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Le karst du Yucatan

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Marie-Anne Héraud-Piña

Introduction

Texte intégral

1Pays où fut florissante la grande civilisation maya, le Yucatan est surtout connu pour ses richesses archéologiques. Mais l’intérêt géographique principal de cette région mexicaine à part est de constituer une unité péninsulaire carbonatée de grande dimension, en domaine tropical, qui présente un grand nombre de phénomènes karstiques. Soumise à la karstification depuis son émersion à l'Eocène, cette vaste table calcaire a vu se développer largement des cavités et réseaux souterrains au détriment des réseaux hydrographiques superficiels. Le Yucatan est ainsi un pays très sec en surface, mais où foisonnent à quelques mètres de profondeur des grottes noyées d'une ampleur insoupçonnée : 40 km de galeries immergées explorées par les spéléologues plongeurs dans le Nohoch Nah Chich !

2Mais cet intérêt ne se limite pas aux célèbres cenotes et grottes noyées. En effet, les axes de recherches sont nombreux, depuis les types de modelés karstiques jusqu’aux caliches karstifiés et aux beach-rocks anciens, depuis l’histoire complexe des altérations et de la karstification jusqu’aux problèmes d’exploitation du karst (ressources en eau), des anciens Mayas à nos jours.

3Les études de géographie physique sur le Yucatan ne sont pas nombreuses. Parmi les premiers, nous rappellerons les travaux français de CORBEL (1959) et ENJALBERT (1967) qui portent sur les aspects géomorphologiques généraux et le karst. La PEMEX (Petroleos Mexicanos) a évidemment orienté ses recherches vers le sous-sol et a fourni les données de base de la géologie, mais ces informations restent difficilement accessibles. Plusieurs auteurs ont donné des éléments de tectonique et de géologie générale (ALVAREZ, 1959 ; VINIEGRA, 1971 ; LOPEZ RAMOS, 1973 ; WEIDIE, 1985, etc.). Dans le domaine de l'hydrogéologie et de la gestion des eaux souterraines, la plupart des travaux porte sur la moitié nord de la péninsule (LESSER, 1965, 1976 ; BACK et HANSHAW, 1967, BACK, 1992). Enfin les recherches spéléologiques, en particulier celles des plongeurs, s'intensifient depuis une dizaine d'années, faisant du Yucatan le paradis de la plongée souterraine dans une eau d'une limpidité exceptionnelle.

4La problématique générale de cet ouvrage est donc de comprendre l'évolution géomorphologique et géographique de cette plateforme carbonatée depuis son émersion au Tertiaire en prenant en compte les différents paramètres du milieu physique (climat, géologie, géomorphologie, sols, etc.) et humain (histoire, géographie agraire et économique). Le chapitre I replace la zone d'étude dans son contexte géologique et bioclimatique et donne les caractères spécifiques de la péninsule du Yucatan. Le second chapitre aborde la morphologie karstique superficielle et les types de modelés en fonction du relief en s'appuyant sur les données topographiques et les photographies aériennes. Les différents types de cavités (grottes sèches et noyées, cenotes, dolines-lacs), leur morphologie, leur formation et l'étude des remplissages souterrains font l'objet des chapitres III et IV. Le chapitre V est consacré aux caractères faciologiques des calcaires, à la pédogenèse et aux processus de crypto-corrosion sous couverture d'altérites. Le chapitre VI étudie la plaine quaternaire et le littoral du Campeche, avec notamment les croûtes calcaires (caliches) dans lesquelles se développent des cuvettes karstiques originales, les aguadas, et les formations étagées de beach-rocks, marqueurs de l'évolution de la ligne de rivage et indicateurs d'anciens niveaux marins. Dans le chapitre VII, la zone du Yucatan est replacée dans le contexte géologique évolutif depuis l'ouverture de l'Atlantique avant d'aborder l’évolution géomorphologique générale de la péninsule en établissant des comparaisons avec les autres morphologies karstiques de la région : Floride, Antilles, Petén, Belize. Les problèmes de dissolution sont envisagés dans plusieurs chapitres et des estimations de la dissolution spécifique pour divers secteurs de la péninsule sont proposées à la fin du chapitre VII.

5Enfin, le chapitre VIII rappelle la forte empreinte laissée par l'ancienne civilisation maya, ainsi que la mise en valeur du karst yucatèque par l'homme depuis les Mayas jusqu’à aujourd'hui. Cet impact humain est en étroite relation avec l'utilisation des ressources karstiques, en particulier la difficile gestion des eaux souterraines depuis des millénaires, et récemment le tourisme. De nos jours, l'ampleur des brûlis et de la déforestation appauvrit les sols, et la potabilité des eaux de la nappe est menacée autour des villes. L'occupation des sols, et l’évaluation des zones affectées par les brûlis, sont facilitées par l’analyse des images satellitaires.

Liste des laboratoires ayant participé aux analyses

6- Laboratoire de Géographie Physique Appliquée, Institut de Géographie, Bordeaux 3 (Pr. J.-N. Salomon) : traitement d'images SPOT, sédimentologie.

7- Laboratoire du C.E.R.A.K, Faculté polytechnique de Mons, Belgique (Pr. Y. Quinif) : datations U/Th.

8- Laboratoire de Minéralogie et Micropédologie de Gand, Belgique (Pr. G. Stoops) : lames minces.

9- Laboratoire Elf Aquitaine de Pau : lames minces.

10- Laboratoire Environnement du CEGET, CNRS, Bordeaux 3 (D. Genty, R. Maire, S. Pomel) : sédimentologie, microscopie, traitement d'images de spéléothèmes.

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