Chapitre II – L'édition électronique : le Big-Bang
Genèse de l’organisation en réseau de la connaissance
p. 121-136
Texte intégral
1. Réseau ou labyrinthe
Les formes modernes que prend aujourd’hui la diffusion culturelle nous confrontent à notre devenir. Balançant entre complexité et chaos nous laisserons-nous submerger par cette profusion ou essaierons-nous d’y retrouver un sens en démêlant les fils de cet écheveau ? De la production à la surproduction, de la multiplication des produits à la prolifération des liens tissant d’innombrables correspondances entre les éléments, les caractéristiques du réseau nous mettent en présence d’un organisme étrange dont la progression exubérante évoque la croissance d’un être vivant. Ce constat relève plus de la sensitivité que du rationnel ; Michel serres l’exprime pour sa part sur le mode poétique : « Nous vivons donc désormais dans le concret, au sens le plus clair et le plus profond de ce mot, où la croissance d’éléments mélangés produit un nouveau réel, universel, par expansions et prolongements imprévus [...] Ces mélanges font croître ensemble des éléments différents. Ces chemins croisés, de croissance, vont vers l’univers. »1 Sommes-nous confrontés à un monstre sans tête, hydre multiforme aux ramifications sans fin engendré par la civilisation occidentale ? Quel est le fil d’Ariane qui nous permettra d’avoir raison de ce moderne Minotaure qui se complaît dans son labyrinthe ?2
Dérivé de l’ancien français « réseuil » (du latin retis signifiant filet), le mot « réseau » désigne à l’origine un ensemble de lignes entrelacées et s’applique ensuite à toute idée de relation entre éléments physiques et personnes humaines3. Selon Pierre Musso4, la paternité du concept de réseau considéré comme une structure artificielle d’aménagement de l’espace et du temps est à attribuer à l’œuvre d’Henri de Saint-Simon. Sa notion de réseau, particulièrement riche et complexe a été construite à partir des connaissances sur la physiologie du corps humain. À la fois métaphore du contrôle social, de la circulation des biens et des savoirs, le réseau apparaît comme un concept permettant le passage d’un système à un autre. Élément de médiation, il constitue la base matérielle et symbolique de la société industrielle et peut aussi être un instrument pour penser le changement, la transition sociale.
L’organisation en réseau peut aboutir à la suppression de la médiation de l’État au profit de l’industrialisme, élaborant une nouvelle articulation entre savoir et industrie. Cette idée appliquée par Saint-Simon au contexte de la Révolution française, nous paraît pouvoir s’adapter à celui de l’évolution informationnelle que nous connaissons aujourd’hui, à condition de ne pas nous laisser happer par une conception par trop réifiée du réseau réduit à un objet technique. C’est ce qui est malheureusement arrivé à la théorie développée par Saint-Simon. À sa mort en 1825, ses disciples ont opéré cette réduction, assimilant strictement la notion de réseau à sa dimension technique. C’est cette instrumentalisation excessive qui selon Pierre Musso a conduit à « l’idéologie communicationnelle contemporaine ». L’idéologie techniciste contemporaine trouve son origine dans le développement de ce qui pourrait constituer un mythe moderne : la croyance à une « démocratie planétaire, égalitaire et autorégulée », entretenue par les prophètes des autoroutes de l’information. Ce mouvement venu d’Outre Atlantique par le biais de la politique d’Al Gore trouve son audience dans les pays d’Europe occidentale et donc en France. Ces propos doivent donc être analysés attentivement afin de prendre un nécessaire recul. Pierre Musso repère trois formes d’utilisation sociale du réseau : « La pensée du changement social avec le réseau considéré comme concept chez Saint-Simon, la pensée du changement social dans le réseau reconsidéré comme chose chez les Saint-Simoniens, la pensée du changement social par le réseau déconsidéré comme signe et marchandise dans l’idéologie communicationnelle contemporaine. »5
Appliquée à la médiation pédagogique, la logique du réseau nous contraint à en repenser les modalités C’est en ce sens que nous avons proposé une réflexion dans une communication intitulée « Hypermédia et pédagogie, nouvelle médiation ou utopie ? Ou... L’arbre et la girafe »6. Le choix de cette métaphore botanico-zoologique7 suggère que rompant avec le modèle arborescent, de nouveaux modes de circulation de l’information sont ouverts par les systèmes réticulés ou en maillage. Les TIC et notamment Internet et les réseaux sont susceptibles de réduire l’entropie générée par la surabondance et le bruit informationnel, à condition que des procédures de médiation appropriées se mettent en place. Toutefois, il est important que les modèles classificatoires hiérarchiques traditionnels ne soient pas radicalement abolis. Ces derniers, loin d’être supplantés, demeurent et sont nécessaires mais se trouvent, selon notre hypothèse, catalysés par les démarches de type créatif et systémique. Selon Yannick Maignien « Les techniques d’information et de communication numérique conduisent à un type d’encyclopédisme “relationnel-réticulé” »8.
Dans son ouvrage La Méthode. La connaissance de la connaissance9 paru en 1986, Edgar Morin soulignait déjà qu’au delà des principes classificatoires, le recours à l’analogie permet de lever le doute lorsqu’il y a incertitude pour l’identification d’une forme. Cette approche métaphorique des itinéraires inédits de la connaissance favorisée par le réseau nous a semblé particulièrement pertinente et susceptible d’éclairer notre réflexion sur des procédures qui se mettent en place mais pour lesquelles la distanciation est encore insuffisante.
