Les raisons de la défaite des confédérés dans la CGT à la Libération
p. 223-238
Texte intégral
1A la Libération, plusieurs facteurs se conjuguent, au sein de la CGT, pour provoquer, en moins de deux ans, la défaite des confédérés. Ce qui se joue alors va marquer durablement le syndicalisme français : il en porte encore aujourd’hui la trace. Au-delà de données conjoncturelles liées au contexte particulier des années 1944-1947, cette défaite s’explique par plusieurs raisons inhérentes à l’histoire de la CGT depuis une décennie ainsi que par les représentations que s’en font certains acteurs. On doit évidemment tenir compte du contexte politique ; bien que celui-ci soit connu, il convient d’en rappeler les grands traits. En revanche, l’histoire de la Confédération, les souvenirs de la scission de 1921 et de la réunification de 1936 ont, chez les confédérés, suscité des espoirs et entraîné certains comportements qui méritent un examen attentif : ces représentations contribuent à expliquer les incompréhensions qui se sont manifestées et les erreurs commises. Un troisième élément a joué, les carences de la SFIO. Alors que les unitaires bénéficient de l’appui, considérable, du Parti communiste à l’apogée de sa puissance, les confédérés sont loin de disposer avec la SFIO d’une aide aussi efficace. Durant ces années cruciales, la SFIO est partagée entre inefficacité, désintérêt et incompréhension à l’égard du monde du travail, attitude qu’elle paiera cher en 1947. Les raisons de cette attitude proviennent également de son histoire. Enfin, à travers un premier examen des responsables départementaux de FO à sa naissance, nous tenterons de mesurer l’influence qu’a pu y avoir la SFIO1.
La conjoncture politique
Le poids du Parti communiste
2On sait le poids du Parti communiste à la Libération. Bien plus fort numériquement que sous le Front populaire – 328 000 adhérents en 1937, 814 000 en 1946 –, il l’emporte alors et de loin sur une SFIO qui progresse dans des proportions bien moindres : 100 000 adhérents en 1944, 325 000 en 1946. L’influence politique du PC est à son apogée. Auréolé par le rôle qu’il a joué dans la Résistance et qu’il sait mettre en valeur, bénéficiant du prestige acquis par l’URSS dans sa lutte contre l’hitlérisme, participant pour la première fois de son histoire aux responsabilités gouvernementales, tout semble jouer en sa faveur. Avec le centralisme démocratique qui met l’accent sur le centralisme au détriment de la démocratie, le PC est, sur ce plan, également supérieur à sa rivale. Aussi, dispose-t-il d’une influence à son zénith qu’il ne retrouvera plus. Lors des élections d’octobre 1945, il apparaît comme le premier parti de France ; en revanche, la SFIO n’est plus en position de force comme elle l’était en 1936. Quant aux radicaux, s’ils arrivent à faire à peu près bonne figure, ils ne peuvent plus jouer le rôle-charnière qu’ils avaient eu une décennie plus tôt. Ces données favorisent la forte progression des unitaires au sein de la Confédération, prélude à leur victoire acquise en avril 1946, lors de son XXVIe congrès national.
La progression des unitaires
3Des débuts du Front populaire à la Libération, l’histoire de la CGT se caractérise par une ligne de force, la montée des unitaires. Sans être linéaire – que l’on songe aux années de guerre – cette progression est continue. Minoritaires au Bureau confédéral (trois contre cinq) en août 1944, ils sont théoriquement à parité en avril 1946 : en fait, l’un de ses membres, Pierre Le Brun, officiellement radical-socialiste, appartient au PC2. Lors de ce congrès, les unitaires représentent 80 % des voix de la Confédération et les confédérés 20 %. Dès mars 1945, les unitaires sont majoritaires à la Commission administrative par vingt sièges contre dix-huit. De 1936 à 1938, ils avaient conquis dix fédérations. A la Libération, ils en dirigent vingt et dès la mi 1945, vingt-trois. Les confédérés n’en régissent alors plus que dix-neuf dont cinq « hésitantes ». La progression est tout aussi spectaculaire au niveau des unions départementales : début 1945, les unitaires en dirigent soixante-deux et quelques mois plus tard, en juin, ils en ont conquis quatre autres. De 1936 à 1939, Léon Jouhaux avait pu, en défendant une orientation « centriste », opérer un relatif jeu de bascule entre sa tendance, les unitaires, et les Amis de Syndicats. Syndicats ayant disparu en 1945, les confédérés se trouvent seuls face aux unitaires, ce qui tend à les cantonner de plus en plus dans une opposition de « droite ». Devant Benoit Frachon, symbole parfait du rôle des unitaires dans la Résistance, aucun confédéré – ni Léon Jouhaux, ni son second, Robert Bothereau – ne se trouve capable de rivaliser. Les confédérés ne sont donc pas en mesure de tirer de leur engagement dans la Résistance les mêmes bénéfices que leurs rivaux. Affaiblis dès 1944-1945, ils ne peuvent empêcher les unitaires d’orienter la Confédération vers des prises de position directement politiques.
La CGT : un rôle plus politique ?
