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    Plan détaillé Texte intégral Dissertation sur le métier de partisanSur la formation d’un nouveau régimentBibliographie Bibliographie Notes de bas de page Notes de fin Auteur

    Les lumières de la guerre, Volume 1

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Le métier de partisan au siècle des Lumières

    Arthur Gerard

    p. 285-310

    Texte intégral Bibliographie Notes de bas de page Notes de fin Auteur

    Texte intégral

    1Un certain nombre de mémoires ayant trait à la petite guerre et au métier de partisan sont conservés au SHD, dispersés dans la série des mémoires techniques. Deux d’entre eux sont ici présentés qui, malgré leur ambition modeste, sont parfaitement représentatifs de l’attention portée à la petite guerre et aux troupes qui la pratiquent au lendemain de la guerre de Succession d’Autriche. Tous deux sont tirés du carton 1 M 1729, qui regroupe des mémoires sur la cavalerie et les troupes légères1. Le premier, intitulé Dissertation sur le métier de partisan, propose en neuf pages une esquisse rapide, mais relativement dense, du métier de partisan2. Quant au second, il porte pour sa part sur un projet de création d’un corps de cavalerie légère3.

    2Les auteurs de ces deux mémoires sont tous deux connus. La Dissertation sur le métier de partisan a ainsi été rédigée par Joseph Guérin de Frémicourt, aide-major au régiment de Provence. Né en 1721, celui-ci devient lieutenant en second en 1735, lieutenant en 1743, aide-major en 1744, puis capitaine en 1746, avant d’obtenir une commission de lieutenant-colonel en 1756 et de finir major de place en 17634. Un parcours qui dénote l’officier de petite noblesse provinciale voué aux grades subalternes, en même temps qu’il atteste d’une certaine réussite5. Celle-ci est au demeurant partiellement liée à la production écrite de Frémicourt, qui est également l’auteur d’autres mémoires, dont une Dissertation sur le poste de lieutenant-colonel, écrite en 17556. Cette abondante production témoigne de l’ambition de cet officier, qui s’efforce à travers ses écrits de faire montre de ses connaissances théoriques. En période de paix, il s’agit en effet du seul moyen de gravir les échelons de la hiérarchie militaire7. Toutefois, s’il n’est sans doute pas absent, le désir de promotion ne semble pas être la seule motivation qui pousse Frémicourt à écrire. Ses « petits ouvrages », qu’ils traitent du métier de partisan ou du poste de lieutenant-colonel, ont également une visée didactique, à destination des officiers.

    3Mestre de camp à la suite du régiment des Royal Cravates, Jean Baptiste Louis Félix de Langeois, auteur du second mémoire, a débuté pour sa part comme mousquetaire en 1739 avant de devenir capitaine en 1742, aide-maréchal général des logis en 1746, puis d’avoir rang de mestre de camp en 17478. Il n’occupe toutefois ce dernier grade qu’en tant qu’officier « à la suite », faute de place disponible. Son profil diffère radicalement de celui de Frémicourt. En effet, alors que ce dernier apparaît comme un petit officier particulier destiné aux grades inférieurs, Langeois bénéficie d’une carrière rapide, commencée dans les mousquetaires, et dont on sait qu’elle le mène au moins jusqu’au grade de colonel de cavalerie. Langeois n’a par conséquent ni la même vision des choses, ni les mêmes aspirations que Frémicourt. Ainsi, son projet vise à la création d’un nouveau corps destiné à lui assurer un emploi « en pied », dont il ne dispose toujours pas au moment de sa rédaction.

    4Bien qu’aucun de ces deux textes ne soient datés, ils semblent néanmoins contemporains. La dissertation de Frémicourt a probablement été écrite pendant la période de paix qui suit la guerre de Succession d’Autriche (1740-1748) et précède celle de Sept Ans (1756-1763). En effet, elle fait référence à des commandants de troupes légères ayant servi en Allemagne pendant la guerre de Succession d’Autriche (Grassins, La Morlière), ainsi qu’aux campagnes menées en Italie au cours de ce même conflit. Quant au projet de Langeois, son contenu permet d’attester qu’il a été écrit pendant la guerre de Sept Ans. Il est en effet postérieur à 1758, car il fait mention du grade de fourrier, créé la même année, ainsi que du fusil Vincennes, dont la fabrication a été lancée l’année précédente9. Mais il est antérieur à 1763, comme l’indique la mention du maréchal des logis comme officier dans le tableau qui détaille la composition du corps que Langeois propose de créer10. Langeois s’efforce ainsi de profiter du conflit pour obtenir la création de son corps et un poste effectif.

    5Écrits par des auteurs au profil distinct et dans des circonstances différentes, ces deux mémoires s’inscrivent néanmoins à l’intérieur d’un même contexte. Au début de la guerre de Succession d’Autriche, les Français ont été harcelés en Bavière et en Bohême par des unités très mobiles, principalement constituées de Hongrois qui ont appris l’art de la petite guerre au contact des Turcs. Il s’est donc avéré nécessaire, dès 1743, de créer des corps spécialisés dans les opérations de reconnaissance, la protection des flancs et le contrôle des points de passage, et qui pourraient également surprendre la cavalerie ennemie occupée à fourrager, ou encore lever des contributions sur les territoires occupés. Ainsi, d’Argenson, influencé par le maréchal de Saxe, encourage la formation de régiments de volontaires, tels ceux de Saxe, les chasseurs de Fischer, les arquebusiers de Grassin ou encore les fusiliers de La Morlière. Restés quelque peu en marge du reste de l’armée, par leur mode de recrutement, leur encadrement et leur discipline11, ces corps sont néanmoins licenciés ou remaniés en 1748 pour la plupart d’entre eux.

    6Cet effacement institutionnel n’empêche cependant pas le maintien d’un intérêt réel pour les troupes légères12, qui s’accompagne de la volonté d’œuvrer à leur réhabilitation auprès de l’armée et de l’opinion. Il s’agit de rendre à la petite guerre ses lettres de noblesse et de reconnaître sa place, à la fois en marge et au cœur de la guerre. En effet, c’est elle qui fait le lien entre les batailles, entre les quartiers d’hiver et la campagne du printemps. Par ailleurs, la petite guerre apparaît comme une réponse possible au blocage tactique13. Elle offre la possibilité de penser la guerre dans sa globalité, et non plus de se concentrer sur la seule bataille.

    7La reconnaissance de cette importance stratégico-tactique n’est néanmoins possible qu’à condition d’un travail de réhabilitation morale. Les compagnies franches pâtissent en effet d’une réputation des plus douteuses, largement héritée des siècles antérieurs. Cependant, si leurs excès génèrent beaucoup de fantasmes, ils possèdent également leur part de réalité. Les nombreuses entorses au droit de la guerre commises par ces troupes, notamment les exactions à l’encontre des populations civiles, ont ainsi conduit à la réprobation morale de la petite guerre par l’opinion publique et militaire. Conscient de l’importance de ces troupes, le comte d’Argenson comme les théoriciens de la petite guerre sont néanmoins soucieux de convaincre les officiers que l’honneur est compatible avec le métier de partisan. Un objectif qui exige en particulier de mettre fin à la réputation d’indiscipline extrême et de sauvagerie de ces unités.

    8C’est dans ce contexte qu’intervient la vague de publication des traités théoriques sur la petite guerre et le métier de partisan. Tous vantent l’utilité des compagnies franches et s’attachent à montrer qu’elles ne constituent pas des hordes anarchiques, qu’elles n’échappent pas au contrôle de l’État, ni aux exigences de la guerre réglée. En 1752 paraît ainsi le traité de La Croix. Il est rapidement suivi par ceux de Grandmaison (1756), Jeney (1757), Saint-Geniès (1766), de Wüst (1768) ou encore du comte de La Roche (1770), pour ne citer que les principaux14. Dans le même temps se multiplient les réflexions manuscrites, comme les Maximes du comte de Beausobre, écrites à l’intention de son régiment de hussards entre 1744 et 1748. Les écrits de Frémicourt et de Langeois interviennent dans le cadre de cette fermentation générale, le premier s’attachant à dresser un portrait moral du bon partisan et le second proposant la création d’un nouveau corps de troupes légères inspiré des Tartares.

    9Rédigés dans une perspective distincte, ces deux mémoires offrent néanmoins un aperçu sur des points essentiels concernant l’organisation des troupes légères et la pratique de la petite guerre : le recrutement d’une troupe de partisans, les compétences qui leur sont requises, leur utilité militaire, la question de la discipline et de la motivation.

    10La question du recrutement et de la composition d’une troupe de partisans est essentiellement abordée par Frémicourt. Sur ce plan, il rejoint l’ensemble des traités sur la petite guerre, qui insistent sur la nécessité de conserver une structure permanente pour les troupes légères, afin d’éviter les problèmes liés à la levée et à la formation de nouvelles unités au début de chaque guerre. Ses propos sont notamment conformes à la pensée du maréchal de Saxe, qui admet les diminutions d’effectifs en temps de paix, à condition de garder quelques officiers et bas-officiers, qu’il est toujours difficile de former, et à condition de ne pas toucher à la cavalerie, dans la mesure où les vieux cavaliers et les vieux chevaux sont considérés comme les meilleurs15.

    11Langeois et Frémicourt attachent par ailleurs une grande importance à la cavalerie, que le second conçoit sur le modèle des dragons plutôt que des hussards. Cette position illustre l’évolution de la pensée militaire concernant la composition des troupes légères. Si au début du xviiie siècle, beaucoup d’officiers français assimilent la petite guerre aux hussards, au milieu du siècle, ceux-ci sont de plus en plus concurrencés par les dragons et l’infanterie légère. Ces derniers offrent en effet l’avantage de la polyvalence, puisqu’ils sont aussi bien capables de combattre à pied qu’à cheval. Un impératif qui se retrouve également dans le projet de Langeois, qui souligne l’importance du combat pied à terre et propose d’armer ses hommes de « fusils carabinés avec des bayonnetes », bien qu’ils soient destinés à former une troupe montée. Le poids accordé à la cavalerie s’explique par ailleurs par l’importance de la célérité pour une troupe de partisans. Une préoccupation qui se retrouve dans l’équipement léger envisagé par Langeois pour sa troupe.