2. Les fonctions métaphoriques du multimédia
L’individualisme, la multiplicité des sources de savoir, l’interactivité, que la civilisation de l’image a largement contribué à développer se trouvent réactivés par les TIC et en particulier par le multimédia. Ces formes d’édition de pointe que sont hypertexte et hypermédias répondent particulièrement bien à ces besoins en favorisant les potentiels créatifs de l’individu par les cheminements heuristiques qu’elles proposent. Selon Abraham Moles, « l’heuristique, ou analyse de la créativité, montre qu’il existe des situations, soit mentales, soit réelles, dans lesquelles l’esprit s’oriente quasi spontanément vers une activité proprement créatrice, et où sa force productrice se trouve renforcée »10.
L’hypothèse d’une interrelation entre l’évolution des mentalités ou des modes d’appréhension et l’évolution des formes éditoriales s’impose. Il est indéniable que les avancées des technologies de communication imprègnent de plus en plus les esprits, exercent une influence croissante sur les usages. Cette idée a été développée dans l’article « Les fonctions métaphoriques du multimédia »11 où le rapprochement conceptuel entre métaphore et multimédia est mis en valeur. Le multimédia constitue en effet une re-présentation, une réinterprétation du réel. Cette idée s’appuyant sur théorie de l’écart s’exprimait déjà dans l’Antiquité à propos des figures, puisque Aristote disait de la métaphore : « C’est pour atteindre à plus de grandeur qu’elle s’écarte (exallateï) de la convenance » (Rhét., III, 1404b). On peut d’ailleurs remarquer que le grec exprime le nom de la plupart des figures12 en termes d’écart. « Métaphore » : déplacement, « métonymie » : transfert de nom, « hyperbole » : exagération.
Le multimédia met en œuvre les principes mêmes de cette figure de rhétorique13 : analogie, interconnexion, aspect ludique. Cela met non seulement en évidence une correspondance pertinente avec la pluralité d’approches qui caractérise aujourd’hui notre environnement, mais aussi éclaire d’un nouveau jour les procédures d’acquisition des connaissances, inaugurant ainsi une fonction14 inédite de la communication. Combinant l’aléatoire et l’organisé, utopique dans son principe même puisqu’il anticipe largement sur les capacités d’intégration des publics d’usagers, le multimédia permet d’avancer l’idée d’une conception métaphorique du savoir et de l’accès aux connaissances. Métaphore du cerveau humain, métaphore du monde, il nous ouvre la voie d’une nouvelle conception de notre appartenance à l’univers.
L’interactivité, la convivialité, l’interconnexion des données sont les avantages les plus apparents des technologies numériques. Sans en ignorer les freins, une plus-value paraît se dégager au plan de l’autonomie de l’usager, de l’exhaustivité de l’information recueillie ainsi que de l’efficacité de l’appropriation15. Si on applique ces réflexions au domaine de l’édition de type scientifique, on constate qu’une organisation en réseau des systèmes de diffusion se met en place. En effet, cette production a été jusqu’ici publiée soit dans des ouvrages et des revues imprimées et électroniques qui obéissent à une logique d’entreprise à vocation essentiellement commerciale, soit par des revues hébergées par des centres de recherche dont l’objectif prioritaire est la diffusion intellectuelle et la validation des travaux universitaires. L’accès à la connaissance se trouve optimisé par le mode de construction même des produits multimédias. Ils sont en effet conçus sur le principe de parcours multiples que l’utilisateur peut emprunter à sa guise. En combinant des médias de type différent (texte, son, image fixe et animée), ils génèrent des cheminements de type heuristique et tendent à favoriser de nouvelles formes de compréhension. L’association d’idées, l’analogie, la spontanéité, la créativité, mises en œuvre dans le multimédia sont, selon les neurobiologistes, des qualités spécifiques du lobe droit du cerveau.
Métaphore de la communication
Moyen d’information de pointe, le multimédia peut être envisagé comme une métaphore de la communication, si l’on considère que cette dernière est elle-même circulation, échange d’informations, inter influence. La notion même de réseau régit aussi bien les échanges entre individus ou sociétés humaines que les connexions entre systèmes de bases de données d’information ou entre les diverses composantes d’un document multimédia. Cette analogie n’est pas sans rappeler les principes de la cybernétique16 qui sont à l’origine du concept moderne de communication. Le principe combinatoire est fondé sur la mise en systèmes d’unités diverses selon de multiples possibilités et avec une interinfluence de chacun des éléments sur tout autre qui lui est associé. L’idée de potentialisation réciproque d’éléments rapprochés n’est pas d’aujourd’hui, mais ce qui constitue la novation majeure du CD-Rom et des serveurs multimédia, c’est qu’une telle intégration est réalisée sur un seul et même support.
Métaphore du monde
Le multimédia métaphore de la communication est aussi métaphore du monde lui-même dans sa complexe multiplicité. L’ensemble des bases de données, la somme des œuvres numérisées accessibles par Internet, constituent une énorme encyclopédie en constante extension, à l’image des organismes vivants. À cette logique du vivant, fait écho une seconde logique : celle de l’architecte qui préside à la conception des documents multimédias. La construction d’un document multimédia implique la mise en relation d’éléments aboutissant à la création d’ensembles ou d’univers (au sens admis dans les jeux vidéo). Chacun d’eux est une des innombrables visions possibles d’une parcelle de notre monde de la même manière que chaque individu en est un atome17.
