Conclusion
p. 381-387
Texte intégral
1Au terme de ce parcours, un retour sur la place de Tlemcen dans l’historiographie témoigne de l’ambiguïté de son statut. L’admiration que la ville a suscitée chez les historiens orientalistes tel Georges Marçais, se double du constat de son incapacité à se hisser parmi les grandes capitales de son temps. De même, les travaux des historiens algériens, des années 1980 à nos jours, ont enfermé l’histoire de la ville dans une perspective nationale, limitant l’importance de la cité à la seule histoire du Maghreb central. À l’inverse, dans les études consacrées à l’Occident islamique, et plus généralement à l’Islam médiéval, son absence est patente. Un exemple frappant est sans doute celui de la somme publiée sous la direction de Jean-Claude Garcin en 2000, et intitulée Grandes villes méditerranéennes du monde musulman médiéval. Aux côtés de Damas, Cordoue, Bagdad et Le Caire, qui furent un temps capitales califales, figurent les villes d’Alep, Kairouan, Fès et Tunis. Tlemcen, tout comme d’autres villes telle Grenade, en sont absentes. En introduction de l’ouvrage, les auteurs indiquent avoir « arrêté [leur] choix sur un ensemble de villes qui ont été, à différentes époques, de grandes villes2 ». Est-ce à dire que Tlemcen ne soutient pas la comparaison avec ses deux concurrentes Fès et Tunis à l’époque post-almohade ? Sans doute retrouve-t-on là, de manière implicite, l’idée que Tlemcen ne fut jamais que le siège d’un royaume faible, soumis à ses deux voisins mérinides et hafsides, dont les capitales auraient été à la mesure de leur puissance.
2À lire les sources, c’est pourtant une autre histoire de Tlemcen que l’on peut écrire et, partant, revisiter celle de la dynastie qui en fit sa capitale. En considérant Tlemcen comme objet de recherche, et non plus seulement comme la simple projection d’un pouvoir souverain, il est alors possible de retracer la fabrique d’une capitale, au prisme des rapports sociaux, politiques et économiques qui participèrent de sa construction matérielle et symbolique. Certes, les sources disponibles pour une telle étude se caractérisent par une telle hétérogénéité que l’écriture d’une histoire, sans zones d’ombre, relève de la gageure. Mais ces limites, bien réelles, ne doivent pas conduire à renoncer à l’éclairage que nous offre la documentation sur des pans entiers de l’histoire de Tlemcen.
I. Dépasser la dialectique apogée/déclin : un essai de périodisation
3Georges Marçais soulignait ainsi, qu’en dehors de « courtes périodes brillantes », Tlemcen n’eut qu’une existence précaire. Cette lecture, faisant de la première moitié du viiie/xive siècle une période d’apogée suivie d’un long déclin, doit être révisée, et une autre périodisation esquissée.
4Si la « préhistoire » de cette capitale nous échappe encore en partie, Tlemcen disposait, à l’orée du viie/xiiie siècle, de plusieurs atouts qui en faisaient une parfaite candidate au statut de capitale : couverte de la baraka du célèbre Abū Madyan qui avait été inhumé aux environs de la ville à al-ʿUbbād, elle attirait de plus en plus de saints et de savants qui séjournaient dans la ville. À ce premier atout venait s’ajouter la position privilégiée qu’elle occupait dans les réseaux savants et commerciaux. Tlemcen s’est alors imposée comme une évidence au fondateur de la dynastie abdelwadide, Yaġmurāsan. Car, quand bien même « la capitale est un lieu décidé, dans la mesure où elle naît d’une décision politique, au sens le plus tranchant du terme, comme acte de souveraineté », il n’en demeure pas moins que cette décision est, en général, contrainte et que, bien souvent, la liberté de choix des souverains « est inversement proportionnelle au niveau de hiérarchisation de l’armature urbaine »3.
