Nancy en quête d’un évêché (fin xvie-fin xixe siècle)
p. 73-88
Texte intégral
1Pourquoi, sous l’Ancien Régime, y a-t-il un siège épiscopal à Langres et pas à Dijon qui est pourtant une ville plus grande ? Pourquoi maintenir un évêché à Senez alors que Castellane est bien plus importante ? Il serait assez aisé de multiplier les questions de ce type. Elles ne relèvent pas uniquement du spirituel ; elles mettent en jeu la société et l’économie urbaine. Pour une cité, être le siège d’un évêché est une fierté, une source de prestige, la garantie d’une activité économique… Or la carte diocésaine répond à des logiques historiques, religieuses, politiques et économiques. C’est un espace hérité, ce que, dans un monde en perpétuel changement, maintes localités n’admettent plus.
2À partir du xvie siècle, un des points majeurs de crispation est la cité de Nancy. Capitale d’un État indépendant, les duchés de Lorraine, elle n’est pourtant pas évêché1. Elle relève du siège épiscopal de Toul, cité indépendante, dans la mouvance de l’Empire puis du Royaume de France. Soucieux d’affirmer leur puissance, les ducs ont tenté d’obtenir une modification de statut. C’est le début d’une lutte qui dure jusqu’au xixe siècle, faisant de Nancy un enjeu de pouvoir et de mémoire. Le conflit se développe sur deux fronts. Le premier est diplomatique : comment arracher au pape le titre épiscopal ? Le second est provincial : comment s’imposer face aux cités et villages ?
Un premier essai
3Les possessions du duc de Lorraine manquent d’unité politique. Il règne sur les duchés de Lorraine et du Barrois, le marquisat de Pont-à-Mousson et bien d’autres territoires, mais rend hommage au roi de France pour une partie du Barrois. Ses États n’ont pas, non plus, d’unité géographique, mités par des enclaves étrangères ou la persistance de cités libres. Au spirituel, ses domaines relèvent des évêchés de Metz, Toul et Verdun, trois cités indépendantes et quelques zones vosgiennes sont sous le contrôle de puissantes abbayes se déclarant de nul diocèse.
4Pendant longtemps, cette situation a été parfaitement gérée par le souverain qui nomme des proches aux bénéfices les plus importants. À la fin du xvie siècle, Charles III (1543-1608) peut ainsi contrôler les trois évêchés : l’évêque de Metz est son second fils, Charles de Lorraine (1567-1607) ; celui de Toul, Christophe de La Vallée (mort en 1607), est son ancien maître des requêtes ; celui de Verdun, Éric de Lorraine (1576-1623), est son cousin germain. Il sait pouvoir bénéficier en Cour de Rome des appuis suffisants pour imposer ses vues. Ainsi, lorsqu’en 1589 le chapitre de la cathédrale de Toul élit comme prélat Théodoric Thiriet, Charles obtient du pape l’annulation de l’élection et la nomination de Christophe de La Vallée.
5Cet équilibre est cependant bien précaire. Depuis 1552, Metz, Toul et Verdun sont passées dans le giron français2. Même si ces annexions de fait ne seront reconnues internationalement qu’en 1648, le roi de France prend pied dans la région. Charles III lutte opiniâtrement contre son influence. Parent immédiat de la famille de Guise, il accueille pendant les guerres de religion les réunions de la Ligue et, durant quelques mois, prétend à la couronne de France. Parallèlement, Charles III crée un État moderne et impose une capitale : Nancy. C’est donc à la fois pour contrer les Français et établir sa capitale qu’en 1570 il prend contact avec le pape pour étudier la question de la création d’un évêché à Nancy. Cela ne peut passer que par le démembrement des autres sièges épiscopaux ; spécialement pour Toul, ce serait une catastrophe car elle perdrait sa principale source de prestige et de prospérité3.
6Un cardinal est chargé du dossier4. Mais la procédure s’enlise. Pour l’activer, le 1er septembre 1597, le duc envoie une lettre au pape pour demander l’érection. Celui-ci le félicite de son zèle envers le catholicisme et promet de s’occuper de cette affaire qui demande « beaucoup d’étude et de maturité5 ». Il s’agit avant tout de régler des questions matérielles et financières. Pour se concilier les chanoines de Toul, Charles III leur promet des pensions. Il propose que le futur évêque de Nancy soit son fils Charles. Celui-ci possédant en commende divers bénéfices, ceux-ci formeraient le revenu principal du siège épiscopal ; il s’agit des biens des abbayes de Clairlieu, Saint-Martin de Metz et Gorze auxquels s’ajouteraient ceux des prieurés Saint-Gorgon de Varangéville et Saint-Dagobert de Stenay ainsi que diverses prébendes du chapitre de Saint-Dié. Le territoire épiscopal serait composé de : 70 paroisses, 5 collégiales, 17 monastères, 6 prieurés détachés du diocèse de Toul ; 45 paroisses, 1 monastère, 5 prieurés pris au diocèse de Metz. À l’automne 1598, Bernardin Baretti et Jean Poirot, agents de Lorraine en Cour de Rome, sont reçus par les prélats de la Congrégation romaine des matières consistoriales, dirigée par le cardinal Como, « pour informer des qualités de la ville de Nancÿ et des causes de cette érection6 ». Ils insistent surtout sur la viabilité financière du futur siège épiscopal. À l’issue de la rencontre, les prélats romains semblent favorables à la création.
7Cependant, surgit un adversaire majeur. En janvier 1599, le roi de France s’oppose avec la plus grande fermeté à toute érection. Il agit par l’intermédiaire de son représentant, Arnaud d’Ossat (1537-1604)7. Dans une lettre du 23 juin 16018, celui-ci résume l’argumentation qu’il a déployée contre le démembrement des diocèses de Toul, Verdun et Metz. Le premier est d’ordre politique. Il prévient le roi :
Si seroit-il œuvre tres digne de la protection de V.M. que de les conserver en leur entier, & de soufrir, que de vôtre temps elles fussent diminuées & estropiées tant au spirituel qu’au temporel, pour en créer & agrandir des Etrangers en autres Etats que les vôtres.
