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Le Centre de Bologne de la School of Advanced International Studies, 1955-1965

p. 95-102


Texte intégral

1Les relations que Jean-Baptiste Duroselle a pu nouer avec l’antenne bolonaise de l’École d’études internationales avancées (School of Advanced International Studies, sise à Washington, antenne de la Johns Hopkins University de Baltimore) dépassent le cadre d’un enseignement en histoire des relations internationales, tout important soit-il, assuré par l’élève de Pierre Renouvin à Bologne. Duroselle a non seulement été l’un des piliers du pôle enseignant du centre dès sa création en 1955, au même titre d’ailleurs qu’Alfred Grosser, puis Pierre Hassner, mais il a aussi soutenu énergiquement l’institution lorsque celle-ci vacillait, privée de bailleurs de fonds, à l’approche de ses dix ans, créant même une association transatlantique de défense du maintien de l’école à Bologne. Pour bien saisir l’engagement de Duroselle dans cette affaire, il faut comprendre que la question de la cohésion du monde atlantique occupe les esprits tant des éventuels soutiens financiers du centre bolonais que de Duroselle qui n’hésite pas à avancer cet argument pour que survive l’institution.

La SAIS de Bologne

2La création, au mitan des années 1950, d’un Centre européen de l’école d’études internationales (School of Advanced International Studies, désormais SAIS) n’est due ni à une initiative du Département d’État à travers l’United States Information Service (Usis) de Rome ou de Bologne1, ni à celle d’une des deux plus grandes fondations philanthropiques agissant alors dans le monde – les fondations Rockefeller et Ford. Elle est due à un professeur d’histoire diplomatique de la SAIS de Washington créée en 1943, auquel une bourse Fulbright donne l’occasion de passer un an en Italie : Charles Grove Haines. Dans son esprit, l’école de Washington offre sans doute une formation théorique et généraliste remarquable à ses étudiants de niveau post-graduate, à savoir préparant un master, mais il leur manque une formation plus pratique, sur un terrain qu’ils méconnaissent pour la plupart, en l’occurrence l’Europe continentale. À l’avantage de l’immersion européenne dont bénéficieraient les élèves américains qui se destinent souvent à une carrière touchant aux affaires européennes s’ajouterait un complément de formation fondé cette fois sur le concept des area studies, à savoir la parfaite maîtrise d’une zone géographique particulière étudiée de façon exhaustive comme civilisation. La possibilité d’effectuer un an d’études outre-Atlantique n’est toutefois pas la seule motivation ni l’enjeu principal de la création d’un centre à Bologne. Le contexte d’une Europe continentale de la Défense, mise à mal par les résistances de la France – dont l’Assemblée refuse la ratification du traité instituant la CED le 30 août 1954, quelques mois avant que le centre bolonais soit porté sur les fonts baptismaux – et, de façon plus générale, l’exigence de renforcer davantage la communauté atlantique passent par une meilleure coordination de la formation de ses élites de part et d’autre de l’océan. À cet égard, si l’école bolonaise n’entre pas, rappelons-le, dans une stratégie prédéfinie de la diplomatie publique américaine, elle en est a posteriori l’un des éléments, si l’on considère que la genèse des diplomaties publiques relève aussi bien d’initiatives personnelles que d’une politique étatique qui, le plus souvent, prend le relais, encadre et généralise2. Très vite d’ailleurs, l’Usis est conscient du symbole que représente l’ouverture de la première graduate school en Europe dans la plus vieille ville universitaire du continent, bastion, qui plus est, du communisme municipal. L’ambassadrice des États-Unis à Rome, la très anticommuniste et républicaine Clare Boothe-Luce, est présente à l’inauguration le 21 février 1955. Atlantiste convaincu, Grove Haines est persuadé que l’enjeu dépasse le seul cadre scientifique. La mention de la « compréhension mutuelle » de part et d’autre de l’Atlantique que générerait le centre bolonais parmi les élites, tant dans le discours inaugural de Boothe-Luce que dans celui de Grove Haines, sonne familièrement aux oreilles de qui est habitué aux discours de la diplomatie publique3.