5Toutefois, les chroniques qui éclairent cette période fondatrice datent de la seconde moitié du viiie/xive siècle. Certes les sources latines donnent la mesure de la place que la ville occupait dans les réseaux commerciaux mais, dans l’ensemble, ce n’est qu’à travers une vulgate tardive déjà bien rôdée, qui laisse peu de visibilité aux débats et inflexions successifs, que l’on peut tenter de retracer la période de genèse de la capitale. Car, au fond, lorsque Yaġmurāsan s’affranchit de la tutelle almohade, il hérite de la position de « capitale provinciale » que la ville occupait dans l’empire almohade. Un siècle plus tard, cette période d’environ un siècle (milieu du viie-xiiie/milieu du viiie-xive siècle) est l’objet de mises en récit dans lesquelles se détachent des événements fondateurs tels la prise de Tlemcen par le Hafside Abū Zakariyyā, la mort de l’Almohade al-Saʿīd et le long siège mérinide des années 698-1299/706-1307. Tous sont réinterprétés dans le sens d’une affirmation du lien désormais indéfectible unissant la dynastie et sa capitale. La période qui s’ouvre après la levée du siège, semble ainsi décisive dans la construction de l’identité urbaine de la ville : capitale convoitée, assiégée, Tlemcen parvient malgré tout à revenir dans le giron abdelwadide. C’est très vraisemblablement à cette époque, sous le règne d’Abū Ḥammū Ier qu’est rédigée la première strate, aujourd’hui perdue, de l’histoire de la ville.
6Une nouvelle étape dans l’affirmation de la capitale est franchie durant la seconde moitié du viiie/xive siècle, pourtant considérée comme une période de déclin par l’historiographie qui, suivant le schéma ḫaldūnien, souligne l’incapacité des Abdelwadides à faire face aux tribus arabes et à maintenir un pouvoir fort. La réalité semble pourtant plus complexe : le pouvoir est certes soumis à des forces centrifuges et militairement affaibli mais, paradoxalement, il est parvenu à déployer des efforts colossaux pour conserver sa place dans le jeu politique maghrébin à travers l’écriture de son histoire et de sa capitale. C’est en effet sous le règne d’Abū Ḥammū II que sont rédigés trois ouvrages (la Buġiyat al-ruwwād, le Zahr al-bustān et le Wāsiṭat al-sulūk) dans un contexte d’émulation historiographique entre Mérinides, Abdelwadides, mais aussi Nasrides, chaque dynastie s’attachant à louer sa capitale. Yaḥyā b. Ḫaldūn, notamment, s’est fait le chantre de Tlemcen, rappelant son passé antéislamique et prophétique, dressant un dictionnaire biographique de ses savants et retraçant l’histoire de ses souverains. Ces récits contribuèrent alors à diffuser une certaine idée de la prééminence de cette ville au-delà du Maghreb, en al-Andalus, en Orient islamique et en Méditerranée latine. Cette image de la ville-capitale fut en outre confortée par sa place, parfois fragilisée au gré de la fluctuation des rapports de force régionaux, méditerranéens et subsahariens, au cœur des réseaux savants et commerçants. L’ensemble de ces éléments, loin de faire de Tlemcen la capitale d’un sultanat à l’agonie, témoigne au contraire des tensions et des dynamiques multiples qui l’animent, conduisant progressivement à une redistribution des pouvoirs.