La métaphore du constructeur, du bâtisseur est particulièrement adéquate pour désigner cette démarche d’élaboration. Il ne s’agit plus ici en effet ni de mettre en place une écriture linéaire, ni de concevoir un scénario à l’impeccable enchaînement logique et chronologique, ni même d’envisager des interelations textuelles18, mais de permettre des rapprochements d’unités multiformes en laissant l’usager évoluer à son gré, selon un parcours qu’il aura choisi ou qu’il suivra par hasard ou par jeu, comme dans la vie elle-même. Selon le point de vue du récepteur, cette « re-création » du monde implique une immersion dans un univers où chaque unité est porteuse de sens. L’architecture est elle-même support de discours, jusqu’à devenir discours elle-même dans la mesure où elle est œuvre originale destinée à informer et à distraire.
3. Systémique cybernétique et multimédia
Hypertexte et hypermédia, nouvelles médiations, nouvelles approches de la connaissance sont autant de concepts qui font appel à une logique qui relève de la systémique. Ce mouvement de pensée est né il y a quelques décennies, concomitamment au sein de plusieurs disciplines, dont la cybernétique. Le principe de la systémique est de considérer le tout plutôt que les parties et donc de raisonner dans la globalité et dans la complexité. Or, pendant des siècles notre mode de pensée s’est appuyé sur un principe radicalement opposé : celui de l’analyse méthodique déjà appliquée par Aristote, puis qui constitua le socle du cartésianisme. C’est en effet René Descartes qui a rationnalisé la résolution de la complexité en la réduisant à un certain nombre d’éléments simples que l’on considère un par un. Nous sommes toujours sous l’influence de ce procédé qui a fait ses preuves en matière de rigueur des raisonnements, qui a fondé les bases d’une méthode à l’origine de l’essor des sciences et des techniques et du développement de la société. Elle présente toutefois l’inconvénient majeur de considérer isolément les différents éléments et donc de faire abstraction des effets de leur interaction. Aujourd’hui, la diversité du monde qui nous entoure, la complexité sans cesse croissante de nos sociétés a suscité l’émergence d’une évolution des modes de réflexion. La théorie allemande de la Gestalt a en son temps apporté une contribution majeure à l’approche systémique, puisqu’elle avance que le tout est différent de la somme de ses parties, que ce dernier est indépendant par rapport à la nature de ces parties et qu’il est donc porteur d’une connaissance qui lui est propre.
Depuis la fin des années 1990, le mot « cyber » est employé à tout propos dès qu’il s’agit de parler de la culture numérique. Les termes désormais galvaudés de cyberespace et de cyberculture désignent à peu de choses près tout ce qui est véhiculé par les réseaux numériques, ainsi que les modalités d’usages qui en découlent. Au-delà de ces poncifs, il est utile d’explorer ces notions afin de mieux estimer ce qui constitue la spécificité du réseau Internet et du Multimédia. Il semble donc utile d’approfondir la signification de ce préfixe qui trouve son origine dans la mise au point des théories de la cybernétique et de la systémique.
Le terme de cybernétique vient du mot grec kubernetes qui signifie pilote ou gouvernail. Platon l’utilisa dans le sens d’« art de conduire les hommes », ce qui nous renvoie à la notion d’interelation et de gestion humaine de systèmes complexes. D’abord utilisé par André-Marie Ampère dans le contexte des sciences politiques Norbert Wiener donna ensuite au terme sa signification actuelle de « sciences des régulations et des communications chez les organismes vivants et chez les machines ». La cybernétique théorisée en 1948 par Norbert Wiener, est à l’origine des courants de pensée qui évoquent un fonctionnement systémique des processus. Son ouvrage fondateur Cybernétique et société, est paru en 1952. Cette discipline étudie les analogies entre les phénomènes observables, qu’ils soient naturels ou artificiels. Selon Wiener, ces rapprochements reposent sur l’existence de « relations » au sens mathématique du terme. Il établit également des parallèles entre le fonctionnement des machines et celui des êtres vivants : « Je soutiens que le fonctionnement de l’individu vivant et celui de quelques machines très récentes de transmission sont précisément parallèles ». Indubitablement, les fonctions de l’ordinateur se réfèrent explicitement au mode opératoire de l’intelligence humaine qui est basée sur des opérations de type logique à portée symbolique. »19
Wiener a été l’un des premiers à utiliser la notion de feed-back, processus circulaire où des informations sur l’action en cours nourrissent en retour le système et lui permettent d’atteindre son but. Appliquée ensuite au contexte de l’information, elle a évolué vers celle de rétroaction du récepteur vers l’émetteur et vers celle d’interactivité des systèmes. Tout l’intérêt du phénomène de feed-back réside dans la possibilité qu’il donne à l’émetteur de modifier son message par autocorrections successives, ce qui a pour effet de réduire l’entropie20. Ces principes s’inspirent des théories développées en thermodynamique où tout système isolé tend vers un état de désordre maximum. Les idées de Wiener étaient partagées par Claude Shannon et Waren Weaver auteurs d’une des premières théories de la communication. Ils établirent notamment que dans toute forme de communication, les messages sont soumis à des perturbations, que Robert Escarpit qualifia plus tard de « bruits ». Cela entraîne une transmission moins cohérente vers le récepteur et donc un dysfonctionnement latent, source d’entropie.