    12Cette attention portée au recrutement se double, en particulier chez Frémicourt, du poids donné aux qualités du partisan, qui doivent être liées aux exigences de la petite guerre. Elles incluent la vigilance, la réactivité, le sens de l’observation ou encore la résistance à la fatigue, mais également la connaissance des langues étrangères, nécessaire pour le renseignement, ainsi que la géographie, afin de s’orienter dans le pays. Cette dernière est en particulier capitale pour les missions de reconnaissance, c’est pourquoi Langeois ne manque pas d’inclure deux officiers dessinateurs dans l’unité qu’il prévoit de créer. À cela s’ajoute la ruse, primordiale pour dresser une embuscade comme pour éviter celle de l’ennemi. Le partisan doit en somme se caractériser par son autonomie et sa capacité à mener des troupes isolées en pays ennemi, ce qui implique des compétences très différentes de celles qui sont requises pour un officier de ligne. Ainsi Frémicourt n’évoque-t-il par exemple la géométrie à aucun moment.

    13Critère déterminant des compétences exigées du partisan, l’autonomie constitue en outre, pour Frémicourt et plus encore pour Langeois, un mode de combat qui distingue à leurs yeux les troupes légères de l’armée régulière. Se retrouve en particulier sous la plume du second la promotion d’une action en ordre dispersé, inspirée du modèle des hussards hongrois, mais aussi des Tartares et des Parthes, que Langeois compare à « un essaim de mouches qui pique toujours, impatiente, désole, sans pouvoir être attrapé ». Ce mode d’action tactique est lié au rôle opératif et stratégique attribué à ces unités, qui doivent essentiellement harceler l’ennemi et l’inquiéter dans ses marches, tout en étant chargées de la défense des troupes de ligne, en particulier par des missions de surveillance. Ainsi, au service de la grande guerre, la petite s’affirme également comme un laboratoire où sont envisagées d’autres formes de combat, directement reliées au type d’opération qui lui sont confiées.

    14Autre préoccupation centrale dans le cadre d’une réhabilitation de la petite guerre, la nécessité d’assurer la « moralisation » de la figure du partisan est surtout présente dans la dissertation de Frémicourt. Ce processus passe en particulier par la question du butin, essentiel car il assure la motivation des troupes et permet également d’attirer de nouvelles recrues. Son partage doit être équitable, fait selon la règle et il ne doit pas être le produit du brigandage16. Ce dernier point implique qu’il soit fait par un parti commissionné et non par un « parti bleu », c’està-dire un détachement parti en expédition sans autorisation. Par ailleurs, l’officier partisan doit différencier les « bonnes prises » qui se font sur l’armée ennemie des « mauvaises », qui touchent par conséquent les populations civiles. Non que ces dernières soient exemptées de prélèvements, mais ils ne doivent être effectués que sur ordre de l’intendant de l’armée, lui-même subordonné au secrétaire d’État de la Guerre. Frémicourt limite donc l’initiative laissée au partisan aux prises militaires afin d’éviter toute forme de déprédation sur les civils. À ce titre, il s’efforce de rendre le métier de partisan compatible avec l’idéal d’honneur qui doit animer l’officier.

    15Un objectif qui se retrouve dans l’attention qu’il porte au contrôle et à l’humanisation de la petite guerre. L’officier partisan doit être le garant de la discipline, un exemple à suivre pour ses troupes, en luttant notamment contre le pillage, mais aussi par le traitement qu’il doit réserver aux ennemis vaincus. Ceux-ci doivent être traités avec humanité, de même que les civils doivent être protégés. Ces exigences se retrouvent chez la plupart des théoriciens militaires et témoignent d’une réflexion sur le cadre dans lequel doit désormais s’exercer la guerre, celui d’une humanisation héritière de la morale chrétienne et de l’idéal de la guerre juste, mais également de la philosophie des Lumières17. Ce n’est donc pas un hasard si Frémicourt utilise l’expression d’« honnête homme » à deux reprises pour désigner le modèle de comportement que l’officier partisan doit adopter. Un idéal qui cependant est encore loin de refléter une réalité18.

    16En dernier lieu, la qualité du métier de partisan passe chez les deux auteurs par la reconnaissance du mérite. Langeois prévoit ainsi la promotion des officiers depuis le rang et propose de faire appel à des officiers de fortune. Un moyen de promouvoir les compétences acquises sur le terrain, essentiel pour ce métier, mais aussi de rendre aux troupes légères un honneur et une reconnaissance qu’elles n’avaient pas aux yeux de beaucoup d’officiers. En témoigne la conclusion de Frémicourt, qui porte sur les gratifications prodiguées aux officiers partisans en récompense des services rendus.

    17De nature différentes et dotés d’enjeux distincts, les mémoires de Frémicourt et de Langeois se rejoignent ainsi néanmoins dans un but commun, caractéristique de la période : la réhabilitation et la valorisation de la petite guerre et des spécificités qui lui sont propres.

    Dissertation sur le métier de partisan

    18[Folio 1] Pour parvenir à estre bon partisan, il faut apprendre ce métier sous un chef habile et avoir par devers soy les parties nécessaires qui sont en fort grand nombre. Il faut une pratique assidue et beaucoup de connoissances personnelles. La tactique de ce métier est différente de celle des troupes réglées, quoy qu’elle ait beaucoup de rapports avec celle que doit sçavoir un général d’armée ; elle conduit au même but par des moiens différents. Les opérations d’un partisan doivent peu dépendre du hazard, c’est luy qui doit former tous ses projets et les mettres en exécution. Il doit profitter des occasions qui se présentent, mais il doit en faire naistre continuellement, et différentes les unes des autres.

    19Il y a bien peu de modèles à citer de nos jours qui ayent fait cette guerres [sic] dans ses véritables règles. Il faudroit remonter aux guerres de Louis XIV pour en trouver, tant dans les armées françoises que chez les étrangers. Les La Croix et Groustins sont des gens rare [sic] qui ne sont pas de tous les siècles19. Ceux qui font à présent ce métier ont pour principale partie la bravoure, mais c’est une des moindres qu’un partisan doit avoir, leur valeur personnelle n’étant communément utile que dans les cas imprévus ou d’imprudence.

    20Les compagnies franches20 devroient servir en France à conserver les trouppes réglées en leurs évitant les fatigues des grandes gardes21 et tous les détachements de découverte. Les étrangers ont des essaims de hussards qui font véritablement ce métier, aussi leurs trouppes réglées ne sortent de leur camp que pour les vraies opérations et sont par conséquent moins fatiguées et plus fraîches que les nostres. Les petittes armées françoises sont plus excedées par les gardes et escortes que par les véritables attaques, surtout sur les fins de campagne, où les armées sont affoiblies et où les gardes et postes fixes sont à peu près les mêmes.

    [Folio 2] Sur la composition des volontaires22

    21L’on tire ordinairement dans les petittes armées les volontaires du fond des troupes réglées, ce qui ôte une partie de l’élite des soldats vraiement militaires, n’y ayant que ceux de bonne volonté, ingambes et vigoureux, qui marchent. Il faut un fond de vieux soldats pour former des compagnies, mais seulement pour la première campagne, et en tems de paix en conserver un levain. Un partisan ne manque point de recruter suffisamment pour l’entretient de sa troupe. Les déserteurs étrangers sont suffisants, ce sont les meilleurs soldats pour ce métier, n’étant que les gens alertes et qui ne sont point trop attachés à lame [sic]a qui désertent, d’ailleurs qui n’oseroient retourner d’où ils viennent et qui, dans l’occasion, se battent jusqu’à la dernière extrémité plutôt que de ce [sic] rendre23. Ce sont des exemples récents que l’on a eu [sic] en Italie dans le régiment des Gardes Walonnes qui, du jour au landemain, se complettoient de déserteurs qui n’ont jamais manqué de soutenir l’honneur de cet illustre corps24. Lorsqu’un partisan s’est acquis une certaine réputation, les volontaires luy viennent de toutte part, comme on l’a vu dans les Grassins et La Morlière25, et l’appât du butin suffit pour cela.

    22Il faudroit que toutte la cavallerie des compagnies franches fut à l’instar des dragons, et point à celuy des hussards. Il y a des régiments pour faire ce service, au lieu que la cavallerie des compagnies franches n’est faitte que pour ce [sic] porter avec vitesse d’un lieu à un autre, et y opérer ordinairement à pied, et porter l’infanterie en crouppe. La cavallerie ne sert qu’à cet usage, ainsy que pour les découvertes et retraittes. Les dragons peuvent faire ses [sic] mêmes fonctions et ont cette prétieuse ressource de pouvoir, lorsqu’il est nécessaire, combattre pied à terre.

    23Si j’avois l’honneur d’estre à la tête d’une compagnie franche de pied et de chevaux, je voudrois que tous les soldats qui la composeroient fussent également cavaliers et fantassins, ce qui doubleroit ma troupe dans l’occasion où je n’aurois besoin que d’infanterie, et qui m’assure-roit d’avoir toujours le même nombre d’homme à cheval lorsque j’en aurois [Folio 3] besoin. D’ailleurs, les soldats que je fairois porter en crouppe souffriraient beaucoup moins par l’habitude qu’ils auroient du cheval. Les manœuvres relatives à cette troupe dépendent uniquement de la légèreté, également dans l’infanterie que dans la cavallerie et, pour les coups de main, il ne faut absolument que des fantassins transportés avec vitesse par de la cavallerie.

    Qualités nécessaires à un partisan

    24Dans ce métier plus que dans le général du militaire, il faut posséder une santé robuste, estre accoutumé à la sobriété et à la continance, estre maistre de son someil, estre très vif et vigilant, et ne point craindre les plus grandes fatigues.

    25Il faut avoir un esprit relatif à ce métier, sçavoir principalement les langues des pays où l’on fais [sic] communément la guerre. L’allemand et l’italien sont celles qui sont les plus nécessaires aux François26. Il est avantageux de sçavoir le latin, c’est une langue que l’on parle partout, surtout en Allemagne. Un partisan qui est obligé de s’en fier aux interprestes ne peut guerre [sic] conter [sic] sur luy même. C’est du profond secret que peut émaner la réussite des opérations, c’est par de fréquentes informations faittes avec détours que l’on arrive, vis à vis les personnes que l’on questionne, au but que l’on se propose, sans qu’elles puissent pénétrer la vérité qui vous fait agir.

