André Du Bouchet : la ponctuation du monde et le passage d’une phénoménologie à une herméneutique matérielle

Michel Favriaud

p. 335-376


Extrait

Introduction

1Si le mot « monde » est très présent dans l’œuvre d’André Du Bouchet, notamment dans Matière de l’interlocuteur (p. 27), ce n’est certainement pas pour désigner le monde superficiel : celui des villes et des campagnes, des paysages et du temps historique, ou celui de l’enfance – ce qu’on pourrait appeler globalement le monde journalistique, romanesque ou lyrique. La démarche poétique de Du Bouchet s’apparenterait plus – par sa ténacité, par la permanence de l’objet et l’élaboration d’une méthode expérimentale – à une démarche scientifique. Mais, dans le cas des sciences exactes, le sujet est neutralisé alors que dans l’art moderne, il est souvent à la fois resubjectivé et blanchi, central et effacé, ou du moins estompé. Deux voies s’ouvrent alors à Du Bouchet : l’enquête poétique en nom propre, par expérimentation de type phénoménologique, et l’enquête mixte par analyse poétique et traduction subjectives du matériau artistique d’un confrère, poète, écrivain ou plas

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