C’est à la même époque que l’équipe de Ludwig von Bertalanffy21 met au point la théorie générale des systèmes. Leur démarche consiste à étudier les principes à l’œuvre dans les systèmes sans se préoccuper de leur nature physique, biologique ou sociologique. Les travaux de l’école psychiatrique de Palo Alto sous l’égide de Grégory Bateson puis de Paul Watzlawick, ont appliqué la notion d’interelation au domaine des Sciences Humaines. Par leurs travaux expérimentaux, ils ont mis en évidence que la communication est porteuse de liens sociaux. Publié en 1967, dans son édition originale, Une logique de la communication expose ce point de vue. « Ce livre aura essentiellement pour objet la pragmatique de la communication, c’est-à-dire ses effets quant au comportement. À ce propos, il doit être bien clair dès le départ que nous considérons ces deux termes « communication » et « comportement » comme étant pratiquement synonymes.22
La communication ne se borne donc pas à une simple transmission d’informations, puisqu’elle influe sur la manière de recevoir le message, donc sur le comportement des partenaires. Joël de Rosnay donnera une vaste diffusion à ce mouvement avec son ouvrage Le Macroscope. Il en donne la définition suivante : « Un système est un ensemble d’éléments en interaction dynamique, organisés en fonction d’un but. »23 Cette définition correspond à une vision globale qui, dépassant la tendance structuraliste pour laquelle un système est clos, postule que toute action humaine s’inscrit dans un ensemble ouvert et complexe : « Nous sommes confondus par le nombre et la prodigieuse variété des éléments, des relations, des interactions ou des combinaisons sur lesquels reposent le fonctionnement des grands systèmes dont nous sommes les cellules, pour ne pas dire les rouages. Nous sommes déroutés par le jeu de leurs interdépendances et de leur dynamique propre, qui les font se transformer au moment même où nous les étudions, alors qu’il nous faudrait les comprendre pour mieux les guider »24. Instrument particulièrement approprié si on considère les innombrables ensembles qui nous entourent, il s’agit en fait d’une méthode, qui prenant en compte, l’interaction, la globalité, l’organisation et la complexité permettent de voir et de penser autrement et donc de trouver de nouvelles dynamiques de fonctionnement, d’accéder au changement.
Cette logique de métacommunication met en œuvre le contenu informationnel mais aussi l’environnement de la situation. Développée par Pierre Lévy, l’idée d’écologie cognitive met en évidence une correspondance entre l’homme et son environnement social et technologique. « L’intelligence et la cognition sont le fait de réseaux complexes où interagissent un grand nombre d’acteurs humains, biologiques et techniques »25. L’analogie fondamentale qui existe entre ce concept et celui de maillage qui préside à la construction et au fonctionnement des multiples réseaux d’information dont le nombre s’accroît chaque jour est manifeste. Mais il est possible d’aller encore plus loin en considérant que l’homme lui-même constitue un système. Le cognitivisme appliqué à l’étude du comportement humain suggère cette hypothèse : « L’individu humain est un système complexe de transformation et de stockage de l’information, système dont la séquence de modification d’état tend vers un but : transformer de l’information issue de deux sources : le monde et la mémoire en des représentations mentales et/ou des actions. »26 Cette approche principale des sciences cognitives, surtout basée sur la logique, a été remise en question par les travaux en neurosciences, et par ceux de Ashby27, qui révéla la dynamique d’un système par ses interconnexions aléatoires, tout en soulignant un comportement global. Cependant, ceci n’a pu être perçu comme essentiel dans les sciences cognitives, en raison du courant technologique qu’elles ont développé avec la naissance et l’essor de l’informatique et de l’intelligence artificielle qui donne priorité à la conceptualisation, à l’intégration d’informations et à la résolution de problème. Cette attitude a été révisée dans les années 1980 sous l’influence de travaux en physique, chimie et mathématiques remettant au premier plan la notion de connexion.
Parallèlement, les Sciences de l’Information et de la Communication ont évolué dans la même ligne conceptuelle en passant de l’analogie homme/ ordinateur qui souligne la transformation des informations, au concept de représentation symbolique. Ainsi cette discipline s’inscrit dans la logique énoncée par les théoriciens de la cybernétique.
La symbolique des productions intellectuelles humaines développée par Jean-Pierre Changeux dans L’Homme neuronal28 est envisagée comme traitement en parallèle de neurones singuliers qui, reliés entre eux activent des connexions. Cette perspective, illustrée par les travaux de Smolensky et déjà abordée par le professeur Roger Sperry, prix Nobel de Médecine en 1981, s’appuie sur les découvertes de la neurobiologie pour expliquer les processus mentaux. La connexion d’éléments différents est favorisée par la construction même de notre cerveau. Si le cerveau gauche est le siège de la rationalité, de l’objectivité, de la connaissance organisée, le cerveau droit, domaine de la connaissance intuitive est celui de la créativité et de la subjectivité.
