Les récits autobiographiques : une source pour écrire et transmettre l’histoire des esclaves

1L’essentiel des archives relatives à l’histoire des traites et de l’esclavage a été produit par la plume de « Blancs » qui portaient sur les populations d’origine africaine un regard distant, souvent méprisant, voire hostile, parfois bienveillant, toujours brouillé par les préjugés et « la barrière des races » entretenus par les sociétés esclavagistes. Toutefois, plus d’une centaine d’anciens esclaves anglophones ont publié le récit de leur vie avant les abolitions de l’esclavage¹. Ces récits qui n’ont pas eu d’équivalent dans les colonies esclavagistes françaises² offrent des témoignages incomparables sur la vie des esclaves. Ils ont joué un rôle difficile à évaluer, mais incontestable dans les luttes abolitionnistes en Angleterre et aux États-Unis. Par ailleurs, mon corpus³ ne prend en compte ni les quelques récits d’esclaves originaires de l’Océan Indien étudiés par Edward Alpers et Matthew Hopper⁴, ni les récits recueillis après les abolitions comme les 2 300 interviews d’