8Le second argument est économique puisque les trois sièges épiscopaux vivent de la présence du clergé et de l’affluence de fidèles :
La grandeur, opulence, honneur & réputation des villes consiste une grande partie à être frequentées […] outre que tant plus les Evêques, Chapitres, & leur dignitez ont de revenu, tant plus en vient & en et dépensés és citez […] de Nancy même […] & du Pontamousson, & de toutes les villes & bourgs du Duché de Lorraine, on aille & porte de l’argent en vos villes de Mets, Toul & Verdun.
9Le dernier argument est juridique. Le duc assure que les chapitres acceptent la création de Nancy. Or, il n’en est rien. Selon d’Ossat, les Lorrains ont eu recours à de coupables manipulations. Ainsi, le 6 mars 1598, Charles de Lorraine a fait signer aux chanoines de Toul une procuration, qu’il transforme en un acte dans lequel ils approuvent le démembrement. Scandale ! Pour que la tromperie ne soit pas dénoncée, les envoyés lorrains auraient pris garde de discuter avec la Congrégation romaine à l’automne 1598 alors que d’Ossat est absent, ayant suivi le pape à Ferrare. Cette malversation montrerait que la création de l’évêché n’aurait pour but que de satisfaire les ambitions de la famille de Lorraine. Y a-t-il vraiment eu filouterie ? Il est impossible de le dire. L’élément essentiel est ailleurs. La France refuse de voir les Duchés renforcer leur autonomie ; tant qu’ils dépendent d’évêchés qu’elle contrôle, elle peut surveiller son voisin et se réserver des possibilités d’intervention. D’Ossat rassure Henri IV :
Je prendrai garde, Dieu aidant, que rien ne passe ; & à la première audience que j’aurai du Pape, je lui dirai tout ce que dessus.
10Le pape ne peut que suivre l’avis des Français : il n’y aura pas d’évêché à Nancy. En Lorraine, les tensions sont palpables. À Toul un canonicat ayant été déclaré vacant le 22 juin 1599, Charles III, selon son habitude, pousse la candidature d’un proche, Antoine de Salles. Forts de la présence française, les chanoines refusent de le suivre et préfèrent élire Nicolas d’Ormes. Le duc est furieux. En guise de représailles, il demande à une bande de mercenaires flamands de ravager les biens du chapitre.
11Pour apaiser le duc, le pape Clément VIII institue, le 15 mars 1602, une primatiale à Nancy9. Son chapitre est exempt de la juridiction de l’évêque de Toul « relevant immédiatement du St Siège10 ». Le primat aura le titre de Primat de Lorraine et ses chanoines devront le nommer « Illustrissime et Revenderissime Seigneur Primat ». Il pourra officier pontificalement dans sa primatiale, dans les églises qui en dépendent et à la Cour ducale. Il aura le droit de bénir les ornements ecclésiastiques (sauf ceux où il faut user d’huile sainte), réconcilier les églises, consacrer des sanctuaires nouveaux… Sa mense est formée d’une partie des biens qui étaient prévus pour le diocèse. Le premier à occuper ce bénéfice est Charles de Lorraine.
12Le sanctuaire primatial est construit dans la Ville Neuve créée par Charles III11, à l’emplacement actuel du marché couvert. Puis, il est déplacé près de la porte Saint-Georges12. Il est le haut lieu des manifestations dynastiques. Contentons-nous de deux exemples. Le premier est le Te Deum célébré pour annoncer le retour du duc Léopold (1679-1729) dans ses États13. Un contemporain en décrit les fastes. Le 13 juillet 1698, à dix heures du matin, « les présidents et conseillers de la Cour Souveraine de Lorraine & Barrois » sortent de la Chambre du Conseil en « corps de Cour revêtus de leurs Robbes Rouges & Bonnets carréz précédés par les sieurs huissiers qui ouvroient la marche ». Ils se rendent à la primatiale où les attendent « le Clergé Séculier & Régulier de ceste Ville qui ÿ avoit esté invité si estoit rendu chacun soubz sa banniere & en la manière accoustumée, plusieurs Abbéz & Religieux de l’ordre prémontré, & plusieurs Religieux Benedictins, Carmes & Jesuites, Messieurs les President conseillers & auditeurs de la Chambre des Comptes de Lorraine & Barrois, les officiers du Bailliage, & de l’hostel de Ville, la Cour s’est placée dans le chœur ». Les chanoines officient et « après la messe, ils ont entonné le Te Deum14 ». La primatiale est bien le cœur politique des Duchés, le lieu vers lequel les différents corps constitués convergent pour donner l’image de l’unité nationale.
13C’est encore en cette église qu’est honoré le dernier duc, Stanislas (1677-1766)15. Par le mandement en date du 17 mars 1766, le doyen prévient :
Nous ferons dans notre dite Église Primatiale, pour le repos de l’ame du Roi de Pologne, duc de Lorraine & de Bar, Samedy dix du mois de May, à dix heures du matin, un Service solennel, auquel seront invités les Corps séculiers & réguliers qui sont dans l’usage d’assister à ces sortes de cérémonies ; il sera précédé la veille à midy & le soir à six heures par le son de toutes les Cloches. Ordonnons à tous les Prêtres de notre Église Primatiale de célébrer chacun une Messe basse pour le repos de l’ame de Sa Majesté Polonaise16.
