Jalons pour une biographie d’Achille Dauphin-Meunier
p. 437-449
Texte intégral
1Il n’existe à ce jour aucun travail de référence sur Achille Dauphin-Meunier (1906-1984)1 même si son nom est très régulièrement cité dans des travaux sur l’histoire économique et financière de l’entre-deux-guerres, à commencer par ceux de Michel Margairaz. Ce dernier évoque notamment son rôle au bureau d’études de la CGT, ses réflexions sur la nationalisation de la Banque de France mais aussi son analyse de l’expérience Blum que dans son livre Produire pour l’homme paru en 1941 Dauphin-Meunier qualifie de « dernier sursaut du libéralisme2 ». Une interprétation prise au sérieux par l’historien qui considère qu’« après les premières semaines intensément réformatrices de l’été 1936, le gouvernement Blum tente une expérience qui se veut triplement libérale à l’extérieur, à la fois monétaire, commerciale et diplomatique, à l’intérieur ou encore sur le plan de la production, « le ministère de l’Économie nationale et ses satellites » amorçant une « expérience néolibérale dans la production »3. Dans un autre registre, Achille Dauphin-Meunier est abondamment cité lorsque sont évoquées les relèves et les revues techniciennes de l’entre-deux-guerres4, à commencer par L’homme réel, organe qu’il a créé et dirigé de 1934 à 1938. Pour le reste, bien peu est dit sur les premières années de ce personnage et surtout sur les années 1940 et leurs suites qui voient Dauphin-Meunier poursuivre ses activités sous l’Occupation et devenir, après la guerre, un défenseur non plus de l’économie dirigée mais du néolibéralisme et de la doctrine sociale de l’Église. Une perspective d’ensemble excéderait largement le cadre de cet article qui s’attachera, après avoir rappelé les premières décennies de Dauphin-Meunier, à mettre l’accent sur la production livresque de ses années d’occupation pour ensuite évoquer son après-guerre jusqu’à son décès en 1984.
De l’anarchisme juvénile aux relèves techniciennes
2Achille Dauphin-Meunier est issu d’une famille parisienne dotée de revenus confortables5. Son père, Joseph Dauphin-Meunier (1868-1927), a mené une carrière de conservateur à la Bibliothèque administrative de la ville de Paris tout en publiant des ouvrages, en particulier sur Mirabeau. Politiquement, il se situait dans la mouvance nationaliste. Sa mère était la fille d’un encadreur bien connu de la rue Monsieur-le-Prince. Le jeune Achille fait ses études secondaires au lycée Lakanal de Sceaux. S’il est bachelier à 16 ans, tout semble basculer lorsqu’il rejette son milieu d’origine, se lie avec Robert Longuet (le fils de Jean) et rencontre Jean Grave en 1922. Anarchiste bien connu, ce dernier ouvre au jeune garçon les portes de la presse libertaire. Dauphin-Meunier publie donc ses premiers textes dans Publications de la Révolte et des Temps nouveaux, la revue de Jean Grave installée à Besançon et qui paraît, à raison de quatre numéros par an entre août 1920 et septembre 19366. Durant cette période, Dauphin-Meunier fréquente l’Union anarchiste et publie son premier volume (87 pages) qui porte sur la Commune hongroise de 19197. Le choix de la Hongrie pourrait surprendre mais il faut savoir que sa première femme, Böse Kovacs, décédée en 1930, était une couturière hongroise originaire d’un milieu paysan et anarchiste. En parallèle de sa vie militante, Dauphin-Meunier a trouvé un débouché professionnel aux horizons bien éloignés de ses engagements. Ainsi, via les liens de son père avec Horace Finaly, il se retrouve salarié de la Banque de Paris et des Pays-Bas où il travaille au service de la correspondance.
3Le début des années 1930 marque un tournant dans la vie et l’itinéraire d’Achille Dauphin-Meunier. Sur le plan privé, il rencontre sa seconde femme, Else, une Allemande, et entreprend avec elle un long voyage outre-Rhin dont il retire une brochure, Subversion de l’économie allemande, préfacée par Henri Guilbeaux. Il s’agit du dernier texte important qu’il publie dans la mouvance anarchiste. Ce document de cinquante-six pages a disparu ensuite de sa bibliographie des années 1940 pour des raisons évidentes à sa lecture. Dauphin-Meunier considère à la fin de 1932 que le national-socialisme est un mouvement dont la « montée […] est arrêtée » et dont « la décomposition […] se précipite ». Quant à Hitler, « loin de combattre les “barons”, comme il le prétendait d’abord, [il] soutenait précisément leur Gouvernement8 ».