7Si le poids des discours émanant des pouvoirs sultaniens caractérise la seconde moitié du viiie/xive siècle, le changement de contexte documentaire propre au ixe/xve siècle accompagne les transformations à l’œuvre dans la fabrique de la capitale. Désormais, alors que les chroniques se font plus rares, les sources juridiques deviennent plus abondantes, témoignant de l’évolution des rapports de force entre élites politiques, savants et saints. La rédaction d’un traité de ḥisba par al-ʿUqbānī indique combien la question de la capacité ou de l’incapacité du pouvoir sultanien à préserver l’ordre urbain, se pose. Recentré autour de sa capitale, il est désormais ouvertement concurrencé par les saints et les fuqahā’. Délaissé par l’historiographie, le ixe/xve siècle est ainsi caractérisé par une recomposition des rapports de force politiques, économiques et sociaux qui n’entrave en rien la prospérité de la ville. Au niveau commercial, l’attractivité de Tlemcen et de ses ports persiste, favorisée sans doute par les reconfigurations des axes transsahariens qui se sont sensiblement déplacés vers l’est, faisant de la capitale abdelwadide le débouché privilégié de la route du Touat. La ville devient en outre un centre majeur de production des normes et des lettrés viennent y suivre les enseignements des savants locaux. Tlemcen s’affirme ainsi comme une capitale des savants et des saints. Ces derniers, face à une défaillance supposée du pouvoir sultanien, prennent désormais en charge la protection de la ville au terme d’un lent processus de sacralisation de l’espace urbain, amorcé dès le milieu du viiie/ xive siècle.
8Ce n’est qu’au début du xe/xvie siècle que le pouvoir abdelwadide vacille véritablement. Les Espagnols d’abord, s’emparent d’Oran dès 914/1508, puis d’Alger (916/1510) et d’autres villes côtières du royaume comme Dellys, Cherchell et Mostaganem (917/1511). Le souverain de Tlemcen accepte alors, en 917/1511, de se soumettre à la souveraineté espagnole. Au même moment, les Turcs, sous l’autorité de Barberousse, étendent progressivement leur influence au Maghreb et parviennent finalement à intégrer Tlemcen dans la Régence d’Alger en 957/15504. L’ancienne capitale du royaume abdelwadide n’est plus qu’une ville provinciale définitivement supplantée par Alger. La perte du statut de capitale ne résulte toutefois pas uniquement de la chute des souverains abdelwadides qui étaient parvenus à se maintenir coûte que coûte sur le trône, quitte à ne plus contrôler qu’un territoire rétréci autour de la ville, mais d’une conjonction de facteurs liés aux bouleversements en cours au Maghreb mais aussi à l’échelle méditerranéenne.
9Cet essai de périodisation révèle la nécessité de se départir de la dialectique apogée/déclin qui ne permet pas de rendre compte de la complexité des transformations à l’œuvre. Car, non seulement le fait d’« être capitale » n’est pas acquis une fois pour toutes, mais surtout il s’agit d’un processus, ce qui oblige à penser les dynamiques et les recompositions en cours. Ce qui fait et ceux qui font la prééminence urbaine changent et évoluent au fil du temps : Tlemcen n’est ainsi pas la même capitale au viiie/xiiie, au viiie/xive et au ixe/xve siècle.
II. Tensions, négociations et compromis : la fabrique de la capitale
10La diversité des acteurs et les tensions les opposant ont bien souvent été évoquées pour expliquer l’infériorité de Tlemcen. Georges Marçais rappelle ainsi les « menaces perpétuelles » des dynasties mérinide et hafside d’une part, des tribus arabes, de l’autre. Pourtant, ces rapports de force contribuent bien plus à forger le statut de capitale de Tlemcen qu’à l’affaiblir.
11Parce qu’elle est le fruit d’une co-production, la ville-capitale est modelée par les tensions, les négociations et les compromis. Les disputes dont elle est l’objet se manifestent à différents niveaux. L’affrontement le plus connu, sans doute, est celui qui oppose les Abdelwadides aux Mérinides pour la domination militaire de la ville impliquant, en particulier, le contrôle d’un certain nombre de réseaux marchands. Mais l’enjeu est aussi sa domination symbolique, à travers les investissements édilitaires différenciés mis en œuvre par les deux dynasties : les Mérinides ont ainsi privilégié les espaces hors les murs avec l’édification de fondations pieuses dédiées aux saints Abū Madyan et Sīdī al-Ḥulwī, et la construction de la ville siège de Manṣūra à l’ouest de Tlemcen. Les Abdelwadides, à l’inverse, choisirent la zone intra muros pour bâtir des mosquées, des madrasas et abriter les sépultures de la famille royale. La concurrence entre les deux dynasties s’exprime ici à travers des investissements différenciés de l’espace urbain dont les messages se veulent distincts : pour les Mérinides, ces investissements participent pleinement d’un discours de légitimation du pouvoir mobilisant le lexique soufi alors que les Abdelwadides privilégient les fondations à caractère familial qui célèbrent la dynastie. Enfin, les deux dynasties se sont livrées à une véritable compétition historiographique, que ce soit dans l’écriture de l’histoire de leur capitale respective ou dans celle des dynasties dont les liens avec l’héritage idrisside constituait un enjeu central.
