L’événement rétrospectif : le 1er duc d’Épernon ressuscité par la mazarinade
p. 41-52
Texte intégral
1Utiliser les mazarinades pour étudier le premier duc d’Épernon n’a rien d’évident de prime abord. La longue vie et la carrière bien remplie de Jean-Louis Nogaret de La Valette (1554-1642), premier duc d’Épernon qui s’étalent sur plus de huit décennies, imposent une masse chronologique dont la densité absorbe l’attention. Les péripéties en sont retracées par l’incontournable biographie que son secrétaire Guillaume Girard (1587-1665) publia en 1655 sous le titre d’Histoire de la vie du duc d’Espernon. Les 614 pages du volume in folio de l’édition originale ou celles contenues dans les 3 ou 4 volumes in-12 des éditions suivantes1, en épaisseur comme en substance, paraissent disqualifier les mazarinades, courtes par leur portée et décalées par leur propos. Surtout, elles ne concernent que par ricochet le premier duc d’Épernon. Leur cible privilégiée est le second duc d’Épernon, Bernard de La Valette (1592- 1661), son fils, gouverneur de Guyenne au moment de la Fronde et au cœur de l’actualité bordelaise alors.
2Pourtant, s’intéresser à Épernon père et réfléchir à l’écriture de l’événement participe d’une même logique. S’il n’a cessé sous trois règnes de faire parler de lui, le premier duc d’Épernon n’a rien accompli effectivement. Il n’a ni œuvre d’envergure, ni exploit de longue portée à son actif, mais une série de « coups » et d’esclandres, relatés et commentés presque systématiquement par des publications polémiques. La dynamique propre et la continuité d’ensemble de ces moments épernoniens posent problème. Quel statut faut-il leur donner ? Jusqu’à quel point peut-on les tenir pour des événements ?
3Postérieures au décès d’Épernon père, les mazarinades offrent d’abord, tout simplement, la possibilité de mesurer l’écho des « coups » et des esclandres de ce dernier. Mais parce que l’inscription, à la fois dans la durée et dans l’instant, des mazarinades est complexe, la lecture de celles qui touchent au premier duc d’Épernon oblige aussi, en profondeur, en examinant la trame des procédés et des références chronographiques, à dégager dans son originalité une temporalité « épernonienne ». Dès lors, en dernier ressort, par le changement de perspective qu’elles imposent, les mazarinades s’avèrent une clé de décryptage du phénomène Épernon et il faut même se demander si elles ne constitueraient pas la solution aux problèmes d’analyse que pose ce personnage.
L’inactualité
4Le corpus des mazarinades reste à explorer exhaustivement pour confirmer ce qu’une première approche limitée à quelques dizaines d’entre elles laisse entrevoir. Il serait souhaitable également que des analyses lexicométriques viennent étayer systématiquement ces résultats. Toutefois, même si une certaine prudence s’impose, on ne peut que reconnaître la place restreinte voire négligeable que ces textes réservent au premier duc d’Épernon. Il n’est que fort peu cité nominativement. Ses fonctions et son action en Guyenne où il fut présent dès 1587 à la suite de son mariage avec Marguerite de Foix-Candale, héritière d’une prestigieuse maison de la province2 et où il exerça la charge de gouverneur de 1622 jusqu’à sa mort, soit vingt années durant3, ne sont pratiquement pas évoquées ou alors bien allusivement. En ce qui le concerne, l’amnésie est largement de mise, apparemment.
5Le long texte de l’Histoire des mouvemens de Bordeaux de Jacques Fonteneil, publié en 1651, en apporte une preuve4. Aux chapitre 1 puis au 2 sont évoqués successivement le passé antique et médiéval de la cité mais au chapitre 3, on passe directement du temps de Louis XI à 1648, sans qu’il soit fait mention des troubles anti-fiscaux bordelais des années 1630 qu’eût à connaître (et à réprimer) à plusieurs reprises le premier duc d’Épernon5.
6Plus surprenant encore, il n’y a nulle mention du vieux duc dans les cinq brochures parues, au début de 1651, à la suite du décès, le 20 décembre 1650 du fameux père Louis Bonnet, curé de Sainte-Eulalie de Bordeaux et grande figure du parti frondeur. La parution d’un Éloge funèbre suscita un pamphlet hostile, Le Curé Bordelois, auquel répliqua une Apologie pour le Parlement de Bordeaux et pour le père Bonnet et un Arret de la cour de Parlement de Bordeaux ordonnant que soit brûlé le libelle du Curé Bourdelois, textes que dénonça finalement un Jugement du Curé Bourdelois. Ce fut un moment fort de la polémique comme de la publication des mazarinades6.