4En même temps qu’il s’éloigne de la nébuleuse anarchiste, Dauphin-Meunier entreprend des études à la Faculté de droit de Paris et soutient en mars 1933 une thèse sur Mirabeau et l’économie prussienne de son temps9 qui reprend et réoriente dans une autre direction les travaux de son père décédé quelques années plus tôt. Sur le plan politico-syndical, sa rupture avec l’anarchisme (même si L’homme réel a rendu un hommage appuyé à la Catalogne républicaine en 193610) ne l’a pas détourné de l’engagement et il fonde en 1934 la Fédération des employés de banque. Fort de son expérience professionnelle et des connaissances qu’il a développées sur le système bancaire, Dauphin-Meunier se forge une répétition d’expert en cette matière. Elle lui permet de publier différents ouvrages sur la banque entre les années 1930 et 1950 et d’être ensuite longtemps cité à ce titre11. Le premier de ses titres, paru en 1935 sous le pseudonyme de Pierre Ganivet (repris de ses années anarchistes), est une brochure intitulée La banque, qui est éditée sous l’égide des Cahiers de la démocratie. Tenant de la « nationalisation du crédit », Ganivet voit ses idées, inspirées du socialiste et planiste belge Henri de Man, reprises par l’Institut supérieur ouvrier (ISO) ; à commencer par la triple « nécessité » d’une « Banque centrale », couplée à la création d’un « institut de conjoncture », d’un « organisme de distribution du crédit à court terme » et enfin d’un « institut des investissements »12. L’expertise de Dauphin-Meunier se traduit aussi par sa participation au bureau d’études économiques de la CGT où il s’occupe prioritairement des questions bancaires et de la nationalisation de la Banque de France. Mais Dauphin-Meunier entend peser sur le débat public dans une France en crise et se lance en janvier 1934 dans la publication d’une revue, L’homme réel, dont, jusqu’au dernier numéro (août-septembre 1938), il écrit les éditoriaux. Il la nourrit également abondamment de sa propre prose en s’attachant aux questions bancaires et à la politique internationale : Pierre Ganivet fut le principal contributeur de L’homme réel avec trente-quatre articles et trois chroniques13.
L’économiste des années sombres
5En 1945, le journaliste Jean Queval dresse ce portait de Dauphin-Meunier dans son ouvrage Première page, cinquième colonne : « intelligence ductile, manœuvrier à l’aise au centre des toiles d’araignée passablement complexes que dessinent, dans les temps de crise, les chassés-croisés entre les intérêts et les écoles, il est de ces hommes intelligents et francs-tireurs, qui se tiennent au carrefour de la politique, de la presse et de l’université14 ».
6À y regarder de près, Dauphin-Meunier est impliqué dans de nombreux cénacles sous l’Occupation. Il est ainsi mentionné parmi les hommes ressources chez lesquels Karl Epting, directeur de l’Institut franco-allemand, pouvait puiser15. On trouve également son nom cité dans la « liste globale de la littérature à promouvoir jusqu’au 31 décembre 1942 » pour son ouvrage sur L’économie allemande contemporaine paru chez Sorlot et qui figure dans la rubrique « Neues Deutschland »16. Dauphin-Meunier a aussi ses entrées dans les cercles du pouvoir de l’État français. Présent à la table d’Yves Bouthillier, il n’hésite pas à lui dire sa façon de penser et à piquer au vif le ministre lors d’un déjeuner au ministère des Finances auquel assiste Bertrand de Jouvenel et que ce dernier consigne dans son Journal :
Vous avez dû avoir de grandes difficultés à mettre en train votre expérience d’économie dirigée, puisque tous les hommes qui tenaient nos leviers de commande et qui avaient l’expérience des affaires étaient des libéraux. Il vous a fallu improviser une pratique dont vous n’aviez pas la théorie.
Piqué au vif, Bouthillier répondit :
Mais j’ai toujours été dirigiste. Seulement je n’affirmais pas mon opinion sous le régime précédent.
Oui, ce n’était pas bien vu dit brutalement Dauphin-Meunier.
Bouthillier protesta :
Ce n’est pas le courage qui me manquait. Mais je considérais que faire de l’économie dirigée, c’était donner de grandes possibilités à des gouvernements qui en auraient mésusé. Je ne voulais pas consolider ce régime17.
7Le contenu du dialogue est instructif et montre un Dauphin-Meunier dirigiste. Cette défense de l’économie dirigée, dont il ne manque jamais de rappeler tout ce qu’elle doit à Bertrand de Jouvenel et à son ouvrage éponyme publié à la librairie Valois18, Dauphin-Meunier ne cesse de la défendre, et ce sous de multiples registres. La plume est privilégiée et dès l’automne 1940, l’auteur de La Cité de Londres collabore à différents journaux, à commencer par Aujourd’hui, d’Henri Jeanson, qu’il fréquente depuis l’entre-deux-guerres19. Le premier article qu’il y donne le 9 octobre 1940, sous la forme d’une « lettre ouverte à Henri Jeanson », nous instruit sur l’identité professionnelle qu’entend s’appliquer Dauphin-Meunier :
Moi, vous le savez bien, je ne suis pas, je ne serai jamais un journaliste. Je n’aurai jamais cette promptitude de l’esprit, cette légèreté du style, ce brio, ce mordant qui font le vrai journaliste. Par profession, par vocation, j’appartiens à cette catégorie de gens ennuyeux, les économistes. Notre science est même dite la science triste. L’épithète de “distingués” qu’on nous accorde est moins signe de respect que fiche de consolation20.