4Avant même que la guerre ne soit terminée, les unitaires poussent la CGT à intervenir directement dans le débat politique, ce qui constitue une remise en cause de toute la tradition dont elle se réclame. En mars 1945, le premier Comité confédéral national tenu depuis la Libération, propose que toute latitude soit laissée aux unions départementales et locales pour participer aux élections municipales, prévues pour avril, sur des listes communes des forces de la Résistance. Selon les unitaires, il n’est plus possible de s’en tenir strictement aux termes de la Charte d’Amiens : l’adoption de cette proposition qui n’enthousiasme guère, on l’imagine, les confédérés constitue pour eux un premier échec. Le 23 août 1945, à l’appel de la CGT, est constituée une « Délégation des gauches » qui, rassemblant le PC, la SFIO, le Parti radical, la Ligue des droits de l’homme et la CGT, prétend intervenir sur les projets constitutionnels et électoraux. Arguant de son rôle à la tête de cette « Délégation », le 21 septembre 1945, la CGT demande un entretien au Général de Gaulle pour discuter du régime prévu par les prochaines élections mais se voit opposer un refus très sec. En la circonstance, la CGT a revendiqué le droit de donner son avis sur les grandes affaires du pays et il semble bien que ce soit Robert Bothereau lui-même qui ait rapporté sur ce point3. Puis, en mai 1946, la CGT prend position sur le référendum. A leur corps défendant, les confédérés se laissent donc entraîner par les unitaires sur le terrain politique alors qu’en 1935-36, ils avaient été particulièrement sourcilleux sur la nécessité de défendre l’indépendance syndicale. En faisant ainsi des concessions à leur vieil adversaire, ils se placent sur la défensive au moment même où d’autres raisons contribuent à les affaiblir.
Des confédérés sur la défensive
5Au sein de la CGT, cinq éléments jouent contre les confédérés. Tout d’abord, l’insuffisance des hommes se traduit par l’absence d’un leader et la perte de nombreux responsables opposés aux unitaires. Marqués par les réminiscences de la réunification syndicale de 1935- 1936, les confédérés commettent, de 1943 à 1946, sur la question stratégique de l’unité une erreur qui s’avère lourde de conséquences. Le ralliement des unitaires au programme de nationalisations empêche les confédérés de défendre un programme qui leur soit propre et leur interdit toute originalité. Leurs concessions aux unitaires sur la question de l’indépendance syndicale et l’éparpillement de l’opposition aux unitaires viennent encore alourdir un tableau déjà négatif.
L’insuffisance des hommes
6Revenu tardivement de déportation en mai 1945, Léon Jouhaux, en dépit du prestige dont il dispose encore, n’apparaît plus capable de jouer le rôle de dirigeant dont les confédérés ont besoin face à Benoît Frachon. Plus âgé de 14 ans que son rival, n’ayant pas participé activement à la Résistance, arrêté fin 1942, livré en mars 1943 aux Allemands puis interné en Allemagne et Autriche jusqu’en mai 1945, L. Jouhaux risque d’incarner une conception du syndicalisme en voie de dépassement. R. Bothereau, son plus proche collaborateur, qui a été secrétaire adjoint de la CGT depuis 1933, s’est prononcé contre la Charte du travail, puis, dans le cadre des « Accords du Perreux », a été en avril 1943 l’un des artisans de la réunification syndicale. Si son action sous l’Occupation est reconnue, elle n’est pas aussi importante que celle de Benoît Frachon ce qui affaiblit son autorité.
7La question de l’épuration syndicale est également préjudiciable aux confédérés. En premier lieu pour une raison chronologique qui affecte également la SFIO au même moment : alors que le PC et les unitaires se sont débarrassés de leurs « traîtres » au début de la Seconde Guerre mondiale – ceux qui ont été en désaccord avec le Pacte germano-soviétique – la SFIO et les confédérés épurent leurs rangs au terme du conflit. A la Libération, qui se souvient du fait que communistes et syndicalistes unitaires ont eu à faire face à de nombreuses défaillances ? Qui oserait alors évoquer les départs et les exclusions du PC survenues à la suite du Pacte germano-soviétique ? Inversement, socialistes et confédérés sont confrontés à cette question à partir de 1944, ce qui, dans le monde du travail, peut laisser accréditer l’idée que les défaillances ont concerné ce courant et lui seul. Effectuée de septembre 1944 à mars 1946, l’épuration des syndicalistes compromis, à des degrés divers, avec le régime de Vichy et la Charte du travail se solde par 315 sanctions et l’exclusion à vie du mouvement syndical, de 133 responsables. Si l’histoire générale de cette épuration reste encore à écrire, il semble bien qu’elle ait essentiellement bénéficié aux unitaires qui en auraient profité pour éliminer des adversaires dont certains au moins n’avaient pas grand-chose à se reprocher4. Mieux, afin de ne pas paraître « moins résistants » que les unitaires, certains confédérés se seraient montrés particulièrement sévères, sans se rendre compte qu’ils faisaient le jeu de leurs rivaux.
Unité d’action ou réunification syndicale ?
