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    Plan détaillé Texte intégral La rédaction des registres d’admission La structuration des registres d’admission La composition des notices d’enregistrement Notes de bas de page Auteur

    La construction du militaire, Volume 3

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Quand l’homme devint un numéro

    L’apparition du matricule militaire dans les registres de l’hôtel royal des invalides (XVIIe-XVIIIe siècle)

    Élisabeth Belmas

    p. 221-233

    Résumé

    Exceptionnels par leur richesse et leur continuité, puisqu’ils se succèdent, presque sans lacune, de 1670 au lendemain de la Première Guerre mondiale, les registres d’admission à l’Hôtel royal des Invalides ont permis d’entreprendre une enquête d’épidémiologie historique d’envergure : 47 registres, réunissant plus de 110 000 notices consignées de 1670 à 1791, ont été soumis à un sondage aléatoire au 1/10e. Les 11 528 signalements ainsi rassemblés ont permis de mieux connaître l’état de santé d’une partie de la population adulte masculine dans la France moderne. Chemin faisant, leur étude a livré également une foule d’informations de nature diverse. Ainsi l’analyse de l’organisation interne des registres a-t-elle montré comment se sont mis en place les outils administratifs d’identification des individus à l’époque moderne. En l’espace d’une dizaine d’années - de 1670 à 1680 -, les secrétaires gardes des archives sont passés d’une identification par le prénom et le patronyme à l’attribution d’un numéro matricule. C’est aux Invalides que l’homme est, semble-t-il, devenu un numéro.

    Texte intégral La rédaction des registres d’admission La structuration des registres d’admission La composition des notices d’enregistrement Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Exceptionnels par leur richesse et leur continuité, puisqu’ils se succèdent, presque sans lacune, de 1670 au lendemain de la Première Guerre mondiale, les registres d’admission à l’Hôtel royal des Invalides - regroupés au SHD dans la sous-série Xy composée de 374 registres, dont 279 pour les entrées jusqu’au milieu du xixe siècle1 -, offrent un fonds d’archives unique, déjà brillamment exploité par l’histoire militaire et sociale2. Ils ont permis d’entreprendre une enquête d’épidémiologie historique d’envergure : 47 registres, réunissant plus de 110000 notices consignées de 1670 à 1791, ont été soumis à un sondage aléatoire au dixième. Les 11528 signalements ainsi rassemblés permettront de mieux connaître l’état de santé d’une partie de la population adulte masculine dans la France moderne. Chemin faisant, leur étude a livré également une foule d’informations, que l’on ne saurait qualifier d’annexes, sur les structures de la célèbre institution, leur fonctionnement et leur évolution. Ainsi l’analyse de l’organisation interne des registres renseigne-t-elle sur la définition progressive des pratiques d’identification militaires et plus largement des outils administratifs d’identification des individus à l’époque moderne3. Trois aspects en seront abordés, leur origine et leur structuration ainsi que la composition des notices d’enregistrement.

    La rédaction des registres d’admission

    2La préparation des registres d’admission était confiée aux gardes des archives de l’Hôtel royal des Invalides, qui, dès 1675, étaient également chargés de la conservation de l’ensemble des documents produits par l’institution4 : huit secrétaires-archivistes ont exercé cette fonction de 1675 à 1793.

    3Il s’agissait à l’origine d’une commission décernée - de façon temporaire - à un invalide instruit et méritant. Le premier titulaire, en 1675, en était un dénommé Henriette. Après lui, cinq secrétaires furent ainsi recrutés, les sieurs Laignel en 1676, Le Jeune en 1678, Joly en 1683 et Pelletier père en 16855. La fonction s’institutionnalisa en 1722, lorsque sous la Régence, fut créée une charge permanente de secrétaire garde des archives, dont le détenteur serait nommé par le directeur de l’Hôtel royal, lequel était alors Claude Le Blanc, un administrateur chevronné issu de la haute robe, membre influent du Conseil de la guerre depuis 1716 ; rédacteur de l’ordonnance de 1716 qui rationalisait et généralisait la tenue des contrôles de troupes, il accéda au secrétariat d’État à la Guerre de 1718 à 1723 puis de 1726 à 17286. Claude Le Blanc conféra le titre de secrétaire garde des archives à Pelletier père qui occupait le poste par commission depuis 16857. La charge resta attribuée à d’anciens soldats jusqu’au milieu du xviiie siècle. Ainsi, Pelletier père, qui souhaitait la transmettre à son fils, poussa-t-il ce dernier à s’engager dans les dragons - où il servit six ans -, afin de pouvoir arguer de services militaires8. À partir de 1758, la charge échut à des commis ou à des secrétaires issus des bureaux du Secrétariat d’État à la Guerre, souvent des clients des ministres, à l’image de Jacques Clément Lefebvre, un protégé du marquis de Paulmy en 1758. Ce fut également le cas de Hecquet (1764-1793), neveu de Lefebvre, qui lui succéda, et qui fut sans conteste le meilleur secrétaire archiviste du siècle des Lumières ; on lui doit en particulier le premier récolement topographique des fonds en 1793. Les secrétaires-archivistes étaient secondés par un ou plusieurs greffiers - probablement des invalides lettrés -, puis dès le premier tiers du xviiie siècle, par un secrétaire adjoint, à l’instar de Claude Pierre Michel Préau, sous-secrétaire de l’Hôtel en décembre 1739, admis comme invalide à l’âge de trente-neuf ans, « en considération de neuf années de service qu’il a rendues audit Hotel, la veüe luy ayant considérablement baissée par le long travail qu’il a fait à l’enregistrement des officiers et soldats depuis qu’il est audit emploi9 ».

