Delacroix, Matisse : topographies tangéroises

p. 159-163

Note de l’éditeur

[d’après « Vu d’une fenêtre », Qantara, n° 67, mars 2008 (Dossier « Tanger »)]

Note de l’auteur

Plusieurs séjours à Tanger, dans la perspective d’en tirer un film en collaboration avec Corinne Cauvin Verner, m ’ont conduit à examiner méthodiquement les lieux de la ville sillonnée par Delacroix d’abord, et par Matisse, quatre-vingts ans plus tard. Contre les commentaires couramment produits à leur propos, je cherchai à donner une lecture délibérément positiviste des images qu’ils en ont tirées : décidément, avec les moyens qui étaient les leurs, ces peintres s’attachaient à restituer ce qu’ils avaient sous les yeux.

Je sais gré à mon ami Roger Benjamin, professeur d’Histoire de l’art à l’université de Melbourne, de me montrer, par ses publications sur les voyages de Delacroix et de Matisse, mais aussi sur les séjours de Renoir et de Klee en Afrique du Nord, que cette démarche n ’est pas totalement vaine.


Extrait

1L’histoire de l’art, on le sait, n’aime pas trop que l’on bouscule ses gloires, et c’est ce que l’on observe notamment à propos des voyages à Tanger effectués par deux d’entre elles, et non des moindres : Delacroix et Matisse. Je voudrais tirer ici un mauvais parti de l’immense travail documentaire effectué par lesdits historiens, pour souligner la lecture édulcorée qu’ils font de cet archivage. Car on peut dire que l’on sait à peu près tout de ces voyages dont les œuvres et les pièces d’archives attenantes ont été religieusement répertoriées, analysées, publiées, et cela notamment à l’occasion de deux importantes expositions à l’institut du Monde Arabe, dont les catalogues restent des mises au point fondamentales : Delacroix et le voyage au Maroc1 et Le Maroc de Matisse2.

2 Reprenons ces dossiers documentaires pour chercher ce que ces deux titans ont vu de la ville. Comme port de liaison avec le monde extérieur, Tanger en verra débarquer bien d’autres et non des moindr

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