14Aux xviie et xviiie siècles, la primatiale est le haut lieu des « cérémonies de l’information17 » des ducs, des rassemblements nationaux et religieux. Elle doit s’imposer face à toutes les autres églises. Sa préséance a été établie par la bulle du 31 mars 1608, confirmée par le pape le 19 février 1610 et la Congrégation des Rites le 2 mai 162018. Malgré ces décisions, les conflits sont nombreux avec le clergé nancéien : avec le curé de la Ville Neuve en janvier 166819 ; avec des maisons religieuses en novembre 169820 ; avec l’aumônier du duc21. Les querelles les plus graves éclatent avec la collégiale Saint-Georges, située à proximité du palais ducal22. En 1700, par exemple, le doyen de Saint-Georges prétend avoir dans son église la préséance sur la primatiale ; il interdit au doyen de la primatiale de porter une étole dans les processions publiques ; il souhaite que ce doyen marche sur le même rang que les chanoines23… Autant de conflits qui montrent que le statut de la primatiale n’est pas admis par l’ensemble du clergé lorrain.
15Pour s’affirmer, elle s’enrichit de reliques24. Ce sont d’abord : un bras de saint Germain obtenu en janvier 1604 ; un morceau de l’étole de saint Charles Borromée donné par l’archevêque de Milan en avril 1613 ; des restes de saint Boniface pape offerts par Clément VIII en avril 1613. En mai 1667, un inventaire signale : l’épaule de saint Pontian pape, des os de saint Cassius, de sainte Agathe, sainte Marguerite, sainte Sabine et « plusieurs Stes Reliques de différents saints, sans noms ». En tout 35 reliques importantes. Les chanoines de la primatiale accordent une grande attention aux saints lorrains. Ils rêvent d’en posséder des restes afin que leur église devienne le centre de la Lorraine, le réceptacle de toutes les différences régionales, le creuset où se forge l’unité nationale à travers son histoire rassemblée en un point. Ils réussissent à obtenir : le corps entier de saint Sigisbert (630-656) roi d’Austrasie ; des restes de saint Gengoult, mort en 760, spécialement honoré à Toul ; ceux de saint Clément, évêque de Metz ; ceux de saint Saintin, évêque de Verdun en 332.
16Cette politique de prestige est assez peu efficace. Au cours de l’année, le chapitre de la primatiale doit répondre à 59 services divers25. C’est bien peu. Ce sont d’ailleurs essentiellement des fondations faites par le primat ou des chanoines. Ainsi, le 1er juillet 1604, le cardinal Charles de Lorraine fonde une messe du Saint Sacrement tous les jeudis ou, le 20 septembre 1702, Charles de Curel, chanoine, institue une messe pour son anniversaire et une messe basse annuelle. Cela ne traduit qu’un rayonnement limité.
17Les ducs eux-mêmes sont d’ailleurs prêts à empiéter sur les privilèges de la primatiale. Par lettres patentes du 5 mars 1607, Charles III a exempté le chapitre de toute contribution. Très vite, dans le climat de la guerre de Trente Ans lorraine (1631-1661), les promesses sont oubliées. Le duc lui impose une contribution le 1er juillet 1641, le doyen ne pouvant parvenir qu’à une diminution du montant, pas à sa suppression26. De nouvelles demandes financières au titre de l’aumône publique sont faites en septembre 1651, mars 1728, octobre 1734… Le chapitre ne peut jamais s’y soustraire, tout au plus obtenir des rabais.
18La primatiale qui a pu, un moment, croire être une sorte d’évêché, n’a jamais pu s’imposer totalement dans le paysage religieux lorrain. Certes, elle est le sanctuaire où les ducs organisent les cérémonies publiques dynastiques. Mais elle ne peut ni jouir d’un prestige suffisant, ni d’une juridiction exceptionnelle. Elle reste discutée par le clergé. Le titre de primatiale ne suffit pas à établir la puissance de Nancy ; un primat ne remplace pas un évêque.
La difficile création
19Le xviie siècle marqué par les guerres et les occupations françaises fait tomber dans l’oubli les prétentions nancéiennes et ducales. Avec le retour de la paix et la restitution des Duchés, elles ressurgissent d’abord indirectement. Vers 1700, il est question de démembrer l’immense diocèse de Toul27. Les historiens se disputent. L’abbé François Riguet, soutenu par le duc, attaque le siège épiscopal28 en assurant que, dans l’Antiquité, Toul n’a pas été évêché. Puisque le siège épiscopal n’a pas d’ancienneté évangélique, pourquoi ne pas le déplacer ? Pourquoi ne pas créer un évêché à Saint-Dié où saint Eucaire, un des premiers chrétiens, aurait prêché ? Le capucin Benoît Picart, proche des Français, lui répond en faisant l’éloge de Toul, une cité qu’il considère comme une des plus antiques de France29. L’histoire est donc mobilisée dans une guerre à propos de la définition du diocèse. Il ne s’agit pourtant que d’escarmouches : le roi est trop puissant pour que le duc ait la moindre chance d’obtenir son siège épiscopal.
20La situation change radicalement à partir de 1737. Le duc François III a abandonné ses États où, désormais, règne Stanislas, beau-père de Louis XV, à la mort duquel la Lorraine rejoindra le Royaume. L’obstacle politique majeur disparaît donc : la France n’a plus aucun intérêt politique à empêcher Nancy de devenir évêché. Reste cependant une autre difficulté : faire accepter par le clergé local le démembrement des anciens diocèses. La politique d’intégration de la Lorraine à la France est faite d’une très grande prudence, d’une lenteur volontaire afin que nul ne se sente blessé30. Personne ne relance donc le projet d’un évêché à Nancy. À la mort de Stanislas, il resurgit à peine. En effet, la région est agitée par la crise janséniste et des velléités richéristes. Il est trop risqué d’agir car cela pourrait engendrer la grogne de Mgr Drouas, évêque de Toul qu’il convient de ménager.