    4À la différence des comptes de l’Hôtel, entreposés dans le cabinet du chef du bureau des archives et dans son antichambre pendant l’époque moderne, les registres d’admission étaient conservés dans le bureau des archives proprement dit, avant d’être déménagés dans le grenier des Invalides où ils furent relégués jusqu’en 1902. Attribués au ministère de la Guerre au moment de la réorganisation de l’institution, ils furent rétrocédés en mars 1916 à l’Établissement national des Invalides. En 1965 enfin, les fonds furent définitivement versés au Service historiqus de l’armée de terre (SHAT)10. À cette occasion, pour les archives administratives, était créée la sous-série Xy - elle-même subdivisée en quatre -, qui comprend les registres d’admission sous la cote 2 Xy.

    5Un bref rappel des procédures d’admission à l’Hôtel royal s’avère indispensable pour bien saisir les caractéristiques formelles de ces registres.

    6L’édit du 24 février 1670 prévoyait que, pour être reçus à l’Hôtel des Invalides, les postulants devaient justifier de dix ans d’ancienneté11, portés à vingt ans en 171012, à moins d’apporter la preuve qu’ils étaient « hors d’état de servir ». Réduite brièvement à trois engagements dans le même régiment - à savoir dix-huit ans -, en 172913, la durée des services demandés était reportée en décembre 1730 à vingt ans ou deux engagements de six ans sauf en cas d’infirmité ; elle excluait en outre ceux auxquels leur âge et leur état de santé permettaient encore de servir, bien qu’ils aient accompli le temps prescrit14. Si la création de la pension d’invalidité militaire en 1764 ne modifia pas les critères d’âge pour être admis à l’Hôtel royal15, la réforme de 1776 en réserva l’accès aux hommes impotents au point de ne pouvoir assurer leur subsistance ou âgés de soixante-dix ans révolus16, des dispositions que confirma le règlement d’octobre 178317. Toutefois, la sévérité des textes ne doit pas abuser le lecteur contemporain : les dérogations, continuelles, nombreuses et variées, ont assurément contribué à la croissance des effectifs, avant et après la réforme de 1776.

    7Au terme d’une procédure longue et complexe, à la fois militaire, administrative et médicale, qui éliminait un grand nombre d’hommes - dans notre cohorte qui regroupe 11528 invalides, il s’écoulait en moyenne un peu plus de six ans entre le problème de santé le plus récent et l’admission -, les candidats parvenaient enfin à l’Hôtel royal des Invalides. À leur arrivée, ils devaient se faire enregistrer par le secrétaire, auquel ils remettaient leurs passeports, congés et états de service et apportaient, si besoin était, des précisions complémentaires18 ; ils passaient également devant le chirurgien-major de l’Hôtel qui, parfois, jugeait leurs blessures insuffisantes. En attendant leur comparution devant le conseil de l’Hôtel, le secrétaire-archiviste préparait sur le registre d’admission un résumé de leurs passeports et certificats divers19. Les séances d’admission se déroulaient le samedi au début, puis le jeudi, en présence du ministre, du gouverneur, des membres du conseil de l’Hôtel, de l’état-major, et jusqu’en 1764-1765 devant le postulant20. Après avoir écouté le rapport lu à voix haute par le secrétaire-archiviste et examiné la validité des différents titres et certificats produits par le candidat, le conseil se prononçait sur son sort. C’est alors que le ministre-directeur ajoutait la mention « receu » ou « resfusé » à côté de la notice correspondante, spécifiant brièvement dans la marge du registre la classe de réception - « soldat », « cavalier », « bas-officier », « officier »- ou le motif du refus21.

