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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral 1. Mémoire du bébé et de l’enfant 2. Mémoire de l’adolescent 3. La maturité 4. La vieillesse 5. La décrépitude Notes de bas de page Auteur

    Le Temps de la mémoire II : soi et les autres

    Ce livre est recensé par

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    La mémoire et les âges de la vie

    Jean-Yves Tadié

    p. 337-344

    Texte intégral 1. Mémoire du bébé et de l’enfant A. Le Bébé B. L’enfant 2. Mémoire de l’adolescent 3. La maturité 4. La vieillesse 5. La décrépitude Charlus après son attaque Conclusion Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1On parle de la mémoire comme si elle formait un tout, comme si elle était identique à elle-même à tous les âges de la vie. Nous voudrions montrer qu’il n’en est rien. Il faut d’abord distinguer entre les deux premiers âges, où l’on emmagasine, et les deux derniers, où l’on se remémore, où on range, reclasse et où on détruit. La première partie de la vie donne raison à Bergson et la seconde à Proust. La première, parce qu’il s’agit de mémoire procédurale et de mémoire pour l’action, tournée vers l’avenir. À la maturité, si bien décrite par Péguy dans Clio, le premier âge du bilan, celui aussi où les bruits de la vie commencent à se taire un peu, comme dit Proust dans « Combray » : « Depuis peu de temps, je recommence à très bien percevoir si je prête l’oreille, les sanglots que j’eus la force de contenir devant mon père (...). En réalité ils n’ont jamais cessé ; et c’est seulement parce que la vie se tait maintenant davantage autour de moi que je les entends de nouveau...1 » On commence à faire l’effort de se remémorer sa vie passée, pour la comparer avec ce qu’on a obtenu, ce à quoi on est arrivé. Rousseau le disait déjà dans les Confessions : « Près de trente ans se sont passés depuis ma sortie de Bossey sans que je m’en sois rappelé le séjour d’une manière agréable par des souvenirs un peu liés : mais depuis qu’ayant passé l’âge mûr je décline vers la vieillesse, je sens que ces mêmes souvenirs renaissent tandis que les autres s’effacent, et se gravent dans ma mémoire avec des traits dont le charme et la force augmentent de jour en jour ; comme si, sentant déjà la vie qui s’échappe, je cherchais à la ressaisir par ses commencements2 ».

    2Au quatrième âge, la vieillesse, c’est le travail de transmission dévolu au sexagénaire, souligné par Halbwachs dans Les cadres sociaux de la mémoire (1925). C’est aussi le moment où ce travail est le plus menacé par les maladies de la mémoire : non plus Proust, mais le Shakespeare du Roi Lear.

    1. Mémoire du bébé et de l’enfant

    A. Le Bébé

    3Le cerveau va d’abord être le siège de sensations primitives qui sont le besoin d’oxygène, la faim, la soif puis très vite le besoin d’être rassuré, aimé. Au fur et à mesure que ces besoins vitaux seront, ou non, comblés, se formera une ébauche de raisonnement, de calcul, pour atteindre la satisfaction de ses manques : le circuit limbique enverra au lobe frontal les informations nécessaires à la constitution de circuits neuronaux qui permettront le déclenchement des actions nécessaires à la satisfaction des manques : c’est le début de la volonté. La mémoire à ce stade est une mémoire qui ne sait pas encore dénommer, baptiser son souvenir mais qui garde l’impression agréable ou désagréable.

    4Le premier manque éprouvé est celui de la faim et de la soif : dans le ventre maternel le fœtus nourri automatiquement par l’apport du sang de sa mère n’avait pas de manque. Séparé d’elle, les centres de la faim du nouveau-né situés dans son hypothalamus sont activés par le manque, entraînant une impression désagréable transmise au circuit limbique qui réagit par une expression émotionnelle génétiquement programmée : les cris et les pleurs. Si la maman est normale, elle va apaiser son enfant en lui donnant à manger. Ceci provoquera un comblement des récepteurs des centres de la faim et enverra au circuit limbique une sensation agréable de satiété. La répétition de ce scénario créera des circuits de mémoire allant au cerveau rationnel et permettant au nourrisson de déclencher par ses pleurs la venue de sa mère. Une venue trop facile et répétée de la mère pourra induire un comportement tyrannique de la part de l’enfant. A l’inverse des réponses trop tardives seront génératrices d’anxiété3.