4. Métamorphose ou avatar ?
Les nouvelles médiations favorisées par cette approche particulière du savoir que permet l’ordinateur génèrent de nouveaux modes d’écriture, de création, de production et de lecture. Ces modifications dans la réalisation de l’objet, ces changements de l’écriture sont loin d’être anodins. En proposant des écrits sur écran associés à des images et des sons, de nouvelles possibilités de relation à l’intérieur du document électronique (intratextualité) ainsi que de document à document (intertextualité) apparaissent. Cela nous amène à réfléchir sur les caractéristiques de l’écriture multimédia aussi bien du point de vue de l’émetteur (auteur ou scripteur) que de celui du récepteur (ou usager)
Selon Bronckart29, l’écrit est le résultat d’une « action langagière » qui associe le résultat (le texte matérialisé) et le processus de production (l’écriture). Constituant une unité de communication scripturale, il a matériellement un commencement et une fin et représente du double point de vue de l’objet et du sens, une entité individuelle, un ensemble clos. Confronté à un document organisé par l’auteur selon une structure rigide, le lecteur procède à une lecture en continu qu’il peut optimiser en procédant à des écrémages et des repérages s’appuyant sur les aides à la consultation que sont les tables des matières et les index. Le système des notes de bas de page renvoyant à d’autres ouvrages est une sorte préfiguration de l’hypertexte, mais la confrontation de plusieurs documents reste cependant difficile en raison des multiples manipulations qu’elle impose. La consultation d’un document imprimé reste donc essentiellement séquentielle.
Les augures concernant la disparition imminente de l’imprimé sont loin d’être avérés. Cependant, il est indéniable que la diffusion massive de nouveaux supports, de type CD-Rom et la multiplication des serveurs Web offrent de nouvelles pratiques d’accès à l’information. L’image n’ayant rien perdu de sa prégnance, il faut convenir que la pratique assidue de la télévision a un impact sur les modes mêmes de réception de l’écrit. Le téléspectateur redevenu lecteur a tendance désormais à attendre du texte les mêmes qualités d’action, d’instantanéité que de l’image télévisuelle. On constate notamment chez les publics de jeunes apprenants, une fâcheuse tendance à « zapper » dans le texte en évitant les descriptions jugées trop longues. Puisqu’il permet de multiples parcours de consultation à l’aide des liens associant des informations situées dans le même document ou dans des documents distants, le multimédia30 entraîne de cette même technique de zapping. Cela nous amène à postuler que ces éléments peuvent avoir une influence sur les modalités d’écriture du multimédia. La spécificité de cette dernière peut s’établir selon trois points de vue : le paratexte, l’intertextualité, l’intratexte.
– Le paratexte ou périphérie du texte ou encore mise en écran, concerne l’aspect physique du document et fait appel aux spécificités combinées de la lisibilité classique (Richaudeau) de l’infographie et de l’ergonomie.
– L’intertextualité ressortit aux relations entre documents ou entre serveurs. En appliquant cette notion d’interelation ou de système à la littérature, Italo Calvino préfigure étrangement la philosophie hypertextuelle : « La littérature n’est pas faite seulement d’œuvres singulières, mais de bibliothèques et de systèmes [...] À l’intérieur de ces systèmes, chaque œuvre est différente de ce qu’elle serait si elle était isolée ou insérée dans une autre bibliothèque. »31 Les qualités de l’hypertexte et de l’hypermédia, notamment en ce qui concerne l’interconnexion possible avec d’autres textes ou documents parfois fort éloignés, posent la question du statut de l’œuvre. On passe du concept d’œuvre unité à celui d’œuvre atomisée. Cet assemblage d’éléments combinables à d’autres ne seront désormais plus appréhendés dans leur globalité ni dans l’ordre dans lequel ils ont été conçus.
Ces caractéristiques influent aussi sur l’écriture qui doit désormais prendre en compte la notion d’autonomie en matière d’intelligibilité du discours. Dans la mesure où il y a déconstruction puis reconstructions multiples des contenus, il est indispensable que chaque unité soit compréhensible individuellement instituant ainsi la nécessité de pratiquer une écriture de type modulaire. Les contenus étant d’autre part connectables à des contenus conçus par d’autres, cela soulève aussi la question du statut de l’auteur. Ce dernier n’est plus le créateur unique d’une œuvre qu’il a produite et qui lui appartient mais se retrouve dans le rôle d’un intervenant parmi d’autres, perdant l’identité de l’auteur unique pour gagner celle d’auteur universel (on arrive là aux marges de l’utopie). L’inaltérabilité du texte imprimé, qui contribuait à l’autorité de l’auteur32 est désormais remise en cause par les utilisateurs du réseau, qui peuvent intervenir et établir des nouveaux liens entre les paragraphes. D’autres logiques sont alors mises en place, chacune faisant œuvre de création. On pourrait à la limite dire que désormais chaque usager est auteur.
– L’intratexte désigne les relations à l’intérieur du document. Les principes mêmes de l’hypertexte et de l’hypermédia sont également susceptibles de modifier la nature de l’écrit. Pour les documents hypertextes ne comprenant que de l’écrit, on peut se poser la question de la fonction hyperlien. Selon les spécialistes de la psychologie cognitive33, il y a peu d’éléments sur la manière de les construire. Le concepteur préétablit un potentiel de parcours possibles qui sont autant de structures rigides que l’usager emprunte dans l’ordre qu’il souhaite. Le nombre de parcours est cependant limité, mais on peut dire que puisque l’utilisateur singularise l’information par sa lecture propre, il atteint par là même d’une certaine façon le statut d’auteur. La recherche sur la filiation des liens n’est pas encore faite expérimentalement. Pour l’instant ces derniers sont établis intuitivement. Les principes de la lisibilité sont applicables à l’écrit à l’écran aussi bien qu’à l’écrit imprimé : un certain nombre de signaux tels alinéas ou ponctuation contribuent positivement aux processus de cognition. Certains mots comme les connecteurs qui créent des associations d’idées peuvent servir de signal par leur fonctionnalité, d’autres par leur nature même comme les verbes indiquant l’action. Les hypertextes n’ont pas à ce jour fait l’objet d’études linguistiques spécifiques afin d’en évaluer l’efficacité pour la réception.
