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Un laboratoire pour l’histoire contemporaine
Camille Bloch et Pierre Renouvin à la Bibliothèque et Musée de la Guerre
p. 65-79
Texte intégral
1Camille Bloch (1865-1949)1 et Pierre Renouvin (1893-1974) ont écrit ensemble deux textes de référence, « L’article 231 du traité de Versailles2 » et le Guide de l’étudiant en histoire moderne3. Le premier texte traduit leur engagement historien dans la diplomatie, le second est un outil bibliographique pour l’enseignement supérieur. Ces publications sont le produit de leur collaboration au sein de la Bibliothèque et Musée de la Guerre (BMG), où ils ont travaillé pendant quinze ans. Une génération les sépare. Le premier, chartiste et inspecteur général des bibliothèques, participe à la gestation de l’institution avant d’en devenir le directeur en titre en 1920 jusqu’à sa retraite en 1934. Le second, agrégé d’histoire, grand invalide de guerre, rejoint la BMG en 1920 et succède à Bloch en tant que directeur de ce qui devient en 1934 la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC). Tous deux enseignent également en Sorbonne ; Bloch y est chargé de cours à partir de 1909 jusqu’à sa retraite ; Renouvin exerce de 1931 à 1964.
2Comment s’organise leur travail au sein de cette institution dédiée à l’étude de la Grande Guerre ? Si leurs publications ont mis en lumière leur implication dans l’activité de conseil politique et diplomatique (responsabilités de guerre et réparations) ainsi que dans l’enseignement supérieur, on n’a souvent retenu du singulier cadre expérimental que constitue la BMG, dans l’organisation du travail intellectuel au xxe siècle, que le fichier matières (dit « fichier Renouvin ») du catalogue, monument documentaire encore utilisé aujourd’hui. Cet outil ne constitue pourtant qu’une partie de l’activité de ce « laboratoire » de la production historique. Le concept est régulièrement employé dès 19214. Encore faut-il expliciter ce qu’il recouvre pour en apprécier la nouveauté dans l’université française de l’entre-deux-guerres. L’organisation du travail bibliographique est en effet centrale à la BMG et fait comprendre ce qui se joue dans les sciences humaines et sociales au cours de la première moitié du xxe siècle. Éclairer la figure de Renouvin par celle de Bloch dans cette perspective permet de saisir non seulement la constitution d’une discipline, l’histoire des relations internationales, mais plus largement d’interroger les pratiques alors à l’œuvre dans le travail intellectuel.
3L’essentiel des débats sur les enjeux de méthode et d’organisation du travail du domaine encore mouvant qu’est l’histoire contemporaine se retrouve dans les publications de la Société d’histoire moderne et contemporaine (Bulletin, à partir de 1902, et Revue, à partir de 1899), dans le numéro de la Revue de synthèse paru en 1921 à valeur programmatique5, et enfin, dans les publications de la Société de l’histoire de la guerre mondiale. Le rapprochement de ces sources met en lumière certaines des filiations tout en apportant de nouvelles clés de lecture.
Un foyer intellectuel : la Société d’histoire moderne avant 1914
4La Société d’histoire moderne a été le foyer intellectuel où se sont élaborées les méthodes qui sont ensuite déployées à la BMG. La Revue d’histoire moderne et contemporaine est née la première en 1899 à l’initiative de jeunes historiens soucieux de professionnalisation académique. Puis, en 1901, à l’initiative d’Albert Mathiez et Pierre Muret est fondée la Société d’histoire moderne qui publie la Revue et un Bulletin6. Au sein de l’association, les figures de Bloch, Pierre Caron et Alphonse Aulard éclairent tout particulièrement le renouvellement alors en cours. Bloch a été archiviste départemental dans l’Aude de 1891 à 1896, puis dans le Loiret jusqu’en 1904. Il y approfondit ses recherches sur la Révolution française et sur l’histoire économique et sociale de la France de la seconde moitié du xviiie siècle à partir d’études de cas. Il publia ainsi en 1894 L’instruction publique dans l’Aude pendant la Révolution et, en 1898, Le commerce des grains dans la généralité d’Orléans7, travaux préparatoires qui le conduisirent en 1908 à sa thèse d’État, L’assistance et l’État en France à la veille de la Révolution8. C’est en 1904 que Bloch fut nommé inspecteur général des bibliothèques et des archives, titre qu’il conserva jusqu’à sa retraite. Il a alors trente-neuf ans et doit probablement cette nomination autant à son engagement dreyfusard actif au sein de la Ligue des droits de l’homme qu’à sa position au sein de la Société. Bloch est un proche d’Aulard, qui encadra ses travaux9. Franc-maçon, radical, maître des études sur la Révolution française depuis la Sorbonne où il fut professeur à partir de 1885, Aulard avait été co-fondateur de la Ligue des droits de l’homme en 1898, avec Ludovic Trarieux et Francis de Pressensé10. Né en 1875, Caron est également archiviste comme son aîné et spécialiste de l’histoire économique et sociale de la Révolution française (question des subsistances).
5Les parcours personnels de Bloch et de Renouvin les font se croiser avant 1918, en tant que spécialistes de l’histoire des débuts de la Révolution française, ainsi qu’à Orléans où ils ont exercé chacun leur activité professionnelle. C’est le député André Honnorat qui les rapproche définitivement en engageant Renouvin à la BMG, dont Bloch vient d’être nommé directeur.