    5On a aussi observé que lorsqu’un bébé reconnaît une personne ou même un jouet, il agite les pieds, qui, à la première rencontre restent immobiles.

    6Les premiers mois de la vie sont remplis d’impressions nouvelles que nous ne pouvons nommer. C’est la raison pour laquelle nous ne nous souvenons pas de cette période de notre vie. Ce qu’on appelle l’amnésie infantile, et qui porte, avec des exceptions souvent notées par les écrivains, sur les trois ou quatre premières années de l’existence, est donc lié à l’absence d’un langage complet. On ne se souvient que de ce qu’on peut nommer.

    7Cependant quelques écrivains font état de souvenirs très anciens, tels Eduardo Manet (La Mauresque) ou Michel Déon : « Ses parents lui disaient : c’est impossible que tu te souviennes. Tu n’avais pas un an quand nous avons quitté l’appartement rue de la Roquette. Il persistait et jusqu’à un âge très avancé, la perfection de l’image est restée la même. » Il « s’est refusé à consulter un spécialiste de la psychiatrie infantile sur l’éclair de lucidité qui, pour une raison inconnue, illumine la mémoire d’u nourrisson et y imprime, à jamais, une image en couleurs4 ».

    B. L’enfant

    8La psychanalyse nous a appris la richesse de la mémoire de l’enfant. (Voir RNP n° sur « L’enfant »). Mélanie Klein révolutionne la psychanalyse en introduisant une analyse de l’enfant de deux à trois ans (et non plus seulement de quatre), qui suppose une anamnèse. Elle a ainsi permis de traiter les enfants en bas âge. « Les profondes tragédies de l’enfance – bras d’enfants arrachés à tout jamais du cou de leurs mères, lèvres d’enfants arrachées séparées à jamais des baisers de leur sœurs – vivent toujours cachées, sous les autres légendes du palimpseste. La passion et la maladie n’ont pas de chimie assez puissante pour brûler ces immortelles empreintes5 ».

    9De là à savoir si l’enfant aime à évoquer ses souvenirs, il y a un pas. Franchi par Evelyn Waugh, qui à huit ans écrit : « My History : by E. Waugh / At school and home / illustrated by the author / written at the âge of eight.6 »

    10« À 9 ou 10 ans, écrit M. Halbwachs, un enfant possède beaucoup de souvenirs, récents et même assez anciens. Que lui en resterait-il s’il était brusquement séparé des siens ? » interroge le sociologue, qui se fonde sur l’histoire d’une enfant trouvée en 1731 près de Chalons, et qui semblait venir de chez les Esquimaux via les Antilles. Si l’enfant passe d’une société dans une autre, il perd tout souvenir de la première. Il faut les lui évoquer grâce à quelques témoignages anciens : la mémoire de l’enfant aussi est collective7. Et il peut évoquer ses souvenirs si les autres l’interrogent.

    11Lorsque l’enfant a été séparé de sa communauté d’origine, il peut arriver que, loin d’oublier son passé, il se le remémore volontairement et l’ancre alors dans sa mémoire. C’est le témoignage de Kazuo Ishiguro, écrivain anglais né à Nagasaki. Il arrive en Grande-Bretagne à l’âge de cinq ans : « Ce choc émotionnel, cette césure brutale entre deux civilisations expliquent que j’ai conservé tant de souvenirs de Nagasaki. Je me rappelle nettement notre maison, mes jouets, les films qu’on m’emmenait voir et qui m’effrayaient. Enfant, je me repassais ces images en boucle. »8 Le choc émotionnel, tout comme la répétition (« en boucle ») sont les deux moyens essentiels de la mise en mémoire. Nabokov fait part, dans Autres Rivages, d’une expérience analogue, chez les enfants russes nés peu avant 1914, et qui, avant d’émigrer, ont emmagasiné une quantité d’impressiosn, comme s’ils pressentaient que leur monde allait disparaître.