8Le journalisme que pratique Dauphin-Meunier est donc exclusivement tourné vers l’économie dont il traite aussi bien dans La vie industrielle que dans l’hebdomadaire Le fait, un journal économique dont il contribue à l’automne 1940 à la création avec Bertrand de Jouvenel et Georges Roux. Comme un écho de l’homme réel, la bande-annonce proclame : « L’ancien régime est mort pour s’être écarté du Fait » tandis que le journal met en exergue cette phrase : « C’est pour avoir méconnu le fait que la France a connu le désastre »21.
9Les articles publiés par Dauphin-Meunier dès l’automne et l’hiver 1940-1941 donnent le ton de ses prises de position et sont également un banc d’essai pour la rédaction de son gros ouvrage, Produire pour l’homme, rédigé entre janvier et mai 1941, qui en reprend et en adapte des passages. Ainsi, dès 1940, Dauphin-Meunier est un tenant d’une unité continentale par l’économie, un des objectifs affiché par l’Occupant après la présentation par le ministre de l’Économie du Reich, Walther Funk du plan « européen » du Reich le 25 juillet 1940. Comme l’a montré Bernard Bruneteau, Dauphin-Meunier, s’il n’est pas le seul, est un des premiers à défendre sous cet angle une Europe fondée sur l’économie. Le 9 octobre 1940, il proclame ainsi dans le quotidien Aujourd’hui que construire l’Europe, c’est « ordonner, harmoniser, substituer l’impératif collectif à l’intérêt individuel », se réjouir de « la fin des juristes et des causeurs » et se féliciter de « l’arrivée des ingénieurs, des techniciens et des économistes »22. Cette conjonction d’un héritage « réaliste » des années 1930, de la conviction que l’heure de la construction européenne a sonné et de l’affirmation du primat de l’économie conduit notre « expert » à réclamer une action rapide : « Ouvrons les yeux au réel, proclame-t-il dans La vie industrielle des 14-16 décembre 1940. Maintenant l’Économique prime tout. Et l’Économique ne tolère pas les retards ou les repentirs23. » L’économie continentale défendue par Dauphin-Meunier est réputée saine et productive et, à ce titre, opposée en tout point à celle des « oligarques » de la City et à leurs logiques commerciales et financières qu’il a dénoncées dans La cité de Londres. Loin d’être marginale, la prose de Dauphin-Meunier fait songer aux écrits de Francis Delaisi24 ou à ceux de nombreux économistes allemands traduits dès l’avant-guerre, de Ferdinand Fried, qui célèbre l’Europe nouvelle sous l’Occupation, à Anton Reithinger25.
10Ces choix de l’automne-hiver 1940-1941, Dauphin-Meunier les précise dans son essai Produire pour l’homme et les inscrit encore plus nettement dans une logique géopolitique lorsqu’il en appelle à l’avènement du « Français de l’Europe nouvelle » et entend inscrire la construction d’une économie européenne dans une perspective opposée aux desseins de « l’Union Jack » : « Les Allemands (et derrière eux les Italiens) ambitionnent de se substituer aux Anglais défaillants. S’ils entendent bien refaire l’Europe et la marquer de leur sceau, s’ils sont décidés à mettre un terme définitif aux querelles intestines, aux rivalités de terroirs qui l’ont si longtemps divisée et affaiblie, c’est pour rendre à l’Europe sa primauté universelle26. » La conviction, exprimée à différentes reprises par Dauphin-Meunier, est que ce qu’il appelle « l’idée de bloc » ne signifie pas une substitution à la nation mais une possibilité de la mettre « mieux en valeur […] en la dépassant ». Dans cette perspective, le développement d’un « bloc européen », qui pourrait être une préfiguration d’un « bloc eurafricain », devrait déboucher sur de nouveaux types d’échanges qui mettraient fin à « l’ancienne division internationale du travail, dont la logique avait été faussée par l’Angleterre à son profit exclusif ». Dans cette logique, l’Europe est appelée à devenir « une autarcie de grands espaces », c’est « une donnée certaine »27 pour Dauphin-Meunier. C’est donc dans cette perspective que la France est invitée à choisir la collaboration et à ne pas « redouter cette suprématie allemande » : « Encore faut-il que la France comprenne la place qu’elle doit occuper dans l’Europe unifiée, et que toute son histoire lui assigne. Encore faut-il qu’elle comprenne la portée de cette collaboration qu’on lui offre et qu’elle veuille vraiment surmonter sa défaite. » Le choix de Dauphin-Meunier, inscrit dans une perspective européiste et générationnelle chère aux relèves « réalistes » des années 1930, Bertrand de Jouvenel en tête, est clair : il est « l’œuvre que nos générations se doivent d’entreprendre » : « refaire la France, avec le concours des seuls Français, pour que la France puisse bientôt contribuer à faire l’Europe. Cette Europe dont nous rêvons depuis vingt ans »28.
11Si le choix de l’Europe nouvelle et de l’économie continentale est nettement affirmé, il est inséparable d’un autre, celui de l’économie dirigée pour laquelle Dauphin-Meunier combat depuis une décennie. Débiteur affiché de Jouvenel auquel il a dédié son livre et qu’il cite abondamment29, Dauphin-Meunier se veut aussi l’historiographe de l’économie dirigée en France, une histoire qu’il articule en trois temps : une « œuvre ébauchée de 1931 à 1935, un « sursaut du libéralisme » dont il rend responsable Léon Blum et sa « trahison des espérances » et, à partir d’août 1940, avec la loi sur les comités d’organisation, une reprise du cours entamé entre 1931 et 193530.
