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De l’Aragon au Frioul : esquisse d’une géographie des plafonds peints médiévaux

 | 
Monique Bourin
, 
Maud Pérez-Simon
, 
Georges Puchal

Chapitre 1. Les plafonds peints médiévaux de la France méridionale à l’origine d’une recherche méditerranéenne collective

RCPPM

Résumé

Reprenant les conditions de création et l’histoire récente de l’association internationale de Recherches sur les charpentes et plafonds peints médiévaux (RCPPM), l’article fait un bilan historiographique des travaux concernant les charpentes peintes médiévales de la France méridionale. Le nombre de charpentes peintes connues a beaucoup progressé récemment. Ce bilan est établi au moment où se tiennent les rencontres de Lagrasse d’octobre 2015, dont l’objectif est d’entreprendre un parcours comparatiste avec les diverses régions de l’arc méditerranéen.
L’observation chrono-géographique montre que les premières charpentes peintes sont apparues dans l’ouest du Languedoc dans la première moitié du xiiie siècle et qu’elles ont ensuite progressé vers l’est, s’installant en Avignon avec la papauté. Après une période pauvre en nouvelles créations, des environs de 1350 jusque vers 1430, le milieu du xve siècle voit fleurir quelques grandes commandes, puis la diffusion de l’image dans l’univers domestique gagne les demeures des riches marchands. Le pic est atteint peu avant 1500, avant que, dès 1530, la mode ne cesse brutalement.
L’article présente les divers types de charpentes et leur évolution au fil des trois siècles que dure ce type de décor ainsi que les grands traits du travail des peintres. Le décor est installé moins sur les pièces structurelles que sur les corniches et autres pièces ajoutées et surtout sur les planchettes qui obturent l’espace séparant les solives, appelés closoirs. D’une influence nettement ibérique, on passe, en fin de période, à un goût italianisant. Sur les closoirs voisinent diverses thématiques, témoignant de l’univers mental des commanditaires et des peintres : l’héraldique y joue un rôle prépondérant, ainsi que le monde animal, sous toutes ses formes. Le visage humain y tient une place croissante. De nombreuses saynètes racontent les jeux d’enfants ou les fêtes. D’autres enfin, très caractéristiques de la France méridionale, exploitent une veine comique, truculente, voire scatologique.

Texte intégral

  • 1 La frontière avec le monde islamique a varié au cours des trois derniers siècles du Moyen Âge et à (...)

1À l’origine de ce livre qui explore les diverses régions qui s’étendent des confins du monde musulman de la péninsule Ibérique jusqu’aux frontières orientales de l’Italie du Nord, autrement dit du royaume de Valence1 jusqu’au Frioul, il y a un « plafond peint » dans un village languedocien, d’entre Béziers et Narbonne, et la perplexité qu’il suscita chez ceux qui eurent la responsabilité, en 2008, de le faire découvrir au public. De « plafond peint » il n’était pas question dans les livres d’histoire de l’art, et pourtant tout indiquait que l’atelier qui décora le plafond comprenait un grand maître et de plus modestes talents (fig. 1).

Fig. 1 : Vue partielle du plafond du château de Capestang

Fig. 1 : Vue partielle du plafond du château de Capestang

Photo © G. Puchal / RCPPM

2Le château des archevêques de Narbonne à Capestang est exemplaire de l’histoire mouvementée que subissent la plupart des plafonds peints médiévaux de la France méridionale et du désintérêt qui, encore récemment, les entoura, hormis de la part de l’État qui les classa ou du moins les protégea.

D’un plafond peint dans un village languedocien…

3Depuis la fin des années 1970, un très petit nombre de personnes connaissait l’existence de ce plafond de Capestang2. Il avait eu son heure de célébrité au xixe siècle, dont témoignent les relevés du grand architecte Revoil, restaurateur, entre autres, du Palais des papes. Il fut inscrit à l’Inventaire en 1956, classé monument historique en 1981, mais pour les habitants du village, il était principalement le Foyer rural. On identifiait à peine le château qui l’hébergeait comme ayant appartenu aux archevêques de Narbonne. L’un des murs d’enceinte du château avait disparu sous le ciment du « marché couvert », d’où émergeait une tour que l’appareil et les meurtrières dataient du xiiie siècle. Qu’était cette salle obscure, presque inaccessible depuis que l’escalier, qui avait été un beau gradin de pierre dans la cour, en avait été récemment démonté ? La façade médiévale avait eu, sans nul doute, belle figure avec ses hauts arcs à mâchicoulis, avant d’être rongée par les injures du temps et du vent marin3. Elle se prolongeait inexplicablement dans une longue et riche bâtisse du xixe siècle. Et il y avait quelque chose d’anormal à la jonction des deux façades (fig. 2).

Fig. 2 : Façade méridionale du château des archevêques de Narbonne à Capestang (Hérault)

Fig. 2 : Façade méridionale du château des archevêques de Narbonne à Capestang (Hérault)

Photo Marc Kérignard. © Service connaissance inventaire du patrimoine région Occitanie

4En effet, la maison bourgeoise avait englobé deux travées de la salle d’apparat des archevêques. Une acrobatique reptation par-dessus deux faux plafonds permit de découvrir deux nouvelles poutres et leurs closoirs rutilants. Tout était à comprendre, non seulement dans ce décor dont la somptuosité passée était évidente, mais dans l’histoire du bâtiment et de cette vaste salle devenue grenier. Une poutre du plafond portait les armes de l’archevêque Jean d’Harcourt : on pouvait donc le dater du milieu du xve siècle. Mais les armes de l’archevêque Bernard de Fargues sur le décor des murs, en alternance avec les armes de France, renvoyaient à la première moitié du xive siècle et révélait que la salle avait été d’abord une immense aula sur arcs diaphragme, avant que Jean d’Harcourt ne la fît découper en trois salles, dont une salle d’apparat, et couvrir d’un plafond plan et peint (fig. 3).

Fig. 3 : Vue d’ensemble de la charpente du château des archevêques de Narbonne à Capestang (Hérault),

Fig. 3 : Vue d’ensemble de la charpente du château des archevêques de Narbonne à Capestang (Hérault),

Photo Georges Puchal. © RCPPM

  • 4 Philippe Bernardi, « Décor et support : quelques éléments de terminologie relatifs aux charpentes (...)

5Une nouvelle équipe municipale élue en 2001 prit les choses en main, avec l’aide de la DRAC, du conseil général de l’Hérault et de l’Europe. Une minutieuse étude d’archéologie monumentale permit de comprendre les étapes de la construction de cet ensemble complexe qui s’ordonnait en une vaste enceinte à tours circulaires. Puis celle des mauvais traitements qu’il subit et auxquels le plafond de Jean d’Harcourt résista, même si l’espace qu’il couvrait fut transformé et malmené. Impossible de ne pas faire partager au public les rouges somptueux, le dessin délicat des volutes végétales et des rubans colorés ni les saynètes que portaient les planchettes glissées entre les solives, planchettes qu’on savait à peine nommer : métopes, parédals, ais d’entrevous, bugets ? Au risque de blesser les oreilles méridionales, Philippe Bernardi, rappelant leur fonction structurelle autant que décorative, demanda qu’on s’accordât désormais à les désigner comme des « closoirs4 ».

6Le plafond du château des archevêques eut désormais sa vie propre au rythme des visites. Un centre d’interprétation attenant au château a l’ambition de faire comprendre, dans un mouvement de zoom, que les archevêques de Narbonne étaient de richissimes prélats, que Capestang avait été une ville médiévale prospère, que les archevêques avaient, les uns après les autres, contribué à édifier le château, avant qu’il ne rétrécisse au fil des évolutions de l’histoire et du changement des manières de vivre de l’élite. Des visiteurs venus de pays lointains témoignent sur le livre d’or de leur surprise et de leur fascination. Et la « Légende de l’étang », un son et lumière projeté tout l’été sur le mur de la collégiale à un public massé sur la grande place du village, transforme pour tout un chacun ce décor en un conte.

… à une association internationale

  • 5 Dans le département du Gard, sur la rive occidentale du Rhône.
  • 6 Pomas et Pieusse sont deux villages proches, situés dans le département de l’Aude, au sud de Carca (...)

7Mais la perplexité dans laquelle le plafond de Capestang plongea ceux qui eurent la charge de le comprendre et de l’expliquer au public eut le grand avantage de les obliger à le replacer parmi d’autres plafonds peints, en élargissant progressivement le territoire observé. D’abord dans la partie occidentale de la plaine languedocienne, Narbonne et Lagrasse ; puis en suivant la piste de quelques édifices majeurs : Perpignan et le palais des rois de Majorque vers le sud, Montpellier, Pont-Saint-Esprit5 et Avignon vers l’est furent les jalons de l’enquête. Non contente de s’étendre, elle se densifiait : des plafonds moins célèbres, parfois injustement délaissés, comme ceux de la rue de Verdun à Carcassonne, comme ceux des châteaux de Pomas ou de Pieusse6 se firent connaître.

  • 7 Voir Philippe Bernardi, « Décor et support… », art. cité, p. 56.

8Ainsi naquit la RCPPM, dédiée à la Recherche sur les charpentes et plafonds peints médiévaux. Elle portait dans ce sigle, si difficile à prononcer et à retenir, l’encombrante difficulté sémantique du français : le plafond peint médiéval n’est pas un plafond, qui est une surface plane, mais une charpente de plancher7. Mais pour le non-spécialiste le mot « charpente » évoque une charpente de toit. Comment faire comprendre l’objet d’étude de la RCPPM, si mal identifié, si l’on s’en tient au mot exact : « charpente peinte » ? D’où cette malencontreuse redondance de « charpente » et de « plafond », retenue avec une certaine lâcheté et en enviant l’italien soffito et l’espagnol techumbre qui ne posent aucun problème de clarté.

  • 8 Déjà Colette Dumas et Georges Puchal, dans leur ouvrage sur le plafond peint du cloître de Fréjus, (...)
  • 9 Vera Segre, « Carnevale, giocchi e trasgressione nei soffiti dipinti tardo-medievali da Bellinzona (...)

9D’emblée, la nécessité de construire un réseau au-delà des frontières de la France apparaissait comme une évidence. N’était-il pas absurde de classer le Roussillon comme un espace « français » au temps du royaume de Majorque8 ? Philippe Bernardi avait d’ailleurs déjà rassemblé un groupe de chercheurs de la Catalogne à la région génoise sur le thème des structures de charpente, chercheurs qui jouèrent un rôle essentiel à l’origine de la RCPPM. Mais c’est l’initiative d’une spécialiste italienne qui fut l’occasion de ce franchissement des frontières actuelles de la France : Vera Segre prit son bâton de pèlerin des charpentes peintes et, en s’adressant à la RCPPM, vint voir à Capestang et à Lagrasse les représentations du monde à l’envers (fig. 4 a, b, c) et les évocations du temps du Carnaval qu’elle trouvait aussi au palais Ghiringhelli à Bellinzona9. C’est elle qui fut le lien avec les collègues italiens qui ont contribué au colloque réuni à Lagrasse en 2015. Quant au franchissement des Pyrénées, c’est à l’investissement personnel de Georges Puchal et à ses démarches, conduites avec constance, pour rassembler et motiver des chercheurs hispaniques que nous le devons. Qu’ils en soient l’un et l’autre remerciés, tout comme Pierre-Olivier Dittmar qui pesa fortement pour que les rencontres de 2015 fussent consacrées à un balayage territorial dont nous n’imaginions pas encore la richesse.

Fig. 4 a, b, c : Le monde à l’envers, charpente peinte du rez-de-chaussée, Maison du patrimoine de Lagrasse

Fig. 4 a, b, c : Le monde à l’envers, charpente peinte du rez-de-chaussée, Maison du patrimoine de Lagrasse

Photo © Commune de Lagrasse (Aude)/RCPPM

Oubli, découvertes, désintérêt, réveil

  • 10 Voir les contributions de Mario Marubbi et de Pedro Luis Hernando dans ce volume.
  • 11 Voir Monica Maspoch, « Aproximació historiogràfica dels embigats policromats medievals en arquitec (...)
  • 12  Cette immense salle en forme de nef, construite à l’extrême fin du xiiie siècle par les comtes de (...)
  • 13 Louis Bruguier-Roure, « Plafonds peints du xve siècle », Bulletin monumental, 1873, p. 570-589.

