Introduction de la quatrième partie
p. 345-347
Texte intégral
1Un itinéraire de recherche (GEOLAB), une unité de formation et de recherche italienne (POLITO ; Turin, Politecnico), un cas de restauration à Issoire (DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, France), les avis de représentantes de l’archéologie et un avis sur les financements des chantiers (Auvergne UCA CHEC) sont présentés ici.
2Tous, à leur façon, témoignent d’approches différenciées, complémentaires et indispensables. Elles témoignent de l’absolue nécessité de sortir du seul discours technique du spécialiste de la restauration pour aller vers des visions élargies dont les échanges sont susceptibles d’aboutir à des actions adoucies.
3Marie-Françoise André, professeur émérite de géomorphologie à l’Université Clermont Auvergne et membre de l’UMR 6042 GEOLAB (CNRS / UCA), montre une voie au sein d’un laboratoire de géographie physique et environnementale centré sur le fonctionnement, l’évolution et la gestion de systèmes qui subissent à des degrés divers les activités humaines. Les autres membres de GEOLAB travaillant également sur les vitesses d’érosion de l’épiderme monumental sont Erwan Roussel, Olivier Voldoire et Jean-Pierre Toumazet, en collaboration avec Franck Vautier (MSH de Clermont-Ferrand)1.
4Chiara Devoti, Emanuele Romeo et Monica Naretto enseignent au Politecnico de Turin (DAD – Dipartimento di Architettura e Design et DIST – Dipartimento Interateneo di Scienze, Progetto e Politiche del Territorio). Chiara Devoti présente les logiques d’une étude sur les paysages, leurs constitution et moyens de lecture. À la suite, Emanuele Romeo traite d’archéologie et de mise en valeur des sites. Enfin, Monica Naretto intervient plus particulièrement dans la discipline de la restauration du patrimoine et de la conservation. Les liens entre les lieux, les sites et les monuments sont ainsi évoqués et constituent par leur articulation, un exemple profitable au niveau européen grâce à leurs sensibilités différenciées.
5Pierre-Olivier Benech2, alors conservateur des Monuments historiques à la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes détaille, pour le seul chantier de Saint-Austremoine d’Issoire, combien l’action des institutions peut être essentielle dans le processus de restauration ou d’entretien. La complexité des opérations, la sensibilité des rapports entre les partenaires, l’ancienneté des interventions constituent des points à prendre en compte dans les discussions. Il est important de noter que le travail de doctorat de David Morel (Université Clermont Auvergne) a été pris en compte ici, ce qui pourrait évoquer une voie à suivre plus systématiquement.
6Des centres de recherche peuvent être associés à cette réflexion, comme celui de Reims Champagne-Ardennes avec le Groupe d’Étude sur les Géomatériaux et Environnements Naturels Anthropiques et Archéologiques EA3795 (Gilles Fronteau et Céline Thomachot-Schneider) qui a collaboré avec GEOLAB.
7D’autres équipes travaillent à Nancy grâce aux recherches menées par Jean-Michel Mechling, Cédric Moulis et Sarah Janvier qui considèrent – chacun à leur façon – les mortiers anciens, les liants contemporains et leur interaction avec les maçonneries antiques ou médiévales3. En considérant leurs travaux, la porosité des mélanges qui influence les propriétés mécaniques comme la résistance et l’élasticité, joue un rôle essentiel dans la durabilité des maçonneries. Ce sont leurs travaux et publications qui apparaissent essentiels à l’ouverture disciplinaire et à la résolution de problèmes liés au chantier de Notre-Dame de Paris4. La distribution de la taille des pores est prépondérante ; les mélanges à base de chaux favorisant les échanges et équilibres hydriques. Ils sont très « respirants » comparés à ceux à base de ciment Portland. Le revers de la médaille est la vitesse de montée en résistance lente des liants à base de chaux (éteinte). La chaux hydraulique, maintenant utilisée, assure un bon compromis, en ajoutant que le mortier assure une fonction de répartition des efforts au sein du mur (effet de calage) et que par conséquent la résistance mécanique ne fait pas tout.
