu, soit au Roy comme à celuy qui est par dessus les autres, soit aus Gouverneurs comme à ceus qui sont envoyez de par luy pour exercer vengeance sur les malfaiseurs, à la louange de ceus qui font bien […]. C’est l’un des plus sacrez devoirs de la Religion Chrétienne. I’exhorte, dit l’Apôtre, qu’avant toutes choses que l’on face requeste, priere & action de graces pour les Rois, & pour tous ceus qui sont constituez en dignité, afin que nous puissions mener une vie paisible & tranquille en toute piété & honnesteté16.

    6Dans ce passage, le pasteur rassemble toutes les références bibliques qui justifient l’autorité du prince et la soumission de ses sujets : successivement l’Épître aux Romains chapitre 13, puis les versets 13 et 14 du chapitre 2 de la Première Épître de Pierre, enfin, Paul à nouveau dans les versets 1 et 2 du chapitre deuxième de la Première Épître à Timothée. L’année 1659 correspond pourtant à une période assez peu favorable aux calvinistes car, depuis la Déclaration royale de mai 1652 qui avait semblé marquer un retour en grâce des réformés, après le soutien apporté au roi pendant la Fronde, l’Assemblée du clergé fait pression sur Mazarin. Elle n’a de cesse de dénoncer les multiples manquements, d’après elle, des protestants à leurs obligations17. La Déclaration du 18 juillet 1656 vient annuler les dispositions énoncées en 1652. On pourrait en effet citer un certain nombre d’arrêts qui visent à contrôler les pratiques religieuses des réformés ; par exemple, un arrêt de janvier 1657 interdit aux pasteurs de prêcher dans des lieux différents, celui du 6 mai 1659 interdit de chanter des psaumes chez soi si l’on peut être entendu de la rue, enfin celui du 15 septembre 1660 interdit aux synodes provinciaux de délibérer en l’absence d’un commissaire royal18. Après le synode national de Loudun de 1659, il n’y aura plus de rassemblement de ce type. Dans ce contexte difficile pour les réformés, les propos de Charles Drelincourt sont pourtant, visiblement, sans ambiguïté : l’obéissance est une obligation à laquelle chacun doit se soumettre19.

    Position sincère et/ou stratégies20 ?

    7Mais le rappel de ce principe répond, pour une part, à la nécessité de récuser les accusations d’infidélité et de trahison dont les réformés font l’objet. Ainsi dès 1636 :

    Que tous ensemble, en une si belle occasion, fassions rougir la calomnie, tesmoignans par effects qu’il n’y a point au monde de personnes plus zelees & plus passionnees pour le service de sa Majesté & de son Estat ; & que nous sommes subjects aux puissances superieures, non seulement pour l’ire : mais aussi pour la conscience21.

    8Drelincourt n’hésite pas à utiliser un comparatif de supériorité pour évoquer ses coreligionnaires et il paraphrase le fameux verset paulinien pour l’insérer dans son discours et l’appliquer aux réformés : le référent du pronom « nous » est l’ensemble constitué par les « personnes […] zélées et […] passionnées pour le service de sa Majesté », c’est-à-dire les réformés. Il s’insurge contre des propos qu’il juge diffamatoires qui ne datent d’ailleurs pas de cette époque. En 1629, il les avait déjà dénoncés dans un de ses ouvrages de controverse : « […] encores aujourd’huy on publie par tout […] Que nous sommes ennemis des Roys, des loix, & de tout bon ordre22. » Pourtant, les réformés, affirme-t-il, sont fidèles au roi et à la cause nationale – il précise ailleurs : « Notre religion ne soufre point que nous fassions serment de fidelité à aucun Prince etranger23 » – et réaffirme avec force cette position dans le sermon de 1659 lorsqu’il évoque une possible paix entre la France et l’Espagne :

    Ceus-là nous connoissent fort mal, qui s’imaginent que ceus de nôtre Religion aprehendent la paix entre les deus Couronnes, & qu’ils souhaitent la continuation de la guerre. S’il y en a parmi nous qui ayent de telle [sic] pensées, le Seigneur les éclaire & leur pardonne. Certainement nous serions bien miserables de souhaiter la continuation d’une guerre qui desole un si grand nombre de païs, & qui aporte tant d’incommoditez à cét Etat ? [sic] Car ne sommes nous pas Sujets du Roy comme les autres François ? Ceus d’entre nous qui possedent quelque bien & quelque honneur du Siecle, ne le possedent-ils pas dans ce Royaume ? N’en portons-nous pas les charges chacun selon nos facultez24 ?

    9Dans ce passage, Drelincourt commence par dénoncer des considérations infondées (les verbes employés dans la première phrase, « connoissent fort mal », « s’imaginent », le montrent) qui feraient des réformés des traîtres à leur pays, puis il accumule les questions rhétoriques pour attester la bonne foi des réformés dans leur souhait de la paix, en soulignant leur qualité de « Sujets du Roy » au même titre que les autres. Les propos glissent ensuite, toujours sous la forme de questions rhétoriques, sur l’idée de bonne entente entre les membres de deux confessions, certes rivales, mais constitutives d’un même royaume.

    Ne soufrons-nous pas avec les autres François de tant de ruïnes, & de tant d’incommoditez que cette longue & ennuyeuse guerre aporte a tous les Sujets de l’une & de l’autre Couronne ? […] N’y a-t-il pas dans les frontieres de ce Royaume des personnes de nôtre Religion, qui soufrent de cette longue guerre aussi bien que les autres Sujets du Roy ?25

    10Son discours se construit sur une gradation qui l’amène à développer un très beau passage sur la fraternité humaine qui transcende les différences de confessions et de nationalités : même les Espagnols, affirme le pasteur, méritent le nom de frères. Vingt-cinq ans après Corbie, le temps a fait son œuvre, les ennemis d’hier sont devenus des frères de misère.

    Rendons à Dieu les choses qui sont à Dieu, & à Cesar celles qui sont à Cesar ; Et faisons voir par toutes nos actions que parmi nous ce sont des choses inseparables, que de craindre Dieu & d’honorer le Roy. Rendons-nous recommandables à nôtre Prince par une fidelité inviolable, & par une obéissance sincere à tous ses ordres, & à tous ses commandemens. Imitons la fidélité de Mardochée envers Assuerus ; & ne laissons passer aucune occasion de servir la personne sacrée du Roy, & de contribuer au bien & à la gloire de son Empire. Par ce moyen nous obigerons [sic] sa Majesté à nous continuer sa protection Royale, & à nous maintenir dans la liberté des Edits qui ont esté donnez à ce Royaume comme une loy ferme & inviolable par Henry le Grand, le pere du Peuple, & le Restaurateur de l’Etat.

    Rendons à nos concitoyens tous les devoirs ausquels nous oblige la nature & la societé civile. Prevenons-les par honneur, & prenons plaisir à leur rendre en toute rencontre, tous les services dont nous sommes capables26.