    8Le secrétaire transmettait ensuite la liste des reçus au major, au contrôleur des bâtiments et au commissaire responsable des dépenses pour qu’ils effectuent les formalités d’entrée22. De 1670 à 1791, dans notre cohorte, 11141 militaires sur 11528 (96,6 %) furent ainsi admis, alors que 383 (3,3 %) étaient refusés. Certains candidats rejetés une première fois étaient agréés par la suite, soit parce qu’ils s’étaient procuré les certificats qui leur faisaient défaut, soit parce qu’ils avaient accompli les années supplémentaires de service leur permettant d’intégrer l’Hôtel royal, ou bien encore en vertu d’une grâce du roi, du secrétaire d’État à la Guerre ou du gouverneur.

    9Ainsi tous les soldats, bas-officiers et officiers qui ont postulé à l’Hôtel royal des Invalides ont-ils été enregistrés23 ; même s’ils n’ont pas été admis dans la prestigieuse institution, ils ont laissé une trace de leur passage, consignée dans ses registres.

    La structuration des registres d’admission

    10L’analyse de la structuration des registres d’admission et de leur évolution montre qu’ils ont acquis progressivement la forme qu’ils conserveront jusqu’à la Révolution française. Leurs configurations successives reflètent la maturation des procédés d’identification des individus auxquels les administrateurs militaires réfléchissaient dès la fin du xviiesiècle. On distingue nettement deux périodes : aux tâtonnements des années 1670- 1677 succède en effet l’ordonnancement qui dure jusqu’en 1791.

    11Dans une première période - qui s’étend du 1er octobre 1670 au 25 décembre 1677 et correspond aux registres 2 Xy 1 à 2 Xy 5 -, les secrétaires-archivistes ont visiblement hésité entre deux modes d’organisation desdits registres.

    12Les registres 2 Xy 1 - du 1er octobre 1670 au 29 septembre 1674 -, et 2 Xy 2 - du 1er octobre 1674 au 8 juin 1675 - se présentent comme des in-folios, dans lesquels les hommes étaient enregistrés selon l’ordre alphabétique des prénoms, ce qui obligeait les greffiers à conserver des pages blanches entre chaque lettre de l’alphabet, de façon à inscrire les nouveaux arrivants [Figure 1].

    13Le tout premier registre - 2 Xy 1 -, qui commence avec l’Hôtel des soldats estropiés installé rue du Cherche-Midi24, compte 149 feuillets, numérotés d’une façon irrégulière et incomplète. Le titre « roolle des officiers, sergens, cavalliers et soldaz receu dans l’hostel des soldats estropiez estably par ordre du Roy » apparaît au folio 21 tandis que les 20 premières pages réunissent des enregistrements datant de 1674, c’est-à-dire de l’année où les militaires invalides ont quitté leur résidence du faubourg Saint-Germain pour s’installer à l’Hôtel royal alors en voie d’achèvement. Le registre 2 Xy 2 - 248 feuillets au total - est établi selon le même principe de classement que 2 Xy 1. Toutefois, sur la page liminaire, à côté du titre, figure une table des manières rudimentaire, précisant le folio où débutent les différentes lettres de l’alphabet [Figure 2]. Le registre n’a pas été rempli entièrement : 182 feuillets sont demeurés vierges et de nombreuses pages blanches suivent la liste des postulants pour chaque lettre de l’alphabet.

    14Ce procédé d’enregistrement initial ne semble pas avoir donné satisfaction ; le registre 2 Xy 2 est abandonné à partir du 8 juin 1675, au bout de huit mois de mise en service et bien qu’il soit plus volumineux que 2 Xy 1. Il est vrai que non seulement la structuration par ordre alphabétique des prénoms offrait l’opportunité de frauder en ajoutant des impétrants sur les pages laissées vierges, mais qu’elle consommait de grandes quantités de papier.

    15L’agencement des registres 2 Xy 3 - du 27 juin 1676 au 30 février 1677 -, 2 Xy 4 - du 20 février 1677 au 24 juillet 1677 - et 2 Xy 5 - du 31 juillet 1677 au 25 décembre 1677 - diffère des deux précédents. Ce sont des volumes in-quarto, toujours foliotés, nettement moins touffus puisque 2 Xy 3 comprend 81 feuillets et 2 Xy 5, 68 seulement. L’inscription des pensionnaires est répertoriée à la date des séances du Conseil d’administration qui s’était prononcé sur leur admission [Figure 3]. Les pages blanches intercalaires ont disparu, ce qui contribuait à restreindre les fraudes tout en réalisant des économies de papier. Cependant, en raison de leur faible volume, les registres 2 Xy 3, 4 et 5 ne contiennent que six mois d’inscriptions chacun. Au moment où le nombre des inscrits s’envolait, il aurait donc fallu multiplier les livres d’admission, avec tous les inconvénients de stockage et de coût, les risques de perte et de vol que cela entraînait. Il n’est pas impossible qu’un tel incident soit arrivé, puisque la série originale des registres comporte une lacune d’un an ; les inscriptions effectuées entre le 8 juin 1675 (2 Xy 2) et le 27 juin 1676 (2 Xy 3) faisant défaut25.