    26Il faut sçavoir de longue main la géographie, surtout des pays où l’on est emploié, en avoir des plans exacts. C’est pendant la paix qu’il faut aquérir ces connaissances, en se portant sur les différentes frontières pour y faire des remarques que l’on met à profit dans l’occasion. Des buissons, des ravins et les moindres monticules peuvent servir à former des desseins et en facilitent la réussite. Il faut questionner avec douceur, politesse et affabilité tous ceux qui peuvent donner des éclaircissements sur un pays, et mettre tout ce que l’on voit, et que l’on aprend, par écrit. Les paysans sont ceux de qui l’on tire de plus justes lumières, parce qu’on peut les interroger plus ouvertement et qu’ils répondent naturellement. Enfin, ce sont de ces deux parties essentielles27 dont dépend l’habilité d’un partisan, la réussite de touttes [Folio 4] ses opérations et le bien général de l’armée. Un bon partisan doit estre la lunette de longue vue d’un général. C’est luy qui reconnoit le pays en avant, qui par ses informations doit tout sçavoir, par ses yeux tout voir, et par conséquent rendre des comptes essentiels sur lesquels le général forme non pas ses projets, mais la façon de les exécuter avec certitude de réussite.

    27Il faut joindre à la connoissance des pays et à l’usage des langues la façon aisé [sic] de s’énoncer vis à vis des Grands, à qui l’on rend compte soit verbalement ou par écrit. Il ne faut point estre embarassé par les questions qu’un général peut faire, qui sont quelques fois pour sonder : la timidité n’annonce pas une fermeté d’esprit nécessaire dans un pareil métier. Il faut, lorsque l’on donne des ordres, ne point se servire [sic] de termes ambigus, dont un seul peut occasionner mille incidents. Il faut suivre son objet sans en écarter les autres. Il ne faut point demander ny parler de deux choses essentieles dans une même lettre. Il faut en écrire deux pour deux choses différentes : c’est la maxime assurée pour que l’on réponde à tout ce que vous demandez.

    28Il faut estre assuré dans touttes les occasions du party qu’il y a à prendre et estre comme le sage, toujours prest à tout événement, ce qui ne s’acquiert que par la grande pratique. Touttes les opérations d’un partisan ne peuvent estre exécutées et réussir que par la finesse et la ruse. L’on ne sçauroit faire de grandes choses avec peu de monde, à moins que l’on y supplée par des stratagèmes. Ceux que l’on peut lire dans Frontin28, qui a écrit sur ce sujet, sont bons à étudier. C’est un cannevas sur lequel on peut trouver journellement à travailler. Annibal, ce grand Carthaginois, n’a pénétré en Italie, et n’y a si souvent vaincu les Romains, qu’à force de ruses et de stratagèmes qui leur étoient inconnus ; ils auroient même dédaigné s’en servir. Mais à présent, l’on ne cherche qu’à vaincre. Tous les moyens pour y parvenir sont de convention, c’est à chacun à évitter les embuches de son ennemy et à luy en tendre qui soient inévitables.

    29Pour ce [sic] faire connoistre à sa troupe, il faut, dans les commencements, [Folio 5] charger à leur tête avec témérité. Mais lorsque l’on est sûr d’en estre connu pour ce que l’on est réellement, il faut se réserver pour les grands coups ou les occasions décisives. Un général d’armée tué dans une bataille la fait communément perdre. Un partisan est à peu près dans le même cas : tout ce qu’il a apris, touttes ses connoissances et ses projets meurent avec luy, et sa troupe devient inutile jusqu’à ce que celuy qui le remplace et [sic] acquis ses mêmes lumières et sa même capacité. Il doit avoir des officiers volontaires sous ses ordres, qui sont faits pour estre exposés. C’est un métier où, dans l’apprentissage, la vie doit estre compté [sic] pour rien : tout ce qui est subalterne est comme des membres qu’il faut sacrifier dans les occasions à la conservation de la tête.

    Obligation vis à vis la troupe

    30Pour estre toujours assuré de la totalité de sa troupe et ne point appréhender qu’il s’en écarte pour piller, il faut s’en attirer la crainte par une sévère discipline et la confiance par une réputation de droiture, et d’une austère probité, partageant également selon les grades et selon les usages de ses troupes touttes les prises qui sont faittes, par qui que ce soit de la troupe, ne devant tous faire qu’un tant pour le profit que pour le travail. Le partage doit estre égal entre ceux qui ont fait la capture et ceux qui auroient étez emploiés ailleurs, chacun ayant son tour à courire risque ou fortune. Il faut qu’un chef cherche de tems en tems à butiner sur l’ennemy, cela anime sa troupe, luy attache ses soldats et luy attire des recrues. Mais il n’en doit pas faire sa seule occupation, autrement ce n’est plus un métier de guerre que l’on fait, c’est un métier de voleur armé et autorisé. Comme les fatigues et les risques sont continuels, il est naturel que le profit en soit la perspective. Le commandant ne doit même point se faire un scrupule de prendre la part qui luy revient, après néanmoins avoir bien examiné si les prises sont de bonne guerre29.

    31Les véritables bonnes prises sont celles que l’on fait en enlevant une partie d’un convoy, lorsque l’on surprend un poste de cavallerie ou que l’on tombe sur une colonne d’équipage ; enfin, tout ce qui est pris sur le militaire ennemy.

    [Folio 6] Service d’une compagnie franche

    32Une troupe légère n’est point assez nombreuse pour faire de grandes opérations. Elle n’est faitte que pour les facilités : reconnoistre l’ennemy, l’inquiéter, estre informé de tout ce qu’il fait et tâcher de pénétrer ce qu’il a dessein de faire. Une partisan est chargé ordinairement de la garde d’un poste avancé, ce qu’il doit faire par des veilles continuelles, par de fréquentes découvertes et en ne quittant jamais de vue l’ennemy qu’il a devant luy. Il n’est point fait pour tenir ferme, à moins que ce ne soit comme on l’a vue [sic] dans un cas de nécessité, pour retarder la marche d’une armée ou conserver un passage en attendant un prompt secours. Un partisan doit estre informé de tous les convois qui passent à portée de luy, ainsy que des fourages qui s’y font, et les harceler pour tâcher de faire des prises, surtout sur les fourageurs de la cavallerie. L’on a vue des régiments entiers démontés et par conséquent or [sic] d’état de servire [sic] de la campagne.

    33Lorsqu’il sçait des quartiers faciles à enlever, soit par la méchanceté du poste, la foiblesse de la garnison ou la nonchalence du commandant, il doit le faire après avoir pris de longue mains touttes les mesures nécessaires pour faire son opération à coup sûr. La nuit, la connoissance exacte des lieux, l’activité et le profond secret sont les seuls moiens de réussir.

    34Les fonctions essentiels [sic] d’un partisan sont d’estre toujours sur l’ennemy pour considérer ses mouvements et pénétrer ses vues. Lorsque l’on a de l’acquis et que l’on est bon militaire, l’on en juge par comparaison en ce [sic] disant : si j’étois à cette place, dans cette position, qu’y ferois je ? En joignant ses idées aux informations que l’on sait, l’on est en état de donner à son général des avis certains. C’est cette partie qui est la plus nécessaire et pour laquelle l’on est souvent emploié, ainsy que pour inquiéter l’ennemy dans touttes occasions, soit dans ses convois, escortes d’équipages, grandes gardes et postes avancés. Un seul homme bien déterminé, tel qu’il y en doit avoir dans ces sortes de troupes, est suffisant pour porter l’alerte dans toutte une armée et luy faire passer une nuit au bivouac30. Ce sont des fatigues qui tendent au détriment de l’ennemy qui est l’objet que l’on se propose.

    [Folio 7] Sur les contributions

    35Les compagnies franches sont aussy emploiées à faire fournir les contributions ausquelles est taxé un pays que l’on ne possède quelquefois pas encore. Il faut, dans ces sortes de commissions, y porter toutte l’intégrité d’un honneste homme. Les contributions sont des impos permis par convention entre touttes les puissances pour indemniser le vainqueur des frais de la guerre31. C’est à l’intendant de l’armée32 à suivre en cela les antiens [sic] usages, les ordres qu’il reçoit par le secrétaire d’État qui a le département de la Guerre et l’interest du monarque qu’il sert, joint à la possibilité du pays. Mais tout ce qu’un partisan extorque de sa propre autorité est un vole [sic] manifeste qui flétrit sa réputation et dont il ne peut jamais se laver. Il est d’usage de faire donner des rafraîchissements à une trouppe qui a marché extraordinairement pour ses [sic] sortes d’expéditions, mais il ne faut pas que les rafraîchissements s’étendent jusqu’à la bourse de celuy qui commande. L’on doit même, dans ces sortes de cas, redoubler d’attention vis à vis le soldat, étant toujours porté à demander ou prendre plus que l’on ne luy permet, ce qui retombe sur le chef.

    Sur l’interest

    36Tout militaire doit suivre en toutte occasion ce que son honneur luy prescrit sur tous les points qui caractérisent l’honneste homme, surtout sur l’interest qui est la passion la plus basse et la plus contraire au métier.

    37Un partisan qui dévaste un pays sur lequel il aura dû vivre avec discipline est dans le cas de le [sic] plus exemplaire punition. Un officier ordinaire n’est il pas assez heureux d’estre dans un poste qui le tire du pair pour ne songer qu’à y faire son chemin et acquérir de la gloire. L’on ne peut amasser de gros biens dans le militaire que ce ne soit illégitimement. Un partisan, il est vray, est obligé à une grande dépense, soit pour vivre [Folio 8] honorablement, soit en bien payant ses espions ou en récompensant les braves qu’il doit entretenir dans sa troupe. Mais aussy a-t-il le profit des prises qu’il fait pour l’en indemniser, et ce n’est en France que dans ce métier où un officier peut profitter de pareil chose, le butin devant estre la récompense comme l’apas du soldat, et la gloire, et ce qu’elle procure, celle de l’officier. Il est dangereux qu’un partisan fasse de trop fréquentes prises, par l’abondance que cela luy porte ainsy qu’à sa troupe, ce qui fait quelquefois faire des réflexions qui sont contraire à la célérité du service. Un officier ou un soldat envieux pour le butin qu’il a fait craint de le perdre aussy facilement qu’il l’a gagné. L’abondance est un frein qui retient l’ardeur militaire dans bien des âmes : il faut une nécessité pour déterminer l’homme à sacrifier son repos et sa vie à chaque instant. Annibal et son armée n’a étez défait que par l’abondance des dépouilles de l’Italie. Où est l’homme qui analise ses [sic] réflexions là ? À l’aspect d’un bien estre assuré, l’ambition tombe, le véritable guerrier molit, l’honneur disparoist et l’interest seul reste. De quelle honte n’est point couvert un partisan que l’on aura vu toute une guerre voler impunément, à l’abry de quelqu’actions, l’amy comme l’ennemy (je dis un partisan parce qu’un chef répond de toutte sa troupe), ruiner et dévaster tous les lieux de son séjour ou de son passage, ne laissant à l’armée qui le suit que les traces de sa cupidité et le bruit des plaintes que forme contre luy le malheureux habitan qu’il a dépouillé. Cet homme vielly [sic], meurt, n’emporte point avec luy ses larcins et laisse à tous ceux qui l’ont connu les seuls regrets qu’il ait jamais existé.

