Sade contre les « trembleurs »

David Yvon

p. 107-134


Extrait

1Convoquer la catégorie de la « suggestion » à propos de la littérature des Lumières ne va pas sans poser quelques problèmes de méthode. En effet, si le mot existe bien au xviiie siècle et s’il est proprement référencé dans les dictionnaires de l’époque, ses emplois restent fort rares dans le champ littéraire. Et pour cause : il s’agit alors d’un mot technique qui appartient avant tout à la langue juridique. On le rencontre en 1765 dans l’Encyclopédie Diderot-d’Alembert :

SUGGESTION, s. f. (Gram.1 & Jurisprud.2) est lorsque l’on insinue à quelqu’un de faire une chose, comme un testament, une donation.
La suggestion est un moyen de nullité contre les actes qui en sont infectés, & surtout pour les testamens faits en maladie, ou dans une extrème vieillesse, parce que les personnes âgées ou malades sont plus susceptibles de suggestion que d’autres.

2Comme en atteste cette définition, la suggestion relève d’une catégorie jurisprudentielle qui correspond à peu près à ce qu’on appellerai

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