6Quand en 1912, Renouvin, jeune agrégé d’histoire, est nommé au lycée d’Orléans, Bloch n’y travaille plus depuis huit ans mais Renouvin a sans doute eu connaissance de son édition des cahiers de doléances du bailliage d’Orléans11. La relation des deux historiens s’établit par la Société de l’histoire de la Révolution française et par la Société d’histoire moderne et contemporaine, autour d’Aulard qui dirige le diplôme d’études supérieures (DES) de Renouvin. Ce dernier connaît les travaux de Bloch12 : sa thèse publiée après la guerre chez Picard portera sur Les assemblées provinciales de 1787. Les deux hommes se connaissent ainsi par leurs recherches. ÀOrléans, ils ont pu croiser des professeurs, comme Charles Appuhn, futur responsable de la section allemande de la BMG en 1919, figure moins connue des historiens que des philosophes. Éminent traducteur de Baruch Spinoza, Appuhn enseigne aussi au lycée d’Orléans de 1906 à 1909, avant de fonder le lycée français d’Alexandrie (1909-1913)13. De ces liens antérieurs à 1914 entre Bloch et Renouvin, il n’existe pas de traces tangibles, on ne peut faire que des recoupements.
7La Société d’histoire moderne s’avère, pour les deux hommes, un foyer intellectuel plus déterminant que le séjour orléanais. Composée d’universitaires, ou du moins d’historiens formés à l’université, elle entend contribuer à organiser le travail de recherche en se démarquant des sociétés savantes du siècle précédent. Elle entretient des liens étroits avec les archivistes : l’ouverture la plus large possible des fonds à la recherche est une préoccupation constante. En 1902, quand Aulard est élu membre, Bloch, membre depuis 1901, est alors trésorier de l’association. La Société constitue une commission pour organiser la recherche historique en province, car plusieurs historiens font état des difficultés rencontrées auprès des services d’archives et des bibliothèques. Il est tout à fait possible que la nomination de Bloch en 1904 en tant qu’inspecteur général pour les bibliothèques et les archives résulte du constat du dysfonctionnement des dépôts que la Société fait remonter au ministère. Jusqu’en 1914, les responsabilités de secrétaire et de trésorier de la Société sont assurées principalement par Bloch et Charles Schmidt, tous deux archivistes. À partir de 1908, la Société publie un Bulletin qui permet de retracer précisément ses domaines d’intervention variés, où la question de l’accès aux sources occupe une place importante.
8L’ensemble des publications que la Société met en chantier avant 1914 offre une nouvelle panoplie d’outils de travail pour les historiens issus de l’université et soucieux de professionnalisation14. De manière générale, le tournant du siècle se traduit par un regain du travail bibliographique15 et une autonomisation nouvelle de ce qui était jusqu’alors une partie des revues académiques, à côté des articles originaux et des comptes rendus et recensions critiques sur le travail bibliographique. L’abondance de la matière scientifique, en croissance permanente, ne permet plus de suivre efficacement l’actualité courante de la production. Reviennent en force des outils dédiés à la recension signalétique, parfois critique, de la production spécialisée. On assiste ainsi vers 1890 à la multiplication, dans plusieurs domaines de spécialités, d’outils de type bibliographies ou de répertoires. En 1889 est lancé le Répertoire de mathématiques classé selon les principes d’Henri Poincaré, édité par Gauthier-Villars et subventionné par le ministère. En 1895 naît la Revue internationale des archives, des bibliothèques et des musées, dirigée par Charles-Victor Langlois et Henri Stein au moment même où Paul Otlet et Henri La Fontaine16 créent, à Bruxelles, l’Office international de la bibliographie. L’année suivante, Marcel Baudoin et Charles Gariel17 fondent l’Institut international de bibliographie scientifique. Le mouvement concerne, pour l’essentiel, les sciences, mais les sciences humaines et sociales ne sont pas en reste. Des titres sont désormais dédiés à la bibliographie critique, à l’instar de l’entreprise éditoriale très admirée de Paul Meyer, lancée en 1866, la Revue critique de littérature et d’histoire. La Revue bibliographique des ouvrages de droit qui paraît chez Giard et Brière et la Revue d’histoire littéraire de la France chez Armand Colin, toutes deux fondées en 1894, comportent, comme les Annales de géographie depuis 1891, un supplément annuel entièrement bibliographique. C’est aussi en 1894 que voit le jour l’Année sociologique d’Émile Durkheim, titre fondateur de la discipline, puis l’année suivante paraît l’Année psychologique d’Henri Beaunis et Alfred Binet, publiés chez Félix Alcan. C’est par le compte rendu critique qu’on définit une discipline et surtout une spécialité : il a valeur de manifeste. C’est encore par l’ascèse bibliographique qu’on entend affermir la méthode scientifique.
