Pour le voir je pers la vie. Images du regard amoureux dans l’art, de la Renaissance aux Lumières

Maurice Daumas

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Pour le voir je pers la vie. Images du regard amoureux dans l’art, de la Renaissance aux Lumières

Maurice Daumas

p. 227-241

Extrait

Exprimez tant que vous voudrez la force d’un œil : faites le tirer mile traits par jour : n’oubliez qu’une ligne qui passe par le milieu, jointe avec le sourcil, est un vray arc : que ce petit humide, que l’on voit luire au milieu, est le trait prest à partir : si est-ce que toutes ces flesches n’iront en autres cœurs, que ceux que Folie aura preparez.
Louise Labé, Débat de Folie et d’Amour

Joseph Sacco, *Œil de jeune femme*, 1844.

1Le regard amoureux est un geste immatériel dont la représentation nécessite le secours d’autres signes. L’œil n’exprime rien, à moins que le spectateur ne reconnaisse celui de l’aimé (Joseph Sacco, Œil de jeune femme, 1844). Il porte alors un regard amoureux sur l’image, mais ce n’est pas celui-ci qui intéresse cette étude. Le visage lui-même (le port de tête, la direction du regard, le dessin des lèvres) est incapable d’exprimer l’amour. En dépit des efforts d’un des plus grands dessinateurs du XVII^e siècle, seule la légende permet de mettre un nom su

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1 Sur l’absente dans la peinture de l’amour, voir M. Daumas, « Je m’occupais de vous.
La lettre amoureuse dans l’art occidental, de la Renaissance aux Lumières », dans M. C. Panzera et E. Canonica (dir.), La Lettre au carrefour des genres et des traditions, du Moyen Âge au XVII^e siècle, Paris, Classiques Garnier, 2015, p. 351-366.

2 André Le Chapelain, Traité de l’amour courtois, trad. C. Buridant, Paris, Klincksieck, 1974.

3 Sur ce thème, voir H. Damisch, Le Jugement de Pâris, Paris, Flammarion, 1992.

4 Ovide, Métamorphoses, I.

5 Dans ces illustrations du poète Antonio Grifo d’un exemplaire du Canzionere de Pétrarque, celui-ci est représenté sous la forme d’un curieux hiéroglyphe composé d’un livre, symbole de la poésie, transpercé d’une flèche d’amour, d’où jaillit un serpent, signe biblique et freudien du désir. Voir G. Mariani Canova, « Le laurier et le serpent. Le Pétrarque d’Antonio Grifo », FMR, 56, juin 1995, p. 105-126.

6 Psyché tombe amoureuse de l’Amour en le voyant ; elle le perd, part à sa recherche et sera sauvée de la mort par son baiser. L’histoire est racontée par Apulée au II^e siècle dans L’Âne d’or.

7 Candaule, roi de Lydie, aurait montré sa femme nue à Gygès. Humiliée, la reine donna le choix à Gygès entre mourir ou l’épouser après avoir assassiné Candaule – ce qu’il choisit de faire. L’histoire est racontée par Hérodote et reprise par Boccace dans le De casibus virorum illustrium (Des cas des hommes illustres), 1355.

8 Comme dans la tapisserie flamande de la Chasse à la licorne (1495-1505) du musée des Cloisters à New-York et dans la Chasse à la licorne gravée par Jean Duvet (1540-1560).

9 Voir E. Panofsky, Essais d’iconologie. Les thèmes humanistes dans l’art de la Renaissance, Paris, Gallimard, 1967, chap. V.

10 Voir E. Wind, Mystères païens de la Renaissance, Paris, Gallimard, 1992, chap. VII. Le programme de la Primavera a probablement été élaboré par Ange Politien.

11 Voir M. Daumas, « Beau visage, miroir de fol. L’iconographie de la Chute amoureuse à la Renaissance », dans J.-M. Le Gall (dir.), La Défaite à la Renaissance, Genève, Droz, 2016.

12 G. de Tervarent, Attributs et symboles dans l’art profane, Genève, Droz, 1997, p. 62-64.

13 E. Panofsky, Essais d’iconologie, op. cit., p. 162.

14 Voir notamment E. Panofsky, Essais d’iconologie, op. cit., p. 238 sq. ; E. Wind, Mystères païens de la Renaissance, Paris, Gallimard, 1992, p. 92-94.