7L’absence de référence à Épernon père est d’autant plus déconcertante qu’a priori sont impliquées dans la querelle des personnalités qui non seulement avaient fait carrière à l’époque où il était gouverneur de Guyenne – à commencer par le père Bonnet, lui-même7 – mais qui, de plus, avaient eu directement maille à partir avec lui et d’une façon susceptible d’entretenir de la rancune et des griefs durables, autant d’éléments appelés, selon toute attente, de refaire surface à l’occasion d’une polémique. C’est le cas du conseiller au parlement Pierre de Briet. Son soutien actif à la cause de la Fronde est cité dans le Jugement du Curé Bourdelois, sans que soit aucunement rappelé le fait que dans un moment de crise entre le parlement de Bordeaux et le gouverneur de Guyenne, le 6 juin 1636, le 1er duc d’Épernon avait, de façon assez désobligeante et discourtoise pour ce personnage, fait éventrer les chevaux de son carrosse8.
8Par ailleurs, se sont trouvés mobilisées à l’occasion de cette controverse sur le père Bonnet, des plumes à la solde du parti épernoniste et familières, à bien des égards de la vie et de la carrière du premier duc d’Épernon. On tient Michel Girard pour l’auteur du libelle qui clôtura la série, Le Jugement du Curé Bourdelois9. Pour le moins, ce texte émane du même cercle de secrétaires et hommes de lettres gravitant autour du second d’Épernon auquel appartient Guillaume Girard – dont il est probablement le frère-, premier secrétaire du premier duc et l’auteur de l’Histoire de la Vie de ce dernier10.
9Cette disparition du premier duc d’Épernon vérifie donc ce qui est le propre des mazarinades : une écriture « à chaud », répondant aux sollicitations immédiates du moment et aux impératifs de l’instant qui font « événement » et ce jusque dans la référence au passé11. Ainsi peut-on en conclure que Jean-Louis Nogaret de La Valette, mort depuis 7 années lorsque débute la Fronde, n’est plus d’actualité.
10Cette conclusion est tentante. Comment ne pas trouver dans cette évaporation du premier duc d’Épernon la vérification de la nullité de l’ancien « archimignon » d’Henri III, cruellement dénoncée par ses adversaires ligueurs ? Ainsi, vers 1586, lors de la dernière phase des guerres de religion, un libelle circulait à Paris sous le titre : Les haults faits, gestes et vaillances de Monsieur d’Épernon en son voyage de Provence, qui se révélait, quand on l’ouvrait, composé uniquement de pages blanches12…
11Cependant la disparition d’Épernon n’est que relative. Même rarement, il est évoqué et cité tout de même. Il reste, de ce fait, présent dans les mazarinades. Plus exactement, la manière dont on fait référence à lui, donne de l’ampleur à l’instantané de l’événement en mettant le présent en continuité avec le passé. Les mazarinades déploient pour cela les procédés habituels de l’anachronie13 qui compliquent l’inactualité constatée de prime abord.
L’anachronie
12Dans les mazarinades, l’important n’est pas de dire ce qui se passe, mais d’indiquer ce qui est en jeu14. L’une des façons les plus commodes d’y parvenir est recourir à un décrochage temporel qui met l’événement que l’on rapporte à la lumière de ce qui est déjà advenu dans le passé. Autrement dit, la rétrospectivité s’impose, selon la modalité de l’analepse.
13Le Manifeste de la prise du château Trompette l’illustre. Il se rapporte à la phase initiale de la Fronde du point de vue éditorial15. Il relate un incident qui a fait date dans la chronique des événements de cette période : la prise de contrôle par les frondeurs, le 18 octobre 164916, de la citadelle de la ville, coup dur porté à la fois à l’autorité et aux forces militaires du second duc d’Épernon.
14Il ne s’agit pas dans ce Manifeste… de dresser un compte-rendu propre à établir exactement les faits. Le caractère peu fiable et partial du texte n’échappe d’ailleurs pas aux contemporains17. Sa valeur informative est autre pour le lecteur. Ce texte frondeur ne raconte pas ce qui s’est passé, il l’explique. Précisément, il cherche à établir comment ce coup de force tient à la fois de la légitime défense et du bon droit tout court. Ce qui implique de malmener l’évidence.
15Pour exonérer les frondeurs de tout crime dans l’assaut du Château-Trompette, le Manifeste démontre ainsi que la responsabilité de la mise à mal de l’ordre établi revient à l’adversaire : c’est le second duc d’Épernon, gouverneur de Guyenne qui est, lui, en défaut et coupable à plus d’un titre et implacablement. Pour résumer : d’une part, il y a la revendication que fait le second duc d’Épernon d’une ascendance de sang royal, celui des Candale, qui le met ni plus, ni moins qu’en position d’usurpateur de l’autorité royale et aggrave définitivement son abus d’autorité en tant que gouverneur de province ; d’autre part, les Candale eux-mêmes sont, de longue date, des traîtres aux intérêts des habitants et aux droits du parlement. Sont mises en miroir à la situation de 1649, les promesses non tenues lors des émeutes des années 1630 et la duplicité des Candale lors de la révolte de la Gabelle et même avant, puisque le texte retrace l’origine de l’établissement de la forteresse du château-Trompette et remonte donc à la fin de la guerre de Cent ans et de la souveraineté anglaise.
