Une prose inédite de Jean Follain : l’enfance ou l’éternité retrouvée à volonté

1Seul assis sur le bord de la route, on peut ruminer la joie des voyages, la joie de cette arrivée dans les capitales étrangères. Des magasins tout neufs vous y attendent, les hommes donnent le goût de les aborder, d’être avec eux, de les suivre dans leurs demeures inconnues. On peut donc être dans cette capitale neuve et en même temps dans son enfance, dans son adolescence et dans son âge mûr, cet âge qui voit disparaître de grandes espérances mais qui ressent l’ambiguïté du monde et sa transparence. J’avais dix-huit ans, un train roulait dans la nuit qui me conduisait vers l’étranger. Ce train n’a jamais cessé de gronder dans la nuit. Comme il fait bon à de certaines heures dans les bibliothèques des grandes cités quand on n’y est pas tout à fait seul. Comme la chambre d’hôtel, le soir, branchée sur l’inconnu fait resurgir la chambre d’enfance [, ] le grand silence, l’inexorable marche du temps s’arrête. Pourtant revenue la stagnation de l’ordinaire vie, se réveillant tel ven