3L’Usis en Italie, puis le Département d’État, prennent rapidement le relais des premiers bailleurs de fonds privés, mais liés de près ou de loin à la diplomatie, comme George C. McGhee, riche producteur de pétrole et ancien ambassadeur des États-Unis en Turquie de 1951 à 1953. Les antennes provinciales du premier permettent la constitution d’une bibliothèque et l’orientation de plusieurs boursiers Fulbright vers le centre. En échange, celui-ci s’engage à former des fonctionnaires de l’Usia4 qui suivent le même cursus que les étudiants5. En outre, bien sûr, plusieurs officers de l’Usis à partir de la fin des années 1950 sont des anciens élèves de l’antenne européenne de la SAIS. Un amendement à la loi votée par le Congrès en 1956 (la Public Law 480) autorise donc le financement des institutions américaines à l’étranger par le Département d’État. La SAIS de Bologne est éligible et le fait que le président de la Johns Hopkins n’est autre que le frère du président Eisenhower (Milton) n’est sans doute pas étranger à la décision d’accorder plus d’un demi-million de dollars au centre en 1957. La condition en est que celui-ci développe les études américaines. Telle n’est pas toutefois la priorité de Grove Haines. La formation dispensée reste centrée sur l’étude des relations internationales, envisagées sous leurs aspects théorique, historique et contemporain. L’un des axes est l’étude de la vie politique et de la diplomatie des grands pays européens où les relations internationales ont donc la part belle, tout comme de façon indirecte, dans les deux autres axes, l’économie européenne et le droit international. Il s’agit en effet de former non seulement à la carrière diplomatique, mais également à la haute administration gouvernementale, à la recherche universitaire et à la grande entreprise exportatrice.

4L’école bolonaise s’adresse en priorité à des étudiants européens venant de quatre pays principaux (l’Autriche, la France, l’Italie et la République fédérale d’Allemagne) s’ouvrant bientôt à la Belgique, aux Pays-Bas, voire à l’Espagne et à la Grèce. Les institutions démarchées sont en nombre volontairement restreint, à l’exemple de l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris pour la France et des universités de Cologne et de Munich pour l’Allemagne fédérale, qui fournissent les contingents français et allemands. La même étroitesse prévaut pour recruter le cénacle des enseignants dont Duroselle n’est pas la figure la moins influente.

Duroselle et l’équipe enseignante à la SAIS de Bologne

5La logique de réseau scientifique prévaut pour le recrutement des enseignants de l’école bolonaise. Grove Haines voyage en Europe pour convaincre ceux qu’il considère comme les meilleurs à même d’assurer la formation voulue, conseillé, dans le cas de la France qui nous intéresse ici, par Pierre Donzelot, attaché culturel à New York. Pour la France, Grove Haines retient le nom de François Goguel, alors professeur à l’IEP, qu’il rencontre à Paris. Il n’est pas étonnant que l’IEP attire son attention. L’ancienne École libre des sciences politiques est depuis longtemps l’une des institutions phares qui intéresse le monde universitaire américain ou du moins ses représentants au sein des grandes fondations qui y voient sans aucun doute le modèle le plus proche par son fonctionnement et son positionnement scientifique de ce qui peut les intéresser en Europe : l’enseignement de disciplines clés – histoire contemporaine, économie, science politique et relations internationales – dans le cadre de la formation d’une classe dirigeante et d’une structure autonome par rapport à l’État, contrairement aux universités traditionnelles. Concernant l’enseignement stratégique de l’histoire des relations internationales, raison d’être, rappelons-le, de la SAIS, le choix de Grove Haines se porte d’emblée sur Duroselle (1955). Le directeur du Centre d’études des relations internationales incarne à la perfection la nouvelle génération d’historiens des relations internationales, l’exemple même de ces universitaires relativement jeunes sur lesquels les fondations Rockefeller et Ford misent après la guerre : suffisamment intégré au système académique – en tant qu’élève de Renouvin, principal interlocuteur de la fondation Rockefeller dans l’entre-deux-guerres – et en poste à l’université –, mais encore suffisamment éloigné des centres du pouvoir – étant en poste en Sarre – pour échapper à la tentation du conservatisme. Bien au contraire, tant son poste à l’IEP que sa discipline en font une figure nouvelle susceptible, par ses qualités, sa saine ambition et sa légitimité, de « faire bouger les lignes », à savoir de réformer le système de formation universitaire et donc de formation des classes dirigeantes françaises et européennes, au cœur du projet aussi bien du centre bolonais que du Département d’État et des grandes fondations6.