    16En 1677, l’ensemble des registres est refondu tandis qu’une présentation différente des enregistrements est expérimentée. Les registres 2 Xy 6 - du 1er octobre 1670 au 28 décembre 1675 - et 2 Xy 7 - du 1er janvier 1676 au 25 décembre 1677 - recopient l’ensemble des notices d’invalides consignées depuis la fondation de l’Hôtel royal [Figure 4]. Revenus au format in-folio - qui restera usité jusqu’à la fin de l’Ancien Régime -, les volumes sont désormais épais : 293 feuillets - tous foliotés -, dans 2 Xy 6 par exemple, qui comptent 1481 notices d’inscription. Parallèlement, 2 Xy 6 et 7 reprennent une nomenclature suivant l’ordre alphabétique des prénoms, en gardant des feuillets blancs à chaque lettre [Figure 5]. Les deux registres offrent toutefois plusieurs innovations comme l’utilisation de l’année civile et une table alphabétique des hommes inscrits, rangés cette fois-ci à la date de leur comparution devant le Conseil d’administration, d’après l’ordre alphabétique des prénoms. Devant le nom de chaque postulant figure en outre le numéro de la page correspondante dans le registre, ce qui en facilite la consultation. Au sein des registres, chaque notice individuelle est précédée d’un numéro ; 2 Xy 6 s’ouvre ainsi sur le numéro 1 et se ferme sur le numéro 1481 [Figure 6]. Néanmoins, la numérotation n’est pas continue entre les deux registres.

    17La structuration de 2 Xy 8 - du 1er janvier 1678 au 28 décembre 1680 - rompt une fois de plus avec celle des registres antérieurs, mais les modalités d’enregistrement qui y sont adoptées perdureront jusqu’à la Révolution. Les candidats sont désormais inscrits chronologiquement, à la date d’examen de leur candidature par le Conseil d’administration. L’agencement des notices a évolué ; dans la colonne gauche apparaît la décision du Conseil ; à côté sont notées les informations ultérieures qu’au fil des ans l’administration de l’Hôtel royal a pu rassembler sur le devenir des hommes admis. Plus à droite, figure le numéro d’enregistrement - 1 à 1746 dans 2 Xy 8 -, c’est-à-dire le numéro matricule, propre à chaque militaire agréé dans l’institution. En haut ou au milieu, on relève un second numéro dont la signification reste obscure pour l’instant [Figure 7]. S’agissait-il d’un numéro de lit ? D’un numéro de carte ? Ce numéro - qui disparaît dans le dernier quart du xviiie siècle - est parfois réutilisé à quelques notices d’intervalle, à la différence du numéro d’enregistrement qui reste spécifique à chaque invalide. Le système mis au point offrait de multiples avantages, dont la suppression des pages blanches intercalaires. La continuité de la numérotation entre les registres simplifiait le calcul du nombre des soldats enregistrés par volume, donc par période. Il était également simple de retrouver un homme à partir de son numéro d’enregistrement.

    18Quelques retouches de détail vinrent s’ajouter à ces modifications, destinées à améliorer le repérage des inscriptions. Le foliotage qui existait encore au début de 2 Xy 8 en disparaît à partir du feuillet 242 car l’attribution d’un numéro matricule à chaque invalide dispensait du foliotage, source d’erreurs éventuelles. Dans 2 Xy 8, seuls les admis sont pourvus d’un numéro matricule, alors que l’ensemble des postulants en est gratifié dans 2 Xy 10, mais que le registre 2 Xy 11 revient au principe de 2 Xy 8. Les soldats reçus - les seuls à être dotés d’un numéro matricule - sont ainsi repérables au premier coup d’œil. Enfin, l’emplacement du numéro matricule acquiert une meilleure visibilité ; reporté à côté de la notice au début de 2 Xy 8, il est ensuite inscrit au-dessus, ce qui rend sa lecture immédiate [Figure 8].

    19La configuration des enregistrements est désormais fixée ; de l’identification des individus par leur prénom, on est passé à leur reconnaissance par un numéro. Les ouvrages sur l’histoire de l’Hôtel royal situent en général l’apparition du numéro matricule en 1683, alors que l’examen minutieux des registres prouve qu’il s’est imposé dès 1678 à l’issue d’une véritable recherche taxinomique.

    La composition des notices d’enregistrement

    20Les notices d’enregistrement des candidats à l’Hôtel royal des Invalides apportent de nombreuses informations sur l’impétrant en quelques lignes. Un tel résultat - à savoir le résumé d’une vie en peu de mots - est le fruit d’une véritable codification des renseignements recueillis dans les documents fournis par les soldats au secrétaire-archiviste.

