Intimité et douleur dans les Tusculanes de Cicéron

1À s’en tenir au lexique, l’intime n’apparaît que deux fois dans les Tusculanes, ce qui peut surprendre dans un ouvrage consacré, précisément, aux dispositions morales intimes de l’individu : peur de la mort, douleur physique, chagrin, passions en général, aspiration au bonheur1. Les deux occurrences font apparaître l’intime en relation avec le trouble de l’âme. Au livre 2, le maître2 évoque les armes à brandir contre l’agression de la douleur physique, en particulier le « discours intérieur » (sermo intimus)3. Au livre 4 ensuite, sous le genre de la passion du désir (libido), il range la colère et ses variétés, dont la discordia, la « rancune, colère particulièrement âpre, conçue au fond de l’âme et du cœur » (intimo animo et corde4). L’intime est à la fois le siège de la passion, le fond du cœur où le trouble s’enracine, et le lieu de la guérison, où le sujet se retrouve lui-même dans un dialogue salutaire. Comme l’indique la seconde occurrence, et plus généralement dans le c