6Le recrutement des enseignants du centre, qu’ils soient italiens, allemands ou français, obéit à trois principes. Le premier, à l’évidence, est l’envergure internationale, avec le bilinguisme – apprécié par exemple chez le jeune Grosser, outre sa qualité de spécialiste de l’Allemagne. Le second est la connaissance de première main des États-Unis, de leur système universitaire, de leurs orientations scientifiques en économie, sociologie, sciences politiques et relations internationales. S’ils n’ont pas tous été des boursiers Fulbright ou bénéficiaires d’autres fellowships, tous ou presque ont séjourné aux États-Unis et parfois dans les meilleures universités7. Enfin, les universitaires choisis sont à la pointe de la recherche dans leurs domaines respectifs, disciplines connaissant elles-mêmes : un processus de transformation profonde – l’économie avec la révolution économétrique –, un renouvellement – relations internationales – ou une (re)naissance – science politique.

7Duroselle correspond à ces trois critères : il connaît très bien les États-Unis pour y avoir séjourné, il entend développer l’étude des relations internationales, il enseigne dans un territoire germanophone. Aux yeux de Grove Haines et d’autres interlocuteurs américains, il semble adhérer aux convictions atlantistes. En témoignent les mots employés lorsqu’il plaide auprès de la fondation Ford pour que celle-ci vienne en aide, au début des années 1960, à l’école bolonaise.

Duroselle, défenseur convaincu de la SAIS de Bologne

8L’année 1961 est un tournant critique pour le centre bolonais. Privé de la subvention du Département d’État dont les fonds de la Public Law 480 sont dirigés vers l’Europe orientale ou d’autres pays plus stratégiques, incapable de lever de l’argent privé pour se financer – ce qui n’est guère surprenant étant donné les traditions de l’Europe continentale en la matière8 –, Grove Haines se tourne vers la fondation Ford. C’est alors que Duroselle entre en scène et pèse sans doute de façon décisive, même s’il n’est pas le seul, en faveur de la SAIS. La fondation est en effet au départ réticente. S’appuyant sur de nombreux témoignages écrits sollicités pour donner un avis sur le tout jeune centre, elle pointe ses insuffisances en matière de recherche par comparaison avec d’autres institutions qui réclament, à plus juste titre, son attention et ses subsides9. La raison officieuse est essentiellement le souci de la fondation de se distinguer d’une initiative par trop liée à la diplomatie publique du Département d’État. Bien que feutrées, les critiques ne manquent pas en effet et portent d’autant plus qu’elles viennent parfois d’enseignants mêmes du centre10. Le diagnostic révèle le positionnement trop étroit d’une école exclusivement ou presque de formation, où la pédagogie même n’est pas à l’abri de remarques sévères, du fait d’un manque d’investissement des enseignants qui ne font que passer à Bologne. Plus généralement, confortant la méfiance de la fondation, tous les experts et universitaires sollicités déplorent un mélange malheureux entre une ambition diplomatique – un institut atlantiste – et des velléités académiques et scientifiques.

