Structures sociales dans les Balkans au cours des xviii^e-xix^e siècles

1Lorsqu’on étudie le problème des structures sociales dans les Balkans au cours de la période de transition (XVIII^e-XIX^e siècles), il faut noter avant tout qu’il ne s’agit point là d’une seule société, ni d’une société balkanique imaginaire, mais d’un ensemble de sociétés et de plusieurs modèles de développement réunis dans une aire géographique déterminée.

2Il s’agit plutôt d’établir certains éléments typologiques, caractérisant les différents aspects de l’évolution des peuples balkaniques. Il est évident qu’au cours des différentes périodes l’unité de la région se trouvait être déterminée par différents critères.

3Le développement de la population établie sur les terres se trouvant sous l’emprise politique de l’Empire ottoman représente d’une façon générale le modèle ottoman. De par l’importance des superficies et des populations, ce modèle balkanique est de loin le plus répandu (plus de 500 000 km², avec plus de 7 à 8 millions d’habitants jusqu’au XVIII^e siècle).

4L’extrême centralisation et la militarisation du pouvoir, d’une part, et l’omniprésence factorielle du Seriyat, de l’autre, confèrent à l’État ottoman le caractère d’une institution totalitaire. La classe dominante commence à se différencier et révèle en elle-même la jonction de fonctions différentes – administratives et militaires, juridiques et religieuses, etc. La classe féodale et militaire ottomane n’arrive pas à s’intégrer de façon organique aux sociétés balkaniques en place et reste étroitement liée à l’Etat ottoman auquel elle s’identifie en fait, en tant que partie intégrante du millet musulman.

5 La répartition classique de la société en gens d’épée (seyfiye), gens de lettres (kalemiye), courtisans (mülkiye) et clergé (ulema), et que certains auteurs considèrent comme une réplique fidèle de la division sociale occidentale, n’est en fait qu’une répartition interprofessionnelle au sein même d’une couche de la société, sans aucune délimitation rigoureuse des différentes formations. De plus, au niveau de leurs échelons supérieurs, ces groupements sont interchangeables (tels les kadiasker qui appartiennent à la fois à l’ulema et au seyfiye, ou encore les defterdar qui sont simultanément mülkiye et kalemiye).

6Il y a là un élément important relevant du fait qu’à l’époque envisagée existaient des conditions juridiques et factorielles objectives qui favorisaient la mobilité verticale au sein même de la classe dominante et provoquaient des restrictions s’opposant à l’infiltration de la râya dans la classe supérieure, ce qui rappelle déjà la présence d’un certain nombre de restrictions de classe. Il faut noter aussi que l’Empire ottoman n’a pas pu se doter d’une aristocratie héréditaire de type occidental, notamment à cause du caractère par trop centralisé des administrations. Il n’y a qu’une partie des notables fonciers de l’Anatolie, héritiers des beyliks türks indépendants, qui peuvent rappeler cette aristocratie occidentale. Mais dans les Balkans ce phénomène est profondément étranger, sauf quelques cas isolés en Albanie.

7Il faut inclure aussi dans la classe ottomane dominante les féodaux musulmans indigènes, issus de populations chrétiennes converties à l’Islam (Bosniaques, Albanais, Pomaks des Rhodopes). Il faut aussi prendre en considération les cas fréquents de conversion à l’Islam de différents représentants de la noblesse balkanique slave (notamment bulgare et serbe) ou grecque, surtout’au cours de la période initiale d’assujettissement.

8Il faut également ajouter à la classe dominante le haut clergé orthodoxe, bien que l’Église orthodoxe ait abandonné ses fonctions d’institution religieuse officielle dans les pays balkaniques indépendants, pour devenir l’Église des populations orthodoxes assujetties dans le cadre d’un empire où l’Islam fait la loi.

9Au plan social en effet les représentants du haut clergé appartiennent à l’élite administrative de l’Empire ottoman, tant au niveau des sources de leur subsistance qu’au niveau de leur comportement, sans pour autant participer pleinement à l’application et à l’exécution des pouvoirs politiques.