12Dauphin-Meunier est un adversaire affiché du libéralisme classique dont il ne cesse de dénoncer les insuffisances, en considérant par exemple dans La vie industrielle en janvier 1941 que « la répétition des crises et la prolongation de chacune d’elles ont fourni la preuve que les mécanismes autorégulateurs sur lesquels on comptait pour maintenir l’équilibre ne jouaient plus correctement31 ». À cette inertie dénoncée, on ne saurait opposer le seul interventionnisme. Dauphin-Meunier prend donc le soin de préciser ce qui sépare ce dernier, qui « agit empiriquement », de l’économie dirigée qui est selon lui une « économie rationnelle » et « une économie rationalisée » dont il cite certains des maîtres à penser, à commencer, de Tayol et Fayol à Rathenau32. Plus précisément, et rendant un hommage appuyé aussi bien à René Belin qu’à Pierre Pucheu et à Jean Bichelonne, Dauphin-Meunier définit ainsi l’économie dirigée : « C’est l’organisation volontaire de la production ; c’est la régularisation concertée de la circulation des marchandises, de la monnaie et des capitaux ; c’est la fixation, la limitation des prix et des profits. Le dirigisme va donc s’exercer à la fois sur le cadre et sur le moteur de l’activité économique33. »
13L’économie dirigée défendue par Dauphin-Meunier est-elle une fin en soi et surtout un point d’aboutissement ? À lire attentivement Produire pour l’homme, la réponse est négative. En effet, les années de guerre de Dauphin-Meunier sont marquées par un événement personnel et existentiel : il embrasse (ou retrouve ?) la foi catholique. Produire pour l’homme est ainsi dédié non seulement à Bertrand de Jouvenel mais également au père Louis-Bertrand Geiger (1906-1983), un dominicain appelé à devenir un spécialiste reconnu de saint Thomas d’Aquin auquel il consacre son premier ouvrage en 194234. On remarquera aussi que l’ouvrage de Dauphin-Meunier paraît dans « Présences », une collection d’essais lancée par Daniel-Rops en 193735. Ce dernier est une figure majeure des relèves « spiritualistes » des années 1930 et l’un des piliers du mouvement et de la revue éponyme L’ordre nouveau, lancés par Robert Aron et Arnaud Dandieu et auxquels participent Alexandre Marc et Denis de Rougemont. Ouverte par un livre de Daniel-Rops, Ce qui meurt et ce qui naît, tiré à 8000 exemplaires et qui donne bien le ton des intentions de son maître d’œuvre36, « Présences » publie également des ouvrages où les auteurs mettent en avant leur profession ou plutôt leur « métier », à l’instar de Raoul Dautry qui y publie son célèbre Métier d’homme dans lequel il évoque le monde des chemins de fer. Le milieu de « Présences » n’est nullement celui dans lequel gravitait Dauphin-Meunier qui n’a jamais publié dans L’ordre nouveau. La présentation du volume dans ce que le directeur de collection, référence à Péguy oblige, appelle des « cahiers » souligne l’étrangeté d’y publier un économiste et ne mâche pas ses mots sur ce que son directeur pense de l’économie politique. Mais à chaque règle son exception et Dauphin-Meunier est présenté comme un « économiste humain37 ». Du point de vue de Daniel-Rops, la terminologie fait sens dans la mesure où Dauphin-Meunier ne manque pas de se référer à des auteurs cultes de cette sensibilité, à commencer par Péguy dont il cite Notre jeunesse et qu’il oppose brutalement à Maurras assimilé à « la réaction vichyssoise38 ». Plus encore, Dauphin-Meunier considère que l’avenir est à « l’économie communautaire dont le dirigisme aura ouvert les voies39 » et à une convergence entre le syndicalisme ouvrier (Hyacinthe Dubreuil est cité) et « maints catholiques sociaux », à commencer par Léon Harmel. La conclusion tombe d’elle-même et dans des termes qui pourraient être repris par une plume personnaliste : « Dans le régime qui succédera à celui de l’Économie dirigée, le respect de la personne humaine et de sa liberté sera assuré, et d’abord au lieu même où la dignité de l’homme a été le plus souvent et le plus durement bafouée, au lieu du travail40. » En écrivant que le « problème fondamental » est « celui de l’homme »41, le « réaliste » Dauphin-Meunier est en train basculer dans le versant « spiritualiste » des relèves des années 1930.