    Sur l’humanité

    38L’humanité est une des belles qualités qui caractérisse [sic] l’homme et le différentie [sic] des annimaux. Un partisan est plus dans le cas de la connoistre qu’un autre militaire. Il doit se prêter à tout ce qu’elle inspire, tant qu’il n’y a rien de préjudiciable à son service. Il répond des cruautés que comet sa troupe hors du combat, comme il n’arrive que trop souvent. Il doit punir sévèrement ceux qui comette ses [sic] inhumanités qui font horreur même aux méchants. Il répond du sang versé par l’innocent, il commande pour le conserver. Les incendies, si fréquents en tems de guerre, sont des fléaux que l’on peut évitter en maintenant [Folio 9] une exacte discipline qui ferme la porte à tout ce que l’on appelle communément malheur, et qui souvent n’est que méchanceté ou prétexte.

    39Comme il est souvent à même de faire des prisonniers, il doit adoucir leurs peines par touttes les attentions possibles, empêcher que l’on ne dépouille les officiers et se ressouvenir que le moment de l’action passé, nos ennemis en notre pouvoir sont des hommes à qui nous n’en pouvons vouloir personnellement. Il doit faire panser et soigner les blessés ennemis comme les siens, et offrir sa bourse à ceux qui en ont besoin. Ce n’est qu’un prêté qui souvent peut estre rendu au centuple. Il doit regarder comme sacrés les vieillards, femmes et enfants, leur servir de bouclier dans touttes les occasions où ils peuvent courir risques de perdre la vie ou l’honneur.

    Définition

    40Un bon partisan compte les campagnes qu’il a fait [sic] par les grades que son prince luy a accordé [sic]. Il faut peu de tems dans ce métier pour faire beaucoup de chemin. Ainsy, si les risques, dépenses et peines sont grandes [sic], les récompenses proportionnées en sont les suittes assurées. Heureux celuy qui après avoir fait ce métier peut marcher le front levé, chargé de lauriers toujours verts, ayant mérité les grâces dont il est comblé, l’estime générale, et qui a par devers luy la netteté de conscience qui rend l’âme satisfaitte ainsy que le cœur.

    41Frémicourt, aide-major au régiment de Provence

    Sur la formation d’un nouveau régiment

    Avant propos

    42L’art de la guerre est le premier de tous, c’est celui de se conserver et d’aquérir. Il a été, comme tous les autres, sujet à des révolutions et, à mesure qu’il s’est perfectionné, les autres l’ont suivis. En effet, chez les Egiptiens [sic], les Grecs et les Romains, les autres arts et sciences n’ont fleuri que quand celui-là est venu à atteindre un certain point de perfection. Et quand il a décliné chés les mêmes nations, la barbarie a bientôt succédé.

    43Il paroit qu’il est aujourd’hui porté au plus haut degré. Nous voyons depuis cent ans plus de dix millions d’hommes consommés à la guerre, sans voir de conquêtes proportionnées à cette perte. On se bat des dix années de suite sans avancer beaucoup, on se quitte d’épuisement et le vainqueur a presque toujours autant d’envie de finir que le vaincu.

    44L’invention de la poudre à canon n’a pas cependant beaucoup changé le sistème militaire, quoiqu’il semble qu’en raccoursissant [sic] les sièges, elle eût dû accélérer les conquêtes. Il est certain qu’à présent, quelques précautions qu’on prenne pour la deffense d’une place, en mettant l’intelligence égale pour l’attaque, la ville sera bien plus tôt prise qu’elle [Folio 2] ne l’auroit été avant l’invention de la poudre. Aussi a-ton multiplié les villes fortifiées.

    45Les grands principes du métier sont toujours les mêmes. La discipline et la tactique sont et seront dans tous les tems pour les hommes supérieurs. Ils s’en servent selon les païs où ils font la guerre et les nations qu’ils commandent ou qu’ils combattent.

    46Nous avons, comme les Romains, des pesament armés qui sont nos bataillons, et des vélites qui sont nos troupes légères ; car à présent, elles font corps pour ainsi dire avec l’armée, elles couvrent les pesament armés et les pesament armés les soutiennent.

    47Mais il y a encore une autre espèce de troupes légères qui combat seule, se soutient, se protège et se garde elle-même, dont nous ne faisons point usage.

    48Je veux parler de la façon de combattre des Tartaresb. Par leur légèreté, leur facilité de se diviser et de se réunir, ils peuvent toujours profiter des fautes de l’enemi, de son peu de vigilance ou de son désordre, et jamais l’ennemi ne peut profiter de rien sur eux. Par conséquent, ils sont toujours dans le cas d’un combat avantageux.

    49Cette espèce d’arme nous manque et pourroit estre d’un grand avantage par l’inquiétude qu’elle [Folio 3] donneroit sans cesse à l’ennemi. C’est un essaim de mouches qui pique toujours, impatiente, désole sans pouvoir être attrapé. Il doit être perpétuellement sur l’ennemi, l’inquiéter dans ses marches, dans ses convois, dans ses détachemens et jamais ne demander de secours, parce que par la célérité de ses manœuvres, il ne doit jamais être forcé de combattre malgré lui.

    50Pourquoi n’essayerions nous pas, dans un corps particulier et avec une tactique particulière, une façon de combattre qui n’est point contraire au génie de la nation ? Elle est brave, vive, impétueuse, qualités essentielles pour cette arme. C’en seroit une de plus qui ne peut affoiblir les autres, puisqu’elle se soutient d’elle même, et qui doit être très avantageuse.

    51Je ne propose qu’un essai. De pareils projets (quelqu’idée qu’on s’en puisse former pour ou contre) veulent être exécutés pour qu’on puisse décider de leur bonté. En les exécutant dans une petite troupe, on poura juger à peu près par ses opérations de ce qu’elle pourroit faire si elle étoit plus considérable.

    52Le corps tel que je le propose ne sera point coûteux au roi. Deux cent hommes de plus ou de [Folio 4] moins ne font point une différence. À l’égard de la levée de la troupe, le commandant de la troupe en fera les avances à Sa Majesté. Il se trouvera toujours trop heureux d’être à portée de lui donner des marques de son zèle : ce n’est que ce même zèle qui le conduit. Tout François ne songe qu’à sacrifier sa vie et son bien pour son roy. C’est ce génie heureux de la nation qui lui fait faire de si grandes choses et qui lui en fera faire toujours.

    [Folio 5] Composition

    53Cette troupe sera composée de deux compagnies de cavalerie légère, habillée à la polonaise, avec des bonnets, fusils carabinés avec bayonetes, pistolets, sabres et un petit bouclier au bras gauche.

    54Ces deux compagnies composeront un escadron de deux cent douze maîtres comme il suit, chaque compagnie composée de dix brigades de dix maîtres chacune, compris leurs deux bas officiers, lesquels auront leurs marques distinctives :

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    [Folio 7] Réflexions générales sur la formation, l’habillement et l’armement

    55On voit par la formation de ce corps qu’il est composé de vingt brigades de dix hommes chacune, compris leurs deux bas officiers, et que, de quelque façon que ce régiment se rompe, il y a toujours à chaque brigade un commandant à la tête et un à la queue lorsqu’elle marche sur deux rangs, ou un à chaque aile lorsqu’elle marche sur un seul. Chaque brigade pouvant se rompre aussi par demie brigade, il reste aussi un officier à chacune.

    56Par cette composition, tous les mouvemens sont exécutés avec bien plus de rapidité et d’exactitude.

    57Les brigadiers, sous-brigadiers et carabiniers ayant des marques distinctives, chaque homme sait son rang sans pouvoir se tromper, ordre nécessaire pour bien manœuvrer, surtout dans un corps où les hommes se renouvellent souvent et dans lequel on n’a pas le tems d’attendre que ce soit par l’habitude qu’ils prennent leur rang.

    58[Folio 8] Lorsque ce corps est en bataille, on voit par le plan cy joint que de tous les côtés il a la même quantité d’officiers, s’il marche en avant ou à colonne renversée, ou par sa droite ou par sa gauche33.

    59On objectera peut-être qu’il présente un petit front, mais il faut faire attention que par sa composition, il peut se doubler et se dédoubler à chaque instant et proportioner par conséquent son front à celui de l’ennemi, sans compter les brigades des carabiniers qui peuvent toujours se porter sur les ailes de l’ennemi. Ces brigades sont pour recompléter perpétuellement les autres, afin que les brigades du fond soient toujours complettes, ce qui est absolument nécessaire pour la sûreté et la précision des évolutions.

    60Il ne faut pas non plus perdre de vue qu’en général, ce corps ne doit pas combattre en ligne. Son avantage est de combattre l’ennemi en détail, de l’attirer toujours à un combat en désordre de sa part et, lorsqu’il s’y est bien livré, de l’envelopper ou en détail par troupes, ou par un front plus étendu − manœuvre dont il est le maître par sa composition − afin de présenter toujours un désordre apparent à l’ennemi pour l’engager à un désordre réel.

    61[Folio 9] Ce corps, susceptible de toutes les évolutions que peuvent faire les autres, en exécutera toujours beaucoup de particulières que les autres troupes ne pourroient pas exécuter, qui lui sont propres et lui donnent l’avantage de ne combatre [sic] que quand il veut, et de ne pouvoir jamais être défait.