8La réunification syndicale effectuée dans le cadre des « Accords du Ferreux » (17 avril 1943) se révèle également néfaste aux confédérés. Ces Accords reposent sur une certaine ambiguïté puisqu’ils recouvrent deux notions distinctes : l’unité d’action dans le cadre de la Résistance et la reconstitution d’une seule CGT. Les confédérés n’ont-ils pas fait l’erreur de confondre ces deux notions ? Tout porte à croire qu’en avril 1943, Robert Bothereau, marqué par le souvenir des discussions de 1935-1936, a espéré que la réunification se ferait également à son profit. A Toulouse, les confédérés l’avaient emporté sur tous les plans, numérique, organisationnel, idéologique et international. Numérique : avec ses 264000 adhérents en 1934, la CGTU était en situation de faiblesse face à une CGT forte de 490 000 membres. Organisationnel : les confédérés étaient majoritaires au Bureau confédéral, dans la direction des Fédérations et des Unions départementales. Idéologique : ils l’emportèrent par 5500 voix contre 2411 sur la question de l’incompatibilité des mandats politiques et syndicaux. International, enfin, dans la mesure où 5463 voix contre 2513 se prononcèrent en faveur du rattachement à la Fédération syndicale internationale. On ne peut savoir ce qui se serait passé si le Front populaire n’avait eu lieu, on doit au moins constater que, dans l’immédiat, la réunification syndicale de 1936 se fit au profit des confédérés. En mars 1936, ils semblaient être les vainqueurs du combat engagé avec les unitaires depuis 1921 et c’est sans doute dans un état d’esprit victorieux qu’ils se rendirent à Toulouse. A tous les niveaux, l’unité sanctionna leur victoire sur les unitaires jusqu’à ce que l’irruption, imprévue, du Front populaire, vienne bouleverser cet équilibre5.
9Les souvenirs de 1935 pesèrent sans doute sur les négociateurs de 1943 : Bothereau put croire alors qu’en se faisant le défenseur de l’unité syndicale, il contraindrait une nouvelle fois les unitaires à accepter ses conditions. Mais pas plus qu’en 1936, il ne devait en être ainsi en 1944 et ce pour deux raisons qui, un demi-siècle plus tard, sont plus faciles à appréhender aux historiens qu’elles ne le furent aux acteurs de l’époque. Tout d’abord, l’ambiguïté de cette notion d’unité laissa les mains libres aux unitaires pour renforcer leurs positions au sein du mouvement syndical clandestin ; de ce point de vue, ils étaient bien mieux organisés que ne pouvaient l’être les confédérés. Par ailleurs, tout comme après Toulouse, les Accords du Ferreux furent suivis d’une période exceptionnelle de la vie syndicale qui la bouleversa et amena des recompositions imprévues : comme en 1936 mais avec plus de force encore, le contexte politique, en particulier le poids du Parti communiste, favorise les unitaires ; les grèves de 1947 font le reste. Toutefois à cette date, les confédérés ont déjà perdu la partie. Dès la Libération, ils sont aussi confrontés au fait que les unitaires s’emparent de leur programme.
Des confédérés sans programme original
10Croyant en 1936 que l’unité se ferait à leur avantage, les confédérés espéraient pouvoir en profiter pour appliquer leur programme. Influencés par la notion de planisme conçue par Henri de Man, ils avaient au point, en 1933-1934, un programme où le Plan jouait un rôle essentiel. Sans s’inscrire dans la perspective d’une transformation socialiste de la société, le Plan de la CGT représentait un « tout indivisible (établissant) les bases d’une économie nouvelle par lequel se résoudra la crise et se résorbera le chômage ». Le Plan de la CGT reposait sur trois idées principales : nationalisations (Banque de France, industries de guerre et extractives, sources d’énergie, transports), gestion de ces nationalisations par un Conseil économique du travail et renforcement du rôle de l’État pour qu’il puisse intervenir effectivement dans la sphère économique. A partir de septembre 1934, la CGT se lança dans une campagne nationale de propagande en faveur du Plan et en mai 1935, elle se dota d’un organe, L’Atelier pour le Plan, destiné à populariser ces idées.
11Le succès de cette campagne fut limité. De façon imprévue, les grèves de juin 1936 bouleversèrent cette orientation et amenèrent le mouvement syndical à se consacrer à de tout autres questions comme les salaires, les 40 heures, etc. Pour cette raison mais aussi parce que le Parti communiste n’y était pas favorable, le Plan de la CGT fut à peu près complètement passé sous silence sous le Front populaire. Selon certains syndicalistes6, ce désintérêt pour le Plan fut une des raisons majeures de l’échec du Front populaire. Sans se prononcer ici sur ce point, deux remarques s’imposent : tout d’abord, on doit tenir compte de ce climat idéologique, un peu oublié, dans lequel baignèrent les confédérés en mars 1936 et que, Front populaire oblige, l’histoire n’a guère retenu. Le fait que les événements en aient décidé autrement ne signifie pas que ces conceptions n’aient pas existé : à la Libération, elles sont encore présentes à l’esprit de certains confédérés. Par ailleurs, ce débat vient également rappeler qu’en 1936 le Parti communiste était opposé aux nationalisations. Ce ne fut qu’à partir de septembre 1937 que, tirant les conséquences d’un infléchissement de son analyse de l’État, il commença à considérer les nationalisations d’un œil plus favorable7.