10Il faut incorporer enfin à la classe dominante les gros propriétaires fonciers issus de la population indigène. Ce sont notamment les dzak ou les kodžabaši en Grèce, certaines catégories de Čorbadži en Bulgarie et les knez en Serbie. Ils jouent tous un rôle important dans la gestion des affaires communales et, tout comme les représentants de la classe au pouvoir, ne manquent pas d’accabler et d’exploiter la râya.

11Tous les contribuables de l’Empire ottoman appartiennent à la classe de la râya. Pris au sens originel du mot, ce terme se rapporte aux populations d’origine musulmane ou non musulmane et réunit toutes les classes ou sous-classes en dehors de la classe féodale dominante. Considéré dans un sens plus restreint, ce même terme désigne la population des campagnes, pour la différencier des habitants des villes et des nomades, lesquels jouissent d’un statut plus particulier. Enfin, après le XVII^e siècle, le mot « râya » s’emploie communément pour désigner toute population d’origine non musulmane.

12Les populations des campagnes représentent une classe assez hétérogène, qui n’en est pas moins cependant l’épine dorsale de toutes les sociétés féodales (dans l’Empire ottoman les paysans constituent 90 % de l’ensemble de la population). Suivant le mode d’exploitation et de prélèvement de la rente féodale, on distingue généralement trois groupes de paysans. À la longue le statut des différentes catégories de paysans finit par s’unifier.

13Avant l’invasion ottomane le féodalisme balkanique se caractérisait par l’existence d’une vie citadine très active. La ville balkanique entre dans le système féodal ottoman en tant que catégorie féodale accomplie et soumise entièrement à l’État. L’analyse de la structure sociale dans les villes de l’Empire ottoman laisse voir que la majorité de la population citadine active est constituée d’artisans et de petits commerçants, abstraction faite de leur profession de foi. La couche supérieure est constituée pour sa part de représentants de l’administration ottomane, de l’uléma et de détenteurs de timar. À cette catégorie appartiennent aussi quelques commerçants et artisans musulmans et non musulmans, grâce notamment à l’amélioration de leur situation financière et à leur participation à l’autogestion des villes et aux corporations interprofessionnelles (les esnafs).

14Ainsi définie, la structure sociale n’est point un modèle figé qui resterait immuable jusqu’à la période de transition des XVIII^e-XIX^e siècles. Dès la fin du XVI^e et au début du XVII^e siècles surviennent des changements qui affectent le système timar et le système kul. Dans ces conditions s’affirme une tendance à la consécration de la propriété foncière en tant que forme de possession et de production principale et prédominante, ce qui conditionne l’apparition de nouvelles formations sociales dans la classe dominante musulmane. C’est à partir de ces domaines fonciers (les tcifliks) et grâce à la restructuration de l’administration provinciale que se forme la classe des dignitaires indigènes ou ayân. Dans le même temps sont modifiées les voies traditionnelles de recrutement des cadres supérieurs.

15Il s’opère aussi d’autres changements au niveau de l’évolution économique et sociale à l’intérieur de l’Empire ottoman. Ces changements-là affectent l’ensemble de la population, mais se font particulièrement sentir au niveau des couches déshéritées. Ils relèvent de certains facteurs d’origine extérieure, tels les effets de la révolution des prix, le déplacement des voies commerciales, l’expansion politique et économique de l’Occident et l’engagement des pays de la péninsule balkanique dans ce même processus. Les produits agricoles et notamment les céréales intéressent de plus en plus l’économie occidentale, mais ce phénomène n’est pas en mesure de stimuler le développement d’une grosse production agricole marchande dans les provinces balkaniques de l’Empire ottoman du XVIII^e et du début du XIX^e siècle. Il s’avère aussi impuissant à suivre les effets du deuxième servage, inhérents au développement économique des pays d’Europe orientale. Toutes les activités et les aspirations du groupe dirigeant de la classe ottomane dominante sont orientées vers l’acquisition de nouveaux postes administratifs et militaires, ce qui conduit immanquablement à une bureaucratisation totale.