8L’Université d’Orléans peut être citée avec les travaux de Kévin Beck ou Muzahim Al-Mukhtar5. Le laboratoire CRAterre, Unité de recherche AE&CC, ENSAG-UGA, est représenté dans ce chapitre par Chamsia Sadozaï, chercheuse associée qui traite de la question de l’archéologie et de la conservation des monuments en terre. Le LRMH ne peut être présent ici, mais le chantier de Notre-Dame de Paris (CNRS/MCC Notre-Dame GT Pierre) montre combien les relations y sont importantes avec ces institutions : Aline Magnien, Thierry Zimmer, Lise Leroux ou Véronique Vergès-Belmin et plus récemment Faisl Bousta.
9Pour achever ce rapide tour d’horizon, il convient de mentionner le travail exemplaire accompli pour la cathédrale de Lausanne par l’équipe Archéotech6. Les relevés, interprétations et conclusions sont à la fois stimulants et essentiels pour bien d’autres chantiers à la fois pour la conservation et la restauration. Membre du comité scientifique, j’ai pu le proposer comme horizon possible à Notre-Dame de Paris, tant les qualités de ce travail sont à souligner. Mais, nous aurions également pu développer les recherches et pratiques liées au chantier de la cathédrale de Tournai. Bien d’autres travaux sont exemplaires.
10Pascale Chevalier, archéologue, du centre de recherche UMR ArTeHiS 6298 de Dijon, est maître de conférences habilitée à l’Université Clermont Auvergne. L’archéologie et la conservation des sites sont au cœur de ses préoccupations.
11Enfin, nous conclurons par une réflexion à propos des dépenses liées aux chantiers de restauration de la collégiale Notre-Dame-du-Port à Clermont-Ferrand et de la prieurale Saint-Pierre et Saint-Paul de Souvigny (Allier).
Notes de bas de page
1La restauration écologique est également approchée par ce laboratoire ; Sébastien Larrue et Yohannes Steiger que je remercie pour leur aide.
2Je remercie également Anne Embs, alors conservatrice régionale adjointe du service des Monuments historiques de la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes.
3Jean-Michel Mechling, Étude des liants minéraux : des archéomatériaux aux liants modernes, HDR, 2018, Institut Jean Lamour – UMR 7198 – Université de Lorraine, Département Physique de la Matière et des Matériaux, Équipe Matériaux pour le Génie Civil.
4Sarah Janvier, Le carnet de santé d’un monument : Application au château de Chambord, thèse, Génie civil, Université d’Orléans, 2012. Jacky Koch, Jean-Michel Mechling et Cédric Moulis, « Le mortier dans les édifices monumentaux des Vosges Lorraines et alsaciennes. Traces d’une économie et d’une technologie de la construction (xie-xiiie siècles) », in Francis Janot, Gérard Giuliato et Denis Morin (dir.), Indices et traces : la mémoire des gestes, Actes du colloque international, 16-18 juin 2011, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 2013, p. 187-206.
5Kévin Beck, Étude des propriétés hydriques et des mécanismes d’altération de pierres calcaires à forte porosité, thèse, Minéralogie, Université d’Orléans, 2006, HDR soutenue en 2017. Muzahim Al-Mukhtar, professeur, publie de nombreux articles afférents à nos préoccupations, notamment sur le site de Volubilis au Maroc ; CNRS-CRMD Orléans et École Polytechnique ICMN UMR 7374.
6Cathédrale de Lausanne, piscis aquas : documentation préparatoire aux journées de discussion de janvier 2021 ; Archéotech, Epalinges 2020. Ylenia Pratico, Physical Chemistry of Building Materials, ETHZ Zurich, Suisse ; F. Girardet, Rino S.A.R.L, Blonay, Suisse ; G. W. Scherer, Princeton University, Princeton NJ, USA ; R. J. Flatt, Physical Chemistry of Building Materials, ETHZ Zurich, Suisse.
Auteur
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Bruno Phalip
Professeur d’Histoire de l’art et d’archéologie médiévale, CHEC (EA 1001), Université Clermont Auvergne
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