12A la Libération, des réminiscences du programme mort-né de la CGT des années 1933-35 se manifestent chez les confédérés. Pour Robert Bothereau et ses amis, la réunification syndicale dont ils espèrent tirer profit doit leur permettre de mettre en œuvre le programme élaboré par la CGT dix ans plus tôt. Mais il ne semble pas qu’ils prennent alors la mesure de ce nouvel élément que constitue le ralliement des unitaires à la nationalisation. En pesant de tout leur poids en faveur des nationalisations, les unitaires s’inscrivent dans ce débat déjà ancien, tout en brouillant les pistes. Alors qu’ils étaient opposés au Plan en 1933-1935, ils y sont favorables une décennie plus tard. Aussi, il devient particulièrement difficile aux confédérés de structurer une tendance de la CGT sur la base d’un programme spécifique : les voilà condamnés à voir leurs idées diluées, reprises à leur compte par leurs adversaires qui se trouvent, eux, en position de force. Dans cette situation, comment se différencier de ces derniers ?
13Le ralliement des unitaires aux nationalisations, leur analyse nouvelle de l’État les amène à revisiter la vieille question de l’indépendance syndicale. Sur ce plan, les confédérés qui s’en sont toujours fait les meilleurs défenseurs ne savent pas non plus se différencier des unitaires, ce qui contribue encore davantage à « brouiller » leur identité et leur image.
Les confédérés mauvais défenseurs de l’indépendance syndicale
14En faisant participer plus activement la CGT à la vie politique, les unitaires remettent en cause le principe sacro-saint de l’indépendance syndicale. Mais, ils ne sont pas les seuls, les confédérés s’engagent aussi sur ce terrain périlleux pour eux. Programme du Conseil national de la Résistance et reconstruction de la France obligent, Robert Bothereau et ses amis en viennent à admettre que l’Etat joue un rôle accru sur les plans économique et social et que les militants syndicaux doivent en tenir compte. Aussi, le mouvement syndical ne peut plus se figer dans les vieux dogmes, il doit prendre une part accrue aux affaires de la cité. En mars 1945, R. Bothereau n’hésite pas à écrire que « dans la mesure où l’État se substitue à l’employeur privé, le syndicalisme a de plus en plus à intervenir auprès des pouvoirs d’État, à traiter avec l’État »8. Pour Albert Gazier, la règle de l’indépendance syndicale :
« [...] n’est pas un dogme valable, toujours et partout... (elle) ne peut plus être aujourd’hui ce qu’elle était en 1906 parce que tous les problèmes économiques et sociaux, qu’il s’agisse des prix, des salaires, des réformes de structure ou de la sécurité sociale sont commandés par des considérations publiques »9
15En juin 1945, Robert Bothereau plaide en faveur de la création d’un Conseil supérieur de l’économie, revendication qui se situe dans le droit fil de la campagne de la CGT pour le Plan de 1934-35. Sans qu’ils mesurent nécessairement toutes les implications que ces inflexions entraînent et que le contexte de la Libération explique, les confédérés en viennent, eux aussi, à procéder à de substantielles remises cause de l’indépendance syndicale. En cela, ils agissent de façon diamétralement opposée à ce qu’ils avaient fait face aux unitaires, de 1934 jusqu’en mars 1936. Leur intransigeance sur ce point avait été un des éléments de leur victoire à Toulouse. En 1945, les confédérés ne peuvent plus tirer toutes les conséquences de cette inflexion même si Robert Bothereau évoque « un confusionnisme à peine évitable entre les tâches syndicales et les préoccupations politiques de l’immédiat après-guerre... (qui) a amené un certain confusionnisme dans les esprits »10. Par ce « confusionnisme », les confédérés se situent une fois de plus sur le terrain de leur adversaire. Or, il se trouve qu’à ce manque de cohérence idéologique correspond une absence de cohésion : si les unitaires parlent d’une seule voix, cela est loin d’être le cas pour leurs adversaires.
Les confédérés en face des unitaires : une opposition dispersée
16Réalisée dans le cadre du centralisme démocratique, l’intervention des communistes au sein de la CGT fait alors merveille : on serait bien en peine de trouver à ce moment une quelconque dissonance chez les unitaires. La situation est exactement inverse chez leurs opposants, comme le reconnaît d’ailleurs Robert Bothereau en décembre 1947 :
« En vérité, la minorité ou plus exactement ce qui n’appartient pas à la majorité confédérale se situe au travers de tout un arc-en-ciel de positions dont Force ouvrière est la position dominante »11
17Au sein de la CGT, l’opposition aux unitaires est effectivement d’une grande variété. Jusqu’en 1946 on y trouve en effet des anarchistes ; ils quittent la CGT en juillet pour fonder la Confédération nationale du travail (CNT) qui est loin, toutefois, de rallier l’ensemble des anarcho-syndicalistes12. A sa création, la CNT revendique 100 000 adhérents, il semble que ces effectifs soient en fait bien inférieurs13. Parmi la minorité syndicale, il convient de mentionner l’Union des cercles d’études syndicales (UCES) qui publie L’Action sociale ; la Ligue syndicaliste qui, à partir de 1947, publie à nouveau La Révolution prolétarienne, interrompue avec la guerre, les Comités d’action syndicaliste, implantés chez les travailleurs du Métropolitain ; citons encore le Cercle d’études économiques et syndicales et son organe Travail et liberté, le Front ouvrier des trotskystes, le Comité de grève des travailleurs des PTT qui se constitue en Fédération autonome en juillet 1946, le Syndicat autonome des cheminots et le Syndicat démocratique de Renault. Bien que n’appartenant pas à la CGT existe enfin le Front syndicaliste, animé par d’anciens syndicalistes ayant soutenu la Charte du travail (Louis Bertron, Marcel Roy) contre lequel Robert Bothereau met en garde les militants de Force ouvrière14.
