« Faire signe vers la totalité » : La nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès

Jean-Benoit Cormier Landry

p. 103-117


Extrait

Quand la conscience déborde un corps c’est aussi un corps qui se dégage d’elle,
non,
c’est un corps qui déborde
le corps d’où elle sort
et elle est tout ce nouveau corps.
A. Artaud, « Textes contemporains de la séance au Vieux-Colombier » [1947], dans Œuvres, Paris, Gallimard, coll. « Quarto », 2004, p. 1181.

1Long monologue ou soliloque, selon les commentateurs, La nuit juste avant les forêts, de Bernard-Marie Koltès, écrit en 1977, prend la forme d’une unique longue phrase d’une soixantaine de pages, sans ponctuation finale, dite par un personnage innommé et tour à tour exténué et exalté, insistant et fuyant. De cette longue adresse à la fois fragile et hermétique, la langue est dense, torve, mais aussi comme « chantournée », parce que non dépourvue de quelques pointes d’une indéniable élégance. S’y retrouvent aussi, presque sans exception, les thèmes et motifs qu’on sait chers à Koltès : l’étranger, l’exclusion, la criminalité, la violence, la ville et l’occupation amoureuse de se

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