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L'irressemblance

 | 
Michel Braud
, 
Valéry Hugotte

Épître

Épître

Bertrand Degott

Texte intégral

Demain, cela fera huit jours que ton colloque
est terminé, Michel, et je t’avais promis
d’y revenir, mais pour cet échange entre amis
le sonnet te paraîtra-t-il la forme ad hoc ?

— rendu par TGV à Bordeaux (pays d’oc)
grâce au billet que Rev. Val. Ed m’avait remis
j’ai pris la ligne C du tram jusqu’au terminus et sans mal trouvé l’Hôtel Royal Médoc

sache à quel point je fus touché de l’attention
qui vous avait fait déposer lettre à mon nom
nous fixant rendez-vous au lendemain huit heures

c’est bon de se sentir pris en charge, attendu
— et le fait assez peu fréquent pour qu’il demeure
il me semble exemplaire… aussi le matin du
jeudi 17, en erratique colonie
conduits par Valéry, avec chacun son sac
nous prîmes le tramway pour rejoindre Pessac
parmi la lumière où le mimosa jaunit

malgré les défections, c’est plutôt d’harmonie
que furent baignées ces journées… si le ressac
critique et l’ironie devaient finir par sac
cager votre moral, j’en serais triste — honni

le fâcheux dont l’esprit à toute heure chagrin
geint sur l’ivraie dont il n’a pas trié le grain !
— que vous reprochait-on, du reste ? — des temps morts

ce matin-là ? — c’était l’occasion qu’on se parle !
pour ne l’avoir pas fait, un tel sent des remords
et cause au milieu des communications… Charles

Juliet, Michel, tu l’as lu et relu si bien
il fallait que d’entrée tu nous le présentasses
et, si la prose en général n’est pas ma tasse
de thé, je n’en goûtai pas moins votre entretien

— pour déjeuner, Charles Juliet n’aurait dû rien
payer, maugréa-t-on, dans l’espace où s’entassent
vos étudiants… — pareil accroc se rapetasse
pourvu que chacun veuille y mettre un peu du sien…

des deux repas au Resto-U ma gourmandise
garde un bon souvenir : il faut que je te dise
que jeudi soir je ne trouvai point de salle où

dîner si bien… or la mémoire a pour l’assiette
assez peu de respect (en vain l’on crie Au loup !)
et volontiers nous l’expédie aux oubliettes

mais je n’oublierai pas qu’aux pauses café, thé
cake, jus d’orange et petits gâteaux se montrèrent toujours, qu’afin de nous garantir contre
l’égarement vous deux sûtes nous piloter

tout au long du séjour… et quand je vous quittai
samedi vers midi, juste après la rencontre
avec Jacques Dupin (dont l’œil nous en remontre
à tous) dans les entrepôts du C.A.P.C.

c’est désolé d’avoir à partir… il me reste
à vous remercier toi et Valéry (un zeste
moins les fâcheux dont j’ai rapporté les propos

acidulés) pour ces trois jours pleins comme une huître
comme les œufs pascals qu’on cherche sous mes vitres
— et mettre en te saluant ma crécelle au repos.

Besançon, 25-28 mars 2005

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