16Le premier duc d’Épernon est nommément convoqué à deux reprises dans l’argumentation de cette mazarinade, pour lui donner une dimension absolue et définitive. D’abord, il est rappelé comment Épernon père s’est retrouvé en position de faiblesse en 1635, puisque plusieurs de ses gardes ont été mis sur le carreau par les émeutiers. Il est présenté comme « effrayé ». Du coup, « … le lendemain sans gardes, accompagné de son fils maintenant son successeur, il disoit tout haut à tout le peuple : « Mes amis, asseurez-vous que tant que moy et mon fils que voicy vivrons, vous n’aurez point de gabelle »18. Ensuite, il est souligné qu’il n’est qu’une pièce rapportée dans l’arbre généalogique prestigieux des Candale, par simple « alliance ». Si bien que le second duc d’Épernon n’est, somme toute dans une logique patrilénaire, que le fils d’un parvenu : « … et voilà comme ce seigneur se met en peine de recouvrer ses droicts du costé maternel ; car sur le paternel, il ne peut gueres fonder son altesse si nous croyons plusieurs actes de Notaire et le rapport de plusieurs autheurs tant françois qu’estrangers »19.
17Il est ainsi porté atteinte aussi bien à la stature d’homme fort qu’à la figure paternelle du premier duc d’Épernon. C’est la mise en abyme de ce retour au passé évoqué plus haut qui accable le second duc d’Épernon. Les moyens d’expression détournés typiques de la mazarinade sont bien à l’œuvre. L’auteur se cache derrière les initiales G.D.G.P. alors que son identité est aisément reconnue, puisqu’il s’agit de Geoffroy Gay, un proche du curé Bonnet et un ennemi de longue date de la maison d’Épernon20. Un autre détour bien typique consiste à s’en prendre au père pour mieux condamner sans appel le fils. Mais tout cela joue également sur le registre de la gasconnade, autrement dit de l’exagération délibérée et manipulatrice, fondée sur la dérision et le jeu. Geoffroy Gay en réduisant l’état de baudruche le premier duc d’Épernon joue sur la mise en scène théâtrale de sa grandeur et de son importance que ce dernier a menée avec insistance tout au long de sa carrière jusqu’aux limites du ridicule et encore familière, à coup sûr, moins de dix ans après sa disparition, aux lecteurs bordelais et parisiens de cette mazarinade21.
18La Letre du sieur de Giac, domestique de Mgr le duc d’Espernon au sr de La Chabane, autheur du libelle intitulé « La Response faite par un de MM. les conseillers du Parlement de Paris à la letre à luy escrite par M. le duc d’Espernon »22 est toute différente sinon à l’opposé du Manifeste. Il s’agit d’une contre-mazarinade, produit du camp adverse, celui des épernonistes. Elle est issue du bureau de presse, installé au château de Cadillac, cœur patrimonial de la maison d’Épernon, où officie alors l’imprimeur Fumadières23. De plus, datée du 31 octobre 1650, elle se place à une autre période de la Fronde et dans un contexte qui a changé24.
19D’abord, la Letre est un exemple de plus de la dynamique « événementielle », caractéristique du phénomène des mazarinades. Ce libelle, en effet, est intégré à un ensemble de textes auxquels un fait concret, un événement autrement dit, sert littéralement de prétexte. C’était déjà le cas avec la prise du Château Trompette en 1649, pour le Manifeste. En l’occurrence, pour la Letre, c’est le départ, sous la pression des frondeurs, du second duc d’Épernon de Guyenne en 1650. Ce dernier événement a amené le parlement de Bordeaux à écrire une Lettre à celui de Paris pour que l’exil d’Épernon soit transformé en révocation. Cette lettre est publiée suivie de « remontrances lues en présence du duc d’Orléans » auxquelles répond un texte épernoniste : « Lettre d’un ami de Monsieur le duc d’Épernon contre les remonstrances du Parlement de Bourdeaux du mois d’Aoust 1650 » ainsi qu’une lettre ouverte au Parlement de Paris du duc d’Épernon lui-même. Celle-ci est détournée par une 3e mazarinade, à laquelle réplique (4e texte) la Letre du sieur de Giac. Le titre de ce dernier libelle indique bien qu’il s’agit de dévoiler la vérité sur l’auteur du texte précédent, le sieur de la Chabane, à la fois de le démasquer comme auteur et de dénoncer ses agissements. Le sieur de la Chabane, du coup, en vient, pour terminer, à publier un Advis salutaire donné à Messieurs de Bordeaux par un Citoyen de la ville25. De la sorte, en termes d’action et d’efficacité, le texte finit, bel et bien par l’emporter sur l’incident ou la péripétie préalablement survenus. C’est lui qui en arrive donc à faire « événement ».