    11Si on compare le sermon de 1636 avec celui de 1659, on peut dire d’abord qu’il s’agit de deux discours pathétiques prononcés dans un contexte de guerre. Dans le premier, le pasteur légitime la guerre, appelle à la résistance contre l’envahisseur espagnol et assure le roi du soutien de la communauté réformée, mais dans le deuxième, les protestations de fidélité occupent beaucoup plus de place dans le texte, elles s’appuient aussi bien sur de multiples injonctions que sur une rhétorique de l’hyperbole. La sujétion au pouvoir royal, c’est d’ailleurs bien le sens de la Parole du Christ adressée aux pharisiens qui l’ont interpellé : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu27. » La citation, paraphrasée ou non selon les besoins, est d’ailleurs récurrente dans les sermons où le pasteur a à évoquer la chose publique. On observera également que dans la citation proposée le pasteur convoque la figure biblique de Mardochée, le serviteur fidèle à son roi mais aussi à sa foi. Le personnage, que le sermon appelle à imiter, a l’avantage d’offrir au-delà de l’idée première, et importante, de la fidélité au roi, l’idée de persécution. Le peuple protestant, tout comme le peuple juif pourtant persécuté par Assuérus – manipulé en réalité par le cupide et méchant Aman – doit continuer à honorer son roi28. Drelincourt a conscience de l’enjeu et le dit : il s’agit d’adoucir le roi, il ne va pas jusqu’à la flatterie mais on peut constater que, globalement, plus les temps sont difficiles, plus les expressions de soumission sont grandes, dans l’espérance que ces paroles suscitent de la bienveillance.

    Un ordre nécessaire.

    12Il ne s’agit pas que de stratégie ; pour Drelincourt, l’ordre est en effet nécessaire. Le pasteur invective ceux qui se révoltent contre le pouvoir :

    Arriere d’icy les fanatiques, & la malheureuse secte de certains Anabatistes, qui voudroient exterminer de dessus la face de la terre, tous les Princes & les magistrats qui y commandent. C’est vouloir faire la guerre à Dieu, qui a étably ce saint ordre & cette admirable police, sans laquelle il n’y auroit que desordre & que confusion au monde. Ce ne seroit plus un monde, un lieu de grace & de beauté : mais ce seroit une vraye caverne de brigands29.

    13La critique des anabaptistes, secte extrêmement minoritaire en France à cette époque, permet de recadrer les reproches. Qui sont les traîtres, les insoumis, les dissidents ? Certainement pas les protestants de France qui ne cessent de clamer leur dévouement. D’ailleurs, pour Drelincourt, la société est naturellement ordonnée et il soutient sans réserve la hiérarchie qui la structure. L’Écriture sainte témoigne à ses yeux du judicieux ordonnancement divin. En effet, les patriarches et leurs vastes familles dont on lit les épopées dans l’Ancien Testament forment comme de petits royaumes. Ainsi, de la même manière qu’un enfant obéit à son père, qu’un serviteur obéit à son maître, un homme obéit à son roi quand il vit dans une monarchie, mode de gouvernement plébiscité par le prédicateur. Dans le « Sermon sur la Sujetion aux puissances superieures », Charles Drelincourt reconnaît qu’il n’a pas à discuter du bien-fondé de tel ou tel gouvernement mais, plaçant la figure du roi comme celle qui doit être honorée par le peuple, il en profite pour souligner les avantages de la France monarchique. Princes, Magistrats, gouverneurs sont des « images vivantes de la Divinité30 ».

    Une parole d’obéissance néanmoins nuancée

    14D’abord, le pasteur ne manque pourtant pas de faire remarquer que des obligations sont nécessaires des deux côtés, tant du côté du peuple que du côté du roi. La répétition de l’adjectif « inviolable » souligne bien les obligations des uns et des autres : le principe de soutien au roi est inviolable de même qu’est inviolable pour le roi l’obligation de respecter le texte des édits qui fixent la liberté des réformés. Un parallèle s’établit entre le respect de principes qui sont donnés comme inviolables. Le propos ne va pas plus loin et n’évoque pas frontalement le cas de figure où l’autorité royale viole précisément la loi. On voit que, dans l’argumentation, des prémisses sont posées mais que la conclusion n’est pas formulée et reste suspendue.

    Le choix significatif des péricopes

    15Il est clair que c’est dans des éléments moins voyants que se nichent les critiques ; ainsi des péricopes. Les versets du chapitre 13 de l’Épître aux Romains sont fréquemment cités par Charles Drelincourt mais ne sont jamais choisis comme supports du sermon31. La parole d’obéissance au pouvoir royal est bien présente, formulée sans ambiguïté, mais elle n’occupe pas l’essentiel du sermon ; elle est même, en quelque sorte, neutralisée par le discours théologique qui occupe la majeure partie du texte énoncé. Pourtant un sermon de la fin de la carrière du ministre, daté de 1667, « De la Sujetion aux puissances superieures », a pour péricope un passage de Pierre32 que Drelincourt pose clairement comme un équivalent des versets de l’Épître aux Romains (le titre du sermon est d’ailleurs une paraphrase du verset 1). On peut donc considérer qu’à cette époque, même si la parole doit rester respectueuse, il y a des signes – et le choix de cette péricope en est un – de discordance.

    16Si on poursuit l’examen des péricopes, on remarque que l’« Exhortation à prier Dieu pour la paix » de 1659 propose un discours s’appuyant sur un extrait du chapitre 29 du livre de Jérémie. Le passage raconte que le prophète, fidèle à sa politique de soumission à Nabuchodonosor, envoie aux exilés à Babylone une lettre dans laquelle il les invite à se résigner et à s’établir pour une longue durée en terre étrangère (v. 4 à 7). Comment comprendre le choix de ce support scripturaire ? Faut-il considérer ce contexte d’exil (thème cher aux protestants, minorité discriminée à qui on fait comprendre qu’elle n’est pas la bienvenue) ? Ou ne prêter attention qu’à l’appel à la paix ? La première option renvoie à la situation des réformés, considérés comme des étrangers dans leur propre pays tandis que la deuxième gomme l’aspect polémique pour ne retenir que le côté consensuel.

    17Dans le sermon de 1636, la péricope est significative de la hiérarchie à respecter : « Donne nous ton secours pour sortir de la detresse : Car le secours de l’homme est vanité. Nous ferons prouësse en Dieu, il foulera nos ennemis. » Le plan proposé, qui se présente comme une explication linéaire et littérale des deux versets, est déjà un indice de la théorie qui sera exposée dans le développement du texte. Dans ce psaume, le roi David reconnaît lui-même la toute puissance divine qui le dépasse. En effet, la puissance des rois n’est que vanité. Pour autant, il ne s’agit pas de justifier l’inaction. Tout au contraire, ces propos donnent l’occasion au pasteur de légitimer le combat armé :

    Car il veut qu’un chacun travaille en sa vocation, & que ceus qui vont à la guerre se servent de leur espée. Il n’y a point de victoire sans combat33.

    18Le contexte – la prise de Corbie par les Espagnols, la crainte des Parisiens devant l’avancée des envahisseurs – justifie ces paroles martiales qui sont, par ailleurs, complètement absentes et même hors de propos, dans les trois autres sermons en faveur de la paix que Drelincourt prononce en 1649 d’abord (avec la fin de la guerre de Trente ans), en 1659 ensuite avec un sermon en forme de prière pour la paix, en 1660 enfin. Drelincourt rappelle que le conflit avec l’Espagne dure depuis longtemps par le biais d’un parallèle avec la plainte de David :

    Le degast pour lequel David gemit amerement n’avoit duré qu’un jour : mais il y a 24 ans que dure cette désolation, & que la terre est enyvrée de sang34.