9Dès la fondation de la Société, et comme Bloch, Caron entend prendre ce tournant. Pilier de la Revue d’histoire moderne et contemporaine, il y développe une importante partie critique de comptes rendus, qui devient la marque du titre. Plus que d’autres, il incarne cette passion bibliographique qui saisit le monde académique français comme international à partir des années 1890. Caron met en chantier plusieurs entreprises bibliographiques s’appuyant sur la Société : un Répertoire18, la Bibliothèque d’histoire moderne, une Bibliographie d’histoire moderne19 et une série « Instruments de travail »20. Si la Bibliothèque est une collection accueillant les travaux des meilleurs étudiants21, les autres titres sont des outils au sens strict du terme. Le Répertoire lancé en 1898 avec Gaston Brière, sous la responsabilité scientifique de la revue est l’un de ses suppléments : six volumes sortent jusqu’en 191322, formant un répertoire analytique d’ouvrages et d’articles, sans critique. La Bibliographie des travaux sur l’histoire de France, publiée en 1907, est rétrospective, reprenant les travaux publiés entre 1866 et 1897. Les deux outils complémentaires, le courant et le rétrospectif, sont contrôlés par les milieux universitaires. Un demi-siècle s’écoule entre la création de la Caisse des recherches scientifiques en 1901 et le lancement de répertoires courants initiés par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à la fin des années 1950 : c’est à ce moment que l’État prend le relais d’initiatives éditoriales portées au départ par les milieux universitaires et des libraires spécialisés. Attachés à leur indépendance scientifique, les historiens et l’ensemble des chercheurs ont entendu, dès l’origine, définir et produire eux-mêmes les outils indispensables à l’exercice de leur profession.
10Sous l’influence de la Société d’histoire moderne se répand l’idée d’une nécessaire ingénierie de la profession d’historien afin d’optimiser le fonctionnement du métier. Un débat interne s’engage en 1905 entre Paul Mantoux et Caron sur les méthodes de publication des documents, la question du choix des sources, l’accès aux archives, l’enseignement de l’histoire23. Cette discussion n’est pas isolée : la Société attache beaucoup d’importance à l’entretien des liens entre la place académique parisienne et la province, pour rompre l’isolement des jeunes historiens, enseignants ou archivistes, tel Renouvin. Par ses recherches en cours, il est parfaitement au fait des orientations de la Société. Quant à Bloch, chargé d’enseignement à la Sorbonne à partir de 1909, il est devenu, via la Société, une autorité dans le milieu des historiens. Il y tisse aussi des liens avec de futurs collaborateurs de la BMG, comme Paul Raphaël ou Jacques Ancel24, admis comme membres en 1911.
La BMG et la Société d’histoire de la guerre mondiale
11Ces préoccupations d’ingénierie de la recherche se retrouvent après 1918 au sein de la nouvelle institution qu’est la BMG. Bloch, âgé de quarante-neuf ans en 1914, n’a pas été mobilisé. Il se retrouve dès 1917 dans les instances de ce qui devient la BMG, au moment où Honnorat convainc les époux Louise et Henri Leblanc de faire don à l’État français de leur remarquable collection sur la Grande Guerre. Renouvin est mobilisé en 1914 à l’âge de vingt et un ans. C’est en 1920 qu’il rejoint Bloch à la BMG. Tout en organisant la nouvelle institution, ils continuent à publier sur l’histoire de la Révolution française (un recueil de sources pour Bloch, thèse pour Renouvin). Comme Georges Lefèbvre et Caron, ils traitent de l’avant-1789 dans une perspective d’histoire économique et sociale.
12Ensemble, ils vont développer au sein de la BMG un véritable « laboratoire pour l’histoire contemporaine » en prenant appui sur la Société de l’histoire de la guerre mondiale. Fondée en 1919 par Honnorat, elle a pour but de conforter les activités de la nouvelle institution, essentiellement en apportant un soutien à l’enrichissement des collections. C’est la Société qui porte la politique de publications scientifiques. Dès 1921, les premiers volumes du catalogue de la BMG paraissent et, en 1923, sous son égide, la Revue d’histoire de la guerre mondiale. Le fonctionnement de la nouvelle association s’inspire largement de celui de la Société d’histoire moderne. Elle a toutefois un rôle plus politique, à la différence de son modèle, qui défend son indépendance scientifique et n’intervient pas en principe dans le débat public, sauf pour les sujets relatifs à l’exercice du métier d’historien. En 1920, le débat sur les origines de la guerre et les réparations modifie la donne. Après la guerre, Bloch est toujours membre du bureau de la Société d’histoire moderne. Il use de son entregent pour favoriser l’expansion de la BMG qui devient la référence pour le « dépouillement des ouvrages relatifs à la période de l’après-guerre » via l’Office de documentation internationale contemporaine, structure assurant les missions de service documentaire au sein de la BMG. En 1925, au moment de l’installation à Vincennes de la BMG, cet office, auquel il est fait référence sans qu’il ait un véritable statut, est annexé et devient un service intégré. La Société de l’histoire de la guerre mondiale obtient également à ce moment la reconnaissance du statut d’utilité publique, particulièrement nécessaire sur le plan financier, vu son rôle dans le soutien aux acquisitions et aux publications éditées par Alfred Costes25.
13La filiation avec la Société d’histoire moderne est alors explicitée. La publication de la Revue d’histoire moderne et contemporaine, interrompue en 1914, ne reprend qu’en 1926. Le titre devient alors Revue d’histoire moderne et délègue à l’Office de documentation internationale contemporaine et à son Bulletin, publié depuis 1922-1924, les missions de recensement bibliographique pour la période contemporaine26. Dans ce contexte, les préoccupations scientifiques qui étaient celles de la Société d’histoire moderne avant 1914 sont également celles de la BMG. Bloch, Renouvin ou Caron se mobilisent pour l’accès, alors encore impossible, aux archives du ministère de la Guerre. Ils souhaitent aussi qu’on accorde une égale attention aux questions économiques et sociales et aux questions militaires et diplomatiques. C’est l’objet d’une des publications réalisées sous l’égide de la Dotation Carnegie grâce aux ressources documentaires rassemblées par la BMG et sorties en 1925, la Bibliographie méthodique de l’histoire économique et sociale de la France pendant la guerre, que préface Bloch.