Aux précédentes remarques concernant l’élaboration linguistique d’un document et ses liens internes, il nous faut ajouter dans le cas du multimédia les réflexions propres à l’association d’éléments différents dans ce type de produits, tout en précisant de nouveau que les études expérimentales sur la construction de ces documents sont à venir. Le textuel et l’iconique se trouvent confrontés sur un même support permettant à leurs qualités respectives de se compléter mutuellement. Dépassant le débat34 selon lequel l’image35 n’informe pas puisqu’elle ne fait que montrer alors que le texte seul démontre et permet la réflexion, la longue et fructueuse collaboration de ces deux médias dans les ouvrages (aussi bien distractifs que pédagogiques) destinés aux jeunes, nous permet d’affirmer qu’ils se dynamisent mutuellement dans un rapport de réciprocité. Le caractère analogique du multimédia renforcerait ainsi les processus cognitifs.
Selon les principes fondamentaux de la linguistique, l’analogie est très couramment utilisée pour décrire un objet ou pour expliquer comment fonctionne un mécanisme par référence à un autre objet ou à un autre mécanisme plus familier. Particulièrement efficace dans les communications de caractère technique et scientifique, dans le multimédia, l’image joue ce rôle métaphorique d’explication analogique : par juxtaposition, elle éclaire et complète, propose une autre approche comme peut le faire également le son et notamment la musique, influant sur l’appropriation. Une enquête commanditée par sony concernant la presse, montre qu’il y a meilleure mémorisation s’il y a combinaison des médias. Le processus se trouve optimisé s’il y a intervention active, physique ou tactile de l’usager, tel que le maniement de la souris ou des boutons de commande.
Cependant, il faut se garder de toute assimilation entre information et connaissance. Si la démarche ludique qu’autorise la navigation est bien entendu agréable et stimulante, l’intégration des contenus ne sera pas forcément meilleure. Si les effets sont nombreux sur le plan de la recherche d’information, on ne peut en dire autant sur l’acquisition des connaissances, car nombre de personnes se perdent en cours de navigation. D’où la nécessité d’une part d’un maintien des procédures « classiques » d’élaboration du raisonnement intellectuel (analyse, synthèse, démarche déductive, inductive, principes hiérarchiques de l’arborescence), d’autre part d’une réflexion sur des méthodes pédagogiques innovantes s’appuyant sur un apprentissage par objectifs à l’hypermédia ainsi que sur une approche de type heuristique (association d’idées, subjectivité, maillage des informations...).
5. Approche cognitive
Les civilisations occidentales sont à l’aube d’une ère nouvelle en ce qui concerne l’organisation des connaissances. De profonds changements dus à la mise en réseau des données électroniques et au principe des liens hypermédia, sont en train de s’opérer. Les modèles organisationnels classiques, de type hiérarchique, ont fortement cloisonné les disciplines. Ainsi ont été fondées les grandes méthodes classificatoires qui, depuis des siècles structurent les champs du savoir (Classifications Dewey et CDU). Les méthodes de recherche déductives (du général au particulier) ou inductives (de l’étude d’un cas vers l’élaboration d’un modèle), adoptent un cheminement séquentiel et arborescent pour la construction des procédures de recherche. En outre, l’information a été pendant longtemps uniquement conçue de façon descendante et unidirectionnelle, circulant d’une source vers des destinataires.
Les notions de transversalité, d’inter relation et de convivialité n’ont été que récemment mises en place. Parmi les premières tentatives, on peut citer les actions qui ont été menées dans le sens d’échanges interdisciplinaires (dans le domaine de l’enseignement primaire et secondaire beaucoup plus que dans l’enseignement supérieur, il faut le reconnaître). En ce qui concerne la mise en relation des concepts, le principe de l’indexation et de l’interrogation par mots-clés puis celui des modes de recherche en conversationnel ont considérablement fait évoluer les techniques documentaires. L’ergonomie a également présidé à une amélioration de la « mise en écran » des bases de données, contribuant ainsi à leur meilleure réception. Tout cela n’a pas pour autant profondément modifié les modalités d’acquisition des connaissances ni leur organisation. Classiquement fondées sur l’élaboration minutieuse d’une problématique conduisant à des hypothèses et à des pistes de recherche, nous postulons que ces modalités restent indispensables à la validité et à la rigueur d’une démarche scientifique, mais que celle-ci se trouve renforcée par les opérations de type combinatoire inhérentes à l’hypermédia. Ainsi, il n’y aurait pas substitution d’une procédure nouvelle à une ancienne, mais bien addition de l’une à l’autre.