    12Un souvenir d’enfance que l’enfant lui-même ressasse particulièrement, c’est le deuil. De Quincey a consacré des pages déchirantes au souvenir de la mort de sa sœur avec, comme dit Baudelaire, une « sensibilité morbide, se nourrissant exclusivement du souvenir9 ».

    2. Mémoire de l’adolescent

    13Entendu dans la rue, dans la bouche d’un garçon de vingt ans : « Je n’ai pas de souvenirs. J’ai un passé, mais pas de souvenirs. »

    14En effet, l’adolescent est déchiré entre ce qu’il y encore d’enfant en lui, et qu’il souhaite oublier, et l’adulte qu’il est en train de devenir. Sa mémoire est tournée vers l’avenir, sauf délectation morose. Björn Larsson écrit à propos de ses vingt ans : « Si j’avais eu un agenda, ... chaque page aurait été vierge. Ma vie me paraissait une histoire encore à raconter10. »

    15Y a-t-il des poèmes sur la mémoire dans les œuvres de Rimbaud « le génie impatient » ? Oui, parce qu’il vit toute une vie dans sa courte vie de poète, et qu’il ressuscite une enfance qu’il hait. Mais ce regard sans nostalgie, au contraire d’une rare violence d’adolescent qui déteste son enfance, est aussi tourné vers l’avenir : « Mais pourquoi regretter un éternel soleil, si nous sommes engagés à la découverte de la clarté divine ?11 » Vient alors la conciliation : « Ta mémoire et tes sens ne seront que la nourriture de ton impulsion créatrice12 ».

    16Radiguet, autre authentique adolescent, n’est pas davantage un poète de la mémoire : « Rendez-vous au prochain été ! / On nous apprend à rester jeunes / À nous qui voudrions vieillir !13 ». Un quatrain termine les œuvres complètes, écrit en 1920 : « Amiral, ne crois pas déchoir / En agitant ton vieux mouchoir, / C’est la coutume de chasser / Ainsi les mouches du passé ».

    17Et Conrad : « C’est le privilège de la prime jeunesse de vivre en avance sur son temps, dans tout la splendide continuité de l’espoir qui ne connaît ni pause ni introspection14 ».

    3. La maturité

    18On y arrive tourné vers l’avenir. Jules Verne fait jouer au souvenir un rôle très faible dans ses romans, tout entiers tendus vers l’action. Hetzel s’en offusque, à propos de L’Ile mystérieuse (I, p. 199) : « Quand je pense que vos 4 bonshommes vivent tout le volume sans se dire un mot de l’Amérique qu’ils ont quittée dans de telles conditions, ni de leur passé, ni de rien, je me dis qu’il faut que vous soyez le plus étonnant et le plus indifférent des êtres pour trouver la chose vraisemblable ».

    19Michel Tournier distingue les primaires des secondaires par la sensibilité au temps. Les premiers, selon lui, vivent dans le présent. Les seconds, dans le passé ou l’avenir. À cet égard, Jules Verne est un primaire.

    20Le héros des Tribulations d’un Chinois en Chine est condamné à un effort de mémoire : « Il se trouvait dans cette disposition, d’esprit où le souvenir du passé domine les anxiétés du présent et de l’avenir. Il revoyait tout ce qu’avait été sa vie depuis deux mois ». Ayant méconnu son bonheur passé, il craint l’avenir.

    21La maturité est en effet caractérisée aussi par un retournement, une torsion sur soi. C’est l’époque de la grande confrontation entre le présent et le passé, illustrée par l’homme de quarante ans selon Péguy.