14Les tensions avec l’institution militaire sur l’accès aux sources d’archives sont importantes dans la décennie 1920. Le recours à d’autres formes de sources écrites, ce qu’on appelle aujourd’hui la documentation informelle, compense dans une certaine mesure les difficultés d’accès aux archives publiques. Pour Renouvin, l’indispensable diversité des sources utiles à l’historien inclut au-delà des archives non seulement la presse, mais aussi toute une production imprimée faite de brochures, d’affiches, de tracts, d’écrits de circonstance. Ces matériaux expriment les intentions politiques et la diversité des répertoires d’action de la société civile, notamment en matière économique et sociale. L’abondance, le volume effraient, mais a contrario émergent de cette masse les conditions d’un renouvellement historiographique. Pour écrire l’histoire du temps présent, face à des archives publiques peu accessibles, l’imprimé est une chance, la masse documentaire mobilisable favorise une sorte de révolution quantique. L’historien prendra ses distances à la fin de sa carrière universitaire avec l’idée d’une histoire « immédiate ». L’observation de ses pratiques de travail au sein de la BMG au lendemain de la guerre montre que ces réserves ne sont alors pas de mise.
15Filiation revendiquée pour la mission de veille bibliographique, héritage assumé dans les prises de position sur les conditions d’exercice du métier d’historien : les liens entre les deux sociétés sont patents. Ils ne résument pas toutefois le fonctionnement de la BMG. En 1921, Bloch et Renouvin en publient les grandes lignes dans un numéro spécial de la Revue de synthèse, Introduction à l’histoire de la guerre mondiale. Comme le rappelle Henri Berr dans l’introduction, l’enjeu d’une organisation du travail intellectuel est vital pour comprendre de manière rigoureuse le phénomène de la guerre :
Il a paru sur la guerre mondiale une multitude de publications […]. Mais l’organisation du travail laissait fort à désirer jusqu’ici. Il importerait que l’élaboration des matériaux et leur utilisation se fissent avec la méthode et le sens critique qui sont, en histoire, des acquisitions récentes.
16Il ne faut pas seulement « recueillir et regrouper empiriquement de bons matériaux », mais tendre à « une interprétation synthétique qui fasse leur juste part aux divers facteurs explicatifs »27. Toutes les initiatives de Berr tendent vers cet idéal de synthèse critique, largement partagé par les historiens. Dressant l’état des lieux des centres d’études et de documentation pour l’histoire de la guerre, Bloch souligne que la France, avant tout autre pays, a mis en place une bibliothèque et un musée sur la Guerre, à partir de la donation Leblanc à l’État en août 1917, tandis que Renouvin insiste sur le caractère singulier de la BMG par opposition aux initiatives similaires à l’étranger :
Les matériaux s’amassent : l’exploitation en est à peine amorcée. Parfois même à la faveur d’un programme incertain, c’est le pittoresque qui l’emporte ; parfois aussi le culte extérieur du souvenir. Et sans doute ce ne sont pas là des préoccupations secondaires ! Mais pour l’historien, elles n’offrent qu’un intérêt restreint […]. Les offices de documentation se multiplient. Dans le trouble des rapports internationaux et des relations sociales, c’est une fringale de renseignements, un impérieux besoin de connaître les manifestations de l’opinion, un effort multiple pour entrevoir l’avenir. Initiatives louables, souvent intéressantes, mais trop incomplètes et trop fragmentaires. Qu’en restera-t-il pour l’historien ? Peu d’indications précieuses malheureusement : ces travaux ne sont généralement orientés que vers les besoins présents. N’y aurait-il pas place pour un organe de liaison qui coordonnerait ces efforts et qui, tout en offrant au publiciste et à l’homme d’affaires les renseignements et les références dont il a besoin, songerait aux chercheurs de l’avenir, pour leur préparer un guide28 ?
La genèse du catalogue de la BMG
17En termes d’organisation du travail, la collecte, qui s’appuie entre autres sur les réseaux politiques et diplomatiques indispensables pour l’enrichissement international des fonds et les services bibliographiques, a déjà été étudiée29. Le mode d’élaboration du catalogue appelle toutefois une relecture, car il joue un rôle primordial dans l’articulation des différentes activités.
18Les tomes publiés en 1921-1922 montrent en effet que la nature de la collection Leblanc a fait bouger les historiens, eux-mêmes déjà pris dans un mouvement bibliographique plus général. Outre les premiers volumes relatifs à la bibliographie sont sortis ceux concernant l’iconographie et la presse quotidienne30. Avant 1914, il est très rarement fait allusion à la documentation iconographique dans les travaux historiques. Quant à l’intérêt pour la presse, s’il est avéré avant le conflit, c’est la guerre qui sert d’amplificateur : Renouvin en fera sa marque. Les historiens s’emparent de ces nouvelles sources écrites, baromètre de l’opinion autant que de la société civile, mais délaisseront encore longtemps l’image, à leurs yeux illustrative d’un propos plus que source historique en soi.