16Dans le même temps apparaît une sous-catégorie de commissionnaires et d’entrepreneurs, issus dans leur ensemble de la population imposable. Ce sont notamment ces derniers qui prennent en main le commerce de gros dans l’exportation et sur les marchés situés à la périphérie de l’Empire ottoman lui-même. Ils approvisionnent en même temps la capitale, Istanbul, qui est de loin le centre de consommation le plus important du pays. À la longue, la production marchande et le marché intérieur ouvrent la voie au développement d’un grand nombre de petites et moyennes entreprises un peu partout dans le pays et donnent ainsi naissance aux premières manufactures centralisées ou éparpillées.

17Le développement progressif de l’artisanat et du commerce fait accéder les représentants de cette sous-classe de la société à la condition des nantis, réunissant presque exclusivement des représentants de la classe administrative et militaire musulmane.

18La différenciation sociale affecte les artisans de plusieurs corporations interprofessionnelles et donne ainsi naissance à une nouvelle classe de riches. Celle-ci devient le berceau d’où sortira un peu plus tard la future bourgeoisie nationale. Les nouvelles conditions rendent possible l’affermissement du rôle spécifique de l’organisation interprofessionnelle (les esnafs) de la production dans l’Empire ottoman où, à l’opposé de l’Occident, les ateliers de production jouent un rôle protecteur et créent les conditions indispensables à la formation des nouveaux rapports capitalistes.

19Les éléments les plus intéressants qui caractérisent une société donnée pendant la période de transition vers une autre formation sociale relèvent de la genèse des nouvelles classes et sous-classes. Mais il ne s’agit point là de simples modifications (si importantes fussent-elles) des structures au sein du système dominant, car le mouvement finit dans la constitution de nouvelles classes et sous-classes en pleine mutation. L’apparition de la classe bourgeoise dans les Balkans présente deux particularités bien distinctes : il y a d’un côté l’aspect chronologique des choses (la genèse du capitalisme dans cette région commence beaucoup plus tard), et de l’autre – l’aspect fonctionnel (l’évolution des rapports capitalistes s’effectue sous l’effet direct ou indirect des marchés capitalistes occidentaux).

20 Vers la fin du XVIII^e siècle, la nouvelle couche de commerçants est juridiquement reconnue. Elle jouit désormais du statut particulier des marchands européens qui possèdent les fameux berat des sultans, leur permettant de circuler librement à travers l’Empire tout entier.

21Les contacts des marchands balkaniques avec l’Europe, avec la civilisation bourgeoise et surtout avec les nouvelles idées progressistes du monde occidental finissent par produire une idéologie spécifique. C’est une idéologie bourgeoise et la bourgeoisie commerçante, ainsi que l’intelligentsia balkanique en voie de développement, deviennent son principal vecteur.

22Une des particularités essentielles de la nouvelle bourgeoisie balkanique qui prend naissance dans l’Empire ottoman et qui diffère sensiblement de la bourgeoisie d’Europe occidentale, et en partie de celle d’Europe centrale, c’est son caractère profondément marchand (ou plutôt marchand intermédiaire).

23En effet au cours du XVIII^e et du XIX^e siècles dans les pays d’Europe occidentale, d’Europe centrale et en Russie se forment définitivement de puissants États nationaux ou multinationaux qui présentent la particularité de laisser à la nation au pouvoir la possibilité d’ouvrir la voie au développement capitaliste de la société. À cette même époque les vecteurs des nouveaux rapports ne viennent pas de l’Empire ottoman lui-même, mais des pays et des populations assujettis. Pour cette raison les contradictions entre les forces de production et les rapports de production ne font pas qu’interférer avec les contradictions nationales, elles les aiguisent. Le caractère rétrograde et arriéré de la classe dominante et de toutes les normes juridiques et religieuses dans l’ensemble du système étatique en place est considéré comme l’apanage de la suprématie ottomane, et toute concession aux impératifs de l’époque prend l’allure d’une concession au profit des populations non musulmanes. Au fur et à mesure que se creuse l’écart entre la vocation économique et la condition politique toujours défavorable des nouvelles bourgeoisies nationales, s’accentue le poids de l’assujettissement national.