    62On trouvera peut être les tambours et les trompettes un peu multipliés, mais cette troupe devant combatre à pied quand l’occasion s’en présentera (et elle pourra être fréquente), il faut des tambours. De plus, devant être toujours sur l’ennemi, elle sera souvent dans le cas (vu son petit nombre) d’user de ruse et de tâcher de paroitre plus forte qu’elle ne l’est réellement. Et ils sont indispensables pour les ralliemens.

    63Tout le service dépendant de la discipline, elle sera observée avec la dernière exactitude. Les brigadiers, sous brigadiers et carabiniers seront responsables de leur brigade et auront l’autorité de punir sur le champ, en rendant compte ensuite aux chefs de la punition qu’ils auront imposée, laquelle ne sera jamais diminuée pour soutenir leur autorité.

    64À l’égard des fautes particulières qu’eux mêmes pourront commettre, ils seront jugés pour ainsi dire par leurs pairs, c’est à dire les carabiniers par deux carabiniers, deux sous brigadiers et un brigadier ; [Folio 10] les sous brigadiers par deux sous brigadiers et deux brigadiers et un maréchal des logis ; les brigadiers par quatre brigadiers et deux maréchaux des logis ; le tout soumis au commandant du corps.

    65Ce ne sera que le mérite qui élèvera au poste de sous brigadier et de brigadier, et point l’ancienneté. Des brigadiers on tirera les maréchaux des logis, et des maréchaux des logis, en remontant, les autres officiers.

    66Les deux fouriers pour toute la troupe sont nécessaires pour les subsistances, et on ne peut en mettre moins, ni de capitaines d’armes.

    67On préfère l’habit à la polonaise34 parce que ce corps, ne portant point de tentes et ne devant jamais coucher sous toit pendant la campagne, il faut que le soldat soit couvert. Il l’est davantage de cette façon, l’habit est plus léger et il n’y entre pas plus d’étoffe.

    68Cette troupe ne devant jamais se servir des armes à feu que pied à terre (ce qui arrivera très souvent), on a jugé à propos de lui donner des fusils carabinés avec des bayonnetes, tels que ceux qui ont été faits à Vincennes, sous les yeux de Monsieur Duvernay, et qui se chargent par la culasse35. Cette arme est bien plus imposante, bien plus meurtrière et bien d’une autre ressource que la carabine ou le mousqueton. Tout le monde sait que le feu de la carabine ou du mousqueton, d’à cheval ou d’à pied, est du temps, de la poudre, et du plomb de perdu. Il est inutile de s’étendre sur l’avantage d’un fusil à bayonette vis à vis un mousqueton36.

    69[Folio 11] Ces fusils ne seront pas plus incommodes à cheval que la carabine des hussards, qui l’est très peu. Ils se porteront de même, à la bandoulière, et se rompront aux deux tiers comme les fusils brisés37. Au tiers qui se rompera sera uni la bayonette à demeure, et il se portera à gauche, au ceinturon qui tiendra la cartouche38 ; de sorte que par le même tems de l’exercice, le cavalier, lorsqu’il sera pied à terre, aura aussitôt fait de sa carabine un fusil qu’un soldat y a joint sa bayonette.

    70Le palma39 des Romains, ou le petit bouclier qu’on donne aux cavaliers, ne sera ni lourd, ni embarrassant. On en jugera mieux sur l’homme en le voyant. Cette troupe, lorsqu’elle combattra à cheval, devant toujours charger le sabre à la main, le cavalier − par sa posture naturelle à cheval lorsqu’il charge − aura au moyen de ce petit bouclier le bras gauche à couvert, une partie du corps et la tête. Il doit alors aller plus hardiment, il ne songe plus à sa propre défense ni à parer, il ne songe qu’à frapper et vat [sic] droit à toutes jambes, et de bon cœur, à l’ennemi ; manœuvre sûre pour le mettre en fuite. J’ajouterai que, quand même cette arme ne seroit pas à l’épreuve de la balle, qu’elle fera toujours la même impression sur l’esprit des soldats, et c’est tout ce qu’on demande. Nous voyons tous les jours qu’une troupe d’infanterie [Folio 12] un peu harcelée dans une plaine, si elle rencontre une mauvaise haye qui lui vienne seulement aux genoux, elle reprend assurance.

    71Il sera aisé de voir que l’équipement total de [sic] cheval, dans lequel il n’entre ni boucles, ni ardillons40, est bien plus aisé pour le cavalier, bien plus léger pour le cheval, moins coûteux et de plus de durée.

    72Le petit troussequin41 derrière la selle est essentiel. Cette troupe, étant destinée pour inquiéter l’enemi, est dans le cas de se porter quelquefois à vingt lieues sur ses flancs ou sur ses derrières42. Elle ne peut espérer de réussite que de la célérité et doit cacher le plus qu’il lui est possible ses manœuvres. Pouvant porter par le moyen du troussequin pour trois jours de fourages sans qu’il embarasse pour combattre, elle peut cacher plus aisément sa marche pour l’aller et pour le retour. Je suppose encore qu’elle ne soit pas assez forte par elle même pour enlever un poste aux ennemis, le troussequin donne alors la facilité de porter un fantassin en croupe sans que le cavalier ni le fantassin soit gêné.

    [Folio 13] Avantages de ce régiment

    73Par sa composition, sa discipline et son exercice particulier, il a la supériorité à tout autre d’être toujours réuni et toujours divisé, et de ne pouvoir être entamé quel que supérieur que l’enemi soit en nombre, parce que au premier commandement, ce régiment est divisé et subdivisé au point que chaque division n’est plus que de quatre hommes et a cependant un chef qui la conduit.

    74Le point de ralliement donné à 500, à 1000, à 2000 pas, toutes ces divisions conduites par leurs chefs se rassemblent ou en une, ou en deux, ou en quatre troupes, et le total peut se rediviser encore au même instant pour aller se rallier à un autre point donné. Ce régiment ne peut donc être défait, parce que, ou l’ennemi le poursuit en se tenant ensemble, ou il le poursuit en se débandant. S’il le poursuit en se tenant ensemble, certainement il ne peut pas le joindre, s’il poursuit à la débandade, alors, n’ayant ni les mêmes principes ni la même [Folio 14] formation, il n’est pas capable du même ralliement et sa perte est certaine : il est sabré par une troupe rassemblée bien plus vite et qui est toujours beaucoup contre peu quand elle combat, ou qui ne peut pas être atteinte.

    75Ce régiment devant être toujours en avant, il informera perpétuellement le général des manœuvres de l’ennemi et, au moyen de deux officiers dessinateurs qui y seront attachés, le général aura tous les jours, non seulement le plan de la position de l’ennemi, mais des terrains intermédiaires, des défilés, des montagnes, des bois, des plaines, des sinuosités et des gués des rivières. Et le général pourra tirer de ce corps des hommes entendus pour servir de guides aux colonnes de l’armée, lorsqu’elle fera des marches précipitées sur les terrains que ce régiment aura reconnu.

    76Ce régiment sera moins coûteux au roi qu’un autre : il n’a point d’état major, peu d’officiers et le soldat doit toujours vivre au moyen de sa solde, et ne prendre jamais ni pain ni viande à l’armée. Dans les routes qu’il fera en traversant le royaume, il fera toujours en [Folio 15] dix jours le même chemin que les autres font en quinze. Par conséquent, il aura un tiers de célérité de plus, et dans les cas pressés, il pourroit doubler. Par conséquent, moins de dépense pour le roi et les ordres exécutés plus vite.

    77Le colonel donne sa parole que, du jour que le roi lui aura donné l’agrément, en six semaines le régiment sera complet et qu’il n’y aura pas un officier qui ne soit officier de fortune, parvenu aux grades par son mérite, et qui n’ait servi vingt ans. Toutes les évolutions seront commandées en françois et en allemand.

    78Langeois, mestre de camp à la suitte du régiment royal des cravattes depuis mil sept cent quarante sept

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    Peschot, B. (1998). La guérilla à l’époque moderne. In Revue Historique des Armées (Vols. 210, Issue 1, pp. 3-12). PERSEE Program. https://doi.org/10.3406/rharm.1998.4724
    Picaud, S. (2007). La “guerre de partis” au xviie siècle en Europe. In Stratégique: Vol. N° 88 (Issue 1, p. 99). CAIRN. https://doi.org/10.3917/strat.088.0099
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    Cette bibliographie a été enrichie de toutes les références bibliographiques automatiquement générées par Bilbo en utilisant Crossref.

    Corvisier André (dir.), Histoire militaire de la France, t. 2 : De 1715 à 1871, Paris, Presses universitaires de France, 1991.

    Origine et diversité de la petite guerre à l’époque moderne, des guerres d’Italie à la guerre d’Espagne (xvie-xixe siècle), Actes du colloque organisé par le Center for Strategic Studies de l’université de Reading et l’IRSEM, Paris, 10 mai 2012, à paraître.

    Peschot Bernard, « La guérilla à l’époque moderne », Revue historique des armées, 210 (1998), p. 3-12.

    10.3406/rharm.1998.4724 :

    Picaud-Monnerat Sandrine, La petite guerre au xviiie siècle, Paris, Economica, 2010 (voir la bibliographie, la plus exhaustive sur le sujet).

    Picaud-Monnerat Sandrine, « La guerre de partis au xviie siècle en Europe », Stratégique, 88 (2007), p. 101-146.

    10.3917/strat.088.0099 :

    Sapin-Lignieres Victor, Les troupes légères de l’Ancien Régime : les corsaires du roy de l’armée de terre, Saint-Julien-de-Sault, Presses saltusiennes, 1970.

    Satterfield George, Princes, Posts and Partisans : the Army of Louis XIV and Partisan Warfare in the Netherlands, 1673-1678, Leyde, Brill, 2003.

    Notes de bas de page

    1  Afin d’éviter toute confusion concernant les troupes légères, nous nous rapportons à la définition proposée dans S. Picaud-Monnerat, La petite guerre au xviiie siècle, Paris, Economica, 2010, p. 33 : « Au xviiie siècle, l’expression de troupes légères recouvrait une signification mouvante. Strictement, les régiments de hussards n’en faisaient pas partie. Ils prenaient rang dans la cavalerie, jusqu’à ce que la charge de colonel général des hussards fut créée en 1778, faisant des hussards une arme autonome. Les régiments de volontaires et les compagnies franches, c’est-à-dire les deux types de formations qui étaient des “troupes légères” au sens strict, étaient comptés à part de la cavalerie et de l’infanterie. Il ne faut pas confondre les cavaliers et dragons constitués en régiments autonomes de leur arme, et les cavaliers de troupes légères, appelés aussi cavalerie ou dragon ».