14L’absence de sources privées, et notamment de correspondance, nous interdit d’aller plus loin. Bornons-nous donc à constater que Dauphin-Meunier se déploie durant la guerre dans différentes directions. Il continue à publier car Produire pour l’homme a été un relatif succès, ayant fait l’objet de deux tirages, en novembre 1941 et en février 1942. Ainsi, sur les 6600 exemplaires, 6594 ont été vendus, occasionnant un bénéfice brut à Plon de 99077,35 francs, l’auteur ayant pour sa part touché 25865,65 francs de droits d’auteur42. Mais s’il écrit, Dauphin-Meunier s’occupe également beaucoup d’enseignement. Il est ainsi en charge de l’École supérieure d’enseignement professionnel (ESOP) dont les cours sont publiés aux Presses universitaires de France sous l’égide du Centre d’information interprofessionnel (CII) créé par Pierre Pucheu, fortifié par Jean Bichelonne et présidé par l’ancien secrétaire général du Centre polytechnicien d’études économiques et ami intime de Jean Coutrot, Gérard Bardet43. À la tête de l’ESOP, Dauphin-Meunier professe son propre enseignement qui porte sur la politique économique44. Il recrute également certains de ses amis, dont Bertrand de Jouvenel, pour y faire des cours45. Mais les questions spirituelles retiennent largement son attention et c’est à l’abbaye de La Pierre-Qui-Vire qu’il commence à rédiger un de ses livres majeurs de l’après-guerre, La doctrine économique et sociale de l’Église.
L’après-guerre d’Achille Dauphin-Meunier
15La correspondance de Dauphin-Meunier avec les Jouvenel (son épouse Else est liée à Hélène, la seconde femme de Bertrand) donne à voir son état d’esprit alors que la victoire des Alliés se profile. Le 14 juin 1944, c’est sur un ton amer qu’il expose à ses « chers amis » son opinion sur la situation :
nous voici maintenant entrés dans le temps des ténèbres. Ténèbres sur la France, ténèbres sur l’Europe. Je vous envie parfois de jouer au naturel les vicaires savoyards. Ici, nous sommes non point dans la vallée, mais dans les vases du marais. L’imbécillité croît à la taille des destructions. Elle ricane tandis que s’anéantit tout ce que nous avons aimé46.
16Le propos est bien différent de celui que l’on retrouve dix-huit mois plus tard lorsque Dauphin-Meunier évoque son séjour « pendant tant de mois » à la Pierre-Qui-Vire où son temps est partagé « entre la prière, la méditation et le travail » et où dit avoir « connu les plus hautes joies de l’esprit et du cœur »47. Un séjour qui préserve également Dauphin-Meunier des risques de l’épuration et qui lui permet de refaire surface en 1946.
17Les choses n’ont cependant pas été aussi simples car, le 6 mars 1946, seize volumes « à tendance ou d’auteurs collaborationnistes » sont saisis chez Plon, dont Produire pour l’homme et Du prolétariat à l’État ouvrier d’August Winnig, traduit de l’allemand, publié en 1943 et préfacé par Dauphin-Meunier48. Concernant Produire pour l’homme, le commissaire du Gouvernement n’y voit qu’une « apologie de l’économie dirigée49 », une lecture comme on voit assez sommaire. L’ouvrage de Winnig fait également l’objet d’une enquête qui livre nombre d’éléments sur cette préface et son histoire. Henri Vinet, l’expert-comptable près la Cour d’appel de Paris et le Tribunal de première instance de la Seine a souligné le caractère technique de l’ouvrage et marqué qu’il avait été, comme quelques autres, imposé à Plon par l’Occupant. Du prolétariat à l’État ouvrier, paru en Allemagne en 1930, n’est cependant pas un ouvrage aussi technique qu’il y paraît à Vinet puisque ses dernières lignes sont un appel tout à fait explicite au soutien de la classe ouvrière au nazisme montant : « dans le nouvel État, la classe ouvrière devra porter le IIIe Reich, ce IIIe Reich que le monde attend. Telle est la mission qui s’offre à Adolf Hitler, chancelier du peuple. Dieu l’assiste50 ! ». Les Allemands ont par ailleurs tenu à voir ce livre publié puisque, alors que le contrat d’édition est daté du 31 octobre 1941, ils relancent Plon un an plus tard, lequel n’a toujours pas bougé en arguant de la pénurie de papier. C’est le 9 décembre 1942 que Dauphin-Meunier est chargé d’une préface qu’il rend au printemps 1943 après que les dirigeants de Plon lui ont dit être « talonnés par l’éditeur allemand ». Une préface elle aussi instructive et qui montre que Dauphin-Meunier n’ignore rien de l’identité du profil de l’auteur puisqu’il explique que « M. Winnig fut, dans le mouvement ouvrier allemand, le promoteur du national-socialisme51 ». Finalement, le livre sort en juin 1943 avec un tirage de 3300 exemplaires pour un total de ventes s’élevant à 2476 et un bénéfice brut « modeste » pour Plon (11165,40 francs)52.