20Spécifiquement, dans la Letre, comme on avait pu le constater dans le Manifeste, la rétrospectivité s’impose pour la démonstration. Il s’agit bien, dans l’un comme dans l’autre, de reconstruire le passé parce que le passé est révélateur. Mais on ne reconstruit pas le passé tout à fait de même façon.
21Dans le Manifeste, on peut certes constater des allusions et des approximations, notamment à propos de l’agitation antifiscale des années 1630 qui secoue Bordeaux à plusieurs reprises, en 1635 et en 1637. Aucune date n’y est donnée concernant cette période, or le futur second duc d’Épernon n’a pas exactement joué le même rôle au côté de son père, gouverneur de Guyenne, en 1635 – il a secondé son père alors – et en 1637, ce dernier étant souffrant, à ce moment, il a assumé l’essentiel de l’action26. Néanmoins, le texte est ponctué de dates et de références chronologiques.
22Or dans la Letre, l’allusion et l’approximation sont systématiques. Il n’y a pas de faits précis ni de mention de dates. Ce qui est advenu est évoqué de façon détemporalisée. Il s’agit, d’un côté, du procès ayant opposé Cartier et Rouillac27, témoignant de l’ingratitude et de l’ignominie d’un ancien protégé du premier duc d’Épernon. Tandis que, d’un autre côté, le texte parle de la généalogie glorieuse de ce même 1er duc d’Épernon. En substance, il est le digne continuateur d’une lignée des loyaux serviteurs de la Couronne28.
23Le plus frappant est qu’il n’est fait nullement question de ce qui s’est passé et qui compte à ce moment, à savoir l’expulsion du second duc d’Épernon de son gouvernement de Guyenne. Avec la Letre, il apparaît clairement que si le passé est révélateur, il l’est non de ce qui est (comme c’était le cas avec la prise du Château-Trompette, dans le Manifeste) mais plutôt de ce que sont les protagonistes.
24Pourtant fondamentalement le recours au passé dans le Manifeste comme dans la Letre obéit à des principes similaires. Il s’agit d’établir une connivence qui rassemble et mobilise contre le camp adverse.
25Le propos des textes présuppose ainsi une connaissance du passé acquise d’ores et déjà qui dispense de mentionner l’essentiel par exemple l’avanie subie par le second duc d’Épernon. Mais la Letre est aussi bel et bien truffée de sous-entendus corollaires. Il existe, en effet, entre Giac et La Chabane, un contentieux remontant à l’élection à la jurade de 1643. Il y a, en quelque sorte, un ou plutôt des événements cachés qui comptent. On peut le (ou les) tenir pour un révélateur, un symptôme du rapport de forces local qui ramène à des luttes de factions de longue durée, ainsi l’affaire Sourdis de 1633 dont le moment crucial fut le coup de poing (ou la gifle) donné devant la cathédrale Saint-André, par Épernon père, gouverneur de Guyenne à Henri de Sourdis, archevêque de Bordeaux et protégé de Richelieu29 ou encore au conflit entre Épernon père et fils et le futur prince de Condé, à la suite de la déroute de Fontarabie, en 163830. Ainsi faut-il repérer des évènements derrière l’évènement qui constitue et que constitue la mazarinade.
26Assez clairement le texte des mazarinades fait intervenir au-delà de leur contenu explicite des données implicites et informulées dont il n’est pas sûr qu’on puisse restituer intégralement l’actualité. En fait, plus que la reconstruction du passé, c’est la construction d’une mémoire qui importe au bout du compte.
La mémoration
27À l’horizon de 1652, en fonction des changements de rapports de force, les ressorts des mazarinades ont évolué vers la « littérature », délaissant la « scansion de l’action » qui était nette en 1649-165031. L’Advis d’Angleterre32… illustre ce qui s’affirme alors. Issu du centre de production éditorial parisien, ce texte obéit à une logique double ou plutôt il appelle une lecture à deux niveaux ou plus exactement à deux degrés. Il sollicite à la fois le souvenir et l’histoire. Il se réfère au passé et opère une sélection de ce qui est advenu avec une originalité que le recours au terme inhabituel de « mémoration » cherche à faire ressortir.
28Cette mazarinade reprend, sur le fond et dans la forme, et même, en partie, pratiquement mot pour mot, un fameux libelle ligueur de 1588 : L’Histoire Tragique et Mémorable de Pierre de Gaverston, attribué à Jean Boucher33qui, de la même façon que certains des textes de l’époque de la Fronde, avait suscité, sinon une prolifération d’autres publications, du moins la parution en cascade d’une Replique qui, à son tour, avait occasionné une Responce34. Ce pamphlet ultra-catholique assimilait Épernon père, le premier duc, à Gaverston, le très honni favori gascon d’Édouard II d’Angleterre dont Henri III était réputé partager les mœurs. Or dans L’advis d’Angleterre… frondeur, l’amalgame n’est pas fait entre Épernon père et Épernon fils, comme on aurait pu l’attendre. Gaverston, en 1652, est identifié à Mazarin lui-même.