    2  SHD, GR 1 M 1729, Joseph Guérin de Frémicourt, Dissertation sur le métier de partisan, s.d., 123.

    3  SHD, GR 1 M 1729, Jean Baptiste Louis Félix de Langeois, Sur la formation d’un nouveau régiment, s.d., 114.

    4  SHD, GR Xb 85 : Provence devenu Monsieur en 1774, et Ya 111 : places du royaume, états de service de tous les officiers, 1763-1786. Pour plus d’informations sur Frémicourt, voir la notice qui lui est consacrée dans : La Fortelle, Fastes militaires, ou Annales des chevaliers des ordres royaux et militaires de France, au service ou retirés, et des gouverneurs, lieutenans de roi et majors des provinces et des places du royaume, Paris, Lambert, 1878-1879, p. 22-25.

    5  Frémicourt est en outre reçu chevalier de Saint-Louis en 1752 : La Fortelle, Fastes militaires…, op. cit., p. 22.

    6  SHD, GR 1 M 1707, Joseph Guérin de Frémicourt, Dissertation sur le poste de lieutenant-colonel, 1755, 12. Frémicourt serait également l’auteur d’observations sur l’instruction pour l’exercice de 1754, ainsi que d’un mémoire portant sur le moyen d’établir une égalité dans toutes les compagnies françaises en 1755 : La Fortelle, Fastes militaires…, op. cit., p. 22.

    7  À ce sujet, voir l’introduction générale du volume par Arnaud Guinier.

    8  SHD, GR Ye 14180 et Xc 40.

    9  F. Bonnefoy, Les armes de guerre portatives en France, du début du règne de Louis XIV à la veille de la Révolution, 1660-1789, Paris, Librairie de l’Inde éditeur, 1991, p. 58-59, et P. Nardin, Gribeauval, lieutenant général des armées du roi (1715-1789), Paris, Cahiers pour la fondation des études de la défense nationale, 1982, p. 202.

    10  L’ordonnance du 21 décembre 1762 réduit le maréchal des logis à l’état de bas officier : B. Deschard, Les Bas-officiers de l’armée royale du milieu du 18e siècle au début de la Révolution. Étude institutionnelle et sociologique, Lille 3, ANRT, 1990, p. 78-79.

    11  Comme le suggère le titre de l’ouvrage de Victor Sapin Lignières (Les troupes légères de l’Ancien Régime : les corsaires du roy de l’armée de terre, Presses saltusiennes, Saint Julien du Sault, 1970), on peut établir un parallèle entre le partisan et le corsaire, et donc la petite guerre et la guerre de course.

    12  Y. Combeau, Le comte d’Argenson (1696-1764), ministre de Louis XV, Paris, École des chartes, 1999, p. 320.

    13  À partir du xvie siècle, l’amincissement des lignes de bataille afin d’augmenter la puissance de feu a en effet progressivement conduit à l’étirement des armées, empêchant toute manœuvre et conduisant à la paralysie des armées européennes à la fin du règne de Louis XIV.

    14  La Croix (Armand-François de, marquis de Castries), Traité de la petite guerre pour les compagnies franches..., Paris, Antoine Boudet, 1752 ; Grandmaison (Thomas-Auguste Le Roy de), La Petite Guerre, ou Traité du service des troupes légères en campagne, s.l., 1756 ; Jeney (Lajos Mihaly de), Le Partisan, ou l’Art de faire la petite guerre avec succès selon le génie de nos jours, La Haye, H. Constapel, 1759 ; Ray de Saint-Geniès (Jacques), L’Officier partisan, Paris, Delalain et Crapard, 1766 ; Wüst (Jean-Georges, baron de), L’Art militaire du partisan, La Haye, s.n., 1766 ; La Roche (comte de), Essai sur la petite guerre, ou Méthode de diriger les différentes opérations d’un corps de deux mille cinq cens hommes de troupes légères, dont seize cens d’infanterie et neuf cens de cavalerie, Paris, Saillant et Nyon, 1770.

    15  S. Picaud-Monnerat, La petite guerre…, op. cit., p. 460.

    16  Cette règle a semble-t-il peu évolué depuis sa formulation initiale en 1639 par Antoine de Ville, selon qui chaque homme de troupe reçoit une part, le maréchal des logis deux, le cornette trois, le lieutenant quatre et le capitaine six (ibid., p. 255).

    17  Ibid., p. 251.

    18  Voir par exemple la vision plus pessimiste de Scouand : SHD, GR 1 M 1721, Mémoire sur les troupes légères, 1756.

    19  Jean-Jacques de La Croix (?-1714), père du théoricien de la petite guerre du même nom. Groustins n’a pu être identifié.

    20  Unités non enrégimentées composées de fantassins ou de dragons. Ces troupes dites « de partisans » sont considérées, avec les hussards et les volontaires, comme les spécialistes de la petite guerre.

    21  Gardes les plus éloignées du camp.

    22  Au cours du xviiie siècle, les souverains autrichiens ont développé des unités de volontaires constituées de cavalerie légère recrutée en Europe centrale et orientale. Au début de la guerre de Succession d’Autriche, la France, en retard sur ce point, commence à lever ses propres régiments de volontaires pour s’opposer aux Autrichiens. La première unité de ce type, les Volontaires de Saxe, constituée de uhlans (lanciers polonais), est créée à la demande du maréchal en 1743. D’autres régiments de volontaires, mixtes cette fois-ci (composés à la fois de cavalerie et d’infanterie), sont levés dès l’année suivante.

    23  Les théoriciens de la petite guerre et les penseurs militaires en général divergent quant à l’emploi de mercenaires étrangers. Ainsi, Beausobre et Turpin de Crissé s’opposent au recrutement de telles troupes, car selon eux, un déserteur ne prendra aucun risque par peur d’être pendu s’il est repris par ses anciens maîtres. Grandmaison, pour sa part, reconnaît la supériorité des troupes de déserteurs étrangers, mais souligne leur manque de fiabilité. Pourtant, si la confiance dont Frémicourt fait preuve à l’égard de ces déserteurs est originale, le fait de recourir à eux dans la pratique l’est beaucoup moins. En effet, des derniers sont nécessaires pour pallier les difficultés du recrutement. Sur ce point, Frémicourt fait donc preuve de pragmatisme et rejoint d’autres théoriciens, comme le comte de La Roche, qui n’exclut pas l’idée d’engager des déserteurs ennemis dans le régiment de troupes légères qu’il propose de former, tout en invitant celui qui les recrute à se montrer prudent et à les faire surveiller : S. Picaud Monnerat, La petite guerre au xviiie siècle…, op. cit., p. 100-102.

    24  Le régiment des gardes wallonnes, unité d’élite de la garde royale espagnole, est créé en 1702 à l’initiative de Louis XIV pour son petit-fils Philippe V d’Espagne. Il est constitué de six bataillons dont les hommes sont principalement recrutés dans les comtés de Hainaut et de Namur, ainsi que dans la principauté de Liège. Ce régiment est dissout en 1822. Sur ce sujet, voir : A. Jansen, Histoire illustrée des gardes wallonnes au service des Bourbons d’Espagne (1702-1822), Bruxelles, Les éditeurs d’art associés, 1989.

    25  Simon Claude Grassin de Glatigny (1696-1776) et Alexis Charles de Magallon, comte de La Morlière (1707-1799). Les arquebusiers de Grassin, levés en 1744, et les fusiliers de La Morlière, levés en 1745, prennent part aux campagnes de Flandre de la guerre de Succession d’Autriche. Sous l’impulsion du maréchal de Saxe, ces unités mixtes se voient confier les missions classiques de la petite guerre (reconnaissances, attaques de fourrages, rupture des communications de l’ennemi, etc.), mais participent également à des actions relevant de la grande (batailles de Fontenoy, de Rocoux et de Lawfeld). Après plusieurs réductions d’effectifs en 1748, les arquebusiers de Grassin et les fusiliers de La Morlière, tout comme les Volontaires bretons, sont versés dans les Volontaires de Flandre en 1749 : V. Sapin Lignières, Les troupes légères de l’Ancien Régime…, op. cit., p. 170-173 et p. 183-185 ; S. Picaud Monnerat, La petite guerre au xviiie siècle…, op. cit., p. 330-361.

    26  Langues correspondant aux théâtres d’opérations où la France intervient le plus fréquemment au milieu du xviiie siècle.

    27  Frémicourt renvoie probablement ici à la connaissance des langues et de la géographie.

    28  Les Quatre livres des stratagèmes de Sextius Julius Frontin (vers 40 après J.-C.-vers 103 après J.-C.). Cet ouvrage a notamment été réédité en 1731 par Cornelius Oudendorp de Leyde.

    29  La plupart des théoriciens qui œuvrent pour la réhabilitation de la petite guerre insistent sur la nécessité de respecter le droit de la guerre. Constitué dès l’Antiquité sous la forme de lois coutumières, celui-ci a fait l’objet de nombreux traités, comme ceux de Saint Augustin, Thomas d’Aquin, Francisco de Vitoria ou encore Hugo Grotius. Tous délimitent le cadre dans lequel la guerre doit s’exercer, condamnant notamment les actes de pillage et de violence perpétrés à l’encontre des populations civiles.

    30  À proximité de l’ennemi, les troupes couchent au bivouac, c’est-à-dire à la belle étoile, sans déployer leurs tentes. Les soldats restent sur leur garde, armés et habillés.

    31  Les contributions sont plus exactement des prélèvements effectués en pays ennemi (en argent, en vivres, en fourrages, en moyens de transport) qui alimentent la conduite de la guerre.

    32  Établi en temps de guerre uniquement, l’intendant d’armée est un maître des requêtes commissionné responsable du paiement des troupes, de la fourniture des vivres et des fourrages, du règlement des contributions, du service des hôpitaux ou encore de l’exécution des ordonnances royales. Au xviiie siècle, il s’agit généralement de l’intendant ordinairement en charge de la province voisine du théâtre des opérations.