18On ne peut présenter ici de façon plus précise ces différents groupes, fort hétéroclites. Certains se constituent sur la base d’une orientation politique ou syndicale – anarchisme, syndicalisme-révolutionnaire, trotskysme – d’autres tels que les cheminots, les postiers, les travailleurs du métro, reposent sur une base professionnelle. En dépit de leurs divergences, ils s’accordent tous sur leur hostilité de la « colonisation » par la CGT des « staliniens ». Bien que certains d’entre eux aient des forces limitées, ils constituent, par leur agrégat, une part non négligeable de la minorité confédérale et s’ils sont souvent pauvres en adhérents, ils sont parfois plus riches en responsables. Il y a là une réserve de cadres dont les dirigeants confédérés sont obligés de tenir compte. Le fait que certains de ces groupes se réclament de la minorité alors que d’autres (CNT, Fédération autonome des PTT) font le choix de quitter la Confédération rend plus complexe une situation déjà peu simple. Comme le reconnaît encore Robert Bothereau, la synthèse est « difficile » entre ces groupes.
19Les contradictions, d’origine fort ancienne parfois, dans lesquelles se débat la SFIO en matière d’intervention syndicale contribuent à compliquer davantage la vie de la minorité confédérale.
SFIO et syndicalisme : insuffisances et contradictions
« La politique au parti, l’entreprise au syndicat »
20Jusqu’à la Première Guerre mondiale, les rapports entre la SFIO et la CGT avaient été empreints d’une méfiance réciproque, chaque organisation veillant soigneusement à ce que l’autre ne vienne pas empiéter sur ses prérogatives. Rares étaient ceux qui, à la CGT comme à la SFIO – même si Jean Jaurès et Edouard Vaillant furent du nombre – envisageaient ces rapports en termes autres que de subordination ou d’hostilité. Le modèle social-démocrate allemand si admiré par Jules Guesde subordonnait le syndicat au parti et cette conception fut défendue par de nombreux responsables de la SFIO. Le respect de l’autonomie syndicale énoncé à plusieurs reprises, notamment aux congrès de Limoges en 1906 et de Toulouse en 1908, resta dans une large mesure un vœu pieux. Des débats analogues traversaient la Seconde Internationale au même moment, le point fort de ce débat s’étant situé lors de son congrès de Stuttgart en 1907.
21Les choses changèrent assez sensiblement après la Première Guerre mondiale et la défense, par la SFIO, du respect absolu de l’indépendance syndicale correspondit mieux à la réalité. Les années de guerre avaient modifié les conceptions de la majorité de la CGT, lui avaient fait faire l’apprentissage du réformisme et abandonner la croyance, qu’à elle seule, elle pourrait changer la société. De son côté, la SFIO avait un avantage politique immédiat à défendre la thèse de l’indépendance syndicale : il y avait là un moyen de s’opposer, à peu de frais, à la théorie de la « courroie de transmission » défendue par le Parti communiste. L’opposition de la SFIO au PC l’amena donc à mettre l’accent sur ce point. Le fait que, dans plusieurs circonstances, SFIO et CGT n’eurent pas des positions absolument analogues joua également en ce sens. Pragmatique depuis août 1914, la CGT ne se souciait guère de la pureté révolutionnaire, verbale, à laquelle la SFIO proclamait son attachement. Inversement, le courant planiste qui, on l’a vu, influença si fortement les confédérés en 1933-1935 fut beaucoup plus faible à la SFIO. Ainsi des différences conceptuelles purent alors être relevées entre la CGT et SFIO, alors qu’au contraire, passé ses premières années, la CGTU s’aligna de plus en plus sur les positions du Parti communiste.
Des responsables syndicalistes adhérents de la SFIO
22Toutefois, durant l’entre-deux guerres, il exista entre la CGT et la SFIO une certaine proximité idéologique. On ne peut faire abstraction de cette donnée qui, trop souvent, est passée sous silence. Des liens s’étaient établis durant la Première Guerre mondiale, en particulier dans le cadre d’un Comité d’action auquel participa la CGT aux côtés de la SFIO et de la Fédération nationale des coopératives de consommation. A l’échelle internationale, les liens existaient également entre l’Internationale ouvrière socialiste et la Fédération syndicale internationale à laquelle appartenaient les deux organisations. On doit ensuite souligner la proximité de très nombreux responsables cégétistes avec la SFIO, à commencer par Léon Jouhaux qui, s’il ne semble pas avoir eu sa carte du Parti, se déclarait en 1925, socialiste « de conception... comme d’esprit »15. Il fut loin d’être le seul. Durant l’entre-deux guerres, les socialistes furent constamment majoritaires au sein du Bureau confédéral : en 1918 et en 1920, sur les cinq membres du Bureau confédéral, quatre appartenaient à la SFIO ou en étaient sympathisants. En 1931, sur six membres, deux d’entre eux seulement avaient conservé leur distance avec la SFIO ; en 1933, socialistes et sympathisants socialistes étaient majoritaires – cinq contre quatre – sur les neuf membres du Bureau confédéral. Qu’en fut-il au niveau des fédérations et des unions départementales ? Enfin, durant l’entre-deux guerres, un certain nombre de ceux qui allaient créer Force ouvrière en 1947 accédèrent à des responsabilités de premier plan.