10L’histoire des charpentes peintes de la France méridionale n’est pas exactement semblable à celle de leurs cousines d’au-delà des Alpes et des Pyrénées. Il y manque la phase où, dans la seconde moitié du xixe siècle, elles furent englobées dans le revival du Moyen Âge. Cette vogue des charpentes peintes eut l’effet bénéfique d’éviter leur disparition ou du moins leur ignorance, mais en même temps, elle conduisit à démanteler certains plafonds pour les reconstituer dans un autre cadre10, voire à les vendre à des amateurs étrangers et à alimenter un commerce de closoirs démontés11. En France, quelques plafonds attirèrent l’attention à la fin du xixe siècle et bénéficièrent de restauration dans la façon du temps : la salle de la Diana à Montbrison, en Forez, en est un spectaculaire exemple12. Mais un Bruguier-Roure13 et sa belle étude des plafonds rhodaniens n’eurent guère de successeur immédiat.

  • 14 Eugène Viollet-le-Duc, Rapport sur le projet d’appropriation de l’ancien archevêché de Narbonne, 1 (...)
  • 15 Pour la plupart réalisées par Alexandre Denuelle, peintre de la Commission des monuments historiqu (...)

11L’attitude du jeune Viollet-le-Duc dans le projet de restauration du palais archiépiscopal en hôtel de ville de Narbonne, projet qu’il présenta en 1843, est révélatrice du point de vue des architectes du xixe siècle. Alors que l’aile de la Madeleine, dans le « palais vieux », abrite une extraordinaire charpente peinte (fig. 5), Viollet-le-Duc propose de « sacrifi[er] un corps de bâtiment qui n’a aucune valeur sous le rapport de l’art, et qui tombe en ruine [et d’en faire] une place pour les marchés journaliers14 », mais ces plans suscitèrent l’opposition des riverains et ne se réalisèrent pas. Certes, pour l’aménagement du musée à l’étage supérieur, Viollet-le-Duc imagina des charpentes peintes15, mais dans son Dictionnaire de l’architecture, il ne consacre que quelques lignes à ce type de décor.

Fig. 5 : La grande salle de l’aile de la Madeleine, au palais des archevêques à Narbonne

Fig. 5 : La grande salle de l’aile de la Madeleine, au palais des archevêques à Narbonne

Photo Georges Puchal. © RCPPM

  • 16 Dominique Vingtain, « L’invention des plafonds du Palais des papes d’Avignon », dans Philippe Bern (...)
  • 17 Voir dans cet ouvrage, l’article de Georges Puchal, « Échos des plafonds hispaniques en Provence : (...)

12Au fil des années, quelques faux plafonds sont tombés et la France méridionale s’est révélée très riche en charpentes peintes médiévales. Pour ne rappeler que la redécouverte de quelques édifices majeurs, la charpente de la célébrissime Chambre du cerf, au Palais des papes, avait été masquée par un nouveau plafond en 1701 ; son décor originel fut retrouvé en 1906 lorsque la caserne quitta le palais. Et si les peintures murales furent restaurées deux ans plus tard, il fallut attendre 1962 pour qu’à l’occasion d’une grande campagne de restauration des fresques, la charpente fût aussi consolidée et restaurée16. Pour le cloître de Fréjus, le classement, acquis en 1861, fut le prélude à l’achat par l’État, et des campagnes de conservation, plus ou moins heureuses, furent entreprises entre 1921 et 33, puis de nouveau entre 1969 et 7317.

  • 18 Jacques Peyron, Les plafonds peints gothiques en Languedoc, thèse de 3e cycle, Montpellier, univer (...)
  • 19 Voir Marie-Claude Léonelli, « Le décor peint de la demeure médiévale en Provence : les problèmes d (...)
  • 20 Saint-Hilaire, Aude, siège d’une magnifique abbaye, entre Carcassonne et Limoux.
  • 21 Voir supra, n. 16.
  • 22 Bernard Sournia, Jean-Louis Vayssettes, L’ostal des Carcassonne. La maison d’un drapier montpellié (...)

13Un tournant semble avoir été pris à la fin des années 1970, aussi bien dans la recherche que dans la conservation-restauration par les services de l’État. C’est le moment où Jacques Peyron achève sa thèse consacrée aux charpentes peintes languedociennes18 ; malheureusement ce travail pionnier n’a pas eu l’écho qu’il méritait. Mais c’est aussi le moment où la Médiathèque municipale d’Avignon est aménagée dans la livrée du cardinal Ceccano19 : on y est loin des restaurations vigoureuses, pour ne pas dire violentes, telles que Nodet les a conduites au musée archéologique de Narbonne dans l’ancien palais archiépiscopal, a fortiori de celles de la Diana ou du logis de l’abbé à saint-Hilaire20 au siècle précédent. Pour autant, deux des charpentes peintes de la tour de la Garde-Robe au Palais des papes attendent encore d’être au moins refixées, sinon restaurées21. Et les charpentes peintes demeurent des « objets » fragiles malgré la protection de l’État. En témoigne, le 2 mars 1999, le désastre dans l’hôtel de Gayon-Carcassonne à Montpellier : les barres à mine ont attaqué le décor mural d’une partie de ce qui fut la grande salle, la charpente peinte fut arrachée, mais les planches furent sauvées in extremis de l’envoi à la décharge. La charpente était en petits morceaux ; méticuleusement ramassés dans le tas de gravats par deux chercheurs de l’Inventaire régional, ils furent restaurés (fig. 6) et sont actuellement exposés à la maison du patrimoine de Lagrasse22, tandis que cette salle de l’hôtel montpelliérain est aujourd’hui délivrée des tuyaux de chauffage qui la traversaient et que le décor mural, une frise représentant la vie de saint Eustache et un décor héraldique, a bénéficié d’une restauration, il y a environ un an.

Fig. 6 : Fragment sauvé du décor de l’hôtel de Gayon-Carcassonne, Montpellier

Fig. 6 : Fragment sauvé du décor de l’hôtel de Gayon-Carcassonne, Montpellier

© Pascal Maritaux

Un moment-clé, la restauration de l’hôtel de la famille Piolenc à Pont-Saint-Esprit

14Dans le récent intérêt pour les charpentes peintes, nul doute que la restauration exemplaire de la maison dite des Chevaliers à Pont-Saint-Esprit, sur la rive languedocienne du Rhône, telle que l’a conduite par Alain Girard, a représenté un temps fort. En premier lieu parce que la demeure des Piolenc abrite trois plafonds peints, dont deux sont d’une qualité exceptionnelle : une nef, désormais datée d’entre 1337 et 1343, et la salle d’apparat de Guillaume Piolenc, plus tardive, datée de 1450 (fig. 7 a et b).

Fig. 7 a et b : La cour de justice (a) et la salle d’apparat (b) de Guillaume Piolenc, dans la maison dite des chevaliers à Pont-Saint-Esprit,

Fig. 7 a et b : La cour de justice (a) et la salle d’apparat (b) de Guillaume Piolenc, dans la maison dite des chevaliers à Pont-Saint-Esprit,

Photo Maryan Daspet. © Conservation départementale du Gard

  • 23 Alain Girard, La Maison des chevaliers de Pont-Saint-Esprit, t. 1, La demeure des Piolenc, Conseil (...)

15Si l’on connaissait la première depuis des décennies lorsque le département du Gard décida de faire l’acquisition de l’édifice pour y organiser un musée d’art sacré, les études rigoureuses menées pour la restauration permirent la découverte des deux autres. C’est, en second lieu, la méthode de travail d’Alain Girard qui fit désormais de ces plafonds « la » référence, méthode qu’Alain Girard explicita dix ans plus tard dans un ouvrage qui fit date23. Une étude des archives textuelles et des recherches d’archéologie du sol vient en préalable, associée à une analyse de tout le bâti, d’une absolue nécessité dans ces immeubles bousculés par le temps, souvent déchus. L’analyse dendrochronologique permet de dater l’âge d’abattage des arbres et l’héraldique, celui du décor. L’étude chimique du liant et des pigments est également essentielle. C’est l’un des moyens de prendre la mesure de la somptuosité de l’ouvrage et elle est importante pour le travail de conservation-restauration.

16Mais il n’est plus question de repeindre les closoirs, affirma Alain Girard, notamment parce qu’une telle intervention handicaperait les études futures. Ces principes, cohérents avec toute la stratégie française de restauration, paraissent se heurter parfois avec les couleurs d’une indicible vigueur que révèle tel fragment de baguette conservé à l’abri des injures du temps. Il faudra trouver des méthodes de restitution virtuelle pour permettre de saisir la force originelle des charpentes peintes.

  • 24 Christian de Mérindol, La Maison des chevaliers de Pont-Saint-Esprit, t. 2, Les décors peints. Cor (...)

17L’importance du chantier de Pont-Saint-Esprit fut encore accentuée par la publication du tome 2 de La Maison des chevaliers de Pont-Saint-Esprit, le Corpus des décors monumentaux24, dans lequel Christian de Mérindol, tout à la fois rassembla les connaissances concernant les décors peints dans toute la France, insista sur la fonction de l’héraldique dans ces décors et exposa, en synthétisant ses recherches antérieures, comment se lit l’organisation spatiale d’une charpente peinte.

18Avec la Maison des Chevaliers et ses deux tomes, l’étude des charpentes peintes disposait désormais du guide de référence.

  • 25 La Provence et principalement le foyer avignonnais bénéficiaient peu après, au cours des années 19 (...)
  • 26 Au même moment paraissait aux Éditions du patrimoine une monographie à vocation de sensibilisation (...)
  • 27 Les découvertes de Lagrasse tiennent sans aucun doute à l’exceptionnelle densité de charpentes pei (...)
  • 28 Voir Jean-Louis Vayssettes, La conquête de Majorque par Jacques d’Aragon. Iconographie d’un plafon (...)
  • 29 Pour la seule ville de Montpellier, Bernard Sournia et Jean-Louis Vayssettes en comptent une dizai (...)
  • 30 Philippe Bernardi, « Décor et support… », art. cité, p. 53 ; il faisait allusion à l’article de Lo (...)

19Sur le socle de connaissances apportées par la thèse de Jacques Peyron pour le Languedoc25, avec l’exemple de la méthode d’études de la maison dite des Chevaliers, le formidable outil de travail du tome 226 et la visibilité que la création de la RCPPM donnait aux charpentes peintes de la France méridionale, de nouveaux plafonds peints furent découverts. Pour le seul Languedoc, on en compte une bonne dizaine. En 2011, ce fut un ancien café abandonné, sur la place de l’église de Puisserguier, village voisin de Capestang ; à Lagrasse (fig. 8), on aurait envie de dire qu’ils poussaient comme des champignons27. À Montpellier des travaux dans une maison de la rue des Sœurs-Noires mettaient au jour une prodigieuse charpente peinte où Jean-Louis Vayssettes décrypta, sur une poutre, une représentation de la prise de Majorque par le roi d’Aragon28. Le corpus des charpentes peintes médiévales avoisine aujourd’hui la cinquantaine pour le Languedoc, le Roussillon et la Provence29. En 2008, Philippe Bernardi écrivait : « Nous sommes loin aujourd’hui de la dizaine de sites que pouvait inventorier Louis Bruguier-Roure en 1885. » Dix ans plus tard, on en est encore bien plus loin30.

Fig. 8 : Une nouvelle charpente peinte au moment de sa découverte à Lagrasse (Aude) dans une maison de la rue des deux ponts en octobre 2013

Fig. 8 : Une nouvelle charpente peinte au moment de sa découverte à Lagrasse (Aude) dans une maison de la rue des deux ponts en octobre 2013

Photo Jean-Pierre Sarret. © RCPPM

Géographie des charpentes peintes de la France méridionale

20Ces découvertes récentes ont densifié la carte des charpentes peintes médiévales, mais n’ont pas modifié ses contours.