24Le pouvoir central n’arrive pas à concilier même momentanément les intérêts de la classe féodale dominante et des bourgeoisies nationales et n’arrive finalement pas à trouver une solution valable à la grave crise économique que traverse la Sublime Porte.

25L’étude de la typologie de formation de la bourgeoisie dans les Balkans révèle la présence de deux périodes. La première s’étend sur les années qui voient l’apparition de la bourgeoisie dans les conditions d’une totale prédominance des rapports féodaux à tous les niveaux de la vie sociale. La seconde embrasse les années pendant lesquelles cette même bourgeoisie est consacrée dans son rôle de leader du peuple subjugé, de force motrice de la nouvelle société en mutation et d’élément générateur de la conscience nationale.

26 Il est admis que la ligne qui délimite ces deux périodes coïncide avec la période du plein épanouissement des mouvements de libération nationale et avec la création des premiers États balkaniques indépendants. Il faut noter cependant que cette ligne de démarcation est tout à fait relative. L’apparition de l’État grec indépendant en 1830 ne signifie point que la bourgeoisie grecque marchande se trouve aux commandes du pays. On peut dire que le processus en question est déjà pleinement accompli pendant les dernières années du XIX^e siècle, sauf dans quelques provinces isolées, telles l’Albanie, la Bosnie, l’Herzégovine et le Monténégro.

27Tous les processus de nature économique, sociale, politique ou culturelle qui déterminent le sens même de la transition vers une nouvelle société capitaliste se trouvent à la base de la formation et de l’évolution de l’intelligentsia bourgeoise. À la place des structures féodales de castes, dégradées, apparaît une stratification fonctionnelle de la société où l’identité des aptitudes professionnelles et des sources de revenus conditionne la formation d’une communauté nouvelle. L’anéantissement de la hiérarchie de classe rend possible la création d’une intelligentsia recrutée parmi les différentes couches de la société. Cette intelligentsia est relativement autonome et arrive par sa mentalité à rompre le cadre de son appartenance sociale de classe. C’est alors seulement que l’intelligentsia accède à sa vocation de leader idéologique de toutes les classes de la société et se trouve en mesure de subir la profonde différenciation idéologique qui en découle. Ce sont notamment les nouvelles restructurations de la société qui motivent et qui déterminent l’apparition de l’intelligentsia, laquelle se trouve désormais capable d’assurer son existence matérielle à partir de ses activités professionnelles rémunérées. Dans les grands centres culturels les artisans de la culture balkanique trouvent des conditions favorables à l’accomplissement de leurs activités littéraires et éducatives, conformément aux impératifs de l’époque moderne. De cette façon les processus de renaissance culturelle des peuples balkaniques au XVIII^e siècle devancent le développement des rapports capitalistes. Mais ils vont de pair avec le développement du commerce et avec l’évolution des relations commerciales entre les pays balkaniques et les pays occidentaux. Ils vont de pair aussi avec le processus de consolidation des assises de la bourgeoisie marchande, qui se trouve d’ores et déjà en mesure de financer les activités des intellectuels qu’elle considère comme les porte-parole de ses propres intérêts.

28Dans les conditions d’une domination et d’une religion d’État étrangères, les peuples balkaniques ne peuvent pas posséder leurs propres institutions étatiques qui stimuleraient et soutiendraient les activités culturelles des gens instruits. Ces peuples sont également privés de ces institutions culturelles d’État qui assurent et assistent les activités intellectuelles nationales. En fait, ce sont l’Église et les foyers spirituels chrétiens, tels les monastères et les sanctuaires, qui assument les fonctions de ces institutions culturelles.