    21Dès le premier registre (2 Xy 1), certains éléments sont mentionnés, constituant l’armature du signalement : d’abord, un état civil réduit à l’essentiel, avec le prénom et le nom, suivis du surnom ou nom de guerre pour les soldats français - car les étrangers n’en arboraient pas -, puis de l’âge. Le lieu de naissance est désigné avec une précision croissante au fil du temps : il s’agissait le plus souvent de la paroisse de baptême, parfois complétée par la province d’origine, le diocèse, voire la ville la plus proche, à laquelle s’ajouta, à partir de 1760, la juridiction royale dont elle dépendait. L’état des services militaires, indispensable pour calculer la durée des services exigée par l’Hôtel royal, leur succédait. En tête venaient le nom du régiment où l’impétrant servait au moment de sa demande de réception à l’Hôtel royal et le temps passé dans cette affectation-là. Une brève récapitulation de la carrière militaire du candidat suivait, signalant le et/ou les corps de troupe où il avait servi et la durée du service qui y avait été accompli. La notice continuait par le motif très codifié de la demande d’admission aux Invalides ; il arrivait que la blessure ou le handicap soient décrits sommairement, mais dans la majorité des cas les greffiers employaient des formules stéréotypées telles que « caducité », « incommodités », « blessures » mettant le soldat « hors de service » ou « hors d’état de servir » pour caractériser l’état de santé du postulant. La notice se terminait sur sa situation matrimoniale, sa religion depuis 1673 et quelquefois son métier d’origine.

    22Une série d’additions apparaît en outre, dans la marge des registres, en regard des notices individuelles : la décision prise par le conseil d’administration, rédigée par le ministre-directeur de l’institution, avec la classe dans laquelle le candidat est reçu ; puis des annotations, écrites au fur et à mesure, qui renseignent sur le sort de l’admis telles que le retour au service après guérison, l’affectation en compagnie détachée et, après 1764, le choix de la pension d’invalidité militaire s’il y échet. L’inconduite et le châtiment qui lui avait été réservé étaient également notés, comme la désertion ou la renonciation, voire le pardon accordé, dans le cas d’un mariage sans autorisation par exemple.

    23Parmi ces additifs, on relève assez souvent la date du décès quand il est survenu aux Invalides ou dans une compagnie détachée ou encore lorsque l’Hôtel royal en a été avisé. L’ensemble de ces informations constitue au bout du compte une fiche signalétique assez complète. Toutefois, beaucoup de notices n’en contenaient qu’une partie…

    24À partir de ce schéma de base, on observe des variantes, qui tiennent pour une part à la structuration progressive des registres et pour l’autre au rôle des secrétaires-archivistes successifs. La manière d’enregistrer les admissions dépendait assurément du projet taxinomique des secrétaires-archivistes et des greffiers chargés du travail, mais aussi de leur personnalité. À cet égard, l’analyse lexicale des notices d’enregistrement met en évidence les modifications survenues dans leur structure et leur organisation conceptuelle, le lexique et le nombre de caractères utilisés26. Dans les deux registres initiaux, œuvre d’une même personne, probablement le premier secrétaire garde des archives, Henriette, en poste de 1675 à 1676, les notices individuelles restent plutôt sommaires. Si la date d’agrément par le Conseil d’administration - donc d’entrée - est indiquée, les mentions marginales sont rares et succinctes [Figure 9]. Les trois registres subséquents - 2 Xy 3, 4 et 5 - se ressemblent par l’écriture, par les précisions fournies sur les certificats produits par l’impétrant, par une façon identique de consigner la décision du Conseil d’administration. On peut y déceler la patte de Laignel, qui occupa le poste de secrétaire-archiviste de 1676 à 1677. Selon les responsables des archives ou même suivant le gouverneur, les informations ajoutées dans la marge étaient plus ou moins développées. 2 Xy 6 et 2 Xy 7 se caractérisent ainsi par des additions marginales abondantes et disertes sur le caractère, la vie et les débordements des pensionnaires, sans qu’on sache s’il faut les attribuer à l’influence du secrétaire-archiviste Le Jeune de Boulencourt, successeur de Laignel, du gouverneur François Lemaçon d’Ormoy ou bien à celle du secrétaire d’État à la Guerre, Louvois, qui veillait de près au bon fonctionnement de l’institution qu’il avait contribué à créer |Figure 10]. À l’opposé, les notices du registre 2 Xy 13 - du 2 janvier 1698 au 27 mai 1701 -, rédigé alors que Pelletier père dirigeait les archives, sont réduites au strict minimum - l’état civil et la carrière militaire -, sans presque comporter d’indication sur l’état de santé des candidats.