  • 31 La chronologie du plafond du château de Ravel est sans doute complexe. L’état actuel du plafond n’ (...)
  • 32 On peut hésiter à considérer comme médiéval le plafond à caissons du château du Plessis-Bourré à É (...)
  • 33 Une quinzaine de plafonds peints ont été ainsi répertoriés à Metz. Certains sont rassemblés au sei (...)

21Sans doute faudrait-il pousser au-delà des limites de la région méditerranéenne l’aire des charpentes peintes médiévales. L’Auvergne en a connu précocement, dès la fin du xiiie siècle, à Riom, à Brioude31. Aigueperse montre qu’au milieu du xve siècle, le goût n’en est pas encore passé. La nef de la Diana à Montbrison, en Forez, puis le Vivarais, le Diois et le Lyonnais prolongent cette aire vers l’est. Mais au-delà, vers le nord, commence une vaste région sans charpente peinte médiévale32, du moins connue aujourd’hui, à part le curieux et très riche foyer messin33. Il ne fait aucun doute que les hasards de la conservation expliquent ce qui semble une anomalie. Des exemples connus dans les pays hélvétiques ou en Allemagne du Sud laissent penser que l’enquête livrera un jour d’autres formes de plafonds peints dans l’Europe non méditerranéenne.

  • 34 Voir infra, l’article de Georges Puchal, « Échos des plafonds hispaniques en Provence : le plafond (...)
  • 35 Signalons, pour ces charpentes albigeoises, les travaux en cours de Lannie Rollins, à l’université (...)

22En France, c’est dans la partie méridionale que la répartition des charpentes peintes médiévales est de beaucoup la plus dense. Mais ici elle n’est pas non plus régulière. Soulignons d’abord que les limites actuelles de la France méditerranéenne sont très différentes de celles du royaume à la fin du Moyen Âge. Le Rhône trace grosso modo la frontière entre la France et l’Empire. Montpellier appartient à la Couronne d’Aragon jusqu’en 1349 et le Roussillon ne devient « français » qu’en 1659. Le comté de Provence fut réuni au royaume de France en 1482, tandis qu’Avignon et le Comtat venaissin, alors territoires pontificaux, furent annexés en 1791. Dans cet espace qui va des Pyrénées aux Alpes, il est, dans l’état de nos connaissances, deux foyers principaux : le premier, à l’ouest, qui englobe le Roussillon, s’étend de Carcassonne à Montpellier ; le second est rhodanien, Avignon en étant le pôle. Il faut ajouter à ces deux foyers, deux « îles » : le cloître de la cathédrale de Fréjus, du milieu du xive siècle, si original tant dans sa structure charpentée que dans son iconographie34 et les tardives charpentes albigeoises35. Étrangement, hormis Albi, le Languedoc aquitain, pourtant riche en décors muraux, n’a pas connu ou pas conservé de charpentes peintes médiévales. À moins que des faux plafonds modernes en place n’en occultent quelques-unes et qu’il faille approfondir la recherche ?

Fig. 9 : Géographie des charpentes peintes médiévales dans la France méridionale

Fig. 9 : Géographie des charpentes peintes médiévales dans la France méridionale

© Monique Bourin

Trois siècles de charpentes peintes

  • 36 Pour la Provence, on se référera à la thèse en cours de Delphine Grenet et, en attendant son achèv (...)
  • 37 La datation d’une charpente peinte est complexe : la dendrochronologie permet de dater l’abattage (...)
  • 38 Monique Bourin, Georges Puchal et al., Plafonds peints de Narbonne, Direction générale des affaire (...)

23Si elles n’en ont pas nettement modifié la géographie, les découvertes et les études récentes36 ont sensiblement transformé la chronologie des charpentes peintes de la région37 : en Languedoc, elles y sont bien plus précoces qu’on ne le pensait. Dans l’état actuel de nos connaissances, la plus ancienne charpente peinte est celle de l’aile de la Madeleine au palais vieux des archevêques de Narbonne. Les résultats de l’analyse dendrochronologique, mais aussi l’iconographie, guerrière, sans héraldique, avec des représentations animales d’une hispanité « archaïque », la font remonter, au plus tard, aux environs de 123038. Les premières charpentes montpelliéraines sont à peine postérieures. Tout porte à penser que la représentation de la conquête de Majorque, dans un hôtel de la rue des Sœurs-Noires, est réalisée peu après l’évènement qui s’est produit à l’automne 1229. Ce sont les deux premiers connus dans la France méridionale.

  • 39 Voir notamment Bernard Sournia, Jean-Louis Vayssettes, L’ostal des Carcassonne, op. cit., p. 54-59
  • 40 L’hôtel de la famille Roch, rue des Trésoriers-de-France, fut démoli au xixe siècle, mais des clos (...)
  • 41 Voir la cartographie des dix charpentes peintes « gothiques » dans Bernard Sournia, Jean-Louis Vay (...)
  • 42 Ce fut le cas à Trèbes (Aude) en 1977.

24Montpellier en offre ensuite plusieurs des environs de 127539 : hôtels des Roch40, de Mirman-Bucelli, de Carcassonne-Gayon et bien d’autres41. Au même moment, dans les Corbières, à Lagrasse, la famille Mage, dont la réussite sociale est remarquable, fait décorer sa demeure de charpentes, où l’on a aussi voulu lire une parenté ibérique. À l’extrême fin du siècle, la charpente de la loggia de la Reine, au palais des rois de Majorque est, elle aussi, encore pleinement ibérique. Au tournant du siècle, les entrelacs mais aussi les guirlandes végétales parsemées de fleurs, si fréquentes sur les charpentes languedociennes de ces années-là, témoignent d’un goût communau Languedoc méditerranéen et à la Couronne d’Aragon. On les retrouve dans les décors, plus simples, qui ont cours dans les églises, reconstruites alors, sur arcs diaphragme, aussi bien dans le bassin de l’Aude ou celui de l’Hérault que dans le royaume de Valence, récemment reconquis. Souci d’économie, de rapidité du chantier ? Les siècles suivants les ont jugées indignes et les ont masquées sous des voûtes, souvent de médiocre qualité qui s’écroulent parfois aujourd’hui, et laissent réapparaître la couverture originelle42.

  • 43 La grande période de reconstruction et de décoration liée à l’arrivée des papes à Avignon (qui tou (...)
  • 44 Voir Philippe Bernardi, « Documents médiévaux sur la peinture des charpentes avignonnaises et mars (...)

25Au milieu du xive siècle, le goût pour les plafonds peints est arrivé au Rhône et l’a traversé. Raymond Piolenc, viguier du roi, fait élever et décorer à Pont-Saint-Esprit, dans son hôtel, la nef de la salle de justice. Ce sont des années 1330 que datent les premières charpentes de plancher peintes conservées en Provence : à Avignon, celles des livrées cardinalices de Gaillard de La Mothe – aussi appelée livrée de Viviers – et d’Annibal de Ceccano, et celles du Palais des papes43. Elles y sont insérées dans un ensemble complet de décor des murs et des sols. En même temps, il semble que la décoration peinte sur les plafonds se répande : il nous est parvenu un contrat de commande de 1353 pour le plafond de la maison d’un marchand, Hugues Niel, à Marseille. Le document fait référence à d’autres décors existants comme modèles, ce qui permet de supposer qu’à cette époque ce type de décor ne constitue déjà plus l’apanage des « élites », comme on pourrait être tenté de le croire compte tenu des exemples prestigieux conservés44.

  • 45 Voir dans ce volume, l’article de Luisa Clotilde Gentile : « Plafonds peints médiévaux en Piémont. (...)

26À peine plus tard, le cloître de la cathédrale de Fréjus est une étape plus orientale encore, au moment où le Piémont voit aussi arriver le goût pour les charpentes peintes45.

  • 46 1349-1371, neveu de Clément VI et cousin d’Innocent VI. Son frère, Pierre, archevêque de Narbonne (...)

27La seconde moitié du xive siècle en est singulièrement pauvre ; du moins n’en a-t-on guère conservé, hormis celle dite de la notairie à Béziers, probable salle de justice de l’évêque de Béziers : elle porte les armes de l’évêque Hugues de La Jugie46.

  • 47 La charpente de la maison des consuls à Saint-Pons de Mauchiens (Hérault) et une partie de l’hôtel (...)
  • 48 On citera notamment la tribune de l’église Sainte-Eulalie de Millas, la charpente peinte de Capest (...)
  • 49 Fin de la guerre de Cent Ans en Languedoc et fin de la guerre de l’Union d’Aix et des brigandages (...)
  • 50 L’hôtel Léautaud de Mas Blanc, récemment inscrit au titre des Monuments historiques, possède trois (...)

28Il faut attendre un xvsiècle déjà bien entamé pour que la dynamique reprenne47. Lorsqu’approche le milieu du siècle, on assiste à une véritable floraison, du Roussillon à la Provence48. Il est tentant, mais peut-être dangereux, d’y voir l’écho de la fin de la guerre et d’une réelle reprise démographique et économique49. En tout cas, dès lors, les charpentes peintes deviennent fréquentes, notamment en raison de leur diffusion dans l’habitat domestique des élites urbaines. Le roi René montre l’exemple dans son château de Tarascon tout comme dans son hôtel d’Avignon. À Avignon, l’hôtel de Rascas (fig. 10 a), l’ancien palais épiscopal – actuel musée du Petit Palais –, l’hôtel de Baroncelli – ou palais dit du Roure –, comme à Arles l’hôtel d’Arlatan (fig. 10 b) marquent l’histoire des charpentes peintes de la seconde moitié du xve siècle. La ville de Tarascon n’est pas en reste, où plusieurs hôtels proches du château possèdent encore des charpentes peintes50.

Fig. 10 a et b : Restauration récente de l’hôtel de Rascas à Avignon (a) et de l’hôtel d’Arlatan à Arles (b)

Fig. 10 a et b : Restauration récente de l’hôtel de Rascas à Avignon (a) et de l’hôtel d’Arlatan à Arles (b)

Photo Georges Puchal. © RCPPM

  • 51 Philippe Bernardi, « Documents médiévaux », art. cité.

29On retrouve un écho de cette floraison de plafonds dans les contrats de commande51 nombreux en Provence du milieu du xve siècle jusqu’au début du xvie.

30La dernière décennie du xvsiècle est, en Languedoc, celle d’un véritable engouement : quatre hôtels à Lagrasse, un à Narbonne, le château de Pomas, une maison à Carcassonne pour le seul Languedoc méditerranéen. L’activité du foyer avignonnais se prolonge aussi jusque vers 1540 : l’hôtel de Belli en est l’un des derniers témoins.

31Puis, très rapidement, le goût change. La palette se mue des couleurs très vives, à dominante de rouge, vers des ocres, puis vers des teintes douces de gris ou de bleu. Si la structure des charpentes médiévales ne disparaît pas complètement, de nouvelles apparaissent, « à la française », « tant plein que vide » ; la vigueur et la truculence des images des siècles précédents disparaissent.

  • 52 Georges Puchal, « Un plafond aux accents ibériques », dans Monique Bourin, Georges Puchal et al., (...)
  • 53 Voir Delphine Grenet, Le décor peint des édifices civils en Provence au xve siècle, op. cit., t. 1 (...)