    22Péguy, dans Clio, décrit l’homme de quarante ans comme celui qui voit son corps comme l’objet du vieillissement. L’homme de quarante ans est celui qui sait, qui sait qui il est, et que la mort viendra bientôt, il sait qu’on n’est pas heureux, par une « opération de retour et de regret « sur soi, sur son âge ». Il se sent exactement sorti de sa jeunesse, il regarde en lui sa jeunesse perdue15. Il voit ce qu’est la vie « au moment même où non seulement elle lui échappe, mais au moment même où elle vient de lui échapper irrévocablement ». À vingt ans on est poète, à quarante chroniqueur et mémorialiste, à cinquante historien. L’homme de quarante ans est encore engagé dans la mémoire immédiate de sa jeunesse pour y être encore. Et pour savoir qu’il n’est plus16. C’est pour cela que rien n’est aussi beau que le regret et que les plus beaux poèmes sont des poèmes de regret : « le vieillissement est une opération de mémoire17 ». Et il n’a plus qu’une pensée, que son fils de quatorze ans soit heureux, son fils, « merveille d’espérance ».

    23Joseph Conrad, dans la Ligne d’ombre, décrit ce passage de la ligne psychologique : « Oui, on va de l’avant. Et le temps, lui aussi, va de l’avant – jusqu’au jour où on aperçoit devant soi une ligne d’ombre annonçant qu’il va falloir aussi laisser en arrière la région de la prime jeunesse18 ».

    4. La vieillesse

    24Vient l’époque où la mémoire immédiate enregistre beaucoup moins qu’au temps de l’enfance, et où, en revanche, la mémoire à long terme est beaucoup plus sollicitée. Ce pourrait être l’inverse, si la marche dans le temps était comparable à la marche dans l’espace. Ce qui est loin apparaît ici comme facile d’accès, et non ce qui est proche. Une distance vertigineuse est parcourue en une fraction de seconde sans fatigue et même sans effort.

    25« J’ai choisi le temps où ma vie que j’ai à peindre, écrit Montaigne, je l’ai toute devant moi : ce qui en reste tient plus de la mort. » Ce que j’ai à peindre, renvoie au fait suivant : la fonction du vieillard dans diverses sociétés est de transmettre (voir les structures de la mémoire collective). Le vieillard est préposé à la transmission des souvenirs et dépositaire de la mémoire collective. C’est dire que cette mémoire n’est pas seulement passéiste : elle est elle aussi tournée vers l’avenir, celui du groupe social. Les vieillards sont les gardiens et les garants de la mémoire collective, qui est finalement orientée vers l’avenir et l’action. Tel Nestor chez Homère ; ou Chactas dans Atala ; tel Chingachgook dans Le dernier des Mohicans : le père d’Uncas, l’ami d’Œil-de-Faucon : il est l’exemple du respect de l’âge dans les cultures indiennes, reflet du divin, rempli de sagesse, indifférent aux malheurs, sauf lorsqu’il s’agit de son fils.

    26Le danger souligné par Péguy dans Clio est que les vieillards racontent « l’histoire de France » au lieu de laisser parler leur mémoire : les témoins, on croit que c’est des hommes, or ils récitent un morceau d’histoire, « celle sur laquelle tout le monde est d’accord, c’est-à dire celle qui n’a plus aucune espèce d’importance19 ». Car « descendre en soi-même c’est la plus grande terreur de l’homme ». Pourquoi le vieillard, demande Péguy, descendrait-il dans sa mémoire à travers tant de couches d’années intercalaires ? jusqu’à atteindre ces lointaines années de sa jeunesse ?20 Il aime mieux se savoir à une distance extérieure, historique, plutôt qu’intérieure, se mesurer plutôt que se voir.

    27Henry James a laissé un roman inachevé, Le Sens du Passé, où un personnage, parti explorer le passé, ne peut plus réintégrer le présent : c’est en effet le danger de la mémoire sénile, de s’enfermer dans la répétition indéfinie du récit d’enfance, de jeunesse, de guerre. Parfois il n’ y a plus d’avenir à explorer, à construire. C’est le sens du beau roman de Fenimore Cooper qui termine la saga de Bas-de-Cuir, où le vieux trappeur termine sa vie par d’ultimes aventures à côté du Dernier des Mohicans. Il s’agit de La Prairie (1827). La mort du dernier Mohican (père du Dernier des Mohicans) est racontée dans les Pionniers. Dans ce roman de 1827 Cooper a peint la fin d’une mémoire, d’une culture et d’une civilisation.