29Le texte ligueur avait connu une large diffusion allant de pair avec une notoriété durable35. En 1652, on a tablé assurément sur cette popularité de la première version de l’Histoire de Gaverston pour effectuer, dans le style parodique et le ton burlesque volontiers donnés aux mazarinades, un détournement dont le lecteur, forcément averti, ne saurait être dupe. L’introduction y incite d’ailleurs assez lourdement par antiphrase.
30Ce qui importe, c’est moins le sort promis à Mazarin, par la reprise de la prolepse de l’Histoire de Gaverston ligueuse, que l’humiliation aggravée que subit le second duc d’Épernon qui a été effectivement chassé du gouvernement de Guyenne, au bénéfice de Condé, au moment où est publié l’Advis d’Angleterre… et qui se trouve donc, bel et bien réduit à néant et ce d’autant plus cruellement qu’il revendiquait une ascendance anglaise et l’expérience de grands honneurs outre-manche, lors de l’exil consécutif à la Déroute de Fontarabie de 1638 déjà évoquée.
31Dans cette perspective, il faut revoir assurément la place ou plutôt le poids du second duc d’Épernon. On peut, en effet, se demander sérieusement s’il n’est pas victime, au-delà de cette seule mazarinade d’une abusive dévalorisation relative par rapport à son père. Certes, le premier duc d’Épernon a pour lui une extraordinaire réussite matérielle et une remarquable longévité politique. Bien avant la Fronde, à l’occasion de la dernière phase des guerres de religion, puis des troubles du début du règne de Louis XIII, il a connu et pratiqué les campagnes de presse et le combat par la plume36. Néanmoins, sa stature de héros date véritablement de l’après-Fronde et plus précisément du milieu des années 1650. Elle émane des gens de plume qui gravitent autour du second duc d’Épernon sinon du vivier même des contre-mazarinades produites par son camp.
32Aussi tentant que cela soit, il serait imprudent de classer dans cette catégorie Scipion Dupleix et son projet de biographie d’Épernon père dont on conserve l’Avant propos adressé au second duc en 165437. C’est l’Histoire de la Vie du duc d’Espernon de Guillaume Girard, publiée en 1655, qui réalise pleinement l’idéalisation du premier duc d’Épernon38. Compte tenu de sa date de publication, comment ne pas considérer ce texte comme fortement en prise avec le moment de la Fronde. L’insistance que met Guillaume Girard à affirmer, dans la préface, que le texte était prêt bien avant les événements est trop lourde pour ne pas inciter à soupçonner qu’il n’en soit rien39. On peut envisager que par l’épaisseur du format « livre », il s’agit d’abord de dépasser formellement la cursivité de la mazarinade, mais aussi de dépasser sur le fond ce genre de texte, d’échapper ainsi la polémique et d’écrire l’histoire pour donner poids et substance à l’évènement, en sublimant le caractère fragile et discutable des péripéties de la carrière du premier duc d’Épernon qui fait littéralement écran au second duc d’Épernon.
33Dans cette perspective, la Fronde et plus spécifiquement ce que brassent les mazarinades de 1652, pourrait constituer une sorte d’événément réversif ou mutatif, au sens où l’entend la psychanalyse, propre à imposer une recomposition du passé à partir de lui. Recomposition que présente précisément l’Histoire de la Vie du duc d’Espernon de Guillaume Girard, selon une logique « … tout à fait analogue à celle qui organise le changement psychique dans la cure analytique : l’événement mutatif n’y est pas une acquisition, mais plutôt un événement qui ouvre un « autre champ » et déclenche alors un temps de recomposition… L’événement est essentiellement mutatif lorsqu’il se fait et n’est pas encore clos. Il a commencé par exemple à l’occasion d’un rêve et d’une analyse de rêve ou d’une interprétation, mais il ne finit pas ; ce qui suppose évidemment que cet événement demeure ambigu et qu’il ne soit pas écrasé par l’univocité d’une signification. L’événement psychique susceptible d’engendrer un temps de recomposition ne saurait se trouver tout à fait constitué, objectivé, ni assigné à une place stable… »40. Cette hypothèse mérite d’être envisagée en raison de l’implication personnelle et même fusionnelle de l’auteur Guillaume Girard avec son sujet41 mais aussi de données plus objectives. Ainsi, peut-on remarquer que le récit particulièrement détaillé qu’il donne dans l’Histoire de la Vie du duc d’Espernon des événements de 1635, reprend pour les récuser les éléments du Manifeste de la prise du Château Trompette de Geoffroy Gay, déjà évoqué. Par exemple, il nie, de fait, que des gardes d’Épernon père aient été « mis sur le carreau », tout juste concède-t-il qu’un seul a été touché à l’estomac d’une mousquetade tandis qu’il mentionne deux pages plus loin la mort de deux gentilshommes tout en ménageant une place aussi discrète que valorisante au futur second duc d’Épernon, auquel est dédié l’Histoire de la Vie du duc d’Espernon42. Il serait probablement abusif de placer le livre de Guillaume Girard parmi les mazarinades, mais il en est certainement le prolongement. Aussi plutôt que de suivre chronologiquement, comme il le propose, le récit de la carrière du premier duc d’Épernon qui fabrique celle du second duc, il serait certainement plus pertinent de marcher à rebours et de considérer que c’est à partir du second duc d’Épernon que s’est construit sinon l’existence, du moins la figure du premier.
