Socialité de la fiction
p. 33-48
Extrait
1La littérature et tout spécialement la littérature de fiction a-t-elle quelque chose à dire aux sciences sociales ? Produit-elle un savoir, qui tout en lui étant propre, est transférable à ces sciences ou qui puisse les inspirer ? Ces questions, que l’on se posait jadis de façon candide, sont revenues en force aujourd’hui sur un mode plus élaboré, ne serait-ce que d’être partagées par sociologues et analystes des œuvres littéraires. Il fut un temps où le seul fait de mettre en scène une grève ouvrière ou d’évoquer telle frénésie de l’adultère en milieu petit-bourgeois suffisait à créditer le romancier d’une science de la socialité. Mais c’était là traiter les fictions comme autant de documents d’époque, tout en ignorant ce qui fait la spécificité du travail littéraire, du rapport de la fiction au réel, des usages de cette fiction. Désormais, si l’on entend confronter la production littéraire à celle des sciences sociales et se demander quels transferts peuvent opérer de l’une
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