21Pour les réformateurs, l’horizon semble s’ouvrir avec, le 21 octobre 1773, la mort de Mgr Drouas. Immédiatement, des rumeurs sur son successeur circulent31. Neuf noms reviennent ; parmi eux Lupcourt, grand doyen de la primatiale, La Galaizière, grand primat de Saint-Dié et vicaire général de Toul, Ligniville chanoine de la primatiale… Sauf un, tous sont membres du clergé lorrain. Quelle surprise quand, le 1er décembre, les Lorrains apprennent l’identité du nouveau prélat : Étienne-François-Xavier des Michels de Champorcin (1721-1807), évêque de Senez. La déception est immense car chacun comprend que le démembrement des diocèses est une question qui sera à peine discutée sur place, qu’elle sera décidée à Versailles. Les contemporains ne s’y trompent pas. Selon l’abbé Chatrian (1732-1814), proche du prélat défunt et actif défenseur de Toul, avec cette nomination Louis XV « s’est assuré de sa part d’un consentement absolu aux vues du Roi pour l’érection d’un Evêché à Nancy et d’un autre à Saint-Diez32 ».
22Les Toulois tentent cependant de résister. Le 2 décembre, le chapitre expédie une lettre à Champorcin « l’invitant à venir incessamment33 ». Il ne leur répond que le 20 de ce mois. Si son ton est « très pacifique34 », il est suffisamment ferme pour montrer qu’il sera implacable. Il n’arrive en Lorraine qu’à la fin de l’été 1774, entrant à Bar-le-Duc le 18 septembre. Il s’est cependant mis au travail depuis bien longtemps en choisissant ses auxiliaires. L’abbé Chatrian regrette ses choix : « Il serait à souhaiter que le nouvel évêque de Toul se formât une idée juste des coopérateurs qu’il choisit si cependant il en est capable35. » Le portrait qu’il dessine est peu flatteur : « Toutes les comparaisons que nous faisons entre nostre prélat actuel & son prédécesseur sont à l’avantage de M. Drouas, nous disons tous : on peut succéder à de grands évêques ; on ne les remplace pas36. » Conscient que le temps de l’immense diocèse de Toul est compté, il entreprend de dresser un pouillé : « Tout le diocèse est partagé en six archidiaconés37. » Il y a le Grand Archidiaconé avec 34 cures, ceux de Port avec 173 cures, de Vittel avec 190 cures, de Rinel avec 117 cures, des Vosges avec 125 cures, de Ligny avec 112 cures.
23De son côté, Champorcin cajole les différentes abbayes et chapitres toulois en leur distribuant rentes et honneurs. Par exemple, aux religieux de l’abbaye de Saint-Mansuy, dont la rente sera unie à l’évêché, il octroie des avantages financiers. Aux chanoines de la cathédrale, il donne l’autorisation de porter une croix émaillée à huit pointes, ornée de quatre fleurs de lys d’or avec la devise Munificentia Regis 1776 ; elle sera pendue à un cordon rouge à double liseré violet. En outre, le brevet du 18 août 1776 précise « qu’à l’avenir, nul ne pourrait être reçu chanoine de la cathédrale de Toul sans avoir fait preuve de trois degrés de génération de noblesse, du côté paternel seulement ». Très habilement, l’évêque a réussi à étouffer toutes velléités d’opposition. Les habitants de Toul sont furieux car ils pressentent le déclin de leur cité. Le 7 novembre 1776, une députation de quarante bourgeois se rend au Parlement pour s’opposer en vain à l’enregistrement des lettres d’anoblissement du chapitre. La Cour les enregistre dans son audience du 17 février 1777. Des manifestations violentes éclatent à Toul et l’évêque est copieusement insulté.
24Les choses se règlent loin de la Lorraine par un brevet royal du 11 août 1776, puis un concordat définitif le 17 août 1776. Par la bulle du 19 novembre 1777, Pie VI crée un évêché à Nancy38 ce que le roi confirme par une lettre patente donnée à Versailles en janvier 177839. L’immense diocèse de Toul a vécu, il est démembré, divisé entre trois sièges épiscopaux : Toul, Saint-Dié et Nancy.
25Reste à gérer la disparition de la primatiale. Elle est dirigée depuis 1774 par Louis-Hector-Maxime de Sabrans (1739-1811) choisi par le roi, le 28 avril 1776, pour devenir évêque de Nancy. Ses chanoines refusent de dissoudre leur chapitre. Ils lui écrivent : « Aux yeux de M. L’Evêque de Nancy, les sacrifices qu’il faits sont grands et les avantages qu’il offre sont importans, mais doivent-ils paroitre de même aux yeux du chapitre ? » Ils expliquent que le prélat veut « purement et simplement la suppression de la Dignité et Juridiction Primatiale » en échange de l’octroi au chapitre d’une juridiction et du maintien du titre. Ce n’est pas satisfaisant :
L’abbé de Sabran sentira mieux que personne qu’il demande au chapitre une chose qu’il n’est pas en son pouvoir d’accorder ; qu’il ne peut violer le dépôt d’une Eglise qui lui a été confié, ni renverser un édifice que les deux puissances ont élevé ; que cet édifice est soutenu sur les sermens solennels que M. de Sabran vient de faire à cette Eglise40.
Malgré cette révolte, le chapitre disparaît.
26Sabrans ayant été désigné le 10 août 1777 comme évêque de Laon, le premier évêque de Nancy est Louis-Apollinaire de la Tour du Pin-Montauban (1744-1807) qui a été vicaire général de l’évêque d’Autun et abbé commendataire de l’abbaye de Haute-Seille dans le diocèse de Toul ; il fait son entrée à Nancy le 14 juin 1779, acclamé par la foule ravie de voir le rêve de Charles III se réaliser. Lui succède en 1783 François de Fontanges (1744-1806) avant de devenir archevêque de Bourges (1787-1788) puis de Toulouse (1788-1801). À partir de 1787, le siège de Nancy est occupé par Anne Louis Henri de La Fare (1752-1829).