23Mais il existe une différence notable entre socialistes et communistes. Au contraire des dirigeants de la CGTU (Julien Racamond, Gaston Monmousseau, Marcel Gitton, Benoît Frachon) qui siégèrent également au Bureau politique du PC, les dirigeants de la CGT ne jouèrent qu’un rôle secondaire à la SFIO. Aucun d’entre eux n’accéda à un niveau élevé dans ce parti, aucun ne fut membre de la Commission administrative permanente. Les choses se passèrent peut-être un peu autrement dans les unions départementales mais cela reste à vérifier. S’il y eut des liens, ce fut plutôt en termes d’influence ou de proximité auprès des dirigeants socialistes : ainsi Charles Laurent et Pierre Neumeyer avaient l’oreille de Léon Blum. Mais la SFIO ne pouvait ni ne voulait se servir de la Confédération comme le faisait le Parti communiste. Il semble bien qu’elle soit peu intervenue dans ses affaires. Compte tenu de la faible implantation que la SFIO avait toujours eue au sein du monde du travail16 et que révèle le bilan, en demi-teinte des Amicales socialistes d’entreprise, il est d’ailleurs probable qu’elle n’en avait pas la possibilité.
La faiblesse des Amicales socialistes
24Depuis sa création en 1905, les rapports entre la SFIO et le monde du travail, empreints d’une grande complexité, avaient été marqués par de nombreuses carences et d’abord par une implantation insuffisante. Durant le Front populaire, la SFIO tenta de remédier à cette situation en créant des Amicales socialistes qui connurent un relatif développement, en particulier dans la métallurgie, l’automobile et les Services concédés. Cette formule connut un certain succès, dans la Seine alors qu’en province les résultats furent plus mitigés. Les Amicales socialistes développèrent une action de soutien, non dénuée d’ambiguïté, à Léon Blum : en effet, elles recrutèrent en faveur du Front populaire à ses débuts mais, ne voulant pas empiéter sur les prérogatives syndicales, elles apparurent rapidement comme des organisations de masse aux objectifs assez flous. De plus, elles furent vite affaiblies par les luttes de tendance internes à la SFIO. Toutefois, à la veille de la guerre, elles avaient contribué à élargir l’assise ouvrière de ce Parti17.
25A la Libération, l’acquis des Amicales socialistes est à peu près complètement détruit. En effet, elles avaient été impulsées pour l’essentiel par des Pivertistes et les Paul-fauristes : ces deux courants se trouvent alors marginalisés, bien que pour des raisons différentes. Les Paul-fauristes sont exclus de la SFIO ou n’y jouent plus qu’un rôle secondaire, les Pivertistes souffrent de l’absence de leur principal responsable qui retrouve le secrétariat de la Fédération de la Seine tardivement, en 1947. Enfin, le principal responsable des Amicales avant la guerre, Francis Desphelippon, secrétaire sous l’Occupation du Front social du travail, est condamné à la Libération à 15 ans d’indignité nationale18. Pour toutes ces raisons, les Amicales sont alors décapitées et incapables d’organiser la moindre résistance devant la progression communiste.
Amicales socialistes ou Force ouvrière ?
26La relance de ces Amicales est envisagée les 8 et 9 novembre 1947, lors de la Conférence nationale des Amis de Force ouvrière. Sous des formulations nouvelles, on voit resurgir les contradictions anciennes entre militants socialistes et syndicalistes. Ainsi Alfred Carpentier, militant SFIO du Pas-de-Calais – terre guesdiste – évoque l’opposition existant entre les groupes de FO et « ... la direction de notre propre parti qui voulait, tenant compte de la situation, essayer d’implanter des Groupes socialistes d’entreprise. L’ensemble des militants socialistes, non pas par opportunité mais parce qu’ils ont l’esprit syndicaliste, ont pensé que la meilleure bataille qu’ils pouvaient livrer était celle de l’indépendance du mouvement syndical... »19. Un autre militant, Cadéo, de la Loire, rend compte de la « gêne » provoquée par les camarades venant des Groupes socialistes d’entreprise tout en déplorant le fait que « nous avons dû très nettement prendre position contre eux car les camarades qui appartenaient aux Groupes socialistes d’entreprise venaient à toutes les réunions faire l’apologie du Parti socialiste »20. La cacophonie entre les interventions socialistes et syndicale est frappante.