    25Une dernière interrogation subsiste : les administrateurs militaires de l’Hôtel royal des Invalides - plus précisément sa lignée de secrétaires-archivistes - se sont-ils inspirés des méthodes employées par et/ ou dans d’autres institutions ?

    26Parmi les modèles éventuels, on ne saurait retenir les registres de contrôle des troupes, dont l’agencement, réglementé par l’ordonnance du 2 juillet 171627, obéissait à des principes différents. Les rôles fiscaux suivaient également d’autres normes. Il semblerait, comme l’a montré Joël Coste, que la structuration des registres d’admission de l’Hôtel royal se rapprocherait de celle des registres d’entrée tenus dans de nombreux hôpitaux du royaume aux xviie et xviiie siècles, tels les hôpitaux de la Charité et de Bicêtre à Paris ou de l’Hôtel-Dieu de Pontoise28. Les informations reportées y respectaient une disposition colonnaire, séparant les informations d’entrée - identité, âge, provenance, pathologie et/ou traumatisme - et de sortie - devenir de l’entrant -, couplée à une organisation horizontale et séquentielle. Cette structuration colonnaire, qui était guidée par un lignage préparatoire des pages - vertical à l’Hôtel royal dès la fin du xviie siècle, horizontal à l’hôpital de Bicêtre et orthogonal à la Charité dans le premier tiers du xviiie siècle -, évoque fortement celle des livres de comptes, témoignant ainsi d’une rigueur accrue dans la gestion administrative des établissements hospitaliers29.

    27Trois remarques s’imposent en conclusion. La première est d’ordre méthodologique : il s’avère toujours utile de retracer l’histoire des sources et de s’arrêter à leur présentation matérielle, une tâche aride, mais qui réserve d’heureuses surprises et apporte souvent d’appréciables compléments d’information. La seconde porte sur le rôle joué par l’Hôtel royal des Invalides - et au-delà par l’armée -, dans la définition d’un modèle d’enregistrement des hommes qui soit à la fois « descriptif et classificatoire30 ». Ce système, qui repose sur un ordre de séquences choisi pour faciliter la gestion et le suivi des pensionnaires, fait de « chaque individu une série unique de composantes partagées avec d’autres hommes31 ». La troisième remarque concerne enfin l’originalité des registres d’admission aux Invalides : si leur organisation colonnaire, horizontale et séquentielle doit être rattachée aux méthodes d’enregistrement employées dans les hôpitaux de charité, l’utilisation d’un numéro pour désigner la personne leur est spécifique. C’est aux Invalides, semble-t-il, que l’homme est devenu un numéro.

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    Figure 1 : Registre 2 Xy 1

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    Figure 2 : Registre 2 Xy 2

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    Figure 3 : Registre 2 Xy 3

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    Figure 4 : Registre 2 Xy 6

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    Figure 5 : Registre 2 Xy 6

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    Figure 6 : Registre 2 Xy 7

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    Figure 7 : Registre 2 Xy 8

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    Figure 8 : Registre 2 Xy 11

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    Figure 9 : Registre 2 Xy 1

    Image 1000000000000142000000F440DE718ABCEA04BB.jpg

    Figure 10 : Registre 2 Xy 6

    Notes de bas de page

    1  Archives du Service historique de la Défense, Département de l’armée de terre (désormais SHD-DAT), sous série Xy, registres 2 Xy 1 à 47.

    2  Voir Jean-Pierre Bois, Les anciens soldats dans la société française au xviiie siècle, Paris, Économica, 1990 ; Jean Chagniot, Paris et l’armée au xviiie siècle. Étude politique et sociale, Paris, Economica, 1995 ; André Corvisier, L’armée française de la fin du xviie siècle au ministère de Choiseul. Le soldat, Paris, PUF, 1964, 2 vol.

    3  Vincent Denis, Une histoire de l’identité. France, 1715-1815, Seyssel, Champ Vallon, 2008, p. 13.

    4  Le Jeune de Boulencourt, Description generale de l’hostel royal des Invalides, Paris, chez l’auteur, 1683, p. 29-30.

    5  SHD-DAT, sous-série Xy, 1 Xy 10, Personnel d’administration, dossiers individuels, liasse 3, Gardes des archives et secrétaires-archivistes (1675-1877). Le Jeune dit de Boulencourt est en effet l’auteur de la première Description generale de l’hostel royal des Invalides.

    6  Vincent Denis, Un histoire de l’identité, op. cit., p. 85-88.

    7  Robert Burnand, L’Hôtel royal des Invalides, 1670-1789, Paris/Nancy, Berger-Levrault, 1913, p. 93.

    8  SHD-DAT, sous-série Xy, 1 Xy 10, Personnel d’administration, dossiers individuels, liasse 3, Gardes des archives et secrétaires-archivistes (1675-1877).