    33  Ce plan a visiblement été perdu.

    34  En 1763, tous les régiments prennent l’habit bleu dit « à la polonaise », que portent depuis vingt ans Royal Allemand et Royal Pologne, sans pli à la hanche, sans poche et coupé à trois pouces de terre l’homme étant à genoux. La coupe de cet uniforme garantit donc la légèreté des troupes qui le portent, ce qui explique le choix de Langeois. Voir L. Mouillard, Les régiments sous Louis XV : constitution de tous les corps de troupes à la solde de la France pendant les guerres de Succession à l’Empire et de Sept Ans, Paris, J. Dumaine, 1882, p. 173.

    35  En 1757, le maréchal de Belle Isle, ministre de la Guerre, décide de fabriquer un nouveau fusil à culasse. Il s’agit du fusil Vincennes, dont la fabrication est confiée à la manufacture de Joseph Pâris-Duverney (1684-1779), installée dans le château de Vincennes. Mais en raison du manque de main d’œuvre qualifiée et de l’absence de force motrice, la mise au point n’est pas satisfaisante et la production est abandonnée dès 1759. Cette expérience, qui débouche sur de nouvelles tentatives, témoigne de l’intérêt porté pour les fusils à culasse dès le début des années 1740, en particulier par le maréchal de Saxe. Ceux-ci permettent en effet de répondre aux deux grandes préoccupations des chefs militaires du temps : alléger l’arme et accroître la rapidité du chargement : F. Bonnefoy, Les armes de guerre portatives en France…, op. cit., p. 58-59 et P. Nardin, Gribeauval…, op. cit., p. 202.

    36  Les inconvénients du mousqueton sont exposés par Beausobre et Grandmaison : casse fréquente (du chien, de la pierre, de la vis ou de la baguette), beaucoup de bruit pour un maigre résultat du feu et moins bonne maniabilité que la carabine de 90 cm de long des hussards levés par les Autrichiens : S. Picaud-Monnerat, La petite guerre au xviiie siècle..., op. cit., p. 221. Quant à la carabine, elle présente deux inconvénients majeurs : un chargement long et compliqué en raison du canon rayé, et la difficile insertion de la balle.

    37  Le fusil de Vincennes se charge par la culasse, l’amorçage est automatique, la balle forcée. Le tonnerre du canon est mobile, terminé à sa partie avant par une vis tronconique. Une manivelle, fixée sur cette partie, permet de lui faire effectuer un demi-tour. Le canon est ensuite déverrouillé et avancé avec une poignée. L’arme étant à la verticale, la poudre est versée dans la partie arrière, la balle placée sur la poudre. Le diamètre de la chambre est un peu plus fort que celui du canon, ce qui force la balle au moment du verrouillage. Enfin, l’amorçage se fait par une lumière percée dans le fond de la chambre : F. Bonnefoy, Les armes de guerre portatives en France..., op. cit., p. 59.

    38  Le terme « cartouche » doit être ici entendu au sens de porte-cartouches.

    39  Petit bouclier rond utilisé par certains gladiateurs de la Rome antique, les palmulaires.

    40  Pointe fixée sur la boucle de la sangle pour en assurer la fermeture en pénétrant dans un des trous de la courroie. Certains théoriciens de la petite guerre, comme La Croix, conseillent d’employer des brides à boucles permettant de retirer le mors afin de faire paître les chevaux sans avoir à débrider : S. Picaud-Monnerat, La petite guerre..., op. cit., p. 217.

    41  Pièce de bois qui s’élève sur le derrière d’une selle.

    42  Soit environ 80 km.

    Notes de fin

    a  Mot difficilement lisible, il pourrait s’agir de « la vie ».

    b  En marge : « c’est avec cette façon de combattre que les Parthes ont détruit l’armée romaine commandée par Crassus dans le temps le plus florissant de la République, et que les armées étoient en plus grande réputation de discipline et de valeur. Antoine pensa peu de temps après à éprouver les mêmes choses, et ce ne fut que par une retraitte précipitée, sa grande expérience et la perte de la moitié de son armée, qu’il évitat [sic] une défaitte totale ». Référence aux échecs contre les Parthes de Crassus (53 avant J.-C.) et de Marc-Antoine (40 avant J.-C.).

    Auteur

    • Arthur Gerard

      A obtenu un master 1 d’histoire moderne à l’université de Bourgogne, où il a soutenu un mémoire sur les violences jugées inouïes pendant les guerres de Religion sous la direction de David El Kenz. Il a soutenu en 2013 à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne un mémoire de master 2 sur la campagne d’Auneau (août-décembre 1587) sous la direction d’Hervé Drévillon.

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    1  Afin d’éviter toute confusion concernant les troupes légères, nous nous rapportons à la définition proposée dans S. Picaud-Monnerat, La petite guerre au xviiie siècle, Paris, Economica, 2010, p. 33 : « Au xviiie siècle, l’expression de troupes légères recouvrait une signification mouvante. Strictement, les régiments de hussards n’en faisaient pas partie. Ils prenaient rang dans la cavalerie, jusqu’à ce que la charge de colonel général des hussards fut créée en 1778, faisant des hussards une arme autonome. Les régiments de volontaires et les compagnies franches, c’est-à-dire les deux types de formations qui étaient des “troupes légères” au sens strict, étaient comptés à part de la cavalerie et de l’infanterie. Il ne faut pas confondre les cavaliers et dragons constitués en régiments autonomes de leur arme, et les cavaliers de troupes légères, appelés aussi cavalerie ou dragon ».

    2  SHD, GR 1 M 1729, Joseph Guérin de Frémicourt, Dissertation sur le métier de partisan, s.d., 123.

    3  SHD, GR 1 M 1729, Jean Baptiste Louis Félix de Langeois, Sur la formation d’un nouveau régiment, s.d., 114.

    4  SHD, GR Xb 85 : Provence devenu Monsieur en 1774, et Ya 111 : places du royaume, états de service de tous les officiers, 1763-1786. Pour plus d’informations sur Frémicourt, voir la notice qui lui est consacrée dans : La Fortelle, Fastes militaires, ou Annales des chevaliers des ordres royaux et militaires de France, au service ou retirés, et des gouverneurs, lieutenans de roi et majors des provinces et des places du royaume, Paris, Lambert, 1878-1879, p. 22-25.

    5  Frémicourt est en outre reçu chevalier de Saint-Louis en 1752 : La Fortelle, Fastes militaires…, op. cit., p. 22.

    6  SHD, GR 1 M 1707, Joseph Guérin de Frémicourt, Dissertation sur le poste de lieutenant-colonel, 1755, 12. Frémicourt serait également l’auteur d’observations sur l’instruction pour l’exercice de 1754, ainsi que d’un mémoire portant sur le moyen d’établir une égalité dans toutes les compagnies françaises en 1755 : La Fortelle, Fastes militaires…, op. cit., p. 22.

    7  À ce sujet, voir l’introduction générale du volume par Arnaud Guinier.

    8  SHD, GR Ye 14180 et Xc 40.

    9  F. Bonnefoy, Les armes de guerre portatives en France, du début du règne de Louis XIV à la veille de la Révolution, 1660-1789, Paris, Librairie de l’Inde éditeur, 1991, p. 58-59, et P. Nardin, Gribeauval, lieutenant général des armées du roi (1715-1789), Paris, Cahiers pour la fondation des études de la défense nationale, 1982, p. 202.

    10  L’ordonnance du 21 décembre 1762 réduit le maréchal des logis à l’état de bas officier : B. Deschard, Les Bas-officiers de l’armée royale du milieu du 18e siècle au début de la Révolution. Étude institutionnelle et sociologique, Lille 3, ANRT, 1990, p. 78-79.

    11  Comme le suggère le titre de l’ouvrage de Victor Sapin Lignières (Les troupes légères de l’Ancien Régime : les corsaires du roy de l’armée de terre, Presses saltusiennes, Saint Julien du Sault, 1970), on peut établir un parallèle entre le partisan et le corsaire, et donc la petite guerre et la guerre de course.

    12  Y. Combeau, Le comte d’Argenson (1696-1764), ministre de Louis XV, Paris, École des chartes, 1999, p. 320.

    13  À partir du xvie siècle, l’amincissement des lignes de bataille afin d’augmenter la puissance de feu a en effet progressivement conduit à l’étirement des armées, empêchant toute manœuvre et conduisant à la paralysie des armées européennes à la fin du règne de Louis XIV.

    14  La Croix (Armand-François de, marquis de Castries), Traité de la petite guerre pour les compagnies franches..., Paris, Antoine Boudet, 1752 ; Grandmaison (Thomas-Auguste Le Roy de), La Petite Guerre, ou Traité du service des troupes légères en campagne, s.l., 1756 ; Jeney (Lajos Mihaly de), Le Partisan, ou l’Art de faire la petite guerre avec succès selon le génie de nos jours, La Haye, H. Constapel, 1759 ; Ray de Saint-Geniès (Jacques), L’Officier partisan, Paris, Delalain et Crapard, 1766 ; Wüst (Jean-Georges, baron de), L’Art militaire du partisan, La Haye, s.n., 1766 ; La Roche (comte de), Essai sur la petite guerre, ou Méthode de diriger les différentes opérations d’un corps de deux mille cinq cens hommes de troupes légères, dont seize cens d’infanterie et neuf cens de cavalerie, Paris, Saillant et Nyon, 1770.

    15  S. Picaud-Monnerat, La petite guerre…, op. cit., p. 460.

    16  Cette règle a semble-t-il peu évolué depuis sa formulation initiale en 1639 par Antoine de Ville, selon qui chaque homme de troupe reçoit une part, le maréchal des logis deux, le cornette trois, le lieutenant quatre et le capitaine six (ibid., p. 255).

    17  Ibid., p. 251.

    18  Voir par exemple la vision plus pessimiste de Scouand : SHD, GR 1 M 1721, Mémoire sur les troupes légères, 1756.

    19  Jean-Jacques de La Croix (?-1714), père du théoricien de la petite guerre du même nom. Groustins n’a pu être identifié.

    20  Unités non enrégimentées composées de fantassins ou de dragons. Ces troupes dites « de partisans » sont considérées, avec les hussards et les volontaires, comme les spécialistes de la petite guerre.