32Les trois derniers siècles du Moyen Âge révèlent donc, à travers les charpentes peintes, plusieurs aires culturelles qui s’interpénètrent. Aux premiers temps des charpentes, à Narbonne52 (fig. 11), à Montpellier, les parentés sont évidentes avec l’espace ibérique. Encore au milieu du xive siècle, le cloître de la cathédrale de Fréjus témoigne, par la structure de la charpente et certains détails stylistiques, tels que l’encadrement des figures, de la persistance des liens avec la péninsule Ibérique, mais on y trouve aussi bien des parentés avec les premières charpentes peintes conservées en Piémont. Dès le début du xive siècle, un foyer fortement italianisant – toscan – s’est installé autour d’Avignon et les premières charpentes conservées, celle de Gaillard de La Mothe et celles du Palais des papes, en portent la marque, tout comme les décors muraux. Pourtant, si l’on en juge par les édifices conservés, les charpentes peintes ont fait leur apparition en Italie du Nord plus tard qu’en France méridionale ; le modèle est celui, général, de la peinture monumentale italienne, mais pas spécifiquement des charpentes peintes. Et les échanges stylistiques sont parfois à double sens : les closoirs du plafond, aujourd’hui démonté, du couvent Santo Stefano de Bologne, offert par le cardinal della Rovere, archevêque d’Avignon et évêque de Bologne, ont été rapprochés des exemples provençaux, alors que les peintures des charpentes du palais épiscopal d’Avignon, du même commanditaire, reflètent un goût très italien à travers les putti qui encadrent ses armes53.

  • 54 Gravure ? Monnaie ?

33Décennie après décennie, l’italianisme s’accentue (fig. 12), mais sans doute aussi d’autres circulations, dont on connaît mal les voies et les moyens. Comment l’extraordinaire profil de Maximilien de Habsbourg (fig. 13) est-il arrivé sur un closoir de la rue Foy à Lagrasse54 ?

Fig. 11 : Les oiseaux de la charpente peinte de l’aile de la Madeleine au palais archiépiscopal de Narbonne rappellent, notamment par le tracé de leurs ailes, les manuscrits ibériques du Beatus

Fig. 11 : Les oiseaux de la charpente peinte de l’aile de la Madeleine au palais archiépiscopal de Narbonne rappellent, notamment par le tracé de leurs ailes, les manuscrits ibériques du Beatus

Photo Georges Puchal. © RCPPM

Fig. 12 : L’un des closoirs empreints d’italianisme au château de Pomas (Aude)

Fig. 12 : L’un des closoirs empreints d’italianisme au château de Pomas (Aude)

Photo Georges Puchal. © RCPPM

Fig. 13 : Portrait de Maximilien de Habsbourg sur un closoir de l’hôtel de la rue Foy à Lagrasse (Aude)

Fig. 13 : Portrait de Maximilien de Habsbourg sur un closoir de l’hôtel de la rue Foy à Lagrasse (Aude)

© Archives départementales de l’Aude

Charpentiers et peintres

34Comment les chantiers qui ont édifié les charpentes méridionales ont-ils fonctionné ? Les procédés techniques révélés par les célébrissimes images de la cathédrale de Teruel sont clairement ceux qui ont prévalu dans la France méridionale. Elles montrent des charpentiers et des peintres au travail, les deux corps de métier associés dans la fabrication des charpentes peintes. La situation la plus simple, celle de Teruel, montre, selon une chaîne opératoire rationalisée, le travail au sol du peintre sur des planches de grande dimension, préparées par les charpentiers-menuisiers (ceux que les langues méridionales appellent fustiers). Après peinture, elles sont découpées aux dimensions souhaitées ; les planchettes ainsi obtenues (closoirs) sont glissées, chacune à sa place, dans les fentes préalablement ménagées dans les solives, et probablement, bénéficient alors de quelques retouches de peinture. Mais il faudra analyser soigneusement les bords des closoirs pour identifier les autres cas, ceux où la charpente a été décorée entièrement en place, ce que révèlent quelques coups de pinceaux qui ont débordé sur les joues des solives.

35La multiplication des corniches, cimaises et quarts-de-rond adoucit les angles droits au xve siècle et enrichit le décor, mais ne modifie pas le principe d’organisation du travail. Certes, il permet l’usage du pochoir, mais, au moins dans la France méridionale, comme les motifs ne sont pas parfaitement identiques, il faut en conclure que, la plupart du temps, les peintres sont si habitués aux modèles qu’ils reproduisent sur de grandes longueurs, qu’ils les peignent à main levée.

L’étude du travail des peintres est encore à faire

36La documentation textuelle est moins riche qu’on ne l’imaginerait, même dans les régions, Provence et Roussillon, où les registres de notaires sont conservés avec leur précieux corpus de baux à prix fait. Néanmoins, en Provence, l’établissement d’actes notariés pour ce type de décor, courant dans la seconde moitié du xve siècle, permet d’estimer que le nombre de plafonds peints réalisés durant cette période a été nettement supérieur à ce qui a subsisté, mais à défaut d’une prospection exhaustive des archives notariales, il est difficile d’estimer le contingent de plafonds disparus.

  • 55 Voir Philippe Bernardi, « Documents médiévaux », art. cité, p. 143-175.
  • 56 Voir Delphine Grenet, Le décor peint des édifices civils, op. cit. Voir aussi Émile Fassin, « Curi (...)
  • 57 Voir Rodrigue Tréton, « La construction de la tribune sculptée de l’église Sainte-Eulalie de Milla (...)

37Le contrat détaille rarement les sujets, mais plus souvent un modèle de référence ; il précise à peine plus les pigments. Mais ces documents sont essentiels : ils indiquent le délai de réalisation du décor, le prix avec son mode de paiement et donnent les noms des contractants, commanditaires et peintres, parmi lesquels Albéric Dombet, Nicolas Poncet, Pierre Vilatte, Jean Gras, tous provençaux55. On connaît aussi Nicolas Ruffi, à qui Jean d’Arlatan confia peut-être les charpentes de son hôtel d’Arles56. Et Bartholomé Capdeville, peintre de Perpignan qui réalisa la tribune de l’église Sainte-Eulalie de Millas57.

38L’analyse technique des décors apporte un autre éclairage. La méthode picturale, claire et surprenante, commune à l’exécution de nombre de charpentes, consiste à prendre quelques repères (difficiles à retrouver aujourd’hui sous la peinture), à peindre le fond en laissant en réserve le sujet, puis à peindre le sujet et enfin à tracer les contours noirs qui soulignent le graphisme sur ces planches destinées à être vues à plusieurs mètres de distance (fig. 14).

Fig. 14 : Tarasque (?) sur un closoir du Château de Tarascon

Fig. 14 : Tarasque (?) sur un closoir du Château de Tarascon

Photo Georges Puchal. © RCPPM

  • 58 Bernard Sournia et Jean-Louis Vayssettes retrouvent le style d’un même atelier à Montpellier sur q (...)

39Les éléments décoratifs qui se multiplient au xve siècle semblent appartenir à une grammaire commune. Il faudra cependant les étudier de manière comparative. Les rangs de dents de loup ou de triangles à redents se généralisent : à quel rythme ? Avec quelles variantes ? Rapidement observés, les entrelacs et rinceaux semblent se copier les uns les autres. Certes, mais sans être identiques, et cette piste pour détecter, d’une charpente à une autre, la main d’un même atelier n’a jusqu’à présent rien donné58.

  • 59 Il faut par exemple tenir compte de l’altération de l’orpiment. Vues de près, les poutres de la ch (...)

40Pour parvenir à distinguer divers ateliers et à les identifier, il y a sans doute peu à attendre d’une connaissance des liants, puisque l’emploi de colle animale est l’usage commun. Mais l’étude des pigments sera peut-être une voie d’accès à l’identification d’ateliers, non pas tant les pigments eux-mêmes, car les charpentes peintes de la France méridionale utilisent en général une gamme assez constante de pigments peu onéreux, ocres, minium, vermillon, noir de charbon, dolomite, indigo, orpiment, mais leur combinaison. L’accès à des méthodes d’analyse non destructrice devrait en tout cas donner une connaissance plus solide que la constatation des couleurs actuelles « à l’œil », tant elles ont pu s’altérer59.

Une spécificité méridionale : des charpentes de conifères

  • 60 Émilien Bouticourt, Charpentes méridionales. Construire autrement : le Midi rhodanien à la fin du (...)

41Autant l’étude des techniques picturales en est à ses débuts, autant elle a franchi un grand pas avec la publication d’un livre majeur, les Charpentes méridionales d’Émilien Bouticourt60, qu’il conviendra de replacer dans une comparaison avec les charpentes italiennes et ibériques. Émilien Bouticourt fait ressortir la particularité des charpentes méridionales : dans ces pays de bois rare – d’une rareté croissante avec l’urbanisation galopante du xiiie siècle –, les fustiers ont utilisé les ressources régionales dont ils ont tiré le meilleur parti. Les fustes venues par flottaison, équarries ou semi-équarries, étaient de sapin ou parfois aussi de mélèze en Provence. Ces essences donnent des pièces de bois légères, qui ont l’avantage d’être aisées à mettre en place, et de pouvoir servir d’échafaudage, mais elles manquent de rigidité ; leur positionnement de chant permit de compenser l’inconvénient de cette trop grande souplesse.

  • 61 On mettra à part les nefs et les charpentes lambrissées.
  • 62 Sur ce point, voir Émilien Bouticourt, Charpentes méridionales, op. cit., p. 88 et suiv.
  • 63 Le terme « plafond à la française » est parfois utilisé pour désigner le plafond à deux registres, (...)
  • 64 Par exemple dans l’arrière-pays languedocien au château de Latour-sur-Sorgue (Aveyron) ou à celui (...)

42Plusieurs types de charpente de plancher61 se sont partagé l’espace méridional, qu’Émilien Bouticourt classe selon le nombre d’ « étages » ou, pour reprendre son expression, de « registres » : un, deux ou trois. Même s’il souligne que chacun des types s’est renouvelé au cours de la période, à l’ouest du Rhône, se perçoit une certaine chronologie : le plafond à un registre (Narbonne, Loggia de la reine au Palais des rois de Majorque à Perpignan) règne aux premiers temps des charpentes de plancher et laisse place au plafond à deux registres (poutres et solives, dès lors majoritaire : Capestang, hôtel de Brignac à Montagnac, etc.). À Avignon et à l’entour, est adopté le plafond à trois registres, structure solide, rigide et pourtant peu dispendieuse62 : deux rangs perpendiculaires de poutres et au-dessus, un rang de solives qui reprend le sens du premier rang de poutres. Le Languedoc ne le pratique pas. Mais les deux régions commencent à se convertir, dès le milieu du xve siècle, au plafond à caissons, que Charles VIII découvrit plus tard avec admiration en Italie. Ils ordonnent l’espace en une trame formée sur une géométrie de carrés. Les premières réalisations sont de faux caissons, où les poutres se superposent et ne se croisent pas. La seconde moitié du siècle voit s’édifier de vrais caissons (fig. 15). Puis s’impose le plafond « à la française », appelé aussi « tant plein que vide »63, qui conjugue les modes de construction méridional et septentrional, démodant les anciennes charpentes, qu’on continue pourtant à édifier64.

Fig. 15 : Plafond à caissons au premier étage de la maison du patrimoine à Lagrasse

Fig. 15 : Plafond à caissons au premier étage de la maison du patrimoine à Lagrasse

Photo Georges Puchal. © RCPPM

Les images entrent dans les maisons

  • 65 Et également en façade, voir la thèse de Cécile Bulté, Images dans la ville. Décor monumental et i (...)

43La réalisation des charpentes peintes constitue une étape essentielle dans le rapport que la société occidentale entretient avec les images. Elle marque l’entrée de l’image dans la maison65, à côté des objets mobiliers, coffres, retables portatifs, images accrochées aux murs, vaisselle en terre cuite, qui sont aussi des supports iconographiques. Et ce sont des centaines d’images inédites que le décor des charpentes de plancher apporte à l’histoire des représentations à la fin du Moyen Âge, des images très différentes de celles auxquelles les retables et les fresques des églises ont habitué. Par la truculence de certaines, par la place qu’y joue le monde animal, sous toutes ses formes, elles semblent partager la veine d’inspiration des stalles et des marges de manuscrit, mais ce n’est qu’une partie de l’inspiration des charpentes peintes. Les composantes du décor sont complexes.

  • 66 Voir Delphine Grenet, Le décor peint des édifices civils, op. cit., p. 54.
  • 67 Quelques exemples sortent du lot : les charpentes du Petit Palais d’Avignon, qu’elles datent d’Ala (...)