9La fondation Ford accepte néanmoins d’accorder par deux fois une subvention à un centre longtemps encore déficitaire, avant que l’État italien prenne le relais et pérennise l’école bolonaise. Nous ne pensons pas qu’elle ait été réellement convaincue par les garanties qui lui sont données que le centre se dotera d’une école doctorale et adoptera une orientation cette fois nettement tournée vers la recherche11. En revanche, il est fort possible qu’elle se soit ralliée au point de vue de Duroselle qui a mis toute son autorité dans la balance, alors même que sa défense ferme de la SAIS de Bologne est loin d’être largement partagée par ses collègues français, italiens ou américains. Plusieurs lettres écrites entre 1961 et 1966 démontrent à quel point l’école américaine de la capitale émilienne tenait à cœur à l’élève de Renouvin. Comme lieu de rencontre, le centre, explique Duroselle en 1961, est « irremplaçable ». Tout en reprenant à son compte et par trois fois la formule bien connue de « compréhension réciproque » ou « meilleure compréhension », il tient à préciser que le centre est totalement exempt de caractère propagandiste, à l’inverse d’autres institutions où, précise-t-il, il lui a été donné souvent de faire des conférences, et qu’il joue pleinement son rôle de formation, exemples à l’appui. Duroselle convient de la nécessité d’un corps enseignant plus stable – deux permanents européens, allemand et français pour le moins, séjour supérieur à un an pour les Américains –, d’une bibliothèque plus fournie, et plaide pour un élargissement de son recrutement qui fonctionne bien pour les Italiens et les Autrichiens – les meilleurs candidatent au centre –, moins pour les Français en raison de la rigidité du système de sélection des diplomates pour lesquels un à deux ans de formation universitaire seraient considérés comme du temps perdu12. Moins d’un an plus tard, Duroselle revient à la charge : il est de prime importance que le centre poursuive son action13. La troisième lettre, envoyée en 1966, est plus intéressante encore, non seulement dans la mesure où Duroselle a vu sa carrière enfin couronnée en 1964 par l’élection, longtemps espérée, à la chaire de Renouvin à la Sorbonne, ce qui le rend plus libre d’expression et donne plus de force à ses arguments, mais aussi parce que les arguments portent cette fois davantage encore sur les aspects politiques et internationaux et que la lettre est directement adressée au président de la fondation Ford, McGeorge Bundy, ancien conseiller à la sécurité de Kennedy. Duroselle répète que l’influence du centre vaut dix fois celle de tout institut atlantique – en référence à celui qui fut créé en 1961 à Paris14 – parce que non suspect d’être un instrument de propagande. Il se fait plus direct encore lorsqu’il met à la fois en cause l’absence de soutien réel de la maison mère – la SAIS de Washington – et l’impact psychologique profond, un major disaster pour reprendre ses mots en anglais, si jamais le centre devait fermer ses portes, surtout après la fermeture, qui a causé ressentiment et déception, des bibliothèques de l’Usis à Londres et à Paris. Tous ceux qui doutent, insiste-t-il, en France comme en Allemagne ou en Italie, que les États-Unis veuillent créer un réel partenariat atlantique, triompheront, et la perte décevra profondément les vrais amis de l’Amérique15.

10Ce n’est pas le lieu ici de confirmer ou d’infirmer les doutes de Duroselle – non dénués de fondement en l’occurrence16 – quant au soutien de la SAIS de Washington à sa succursale bolonaise. Nous intéressent en revanche davantage les ressorts de son engagement, d’autant qu’il s’accompagne d’une initiative concrète qui prouve davantage, si besoin était, la réalité de ses convictions : Grosser et lui ont commencé à former une commission transatlantique des amis du centre de Bologne et Walter Hallstein est sollicité pour en être le président17. Le choix de Hallstein, président de la Commission de Bruxelles alors en opposition ouverte avec la France de de Gaulle sur la politique agricole, qui s’ajoute au choix même du mot « transatlantique » quand cette même France a quitté depuis quelques mois le commandement intégré de l’Otan, la mention enfin des « vrais amis de l’Amérique » que la disparition du centre bolonais laisserait orphelins, tout concourt à démontrer le caractère idéologique de la défense par Duroselle de la SAIS européenne. En outre, si en 1961 l’attachement de l’universitaire au maintien du centre pouvait s’expliquer, entre autres, par des intérêts personnels de carrière ou plus prosaïquement matériels, alors même qu’en poste à Lille, Duroselle n’avait pas encore obtenu le poste convoité à la Sorbonne, rien de tel, on l’a vu, en 1966. C’est bien sa foi atlantiste qui l’anime. Restent toutefois deux autres aspects qui ne tiennent pas uniquement à ses penchants politiques. L’enjeu scientifique demeure : la SAIS est l’exemple incomparable et précieux d’une école de formation des classes dirigeantes fondée sur une science pivot qui serait celle des relations internationales, dominant les autres disciplines plus que dans d’autres institutions. Duroselle voit par ailleurs dans le centre bolonais le moyen de continuer à élargir son audience et par conséquent celle de l’histoire des relations internationales à l’étranger.

Notes de bas de page

1 L’Usis est l’organisme du Département d’État rattaché à un consulat et à une ambassade chargé de développer une action culturelle et d’information, proche de la propagande, sur les États-Unis auprès des pays et grandes villes concernés. Chaque Usis dispose d’une bibliothèque dotée de films documentaires, ouvrages, revues, destinés à donner ce qu’un rapport commandé par le président Truman appelait « un portrait complet et exact des États-Unis », cité par Nicholas Cull, The Cold War and the Usia : American Propaganda and Public Diplomacy (1945-1989), New York, Cambridge University Press, 2008, p. 25.