    21  Gardes les plus éloignées du camp.

    22  Au cours du xviiie siècle, les souverains autrichiens ont développé des unités de volontaires constituées de cavalerie légère recrutée en Europe centrale et orientale. Au début de la guerre de Succession d’Autriche, la France, en retard sur ce point, commence à lever ses propres régiments de volontaires pour s’opposer aux Autrichiens. La première unité de ce type, les Volontaires de Saxe, constituée de uhlans (lanciers polonais), est créée à la demande du maréchal en 1743. D’autres régiments de volontaires, mixtes cette fois-ci (composés à la fois de cavalerie et d’infanterie), sont levés dès l’année suivante.

    23  Les théoriciens de la petite guerre et les penseurs militaires en général divergent quant à l’emploi de mercenaires étrangers. Ainsi, Beausobre et Turpin de Crissé s’opposent au recrutement de telles troupes, car selon eux, un déserteur ne prendra aucun risque par peur d’être pendu s’il est repris par ses anciens maîtres. Grandmaison, pour sa part, reconnaît la supériorité des troupes de déserteurs étrangers, mais souligne leur manque de fiabilité. Pourtant, si la confiance dont Frémicourt fait preuve à l’égard de ces déserteurs est originale, le fait de recourir à eux dans la pratique l’est beaucoup moins. En effet, des derniers sont nécessaires pour pallier les difficultés du recrutement. Sur ce point, Frémicourt fait donc preuve de pragmatisme et rejoint d’autres théoriciens, comme le comte de La Roche, qui n’exclut pas l’idée d’engager des déserteurs ennemis dans le régiment de troupes légères qu’il propose de former, tout en invitant celui qui les recrute à se montrer prudent et à les faire surveiller : S. Picaud Monnerat, La petite guerre au xviiie siècle…, op. cit., p. 100-102.

    24  Le régiment des gardes wallonnes, unité d’élite de la garde royale espagnole, est créé en 1702 à l’initiative de Louis XIV pour son petit-fils Philippe V d’Espagne. Il est constitué de six bataillons dont les hommes sont principalement recrutés dans les comtés de Hainaut et de Namur, ainsi que dans la principauté de Liège. Ce régiment est dissout en 1822. Sur ce sujet, voir : A. Jansen, Histoire illustrée des gardes wallonnes au service des Bourbons d’Espagne (1702-1822), Bruxelles, Les éditeurs d’art associés, 1989.

    25  Simon Claude Grassin de Glatigny (1696-1776) et Alexis Charles de Magallon, comte de La Morlière (1707-1799). Les arquebusiers de Grassin, levés en 1744, et les fusiliers de La Morlière, levés en 1745, prennent part aux campagnes de Flandre de la guerre de Succession d’Autriche. Sous l’impulsion du maréchal de Saxe, ces unités mixtes se voient confier les missions classiques de la petite guerre (reconnaissances, attaques de fourrages, rupture des communications de l’ennemi, etc.), mais participent également à des actions relevant de la grande (batailles de Fontenoy, de Rocoux et de Lawfeld). Après plusieurs réductions d’effectifs en 1748, les arquebusiers de Grassin et les fusiliers de La Morlière, tout comme les Volontaires bretons, sont versés dans les Volontaires de Flandre en 1749 : V. Sapin Lignières, Les troupes légères de l’Ancien Régime…, op. cit., p. 170-173 et p. 183-185 ; S. Picaud Monnerat, La petite guerre au xviiie siècle…, op. cit., p. 330-361.

    26  Langues correspondant aux théâtres d’opérations où la France intervient le plus fréquemment au milieu du xviiie siècle.

    27  Frémicourt renvoie probablement ici à la connaissance des langues et de la géographie.

    28  Les Quatre livres des stratagèmes de Sextius Julius Frontin (vers 40 après J.-C.-vers 103 après J.-C.). Cet ouvrage a notamment été réédité en 1731 par Cornelius Oudendorp de Leyde.

    29  La plupart des théoriciens qui œuvrent pour la réhabilitation de la petite guerre insistent sur la nécessité de respecter le droit de la guerre. Constitué dès l’Antiquité sous la forme de lois coutumières, celui-ci a fait l’objet de nombreux traités, comme ceux de Saint Augustin, Thomas d’Aquin, Francisco de Vitoria ou encore Hugo Grotius. Tous délimitent le cadre dans lequel la guerre doit s’exercer, condamnant notamment les actes de pillage et de violence perpétrés à l’encontre des populations civiles.

    30  À proximité de l’ennemi, les troupes couchent au bivouac, c’est-à-dire à la belle étoile, sans déployer leurs tentes. Les soldats restent sur leur garde, armés et habillés.

    31  Les contributions sont plus exactement des prélèvements effectués en pays ennemi (en argent, en vivres, en fourrages, en moyens de transport) qui alimentent la conduite de la guerre.

    32  Établi en temps de guerre uniquement, l’intendant d’armée est un maître des requêtes commissionné responsable du paiement des troupes, de la fourniture des vivres et des fourrages, du règlement des contributions, du service des hôpitaux ou encore de l’exécution des ordonnances royales. Au xviiie siècle, il s’agit généralement de l’intendant ordinairement en charge de la province voisine du théâtre des opérations.

    33  Ce plan a visiblement été perdu.

    34  En 1763, tous les régiments prennent l’habit bleu dit « à la polonaise », que portent depuis vingt ans Royal Allemand et Royal Pologne, sans pli à la hanche, sans poche et coupé à trois pouces de terre l’homme étant à genoux. La coupe de cet uniforme garantit donc la légèreté des troupes qui le portent, ce qui explique le choix de Langeois. Voir L. Mouillard, Les régiments sous Louis XV : constitution de tous les corps de troupes à la solde de la France pendant les guerres de Succession à l’Empire et de Sept Ans, Paris, J. Dumaine, 1882, p. 173.

    35  En 1757, le maréchal de Belle Isle, ministre de la Guerre, décide de fabriquer un nouveau fusil à culasse. Il s’agit du fusil Vincennes, dont la fabrication est confiée à la manufacture de Joseph Pâris-Duverney (1684-1779), installée dans le château de Vincennes. Mais en raison du manque de main d’œuvre qualifiée et de l’absence de force motrice, la mise au point n’est pas satisfaisante et la production est abandonnée dès 1759. Cette expérience, qui débouche sur de nouvelles tentatives, témoigne de l’intérêt porté pour les fusils à culasse dès le début des années 1740, en particulier par le maréchal de Saxe. Ceux-ci permettent en effet de répondre aux deux grandes préoccupations des chefs militaires du temps : alléger l’arme et accroître la rapidité du chargement : F. Bonnefoy, Les armes de guerre portatives en France…, op. cit., p. 58-59 et P. Nardin, Gribeauval…, op. cit., p. 202.

    36  Les inconvénients du mousqueton sont exposés par Beausobre et Grandmaison : casse fréquente (du chien, de la pierre, de la vis ou de la baguette), beaucoup de bruit pour un maigre résultat du feu et moins bonne maniabilité que la carabine de 90 cm de long des hussards levés par les Autrichiens : S. Picaud-Monnerat, La petite guerre au xviiie siècle..., op. cit., p. 221. Quant à la carabine, elle présente deux inconvénients majeurs : un chargement long et compliqué en raison du canon rayé, et la difficile insertion de la balle.

    37  Le fusil de Vincennes se charge par la culasse, l’amorçage est automatique, la balle forcée. Le tonnerre du canon est mobile, terminé à sa partie avant par une vis tronconique. Une manivelle, fixée sur cette partie, permet de lui faire effectuer un demi-tour. Le canon est ensuite déverrouillé et avancé avec une poignée. L’arme étant à la verticale, la poudre est versée dans la partie arrière, la balle placée sur la poudre. Le diamètre de la chambre est un peu plus fort que celui du canon, ce qui force la balle au moment du verrouillage. Enfin, l’amorçage se fait par une lumière percée dans le fond de la chambre : F. Bonnefoy, Les armes de guerre portatives en France..., op. cit., p. 59.

    38  Le terme « cartouche » doit être ici entendu au sens de porte-cartouches.

    39  Petit bouclier rond utilisé par certains gladiateurs de la Rome antique, les palmulaires.

    40  Pointe fixée sur la boucle de la sangle pour en assurer la fermeture en pénétrant dans un des trous de la courroie. Certains théoriciens de la petite guerre, comme La Croix, conseillent d’employer des brides à boucles permettant de retirer le mors afin de faire paître les chevaux sans avoir à débrider : S. Picaud-Monnerat, La petite guerre..., op. cit., p. 217.

    41  Pièce de bois qui s’élève sur le derrière d’une selle.

    42  Soit environ 80 km.

    a  Mot difficilement lisible, il pourrait s’agir de « la vie ».

    b  En marge : « c’est avec cette façon de combattre que les Parthes ont détruit l’armée romaine commandée par Crassus dans le temps le plus florissant de la République, et que les armées étoient en plus grande réputation de discipline et de valeur. Antoine pensa peu de temps après à éprouver les mêmes choses, et ce ne fut que par une retraitte précipitée, sa grande expérience et la perte de la moitié de son armée, qu’il évitat [sic] une défaitte totale ». Référence aux échecs contre les Parthes de Crassus (53 avant J.-C.) et de Marc-Antoine (40 avant J.-C.).

    Les lumières de la guerre, Volume 1

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    Gerard, A. (2015). Le métier de partisan au siècle des Lumières. In A. Guinier & H. Drévillon (éds.), Les lumières de la guerre, Volume 1 (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.91940
    Gerard, Arthur. « Le métier de partisan au siècle des Lumières ». In Les lumières de la guerre, Volume 1, édité par Arnaud Guinier et Hervé Drévillon. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2015. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.91940.
    Gerard, Arthur. « Le métier de partisan au siècle des Lumières ». Les lumières de la guerre, Volume 1, édité par Arnaud Guinier et Hervé Drévillon, Éditions de la Sorbonne, 2015, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.91940.

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    Guinier, A., & Drévillon, H. (éds.). (2015). Les lumières de la guerre, Volume 1 (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.91875
    Guinier, Arnaud, et Hervé Drévillon, éd. Les lumières de la guerre, Volume 1. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2015. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.91875.
    Guinier, Arnaud, et Hervé Drévillon, éditeurs. Les lumières de la guerre, Volume 1. Éditions de la Sorbonne, 2015, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.91875.
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