    19Il poursuit le parallèle : perte de 70 000 âmes d’un côté, « des millions de personnes au tombeau » de l’autre, et dresse un tableau particulièrement horrible de la situation. Ce tableau pathétique des misères endurées par le peuple français est repris sous la forme d’une prétérition dans le sermon de 1660 prononcé à l’annonce de la ratification du traité des Pyrénées.

    Pour vous faire voir le sujet que nous avons d’apliquer ces paroles à la Paix qui nous met aujourduy en joie avec tout le Royaume, je n’ay pas besoin de vous faire une description pathetique de tous les maus & de toutes les calamitez que la guerre aporte à tous ceus qui en sont affligez. C’est un sujet où se sont exercez plusieurs beaus esprits, & sur lequel ils ont déployé toutes les voiles de leur plus rare eloquence. Ioint que les discours les plus pompeus, & les exclamations les plus tragiques, ne sauroient vous faire rien concevoir qui ne soit au dessous de ce qu’ont ressenti ceus qui ont esté travaillez du fleau de la guerre, & qui ont veu au milieu d’eus le feu de la desolation. Qui ont veu en leur païs des montagnes de corps morts & des torrens de sang. Dont les maisons ont esté reduites en cendre, & qui n’ont plus d’autre couverture que le Ciel. Ie me contente de vous dire que tous les maus que les Iuifs ont souferts durant la guerre que leur fit Nebucadenetsar [i.e. Nabuchodonosor] ne sont rien au pris de ceus qui ont esté causez par cette dernière guerre35.

    20Dans ce sermon, le pasteur fait certes l’éloge des hommes qui ont œuvré en faveur de la paix :

    O que les Princes qui ont donné pouvoir de traiter, & qui l’ont ratifiée, sont aymables, & qu’ils sont dignes de l’amour & des tendresses de tous les peuples que Dieu a assujetis à leur Empire ! Les deus grands Ministres ont comme formé le corps de cette Paix : Mais les deux Rois l’ont animée, & luy ont donné tout ce qu’elle a de force & de vigueur36.

    21Le but est en réalité ailleurs que dans la louange, comme le montrent les propos qu’il tient quelques lignes plus loin :

    Que cette Paix puisse estre aussi utile & profitable au pauvre peuple, qu’elle est glorieuse au Roi & à son Ministre ; & qu’à l’ombre de cette Paix nous puissions posseder nos ames en paix, & jouïr de la precieuse liberté qui nous a esté accordée par les Edits des defunts Rois de glorieuse memoire, & par sa Majesté qui est aujourdui sur le trône. Que perseverans en la fidelité inviolable que nous devons à nôtre Prince Souverain, nous puissions continuer à servir Dieu selon la pureté de sa Parole ; Et en un mot, que nous puissions toute nôtre vie rendre à Dieu ce qui est à Dieu, & à Cesar ce qui est à Cesar37.

    22Le pasteur exprime ici à nouveau le souhait du respect des textes signés en faveur de la communauté réformée.

    Vanité du pouvoir

    23Certes, il faut obéir au roi mais, comme le souligne le pasteur, le premier devoir du roi est de travailler au bonheur de ses sujets et rechercher la paix est une de ses obligations. Il doit œuvrer à la paix, la désirer et la préserver pour le bien de son peuple. Le sermon de 1659, dès l’instant où il pose ces principes, prend un tournant et expose un certain nombre de considérations visant à faire comprendre que les conquêtes militaires ne sont que vanité, que la vie humaine ne doit pas être gaspillée. De fait, se lit en filigranes, l’inconséquence des rois qui ont oublié le bien commun et leur rôle de protecteur pour se livrer à des guerres sanglantes dont ils ne subissent pas les conséquences directes. Le propos devient plus précis et plus critique encore : aucun des deux royaumes, que ce soit la France ou l’Espagne, n’a recherché la paix, aucun n’a fait le premier pas et les deux Couronnes se sont enferrées dans des situations absurdes :

    Mais faut-il pour un miserable point d’honneur épuiser les finances des Royaumes, ruiner les millions de personnes innocentes & répandre des rivieres & des torrens de sang38 ?

    24Le pasteur ne manque jamais de rappeler la hiérarchie de la soumission : le fidèle doit d’abord obéir à Dieu avant d’obéir au roi. Pour cela, il s’appuie sur l’exhortation de Pierre : « Craignez Dieu, honorez le roi. » Dans le sermon sur « l’honneur qui est deu aus Roys (on notera le pluriel indiquant la généralité), & à Iesus Christ le Roy des Roys », il précise :

    C’est Dieu luy-méme qui a établi les Roys & les Princes, les Iuges & les Magistrats de la terre […]. C’est luy qui fait que plusieurs millions d’hommes, rendent une obéissance volontaire à un homme infime & mortel comme eus : Mais qui a au dessus d’eus l’image de Dieu, & le caractere de sa puissance39.

    25Comment expliquer, sinon par la volonté divine, que des millions d’hommes puissent se soumettre volontairement à un seul ? Mais la soumission n’est pas aveugle. Plus loin, il ajoute qu’il faut leur « obéir en toute choses où Dieu n’est point offensé40 ». La restriction a son importance mais elle n’est ni développée ni illustrée par le pasteur qui se contente de poser ce principe et de laisser en suspens, une fois de plus, la suite.

    26L’autre réserve qui découle de la première – il faut d’abord honorer Dieu, ensuite le roi – c’est que le roi n’est qu’un homme comme les autres. Il est, Drelincourt le rappelle à plusieurs reprises, « infime & mortel ». Le roi est une image de Dieu mais il n’est aussi qu’une image de Dieu. Certes, il tire de ce statut une grandeur qui impose la déférence, et c’est à ce titre qu’il faut se soumettre à lui mais le pasteur, dans le discours sur la vanité des hommes et du monde, ne manque pas de souligner une évidence qui vient ramener l’obéissance au roi à une certaine mesure :

    Les plus grands de la terre, & les plus superbes Monarques, entrent au monde & en sortent, comme les enfans des plus pauvres mendians, & des plus miserables esclaves. Toute leur gloire, leur pompe & leur magnificence, ne les empêche point d’estre reduits en cendre41.

    27Or cette précision n’est peut-être pas si convenue, et donc si anodine. Ainsi dans un sermon catholique de Guillaume Le Boux, intitulé « Sermon sur l’obéissance qu’on doit au Roi », ces considérations sont absentes. Bien plus, le prélat remarque au sujet de la royauté « […] son caractere ineffaçable qui l’eleve au dessus de l’inconstance des choses humaines & de leurs révolutions […] lui donn[e] un éclat que rien ne peut altérer42. » Pour le prédicateur catholique, la royauté n’est donc pas soumise à la condition des choses terrestres, elle échappe à la vanité et à l’inconstance, or c’est précisément le contraire que soutient Drelincourt. Le topos de la vanité est convoqué par le pasteur pour diminuer la puissance du roi, élément d’une stratégie argumentative et rhétorique qui semble absente de la prédication catholique dans les sermons de soumission, de circonstance et d’avènement.