27Le nouveau diocèse est composé de huit doyennés : Nancy, Amance, Rosières, Charmes, Lunéville, Blâmont, Gerbéviller, Bayon. L’abbé Chatrian en dresse un pouillé bien qu’il remarque sa faible étendue :
Tout ce diocèse ne comprend que cent soixante-neuf cures, trente & deux vicariats-residens, & cinquante-trois autres annexes simples, en tout deux cent cinquante-deux paroisses sans compter celles de Domèvre & de Beaupré41.
28Très rapidement, les rouages du diocèse fonctionnent et, en décembre 1783, un inventaire manuscrit de 144 feuillets collationne tous les actes42. La Révolution provoque une rupture brutale, La Fare quittant son évêché en 1790. Le 29 novembre 1801, le pape enlève leur juridiction aux anciens évêques et abolit les anciennes circonscriptions. À leur place sont créés 60 sièges épiscopaux. Le 10 avril 1802, le cardinal Caprara, légat pontifical pour l’exécution du concordat, érige le diocèse de Nancy. Son premier titulaire est Antoine-Eustache d’Osmond (1754-1823). Il s’empresse d’accepter ce siège épiscopal mais est très surpris de l’état des édifices diocésains. Leur état est si pitoyable qu’il est contraint de faire effectuer d’importants travaux en 180343.
29Il est à la tête d’un gigantesque diocèse décrit par l’abbé Chatrian dans un gros pouillé manuscrit de 416 pages44. Il compte 1 352 localités issues du démembrement des anciens sièges de Toul, Nancy, Verdun45 et Saint-Dié auxquels s’ajoutent des localités arrachées aux diocèses de Metz46, Strasbourg47, Besançon48, Langres49, Reims50,Trèves51 et Châlons (voir document no 1).
Document no 1 – Origine des localités composant le diocèse de Nancy de 180252.
Ancien diocèse | |
Toul | 31,5 % |
Verdun | 16,8 % |
Metz | 16,3 % |
Nancy | 14,9 % |
Saint-Dié | 13,7 % |
Trèves | 2,6 % |
Besançon | 1,5 % |
Châlons | 1,1 % |
Reims | 0,7 % |
Strasbourg | 0,7 % |
Langres | 0,1 % |
30Le diocèse couvre trois départements : la Meuse, la Meurthe et les Vosges (voir document no 2). Le décret impérial du 26 décembre 1804 décide cependant de ne payer que 920 desservants : 379 dans le département de la Meurthe, 235 dans les Vosges, 312 en Meuse53.
Document no 2 – État du diocèse de Nancy en 1802.
Départements | Cures | Succursales | Annexes |
Meurthe | 29 | 509 | 215 |
Meuse | 28 | 423 | 142 |
Vosges | 30 | 322 | 222 |
31Mgr d’Osmond ne reste pas très longtemps à Nancy ; Napoléon le nomme archevêque de Florence en 1810. Il est remplacé par Benoît Costaz (1761-1842). N’ayant pas obtenu du pape l’investiture canonique, d’Osmond retourne à Nancy en 1814. À la chute de l’Empire, Mgr de La Fare rêve de retrouver son siège. Espoirs bien vains puisque d’Osmond est suffisamment habile pour se maintenir jusqu’à sa mort. Il est vrai qu’il ne s’est pas opposé aux changements de la carte diocésaine. Le roi veut faire passer la France de 50 à 92 sièges épiscopaux. Mais la Chambre refuse de voter ce plan, bien trop proche de ce qui existait sous l’Ancien Régime. Le projet est retiré le 20 mai 1818. Néanmoins, la carte religieuse de la France se modifie entre 1818 et 1824. En Lorraine, l’immense siège de Nancy éclate, donnant naissance aux évêchés de Verdun (6 octobre 1822) et de Saint-Dié (novembre 1823). Désormais, après le bref apostolique du 20 février 1824, il couvre le seul département de la Meurthe sous le nom de « diocèse de Nancy et de Toul ».
32Nouveau changement en 1873. Après la défaite militaire de 1870, le Reich annexe la Moselle, une partie de la Meurthe et de l’Alsace. Évêque de Nancy, Mgr Joseph-Alfred Foulon (1823-1893) engage ses diocésains à « prier pour la France, afin que les cruelles séparations que lui avait imposées la guerre, ne fussent point sans espoir et que, des sommets de Sion54, l’horizon ne restât point à jamais borné par une frontière55 ». Le 25 avril 1874, le tribunal allemand de Saverne le condamne à deux mois de forteresse pour rébellion, mesure qui ne l’atteint pas puisqu’il est en France. La carte départementale étant redessinée, le diocèse l’est aussi. Nancy demeure siège épiscopal même si son ressort en sort diminué.
L’affirmation nancéienne
33Si Nancy est, depuis la fin du xviiie siècle, siège épiscopal, encore doit-elle incarner ce rôle, voire le développer. Le mouvement est fortement appuyé par les lotharingistes, groupe actif d’érudits et de notables qui souhaitent donner tout son lustre à l’ancienne Lorraine. Les contemporains les définissent ainsi :
Les lotharingistes, tel est le nom adopté par l’école qui se livre aux recherches historiques sur la Lorraine. Les lotharingistes travaillent avec zèle à réunir et mettre en lumière tous les matériaux qui peuvent faire connaître dans diverses phases les tentatives faites pour atteindre ce but56.
34Pour y parvenir, ils créent le Musée lorrain dans l’ancien palais ducal de Nancy, publient une revue, organisent des conférences, font connaître le patrimoine régional… Dans leur sillage, naît l’idée de faire de Nancy un « siège métropolitain » : cela lui éviterait de dépendre de Besançon. Dans une supplique envoyée à Napoléon III, en 1858, les pétitionnaires avancent des arguments historiques, puisque la ville est l’ancienne capitale ducale, et géographiques, Verdun, Metz et Nancy étant bien éloignés de Besançon. Mais leur demande reste sans suite. Nancy ne sera pas archevêché.