19Les techniques de la documentation, théorisées par Otlet, sont alors intégrées et mises en place dans ces laboratoires documentaires spécialisés dont fait partie la BMG. Bloch écrit :
Il ne s’agit pas d’une bibliothèque ordinaire, dont les collections se forment d’une manière plus ou moins automatique, avec un minimum de recherches spontanées. Il s’agit d’une œuvre de création constamment renouvelée et approfondie, dont l’activité doit suivre le rythme des événements. Ce qu’on appelle la bibliothéconomie y a juste la part que requièrent la mise en ordre matérielle des ouvrages et la rédaction des fiches. Le reste est surtout affaire de curiosité et d’invention critiques, comme de connaissances générales en histoire contemporaine et en langues étrangères. De là l’importance prépondérante du service de la documentation, dont le chef est, comme j’aime à le dire, l’ingénieur de l’établissement. Il dirige, oriente, contrôle les recherches de sections, procède à des inspections périodiques du contenu des collections, prépare avec les sections les listes de commandes et les éliminations, organise les dépouillements bibliographiques pour l’utilité générale ou particulière des travailleurs. Il préside à ce que j’appellerai volontiers notre incessant examen de conscience31.
20Il décrit ensuite les sections linguistiques et les services, dont celui des périodiques, et le catalogue général « qui prépare le répertoire méthodique des matières, commun aux divers services et sections et qui est la source de tous les travaux bibliographiques ». Si le « contrôle du rendement » mensuel, assuré par le secrétariat général, renvoie à une organisation héritée de l’expérience militaire récente, il est aussi l’expression d’une vision d’ingénieur s’appliquant à la documentation. Tout autant répandue d’ailleurs chez nombre d’ingénieurs, la conception « organiciste » de cet outil qu’est la BMG en fait une sorte de corps vivant qui doit sans cesse s’adapter pour suivre l’actualité. Ce lieu commun dans les milieux scientifiques d’alors est repris par Bloch avec une force particulière du fait d’une matière abondante et fluide : le monde contemporain en mouvement, difficile à capter et à rendre intelligible.
21Car l’enjeu principal réside dans la maîtrise des flux documentaires. Le catalogue est la matrice de la production des outils, à partir de laquelle toute l’activité s’organise. Bloch interdit de faire un cadre de classement ou un plan méthodique préalable. Il impose une méthode plus empirique, qu’il a lui-même éprouvée en mettant au point le Répertoire de la presse quotidienne dont le premier volume est sorti en 1919 sous l’égide de la Société d’histoire moderne32. Comme nombre d’historiens de la Révolution, il y fait l’apologie de la presse, source essentielle de l’histoire depuis 1789, moment de l’essor massif de la presse d’opinion :
L’intérêt pour l’historien d’un répertoire méthodique de la presse quotidienne est surtout de lui signaler les courants de l’opinion et les questions qui la préoccupent. Cette conception est clairement accusée dans le nôtre par la division de certains sujets en « questions », à l’ordre du jour. Ainsi pas de plan systématique a priori ; un simple dépouillement des articles suggérant eux-mêmes la rubrique sous laquelle ils doivent être ensuite rangés. C’est par ce processus expérimental que s’est formé le cadre de classement qui suit.
22Le matériau (ou la matière) guide la recherche et l’ordonnancement, qui participent d’un même mouvement. Bloch s’inscrit en réaction contre les grandes entreprises méthodiques chères aux bibliothécaires du siècle précédent, françaises ou allemandes. Il le martèle : il ne faut pas de cadre de classement préétabli, et il applique la même méthode à la publication du catalogue de la donation Leblanc, ainsi que plus tard à la bibliographie qu’il publie sous les auspices de la Dotation Carnegie en 192533.
23La BMG est organisée en deux services principaux qui se répartissent la collecte et le travail bibliographique, qui prend autour du catalogue une extension considérable. La partie « bibliothèque » a pour mission de réunir tous les éléments d’information sur la vie internationale entre 1914 et 1918, puis de couvrir, à partir de 1919, les événements de la vie économique, politique et sociale. Les collections concerneront la politique internationale contemporaine : traités de paix, relations internationales, partis politiques et vie politique nationale des grands pays. Les aspects régionaux, coloniaux, militaires n’entrent pas dans les champs de prospection ; la vie économique et sociale n’est prise en compte que dans la mesure où il y a des répercussions sur l’international (traités de commerce, par exemple) ou dans ses liens avec la vie politique. L’établissement s’engage résolument dans la couverture du domaine contemporain.
24La partie « Office de documentation », qui finira par être désigné par le terme « service bibliographique », permet de repousser les contraintes matérielles de la bibliothèque, aussi ouverte soit-elle dans sa prospection. Il n’y a plus de limites quand on travaille sur fiches. Là où la politique d’acquisition est bornée, on peut
librement en ce qui concerne le travail bibliographique étendre son domaine à la vie politique, économique et sociale […] et mettre à la disposition des travailleurs une liste méthodique des ouvrages, des articles de revues et des documents publiés par les titres plus importants sur les problèmes politiques, économiques et sociaux depuis 1919.
25Les produits proposés au public sont le fichier méthodique mis au point par Renouvin, « destiné à donner, en quelques minutes, l’indication de tous les volumes, de toutes les études importantes parus depuis 1919 sur un sujet déterminé » et le Bulletin mensuel, de format réduit, recensant les principaux articles et ouvrages publiés le mois précédent. Pour mener à bien ces missions, « il est évident que la collaboration des particuliers est infiniment précieuse, on pourrait même dire nécessaire34 ».