29 Ce fait a une importance particulière car il joue un rôle inhibiteur au niveau de l’émancipation des activités intellectuelles de l’emprise omniprésente des institutions religieuses. Pour cette raison le clergé sera pour longtemps encore le seul à avoir accès à l’instruction et les représentants de l’intelligentsia nationale seront recrutés notamment parmi les ecclésiastiques. Une conséquence directe de ce fait est l’apparition d’une image caractéristique pour les Balkans, avec tous ses systèmes idéologiques inhérents au développement de la société. Il ne faut pas passer sous silence le fait que dans les Balkans, surtout au cours du XVIII^e et au début du XIX^e siècles, les manifestations des idées des Lumières témoignent très rarement d’un radicalisme extrême ou frôlent la révolte ouverte contre l’Église et ses institutions. Les représentants des idées des Lumières qui restent fidèles à une interprétation radicale des rapports entre la société et le pouvoir politique sont relativement peu nombreux.

30L’intelligentsia balkanique ne représente pas un simple amalgame de gens instruits, car elle personnifie en fait un phénomène fondamentalement nouveau dans la vie sociale des pays. Les caractéristiques génériques essentielles qui permettent d’enregistrer la naissance de l’intelligentsia en tant que groupe social à part apparaissent avec plus de précision et de netteté lors de l’analyse de ses fonctions. Car ce sont justement les intellectuels qui véhiculent les nouvelles valeurs spirituelles et qui assurent l’accomplissement des processus culturels. Échappant à l’emprise et au monopole de l’Église, ils se différencient des ministres du culte. Les processus en question sont amorcés dès le XVII^e siècle, mais ils prennent de l’envergure et se dessinent avec plus de netteté surtout au XVIII^e siècle, lorsque dans la plupart des pays balkaniques les idées laïques prennent corps et commencent à rivaliser sérieusement avec les dogmes religieux. Il faut signaler aussi que dès sa naissance l’intelligentsia s’exprime par ses fonctions sociales et se manifeste comme une force qui perçoit les pulsations de son époque et qui cherche des solutions valables à ses problèmes. Par conséquent, cette intelligentsia ne reste pas étrangère au grand problème de l’époque qui est la libération nationale du pays et elle s’emploie avec énergie à combattre l’oppression politique et économique. Génériquement liée à la bourgeoisie, l’intelligentsia ne tarde pas à devenir le porte-parole de cette classe sociale et à produire les leaders idéologiques du mouvement de libération nationale. L’évolution de cette formation sociale se caractérise par une différenciation idéologique qui affecte tous ses niveaux et qui détermine l’adhésion de ses représentants à telle ou telle classe ou sous-classe de la société. Dans les pays où la polarisation sociale est fortement exprimée (la Grèce et la Roumanie, par exemple), les intellectuels s’engagent dans une violente lutte idéologique, car ils expriment et défendent les intérêts de forces sociales diamétralement opposées.

31Un autre élément spécifique réside dans le caractère international, pan-balkanique, des activités des intellectuels. Le sort historique commun conditionne un développement social identique et les centres culturels et spirituels sont importants pour tous les représentants de l’intelligentsia. C’est dans ces centres que se réalisent les échanges et les interférences idéologiques entre les intellectuels balkaniques. Au fur et à mesure que l’idéologie bourgeoise s’affirme et que la nécessité de rédiger un programme d’action national se fait sentir, il s’opère une différenciation au sein même de l’intelligentsia. Cette différenciation s’accomplit sous le signe du principe national et se trouve étroitement liée aux objectifs que se donnent les intellectuels balkaniques dans le contexte social concret de leur pays d’origine.

32Après un exposé aussi synthétique il s’avère inutile de tirer des conclusions particulières. Par contre, une autre question s’impose par son importance même. Il s’agit des forces motrices, y compris l’attitude des différentes couches sociales, à l’égard des luttes de libération nationale, de son caractère et de ses conditions spécifiques dans chaque pays balkanique, sans oublier d’ailleurs une typologie commune des luttes de libération dans les Balkans au XIX^e et au début du XX^e siècle. En bref, c’est un problème d’un intérêt tout particulier et qui a créé des divergences d’opinion considérables.