35Son essor se fait grâce à son développement économique57. Entre 1830 et 1873, sa population passe de 30 000 à 60 775 habitants. Le paysage urbain change profondément avec la création de nouveaux quartiers et l’érection de huit églises58. Nancy affirme son originalité par le choix des titulatures. Quatre sont lorraines : saint Léon pape d’origine lorraine ; saint Mansuy premier évêque de Toul ; saint Epvre septième évêque de Toul ; saint Nicolas patron des anciens Duchés. Les autres sont plus universelles : saints Vincent et Fiacre, saint Georges, saint Joseph et Notre-Dame de Bon Secours.
36Ces églises s’imposent dans le paysage urbain. La plus visible est Saint-Mansuy. En 1885, Paul Digot la chante en vers :
Sur l’abrupte colline,
Apparaît Saint-Mansuy
Le protecteur domine
De là-haut, tout Nancy.
Mansuy, ce grand apôtre,
Vint au pays toulois :
Et sa foi, c’est la nôtre
À nous, fils des Gaulois59.
37Ces églises reprennent l’ancien dessein de la primatiale : faire de Nancy la capitale religieuse de la Lorraine en y invitant les saints de toute la région. Le cas de Saint-Léon est exemplaire. La paroisse est créée en 1859 dans un quartier nouveau où le chemin de fer s’est établi depuis sept ans60. L’abbé Eugène-Alexis Noël, vicaire de la cathédrale, est chargé d’y édifier une église. Ayant obtenu l’approbation ministérielle le 20 mars 1859, il commence les travaux le 25 août 1860. La première pierre est bénite le 8 septembre 1861, le sanctuaire consacré le 22 mars 1874 et le chantier achevé en 1877. L’architecte Léon Vautrin (1820-1884) a opté pour un pur style néo-gothique considéré comme si français. L’église est une arme symbolique. D’abord parce qu’elle est une réplique aux prétentions germaniques. Bien des Allemands considèrent en effet Léon comme un saint allemand puisqu’il est né en Alsace, à Eguisheim, où lui est construite une chapelle néo-romane (1888-1894). Ensuite parce que le clergé nancéien y rassemble tous les saints lorrains ; comme à Saint-Nicolas et Saint-Mansuy, les vitraux ne présentent que des saints lorrains. Les contemporains ne s’y trompent pas. En rédigeant un guide touristique sur Nancy, Constant Lapaix décrit l’église :
Entre les tours est une grande rose surmontée d’un fronton aigu, que domine la statue de saint Léon : deux anges sculptés sur le fronton supportent le cadran de l’horloge au-dessus duquel sont les armoiries de Brunon de Dachsbourg, 38e évêque de Toul, élu pape sous le nom de Léon IX […] Dans l’intérieur de la nef, on admire de beaux vitraux coloriés sur lesquels figurent les saints honorés spécialement en Lorraine61.
38Dans les églises aux titulatures universelles, le programme iconographique met aussi l’accent sur les saints lorrains. À Saint-Pierre, ils sont associés à des saints très connus : Pierre Fourier à Charles Borromée ; Epvre à Martin ; Léon IX à Nicolas… De tels couples relèvent le prestige des Lorrains. Ils font de Nancy le cœur de l’histoire religieuse de la Lorraine.
39L’édifice le plus prestigieux est Saint-Epvre, qui ne se dresse pas dans un quartier nouveau mais au cœur de la Ville Vieille, à proximité de l’ancien palais ducal. Dans cette paroisse, créée en 1081, un chantier est ouvert en 1834. L’architecte Prosper Morey (1805-1886) choisit un style néo-gothique pour un sanctuaire achevé en 1871, puis élevé au rang de basilique mineure en novembre 1874. Dès l’origine, les lotharingistes désirent en faire le cœur de la province. Dans un texte de 1856, deux d’entre eux suggèrent :
Ce sera une heureuse pensée de rappeler les saints du pays comme saint Mansuy, saint Euchaire, saint Gauzelin, saint Gérard, saint Léon IX, le bienheureux Pierre Fourier et tant d’autres, soit en leur consacrant des autels, soit en reproduisant leur image sur les vitraux […] [Saint-Epvre est] bien certainement de toutes les églises de Nancy, la plus lorraine, la plus nationale […] la maison […] de notre gloire, où nos pères [ont loué] le Seigneur62.
40La proposition est entendue : sur les 74 verrières et 2 roses, 10 sont réservées aux saints lorrains63. Le pivot de ce panthéon lorrain est Epvre. Dans le panégyrique qu’il prononce en 1872, l’abbé Besson64 annonce :
La pierre, le marbre, le verre, les métaux les plus précieux et les substances les plus légères, tout raconte ici la vie de saint Epvre, tout répète et proclame son nom. […] Non, la mémoire de saint Epvre ne s’effacera jamais, non il n’y aura pas une seule génération qui ne mettra sa gloire à proclamer et à bénir le nom de saint Epvre.
41La vie du saint est assimilée à « un miracle perpétuel de dévouement et d’amour ». Nancy est le dépôt de cette piété et de cette ferveur :
Ô Nancy, ô ville si jeune encore et déjà si brillante, écoute comme saint Epvre te harangue en entrant dans tes murs : Ouvrez, dit-il de cette bouche glacée depuis tant de siècles, mais qui n’a jamais cessé de parler à la foi, ouvrez, c’est la fortune de Nancy65.
42La captation de la mémoire lorraine a parfaitement réussi : Epvre, le célèbre saint toulois, fierté de l’ancien diocèse d’ancien régime, règne désormais sur Nancy.
***
43Pour Nancy, obtenir un siège épiscopal est une entreprise politique, économique, historique, sociale… Certes la question religieuse est importante mais elle dissimule mal les désirs bien terrestres : acquérir un lustre qui distingue des autres villes et s’assurer des richesses. Dans la lutte qui dure plus de deux siècles, tous les arguments sont mobilisés : détournements de documents historiques, pression entre États, récupérations de reliques, querelles de préséance, courses aux bénéfices, nécessité de concilier les privilèges de chacun… Les ressorts mis en œuvre sont innombrables. Cela nous prouve que la carte diocésaine est un formidable enjeu de pouvoir, qu’elle évolue au gré des avancées politiques.