26Ce qui importe aux yeux de la Société de l’histoire de la guerre est la bibliographie et la publication de documents qui ne peuvent voir le jour sans le travail invisible de la BMG. La question des responsabilités de la guerre et la parution successive de textes qui font l’actualité ont quelque peu masqué l’ambition plus large d’une histoire politique et sociale du monde contemporain portée par l’institution. En 1922, Renouvin obtient une charge d’enseignement à la Sorbonne et publie son ouvrage sur Les origines de la guerre. La parution de « L’article 231 du traité de Versailles » en 1932 accapare les débats, tout particulièrement au sein de la Société de l’histoire de la guerre. En 1934, le nom de BDIC, qui circulait déjà mais ne s’était pas imposé, est officiellement ratifié au moment du rattachement à l’Université de Paris. La BMG n’est plus. Il n’est significativement plus question du musée, qui n’est pas au cœur des préoccupations de Bloch et de Renouvin, hommes de l’écrit. Les services rendus aux « travailleurs », en l’occurrence aux historiens, s’inscrivent dans un contexte favorable à l’épanouissement des organismes spécialisés de documentation quel que soit le domaine, mais aussi dans le droit fil des ambitions d’un organisme fédérateur, accélérateur d’une professionnalisation académique ou universitaire, portées par la Société d’histoire moderne dès 1900.
27Le caractère novateur du « laboratoire » BMG résulte surtout de l’action des deux historiens. L’expérience ne sera pas vraiment reproduite. Les propositions et les débats au sein des deux sociétés d’historiens demeurent d’ordre académique. La Société d’histoire moderne reste fidèle à son programme critique et bibliographique initial, axé sur les publications, sans appui sur une institution. La Société d’histoire de la guerre est, quant à elle, absorbée par les questions d’actualité très chronophages sur les responsabilités du conflit. Cela explique le retour dans les années 1930 d’une histoire plus politique et militaire au sein de ses instances. Bloch et Renouvin ont été conscients de la révolution en cours affectant les conditions de production d’une histoire nouvelle et ils ont surtout beaucoup contribué à la formaliser : élargissement des sources, flux documentaires inédits, ordonnancement de la matière, possibilités offertes de services au-delà des publications et des bibliographiques classiques. Autant qu’un apport épistémologique à l’émergence d’une histoire sociale et économique, dont ils ont été in fine peu crédités, leurs propositions concrètes d’organisation du travail intellectuel épousent les mutations alors en cours et se situent à l’avant-garde de la recherche, aux côtés des praticiens des sciences sociales.
28La postérité académique a retenu la contribution diplomatique de Renouvin plus que celle de Bloch dans l’émergence du champ des relations internationales, auxquels ils ont tous deux contribué. La différence de génération et la longue carrière en Sorbonne de Renouvin expliquent cette différence. Si Bloch théorise la pratique bibliographique, en tant que directeur de la structure il est également accaparé par les charges inhérentes à la fonction, notamment celle de sécuriser statuts et financements longtemps fragiles35. Lui incombent l’architecture générale du laboratoire et la mise en place d’une collecte élargie à l’organisation de l’ensemble des services. Renouvin est l’« ingénieur » chef de la documentation, autrement dit le pilote opérationnel. Il met en œuvre. Cette distribution officielle des rôles correspond à la réalité d’un travail collectif requérant une organisation spécifique. La répartition des tâches ne doit cependant pas dissimuler l’intensité de la collaboration entre eux. Elle reste complexe à démêler au cours de ces deux décennies. Leurs différentes communications apportent toutefois des nuances d’appréciation sur le sujet de la relation aux sources de l’historien. Pour Bloch, archiviste autant qu’historien, la composition du Répertoire de la presse quotidienne par exemple est gouvernée par la ressource elle-même : il n’y a pas de plan préétabli ; l’historien se subordonne à l’abondance de la matière, il n’anticipe pas sur elle, ni ne s’en écarte. Cette exigence de respect des sources et de leur littéralité est celle qui conduira à « L’article 231 du traité de Versailles ». Chez Renouvin, les méthodes de la critique sont davantage mises en avant. Ses préoccupations pédagogiques ressortent aussi de la construction et de l’ordonnancement du fichier matières autant que de l’organisation rigoureuse des services aux usagers. Sa carrière ultérieure en Sorbonne et sa réputation de grand enseignant seront la manifestation de ce double talent d’ingénieur et de professeur.
29Aussi bien Bloch que Renouvin s’inscrivent également dans la jeune tradition, héritée de la Société d’histoire moderne, d’une histoire politique, sociale et économique dont il faut préalablement diversifier, collecter et ordonnancer les matériaux. Se laisser guider par la ressource chez Bloch n’est pas antinomique d’une organisation professionnelle du travail documentaire pour la recherche. Le fichier méthodique, dont Renouvin est le maître d’œuvre, est également gouverné par la matière elle-même qui, faute de cet outil, ne pourra être intelligible. Ils sont au cœur de la révolution archivistique en cours avec l’expansion sans commune mesure des sources mobilisables, ce qui les distingue de nombre de leurs collègues. Les différences de sensibilité dans les conditions de production d’une intelligibilité historique sont, au fond, des nuances : la matière commande davantage chez l’archiviste Bloch ; l’écriture de l’histoire chez Renouvin, au sens d’une exigence publique de transmission visant la compréhension d’événements complexes. Ensemble, ils conçoivent et écrivent le Guide de l’étudiant. Tous deux sont convaincus que ce n’est que par un travail collectif qu’on appréhende l’histoire contemporaine. À cet égard, leur contribution a été capitale.