Les mécanismes d’apprentissage ont mobilisé l’attention de maints chercheurs et généré nombre de théories. Résultante du développement biopsychologique pour Freud, Piaget, Wallon36, phénomène social pour Durkheim, Vigotsky, Bruner, Bourdieu37, l’apprentissage peut selon Bachelard38 et Meirieu être également envisagé comme un franchissement d’obstacles. La notion même d’obstacle fait alors partie de la relation à l’information dans la mesure où l’écueil posant la nécessité de son franchissement oblige l’apprenant à progresser : « L’apprentissage est bien production de sens par interactions d’informations et d’un projet, stabilisation de représentation, puis introduction d’une situation de dysfonctionnement où l’inadéquation du projet aux informations, ou des informations au projet, contraint à passer au degré supérieur de compréhension. »39 Servant à la fois de référent et de catalyseur, l’information concourt alors activement à l’acte pédagogique.
Des formes de compréhension par association d’éléments différents sont mises en évidence par la psychologie cognitive. Il s’agit d’une nouvelle approche de la construction des connaissances. Selon le modèle dégagé par Haugeland, le cognitivisme40 s’établit sur des données observables s’appuyant logiquement sur l’explication scientifique qui comprend trois courants. Si l’explication déductive des sciences exactes est régie par des lois et des équations, l’explication morphologique explique le comportement d’un objet par sa forme ou sa structure et l’explication systémique reprend en compte les notions de structure en y adjoignant l’interprétation. « L’approche systémique suscite le passage de modes de pensée linéaires et causalistes vers des formes de participation multidimensionnelle, ce qui implique d’autres formes de logique, d’autres formes d’observation et de réflexion qui prennent en compte les relations entre les éléments dans de multiples dimensions. »41 C’est ce dernier type d’explication que nous privilégions, car il repose sur des systèmes complexes d’interaction qui génèrent des représentations et du sens. Ce type de dispositif est à la base même du principe de l’architecture hypermédia.
L’analogie entre multimédia et communication est indubitable en ce qui concerne les interactions entre éléments. Un autre effet peut être constaté : la possibilité de télécharger sur sa base personnelle tous types de données recueillies via Internet relève en effet de la même logique combinatoire. L’extension de la notion d’organisme (du vivant au mécanique), introduit l’idée de l’aléatoire : tout n’est pas déterminé à l’avance dans le fonctionnement humain, et le concepteur qui s’en inspire pour construire des organismes artificiels comme les ordinateurs, doit prendre en compte une part de hasard. C’est également le cas pour les documents multimédias, car si les éléments sont connus, ainsi que les divers parcours possibles, le concepteur ne peut en aucun cas prévoir quel(s) parcours empruntera tel utilisateur ni quels effets ce(s) parcours aura sur ce dernier. Les interrogations sur réseau par leur nature même, présentent un caractère de prédictibilité encore moindre. Cette idée d’influences imprévisibles, de richesse d’échanges qui caractérise toute activité de l’être humain en tant qu’« atome » du monde, est un des principes fondamentaux du concept de cybernétique développé par Wiener. « Être vivant, c’est participer à un courant continu d’influences venant du monde extérieur et d’actes agissant sur celui-ci dans lequel nous ne représentons qu’un stade intermédiaire. Avoir pleinement conscience des événements dans le monde, c’est participer au développement constant de la connaissance et à un libre échange de celle-ci. »42
Le concept majeur qui gouverne tant la rhétorique que le multimédia est celui d’efficacité. Dans la mesure où l’on reste dans les limites et que l’on ne dépasse pas la densité d’information compatible avec la réception du message, où on ne l’utilise pas pour lui même, mais à des fins précises d’efficacité, on peut considérer que le style, et particulièrement la métaphore, est un code qui enrichit et complète celui de la langue.
Notes de bas de page
1 Michel SERRES, Atlas. Paris : Flammarion, 1996. p. 130.
2 Jacques ATTALI, Chemins de sagesse. Traité du labyrinthe. Paris : Fayard, 1996, 236 p.
3 Dictionnaire Le Robert.
4 Pierre MUSSO, Télécommunications et philosophie des réseaux : la postérité paradoxale de Saint-Simon. Paris : Presses Universitaires de France. 1997. 400 p. (Coll. La Politique éclatée).
5 Pierre MUSSO, op. cit. p. 380.
6 « Hypermédia et pédagogie : nouvelle médiation ou utopie ? Ou l’arbre et la girafe ». Colloque CRIC Du CD-Rom à l’Internet. Comment penser la communication des connaissances, Marseille 6 et 7 mai 1998.
7 Arbre : schéma représentant des chemins et des bifurcations et servant à dénombrer des éléments, à dresser des listes. La girafe réticulée est la plus élégante de l’espèce, son pelage semble recouvert d’un filet à larges mailles blanches. Réticulé : de reticulum, petit filet. Tissu constitué de cellules et de fibres réunies en réseau. (Dictionnaire Le Robert).
8 Yannick MAIGNIEN, « La Bibliothèque virtuelle ou de l’Ars Memoria à Xanadu ». Bulletin des Bibliothèques de France. Paris, t. 40, n° 2, 1995. p. 8-17.
9 Edgar MORIN, La Méthode. T. III. La Connaissance de la Connaissance. Anthropologie de la connaissance, Paris : Éditions du seuil, 1986. p. 37.
10 Abraham MOLES, Les Sciences de l’imprécis. Paris : Éditions du Seuil, 1995. (Coll. Points), p. 248.
11 Lise VIEIRA, « Les Fonctions métaphoriques du multimédia ». Communication et Langages n° 109. Paris : RETZ, septembre 1996.