12Toutefois, Tlemcen ne se résume pas à la confrontation entre Abdelwadides et Mérinides. La ville est aussi travaillée par les tensions entres habitants, élites savantes et politiques. L’étude du traité de ḥisba d’al-ʿUqbānī a permis de montrer comment certains groupes sociaux, en particulier les femmes, sont l’objet d’un discours juridique spécifique qui s’efforce de définir, pour mieux les contrôler, leur fréquentation de certains espaces urbains (les bains, les cimetières, le marché). Ce faisant, le décalage qui peut exister entre un idéal prôné par les juristes et les pratiques quotidiennes de ses habitants, apparaît au grand jour. Mais l’ouvrage témoigne également des tensions qui opposent le pouvoir sultanien et les milieux savants. Car, les discours sur « l’ordonnancement du bien et l’interdiction du mal » contiennent un réel potentiel subversif (surtout lorsque celui-ci est défini comme un devoir individuel), et interrogent la capacité du pouvoir sultanien à maintenir l’ordre social, ainsi que le rôle des oulémas dans sa définition. C’est bien le contrôle de l’espace urbain, et partant des rapports sociaux, qui est en jeu dans un tel texte. Le décalage entre la norme juridique et les pratiques souligne à quel point l’espace est l’enjeu permanent de négociations, entre les habitants et le pouvoir mais aussi, entre les élites elles-mêmes. Cette « dispute des lieux » au sein des élites a également été appréhendée à partir de l’analyse des déplacements des savants, des saints et des souverains dans la ville. Des parcours différenciés apparaissent, témoignant des tensions qui surgissent entre ces différents groupes sociaux pour le contrôle de la ville, tant sur le plan symbolique que matériel. Les savants et les saints privilégient ainsi la partie orientale de la ville de Tagrārt et surtout Agādīr, les souverains abdelwadides choisissant d’investir matériellement Tagrārt.
13En ce sens, Tlemcen, plus encore que ses rivales, Tunis, Fès et Grenade, est l’objet d’une âpre compétition qui non seulement fonde son identité urbaine mais favorise aussi son affirmation en tant que capitale plus qu’elle ne l’affaiblit. À travers leurs conflits et leurs oppositions, les différents acteurs contribuent à la construction de la centralité de la ville qui est, d’abord, celle des réseaux, savants et marchands qui, entre le viie/xiiie et le ixe/xve siècle, se recomposent certes, mais sans cesser de faire de cette ville un carrefour majeur. Cette centralité est aussi accentuée par les pratiques souveraines, les maîtres de Tlemcen s’efforçant de trouver un équilibre entre itinérance et sédentarité, dans un va-et-vient permanent entre leur capitale et les provinces de leur royaume. Enfin, c’est la centralité de Tlemcen dans les discours, au moins sous le règne d’Abū Ḥammū II, mais vraisemblablement dès la première moitié du viiie/xive siècle, qui est frappante. Tlemcen y apparaît alors comme une « ville légitimante » : c’est sa possession qui confère à la dynastie abdelwadide naissante sa légitimité, et par la suite, c’est de son contrôle que dépend sa survie.