    28« Les seniors créent des blogs pour transmettre leurs passions » titre Le Monde du 22 février 2006. D’autres publient leurs mémoires. Rare sont ceux qui comme Chateaubriand ou Saint-Simon les commencent jeunes. Le Cardinal de Retz au contraire ne les écrit qu’à la demande d’une amie, sans doute Mme de Sévigné (qui fait faire le portrait du Cardinal par un moine de l’abbaye de Saint-Victor).

    29Un genre particulier mérite d’être évoqué, celui des Réflexions sur la vieillesse (du De Senectute aux Réflexions sur la vieillesse de Jouhandeau, à l’Art of growing old, de Powys). L’auteur âgé se montre encore capable de réfléchir sur son présent et son avenir, et d’échapper à sa mémoire pour se projeter dans le futur aussi de ses lecteurs.

    5. La décrépitude

    Charlus après son attaque

    30C’est avant tout une maladie de la mémoire, mais comme toute notre vie cérébrale repose sur la mémoire, elle aboutit à une destruction progressive de l’individu. Le début se fait insidieusement par une baisse des performances mnésiques qui semble banale chez quelqu’un d’âgé : quoi de plus courant que d’entendre son grand-père raconter plusieurs fois la même histoire, poser la même question à deux ou trois reprises au cours d’un même repas et ne pas se souvenir de l’endroit où il a laissé ses lunettes ! C’est la répétition de la fréquence des oublis qui finira par inquiéter l’entourage. Puis la limite entre ce qui peut encore être considéré comme normal et le pathologique apparaîtra, le malade se perdant dans la rue, puis dans sa maison, n’arrivant plus à dénommer des objets courants et ne reconnaissant plus les membres de sa famille. Oublier le code de sa carte de crédit ou son propre numéro de téléphone peut se situer dans le cadre des oublis admissibles ; ne plus se rappeler le nom de la rue où on habite depuis vingt ans et ne pas reconnaître son fils est en revanche certainement pathologique. Progressivement, l’intensité de l’atteinte devient telle que le malade ne sait plus à quoi servent les couteaux ou les fourchettes, n’arrive plus à s’habiller lui-même, alors que la motilité et le langage sont demeurés intacts. Les fonctions demeurent normales mais le mode d’emploi a été perdu, oublié et, finalement, le malade « ne saura plus si c’est l’été ou l’hiver, le jour ou la nuit, il ne pourra plus ni se laver ni s’habiller. Il va porter des couches et il faudra lui donner à manger, il ne saura plus où il est et finalement ne saura plus non plus qui il est » (M. Suter, Small World). Les lésions caractéristiques de cette maladie se situent sur les réseaux de transmission des circuits de la mémoire et les neurotransmetteurs comme l’acétylcholine sont également perturbés. Les études par la caméra à émissions de positons de ces malades confirment que l’atteinte principale est une réduction de l’activité synaptique des réseaux reliant les aires de la perception, de la mise en mémoire et de l’action. Les centres sont longtemps épargnés mais le réseau de communications est détruit.

    Conclusion

    31Chaque âge de la vie a donc sa manière d’emmagasiner les souvenirs, mais aussi de les évoquer. C’est la fonction de la mémoire qui évolue. On passe de la mémoire orientée vers la vie immédiate de l’enfant, vers l’avenir de la jeunesse, à celle qui est tournée vers le passé à partir de la maturité, et vers la transmission de la vieillesse, à condition que la société s’y prête, car la mémoire est aussi collective.

    Notes de bas de page

    1 Proust M., À la Recherche du temps perdu, Bibl. de la Pléiade, t. I, p. 36.

    2 Cité par Halbwachs, csm, p. 103.

    3 Voir Jean-Yves et Marc Tadié, Le Sens de la Mémoire (Gallimard, 1999).

    4 Déon M., La Chambre de ton père, Gallimard, 2004, p. 12.

    5 Baudelairs, « Le palimpseste », Les paradis artificiels, oc, Pléiade, t. I, p. 507.

    6 Waugh E., The Complété short Stories, Everyman’s Library, 1998, p. XI. l.

    7 Cadres sociaux de la mémoire (CSM), p. VI, Albin Michel, 1994.

    8 Le Monde, 24 mars 2006.

    9 Baudelaire, Œuvres complètes, Bibl, de la Pléiade, t. I, p. 503 (Les Paradis artificiels).

    10 Besoin de liberté, Seuil, 2006, p. 85.

    11 Adieu, Une Saison en enfer.

    12 Jeunesse IV, Illuminations.

    13 « Les fiancés de treize ans », Les Joues en feu, in Œuvres complètes de Raymond Radiguet, Club des libraires de France, t. 1959, t. I, p. 53.