34Le découpage chronologique de l’Histoire de La Vie du duc d’Espernon par Guillaume Girard est déséquilibré. Les 27 dernières années de l’existence de Jean-Louis Nogaret de La Valette occupent à elles seules les volumes les plus épais dans l’édition amstellodamoise en 4 tomes de 1736 : respectivement 543 pages pour les 15 années qui s’étendent de 1615 à 1630 dans le tome 3 et 514 pages pour les 12 dernières années de la séquence finale (1630-1642) alors que les 38 premières années de ce personnage (1554-1592) sont contenues en un premier tome nettement plus étroit (387 pages) dans cette même édition, de même que les 22 années de la période 1592-1614 retracées en 449 pages43. Le fait que Guillaume Girard soit entré au service du premier duc d’Épernon relativement tard dans la carrière de ce dernier, suffit à l’expliquer. C’est aussi indiquer très concrètement la part du biographe dans la construction de cette œuvre.
35Il ne saurait être question de soulever à nouveau, à propos de Guillaume Girard, le problème de dépossession déjà soulevé pour premier duc d’Épernon par Jean-Louis Guez de Balzac (1597-1654), un autre des écrivains à sa solde44. Il ne serait pas plus opportun de traiter des procédés de fictionnalisation dont le premier duc d’Épernon est l’objet. Cela reviendrait à s’éloigner du sujet. Dans le cadre de la présente réflexion sur l’écriture de l’événement par les mazarinades, il convient davantage et il apparaît plus probant de souligner que justement le travail d’écriture de Guillaume Girard entre la fin des années 1640 et le milieu des années 1650 va, sans solution de continuité, de la rédaction d’une anti-mazarinade au moins, l’Apologie de Monsieur de Beaufort, que Retz lui attribue à l’horizon de 165145 à celle de la biographie de son maître.
36Il faut assurément situer l’Histoire de la Vie du duc d’Espernon bien exactement dans son temps. En 1655, lorsqu’elle sort de presse, rien n’est annoncé de l’anéantissement prochain de la maison d’Épernon Il est consommé avec l’entrée au Carmel de la dernière du nom Anne-Christine de Foix-Candale (morte en 1701) d’où l’effet furieusement nostalgique que prend ce livre à partir du début du XVIIIe siècle. Non seulement lorsque paraît l’Histoire de la Vie du duc d’Espernon, le second duc d’Épernon est toujours là, mais, de plus, en 1655, Louis-Gaston de Foix-Candale, son fils, l’héritier et le continuateur de la maison qui a activement participé à l’Anti-Fronde est encore bien vivant (il meurt en 1658). En 1655, Mazarin a gagné, la cause n’est pas perdue. Le combat continue !
Notes de bas de page
1 Edition originale de l’Histoire de la Vie du duc d’Espernon, Paris, A. Courbé, in fol., 614 p. ; parmi les autres éditions : Histoire de la Vie du duc d’Espernon, Paris, Billaine, 1663, 3 vol. in-12 ; Histoire de la Vie du duc d’Espernon, Amsterdam, Janssons van Vaeesberge, vol. in-12.
2 V. Larcade, « Pièces pour l’histoire de la captation de l’héritage des captaux de Buch ou comment le premier duc d’Épernon se fit prince d’Aquitaine (1587-1604) », dans J.-P. Jourdan-J. Pontet (dir.), À la recherche de l’Aquitaine, publication du séminaire du CAHMC, 2003, p. 169-204.
3 N. Fessenden, Épernon and Guyenne : provincial politics under Louis XIII, Ph. D., Columbia University, 1976.
4 Histoire des mouvemens de Bourdeaux, premier tome, Bordeaux, Mongiron-Millanges, 1651, B. M. Bordeaux-Mériadeck, H. 3422. C.Moreau, Bibliographie des mazarinades, Paris, Renouard, 1850, t. 2, p. 54.
5 N. Fessenden, op. cit., p. 127-154. Y.-M. Bercé, « Le convoi et comptablie de Bordeaux au XVIIe siècle » dans Études sur l’Ancienne France offertes en hommage à Michel Antoine, Mélanges et Documents de l’Ecole des Chartes, 69, 2003, p. 66-67.