Médaillon : Pierre Renouvin, en juillet 1917

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30Né le 9 janvier 1893, Pierre Renouvin, jeune agrégé d’histoire, a vingt et un ans au début de la Première Guerre mondiale. Membre de la classe 1913, il a été réformé. Mais l’importance des pertes humaines dès le début de la guerre a conduit le gouvernement à faire appel aux exemptés, réformés et ajournés. Une première période de « récupération » a lieu à la suite du décret du 9 septembre 1914. Pierre Renouvin est incorporé à la suite de celui du 6 avril 1915. Il se bat alors courageusement et est blessé à plusieurs reprises. Il est blessé une première fois le 25 mars 1916 en Champagne : il est amputé d’une phalange du pouce de la main droite. Versé dans le service auxiliaire, il demande sa réintégration dans l’active et repart au front. La seconde blessure, beaucoup plus grave, survient le 16 avril dans le secteur dénommé Miette-Choléra, situé sur la ligne de bataille du Chemin des Dames, sur la commune de Berry-au-Bac : son bras gauche est cassé par un éclat de 75, entre l’épaule et le coude, lors d’une attaque entre le centre de Dôle et la Miette. Il est amputé. La photographie a été prise à l’été suivant selon la date indiquée au dos de celle-ci. [L. B.]
Notes de bas de page
1 Charles Schmidt, « Camille Bloch », Bibliothèque de l’École des chartes, 109, 1951, p. 162-165 ; Lucien Febvre, « Notice sur la vie et les travaux de Camille Bloch (1865-1949) », Publications de l’Institut de France, 16, 1952 ; « Bloch Camille », dans Guy Caplat (dir.), Les inspecteurs généraux de l’Instruction publique. Dictionnaire biographique (1802-1914), Paris, 1986, vol. 1, p. 174-175 ; Georges Joumas, « Camille Bloch (1865-1949), archiviste atypique du Loiret, de l’École des chartes à l’Académie des sciences morales et politiques », Bulletin de la Société archéologique et historique de l’Orléanais, 19/154, 4e trimestre 2007, p. 39-54.
2 Paru dans la Revue d’histoire de la guerre mondiale en 1932 et republié chez Costes la même année.
3 Guide de l’étudiant en histoire moderne, Paris, Puf, 1949.
4 Voir Revue de synthèse historique. Introduction à l’histoire de la guerre mondiale. Questions de méthode. Centres d’études et instruments de travail. Études critiques, 33 (nouv. sér. 7), août-décembre 1921, p. 50 : « Elle sera un “laboratoire d’histoire”, le laboratoire de l’histoire de la guerre de 1914 dans sa généralité mondiale, dans ses aspects divers, dans ses conséquences internationales. Elle pourra même être un laboratoire d’histoire internationale contemporaine. »
5 Revue de synthèse historique, op. cit.
6 www.rhmc.fr/presentation-de-la-societe-d-histoire-moderne-et-contemporaine
7 Camille Bloch, Géographie judiciaire de l’ancienne circonscription territoriale qui a formé le département du Loiret (1789), Orléans, Pigelet, 1900. Voir Georges Joumas, « Camille Bloch », art. cité.
8 Paris, Picard, 1908. Thèse complémentaire : « Procès-verbaux et rapports du Comité de mendicité de la Constituante (1790-1791) », Paris, Imprimerie nationale, 1911.
9 Aulard le reçoit chevalier de la Légion d’honneur en 1905. Bloch prononcera l’éloge funèbre d’Aulard en 1928.
10 Emmanuel Naquet, Pour l’humanité. La Ligue des droits de l’homme de l’affaire Dreyfus à la défaite de 1940, Rennes, PUR, 2014. Après la guerre, Aulard est membre du Comité central de la Ligue dès 1918 et vice-président de 1921 à sa mort en 1928.
11 Camille Bloch (dir.), Cahiers de doléances du bailliage d’Orléans pour les États généraux de 1789, Paris, Lernix, 1906-1907.
12 Camille Bloch, Géographie judiciaire, op. cit. ; L’assistance et l’État en France à la veille de la Révolution (généralités de Paris, Rouen, Alençon, Orléans, Châlons, Soissons, Amiens) (1764-1790), Paris, Picard, 1908.
13 Professeur aux lycées Saint-Louis, puis Henri-IV de 1917 à 1927, Appuhn est en même temps chef de la section allemande à la BMG, tout en effectuant des missions en Allemagne en 1921 et 1923. Collaborateur régulier de la Revue d’histoire de la guerre mondiale, il publie La politique allemande pendant la guerre chez Costes en 1926.
14 Christophe Charle, La République des universitaires, Paris, Fayard, 1994.
15 Avec l’essor des sociétés savantes de la seconde moitié du xixe siècle, les analyses et les signalements bibliographiques prennent une place de plus en plus importante dans les revues scientifiques. À partir de 1890, du fait de l’abondance de la matière, se développent des outils spécialisés, dédiés à la bibliographie.