    Quand le roi est un tyran

    28Drelincourt utilise un autre moyen de formuler des réserves : les précisions que le pasteur ajoute et qui souvent viennent tempérer les formulations emphatiques de soumission. Par exemple, à plusieurs reprises, il précise que les hommes doivent obéir à leur souverain même dans le cas manifeste où celui-ci gouvernerait en tyran. La règle de soumission au roi ne peut souffrir d’exception, « que les Princes & les Magistrats soient bons ou mauvais, justes ou injustes […] ; qu’ils soient Payens, Iuifs, ou Mahometans43 ». À première vue, il s’agit d’une soumission totale

    Les Empereurs aûquels S. Paul & S. Pierre commandent de rendre tout honneur, êtoient des Nerons & des sanglans persecuteurs44.

    29Pourtant le parallèle avec le gouvernement de Néron n’est pas sans suggérer une forme d’allusion aux persécutions subies par les protestants. Bien sûr, la référence est traditionnelle, on la trouve aussi dans la bouche (ou sous la plume) du catholique Guillaume Le Boux cité plus haut :

    Ne nous étonnons plus si les premiers Chrétiens se laissent égorger, plutôt que de se soulever contre les Empereurs ; s’ils respectent dans Néron même, quoiqu’avide de leur sang, quoique couvert de tous les crimes & de toutes les horreurs, un pouvoir dont il abuse, mais que Dieu lui a confié & que personne n’a droit de lui ravir ; s’ils prient enfin au milieu des flammes pour les tyrans qui allument leurs bûchers45.

    30Mais le prédicateur catholique exprime son admiration pour ces premiers chrétiens qui ont appliqué le précepte divin au péril de leur existence. Il fait l’éloge de ces martyres. Dans le sermon de Drelincourt, le propos revêt une autre tonalité. Être soumis à l’autorité d’un roi inique est une juste punition divine.

    « Si […] pour nous humilier & châtier nos fautes, il nous donne des Princes en sa colere […], c’est à nous à prier celuy qui tient leurs cœurs en sa main de les flêchir à la douceur & à la compassion. C’est à nous à tâcher à nous les rendre propices, par nôtre humilité, nôtre patience, & nôtre obeïssance […]46. »

    31Ce sont les péchés des hommes qui suscitent la colère de Dieu qui, à son tour, pour châtier les hommes, leur envoie des rois persécuteurs. Le sermon de 1667 va plus loin en rappelant l’histoire de Daniel jeté dans la fosse aux lions et en concluant :

    Il avoit manifestement contrevenu à l’Edit du Roy : Mais parce que cet Edit estoit directement contre Dieu, il soutient qu’en y desobeïssant il n’a point desobeï au Roy, & n’a rien fait contre son service47.

     

    32L’objectif du sermon n’est pas de parler de politique, mais les graves événements qui occupent le royaume de France dans la première moitié du xviie siècle ne peuvent être complètement passés sous silence dans les discours de Charles Drelincourt, qui s’adresse quotidiennement à la communauté des protestants parisiens. Sur le sujet de la politique intérieure, on n’observe pas de critique contre un pouvoir qui ne tolère que difficilement une communauté minoritaire, mais la période est celle d’une relative liberté. Plus le temps passe, plus les mesures restrictives contre les réformés se succèdent, mais aussi plus le discours d’obéissance est important ainsi que les protestations de fidélité développées. Sur la politique étrangère et sur le thème de la guerre, les propos restent assez mesurés. En 1636, le pasteur légitime le recours au combat tandis que les deux derniers sermons de 1659 et 1660 sont très engagés contre la guerre. On le constate, trente-trois ans plus tard, le discours a bien changé : la lassitude, l’écœurement même, se lisent dans l’exhortation et dans le sermon de louange de la paix. Cependant, les circonstances ne sont jamais le sujet des sermons qui relève selon l’expression de François Lebrun d’une « prédication intemporelle48 ». On peut les envisager en somme de deux manières : soit ils sont des prétextes à des développements théologiques, par exemple sur ce qu’est la paix de Jésus-Christ, soit le sermon est en quelque sorte la justification théologique de la nécessité d’évoquer des événements politiques importants, mais qu’il est impossible dans le cadre contraint du sermon de développer. Aussi, si les propos sur l’actualité ne constituent pas l’essentiel des sermons, ils ne sont pas pour autant complètement absents d’un discours public forcément perméable aux contingences du temps, sans compter que ces allusions ont aussi l’avantage pratique de retenir l’attention des fidèles. Enfin, doit-on en conclure que Drelincourt est un tiède ? Sans être complètement apolitisée, sa prédication est réservée sur les sujets politiques et sur les liens que doit entretenir le fidèle avec son roi. C’est en réalité davantage sur le terrain de la religion et de la foi que le pasteur se bat.

    Notes de bas de page

    1 Dans la traduction de la Bible de Genève.

    2 C’est le cas encore après la Révolution comme le montre Céline Borello dans La République en chaire protestante, Rennes, PUR, 2017. Voir le chapitre IV « Une parole de soumission, une prédication soumise », p. 133-164.

    3 Voir Jane McKee, « La correspondance de Charles Drelincourt, 1620-1669 », B.S.H.P.F., t. 159/1, 2013, p. 67-77. Voir aussi l’édition récemment établie et annotée également par Jane McKee, La Correspondance de Charles Drelincourt et de ses enfants (1620-1703), Paris, Honoré Champion, 2021.

    4 Charles Drelincourt, Catéchisme ou Instruction familière sur les principaux points de la religion chrestienne, Charenton, 1642. Pour une présentation plus détaillée du pasteur, voir l’introduction de Julien Goeury in Laurent Drelincourt, Sonnets chrétiens sur divers sujets, texte établi, présenté et annoté par Julien Goeury, Paris, Champion, 2004, p. 15-20.

    5 Jean-Frédéric Ostervald, Catéchisme ou instruction dans la Religion chrestienne, Genève, Compagnie des Libraires, 1702.

    6 Pierre Du Moulin, « Traitté de Melchisedec », Dixieme Decade de Sermons. Avec un traitté de Melchisedec, Genève, Pierre Chouët, 1654, p. 240.

    7 Henri de Ruvigny (1605-1689) exerça la charge de député général des Églises réformées pendant vingt-cinq ans, de 1653 à 1678.

    8 Solange Deyon, Du Loyalisme au refus. Les protestants français et leur député général entre la Fronde et la Révocation, Villeneuve d’Asq, Publications de l’université de Lille III, 1976, « Introduction », p. 11.

    9 Notre propos ne concerne, certes, qu’un seul pasteur mais qui bénéficie d’une audience importante – l’Église de Paris est la plus puissante du royaume – et Drelincourt a beaucoup publié.