    9  SHD-DAT, sous-série Xy, registre 2 Xy 30, n° m. 60289.

    10  Voir Samuel Gibiat, Gwladys Longeard, Hôtel des Invalides (xviie-xxe siècle). Inventaire des archives de la Guerre. Département de l’armée de terre, sous-série Xy, Château de Vincennes, 2006, p. 29-36.

    11  Édit du 24 février 1670, Recueil des édits, déclarations, ordonnances, arrêts et règlements concernant l’Hôtel royal des Invalides, 1670-1780, Paris, 1781, 2 vol., t. 1, p. 7-11, Bibliothèque nationale de France, Imp. 4°F 21801.

    12  Règlement du 3 janvier 1710, articles 1 et 2, Robert Burnand, L’hôtel royal des Invalides, op. cit., p. 34.

    13  Ordonnance du 10 mars 1729, article 8, ibid., p. 35.

    14  Ordonnance du 3 décembre 1730, ibid.

    15  Ordonnances du 10 mai et du 26 février 1764, ibid., p. 64.

    16  Ordonnance du 17 juin 1776, article 4, Titre I, ibid., p. 46.

    17  Ce règlement demande même trente-cinq ans de service au moins « en réunissant à ceux qu’ils auront rendus dans les troupes du Roi le temps qu’ils auront passé aux compagnies détachées », Règlement du 19 octobre 1783, Jean-Pierre Bois, Les anciens soldats…, op. cit., p. 96.

    18  Le Jeune de Boulencourt, Description generale…, op. cit., p. 29.

    19  Ibid.

    20  À partir de cette date, apparaissent en effet dans les registres de l’Hôtel royal des « reçus absents », c’est-à-dire des soldats pensionnés au vu de leurs états de service ou envoyés directement en compagnie détachée.

    21  Ibid.

    22  Ibid.

    23  À partir de 1744, les officiers sont enregistrés à part ; voir les registres 2 Xy 48 et suivant.

    24  Jean-Pierre Bois, Les anciens soldats…, op. cit., p. 41.

    25  On peut combler en grande partie cette lacune grâce à la refonte des registres initiaux, effectuée en 1677, et bien qu’elle comporte d’assez nombreuses erreurs et omissions.

    26  L’analyse lexicale des notices d’enregistrement a été menée par Jöel Coste avec le logiciel Alceste.

    27  Vincent Denis, Une histoire de l’identité, op. cit., p. 82-83.

    28  Jöel Coste, « Les registres hospitaliers d’admission, des sources pour l’épidémiologie historique de l’époque moderne. Leçons tirées de l’étude du registre de l’Hôtel royal des Invalides (1670-1791) », dans Élisabeth Belmas, Serenella Nonnis (dir.), La santé des populations civiles et militaires, nouvelles approches et nouvelles sources hospitalières, xviie-xviiie siècles, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2010, p. 37-38.

    29  Ibid., p. 37.

    30  Vincent Denis, Une histoire de l’identité, op. cit., p. 63.

    31  Ibid., p. 64.

    Auteur

    • Élisabeth Belmas

      Université Paris 13/IRIS UMR 8156 (CNRS-Inserm-EHESS-Paris 13), MSH Paris-Nord
      Professeure d’histoire moderne à l’université de Paris 13. Ses recherches portent sur l’histoire de la santé et des maladies des temps modernes ainsi que sur l’histoire du jeu et des loisirs dans la société française moderne, notamment en codirection avec S. Nonnis, La santé des populations civiles et militaires. Nouvelles approches et nouvelles sources hospitalières, xviie-xviiie siècle (2010), ou Les relations médecin-malade. Des temps modernes à l’époque contemporaine (2013).

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    1  Archives du Service historique de la Défense, Département de l’armée de terre (désormais SHD-DAT), sous série Xy, registres 2 Xy 1 à 47.

    2  Voir Jean-Pierre Bois, Les anciens soldats dans la société française au xviiie siècle, Paris, Économica, 1990 ; Jean Chagniot, Paris et l’armée au xviiie siècle. Étude politique et sociale, Paris, Economica, 1995 ; André Corvisier, L’armée française de la fin du xviie siècle au ministère de Choiseul. Le soldat, Paris, PUF, 1964, 2 vol.

    3  Vincent Denis, Une histoire de l’identité. France, 1715-1815, Seyssel, Champ Vallon, 2008, p. 13.

    4  Le Jeune de Boulencourt, Description generale de l’hostel royal des Invalides, Paris, chez l’auteur, 1683, p. 29-30.

    5  SHD-DAT, sous-série Xy, 1 Xy 10, Personnel d’administration, dossiers individuels, liasse 3, Gardes des archives et secrétaires-archivistes (1675-1877). Le Jeune dit de Boulencourt est en effet l’auteur de la première Description generale de l’hostel royal des Invalides.