15 E. Panofsky, La Renaissance et ses avant-courriers dans l’art d’Occident, Paris, Flammarion, 1990, p. 191. Illustration du tableau : n° 145.

16 Id., Essais d’iconologie, op. cit., p. 185. Illustration n° 106.

17 Ulysse et Pénélope (Museum of Art de Toledo, États-Unis) est attribué à tort à Primatice. Voir M. Daumas, « Le Retour d’Ulysse en son château. Un tableau méconnu de Nicolò dell’Abate : Ulysse et Pénélope », dans A.-M. Cocula et M. Combet (dir.), L’amour au château, Pessac, Ausonius, 2013, p. 149-164.

18 E. Panofsky, Le Titien. Questions d’iconologie, Paris, Hazan, 1989, p. 180-186.

19 Voir G. Careri, Gestes d’amour et de guerre. La Jérusalem délivrée, images et affects (XVI^e-XVIII^e siècles), Paris, Éditions de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, 2005.

20 Le Tasse, La Jérusalem délivrée, XVI, 20 : « Au flanc de l’amant (arme fort singulière) / pendait un transparent miroir de cristal. / Elle se leva et lui tendit entre ses mains / ce serviteur favori des mystères de l’amour. / Elle en riant, lui les yeux brûlants, / ils ne voient en mille objets qu’un seul objet : / elle se regarde dans la glace, et lui / se regarde dans ses yeux limpides ».

21 Voir M. Daumas, « Histoire d’une trahison : Iconographie de l’Amour divin et de l’Amour mondain aux XVI^e et XVII^e siècles », dans M. Daumas (dir.), Amour divin, amour mondain dans les écrits du for privé de la fin du Moyen Âge à 1914, Pau, Cairn, 2011, p. 325-354.

22 Voir A. Bayer (éd.), Art and Love in Renaissance Italy, New York, The Metropolitan Museum of Art, 2008, p. 255 sq. ; et le site de l’exposition « Art and Love in Renaissance Italy » ; http://www.thecityreview.com/metital.html.

23 Ibid., p. 255-256.

24 Voir M. Westermann (dir.), Art and Home. Dutch Interiors in the Age of Rembrandt, Denver, The Denver Art Museum, 2001, p. 146.

25 Voir A. Bayer (dir.), Art and love in Renaissance Italy, op. cit., p. 149-150 ; M. Camille, L’art de l’amour au Moyen Âge, Köln, Könemann, 1998, p. 33.

26 Voir M. Daumas, « Histoire d’une trahison : Iconographie de l’Amour divin et de l’Amour mondain aux XVI^e et XVII^e siècles », art. cit., p. 325-354.

L’intime de l’Antiquité à nos jours

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Référence numérique du chapitre

Daumas, M. (2021). Pour le voir je pers la vie. Images du regard amoureux dans l’art, de la Renaissance aux Lumières. In G. Puccini (éd.), L’intime de l’Antiquité à nos jours (1‑). Presses Universitaires de Bordeaux. https://doi.org/10.4000/books.pub.46170

Daumas, Maurice. « Pour le voir je pers la vie. Images du regard amoureux dans l’art, de la Renaissance aux Lumières ». In L’intime de l’Antiquité à nos jours, édité par Géraldine Puccini. Pessac: Presses Universitaires de Bordeaux, 2021. https://doi.org/10.4000/books.pub.46170.

Daumas, Maurice. « Pour le voir je pers la vie. Images du regard amoureux dans l’art, de la Renaissance aux Lumières ». L’intime de l’Antiquité à nos jours, édité par Géraldine Puccini, Presses Universitaires de Bordeaux, 2021, https://doi.org/10.4000/books.pub.46170.

Référence numérique du livre

Puccini, G. (éd.). (2021). L’intime de l’Antiquité à nos jours (1‑). Presses Universitaires de Bordeaux. https://doi.org/10.4000/books.pub.45895

Puccini, Géraldine, éd. L’intime de l’Antiquité à nos jours. Pessac: Presses Universitaires de Bordeaux, 2021. https://doi.org/10.4000/books.pub.45895.

Puccini, Géraldine, éditeur. L’intime de l’Antiquité à nos jours. Presses Universitaires de Bordeaux, 2021, https://doi.org/10.4000/books.pub.45895.

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