44Les charpentes peintes s’intègrent à un décor complet, sol, murs, plafond. Autant qu’on puisse en juger, au fil des décennies, le décor des murs semble se faire plus discret, souvent rien d’autre qu’un faux appareil66. Mais si les murs offrent une inspiration homogène, les plafonds sont le lieu de la variété, cette varietas que le Moyen Âge perçoit comme l’essence de la vie. Dans la France méridionale, les grandes séries de closoirs, unis par une même thématique, sont rares67 (fig. 16). Quelques closoirs vont par deux ou trois. L’immense majorité semble isolée, mais sans doute bénéficie-t-elle d’une forte puissance évocatrice parce qu’elle entre en résonnance avec une culture et des images qui nous échappent et qu’il faudrait expliciter.

Fig. 16 : Danseurs du château de l’archevêque de Capestang

Fig. 16 : Danseurs du château de l’archevêque de Capestang

Photo Georges Puchal. © RCPPM

45Les recherches de Christian de Mérindol l’ont bien montré : malgré cette impression première de fourmillement désordonné, les charpentes peintes suivent une organisation spatiale qui déroule, par la direction des regards et des gestes, un sens de lecture. Tous les emplacements ne sont pas équivalents : face à l’entrée, auprès de la cheminée, les images sont à l’honneur. Il n’est pas toujours facile de retrouver l’emplacement originel de la cheminée, des accès, des fenêtres, mais il conviendra de faire la synthèse de toutes les dispositions « robustes » de ces éléments architecturaux et d’en voir les nuances régionales et chronologiques.

L’héraldique et l’honneur de soi

  • 68 Les archevêques de Narbonne ont tardé à affirmer leur emblème héraldique familial ou personnel : P (...)
  • 69 Voir Jean-Louis Vayssettes, La conquête de Majorque par Jacques d’Aragon, op. cit.
  • 70 Philippe Huppé, « L’exemple d’une propagande politique : les blasons exceptionnels de l’hôtel de B (...)
  • 71 Voir un remarquable exemple, Christian de Mérindol, « Le décor des salles d’apparat du xve siècle  (...)

46L’héraldique est omniprésente sur les charpentes peintes méridionales. Le premier plafond, celui de Narbonne, est l’un des seuls à n’avoir aucun sujet héraldique68. L’hôtel montpelliérain de la rue des Sœurs-Noires, à peine postérieur, figure en revanche une riche héraldique dans la scène représentant la conquête de Majorque ; elle est plus instable pour les autres écus69. L’héraldique occupe ensuite une place dominante, comme dans la salle de justice de Pont-Saint-Esprit (fig. 7a). Il faudra bâtir une chronotypologie de l’héraldique des charpentes peintes, prenant en compte le commanditaire, le type de programme et l’époque, et approfondir les principes de son placement au sein de la géométrie spatiale des charpentes. Aux environs de 1300, dans le vestibule inférieur de sa chapelle à l’abbaye de Lagrasse, Auger de Gogenx consacre un closoir sur deux à ses propres armes tout comme les couvre-joints en sont parsemés. Un siècle et demi plus tard, Jean d’Harcourt réserve toute la poutre centrale de sa salle d’apparat au château de Capestang à l’alternance de ses armes familiales avec celles de l’église de Narbonne et n’admet aucun autre écu sur cette charpente, de même qu’à Avignon, le palais archiépiscopal ou l’hôtel du roi René. Mais au même moment, l’hôtel de Brignac à Montagnac, présente une sorte d’armorial de quarante écus différents : les Brignac y figurent sept fois, seuls à apparaître plusieurs fois tandis que les écus de différents seigneurs ecclésiastiques et laïcs de la région sont dispersés sur la charpente. Auprès de la cheminée trônent le pape, l’empereur et le roi de France, puis le dauphin, les ducs de Berry et d’Orléans et en face les Armagnac70. La présence des armes royales, et celle des écus des princes de sang sont à lire comme des messages d’histoire à décrypter à court et à long terme71. Toutes les charpentes méridionales du xve siècle demandent à être comparées entre elles et avec celles de régions qui n’ont pas connu un tel développement de l’État royal. La présence des armes urbaines, par exemple celles de Béziers à la salle de justice de l’évêque ou celles d’Avignon, justifiera aussi d’études à venir.

  • 72 Sur cette question voir l’ensemble du volume : Gil Bartholeyns, Monique Bourin, Pierre-Olivier Dit (...)
  • 73 Laura Ceccantini, « Le plafond à caissons de la maison Sibra de Lagrasse (rue Foy) peint au début (...)
  • 74 Jérôme Hayez, « La marque, le blason et la figure. Usages des signes identitaires dans l’entourage (...)

47La seconde moitié du xve siècle voit apparaître et se multiplier d’autres signes d’identification72. Les grands marchands, tel Jean Dymes à Narbonne, qui ont aussi des armes héraldiques, leur préfèrent leur marque commerciale. Que la tribune de l’église Sainte-Eulalie de Millas, qui est l’œuvre d’une collectivité de paroissiens, leur fasse une large part ne surprend pas ; en revanche, rue Foy à Lagrasse, la présence de quatorze closoirs représentant sept marques différentes est sans doute une des clefs pour comprendre cette charpente des premières années du xvie siècle73, mais on peine à la trouver (fig. 17), d’autant que les marques de marchands n’ont pas fait l’objet d’études comme il en est pour l’héraldique74.

Fig. 17 : Marque de marchand sur un closoir de l’hôtel de la rue Foy à Lagrasse

Fig. 17 : Marque de marchand sur un closoir de l’hôtel de la rue Foy à Lagrasse

Photo Jean-Pierre Sarret. © RCPPM

  • 75 Hervé Aliquot, « Sur un plafond du palais du Roure : les alliances de Pierre de Baroncelli », Revu (...)
  • 76 Ensemble de douze closoirs provenant d’une ancienne maison rue Petite-Saulnerie à Avignon, que l’o (...)

48Le xve siècle est aussi le temps où le visage s’individualise sur les charpentes peintes. Déjà à Fréjus, vers 1350, des médaillons portant des bustes alternativement féminins et masculins, semblent chercher une forme de personnalisation. De même, à la tribune de Millas, les abouts des solives se terminent par des visages sculptés aux traits marqués, proches de la caricature. Portraits ? Pas encore à Capestang où la manière distingue seulement les traits grossiers de certains visages de ceux plus raffinés de plusieurs couples. Mais à Pont-Saint-Esprit, au même moment, on a cru reconnaître le portrait de Charles VII et celui du maître des lieux, Guillaume Piolenc, et, rue Foy à Lagrasse, les profils des rois de France sont reconnaissables. La question se pose aussi à l’hôtel Baroncelli d’Avignon, où deux closoirs représentant un homme et une femme en buste ont été interprétés comme une évocation du commanditaire et de ses deux épouses75. Au même moment se font jour les premiers « cadrages » insolites de visages exotiques (fig. 18) ou plus largement des séries de bustes, comme on peut le voir sur un ensemble de closoirs déposés dans les réserves du musée du Petit Palais d’Avignon76. C’est une thématique à comprendre aussi dans une perspective comparative, qualitativement et quantitativement, quand on sait la vogue des closoirs lombards de l’atelier des Bembo.

Fig. 18 : Cadrage en contre-plongée dans la salle d’apparat de Guillaume de Piolenc à Pont-Saint-Esprit (Gard)

Fig. 18 : Cadrage en contre-plongée dans la salle d’apparat de Guillaume de Piolenc à Pont-Saint-Esprit (Gard)

Photo Myriam Daspet. © Archives départementales du Gard

  • 77 Voir Gérard Alquier, « L’écrit : devises, maximes, proverbes » dans Gil Bartholeyns, Monique Bouri (...)
  • 78 Licia Buttá, « Storie per governare: iconografia giuridica e del potere nel soffito dipinto delle (...)
  • 79 Laura Ceccantini, « Le plafond à caissons… », art. cité.

49Faut-il accorder une valeur identitaire aux inscriptions en phylactères, écrites à la fin du xve siècle sur quelques closoirs ou parfois sur les poutres ? Elles sont rares et certaines belles charpentes, comme celle de Pomas, n’en ont pratiquement pas reçu. Parfois rien d’autre que l’IHS, très commun ; plus souvent des proverbes, d’une banalité certaine, mais aussi un rappel du memento mori plus personnel. Toutefois, jusqu’à la commanderie de Rayssac, près d’Albi, où en 1514, sur une série de closoirs, Jean Boniface indique qu’il fit faire ce plafond77, la France méridionale n’a rien produit de comparable à la longue inscription que Manfred, comte de Chiaramonte, fit peindre sur une poutre muraillère de la grande salle de son palais à Palerme, indiquant tout à la fois son nom, la date de début et la date de fin de l’ouvrage : 1er juillet 138078. Néanmoins les jeux de mots ici et les allusions littéraires là, comme les ballades d’Eustache Deschamps au plafond de la rue Foy à Lagrasse79, révèlent la nouveauté d’un contact avec l’écrit, qui se manifeste dans des langages divers, latin ou langue vulgaire (fig. 19).

Fig. 19 : Phylactère dans la maison dite « du viguier » à Puisserguier (Hérault)

Fig. 19 : Phylactère dans la maison dite « du viguier » à Puisserguier (Hérault)

Photo Frédéric Mazeran. © RCPPM

Le monde animal

  • 80 Le troublant rapprochement a été fait par Jean-Pierre Sarret.

50Si l’héraldique, les devises, les visages et peut-être les premiers portraits évoquent personnellement le propriétaire des lieux, ses proches et ses pairs, il faut sans doute lire comme une autre facette de son monde, le foisonnement animal des charpentes. Animaux domestiques, au premier rang desquels le chien, et animaux sauvages, mais familiers sont très présents. Les scènes de chasse, évoquées par la poursuite des animaux, en sont la rencontre (fig. 20). Mais, participant d’un même imaginaire, les animaux exotiques et fantastiques peuplent bien plus encore les charpentes médiévales de la France méridionale : au plafond de l’hôtel de Brignac, il y a presque trois fois plus d’animaux fantastiques que d’animaux réels. Dans ce domaine aussi, il faudrait tenter d’identifier les modèles et de les suivre : comment expliquer que le dragon du tableau Saint Georges terrassant le dragon au musée d’Écouen ressemble si parfaitement à celui, à peine antérieur, représenté sur un closoir d’une maison de la place de la halle à Lagrasse80 ?

Fig. 20 : Scène de chasse sur un closoir de la maison Chambon à Die (Drôme)

Fig. 20 : Scène de chasse sur un closoir de la maison Chambon à Die (Drôme)

Photo Georges Puchal. © RCPPM

Entre méditation et rires

51Les charpentes peintes du xve siècle ne sont cependant pas qu’un entre-soi, où l’héraldique des familles alliées jouxte un monde animal à la fois quotidien et imaginaire. Il y a, bien sûr, les couples de danseurs à Capestang, les fêtes musicales de Pont-Saint-Esprit, les duels de Die pour évoquer la vie courtoise, mais les closoirs ouvrent sur un monde plus large et plus profond. Certains portent des évocations quasi philosophiques sur la fécondité, les âges de la vie, la mort. Le fou est l’un des sujets les plus récurrents des charpentes. Certaines en comptent même plusieurs. Le carnaval et son monde inversé ne sont jamais loin. Mais il voisine avec le rire et la truculence : combien de soufflaculs et de mauvaises odeurs qui font se boucher le nez ? Que dire de ce chantre affublé d’oreilles d’âne au plafond de Capestang ? Que penser de ces moines paillards sur les charpentes d’une maison qui jouxte l’église paroissiale à Lagrasse ? Rabelais n’est pas loin des charpentes méridionales.