2 On pourrait à cet égard citer la création de l’Institut français de Florence, le premier institut de ce type, en 1908, due à l’initiative de Julien Luchaire et dont le but presque avoué est clairement de favoriser le rapprochement entre élites intellectuelles italiennes et françaises dans le cadre d’une lutte d’influence culturelle entre France et Allemagne et d’un rapprochement diplomatique entre la France et l’Italie qui a eu lieu quelques années auparavant.

3 Voir les archives de la Johns Hopkins University de Bologne (ci-après AJHUB), notamment box 1, folder 6, December 1954-March 1955 et folder 1, Reports : March-December 1954.

4 L’Usia, pour United States Information Agency, chapeaute l’ensemble des Usis à partir du Département d’État auquel l’agence est rattachée, coordonnant la diplomatie culturelle américaine.

5 AJHUB, box 1, September 10th-October 10th, 1957.

6 Avant la guerre, la fondation Rockefeller avait démontré son intérêt pour la nouvelle École française de relations internationales et financé le Centre d’étude de la politique étrangère. Après la guerre, la fondation Ford finance le Centre d’études de relations internationales de Duroselle. Voir Ludovic Tournès, Sciences de l’homme et politique. Les fondations philanthropiques américaines en France au xxe siècle, Paris, Classiques Garnier, 2013, p. 333-339. Sur Duroselle, les relations internationales et les fondations, voir Nicolas Guilhot, « Making Sense of International Relations : On some Methodological Problems of Disciplinary History », mémoire d’habilitation à diriger des recherches, sous la direction d’Olivier Wieviorka, ENS Cachan, février 2013. Sur les relations entre l’IEP, Duroselle et les fondations, voir la contribution dans cet ouvrage de Sabine Jansen et Marie Scot.

7 Claude Fohlen, titulaire de la chaire de l’histoire de l’Amérique du Nord à la Sorbonne, a enseigné à Yale en 1957 ; il est logiquement approché pour rejoindre l’équipe enseignante à Bologne.

8 C’est ce qu’indique un rapport envoyé à la Fondation Ford : « Report to the Ford Foundation on the Bologna Center : School of Advanced International Studies, the JHU », Ford Foundation Archives (ci-après FFA), PA 63-139, section 3, 1963-1964.

9 FFA, PA 63-139, section 1, 28-29 septembre 1966, « International Affairs : Johns Hopkins University. Support of the Bologna Center (Italy) ».

10 Alfred Grosser est à cet égard un bon exemple, qui va jusqu’à critiquer le niveau des enseignants et celui de plusieurs étudiants dont le seul mérite serait d’être « d’excellents chasseurs » de fellowships (FFA, PA 63-139, section 4, Alfred Grosser à la Fondation Ford, 28 août 1961).

11 Telles sont les conditions exigées par le Département d’État pour également prolonger son aide (« Grant out of Appropriation for the Johns Hopkins University », International Relations (FFA, PA 63-139, section 1, novembre 1967).

12 FFA, PA 63-139, section 4, Duroselle à la Fondation Ford, 15 août 1961. Duroselle pointe ainsi un problème propre à la France qui est la priorité donnée au concours : la recherche – tout ce qui détournerait de la préparation à ces concours (Quai d’Orsay) – est considérée comme inutile.

13 Ibid., Duroselle à Gordon, 1er juin 1962.

14 En 1961, un Institut atlantique pour les affaires internationales a été créé à Paris, qui risque d’entrer en concurrence directe avec le centre bolonais si celui-ci devait apparaître plus comme une école de formation que comme une institution scientifique.

15 FFA, PA 63-139, section 4, Duroselle à McGeorge Bundy, 5 décembre 1966.

16 McGeorge Bundy a transmis la lettre à Francis Wilcox, directeur de la SAIS de Washington qui n’a guère apprécié, même si les termes restent très courtois dans la réponse qu’il adresse à Duroselle directement, que celui-ci ait pu soupçonner le désintérêt de son école pour le centre bolonais (FFA, PA 63-139, section 4, Wilcox à Duroselle, 20 février 1967).

17 FFA, PA 63-139, section 4, Duroselle à McGeorge Bundy, 5 décembre 1966.

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