    6  Vincent Denis, Un histoire de l’identité, op. cit., p. 85-88.

    7  Robert Burnand, L’Hôtel royal des Invalides, 1670-1789, Paris/Nancy, Berger-Levrault, 1913, p. 93.

    8  SHD-DAT, sous-série Xy, 1 Xy 10, Personnel d’administration, dossiers individuels, liasse 3, Gardes des archives et secrétaires-archivistes (1675-1877).

    9  SHD-DAT, sous-série Xy, registre 2 Xy 30, n° m. 60289.

    10  Voir Samuel Gibiat, Gwladys Longeard, Hôtel des Invalides (xviie-xxe siècle). Inventaire des archives de la Guerre. Département de l’armée de terre, sous-série Xy, Château de Vincennes, 2006, p. 29-36.

    11  Édit du 24 février 1670, Recueil des édits, déclarations, ordonnances, arrêts et règlements concernant l’Hôtel royal des Invalides, 1670-1780, Paris, 1781, 2 vol., t. 1, p. 7-11, Bibliothèque nationale de France, Imp. 4°F 21801.

    12  Règlement du 3 janvier 1710, articles 1 et 2, Robert Burnand, L’hôtel royal des Invalides, op. cit., p. 34.

    13  Ordonnance du 10 mars 1729, article 8, ibid., p. 35.

    14  Ordonnance du 3 décembre 1730, ibid.

    15  Ordonnances du 10 mai et du 26 février 1764, ibid., p. 64.

    16  Ordonnance du 17 juin 1776, article 4, Titre I, ibid., p. 46.

    17  Ce règlement demande même trente-cinq ans de service au moins « en réunissant à ceux qu’ils auront rendus dans les troupes du Roi le temps qu’ils auront passé aux compagnies détachées », Règlement du 19 octobre 1783, Jean-Pierre Bois, Les anciens soldats…, op. cit., p. 96.

    18  Le Jeune de Boulencourt, Description generale…, op. cit., p. 29.

    19  Ibid.

    20  À partir de cette date, apparaissent en effet dans les registres de l’Hôtel royal des « reçus absents », c’est-à-dire des soldats pensionnés au vu de leurs états de service ou envoyés directement en compagnie détachée.

    21  Ibid.

    22  Ibid.

    23  À partir de 1744, les officiers sont enregistrés à part ; voir les registres 2 Xy 48 et suivant.

    24  Jean-Pierre Bois, Les anciens soldats…, op. cit., p. 41.

    25  On peut combler en grande partie cette lacune grâce à la refonte des registres initiaux, effectuée en 1677, et bien qu’elle comporte d’assez nombreuses erreurs et omissions.

    26  L’analyse lexicale des notices d’enregistrement a été menée par Jöel Coste avec le logiciel Alceste.

    27  Vincent Denis, Une histoire de l’identité, op. cit., p. 82-83.

    28  Jöel Coste, « Les registres hospitaliers d’admission, des sources pour l’épidémiologie historique de l’époque moderne. Leçons tirées de l’étude du registre de l’Hôtel royal des Invalides (1670-1791) », dans Élisabeth Belmas, Serenella Nonnis (dir.), La santé des populations civiles et militaires, nouvelles approches et nouvelles sources hospitalières, xviie-xviiie siècles, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2010, p. 37-38.

    29  Ibid., p. 37.

    30  Vincent Denis, Une histoire de l’identité, op. cit., p. 63.

    31  Ibid., p. 64.

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    Belmas, Élisabeth. (2020). Quand l’homme devint un numéro. In B. Deruelle, H. Drévillon, & B. Gainot (éds.), La construction du militaire, Volume 3 (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.91330
    Belmas, Élisabeth. « Quand l’homme devint un numéro ». In La construction du militaire, Volume 3, édité par Benjamin Deruelle, Hervé Drévillon, et Bernard Gainot. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2020. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.91330.
    Belmas, Élisabeth. « Quand l’homme devint un numéro ». La construction du militaire, Volume 3, édité par Benjamin Deruelle et al., Éditions de la Sorbonne, 2020, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.91330.

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    Deruelle, B., Drévillon, H., & Gainot, B. (éds.). (2020). La construction du militaire, Volume 3 (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.91155
    Deruelle, Benjamin, Hervé Drévillon, et Bernard Gainot, éd. La construction du militaire, Volume 3. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2020. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.91155.
    Deruelle, Benjamin, et al., éditeurs. La construction du militaire, Volume 3. Éditions de la Sorbonne, 2020, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.91155.
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