12 Jean COHEN, « Théorie de la figure », Communications n° 16,1970.
13 Olivier REBOUL, La Rhétorique. Paris : PUF 1986, 126 p. (Coll. Que sais-je ?). Voir aussi Georges MOUNIN, Clefs pour la linguistique. Paris : Seghers, 1971.166 p.
14 Roman JAKOBSON, Essai de linguistique générale. Minuit Point, 1970.
15 Nous nous référons notamment pour éclairer ces points, à des rencontres et discussions avec MM. Michel FAYOL, Directeur de L.E.A. D. ESA5022, Éric ESPERET, Directeur du Laboratoire langage et communication à l’Université de Poitiers, Philippe MEIRIEU, Directeur de l’Institut des Sciences et Pratiques d’éducation et de formation à l’Université de Lyon II Louis Lumière, ainsi qu’à leurs travaux.
16 Norbert WIENER, Cybernétique et Société. Paris : Deux Rives, 1952. p. 28.
17 Atoma = Personne en langue grecque.
18 Gérard GENETTE, Introduction ā l’architexte, Théorie des genres. Paris : Seuil, 1986, p. 89-159. (Coll. Points).
19 Norbert WIENER, Cybernétique et Société. Paris : Deux Rives, 1952. p. 28.
20 Entropie : ce terme vient du grec entropé qui signifie « retour ». Utilisé à l’origine en physique (thermodynamique), elle permet d’évaluer la dégradation de l’énergie d’un système. L’entropie d’un système caractérise son degré de désordre. En communication, elle mesure l’incertitude de la nature d’un message donné ? (Dictionnaire Petit Larousse, 2003).
21 Ludwig VON BERTALANFFY, General System Theory. New York, 1968. Trad française : Théorie générale des Systèmes. Paris : Dunod, 1973.
22 Paul WATZLAWICK, Janet HELMICK BEAVIN, Don D. JACKSON, Une logique de la communication. Paris : Éditions du Seuil, 1979. p. 16. (Coll. Points). Titre original : Pragmatics of Human Communication. A Study of Interactional Patterns, Pathologies and Paradoxes.
23 Joël de ROSNAY, Le Macroscope. Paris : Le Seuil, 1975. p. 101. (Coll. Points).
24 Joël de ROSNAY, ibid., p. 11.
25 Pierre LÉVY, Les technologies de l’intelligence, l’avenir de la pensée ā l’ère informa tique. Paris : Points Seuil, 1993. p. 155.
26 G. DENHIERE et S. BAUDET, op. cit., p. 28.
27 W. ASHBY, Introduction ā la cybernétique. Paris : Dunod, 1958.
28 Jean-Pierre CHANGEUX, L’Homme neuronal. Paris : Fayard, 1983. (Coll. Pluriel).
29 J.-P. BRONCKART, Le Fonctionnement du discours. Neuchâtel-Paris : Delachaux et Niestlé, 1985.
30 Jacques CHAUMIER, Éric SUTTER, L’Hypertexte, une nouvelle approche de l’information. Documentaliste-Sciences de l’Information, mars-avril 1989, vol. 26, n° 2 p. 71-75.
31 Italo CALVINO, La Machine littérature. Paris : Seuil, 1984.
32 Remarquons que ces deux mots ont une même origine étymologique.
33 Nous nous référons à un entretien avec Éric ESPERET, professeur en psychologie cognitive à l’Université de Poitiers. Directeur du laboratoire Langage et Communication (LACO).
34 Paul VIRILIO, La machine de vision. Paris, Galilée, 1988.
35 Dominique WOLTON dans son ouvrage Éloge du grand public (une théorie critique de la télévision).
Paris : Flammarion, 1990, défend l’idée que la télévision n’est pas un instrument de culture, mais un instrument de distraction et de démocratisation. 9 ans plus tard dans Internet et après ? Une théorie critique des nouveaux médias. Paris : Flammarion, 1999, il estime qu’« Internet ne créera pas magiquement une société où l’information circulerait librement et pacifiquement ».
36 Sigmund FREUD, Essais de psychanalyse. Genève : Petite Bibliothèque Payot, 1972.
Jean PIAGET, La Psychologie de l’enfant. Genève : Delachaux et Niestlé, 1930.
Henri WALLON, L’Évolution psychologique de l’enfant. Paris : Armand Colin, 1972.
37 Émile DURKHEIM, Education et sociologie. Paris : PUF, 1980.
Lev S. VIGOTSKY, Pensée et langage. Paris : Messidor, 1985.
Jérôme BRUNER, Savoir faire, savoir dire, le développement de l’enfant. Paris : PUF, 1983.
Pierre BOURDIEU, Les Héritiers. Paris : Éditions de Minuit, 1975. La Reproduction. Paris : Éditions de Minuit, 1978.
38 Gaston BACHELARD, La Formation de l’esprit scientifique. Paris : Vrin, 1972.
39 Philippe MEIRIEU, Apprendre... oui mais comment. Paris : ESF, 1991. p. 62.
40 J. HAUGELAND, Mind Design. Cambridge : MIT Press, 1981. Voir aussi A. C. GRAESSER, L. F. CLARK. Structures and procedures ofimplicit knowledge.
Norwood, 1985.
41 Jean-Pierre POURTOIS, Huguette DESMET. Epistémologie et instrumentation en sciences Humaines. Liège : Pierre Mardaga, 1988 (Psychologoie et sciences humaines), p. 109.
42 Norbert WIENER, op. cit., p. 173.
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