6 C. Jouhaud, « Écriture et action au XVIIe siècle : sur un corpus de mazarinades », Annales, Economies, Sociétés, Civilisations, 38e année, N. 1, 1983, p. 52.
7 J. Delpit, Un curé bordelais, Recueil de mazarinades publiées sur Louis Bonnet, curé de Ste-Eulalie de Bordeaux, Sauveterre-de-Guyenne, Jean Chollet, 1881, p. 91-92.
8 G. Girard, Histoire de la Vie du duc d’Espernon, t. 2, Paris, Billaine, 1663, p. 318-320 ; Delpit, op. cit. p. 192 ; N. Fessenden, op. cit., p. 140.
9 H. Carrier, La presse de la Fronde, Les mazarinades, t. 2, Les hommes du livre, Genève, Droz, 1991, p. 89. En tout état de cause, ce texte est signé Lancelot de Mullet, assez proche de Michel Girard, pour lui laisser le bénéfice de l’abbaye de Verteuil, en Médoc : Delpit, op. cit., p. 101.
10 C. Jouhaud, Les pouvoirs de la littérature, histoire d’un paradoxe, Paris, Gallimard, 2000, p. 237 et p. 355. Le lien de parenté entre Michel Girard et Guillaume Girard est remis en cause par Jean Mesnard, Mélanges Jean Jehasse, 1995, p. 270.
11 M. Levesque, « Une constance renouvelée : la scénographie des mazarinades entre répétition et stratégies de révélation (1648-1652), Littératures classiques, n° 78, 2012, p. 231.
12 Brantôme, Vies des Hommes illustres et grands Capitaines françois de son temps, Leyde, J. Sambix, 1666, t. IV, p. 314.
13 J. Leduc, Les historiens et le temps, Conceptions, problématiques, écritures, Paris, Le Seuil, coll. « Points », 1999, p. 311 à l’appui de G. Genette, Figures III, Paris, Le Seuil, 1972, p. 78-83.
14 M. Levesque (Mathilde), op. cit., p. 239-241.
15 C. Moreau, Bibliographie des mazarinades, t. 2, Renouard, Paris, p. 249 parle d’une édition de 1649 et donne comme date de publication « 1650 » ajoutant « s. l. ». C. Jouhaud, « Écriture et action au XVIIe siècle : sur un corpus de mazarinades », Annales, Economies, Sociétés, Civilisations, 38e année, n° 1, 1983, p. 48.
16 C. Le Mao, « L’échec, le temps et l’histoire : réflexions autour de la Fronde parlementaire bordelaise », Histoire, économie et société, 2006, 25e année, n° 3, p. 316.
17 A. de Wicquefort, Les Gazettes parisiennes d’Abraham de Wicquefort pendant la Fronde (1648- 1652), Cinq années d’information sur la politique, les relations internationales et la société nobiliaire française, éd. C. Boutin, H. Champion, Paris, 2010, t. 1 (1649), p. 664-665 (592).
18 Manifeste de la prise du Château Trompette par G.D.G.P. Bourdelois, s. l. n. d., Bibliothèque Municipale de Bordeaux-Mériadeck, Fonds patrimonial, H. 2856/74, p. 6.
19 Manifeste, op. cit., p. 11.
20 C. Jouhaud, Mazarinades : la Fronde des mots, Paris, Aubier, 1985, p. 200-201.
21 V. Larcade, « « Bretteur et menteur sans vergogne », le cadet de Gascogne saisi par la littérature de Charles Sorel à Michel Zévaco », Actes du Colloque La noblesse, un modèle social ? Enquête à travers les régions françaises de la fin du XVIe au début du XXe siècle, Bordeaux III, 3-4-5 mai 2001, Anglet, Atlantica, 2002, t. 1, p. 411-436.
22 Letre du sieur de Giac, domestique de Mgr le duc d’Espernon au sieur de la Chabane, autheur du libelle intitulé « La Responce faite par un de MM. les Conseillers du Parlement de Paris à la Letre à luy escrite par M ; le duc d’Espernon », 1650, B.N.F, 4-LB37-1666. C Moreau, Bibliographie des mazarinades, Paris, Renouard, t. 2, p. 197-198.
23 H. Carrier, La presse de la Fronde, Les mazarinades, t. 1, La conquête de l’opinion, Genève, Droz, 1991, p. 88-89.
24 C. Jouhaud, « Écriture et action au XVIIe siècle : sur un corpus de mazarinades », Annales, Economies, Sociétés, Civilisations, 38e année, n° 1, 1983, p. 51.
25 Ibid.
26 G. Girard, Histoire de la Vie du duc d’Espernon, t. IV, Amsterdam, Janssons Van Waeesberge, 1736, p. 216-217 et p. 300-319.
