1 Wilhelm Ostwald, Energetische Grundlagen der Kulturwissenschaft, 1909 [Les Fondements énergétiques de la science de la culture], traduit en français sous le titre L’Énergie, Alcan Éditeur, 1910. Je donnerai les références des pages entre parenthèses dans mon texte.
2 Je donnerai les références dans Victor Segalen, Œuvres Complètes, tome 1, Laffont, collection Bouquins, 1995. Ostwald est aussi cité (p. 772).
3 Bergson, L’Évolution créatrice [1907], PUF, collection Quadrige, 1983 (j’abrégerai en EC), et L’Énergie spirituelle [1919], PUF, collection Quadrige, 1982 (j’abrégerai en ES).
4 « la vie est possible partout où l’énergie descend la pente impliquée par la loi de Carnot et où une cause inverse peut retarder la descente » (EC, p. 257) : entropie globale, néguentropie locale.
5 La conférence de Bergson consacrée à « L’effort intellectuel » en donne une belle illustration (ES, p. 153-190). Nous en avons tous l’expérience : l’effort intellectuel est plus producteur que dissipateur d’énergie (et si nous rencontrons de la difficulté, de l’obstacle, la résistance elle-même produit une énergie de la pensée). C’est ce que Pascal Quignard appelle « l’agitation de la pensée (en latin l’e-motio de la co-agitation, en grec l’energeia de la noèsis) » (Dernier Royaume IX, Mourir de penser, Grasset 2014, réédition Gallimard, collection Folio, 2015, p. 200).
6 Lisant de telles formulations chez Bergson, je ne puis m’empêcher d’y déceler une certaine parenté avec la pensée chinoise selon laquelle le « qi », le souffle-énergie, les lignes de force, sont perceptibles à travers les formes du monde (comme le révèle la peinture de paysage). Sur cet aspect de l’esthétique chinoise, voir François Cheng, Souffle-Esprit, textes théoriques chinois sur l’art pictural, Seuil, 1989. On retrouvera aussi chez Deleuze ce passage des formes aux forces.
7 Péguy, Œuvres en prose, volume II (1909-1914), Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1961, respectivement p. 1311-1354 et p. 1355-1552. Je donnerai les références des pages dans cette édition.
8 Le vocabulaire de Bergson était voisin : « la vie est possible partout où l’énergie descend la pente impliquée par la loi de Carnot et où une cause inverse peut retarder la descente » (EC, p. 257).
9 Bergson lui-même écrivait : « L’univers n’est pas fait mais se fait sans cesse » (EC, p. 242).
10 C’est d’ailleurs sous le titre La Pensée et le mouvant que Bergson rassemblera plus tard des conférences et articles des années 1903-1930.
11 Péguy stigmatise, à l’opposé du bergsonisme, non seulement le matérialisme, le déterminisme, l’historicisme de la Sorbonne, mais aussi le capitalisme, l’épargne, dont il fait la critique non seulement dans L’Argent et dans L’Argent, suite, mais aussi dans les deux Notes, où l’argent est désigné comme une « contre-force » (p. 1501). Comme ce sera plus tard le cas chez Bataille, l’épargne est critiquée comme étant rétention d’énergie, paralysie d’énergie.
12 Clio, Dialogue de l’histoire et de l’âme païenne (op. cit., p. 93-308), et la deuxième Clio, ou Véronique, Dialogue de l’histoire et de l’âme charnelle (op. cit., p. 309-500) sont deux textes où Péguy donne une immense prosopopée de Clio, la muse de l’Histoire (il s’agit déjà d’y défendre une conception bergsonienne du temps et de l’Histoire).
13 Pierre Jean Jouve, Les Noces [1931] suivie de Sueur de sang [1933], Gallimard, 1966, collection Poésie, p. 54.
14 Ibid., p. 54-55.
15 Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu [1911], Gallimard, 1986, collection Poésie, p. 17.
16 Ibid., p. 18.
17 Ibid., p. 19.
18 Ibid., p. 20.
19 Ibid., p. 20 et 21.
20 Ibid., p. 141-142 et p. 125.
21 Romain Rolland cité par Roger Dadoun dans le numéro 1024-1025 de la revue Europe consacré à Péguy, sous la direction de Jérôme Roger, 2014, p. 116.
22 De Teilhard de Chardin, j’utiliserai surtout L’Énergie humaine [textes de années 1931-1939], Seuil, 1962, collection Points (j’abrégerai en EH), Le Phénomène humain [textes des années 1938-1948], Seuil, 1956 (j’abrégerai en PH), et L’Activation de l’énergie [textes des années 1939-1955], Seuil, 1963 (j’abrégerai en AE). Teilhard se réfère plusieurs fois explicitement à Bergson, par exemple en EH, p. 154 et 179, ou en AE, p. 339.
23 On peut dire que Teilhard a intégré les découvertes de Darwin tout en restant fidèle à la pensée de Paul qui indique dans la lettre aux Romains que « la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement, et nous-mêmes intérieurement […] » (Ro 8). Teilhard traduit la théologie paulinienne dans le langage de la science, et réciproquement.
24 À propos de la biogénèse, Teilhard utilise le terme de « biosphère », qu’il emprunte au biologiste russe Vernadsky (Teilhard se réfère à Vernadksy par exemple en EH, p. 155), lequel avait séjourné en France en 1926 (Georges Bataille se référera lui aussi à Vernadsky en lui empruntant le même mot).
25 Teilhard de Chardin, « La puissance spirituelle de la matière » [1919], dans Hymne de l’univers, Seuil, 1961, collection « Livre de vie », p. 106-107. Plusieurs textes de Teilhard portent le titre « La puissance spirituelle de la matière ».