52Ces quelques pages cherchent à présenter le point auquel nous étions parvenus dans la compréhension des charpentes peintes médiévales de la France méridionale, lorsqu’en octobre 2015, nos collègues, et aujourd’hui amis, italiens et espagnols nous ont apporté « leurs » charpentes. Ce bilan de la France méridionale a été écrit trois ans plus tard ; pour mieux prendre la mesure de tout ce que nous a apporté cette confrontation méditerranéenne. Nous nous en tenons à présenter les charpentes méridionales telles qu’elles nous apparaissaient alors, mais il ne fait aucun doute que notre regard a changé. Comme dans tout travail historique, il n’était pas facile de dégager, dans le seul espace de la France méridionale, la part des traits généraux, celle des nuances chronologiques et régionales, celle de l’appartenance sociale à une élite polymorphe, et les singularités personnelles des commanditaires. L’ouverture de notre champ d’investigation à tout l’arc méditerranéen n’a pas simplifié – on s’en doute – la lecture des charpentes peintes, mais a confirmé la complexité des échanges aboutissant à une réelle homogénéité culturelle. Le temps est venu d’en percevoir les nuances ; au sein de ce moment partagé où se noue, pas seulement dans l’élite sociale, un nouveau rapport d’appropriation de l’image.

Annexe 1 : Chronologie des plafonds peints entre Alpes et Pyrénées

1200-1250

53Narbonne : palais archiépiscopal (aile de la Madeleine)

54Montpellier : poutre de la rue des sœurs noires (conquête de Majorque)

55Riom (Auvergne) : hôtel (adresse non communiquée)

1250-1300

56Lagrasse : maison Mage

57Montpellier : hôtels des Carcassonne ; des Bucelli ; des Conques, Chirac, Roques

58Béziers : hôtel Guibal

59Brioude : plafond du Doyenné

60Ravel : château de Pierre Flotte

61Perpignan : palais des rois de Majorque (Loge de la reine)

1280-1340

62Décor des nefs d’église sur arc diaphragme

1300-1350

63Avignon : Livrée de Gailhard de La Mothe, dite aussi de Viviers (v. 1335)

64Avignon : Palais des papes (dont Chambre du cerf)

65Pont-Saint-Esprit : salle de justice de Raimond Piolenc

66Avignon : livrée du cardinal Ceccano

1350-1400

67Fréjus : cloître des chanoines

68Pieusse : château des archevêques de Narbonne

69Béziers : la notairie des évêques

70Saint-Pons de Mauchiens : maison dite des consuls

1400-1450

71Avignon : closoirs de la maison dite des infirmières (1417-1431)

72Beaucaire : 7-9 rue de la République

73Millas : tribune de l’église (1440-42)

74Montagnac : hôtel de Brignac

75Pont-Saint-Esprit : salle de Guillaume Piolenc

1450-1500

76Gabian : château des évêques de Béziers

77Capestang : plafond de l’archevêque Jean d’Harcourt

78Montpellier : loge de Jacques Cœur

79Poussan : château d’en-bas

80Carcassonne : 51 rue de Verdun, maison Belissen (v. 1452)

81Arles : hôtel d’Arlatan

82Beaucaire : rue Camille Desmoulins (1457-1461)

83Avignon : Petit Palais (Baroncelli – della Rovere) (1457 et v. 1481-1503)

84Tarascon : château du roi René (1447-1449 ou v. 1470)

85Avignon : hôtel du roi René (1476-1480)

86Avignon : hôtel de Rascas

1490-1530

87Avignon : hôtel Baroncelli – palais du Roure (v. 1488-1498)

88Pomas : château

89Narbonne : maison de jean Dymes (dite aussi « Maisonh des infirmières »), 8 rue Rabelais

90Carcassonne : 19 rue de Verdun

91Lagrasse :

  • maison du patrimoine, 16 rue Paul Vergnes (4 plafonds) ;

  • 8 place de la Halle (parcelle B323) ;

  • 14 rue des Deux Ponts (B2115) ;

  • 9 rue des Cancans (B2026) ;

  • 9 place de la Halle (B1598)

92Albi : plafonds de la canourgue Saint-Salvi

93Avignon : hôtel de Belli (v. 1540)

Annexe 2 : Ouverture bibliographique

94Cette bibliographie est un choix succinct ; Pour une bibliographie plus complète se référer au site rcppm, rubrique Bibliographie : http://rcppm.org/​blog/​pro-et-chercheurs/​bibliographie/​

Au cœur de la question

95Bernardi Philippe, Bourin Monique (dir.), Plafonds peints médiévaux en Languedoc. Colloque de Capestang, Narbonne, Lagrasse (2008), Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, 2009 (https://books.openedition.org/​pupvd/​3081?lang=fr).

96Bernardi Philippe, Mathon Jean-Bernard (dir.), Aux sources des plafonds peints médiévaux. Provence, Languedoc, Catalogne, Capestang, RCPPM, 2011.

97Bourin Monique et al., Images oubliées du Moyen Âge. Les plafonds peints du Languedoc-Roussillon, Montpellier, Direction générale des affaires culturelles du Languedoc-Roussillon (DUO), 2011 (http://rcppm.org/​blog/​wp-content/​uploads/​2012/​07/​Images-oubli%C3%A9es-du-Moyen-Age.pdf).

Autres références

98Boos Emmanuel de, « Brioude secreta : le plafond peint du doyenné », dans Matteo Ferrari (dir.), L’arma segreta. Heraldica e storia dell’arte nel medioevo (secoli XIII-XV), Florence, Le Lettere, 2015, p. 31-46

99Bernardi Philippe (dir.), Forêts alpines et charpentes de méditerranée, cat. expo., Gap, Musée Museum départemental, 1er octobre 2007-15 mars 2008, Gap, Fournel, 2007.

100Bartholeyns Gil, Bourin Monique, Dittmar Pierre-Olivier (dir.), Images de soi dans l’univers domestique (xiiie-xvie siècle), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2018.

101Bourin Monique, Puchal Georges et al., Plafonds peints de Narbonne, Direction générale des affaires culturelles Occitanie, Conservation régionale des monuments historiques, 2016 (http://rcppm.org/​blog/​wp-content/​uploads/​2016/​02/​MEP-Duo-plafonds-peints-Narbonne-WEB-1.pdf)

102Bouticourt Émilien, Charpentes méridionales. Construire autrement : le Midi rhodanien à la fin du Moyen Âge, Arles, Honoré Clair, 2016.

103Bruguier-Roure Louis, « Plafonds peints du xve siècle », Bulletin monumental, 1873, p. 570-589.

104Bruguier-Roure Louis, « Les plafonds peints du xve siècle dans la vallée du Rhône », Congrès archéologique de France, 52, Montbrison 1885, Caen, 1886, p. 309-352.

105Bulletin des amis de Montagnac, 82, Les plafonds peints de l’hôtel de Brignac, mai 2011.

106Ceccantini Laura, « Le plafond à caissons de la maison Sibra de Lagrasse (rue Foy) peint au début du xvie siècle », Bulletin de la Société d’études scientifiques de l’Aude, 97, 2018, p. 123-136.

107Dumas Colette, Puchal Georges, L’imagier de Fréjus. Les plafonds du cloître de la cathédrale, Paris, Éditions du Patrimoine, 2001.

108Foltran Julien, Vivre en ville près d’une abbaye. Les pays d’Aude du viiie au xvie siècle : Alet, Caunes, Toulouse, Lagrasse, 2020.

109Fronton-Wessel Marie-Laure, Plafonds et charpentes ornés en Bas Languedoc (diocèse de Narbonne et de Carcassonne), thèse de doctorat, université de Toulouse Le Mirail, 2000, 3 vol.

110Girard Alain, La Maison des chevaliers de Pont-Saint-Esprit, t. 1, La demeure des Piolenc, Conseil général du Gard, 2001.

111Grenet Delphine, Le décor peint des édifices civils en Provence au xve siècle, mémoire de Master 2, université Paris Sorbonne, 2014, 3 vol.

112Laforgue Jean, « Le plafond peint de la salle Vinas du Château d’En-bas à Poussan (Hérault) », Études héraultaises, 33-34, 2002-2003, p. 43-56.

113Langlois Gautier, Foltran Julien, Sarret Jean-Pierre, « La maison de Bérenger Mage, viguier de Lagrasse au xiiie siècle, et son plafond peint armorié », Bulletin de la Société d’études scientifiques de l’Aude, supplément 96, 2016.

114Léonelli Marie-Claude, « Le décor peint de la maison », dans Société archéologique du Midi de la France (dir.), La maison au Moyen Âge dans le Midi de la France. Actes des journées d’étude de Toulouse, Hôtel d’Assézat, 19-20 mai 2001, Toulouse, 2002, p. 265-270.

115Mérindol Christian de, La Maison des chevaliers de Pont-Saint-Esprit, t. 2, Les décors peints. Corpus des décors monumentaux peints et armoriés du Moyen Âge en France, Conseil général du Gard, 2001.

116Moench Esther, « Dalle fantasticherie di Clemente VI ai discorsi di potere dei mercanti. Soffitti in Provenza nel Trecento e nel Quattrocento », dans L. Giordano (dir.), Soffitti lignei. Convegno internazionale di studi, Pise, 2005 (Quaderni di Artes/1), p. 161-176.

117Peyron Jacques, Les plafonds peints gothiques en Languedoc, thèse de 3e cycle, Montpellier, université Paul-Valéry, 1977, 3 vol.

118Peyron Jacques, Robert Annick, Les plafonds peints gothiques d’Albi, Albi, Presses Midi-Pyrénées, 1984.

119Reboul Michel, « Exemple de l’art décoratif médiéval : les plafonds peints de Beaucaire », Bulletin de la Société de l’histoire et d’archéologie de Beaucaire, 111, 1992, p. 15-21.

120Robert-Peyron Annick, « Les jardins sur les plafonds peints gothiques languedociens », Jardins et vergers en Europe occidentale, Flaran, 9, 1987, p. 245-250.

121Sournia Bernard, Vayssettes Jean-Louis, Montpellier. La demeure médiévale, Inventaire général, Imprimerie nationale, 1991.

122Vayssettes Jean-Louis, L’ostal des Carcassonne. La maison d’un drapier montpelliérain du xiiie siècle, Montpellier, Direction générale des Affaire culturelles (Duo), 2014 (https://www.fondation-patrimoine.org/​uploads/​medias/​pdf/​5b17e26e49ae8_duo-gayon-carcassonne-web-pdf).

123Vayssettes Jean-Louis, La conquête de Majorque par Jacques d’Aragon. Iconographie d’un plafond peint montpelliérain du xiiie siècle, Direction générale des affaires culturelles Occitanie, Conservation régionale des monuments historiques, DL, 2017 (https://mediterranees.net/​moyen_age/​jaume/​Duo%20Majorque%20WEB.pdf).

Notes

1 La frontière avec le monde islamique a varié au cours des trois derniers siècles du Moyen Âge et à la fin de la période, la domination musulmane est réduite au royaume de Grenade.

2 En 1956, l’abbé Giry avait publié une première étude sur « La salle haute du château de Capestang », dans le numéro 17-18 du Bulletin de la société des amis de Nissan, 25-27. Mais c’est l’article de Michel Adgé, paru dans les Études héraultaises, 2, 1977, Le plafond du château de Capestang (xve siècle). Étude préliminaire », p. 1-20, qui en signala l’intérêt pour un nombre un peu plus grand de lecteurs. (https://www.etudesheraultaises.fr/publi/le-plafond-du-chateau-de-capestang-15e-siecle/).

3 La restauration de la façade sud du château de Capestang (www.culture.gouv.fr/content/download/45927/363393/.../MEP+Capestang-WEB.pdf).

4 Philippe Bernardi, « Décor et support : quelques éléments de terminologie relatifs aux charpentes peintes médiévales » dans Bernardi Philippe, Bourin Monique (dir.), Plafonds peints médiévaux en Languedoc. Colloque de Capestang, Narbonne, Lagrasse (2008), Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, 2009, p. 61 et suiv. (https://books.openedition.org/pupvd/3081?lang=fr).

5 Dans le département du Gard, sur la rive occidentale du Rhône.

6 Pomas et Pieusse sont deux villages proches, situés dans le département de l’Aude, au sud de Carcassonne.

7 Voir Philippe Bernardi, « Décor et support… », art. cité, p. 56.

8 Déjà Colette Dumas et Georges Puchal, dans leur ouvrage sur le plafond peint du cloître de Fréjus, notaient la nécessité de transgresser le cadre des frontières contemporaines pour développer les recherches sur ce sujet. Colette Dumas, Georges Puchal, L’imagier de Fréjus. Les plafonds du cloître de la cathédrale, Paris, Éditions du Patrimoine, 2001, p. 7.