    10 Édits de pacification – XII, Édit de Nantes, article 17 [En ligne, édition numérique par l’École nationale des Chartes, Bernard Barbiche dir. : http://elec.enc.sorbonne.fr/editsdepacification/edit_12#art_12_17 ; consulté le 20 juin 2022]. Cité par Pierre-Jean Souriac, « La prédication protestante dans un contexte de révolte contre le roi au temps de Louis XIII » in Bruno Béthouart et Jean-François Galinier-Pallerola (dir.), « La prédication chrétienne à travers l’histoire », Les Cahiers du Littoral, 2017, p.115-132.

    11 Isaac d’Huisseau, La Discipline des Églises Reformées de France, Saumur, Isaac Desbordes, 1667, p. 67-68.

    12 La ville de Corbie prise par les Espagnols le 15 août 1636 est assiégée par les troupes françaises. Après six semaines de siège, le 9 novembre, les Espagnols se rendent.

    13 Le Traité des Pyrénées est signé entre l’Espagne et la France le 7 novembre 1659.

    14 On évoque fréquemment, du pasteur de Saumur Moyse Amyraut (1596-1664), le Discours de la Souveraineté des Roys (Charenton, 1650) dont le sous-titre, éclairant sur la prise de position de l’auteur, est le suivant : « Sur ces paroles du Pseaume CV. Ne touchez point à mes Oincts, & ne faites point de mal à mes Prophetes. » Publié en réaction à l’exécution, en 1649, du roi d’Angleterre Charles Ier, pour la condamner, l’ouvrage ne manque pourtant pas de rappeler que le régicide a été plusieurs fois encouragé par les jésuites, soulignant par là que les mauvais sujets ne sont pas forcément ceux que l’on croit.

    15 Luc Daireaux, « Les pasteurs normands dans la seconde moitié du xviie siècle : la soumission dans la répression ? » in Catherine Bougy et Sophie Poirey (dir.), Images de la contestation du pouvoir dans le monde normand (xe-xviiie siècle), Caen, Presses universitaires de Caen, 2007, p. 247 : « Le rôle des pasteurs dans l’exaltation de l’absolutisme de droit divin de la monarchie et de la personne royale après 1598 est remarquable. Alors qu’à partir du milieu des années 1650, la politique religieuse du Roi tend à réduire considérablement la portée de l’Édit de Nantes, à définir de plus en plus strictement les privilèges accordés aux protestants, les pasteurs multiplient, dans leurs sermons ou dans des textes divers, les signes de soumission et de révérence à l’égard de la monarchie. »

    16 Ch. Drelincourt, « Exhortation à prier Dieu pour la Paix entre les deux Couronnes », Recueil de sermons sur divers passages de l’Ecriture sainte, Troiziéme Volume, Genève, J. A. et Samuel de Tournes, 1664, p. 231-232.

    17 Les écrits des protestants ont insisté sur l’influence du clergé sur le roi, comme l’attestent deux lettres très vives et très critiques à ce sujet de Charles Drelincourt (publiées sous un pseudonyme et condamnées à être brûlées de la main du bourreau) : Lettres d’un habitant de Paris à un de ses amis de la campagne sur la remonstrance du clergé de France faite au Roy par Monsieur l’Archevesque de Sens, datées respectivement d’août et d’octobre 1656. Les historiens eux-mêmes ont souvent avancé cette explication. Mais, pour Solange Deyon, cette raison seule ne suffit pas. Elle remarque que Mazarin, après avoir obtenu le soutien de Cromwell contre l’Espagne, n’a plus besoin de ménager la communauté protestante (Du Loyalisme au refus […], op. cit., p. 46-48).

    18 Élisabeth Labrousse, « Une foi, une loi, un roi ? » La révocation de l’Édit de Nantes, Paris / Genève, Payot / Labor et Fides, 1985, p. 60.

    19 Luc Daireaux observe dans les sermons des pasteurs normands une « absence de contestation dans une période de répression » (« Les pasteurs normands […] », op. cit., p. 248).

    20 Élisabeth Labrousse intitule un de ses sous-chapitres « Les stratégies huguenotes » pour évoquer l’attitude plutôt défensive des réformés (voir « Une foi, une loi, un roi ? » La révocation […], op. cit., p. 57).

    21 Ch. Drelincourt, « Sermon pour la prosperité des armes du Roy », Recueil de sermons sur divers passages de l’Ecriture Sainte, avec quelques Prieres & Meditations, Premier volume, Genève, Samuel de Tournes, 1658, p. 62. Nous soulignons.

    22 Ch. Drelincourt, Le Combat romain, Genève, Pierre Aubert, 1629, p. 12.

    23 Ch. Drelincourt, « De la Sujetion aus puissances superieures », Sermon de feu M. Drelincourt sur la sujetion aus puissances superieures avec le dernier Sermon du même Auteur, Niort, Philippe Bureau, 1672, p. 27.

    24 Ch. Drelincourt, « Exhortation à prier Dieu pour la Paix entre les deux Couronnes », Recueil de sermons […], op. cit., p. 245.

    25 Ibid., p. 245-247.

    26 Ch. Drelincourt, « Exhortation à prier Dieu pour la Paix entre les deux Couronnes », Recueil de sermons […], op. cit., p. 249-250. Nous soulignons.

    27 Lc 20, 25 (traduction de la Bible de Jérusalem). Le même épisode est raconté par Matthieu (Mt 22, 15-22) et par Marc (Mc 12, 13-17).

    28 Voir le livre d’Esther.

    29 Ch. Drelincourt, « De l’Honneur qui est deu aus Roys, & à Iesus Christ le Roy des Roys », Recueil de sermons sur divers passages de l’Ecriture Sainte, avec quelques Prieres & Meditations, Premier volume, Genève, Samuel de Tournes, 1658, p. 526-527.

    30 Ibid., p. 527.

    31 Pas à notre connaissance du moins. Nous avons examiné les quarante sermons imprimés de l’auteur que nous connaissons (trois volumes de sermons et quelques autres publiés isolément).

    32 Sermon prêché à Charenton le 9 janvier 1667 sur 2 P 2, 13-14.

    33 Ch. Drelincourt, « Sermon pour la prosperité des armes du Roy », Recueil de sermons […], op. cit., p. 41.

    34 Ch. Drelincourt, « Exhortation à prier Dieu pour la Paix entre les deux Couronnes », Recueil de sermons […], op. cit., p. 213.

    35 Ch. Drelincourt, « Le Bonheur de la Paix », Recueil de sermons sur divers passages de l’Ecriture sainte, Troiziéme Volume, Genève, J. A. et Samuel de Tournes, 1664, p. 278-279.

    36 Ibid., p. 280.

    37 Ibid., p. 282.

    38 Ch. Drelincourt, « Exhortation à prier Dieu pour la Paix entre les deux Couronnes », Recueil de sermons […], op. cit., p. 239.

    39 Ch. Drelincourt, « De l’Honneur qui est deu aus Roys, & à Iesus Christ le Roy des Roys », Recueil de sermons […], op. cit., p. 524-525.

    40 Ibid., p. 527.

    41 Ibid., p. 522.

    42 Guillaume Le Boux, « Sermon pour le Dimanche des Rameaux, sur l’obéissance qu’on doit au Roi », Sermons prêchés devant le roi, Rouen, Besongne, 1756, t. II, p. 135. Guillaume Le Boux (1621-1693) fut l’évêque de Dax puis de Périgueux et un célèbre prédicateur.