14In fine, ce sont sans doute les discours qui permettent de mener à bien la transformation d’une ville en capitale, c’est-à-dire de rendre compte des mutations de l’ordre symbolique. À ce titre, la question des dénominations est centrale tant elle témoigne de la volonté de redéfinition du monde social qui accompagne l’émergence d’un nouveau pouvoir, en l’occurrence, abdelwadide. Les noms de lieux, loin d’être des informations objectives, sont au contraire porteuses de sens et disent quelque chose de la façon dont les sociétés s’approprient l’espace et le façonnent. L’étude l’a montré à plusieurs reprises, qu’il s’agisse du nom d’Agādīr, désignant le quartier formé autour de l’ancien noyau de peuplement ; de l’entité « Maghreb central » qui n’est associée à sa capitale, Tlemcen, que tardivement à la fin du viiie/xive siècle ; ou encore de la dénomination des provinces du royaume abdelwadide par des noms de tribus ou de villes. Mais c’est aussi la compétition historiographique centrée sur les villes que se sont livrés Abdelwadides, Mérinides et Nasrides et la diffusion d’une image de leur prééminence au-delà de l’Occident islamique qui a contribué à l’institution de Tlemcen comme capitale.
III. Tlemcen, un observatoire du monde islamique des VIIe-IXe/XIIIe-XVe siècles
15Tantôt oubliée, tantôt considérée comme une capitale de second ordre, Tlemcen s’avère pourtant un observatoire de choix pour appréhender les transformations qui façonnent les villes de l’Islam médiéval méditerranéen. À partir de ses travaux sur Le Caire qui lui avaient permis de distinguer la succession de trois paysages urbains entre le iie/viiie et le ixe/xve siècle, Jean-Claude Garcin s’interrogeait sur l’existence d’une évolution similaire dans d’autres villes de l’Islam médiéval, en particulier dans l’Occident islamique5. Les exemples de Grenade, Fès et Tunis étaient convoqués, mais Tlemcen, de nouveau, brillait par son absence. Certes, la modestie de l’évergétisme de ses souverains et de ses élites contraste avec Le Caire, et dans une moindre mesure avec Fès et Tunis. Ces constructions sont, sans aucun doute, décisives en ce qu’elles modifient matériellement et symboliquement le paysage urbain, mais cela ne peut suffire à la discréditer. Car, à son échelle, Tlemcen aussi se transforme, dès l’époque almohade jusque dans la première moitié du viiie/xive siècle avec l’édification d’une citadelle, d’un hippodrome, de madrasas. Au-delà de ces traces matérielles ténues, l’exemple de Tlemcen montre combien l’étude des représentations des villes, en particulier à travers l’écriture de leur histoire, joue un rôle décisif dans le redéploiement de l’ordre symbolique qui la conduit à s’affirmer comme capitale. La mise en récit de l’histoire de Tlemcen rejoint ainsi, à sa manière, celle d’al-Maqrīzī dans ses Ḫiṭāṭ ou de Lisān al-Dīn al-Ḫaṭīb dans ses ouvrages sur Grenade.
16Et comme au Caire, une rupture semble intervenir à la fin du viiie/xive siècle et au ixe/xve siècle. Jean-Claude Garcin propose ainsi de « trouver dans la connaissance que nous avons du Caire, une problématique nouvelle pour aborder l’histoire urbaine du Maghreb au xve siècle6 ». S’il n’est pas possible, en l’état actuel de la documentation, d’appréhender l’éventuelle rétraction de la ville, le resserrement de son habitat ou sa recomposition en fonction des nouvelles routes de commerce, comme pour la capitale mamelouke, l’étude de Tlemcen offre d’autres perspectives : celle d’une recomposition du paysage urbain au gré des rapports de force qui opposent pouvoirs sultaniens, saints et savants ; celle d’élites qui s’affrontent pour le maintien de l’ordre social ; ou celle encore de l’articulation de la ville avec son environnement à l’échelle locale et régionale qui se traduit par l’émergence de nouveaux acteurs tels les murābitūn. Ainsi, à rebours d’une conception faisant de Tlemcen une capitale secondaire, son étude a permis au contraire de décentrer le regard et de souligner combien les dynamiques à l’œuvre dans le monde islamique médiéval gagnaient aussi à être appréhendées à partir d’espaces encore trop souvent considérés à la marge et en déclin.
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