27La position d’Oreste Capocci est plus révélatrice encore. Militant socialiste depuis la veille de la Première Guerre mondiale, secrétaire de la Fédération des Employés depuis 1929 puis dans la CGT réunifiée, médaillé de la Résistance21, ne symbolise-t-il pas la possibilité d’une collaboration harmonieuse entre la SFIO et la CGT ? Mais s’il trouve « légitime » le fait que la SFIO s’organise en direction du monde du travail comme les communistes le font avec leurs cellules, s’il regrette le retard pris en ce domaine par la SFIO qui explique l’insuffisance de sa base ouvrière, ses conclusions ne manquent pas d’étonner. Elles sont significatives des tensions existant entre socialistes et confédérés. Laissons-lui la parole :
« Les groupes Force ouvrière sont tout à fait autre chose. Nous devons grouper tous les camarades de toutes les tendances de la minorité qui sont partisans de l’indépendance syndicale. Je vais même plus loin, les membres socialistes qui ne sont pas partisans de l’indépendance syndicale n’ont rien à faire dans les groupes de FO... Il serait aussi néfaste que la CGT soit entre les mains du Parti socialiste que cela l’est lorsqu’elle est entre les mains du Parti communiste »22
28Accueillie par de vifs applaudissements, cette affirmation brutale montre qu’au moment où les communistes interviennent de façon cohérente et centralisée pour conquérir la CGT, les socialistes restent paralysés par des conceptions, lourdes de contradictions, vieilles de plus d’un demi-siècle.
Quelle place pour les socialistes à Force ouvrière ?
29La scission de 1947 a été subie plus que voulue par les confédérés et par leur porte-parole historique, Léon Jouhaux. Jusqu’au dernier moment, ils ont espéré que, le temps jouant en leur faveur, il leur serait possible de reprendre en main les rênes de la Confédération ; tout comme ils avaient été prêts de le faire à la veille du Front populaire. Mais au sortir de la guerre, tout se ligua contre eux, le contexte politique national et international, des illusions sur leur propre histoire et les insuffisances de la SFIO. Le poids politique du PC, son rôle dans la Résistance, le fait qu’il ait épuré ses rangs en 1940 alors que les confédérés le firent au sortir de la guerre sont autant d’éléments dont les confédérés ne portent pas une responsabilité directe. En revanche, le souvenir qu’ils avaient des scissions et des réunifications précédentes les amena, face aux unitaires, à des concessions sur leur programme comme sur la question de l’indépendance syndicale. Enfin, les contradictions de la SFIO sur le terrain de l’intervention syndicale – certaines étaient fort anciennes – jointes au fait que ce parti ne se trouvait pas alors dans une situation aussi favorable que celle du PC donnèrent le coup de grâce. Si la scission était prévisible depuis plus d’un an23, il ne semble pas, à la lumière de ses débats internes, que la SFIO ait consacré à cette question toute l’importance qu’elle méritait et s’y soit véritablement préparée. Là encore, toute comparaison avec le Parti communiste tourne à l’avantage de ce dernier.
30Est-il possible d’évaluer l’influence de la SFIO sur la nouvelle Confédération à travers l’examen de ses responsables ? Bien que les recherches sur ce point soient encore fragmentaires, il est possible d’avancer quelques données. Il semble bien que, majoritaires au Bureau confédéral, les responsables de la SFIO ne l’aient pas été dans les unions départementales. La question reste posée à l’échelle des fédérations professionnelles nationales. Lors de la création de FO, sur les neuf membres du Bureau confédéral, quatre sont socialistes (Albert Bouzanquet, André Lafond, Pierre Neumeyer, Charles Veillon), trois ne le sont pas (Robert Bothereau, Rose Etienne et Léon Jouhaux) et deux ne semblent pas l’être (Georges Delamarre, Richard). La situation apparaît assez différente dans les unions départementales. Sur les 220 responsables départementaux que nous avons actuellement repérés et qui représentent l’essentiel des cadres « moyens » de la jeune Confédération sur tout le territoire, moins d’un quart semble, dans l’état actuel des recherches, avoir appartenu à la SFIO : la proportion est donc bien moindre qu’au sein du Bureau confédéral. Ces chiffres qui devront être vérifiés et confirmés tendent à montrer que dès sa création, Force Ouvrière aurait disposé d’une relative autonomie à l’égard du Parti socialiste. Ils témoignent peut-être du souci de respect de l’indépendance syndicale dont se targuaient les militants socialistes, ils peuvent aussi être l’expression des carences de la SFIO qui, plus que le PC, était alors à reconstruire. Quoi qu’il en soit, il est impossible d’envisager les rapports entre SFIO et FO de façon analogue à ceux du PC et de la CGT. Si la création de FO résulte à l’évidence du contexte de la Guerre froide24 cela ne signifie nullement que cette organisation se confonde alors avec la SFIO. L’indépendance syndicale défendue par de nombreux responsables, la faible implantation de la SFIO au sein du monde du travail, les carences des Amicales socialistes se sont conjuguées pour provoquer la défaite des confédérés tout en entraînant une relative dichotomie entre les deux organisations. Il reste à voir comment, les choses se passèrent sur le terrain, dans les unions et les fédérations. L’enquête prosopographique sur les militants de 1940 à 1968 apportera sur ce point des éléments de réponses mais dans la mesure où l’histoire de Force ouvrière reste encore, pour l’essentiel, une page blanche, on ne peut que souhaiter que se multiplient les recherches sur ses Fédérations et les monographies sur ses Unions départementales.