    43 Ch. Drelincourt, « De la Sujetion aus puissances superieures », Sermon de feu M. Drelincourt […], op. cit., p. 14.

    44 Ch. Drelincourt, « De l’Honneur qui est deu aus Roys, & à Iesus Christ le Roy des Roys », Recueil de sermons […], op. cit., p. 530.

    45 Guillaume Le Boux, « Sermon pour le Dimanche des Rameaux, sur l’obéissance qu’on doit au Roi », Sermons […], op. cit., p. 138-139.

    46 Ch. Drelincourt, « De l’Honneur qui est deu aus Roys, & à Iesus Christ le Roy des Roys », Recueil de sermons […], op. cit, p. 531.

    47 Ch. Drelincourt, « De la Sujetion aus puissances superieures », Sermon de feu M. Drelincourt […], op. cit, p. 23.

    48 François Lebrun, Parole de Dieu et Révolution. Les sermons d’un curé angevin avant et pendant la guerre de Vendée, Paris, Imago, 1988 [1979], p. 21. François Lebrun utilise l’expression pour désigner certains des sermons d’un curé angevin réfractaire, Yves-Marcel Marchais. Nous pensons que l’expression, certes utilisée pour un prédicateur catholique du xviiie siècle, peut, selon la définition qu’en donne l’auteur, tout à fait s’appliquer aux sermons d’un pasteur protestant du xviie siècle.

    Auteur

    • Christabelle Thouin-Dieuaide

      Docteure en littérature française, EHIC (Espaces Humains et Interactions Culturelles), Université de Limoges

    Précédent Suivant
    Table des matières

    Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

    Voir plus de livres
    Pour une histoire de la restauration monumentale (xixe-début xxe siècle)

    Pour une histoire de la restauration monumentale (xixe-début xxe siècle)

    Un manifeste pour le temps présent

    Bruno Phalip et Fabienne Chevallier (dir.)

    2021

    Restaurer au xixe siècle

    Restaurer au xixe siècle

    Bruno Phalip, Jean-François Luneau et Fabienne Chevallier (dir.)

    2022

    Aristocratie révolutionnaire en Espagne

    Aristocratie révolutionnaire en Espagne

    La concession de nouveaux titres de Castille (1808-1854)

    Arnaud Pierre

    2024

    Les nouveaux territoires diocésains

    Les nouveaux territoires diocésains

    De l’époque médiévale à nos jours

    Vincent Flauraud et Stéphane Gomis (dir.)

    2021

    De la parole du prédicateur au discours politique

    De la parole du prédicateur au discours politique

    Jalons pour une histoire de la critique religieuse du politique (du Moyen Âge à l’époque contemporaine)

    Vincent Flauraud et Ludovic Viallet (dir.)

    2022

    Les mises à l'écart politiques

    Les mises à l'écart politiques

    Des périphéricités paradoxales

    Laurent Lamoine et Julien Bouchet (dir.)

    2022

    Les espaces du spectacle vivant dans la ville

    Les espaces du spectacle vivant dans la ville

    Permanences, mutations, hybridité (xviiie-xxie siècles)

    Pauline Beaucé, Sandrine Dubouilh et Cyril Triolaire (dir.)

    2021

    La modernisation de l’Espagne

    La modernisation de l’Espagne

    Entre réformes et conflits (xixe-xxe siècles)

    Jean-Claude Caron et Anne Dubet (dir.)

    2023

    Prendre la plume des Lumières au Romantisme

    Prendre la plume des Lumières au Romantisme

    Pratiques de l’écrit dans l’Europe de la fin de l’époque moderne

    Matthieu Magne (dir.)

    2019

    Joconde ou madone ? La Tête de cire de Lille, énigme de la collection Wicar

    Joconde ou madone ? La Tête de cire de Lille, énigme de la collection Wicar

    Fortune et réception (1834-2021)

    Laurence Riviale

    2022

    Les langages du culte aux xviie et xviiie siècles

    Les langages du culte aux xviie et xviiie siècles

    Bernard Dompnier (dir.)

    2020

    Statuts personnels et main-d’œuvre en Méditerranée hellénistique

    Statuts personnels et main-d’œuvre en Méditerranée hellénistique

    Stéphanie Maillot et Julien Zurbach (dir.)

    2021

    Voir plus de livres
    1 / 12
    Pour une histoire de la restauration monumentale (xixe-début xxe siècle)

    Pour une histoire de la restauration monumentale (xixe-début xxe siècle)

    Un manifeste pour le temps présent

    Bruno Phalip et Fabienne Chevallier (dir.)

    2021

    Restaurer au xixe siècle

    Restaurer au xixe siècle

    Bruno Phalip, Jean-François Luneau et Fabienne Chevallier (dir.)

    2022

    Aristocratie révolutionnaire en Espagne

    Aristocratie révolutionnaire en Espagne

    La concession de nouveaux titres de Castille (1808-1854)

    Arnaud Pierre

    2024

    Les nouveaux territoires diocésains

    Les nouveaux territoires diocésains

    De l’époque médiévale à nos jours

    Vincent Flauraud et Stéphane Gomis (dir.)

    2021

    De la parole du prédicateur au discours politique

    De la parole du prédicateur au discours politique

    Jalons pour une histoire de la critique religieuse du politique (du Moyen Âge à l’époque contemporaine)

    Vincent Flauraud et Ludovic Viallet (dir.)

    2022

    Les mises à l'écart politiques

    Les mises à l'écart politiques

    Des périphéricités paradoxales

    Laurent Lamoine et Julien Bouchet (dir.)

    2022

    Les espaces du spectacle vivant dans la ville

    Les espaces du spectacle vivant dans la ville

    Permanences, mutations, hybridité (xviiie-xxie siècles)

    Pauline Beaucé, Sandrine Dubouilh et Cyril Triolaire (dir.)

    2021

    La modernisation de l’Espagne

    La modernisation de l’Espagne

    Entre réformes et conflits (xixe-xxe siècles)

    Jean-Claude Caron et Anne Dubet (dir.)

    2023

    Prendre la plume des Lumières au Romantisme

    Prendre la plume des Lumières au Romantisme

    Pratiques de l’écrit dans l’Europe de la fin de l’époque moderne

    Matthieu Magne (dir.)

    2019

    Joconde ou madone ? La Tête de cire de Lille, énigme de la collection Wicar

    Joconde ou madone ? La Tête de cire de Lille, énigme de la collection Wicar

    Fortune et réception (1834-2021)

    Laurence Riviale

    2022

    Les langages du culte aux xviie et xviiie siècles

    Les langages du culte aux xviie et xviiie siècles

    Bernard Dompnier (dir.)

    2020

    Statuts personnels et main-d’œuvre en Méditerranée hellénistique

    Statuts personnels et main-d’œuvre en Méditerranée hellénistique

    Stéphanie Maillot et Julien Zurbach (dir.)