    14 La Ligne d’ombre, Œuvres, Pléiade, p. 877.

    15 Clio, p. 248.

    16 Clio, p. 249.

    17 Clio, Gallimard, col. Blanche, p. 227, 176.

    18 Conrad, op. cit., p. 877.

    19 Clio, p. 244.

    20 Ibid., p. 247.

    Auteur

    • Jean-Yves Tadié

      Université de Paris-Sorbonne

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    1 Proust M., À la Recherche du temps perdu, Bibl. de la Pléiade, t. I, p. 36.

    2 Cité par Halbwachs, csm, p. 103.

    3 Voir Jean-Yves et Marc Tadié, Le Sens de la Mémoire (Gallimard, 1999).

    4 Déon M., La Chambre de ton père, Gallimard, 2004, p. 12.

    5 Baudelairs, « Le palimpseste », Les paradis artificiels, oc, Pléiade, t. I, p. 507.

    6 Waugh E., The Complété short Stories, Everyman’s Library, 1998, p. XI. l.

    7 Cadres sociaux de la mémoire (CSM), p. VI, Albin Michel, 1994.

    8 Le Monde, 24 mars 2006.

    9 Baudelaire, Œuvres complètes, Bibl, de la Pléiade, t. I, p. 503 (Les Paradis artificiels).

    10 Besoin de liberté, Seuil, 2006, p. 85.

    11 Adieu, Une Saison en enfer.

    12 Jeunesse IV, Illuminations.

    13 « Les fiancés de treize ans », Les Joues en feu, in Œuvres complètes de Raymond Radiguet, Club des libraires de France, t. 1959, t. I, p. 53.

    14 La Ligne d’ombre, Œuvres, Pléiade, p. 877.

    15 Clio, p. 248.

    16 Clio, p. 249.

    17 Clio, Gallimard, col. Blanche, p. 227, 176.

    18 Conrad, op. cit., p. 877.

    19 Clio, p. 244.

    20 Ibid., p. 247.

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    Tadié, J.-Y. (2007). La mémoire et les âges de la vie. In D. Bohler & G. Peylet (éds.), Le Temps de la mémoire II : soi et les autres (1‑). Presses Universitaires de Bordeaux. https://doi.org/10.4000/books.pub.26486
    Tadié, Jean-Yves. « La mémoire et les âges de la vie ». In Le Temps de la mémoire II : soi et les autres, édité par Danielle Bohler et Gérard Peylet. Pessac: Presses Universitaires de Bordeaux, 2007. https://doi.org/10.4000/books.pub.26486.
    Tadié, Jean-Yves. « La mémoire et les âges de la vie ». Le Temps de la mémoire II : soi et les autres, édité par Danielle Bohler et Gérard Peylet, Presses Universitaires de Bordeaux, 2007, https://doi.org/10.4000/books.pub.26486.

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    Bohler, D., & Peylet, G. (éds.). (2007). Le Temps de la mémoire II : soi et les autres (1‑). Presses Universitaires de Bordeaux. https://doi.org/10.4000/books.pub.26291
    Bohler, Danielle, et Gérard Peylet, éd. Le Temps de la mémoire II : soi et les autres. Pessac: Presses Universitaires de Bordeaux, 2007. https://doi.org/10.4000/books.pub.26291.
    Bohler, Danielle, et Gérard Peylet, éditeurs. Le Temps de la mémoire II : soi et les autres. Presses Universitaires de Bordeaux, 2007, https://doi.org/10.4000/books.pub.26291.
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