La « Une » du Populaire de Paris, 20 décembre 1947.

Affiche du PS SFIO durant la Guerre froide, 1951.

Notes de bas de page
1 Georges Lefranc, Les expériences syndicales en France de 1939 à 1950, Paris, Aubier, 1950, 382 p. ainsi que Le mouvement syndical en France de la Libération aux événements de mai-juin 1968, Paris, Payot, 1969. Alain Bergougnioux, Force ouvrière, Paris, Seuil, 1973. – Annie Lacroix-Riz, La CGT de la Libération à la scission (1944-47), Paris, Éditions sociales, 1983, 400 p. – Philippe Buton, Les lendemains qui déchantent. Le PCF à la Libération, Paris, Presses de la FNSP, 1993, 352 p. – Antoine Prost, « Les effectifs de la CGT en 1945 », Revue d’histoire moderne et contemporaine, n° 41, janvier-mars 1994. – Michel Dreyfus, Histoire de la CGT, Bruxelles, Éditions Complexe, 1995, 408 p.
2 « L’entretien Souslov-Frachon, 19 juin 1946 », présenté par Philippe Buton, Communisme, nos 35-37, 1994, p. 32 et 39.
3 Claude Harmel, « Aux origines de la CGT-FO. Dirigisme économique ou indépendance ? », Cahiers d’histoire sociale, n° 9, automne-hiver 1998, p. 114. Cf. la suite de cet article, ibid, n° 10, printemps 1998, p. 125-149.
4 Cf. Jean-Pierre Le Crom, Syndicats nous voilà, Paris, Éditions de l’Atelier, 1995, p. 365- 376.
5 Je suis d’accord sur ce point avec Claude Harmel, « Aux origines... », op. cit., p. 84- 88 notamment.
6 Ainsi que l’historien, ancien syndicaliste, Georges Lefranc.
7 Jean-Louis Robert, « Le PC et les nationalisations », in Claire Andrieu, Lucette Le Van Lemesle, Antoine Prost (dir.), Les nationalisations de la Libération, Paris, Presses de la FNSP, 1987. Ce tournant s’élargit-il aux questions de la prise ne charge par l’État de la protection sociale ? Cela expliquerait pourquoi le PC, hostile aux Assurances sociales en 1936, se fit le défenseur de la Sécurité sociale une décennie plus tard.
8 Résistance ouvrière, 29 mars 1945, cité par Claude Harmel, op. cit., Cahiers d’histoire sociale n° 9, p. 100.
9 Cité par Claude Harmel, ... ibid.
10 Cf. son intervention lors de la conférence nationale FO, les 8-9 novembre 1947, in 19 décembre 1947 : Force ouvrière, ouvrage réalisé par l’UD FO de Seine Saint-Denis, sous la direction de Denis Lefebvre, Editions Bruno Leprince, 1997, p. 210.
11 Ibid, p. 212.
12 « De nombreux anarcho-syndicalistes... restent à la CGT », rapport du 25 juillet 1946, F/la/3357. Direction générale de la Sûreté générale. Direction des renseignements généraux qui prédit dans le même rapport que la CNT « disparaîtra sans doute comme sa devancière, la CGT-SR ».
13 Rapport du 28 août 1946, ibid.
14 Cf. le tableau général qu’il en trace lors de son introduction aux débats de la conférence nationale FO des 8-9 novembre 1947. Cf. 19 décembre 1947..., op. cit., p. 213.
15 Cf. son intervention au XVIIIe congrès confédéral, Paris 1925 , in La CGT et le mouvement syndical, (Paris, CGT, 1925, 698 p.), p. 258.
16 Alain Bergounioux, Gérard Grunberg, Le long remords du pouvoir. Le Parti socialiste français 1905-1992, Paris, Fayard, 1992, notamment p. 102-106.
17 Jean-Pierre Rioux, « Les socialistes dans l’entreprise au temps du Front populaire : quelques remarques sur les Amicales socialistes, 1936-1939 », Le Mouvement social, n° 106, 1979, p. 3-24.
18 Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (DBMOF), sous la dir. de Jean Maitron et Claude Pennetier, Paris, Editions Ouvrières, tome 25, p. 125-126.
19 Compte rendu de la Conférence « Force ouvrière » tenue les 8 et 9 novembre 1947 salle Lancry à Paris, doc. dactylographié, p. 34.
20 Ibid, p. 53.
21 DBMOF, t. 21,1984, notice d’Yves Lequin, p. 162-163.
22 19 décembre 1947..., op. cit., p. 232.
23 Comme le montrent de nombreux rapports des Renseignements généraux, F/1a/3357, loc. cit.
24 Antony Carew, « A False Dawn : the world Fédération of Trade Unions (1945- 1949) », in A. Carew, M. Dreyfus, G. Van Goethem, R. Gumbrell Mac Cormick and M. Van der Linden, The International Confédération of Free Trade Unions, Berne, Peter Lang, 2000, p. 165-185.
Auteur
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Michel Dreyfus
Directeur de recherches au CNRS, upresa 8058, Centre d’histoire sociale du xxe siècle.
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