18Achille Dauphin-Meunier se sort finalement sans encombre de cette situation et renoue avec ses activités d’enseignement : il reprend sa place à l’Institut catholique de Paris en 194653. Sur le plan de ses engagements, l’ancien tenant de l’économie dirigée se retrouve parmi les sectateurs du néolibéralisme. Une position qui n’est pas aussi opportuniste qu’il pourrait y paraître car dans Produire pour l’homme, Dauphin-Meunier s’était fait le défenseur du néolibéralisme et avait marqué son intérêt pour les thèses de Louis Rougier et du colloque Lippmann54. À l’heure de la guerre froide naissante, Dauphin-Meunier s’inscrit également dans le camp atlantiste. Fort de son ancienne expérience à L’homme réel, Dauphin-Meunier s’impose comme la cheville ouvrière de différentes revues. On mentionnera ainsi les Cahiers d’études américaines qui associent dirigeant politiques, représentants patronaux, ex-syndicalistes anticommunistes et universitaires pour défendre le plan Marshall et la communauté atlantique. La Nouvelle revue de l’économie contemporaine, créée en 1950 et diffusée par les Éditions de Médicis, acquises depuis l’avant-guerre et le colloque Lippmann de 1938 au néolibéralisme, est également dirigée par Achille Dauphin-Meunier. Quant au nom de la revue, il n’est pas sans rappeler celui de la Revue d’économie contemporaine publiée naguère par le CII55. Cheville ouvrière de la presse néolibérale, Dauphin-Meunier n’a jamais oublié son intérêt pour les questions bancaires et son expertise est ainsi sollicitée entre 1955 et 1963 par le Cambodge dont il est un conseiller financier du Gouvernement royal, participant notamment à la création de la Banque nationale du Cambodge56. À la fin des années 1960, poursuivant son combat néolibéral, Dauphin-Meunier a entrepris, avec Christian de Bongain, d’aider Guy Lemonnier à fonder en 1969 l’Institut supérieur du travail, un organisme de formation à l’histoire et à la législation sociale57. Un groupement qui accueille le jeune Alain Madelin58 et qui s’inscrit dans une volonté de relancer le néolibéralisme partagée par d’autres entités qui veulent aller au-delà de la Semaine de la pensée libérale lancée par l’Association pour la liberté économique et le progrès social (ALEPS) quelques années plus tôt59. L’Institut connaît un certain écho et se voit même attaqué par le Canard enchaîné à différentes reprises en 1975-197660.
19L’ancrage dans le monde catholique se poursuit, y compris dans le monde du catholicisme traditionnel. Dauphin-Meunier écrit ainsi à différentes reprises dans la revue Itinéraires de Jean Madiran pour y traiter de l’Église et de l’organisation professionnelle (no 31), de la planification rapportée à Mater et Magistra (no 68), du livre de Marcel Clément sur le travail (no 72) ou de l’Église et de l’intervention de l’État (no 78). Dans les années 1960 et 1970, Dauphin-Meunier a également collaboré aux Écrits de Paris de René Malliavin pour y traiter de sujets les plus divers, allant du peuplement de l’agglomération parisienne (novembre 1965), de la « pulvérisation de l’Afrique » depuis la conférence de Brazzaville (décembre 1965) aux conditions de la paix au Proche-Orient (juillet-août 1971) et surtout pour délivrer un « hommage réparateur à la mémoire d’Henri de Man » (décembre 1973) vingt ans après la mort de ce dernier. On trouve encore Achille Dauphin-Meunier membre du comité de patronage de la revue Nouvelle école lancée par Alain de Benoist ou collaborateur de la Revue universelle des faits et des idées où il publie sur la succession de Mao Zedong (octobre 1976) ou la médecine « malade de ses excès » (janvier 1981). Le positionnement d’Dauphin-Meunier est donc bien marqué à droite, dans une droite assumée et revendiquée qui ne prise guère le gaullisme au pouvoir. Mais 1968 a eu une autre conséquence pour lui : il devient pour une décennie (jusqu’en 1978) le premier doyen de la Faculté autonome et cogérée de droit et d’économie (la FACO), ce qui consacre un engagement dans l’enseignement supérieur catholique et privé amorcé au début des années 1940.
Conclusion
20De l’anarchisme à sa participation à la Revue universelle des faits et des idées héritière de la création de Jacques Bainville, l’itinéraire de Dauphin-Meunier peut apparaître chaotique et se lire comme celui d’un transfuge. À la différence de son ami Bertrand de Jouvenel, nous ne disposons pas des archives privées qui permettraient de saisir les motivations profondes d’un revirement qui ne saurait s’expliquer par un simple opportunisme. La lecture de Dauphin-Munier et notamment de cet ouvrage pivot qu’est Produire pour l’homme montre que les années 1940, tout comme le tournant de 1930, ont été décisives pour lui. À bien des égards, son itinéraire ressemble à d’autres, issus du planisme et du syndicalisme et qui, à l’instar des militants de la tendance Syndicats, vont rallier l’État français et la défense de l’Europe nouvelle. La lecture des travaux sur l’européisme et son évolution tout comme sur les collaborateurs venus de la gauche montre que le cas de Dauphin-Meunier n’est nullement isolé. Il y a cependant chez lui un élément de singularité qui renvoie à sa rencontre avec un catholicisme dont on ne sait s’il le redécouvre après le rejet de l’adolescence ou s’il l’embrasse pour la première fois. Ce choix n’en est pas moins décisif et c’est véritablement à partir de là que ses orientations professionnelles et idéologiques se fixent pour ne plus guère changer. Unique en son genre, Dauphin-Meunier ? Évidemment pas, car son nom voisine, dans les colonnes d’Itinéraires, avec ceux de l’ancien syndicaliste Hyacinthe Dubreuil ou d’Henri Barbé, l’ancien communiste passé au PPF de Jacques Doriot. Ce constat opéré, on ne peut qu’être frappé de voir un homme qui conspuait Maurras et les siens se retrouver dans le mensuel de Jean Madiran qui n’a jamais renié celui qu’il considérait comme son « maître » depuis ses jeunes années.
