L’écriture des amours féminines, de l’indicible (Ovide, Juvénal) au provocant (Martial)

1La société romaine possède une conception paradoxale de la sexualité. Devant être dissimulée par la nuit, elle relève du domaine du privé et n’éclot que dans l’intimité de la chambre à coucher. Néanmoins, elle est aussi au centre de l’attention publique : la société porte un regard constant sur les mœurs de ses membres et exerce un véritable contrôle de leur vie sexuelle. Une seule relation est pleinement autorisée, celle entre un homme dominant et une personne dominée (femme ou esclave).

2Une intimité entre deux femmes n’est donc pas envisageable, et ne possède d’ailleurs pas de dénomination. Comment représenter alors cette intimité ? Comment exprimer les sentiments et le désir, décrire les relations physiques entre deux personnages féminins ? Et, surtout, dans quel but ? Rappelons que les auteurs romains sont des hommes, qui écrivent pour un lectorat masculin, au sujet de relations dont ils sont exclus. Leur regard est donc nécessairement biaisé, leur représentation, subjecti