9 Vera Segre, « Carnevale, giocchi e trasgressione nei soffiti dipinti tardo-medievali da Bellinzona a Carcassonne », Archivio storico ticinese, 159, p. 4-35.

10 Voir les contributions de Mario Marubbi et de Pedro Luis Hernando dans ce volume.

11 Voir Monica Maspoch, « Aproximació historiogràfica dels embigats policromats medievals en arquitectura domèstica catalana », Quaderns del MEV, 6, 2013, p. 60-70.

12  Cette immense salle en forme de nef, construite à l’extrême fin du xiiie siècle par les comtes de Forez, était à l’origine couverte de lambris, décorés de plus de 1700 écus. Suivant une transformation très fréquente, la nef avait été coupée par un plafond à hauteur du départ des voûtes. Le décor redécouvert une vingtaine d’années auparavant par deux érudits locaux, membres de la société française d’archéologie, fut restauré entre 1863 et 1866, après que le bâtiment a été acheté par la ville, aidée par le duc de Persigny, ministre de l’Intérieur de Napoléon III. C’est alors que fut créée la société savante qui porte le nom de la salle.

13 Louis Bruguier-Roure, « Plafonds peints du xve siècle », Bulletin monumental, 1873, p. 570-589.

14 Eugène Viollet-le-Duc, Rapport sur le projet d’appropriation de l’ancien archevêché de Narbonne, 15 avril 1843, p. 3-4 (Archives municipales de Narbonne, 1 M 1).

15 Pour la plupart réalisées par Alexandre Denuelle, peintre de la Commission des monuments historiques à partir de 1851.

16 Dominique Vingtain, « L’invention des plafonds du Palais des papes d’Avignon », dans Philippe Bernardi, Jean-Bernard Mathon (dir.), Aux sources des plafonds peints médiévaux. Provence, Languedoc, Catalogne, Capestang, RCPPM, 2011, p. 239-261.

17 Voir dans cet ouvrage, l’article de Georges Puchal, « Échos des plafonds hispaniques en Provence : le plafond du cloître de Fréjus ».

18 Jacques Peyron, Les plafonds peints gothiques en Languedoc, thèse de 3e cycle, Montpellier, université Paul-Valéry, 1977, 3 vol.

19 Voir Marie-Claude Léonelli, « Le décor peint de la demeure médiévale en Provence : les problèmes de sa restitution au public », dans Le décor peint dans la demeure au Moyen Âge (http://www.cg49.fr/culture/peintures_murales/journees_etudes/journees_etudes.asp) ; « Protection et restauration des plafonds peints médiévaux en Provence, Alpes, Côte d’Azur », dans Philippe Bernardi, Jean-Bernard Mathon (dir.), Aux sources des plafonds peints médiévaux, op. cit., p. 220-235.

20 Saint-Hilaire, Aude, siège d’une magnifique abbaye, entre Carcassonne et Limoux.

21 Voir supra, n. 16.

22 Bernard Sournia, Jean-Louis Vayssettes, L’ostal des Carcassonne. La maison d’un drapier montpelliérain du xiiie siècle, Montpellier, Direction générale des Affaire culturelles (Duo), 2014 (https://www.fondation-patrimoine.org/uploads/medias/pdf/5b17e26e49ae8_duo-gayon-carcassonne-web-pdf).

23 Alain Girard, La Maison des chevaliers de Pont-Saint-Esprit, t. 1, La demeure des Piolenc, Conseil général du Gard, 2001.

24 Christian de Mérindol, La Maison des chevaliers de Pont-Saint-Esprit, t. 2, Les décors peints. Corpus des décors monumentaux peints et armoriés du Moyen Âge en France, Conseil général du Gard, 2001.

25 La Provence et principalement le foyer avignonnais bénéficiaient peu après, au cours des années 1980, des études d’Hervé Aliquot et de Marie-Claude Léonelli.

26 Au même moment paraissait aux Éditions du patrimoine une monographie à vocation de sensibilisation du public généraliste sur le plafond peint du cloître de Fréjus. Colette Dumas, Georges Puchal, L’imagier de Fréjus, op. cit.

27 Les découvertes de Lagrasse tiennent sans aucun doute à l’exceptionnelle densité de charpentes peintes de cette petite ville, riche du commerce des laines et des draps à la période médiévale, à l’ombre d’une puissante abbaye, mais aussi à l’attention permanente avec laquelle Jean-Pierre Sarret veille sur le patrimoine architectural de la commune. C’est l’activité des référents locaux qui seule permet d’éviter les désastres des restaurations menées au pas de charge et méconnaissant le décor des plafonds ; les services de l’UDAP ne réussissent pas à les empêcher, même dans les secteurs sauvegardés, encore trop rares.

28 Voir Jean-Louis Vayssettes, La conquête de Majorque par Jacques d’Aragon. Iconographie d’un plafond peint montpelliérain du xiiie siècle, Direction générale des affaires culturelles Occitanie, Conservation régionale des monuments historiques, DL, 2017 (https://mediterranees.net/moyen_age/jaume/Duo%20Majorque%20WEB.pdf). C’est la connaissance de la Montpellier médiévale, maison par maison, accumulée par Bernard Sournia et Jean-Louis Vayssettes, dès la parution de Montpellier, la demeure médiévale en 1991, qui a permis cette découverte. Bernard Sournia, Jean-Louis Vayssettes, Montpellier, la demeure médiévale. Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, région Languedoc-Roussillon, Paris, Imprimerie nationale (Études du patrimoine), 1991.

29 Pour la seule ville de Montpellier, Bernard Sournia et Jean-Louis Vayssettes en comptent une dizaine, Jean-Louis Vayssettes, L’ostal des Carcassonne, op. cit., p. 56.

30 Philippe Bernardi, « Décor et support… », art. cité, p. 53 ; il faisait allusion à l’article de Louis Bruguier-Roure, « Les plafonds peints du xvsiècle dans la vallée du Rhône », Congrès archéologique de France, 52, Montbrison 1885, Caen, 1886, p. 309-352.

31 La chronologie du plafond du château de Ravel est sans doute complexe. L’état actuel du plafond n’en favorise pas la compréhension.

32 On peut hésiter à considérer comme médiéval le plafond à caissons du château du Plessis-Bourré à Écuillé (Maine-et-Loire).

33 Une quinzaine de plafonds peints ont été ainsi répertoriés à Metz. Certains sont rassemblés au sein du prodigieux musée de la Cour d’or. L’ensemble le plus ancien, appelé plafond au bestiaire, a fait l’objet de la publication de Jérôme Fronty, Un poisson dans le plafond. L’étrange bestiaire médiéval du musée de Metz, Metz, Éd. Serpenoise, 2007. Très récemment soutenue (décembre 2018, université Paris Sorbonne ), la thèse de Nathalie Pascarel offre le point actuel sur ce singulier patrimoine messin, sous le titre Le décor des demeures de l’élite urbaine à la fin du Moyen Âge. Les plafonds peints de Metz (xiiie-xvsiècle).

34 Voir infra, l’article de Georges Puchal, « Échos des plafonds hispaniques en Provence : le plafond du cloître de Fréjus ».

35 Signalons, pour ces charpentes albigeoises, les travaux en cours de Lannie Rollins, à l’université de Toulouse Jean-Jaurès.

36 Pour la Provence, on se référera à la thèse en cours de Delphine Grenet et, en attendant son achèvement, à son mémoire de master 2, Le décor peint des édifices civils en Provence au xve siècle, université Paris-Sorbonne, 2014, 3 vol.

37 La datation d’une charpente peinte est complexe : la dendrochronologie permet de dater l’abattage des arbres qui la constituent et la mise en place de la charpente ne peut en être bien postérieure. Mais le décor en est-il contemporain ? Une étude précise des closoirs permet souvent de savoir s’ils sont peints au sol ou en place. S’ils sont peints au sol, la peinture est à peu près contemporaine de la date d’abattage des arbres. Pour dater un décor, la stylistique joue son rôle et surtout l’héraldique, puisque les héraldistes admettent que l’on ne représente pas les armes d’un défunt.

38 Monique Bourin, Georges Puchal et al., Plafonds peints de Narbonne, Direction générale des affaires culturelles Occitanie, Conservation régionale des monuments historiques, 2016 (http://rcppm.org/blog/wp-content/uploads/2016/02/MEP-Duo-plafonds-peints-Narbonne-WEB-1.pdf).

39 Voir notamment Bernard Sournia, Jean-Louis Vayssettes, L’ostal des Carcassonne, op. cit., p. 54-59.

40 L’hôtel de la famille Roch, rue des Trésoriers-de-France, fut démoli au xixe siècle, mais des closoirs, sauvés, sont exposés au Musée languedocien.

41 Voir la cartographie des dix charpentes peintes « gothiques » dans Bernard Sournia, Jean-Louis Vayssettes, L’ostal des Carcassonne, op. cit., p. 15.

42 Ce fut le cas à Trèbes (Aude) en 1977.

43 La grande période de reconstruction et de décoration liée à l’arrivée des papes à Avignon (qui touche évidemment la ville mais aussi Villeneuve, Sorgues, etc.) peut être circonscrite entre les années 1330 et 1350.

44 Voir Philippe Bernardi, « Documents médiévaux sur la peinture des charpentes avignonnaises et marseillaises. 1353-1501 », dans Philippe Bernardi, Jean-Bernard Mathon (dir.), Aux sources des plafonds peints médiévaux, op. cit., p. 143-175.

45 Voir dans ce volume, l’article de Luisa Clotilde Gentile : « Plafonds peints médiévaux en Piémont. Des découvertes en constante évolution ».

46 1349-1371, neveu de Clément VI et cousin d’Innocent VI. Son frère, Pierre, archevêque de Narbonne et grand constructeur du palais dit Neuf, commanditaire d’un célèbre Pontifical, reprit le décor du plafond du château de Pieusse (Aude), mais on ne lui connaît pas d’autre commande de charpente peinte.

47 La charpente de la maison des consuls à Saint-Pons de Mauchiens (Hérault) et une partie de l’hôtel Léautaud de Tarascon ou encore celle de ladite Maison des infirmières, en Avignon (entre 1417 et 1431), semblent des exceptions à ce vide chronologique. Toutefois, il nous faut rester prudent, car il s’agit là seulement d’une chronologie des édifices conservés et connus. Des parentés stylistiques entre ce dernier plafond et d’autres exemples locaux pourrait amener à dater plus tôt (vers les années 30-40) certains ensembles avignonnais ne possédant pas de marqueurs chronologiques « clairs ».

48 On citera notamment la tribune de l’église Sainte-Eulalie de Millas, la charpente peinte de Capestang, l’Avescat des évêques de Béziers à Gabian, la maison de la rue Camille-Desmoulins à Beaucaire et la salle de Guillaume Piolenc à Pont-Saint-Esprit.

49 Fin de la guerre de Cent Ans en Languedoc et fin de la guerre de l’Union d’Aix et des brigandages de Raimond de Turenne en Provence. La reprise économique et démographique dès la première moitié du xvsiècle est bien attestée en Provence par une importante phase de travaux de rénovation/reconstructions dans les villes principales du comté telles qu’Aix, Marseille ou Tarascon.

50 L’hôtel Léautaud de Mas Blanc, récemment inscrit au titre des Monuments historiques, possède trois charpentes peintes exceptionnelles, issues de deux chantiers de décoration. L’hôtel dit de Laudun et celui de Lubières d’Aiminy conservent également des traces de décors, malheureusement fragmentaires.

51 Philippe Bernardi, « Documents médiévaux », art. cité.

52 Georges Puchal, « Un plafond aux accents ibériques », dans Monique Bourin, Georges Puchal et al., Plafonds peints de Narbonne, op. cit.