    2021

    Accès ouvert

    Accès ouvert freemium

    ePub

    PDF

    PDF du chapitre

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque

    Acheter

    Édition imprimée

    • amazon.fr
    • mollat.com
    • leslibraires.fr
    • placedeslibraires.fr
    • lcdpu.fr

    1 Dans la traduction de la Bible de Genève.

    2 C’est le cas encore après la Révolution comme le montre Céline Borello dans La République en chaire protestante, Rennes, PUR, 2017. Voir le chapitre IV « Une parole de soumission, une prédication soumise », p. 133-164.

    3 Voir Jane McKee, « La correspondance de Charles Drelincourt, 1620-1669 », B.S.H.P.F., t. 159/1, 2013, p. 67-77. Voir aussi l’édition récemment établie et annotée également par Jane McKee, La Correspondance de Charles Drelincourt et de ses enfants (1620-1703), Paris, Honoré Champion, 2021.

    4 Charles Drelincourt, Catéchisme ou Instruction familière sur les principaux points de la religion chrestienne, Charenton, 1642. Pour une présentation plus détaillée du pasteur, voir l’introduction de Julien Goeury in Laurent Drelincourt, Sonnets chrétiens sur divers sujets, texte établi, présenté et annoté par Julien Goeury, Paris, Champion, 2004, p. 15-20.

    5 Jean-Frédéric Ostervald, Catéchisme ou instruction dans la Religion chrestienne, Genève, Compagnie des Libraires, 1702.

    6 Pierre Du Moulin, « Traitté de Melchisedec », Dixieme Decade de Sermons. Avec un traitté de Melchisedec, Genève, Pierre Chouët, 1654, p. 240.

    7 Henri de Ruvigny (1605-1689) exerça la charge de député général des Églises réformées pendant vingt-cinq ans, de 1653 à 1678.

    8 Solange Deyon, Du Loyalisme au refus. Les protestants français et leur député général entre la Fronde et la Révocation, Villeneuve d’Asq, Publications de l’université de Lille III, 1976, « Introduction », p. 11.

    9 Notre propos ne concerne, certes, qu’un seul pasteur mais qui bénéficie d’une audience importante – l’Église de Paris est la plus puissante du royaume – et Drelincourt a beaucoup publié.

    10 Édits de pacification – XII, Édit de Nantes, article 17 [En ligne, édition numérique par l’École nationale des Chartes, Bernard Barbiche dir. : http://elec.enc.sorbonne.fr/editsdepacification/edit_12#art_12_17 ; consulté le 20 juin 2022]. Cité par Pierre-Jean Souriac, « La prédication protestante dans un contexte de révolte contre le roi au temps de Louis XIII » in Bruno Béthouart et Jean-François Galinier-Pallerola (dir.), « La prédication chrétienne à travers l’histoire », Les Cahiers du Littoral, 2017, p.115-132.

    11 Isaac d’Huisseau, La Discipline des Églises Reformées de France, Saumur, Isaac Desbordes, 1667, p. 67-68.

    12 La ville de Corbie prise par les Espagnols le 15 août 1636 est assiégée par les troupes françaises. Après six semaines de siège, le 9 novembre, les Espagnols se rendent.

    13 Le Traité des Pyrénées est signé entre l’Espagne et la France le 7 novembre 1659.

    14 On évoque fréquemment, du pasteur de Saumur Moyse Amyraut (1596-1664), le Discours de la Souveraineté des Roys (Charenton, 1650) dont le sous-titre, éclairant sur la prise de position de l’auteur, est le suivant : « Sur ces paroles du Pseaume CV. Ne touchez point à mes Oincts, & ne faites point de mal à mes Prophetes. » Publié en réaction à l’exécution, en 1649, du roi d’Angleterre Charles Ier, pour la condamner, l’ouvrage ne manque pourtant pas de rappeler que le régicide a été plusieurs fois encouragé par les jésuites, soulignant par là que les mauvais sujets ne sont pas forcément ceux que l’on croit.

    15 Luc Daireaux, « Les pasteurs normands dans la seconde moitié du xviie siècle : la soumission dans la répression ? » in Catherine Bougy et Sophie Poirey (dir.), Images de la contestation du pouvoir dans le monde normand (xe-xviiie siècle), Caen, Presses universitaires de Caen, 2007, p. 247 : « Le rôle des pasteurs dans l’exaltation de l’absolutisme de droit divin de la monarchie et de la personne royale après 1598 est remarquable. Alors qu’à partir du milieu des années 1650, la politique religieuse du Roi tend à réduire considérablement la portée de l’Édit de Nantes, à définir de plus en plus strictement les privilèges accordés aux protestants, les pasteurs multiplient, dans leurs sermons ou dans des textes divers, les signes de soumission et de révérence à l’égard de la monarchie. »

    16 Ch. Drelincourt, « Exhortation à prier Dieu pour la Paix entre les deux Couronnes », Recueil de sermons sur divers passages de l’Ecriture sainte, Troiziéme Volume, Genève, J. A. et Samuel de Tournes, 1664, p. 231-232.

    17 Les écrits des protestants ont insisté sur l’influence du clergé sur le roi, comme l’attestent deux lettres très vives et très critiques à ce sujet de Charles Drelincourt (publiées sous un pseudonyme et condamnées à être brûlées de la main du bourreau) : Lettres d’un habitant de Paris à un de ses amis de la campagne sur la remonstrance du clergé de France faite au Roy par Monsieur l’Archevesque de Sens, datées respectivement d’août et d’octobre 1656. Les historiens eux-mêmes ont souvent avancé cette explication. Mais, pour Solange Deyon, cette raison seule ne suffit pas. Elle remarque que Mazarin, après avoir obtenu le soutien de Cromwell contre l’Espagne, n’a plus besoin de ménager la communauté protestante (Du Loyalisme au refus […], op. cit., p. 46-48).

    18 Élisabeth Labrousse, « Une foi, une loi, un roi ? » La révocation de l’Édit de Nantes, Paris / Genève, Payot / Labor et Fides, 1985, p. 60.

    19 Luc Daireaux observe dans les sermons des pasteurs normands une « absence de contestation dans une période de répression » (« Les pasteurs normands […] », op. cit., p. 248).

    20 Élisabeth Labrousse intitule un de ses sous-chapitres « Les stratégies huguenotes » pour évoquer l’attitude plutôt défensive des réformés (voir « Une foi, une loi, un roi ? » La révocation […], op. cit., p. 57).

    21 Ch. Drelincourt, « Sermon pour la prosperité des armes du Roy », Recueil de sermons sur divers passages de l’Ecriture Sainte, avec quelques Prieres & Meditations, Premier volume, Genève, Samuel de Tournes, 1658, p. 62. Nous soulignons.

    22 Ch. Drelincourt, Le Combat romain, Genève, Pierre Aubert, 1629, p. 12.

    23 Ch. Drelincourt, « De la Sujetion aus puissances superieures », Sermon de feu M. Drelincourt sur la sujetion aus puissances superieures avec le dernier Sermon du même Auteur, Niort, Philippe Bureau, 1672, p. 27.

    24 Ch. Drelincourt, « Exhortation à prier Dieu pour la Paix entre les deux Couronnes », Recueil de sermons […], op. cit., p. 245.