27 Letre du sieur de Giac, op. cit., 1650, B.N.F, 4-LB37-1666, p. 20.
28 Letre… op. cit., p. 65.
29 C. Jouhaud, « Le duc et l’archevêque : action politique, représentations et pouvoir au temps de Richelieu, Annales ESC, septembre-octobre 1986, n° 5, p. 1017-1039.
30 V. Larcade, « L’affaire de Fontarabie (1638-1639) : l’exploitation politique d’une défaite », La Défaite. Études offertes à Annie Rey-Goldzeiguer réunies par Maurice Vaïsse, Centre ARPEGE, Reims, Presses Universitaires de Reims, 1994, p. 29-42.
31 C. Jouhaud, « Écriture et action au XVIIe siècle : sur un corpus de mazarinades », op. cit., p. 48.
32 Advis d’Angleterre envoyé en France par les Communes de Londres au cardinal Mazarin luy représentant l’Histoire de Gaverston, favory d’un de leurs Roys et les malheurs qui luy sont arrivez sur le mesme suiet d’une guerre qu’il exerce aujourd’hui, à Paris, 1652 (MDCLII), B. N. F, Lb37 2759.
33 Histoire tragique et mémorable de Pierre de Gaverston, gentilhomme gascon, jadis le mignon d’Edouard 2, roy d’Angleterre tirée des chroniques de Thomas Walsinghan et tournée de latin en françois, dédiée à Mgr le duc d’Espernon, Bibliothèque municipale de Lyon Part-Dieu, FC 128-06, accessible en version numérisée sur BNF-Gallica.
34 Replique à l’Antigaverston ou responce faicte à l’histoire de Gaverston par le duc d’Espernon, s. l., 1588, B. N. F. LB34 442, accessible en version numérisée sur BNF-Gallica. Responce à l’Antigaverston, 1588, B. N. F., Lb34 441.
35 P. de L’Estoile, Registre-Journal, vol. VI (1588-89), éd. M. Lazard-G. Schrenck, Genève, Droz, 2003, p. 64.
36 V. Larcade, « Épernon et Lesdiguières : une inimitié particulière (1579-1638) », La Pierre et l’Écrit, Revue d’Histoire et du patrimoine en Dauphiné, 2004, n° 15, p. 85-121.
37 C. Blanquie, « Notes et documents L’avant-propos de la Vie du duc d’Épernon par Scipion Dupleix », Revue d’Histoire Littéraire de la France, 2008/4, vol. 108, p. 931-943.
38 M.-C. Canova-Green, « Le héros et le solitaire ou les deux figures de la magnanimité dans l’Histoire de la vie du duc d’Espernon », Littératures classiques, « L’Histoire au siècle », n° 30, printemps 1997, p. 197-208. F. Wild, « Nécessité et contingence dans la Vie du duc d’Espernon par Guillaume Girard », dans C. Bienvenu- F. Wild (dir.), Le singulier, le contingent et l’inattendu dans le récit factuel et le récit de fiction, Université de Caen-Basse-Normandie, L.AS. LAR, 2009, p. 141-154.
39 G. Girard, Histoire de la Vie du duc d’Espernon, Amsterdam, Janssons Van Waeesberge, 1736, « Préface », t. I, p. XI.
40 S. Le Poulichet, L’œuvre du temps en psychanalyse, Paris, Payot et Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », p. 86-87.
41 C. Jouhaud, Les pouvoirs de la littérature, histoire d’un paradoxe, Paris, Gallimard, 2000, p. 237.
42 G. Girard, Histoire de la Vie du duc d’Espernon, t. IV, Amsterdam, Janssons Van Waeesberge, 1736, p. 195, p. 197, p. 207 et t. 1, dédicace, page de départ.
43 Une autre édition est accessible en version numérisée sur le site Gallica de la B.N.F. : Histoire de la Vie du duc d’Espernon par M. Girard, divisée en 3 parties, Paris Montalant & de Bure, 1730.
44 C. Jouhaud, Les pouvoirs de la littérature, histoire d’un paradoxe, Paris, Gallimard, 2000, p. 234.
45 M. Tsimbidy, Le cardinal de Retz polémiste, Université de St-Étienne, Institut Claude Longeon, 2005, p. 123.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les Dieux cachés de la science fiction française et francophone (1950- 2010)
Natacha Vas-Deyres, Patrick Bergeron, Patrick Guay et al. (dir.)
2014
C’était demain : anticiper la science-fiction en France et au Québec (1880-1950)
Patrick Bergeron, Patrick Guay et Natacha Vas-Deyres (dir.)
2018
Ahmadou Kourouma : mémoire vivante de la géopolitique en Afrique
Jean-Fernand Bédia et Jean-Francis Ekoungoun (dir.)
2015
Littérature du moi, autofiction et hétérographie dans la littérature française et en français du xxe et du xxie siècles
Jean-Michel Devésa (dir.)
2015
Rhétorique, poétique et stylistique
(Moyen Âge - Renaissance)
Danièle James-Raoul et Anne Bouscharain (dir.)
2015