44La promotion de Nancy se fait par étapes, de la primatiale à la cathédrale. Les oppositions sont multiples. Opposition politique quand la France s’oppose à toute création. Opposition ecclésiastique quand les clergés locaux refusent le démembrement des anciens diocèses ou la suppression de certains chapitres. Opposition laïque avec les habitants de Toul luttant pour préserver leur siège épiscopal. Être un évêché, ce n’est pas seulement avoir un titre octroyé par le pape et reconnu par le roi, c’est aussi disposer d’un prestige suffisant pour s’imposer face aux abbayes et autres églises. L’arme principale utilisée à Nancy a été de mobiliser la sainteté lorraine. En accumulant des reliques, des titulatures ou des œuvres d’art, il s’agit de faire de la ville le point d’unité d’une région si divisée, d’y concentrer la totalité de l’histoire provinciale.
45Le cas de Nancy est exemplaire. Comme dans tous les autres cas de créations d’évêchés, il nous montre que la carte religieuse n’est pas une donnée uniquement spirituelle ; qu’elle met en scène l’ensemble de la société car d’elle dépend le prestige.
Notes de bas de page
1Sur l’histoire religieuse de cette région : Abbé Eugène Martin, Histoire des diocèses de Toul, de Nancy et de Saint-Dié, Nancy, A. Crépin-Leblond impr., 1901, t. 2 et t. 3 ; Fabienne Henryot, Laurent Jalabert, Philippe Martin (dir.), Atlas de la vie religieuse en Lorraine, Metz, Éditions Serpenoise, 2011.
2Philippe Martin, « Le Voyage d’Allemagne », Études touloises, 2003, no 105, p. 45-53.
3La situation est moins tendue dans les deux autres sièges épiscopaux : Metz est une ville économiquement bien plus importante et Verdun commence à jouer un rôle militaire majeur.
4A. D. de Meurthe-et-Moselle, G 299.
5Cité dans Eugène Martin, Histoire des diocèses de Toul […], op. cit., t. 2, p. 67.
6A. D. de Meurthe-et-Moselle, G 299, lettre de 1598.
7Arnaud d’Ossat est ambassadeur à Rome à partir de 1584. Il obtient d’importants succès diplomatiques : absolution d’Henri IV, approbation de l’Édit de Nantes, annulation du mariage d’Henri IV avec Marguerite… En remerciement, il reçoit le chapeau de cardinal en mars 1599. Considérées comme des pièces essentielles de l’histoire diplomatique, ses lettres sont publiées dès 1624.
8Lettres du cardinal d’Ossat, Amsterdam, Pierre Humbert, 1708 (rééd.), t. 4, p. 432-444. Cette édition reprend les notes faites par Amelot de La Houssaie.
9A. D. de Meurthe-et-Moselle, G 296, copie de la bulle d’érection de la primatiale.
10Ibid., G 282, inventaire des chartres et titres de la primatiale, p. 37.
11À cette époque, Nancy est formée de deux parties accolées et enfermées dans de puissantes fortifications : la Ville Vieille où se trouve le palais ducal qui correspond à la petite cité médiévale ; la Ville Neuve, créée au xvie siècle selon un plan géométrique.
12Françoise Boquillon, La cathédrale de Nancy. Notre-Dame de l’Annonciation, Haroué, Éditions Gérard Louis, 2012.
13À la suite de la guerre de Trente Ans, qui se déroule de 1631 à 1661 en Lorraine, le duc a dû abandonner ses États et se réfugier à Vienne. Léopold devient duc en 1690 à la mort de son père Charles V. Par le traité de Ryswick (1697), la France lui rend ses Duchés. Il entre à Nancy le 17 août 1698.
14A. D. de Meurthe-et-Moselle, G 297, copie manuscrite de la description de la cérémonie telle qu’elle apparaît dans les registres de la Cour Souveraine.
15Roi de Pologne contraint à l’exil après avoir été chassé du trône, Stanislas s’installe en France où sa fille épouse Louis XV (1725). Il reçoit, en 1737, les Duchés de Lorraine et de Bar que leur souverain, François III, a dû abandonner pour régner en Toscane et épouser la fille de l’empereur.
16A. D. de Meurthe-et-Moselle, G 297, copie du mandement imprimé à Nancy par Pierre Antoine.
17Expression de Michèle Fogel, Les cérémonies de l’information dans la France du xvie au xviiie siècle, Paris, Fayard, 1989.
18A. D. de Meurthe-et-Moselle, G 282, inventaire des chartres et titres de la primatiale, p. 106.
19Ibid.
20Ibid., G 297, lettre du 11 novembre 1698.
21Ibid., G 299, mémoire manuscrit non daté.
22La collégiale, construite en 1339, a longtemps servi de nécropole aux ducs de Lorraine. Elle est détruite en 1743 pour permettre une extension du palais.
23A. D. de Meurthe-et-Moselle, G 282, inventaire des chartres et titres de la primatiale, p. 107. Requête à son Altesse Royale et a Nosseigneurs les commissaires…, Nancy, Paul Barbier, 1702 (un exemplaire est conservé en A. D. de Meurthe-et-Moselle, G 299).
24A. D. de Meurthe-et-Moselle, G 282, inventaire des chartres et titres de la primatiale, p. 275-280.
25Ibid., G 283, inventaire des chartres et titres de la primatiale, p. 1-23. Ces fondations se répartissent de la manière suivante : 4 en janvier, 5 en février, 8 en mars, 1 en avril, 5 en mai, 4 en juin, 4 en juillet, 6 en août, 6 en septembre, 5 en octobre, 7 en novembre, 4 en décembre.
26A. D. de Meurthe-et-Moselle, G 282, inventaire des chartres et titres de la primatiale, p. 109-112.