Notes de bas de page
1 Le seul à s’être lancé dans une approche biographique d’ensemble de l’auteur de La cité de Londres est Claude Harmel (Guy Lemonnier), un de ses contemporains et ami, très engagé dans le socialisme et la collaboration, qui a rédigé un mémoire sur le sujet intitulé Les itinéraires intellectuels d’Achille Dauphin-Meunier, Cedias, 1998. Voir aussi Arnaud Pellissier-Tanon, « Notice sur la vie et l’œuvre d’Achille Dauphin-Meunier (1906-1984) », Études sociales, 125, premier semestre 1997 et, du même auteur et dans le même numéro, « Bibliographie d’Achille Dauphin-Meunier ». Voir aussi la notice de Nadine Vivier pour le CTHS.
2 Achille Dauphin-Meunier, Produire pour l’homme, Paris, Plon, 1941, p. 93. « L’expérience Blum, dernier sursaut du libéralisme » est le troisième et dernier chapitre de la première partie du livre qui se conclut par le « bilan d’une expérience libérale » qualifiée (p. 119) de « bilan de faillite ».
3 Michel Margairaz, L’État, les finances et l’économie. Histoire d’une conversion (1932-1952), Paris, Imprimerie nationale/Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1991, vol. 1, p. 266. C’est l’auteur qui souligne.
4 Gérard Brun, Technocrates et technocratie en France (1914-1945), Albatros, 1985.
5 Pour ce paragraphe, nous suivons Vincent Chauvel, La dimension internationale dans les revues techniciennes de l’entre-deux-guerres. Le cas de L’homme réel et de L’homme nouveau, mémoire de master, université de Rouen, 2018-2019, p. 17-18. Lui-même s’est appuyé sur la note de Guy Lemonnier.
6 Jean Maitron, Le mouvement anarchiste France, t. 2, Paris, François Maspero, 1975, p. 288. Le nom de Ganivet/Dauphin-Meunier est absent de l’index de cette somme bien connue.
7 Achille Dauphin-Meunier, La commune hongroise et les anarchistes (21 mars 1919-7 août 1919), Paris, Librairie internationale, 1926. On signalera que ce livre a été traduit et publié à Buenos Aires en 1937 (Imán).
8 Pierre Ganivet, Subversion de l’économie allemande, Cahiers des humbles. Revue littéraire des primaires, 11-12, novembre-décembre 1932, p. 48.
9 Elle a été publiée sous ce titre aux Presses universitaires de France en 1933.
10 G. Brun, Technocrates et technocratie en France, op. cit., p. 242 et surtout V. Chauvel, La dimension internationale dans les revues techniciennes de l’entre-deux-guerres, op. cit., p. 115-122, qui souligne l’attirance de Dauphin-Meunier pour l’anarchisme ibérique et plus généralement l’Espagne, pays qu’il visite dans la foulée de la proclamation de la République en 1931. Par la suite, Pierre Ganivet avait publié dans les Cahiers des humbles (3-4, mars-avril 1932) L’Espagne au tournant. Ajoutons que Dauphin-Meunier se taille la part du lion dans le numéro spécial de L’homme réel, Tempête sur l’Espagne, paru en octobre-novembre 1936.
11 Voir notamment Jean Bouvier, « Les banques », dans Alfred Sauvy, Histoire économie de la France entre les deux guerres. Divers sujets, t. 3, avec la collaboration d’Anita Hirsch et d’autres auteurs, Paris, Fayard, 1972, p. 210, 211, 217 et 227.
12 Sur ce point, voir M. Margairaz, L’État, les finances et l’économie, op. cit., vol. 1, p. 235-237.
13 V. Chauvel, La dimension internationale dans les revues techniciennes de l’entre-deux-guerres, op. cit., p. 190.
14 Cité dans François Broche, Dictionnaire de la collaboration. Collaborations, compromissions, contradictions, Paris, Belin, 2014, p. 305.
15 Stéphanie Corcy, La vie culturelle sous l’occupation, Paris, Perrin, 2005, p. 50.
16 Gérard Loiseaux, La littérature de la défaite et de la collaboration d’après Phönix oder Asche ? (Phénix ou cendres ?) de Berhnard Payr, Paris, Publication de la Sorbonne, 1984, p. 520.
17 Bertrand de Jouvenel, Un voyageur dans le siècle, Paris, Robert Laffont, 1979, p. 435.
18 Achille Dauphin-Meunier, Produire pour l’homme, op. cit., p. 221.
19 On rappellera que Jeanson est expulsé de son journal le 22 novembre 1940 et emprisonné ensuite. Il est remplacé par Georges Suarez (Pierre-Marie Dioudonnat, L’argent nazi à la conquête de la presse française, 1940-1944, Paris, Jean Picollec, 1981, p. 53-54).
20 Cet article est repris sous la forme de l’appendice I dans Achille Dauphin-Meunier, Produire pour l’homme, op. cit., p. 417.
