Dire le secret
Le secret est le “personnage théorique” de ce volume collectif qui essaye de penser les figures particulières que la Modernité lui a inventées. Il ne s’agit donc pas de décrire des structures hors de toute histoire mais de chercher en quoi le secret est intimement lié à une économie nouvelle du langage, à des formes littéraires nouvelles. Car la Modernité a produit une exigence de tout dire qui change radicalement le partage entre dicible et indicible. Journal intime ou roman sont, notamment, ...
Éditeur : Presses Universitaires de Bordeaux
Lieu d’édition : Pessac
Publication sur OpenEdition Books : 7 mars 2019
ISBN numérique : 979-10-300-0405-2
DOI : 10.4000/books.pub.5250
Collection : Modernités | 14
Année d’édition : 2001
ISBN (Édition imprimée) : 978-2-86781-266-8
Nombre de pages : 352
Dominique Rabaté
Avant-proposOuvertures
Dominique Rabaté
Le secret et la modernitéMichel Braud
Le secret intérieurLe roman du secret
Brigitte Louichon
Quand dire, c’est êtreJuliette Escarment
La fable et l’ineffable dans Monsieur Ouine de Georges BernanosChantal Lapeyre-Desmaison
Le secret et la source dans l’œuvre de Pascal QuignardPoésie : entre mystère et secret
Paul Gorceix
Maurice Maeterlinck ou la poétique du mystèreOlivier Penot-Lacassagne
Antonin Artaud : le surcretAna Maria Binet
La poétique du secret chez Fernando PessoaPatrick Feyler
Michaux : “Le Grand Secret”Didier Coste
De l’ineffable au secret et vice versa : science, nescience et patience dans le discours lyriqueÉchappées
Marie-Françoise Notz
Balthus : le secret de la licorne et le chat au miroirSandra Laugier
Le privé, le secret et la voix du langage ordinaireLe secret est le “personnage théorique” de ce volume collectif qui essaye de penser les figures particulières que la Modernité lui a inventées. Il ne s’agit donc pas de décrire des structures hors de toute histoire mais de chercher en quoi le secret est intimement lié à une économie nouvelle du langage, à des formes littéraires nouvelles. Car la Modernité a produit une exigence de tout dire qui change radicalement le partage entre dicible et indicible. Journal intime ou roman sont, notamment, deux matrices fécondes d’écriture du secret et leur floraison est, d’une certaine façon, l’histoire de la modernité.
On déclinera donc quelques figures narratives du secret, en racontant le “roman du secret”. De Madame de Duras à Huysmans, Proust et Bernanos, de Blanchot à Quignard, ou chez Carrère et Both, le principe même du romanesque réside dans les modalités indéfinies de révélation du secret, ce secret qui se réserve, qui nous fait lire. Par contraste, la poésie choisit le versant du mystère. On en verra chez Maeterlinck, Artaud, Pessoa ou Michaux les modes de figuration, et ce qui fait du lyrisme une science de l’ineffable. Les figures du secret sont infinies, chatoyantes et séduisantes. Les énigmatiques jeunes filles de Balthus nous rappellent la place du visible et les réflexions de Wittgenstein ouvrent à une redéfinition de la subjectivité.
Le secret échappe. Il relance heureusement notre désir de savoir, notre avidité de lire, notre besoin de lui donner un contenu. Il est ainsi l’un des noms, secrets et éclatants, de la littérature.
Université Michel de MontaigneInstitut Universitaire de France
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