Femme, écriture et scandale dans La preuve par le miel de Salwa Al Neimi

1Les sociétés arabo-musulmanes ont développé au cours des siècles ce que Michel Foucault appelle une ars erotica1. Cette ars erotica a atteint son apogée à la parution de nombreux écrits sur la sexualité, les pratiques sexuelles et les plaisirs du corps. Ces ouvrages dont certains étaient élaborés par des auteurs de formation théologique ont rencontré une large réception au sein des élites au pouvoir et des hommes de religion. En outre, les XV^e et XVI^e siècle ont connu une forte demande sociale de ce genre d’écrits qui revêtent une dimension initiatique voire instructive. L’on peut citer à titre d’exemples des ouvrages célèbres qui ont bénéficié d’une grande vulgarisation à cette époque : Les Délices des cœurs ou ce que l’on ne trouve en aucun livre2 d’Ahmad al-Tifachi (1184-1253), La Prairie parfumée où s’ébattent les plaisirs par Umar Ibn Muhammad Nafzawi3 (probablement rédigé entre 1410 et 1434) et Le Livre de volupté pour que le vieillard recouvre sa jeunesse4, écrit au XVI