21 Bernard Bruneteau, « L’Europe nouvelle » de Hitler. Une illusion des intellectuels de Vichy, Paris, Rocher, 2003, p. 47-48 ; G. Brun, Technocrates et technocratie en France, op. cit., p. 57. L’hebdomadaire a disparu en avril 1941.
22 Cité dans B. Bruneteau, « L’Europe nouvelle » de Hitler, op. cit., p. 30-31.
23 Cité ibid., p. 66 et repris tel quel dans A. Dauphin-Meunier, Produire pour l’homme, op. cit., p. 374-375.
24 Bernard Bruneteau, « Francis Delaisi, une figure de l’européisme intégral », dans Éric Bussière, Olivier Dard, Geneviève Duchenne (dir), Francis Delaisi. Du dreyfusisme à « l’Europe nouvelle », Berne, Peter Lang, 2015, p. 199-216.
25 B. Bruneteau, « L’Europe nouvelle » de Hitler, op. cit., p. 80.
26 A. Dauphin-Meunier, Produire pour l’homme, op. cit., p. 21-22.
27 Ibid., p. 409-410.
28 Ibid., p. 413-414.
29 Ibid., p. 4, 39, 221.
30 Ibid., p. 7 et 97.
31 Cité dans Renaud de Rochebrune, Jean-Claude Hazéra, Les patrons sous l’Occupation, Paris, Odile Jacob, 1995, p. 761.
32 A. Dauphin-Meunier, Produire pour l’homme, op. cit., p. 128-129.
33 Ibid., p. 221-222 et 224. Dauphin-Meunier a redit à Gérard Brun le caractère « marquant » de Bichelonne à Vichy (Technocrates et technocratie en France, op. cit., p. 178).
34 Louis-Bertrand Geiger, La participation dans la philosophie de saint Thomas d’Aquin, Paris, Vrin, 1942.
35 Cette collection dura dix-sept ans, jusqu’au départ de Daniel-Rops pour Fayard (Patricia Sorel, Plon. Le sens de l’histoire [1833-1962], préface de Jean-Yves Mollier, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2016, p. 258).
36 P. Sorel, Plon, op. cit., p. 117. Un certain colonel de Gaulle avait d’ailleurs signé un contrat pour un livre qui devait s’appeler L’homme sous les armes et qui n’a jamais vu le jour.
37 A. Dauphin-Meunier, Produire pour l’homme, op. cit., p. i.
38 Ibid., p. 385.
39 Ibid., p. 386.
40 Ibid., p. 391.
41 Ibid., p. 392.
42 P. Sorel, Plon, op. cit., p. 203.
43 M. Margairaz, L’État, les finances et l’économie, op. cit., vol. 1, p. 519-520.
44 En particulier Achille Dauphin-Meunier, Politique économique, CII, 1943, 2 vol.
45 B. de Jouvenel, Un voyageur dans le siècle, op. cit., p. 371.
46 Cité dans Olivier Dard, Bertrand de Jouvenel, Perrin, 2008, p. 201.
47 Achille Dauphin-Meunier, La doctrine économique de l’Église, Paris, Nouvelles Éditions latines, 1950. La citation est tirée de l’introduction (p. 13), laquelle est elle-même datée du 1er novembre 1945.
48 Sur cet épisode, voir P. Sorel, Plon, op. cit., p. 191-194.
49 Cité ibid., p. 207.
50 August Winnig, Du prolétariat à l’État ouvrier, Paris, Plon, 1943, p. 231.
51 Ibid., p. iii.
52 P. Sorel, Plon, op. cit., p. 194.
53 V. Chauvel, La dimension internationale dans les revues techniciennes de l’entre-deux-guerres, op. cit., p. 19.
54 A. Dauphin-Meunier, Produire pour l’homme, op. cit., p. 386-387.
55 François Denord, Néolibéralisme version française. Histoire d’une idéologie politique, Paris, Demopolis, 2007, p. 216-217.
56 Achille Dauphin-Meunier a publié en 1961 une Histoire du Cambodge aux Presses universitaires de France et, en 1965 aux Nouvelles Éditions latines, Le Cambodge de Sianouk ou de la difficulté d’être neutre.
57 Pierre Rigoulot, Georges Albertini, socialiste, collaborateur, gaulliste, Paris, Perrin, 2012, p. 207.
58 Jérôme Perrier, L’individu contre l’étatisme. Actualité de la pensée libérale française (xixe siècle), Paris, Fondation pour l’innovation politique, 2016, p. 32.
59 F. Denord, Néolibéralisme version française, op. cit., p. 278. Sur l’ALEPS, voir aussi Kevin Brookes, « Deux réseaux de promotion du néolibéralisme entremêlés dans les années 1960 et 1970 : l’ALEPS et le groupe des “nouveaux économistes” », dans Dominique Barjot, Olivier Dard, Frédéric Fogacci, Jérôme Grondeux (dir.), Histoire de l’Europe libérale. Libéraux et libéralisme en Europe, xviiie-xxie siècle, Paris, Nouveau Monde, 2016, p. 245-264.
60 P. Rigoulot, Georges Albertini, socialiste, collaborateur, gaulliste, op. cit., p. 370.
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