27Philippe Martin, « Définir le diocèse. Débats en Lorraine à propos d’une définition (vers 1690-vers 1730) », in Gérald Chaix (dir.), Le diocèse. Espaces, représentations, pouvoirs. France, xve-xxe siècle, Paris, Le Cerf, 2002, p. 329-354.
28Abbé François Riguet, Système chronologique et historique des évêques de Toul jusqu’au temps de Charlemagne, Nancy, Barbier, 1701, p. 18-45.
29Benoît Picart, Histoire ecclésiastique et politique de la ville et du diocèse de Toul, Toul, Alexis Laurent, 1707.
30Jean-Claude Bonnefont, Françoise Boquillon, Dominique Flon, Sophie Mouton (dir.), La réunion à la France des Duchés de Lorraine et de Bar et ses conséquences, Ars-sur-Moselle, Serge Domini éditeur, 2016.
31Bib. diocésaine de Nancy, MC 105, journal ecclésiastique du Toulois pour l’année 1773, mention pour le 27 octobre, n.p.
32Ibid., MC 106, journal ecclésiastique du Toulois pour l’année 1774, mention pour le 20 janvier, p. 21.
33Ibid., MC 105, journal ecclésiastique du Toulois pour l’année 1773, mention pour le 2 décembre, n.p.
34Ibid., MC 106, journal ecclésiastique du Toulois pour l’année 1774, mention pour le 20 janvier, p. 21.
35Ibid., MC 107, journal ecclésiastique du Toulois pour l’année 1775, p. 48, mention pour le 13 février. À propos du choix de Pagel de Ventour, grand doyen de la cathédrale, celui-ci se serait réjoui de la mort de Drouas : Bib. dioc. de Nancy, MC 106, journal ecclésiastique du Toulois pour l’année 1774, mention pour le 15 janvier, p. 16.
36Bib. dioc. de Nancy, MC 107, journal ecclésiastique du Toulois pour l’année 1775, p. 95, mention pour le 1er avril.
37Ibid., MC 142, abrégé du pouillé ecclésiastique du diocèse de Toul, 1770, p. 3.
38Par la bulle du 21 juillet 1777, il crée aussi un évêché à Saint-Dié.
39A. D. de Meurthe-et-Moselle, G 299.
40Ibid.
41Bib. diocésaine de Nancy, MC 147, pouillé ecclésiastique du diocèse de Nancy, 1779, p. 203.
42A. D. de Meurthe-et-Moselle, G 3.
43Ibid., 3 V 8.
44Bib. diocésaine de Nancy, MC 155, notice du diocèse de Nancy, 1805.
45Exemple : Bannoncourt ou Bethlinville.
46Exemple : Bayonville, Benestroff ou Blanche Église.
47Exemple : Dann ou Haselbourg.
48Exemple : Belrupt, Bouvillers, Chatillon-sur-Saône, Darney ou Fouchecourt.
49Exemple : Damblain ou Châlons.
50Exemple : Brielle ou Clerey.
51Exemple : Breux ou Cheppy.
52Bib. diocésaine de Nancy, MC 155, notice du diocèse de Nancy, 1805.
53Ibid.
54Colline située au sud de Nancy qui abrite un grand pèlerinage. C’est la « colline inspirée » du romancier Maurice Barrès. S’y déroule en 1873, au moment du retrait des dernières troupes prussiennes de France, une gigantesque cérémonie politique et religieuse. Voir Philippe Martin (dir.), Sion, une colline d’histoire, Nancy, Annales de l’Est / Conseil général de Meurthe-et-Moselle, 2006.
55Cité dans Eugène Martin, Histoire des diocèses de Toul […], op. cit., t. 3, p. 449.
56Définition donnée dans la Revue des Sociétés Savantes des Départements, 5e série, t. 1, 1870, 1er semestre, p. 174. Sur le courant lotharingiste, voir Pierre Barral, L’esprit lorrain. Cet accent singulier du patriotisme français, Nancy, PUN, 1989.
57Françoise Boquillon, Catherine Guyon, François Roth (dir.), Nancy : 1 000 ans d’histoire, Nancy, Éditions Place Stanislas, 2010 (3e éd.).
58Le mouvement de construction touche toute la Lorraine puisque le tiers des villages reconstruit ses sanctuaires entre 1820 et 1879. Philippe Martin, Les chemins du sacré. Paroisses, processions, pèlerinages en Lorraine du xvie au xixe siècle, Metz, Éditions Serpenoise, 1995, p. 201-206.
59Paul Digot, Les sanctuaires de Nancy, ode sacrée, Nancy, Imprimerie Lorraine, 1855, p. 2.
60André Gain, Le quartier et la paroisse Saint-Léon IX de Nancy, Nancy, G. Thomas, 1934.
61Constant Lapaix, Description illustrée de Nancy et de ses environs, Nancy, Berger-Levrault et Cie, 1874, p. 89-90.
62Prosper Grand-Eury, Louis Lallement, L’église Saint-Epvre à Nancy (autrefois paroisse de la cour de Lorraine). Notice archéologique et historique, Nancy, Peiffer, 1856, p. 82-83.
63Marie-Hélène Colin, Les saints lorrains : entre religion et identité régionale (fin xvie-fin xixe siècle), thèse de doctorat, université Nancy-II, 2006, p. 164.
64Il est supérieur du collège Saint-François-Xavier de Besançon.
65L’octave de Saint Epvre. Sermons prêchés en l’église Saint-Epvre de Nancy, Nancy, Imprimerie N. Collin, 1872, p. 1-23.
Auteur
-
Philippe Martin
IdRef : 033571570
Philippe Martin est professeur d’histoire moderne à l’université Lumière Lyon-II, directeur de l’ISERL (Institut supérieur d’études des religions et de la laïcité) et du GIS-RELIGIONS du CNRS. Ses recherches l’amènent à s’intéresser particulièrement aux dévotions et aux formes de piété.
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