16 Paul Otlet (1868-1944) et Henri La Fontaine (1854-1943), tous deux juristes belges, ont un intérêt commun pour la bibliographie qui les conduit à créer un institut dédié, puis à mettre au point différents outils largement diffusés, dont la classification décimale universelle (CDU).
17 Marcel Baudoin, secrétaire général de l’Association de la presse médicale française. Charles Gariel, polytechnicien et médecin, professeur à la faculté de médecine de Paris et à l’École des Ponts-et-Chaussées, secrétaire général de l’Association française pour l’avancement des sciences.
18 Gaston Brière, Pierre Caron (dir.), Répertoire méthodique de l’histoire moderne et contemporaine de la France, publié par la Revue d’histoire moderne et contemporaine (1898-1912/1913), Paris, Société nouvelle de librairie et d’édition, Bellais, 1898-1965.
19 Bibliographie des travaux publiés de 1866 à 1897 sur l’histoire de la France depuis 1789, t. 1 par Pierre Caron, Paris, Cornely, 1907 ; t. 2, 1912.
20 La série comprend notamment : Concordance des calendriers républicain et grégorien, 1905 ; Les ministères français (1789-1909), publié de 1910 à 1922.
21 La collection est active de 1902 à 1924 et publie notamment en 1904 Les origines des cultes révolutionnaires d’Albert Mathiez et en 1924 Les paysans du Nord pendant la Révolution de Georges Lefèbvre.
22 Il sera ensuite poursuivi avec Henri Stein sous l’égide de la Société française de bibliographie, de 1923 à 1938 (chez Rieder, puis Picard) pour devenir en 1958, sous l’impulsion de Julien Cain et du CNRS, la Bibliographie annuelle de l’histoire de France.
23 Société d’histoire moderne, Bulletin, février 1905.
24 Paul Raphaël, homme de lettres, auteur de La France, l’Allemagne et les Juifs (1789-1915). Antisémitisme et pangermanisme, Paris, Alcan, 1916 ; Jacques Ancel (1882-1943), géographe, spécialiste des questions d’Orient, professeur au lycée Chaptal et à l’Institut des hautes études internationales de l’université de Paris, contributeur du Manuel de politique européenne. Histoire diplomatique de l’Europe (1871-1914), sous la dir. d’Henri Hauser, par Jacques Ancel, Léon Cahen, Raymond Guyot, Alfred Lajusan, Pierre Renouvin et Henri Salomon, Paris, Puf, 1929-1930.
25 Secrétaire de la librairie Schleicher en 1899, Alfred Costes en a acquis le fonds en 1914. S’il poursuit depuis 1919 la même politique éditoriale (sciences naturelles, économie politique, préhistoire etc.), il se consacre à la publication des documents et des ouvrages relatifs à l’origine et à la responsabilité de la guerre de 1914.
26 Revue d’histoire moderne, nouv. sér., 1, 1926, Notes et nouvelles, p. 73-74.
27 Revue de synthèse historique, op. cit., p. 1-2.
28 Pierre Renouvin, « La documentation de la guerre à l’étranger », ibid., p. 61-64.
29 Matériaux pour l’histoire de notre temps. Pratiques de recherche et collections de la BDIC, 100/4, 2010 : Valérie Tesnière, « La BDIC dans le moment documentaire », p. 7-13 ; Benjamin Gilles, « L’expérience de la guerre dans ses interstices : Pierre Renouvin et la création du fichier “Psychologie du combattant” », p. 14-20 ; Sophie Cœuré, « Documentation et géopolitique : la BDIC de la Russie à l’URSS et retour (1917-1991) », p. 21-31.
30 Bibliographie : t. 2, 3 et 4 par Marcel Reunier ; Iconographie : t. 1, 5 et 7 par Charles Callet ; Répertoire méthodique de la presse quotidienne française en 1914 : t. 6, par Camille Bloch.
31 Camille Bloch, « Bibliothèque et Musée français de la Guerre », dans Revue de synthèse historique, op. cit., p. 37-50.
32 Répertoire méthodique de la presse quotidienne française, vol. 1 : 1914, Paris, Émile Paul frères, 1919.
33 Bibliographie méthodique de l’histoire économique et sociale de la France, Paris/Londres, Puf/Yale University Press, 1925. Publication de la Dotation Carnegie pour la paix internationale. Histoire économique et sociale de la guerre mondiale (série française). L’ensemble est dirigé par James T. Shotwell. Dans l’introduction, Bloch défend le choix d’un répertoire non sélectif de sources imprimées permettant d’écrire cette histoire. Faute de temps, « on a d’abord fixé, d’après le titre et le contenu des ouvrages, leurs rubriques de matières, on a ensuite groupé ces rubriques suivant l’identité ou l’analogie des sujets dans des divisions progressivement plus générales ». L’apport critique réside dans le cadre de classement établi a posteriori.
34 Société de l’histoire de la guerre, Revue d’histoire de la guerre mondiale, Paris, Costes, 1923-1939 (1925, Assemblée générale, p. 390-393).
35 La Bibliothèque nationale délègue un conservateur, Paul Fontana, en tant que secrétaire général de la BMG. À son décès, en 1929, c’est la fin des liens entre les deux institutions, même si la BMG demeure dans le giron de l’Union des bibliothèques parisiennes, mise en place au milieu des années 1920.
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Histoire et relations internationales
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