    25 Ibid., p. 245-247.

    26 Ch. Drelincourt, « Exhortation à prier Dieu pour la Paix entre les deux Couronnes », Recueil de sermons […], op. cit., p. 249-250. Nous soulignons.

    27 Lc 20, 25 (traduction de la Bible de Jérusalem). Le même épisode est raconté par Matthieu (Mt 22, 15-22) et par Marc (Mc 12, 13-17).

    28 Voir le livre d’Esther.

    29 Ch. Drelincourt, « De l’Honneur qui est deu aus Roys, & à Iesus Christ le Roy des Roys », Recueil de sermons sur divers passages de l’Ecriture Sainte, avec quelques Prieres & Meditations, Premier volume, Genève, Samuel de Tournes, 1658, p. 526-527.

    30 Ibid., p. 527.

    31 Pas à notre connaissance du moins. Nous avons examiné les quarante sermons imprimés de l’auteur que nous connaissons (trois volumes de sermons et quelques autres publiés isolément).

    32 Sermon prêché à Charenton le 9 janvier 1667 sur 2 P 2, 13-14.

    33 Ch. Drelincourt, « Sermon pour la prosperité des armes du Roy », Recueil de sermons […], op. cit., p. 41.

    34 Ch. Drelincourt, « Exhortation à prier Dieu pour la Paix entre les deux Couronnes », Recueil de sermons […], op. cit., p. 213.

    35 Ch. Drelincourt, « Le Bonheur de la Paix », Recueil de sermons sur divers passages de l’Ecriture sainte, Troiziéme Volume, Genève, J. A. et Samuel de Tournes, 1664, p. 278-279.

    36 Ibid., p. 280.

    37 Ibid., p. 282.

    38 Ch. Drelincourt, « Exhortation à prier Dieu pour la Paix entre les deux Couronnes », Recueil de sermons […], op. cit., p. 239.

    39 Ch. Drelincourt, « De l’Honneur qui est deu aus Roys, & à Iesus Christ le Roy des Roys », Recueil de sermons […], op. cit., p. 524-525.

    40 Ibid., p. 527.

    41 Ibid., p. 522.

    42 Guillaume Le Boux, « Sermon pour le Dimanche des Rameaux, sur l’obéissance qu’on doit au Roi », Sermons prêchés devant le roi, Rouen, Besongne, 1756, t. II, p. 135. Guillaume Le Boux (1621-1693) fut l’évêque de Dax puis de Périgueux et un célèbre prédicateur.

    43 Ch. Drelincourt, « De la Sujetion aus puissances superieures », Sermon de feu M. Drelincourt […], op. cit., p. 14.

    44 Ch. Drelincourt, « De l’Honneur qui est deu aus Roys, & à Iesus Christ le Roy des Roys », Recueil de sermons […], op. cit., p. 530.

    45 Guillaume Le Boux, « Sermon pour le Dimanche des Rameaux, sur l’obéissance qu’on doit au Roi », Sermons […], op. cit., p. 138-139.

    46 Ch. Drelincourt, « De l’Honneur qui est deu aus Roys, & à Iesus Christ le Roy des Roys », Recueil de sermons […], op. cit, p. 531.

    47 Ch. Drelincourt, « De la Sujetion aus puissances superieures », Sermon de feu M. Drelincourt […], op. cit, p. 23.

    48 François Lebrun, Parole de Dieu et Révolution. Les sermons d’un curé angevin avant et pendant la guerre de Vendée, Paris, Imago, 1988 [1979], p. 21. François Lebrun utilise l’expression pour désigner certains des sermons d’un curé angevin réfractaire, Yves-Marcel Marchais. Nous pensons que l’expression, certes utilisée pour un prédicateur catholique du xviiie siècle, peut, selon la définition qu’en donne l’auteur, tout à fait s’appliquer aux sermons d’un pasteur protestant du xviie siècle.

    De la parole du prédicateur au discours politique

    X Facebook Email

    De la parole du prédicateur au discours politique

    Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://freemium.openedition.org/oebooks

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque

    Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org

    De la parole du prédicateur au discours politique

    Vérifiez si votre bibliothèque a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books.

    Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque d’acquérir un ou plusieurs livres publiés sur OpenEdition Books. N’hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées : access[at]openedition.org

    Vous pouvez également nous indiquer, à l’aide du formulaire suivant, les coordonnées de votre bibliothèque afin que nous la contactions pour lui suggérer l’achat de ce livre. Les champs suivis de (*) sont obligatoires.

    Veuillez, s’il vous plaît, remplir tous les champs.

    La syntaxe de l’email est incorrecte.

    Référence numérique du chapitre

    Format

    Thouin-Dieuaide, C. (2022). L’obéissance au roi dans les sermons du pasteur Charles Drelincourt (1595-1669). In V. Flauraud & L. Viallet (éds.), De la parole du prédicateur au discours politique (1‑). Presses universitaires Blaise-Pascal. https://doi.org/10.4000/13i3c
    Thouin-Dieuaide, Christabelle. « L’obéissance au roi dans les sermons du pasteur Charles Drelincourt (1595-1669) ». In De la parole du prédicateur au discours politique, édité par Vincent Flauraud et Ludovic Viallet. Clermont-Ferrand: Presses universitaires Blaise-Pascal, 2022. https://doi.org/10.4000/13i3c.
    Thouin-Dieuaide, Christabelle. « L’obéissance au roi dans les sermons du pasteur Charles Drelincourt (1595-1669) ». De la parole du prédicateur au discours politique, édité par Vincent Flauraud et Ludovic Viallet, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2022, https://doi.org/10.4000/13i3c.

    Référence numérique du livre

    Format

    Flauraud, V., & Viallet, L. (éds.). (2022). De la parole du prédicateur au discours politique (1‑). Presses universitaires Blaise-Pascal. https://doi.org/10.4000/13i4j
    Flauraud, Vincent, et Ludovic Viallet, éd. De la parole du prédicateur au discours politique. Clermont-Ferrand: Presses universitaires Blaise-Pascal, 2022. https://doi.org/10.4000/13i4j.
    Flauraud, Vincent, et Ludovic Viallet, éditeurs. De la parole du prédicateur au discours politique. Presses universitaires Blaise-Pascal, 2022, https://doi.org/10.4000/13i4j.
    Compatible avec Zotero Zotero

    1 / 3

    Presses universitaires Blaise-Pascal

    Presses universitaires Blaise-Pascal

    • Mentions légales
    • Plan du site
    • Se connecter

    Suivez-nous

    • Facebook
    • LinkedIn
    • Instagram
    • X
    • Flux RSS

    URL : http://pubp.univ-bpclermont.fr

    Email : publi.pubp@uca.fr

    Adresse :

    Maison des sciences de l'homme

    4 rue Ledru

    TSA 70402

    63001

    Clermont-Ferrand

    France

    OpenEdition
    • Candidater à OpenEdition Books
    • Connaître le programme OpenEdition Freemium
    • Commander des livres
    • S’abonner à la lettre d’OpenEdition
    • CGU d’OpenEdition Books
    • Accessibilité : partiellement conforme
    • Données personnelles
    • Gestion des cookies
    • Système de signalement