53 Voir Delphine Grenet, Le décor peint des édifices civils en Provence au xve siècle, op. cit., t. 1, p. 63. Voir aussi Cecilia Cavalca, qui fait remarquer que les closoirs bolonais sont aussi proches des représentations à caractère « araldico-venatorio » du xive siècle vénitien et lombard, largement diffusées au fil du temps grâce à la circulation de livres de modèles dans les ateliers des artistes. Cecilia Cavalca, « Giuliano della Rovere e alcune tavolette da soffitto in Santo Stefano a Bologna », dans Frédéric Elsig, Noémie Étienne, Grégoire Exterman (dir.), Il più dolce lavorare che sia, Milan, Silvana, 2009, p. 89-101.

54 Gravure ? Monnaie ?

55 Voir Philippe Bernardi, « Documents médiévaux », art. cité, p. 143-175.

56 Voir Delphine Grenet, Le décor peint des édifices civils, op. cit. Voir aussi Émile Fassin, « Curiosités des registres des anciens notaires d’Arles », Le musée, 1878-1879, p. 261-262.

57 Voir Rodrigue Tréton, « La construction de la tribune sculptée de l’église Sainte-Eulalie de Millas », dans Philippe Bernardi, Jean-Bernard Mathon (dir.), Aux sources des plafonds peints médiévaux, op. cit., p. 121-139.

58 Bernard Sournia et Jean-Louis Vayssettes retrouvent le style d’un même atelier à Montpellier sur quatre plafonds montpelliérains contemporains et voient le même atelier œuvrant à l’hôtel des Carcassonne et sur les closoirs de l’hôtel Roch, Bernard Sournia, Jean-Louis Vayssettes, L’ostal des Carcassonne, op. cit., p. 58.

59 Il faut par exemple tenir compte de l’altération de l’orpiment. Vues de près, les poutres de la charpente du palais des archevêques à Narbonne révèlent l’importance de l’emploi de l’orpiment qui devait lui donner une somptuosité dorée, aujourd’hui disparue.

60 Émilien Bouticourt, Charpentes méridionales. Construire autrement : le Midi rhodanien à la fin du Moyen Âge, Arles, Honoré Clair, 2016. C’est à son glossaire qu’il convient désormais de renvoyer la définition des termes techniques de charpenterie. Ce livre est issu d’une thèse soutenue sous la direction de Philippe Bernardi à l’université Paris 1.

61 On mettra à part les nefs et les charpentes lambrissées.

62 Sur ce point, voir Émilien Bouticourt, Charpentes méridionales, op. cit., p. 88 et suiv.

63 Le terme « plafond à la française » est parfois utilisé pour désigner le plafond à deux registres, poutres et solives. Mais il faut réserver cette appellation à un plafond où les solives sont séparées par un espace égal à leur largeur et où les closoirs ne sont plus inclinés, mais verticaux, car ils ne représentent plus l’espace décoratif majeur, comme ils l’étaient dans les plafonds à poutres et solives.

64 Par exemple dans l’arrière-pays languedocien au château de Latour-sur-Sorgue (Aveyron) ou à celui de Saint-Urcize (Cantal).

65 Et également en façade, voir la thèse de Cécile Bulté, Images dans la ville. Décor monumental et identité urbaine en France à la fin du Moyen Âge, université Paris Sorbonne, 2012, 2 vol.

66 Voir Delphine Grenet, Le décor peint des édifices civils, op. cit., p. 54.

67 Quelques exemples sortent du lot : les charpentes du Petit Palais d’Avignon, qu’elles datent d’Alain de Coëtivy (1457) ou de Giuliano della Rovere (v. 1480), reprennent toujours le même principe : un motif décoratif (végétal pour le premier, putto avec végétation pour l’autre) et leurs armes, en alternance. Au château de Tarascon, dans la salle des festins au rez-de-chaussée et la pièce au-dessus (dite salon du roi), les charpentes déploient sans discontinuité un bestiaire agrémenté d’hybrides (combinaison d’humains, d’animaux et de végétaux, parfois les trois en même temps).

68 Les archevêques de Narbonne ont tardé à affirmer leur emblème héraldique familial ou personnel : Pierre de Montbrun (1272-1286) est le premier à l’avoir fait. Parallèlement, les évêques ne se désignent longtemps que par leur nom et pas par leur surnom. Pour la grande salle du palais, l’héraldique a peut-être été portée par le décor mural, mais il n’en a pas été trouvé trace lors des travaux de restauration menés par l’architecte Nodet.

69 Voir Jean-Louis Vayssettes, La conquête de Majorque par Jacques d’Aragon, op. cit.

70 Philippe Huppé, « L’exemple d’une propagande politique : les blasons exceptionnels de l’hôtel de Brignac », Bulletin des amis de Montagnac, 82, mai 2011, p. 61-76.

71 Voir un remarquable exemple, Christian de Mérindol, « Le décor des salles d’apparat du xve siècle », dans Id., La Maison des chevaliers de Pont-Saint-Esprit, t. 1, op. cit., p. 21-31. Voir aussi Emmanuel de Boos, « Brioude secreta : la plafond peint du doyenné », dans Matteo Ferrari, L’arma segreta. Heraldica e storia dell’arte nel medioevo (secoli XIII-XV), Florence, Le Lettere, 2015, p. 31-46.

72 Sur cette question voir l’ensemble du volume : Gil Bartholeyns, Monique Bourin, Pierre-Olivier Dittmar (dir.), Images de soi dans l’univers domestique (xiiie-xvie siècle), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2018.

73 Laura Ceccantini, « Le plafond à caissons de la maison Sibra de Lagrasse (rue Foy) peint au début du xvie siècle », Bulletin de la Société d’études scientifiques de l’Aude, 97, 2018, p. 123-136. Cet article reprend et synthétise les conclusions d’un travail de master soutenu à l’université de Montpellier en 2014.

74 Jérôme Hayez, « La marque, le blason et la figure. Usages des signes identitaires dans l’entourage de Francesco Datini (Toscane, vers 1400) », dans Gil Bartholeyns, Monique Bourin, Pierre-Olivier Dittmar (dir.), Images de soi dans l’univers domestique, op. cit.

75 Hervé Aliquot, « Sur un plafond du palais du Roure : les alliances de Pierre de Baroncelli », Revue du comité des œuvres sociales du personnel de la mairie d’Avignon, 59, 1981, p. 23-27.

76 Ensemble de douze closoirs provenant d’une ancienne maison rue Petite-Saulnerie à Avignon, que l’on peut dater de la fin du xve siècle.

77 Voir Gérard Alquier, « L’écrit : devises, maximes, proverbes » dans Gil Bartholeyns, Monique Bourin, Pierre-Olivier Dittmar (dir.), Images de soi dans l’univers domestique, op. cit., p. 55-61.

78 Licia Buttá, « Storie per governare: iconografia giuridica e del potere nel soffito dipinto delle Sala Magna del palazzo Chiaramonte Steri di Palermo », dans Licia Buttá, Narrazione, exempla, retorica dei soffitti dipinti nel medioevo mediterraneo, Palermo, Caracol, 2013, p. 70. Voir la contribution de Licia Buttá dans ce volume.

79 Laura Ceccantini, « Le plafond à caissons… », art. cité.

80 Le troublant rapprochement a été fait par Jean-Pierre Sarret.

Table des illustrations

Titre Fig. 1 : Vue partielle du plafond du château de Capestang
Crédits Photo © G. Puchal / RCPPM
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Fichier image/jpeg, 3,7M
Titre Fig. 2 : Façade méridionale du château des archevêques de Narbonne à Capestang (Hérault)
Crédits Photo Marc Kérignard. © Service connaissance inventaire du patrimoine région Occitanie
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Fichier image/jpeg, 349k
Titre Fig. 3 : Vue d’ensemble de la charpente du château des archevêques de Narbonne à Capestang (Hérault),
Crédits Photo Georges Puchal. © RCPPM
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/86674/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 24M
Titre Fig. 4 a, b, c : Le monde à l’envers, charpente peinte du rez-de-chaussée, Maison du patrimoine de Lagrasse
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/86674/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 7,5M
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/86674/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 7,4M
Crédits Photo © Commune de Lagrasse (Aude)/RCPPM
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/86674/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 6,3M
Titre Fig. 5 : La grande salle de l’aile de la Madeleine, au palais des archevêques à Narbonne
Crédits Photo Georges Puchal. © RCPPM
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/86674/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 171k
Titre Fig. 6 : Fragment sauvé du décor de l’hôtel de Gayon-Carcassonne, Montpellier
Crédits © Pascal Maritaux
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/86674/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 314k
Titre Fig. 7 a et b : La cour de justice (a) et la salle d’apparat (b) de Guillaume Piolenc, dans la maison dite des chevaliers à Pont-Saint-Esprit,
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/86674/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 248k
Crédits Photo Maryan Daspet. © Conservation départementale du Gard
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/86674/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 1,2M
Titre Fig. 8 : Une nouvelle charpente peinte au moment de sa découverte à Lagrasse (Aude) dans une maison de la rue des deux ponts en octobre 2013
Crédits Photo Jean-Pierre Sarret. © RCPPM
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/86674/img-11.jpg
Fichier image/jpeg, 126k
Titre Fig. 9 : Géographie des charpentes peintes médiévales dans la France méridionale
Crédits © Monique Bourin
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/86674/img-12.png
Fichier image/png, 32k
Titre Fig. 10 a et b : Restauration récente de l’hôtel de Rascas à Avignon (a) et de l’hôtel d’Arlatan à Arles (b)
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/86674/img-13.jpg
Fichier image/jpeg, 970k
Crédits Photo Georges Puchal. © RCPPM
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Titre Fig. 11 : Les oiseaux de la charpente peinte de l’aile de la Madeleine au palais archiépiscopal de Narbonne rappellent, notamment par le tracé de leurs ailes, les manuscrits ibériques du Beatus
Crédits Photo Georges Puchal. © RCPPM
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/86674/img-15.jpg
Fichier image/jpeg, 1,1M
Titre Fig. 12 : L’un des closoirs empreints d’italianisme au château de Pomas (Aude)
Crédits Photo Georges Puchal. © RCPPM
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/86674/img-16.jpg
Fichier image/jpeg, 10M
Titre Fig. 13 : Portrait de Maximilien de Habsbourg sur un closoir de l’hôtel de la rue Foy à Lagrasse (Aude)
Crédits © Archives départementales de l’Aude
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/86674/img-17.jpg
Fichier image/jpeg, 1,4M
Titre Fig. 14 : Tarasque (?) sur un closoir du Château de Tarascon
Crédits Photo Georges Puchal. © RCPPM
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/86674/img-18.jpg
Fichier image/jpeg, 1,7M
Titre Fig. 15 : Plafond à caissons au premier étage de la maison du patrimoine à Lagrasse
Crédits Photo Georges Puchal. © RCPPM
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/86674/img-19.jpg
Fichier image/jpeg, 8,8M
Titre Fig. 16 : Danseurs du château de l’archevêque de Capestang
Crédits Photo Georges Puchal. © RCPPM
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/86674/img-20.jpg
Fichier image/jpeg, 1008k
Titre Fig. 17 : Marque de marchand sur un closoir de l’hôtel de la rue Foy à Lagrasse
Crédits Photo Jean-Pierre Sarret. © RCPPM
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/86674/img-21.jpg
Fichier image/jpeg, 1,4M
Titre Fig. 18 : Cadrage en contre-plongée dans la salle d’apparat de Guillaume de Piolenc à Pont-Saint-Esprit (Gard)
Crédits Photo Myriam Daspet. © Archives départementales du Gard
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/86674/img-22.jpg
Fichier image/jpeg, 77k
Titre Fig. 19 : Phylactère dans la maison dite « du viguier » à Puisserguier (Hérault)
Crédits Photo Frédéric Mazeran. © RCPPM
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/86674/img-23.jpg
Fichier image/jpeg, 1,3M
Titre Fig. 20 : Scène de chasse sur un closoir de la maison Chambon à Die (Drôme)
Crédits Photo Georges Puchal. © RCPPM
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/86674/img-24.jpg
Fichier image/jpeg, 2,1M

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